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Une radio, un pendentif et une tablette de chocolat. de TheMizuHanta



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» Auteur : TheMizuHanta - Voir le profil
» Créé le 27/02/2015 à 18:14
» Dernière mise à jour le 07/03/2015 à 20:14

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Chapitre 24 : Se battre corps et âme.
Arène de Charbourg : 14 h 09

- Vas y Kohle, à toi de jouer !

La Pokéball lancée par le champion se mit à tourner dans les airs. Sa vitesse de rotation était si grande que je n'arrivais même pas à distinguer le blanc et le rouge caractéristiques de cette capsule. J'attendais avec une impatience monstre le moment où elle allait toucher le sol, pour qu'elle puisse s'ouvrir et présenter le contenu qu'elle garde scellée depuis si longtemps. Chaque seconde, chaque dixième, chaque centième passait comme une heure, un jour, un mois. Je me ressassais les paroles de Rode, il avait dit que mon niveau serait supérieur à son Charkos. Mais comment est-ce qu'il pouvait en être aussi sûr ? Je ne dis pas que je ne lui fais pas confiance, mais jusqu'à preuve du contraire, je n'ai pas battu qui que ce soit qui ait un niveau égal au Pokémon de prédilection d'un champion. J'ai déjà affronté quelqu'un de bien plus fort, et ma vie a été mise en jeu, comment allait donc se passer ce combat ? Seul l'avenir nous le dira, et il allait enfin pointer le bout de son nez.
La balle fit un premier rebond sur le sol composé d'une grande plaque de pierre blanche. Elle en fit un second avant de se mettre à rouler tout en ralentissant. Au bout de quelques dixièmes de secondes, elle finit par s'arrêter. L'hémisphère rouge était bien au dessus, Pierrick avait réussi à la lancer pour qu'elle finisse sa trajectoire dans le bon sens. Un long silence s'installa. Je ne comprenais pas pourquoi ni comment, mais elle ne voulait pas s'ouvrir. Elle ne remuait même pas, elle se contentait de rester immobile à ne rien faire. Je naviguais dans mon incompréhension, qu'est-ce qu'il allait se passer ? Est-ce qu'ils avaient amené la bonne Pokéball ? Je lançais un regard interrogateur vers mon dresseur, lui non plus ne comprenais pas la situation. Le public lui aussi portait le même regard que mon maître, il ne bougeait pas d'un poil. Il n'y avait que Pierrick qui ne semblait pas surprit, il ne faisait qu'attendre patiemment avec un petit sourire en coin de bouche. Je continuais à regarder autour de moi, je ne savais pas quoi faire pendant ce long moment de silence.
Je sentis tout à coup une sorte de mouvement venant du public, je tournais alors immédiatement la tête vers eux. Ils avaient l'air complètement surpris, voir apeurés. Ils se penchaient tous en arrière, sauf certains qui avaient l'air d'être des habitués. Rode avait la même réaction que la majorité des spectateurs, même s'il agissait de façon plus modérée. Ils regardaient tous vers le même point, sur le terrain, en face de ma position initiale. Il ne me fallait pas plus longtemps pour savoir qu'est-ce qu'ils étaient en train de fixer avec crainte.
Il était enfin sortit, celui que nous allions affronter et qui est connu pour sa force incommensurable. La première chose qui frappait avant quoi que ce soit, c'était sa taille. Il était gigantesque, il faisait plus de trois mètres de haut. Nous avions combattu un Onyx dans la grotte entre les routes 207 et 208, et il était bien plus grand que mon opposant. Mais ce dernier n'était pas seulement grand, sa carrure était colossale. Ses pattes postérieures ornées de pointes sur les genoux étaient si développées que le sol qui soutenait ses pattes menaçait de rompre à tout moment. Sa mâchoire était énorme, et pouvait facilement broyer un mur tout entier à l'aide de ses dents d'acier. Il était aussi doté d'une lourde queue qui reposait sur le sol, prête à se lever pour assommer ou détruire n'importe quoi. Il était bien plus grand que je ne le pensais, et je doute que je puisse survivre au moindre de ses coups. Malgré ce corps plus qu'imposant, il n'avait pas l'air d'être très rapide. Il serait sûrement inarrêtable en pleine course, mais ses propres muscles devraient l'empêcher d'atteindre rapidement sa vitesse maximale. Mon adversaire possédait clairement un niveau bien supérieur à la moyenne de ceux que j'ai déjà combattu. Il faudra que je sois extrêmement vigilante pour qu'il ne m'arrive rien. J'ai promis à mon dresseur que je le vaincrais, je ne comptais pas revenir sur ma promesse. Bizarrement, mon opposant gardait ses yeux fermés, il ne bougeait pas d'un poil et gardait une respiration calme. Il pouvait parfaitement rentrer dans sa Pokéball que rien ne changerait actuellement. C'était une scène assez étrange, voir irréelle. Est-ce que j'allais me battre ou est ce qu'il n'était pas en condition pour se défendre ? Comme si ce dernier était capable d'entendre mes pensées, il ouvrit lentement ses paupières. Au bout de deux longues secondes, on pouvait admirer ses pupilles. Elles étaient teintées d'un rouge vif, plus violent que le sang et plus puissant que les flammes. Il regarda lentement à droite, puis à gauche. Une fois qu'il avait fait le tour, il posa son regard sur moi. Il me fixait avec une expression parfaitement neutre. Il n'y avait ni colère ni joie, ni surprise ou tristesse. Il se contentait de me regarder sans rien dire. C'était un peu embarrassant, je ne savais pas trop quoi faire sur le moment. Je ne sais pas combien de temps est ce que la scène a durée, mais au bout d'un moment, il finit par ouvrir sa mâchoire imposante. Il me demanda, dans un ton calme et extrêmement lent :

- Est-ce que... Cet enfant est ton dresseur ?

Il accompagna ses paroles d'un geste de la tête pour désigner Rode. Pourquoi est-ce qu'il avait besoin de poser ce genre de questions ? Cela n'avait aucun sens. De toute façon, il peut bien les poser, ça n'allait pas m'empêcher de me battre contre lui plus tard. J'acquiesçais de la tête pour répondre à sa requête. Il soupira et continua ses demandes :

- Il est jeune... Trop jeune... Pourquoi est-ce que tu veux te battre ?
''- Mes raisons ainsi que celle de mon dresseur ne te regardent pas.'' répondis je calmement.
- Tu peux parler par la pensée... ? Intéressant... Mais tu es encore jeune... Trop jeune.
''- Mon âge n'a rien à voir avec ce combat, et je ne compte pas partir d'ici après une défaite !''
- Tu as du cran... C'est bien... Mais j'ai encore une question, une dernière. Est-ce que tu as peur ?

Est-ce que... J'ai peur ? Je comprenais de moins en moins le sens de cette discussion, et je commençais légèrement à perdre patience, je ne suis pas venu pour un jeu de questions/réponses. Et puis cette dernière n'avait aucun intérêt. Il avait l'air certes d'être extrêmement fort, il était très grand et surtout très dangereux. Mais si j'avais peur du physique de mes adversaires, je ne serais pas ici aujourd'hui. Je ne compte pas partir parce que mon opposant risque de me battre en un seul coup, il suffit que je les évite tous. Je répondis alors négativement de la même manière que pour ses premières demandes. Je me mis ensuite en position de combat, en privilégiant les déplacements et les appuis. Le combat allait débuter et je savais comment me débrouiller pendant les premières minutes. Mais mon adversaire ne bougeait toujours pas, il ne présentait aucun signe de réaction. Est-ce qu'il était complètement inactif ? Comment est-ce qu'il était devenu le Pokémon emblématique d'un champion ? C'était incompréhensible, mais je commençais à perdre patience. Mon adversaire baissa légèrement les yeux, d'un air presque dépité. Est-ce que ma réponse ne lui avait pas plu ? Il se mit à remuer les lèvres, comme si il se demandait quelque chose. Il regarda ses pattes antérieures et observa :

- C'est vrai... Ça fait bien longtemps que je n'ai pas eu la chance de faire peur à quelqu'un... Mais il y a un temps pour tout... Je vais te reposer une nouvelle fois la question...

Il prit quelques profondes inspirations, il avait l'air de préparer quelque chose. Il serra ses poings, baissa la tête et leva lentement son pied droit. Il ne le faisait monter que d'une dizaine de centimètres, ce qui n'était pas beaucoup pour sa taille. Tout à coup, il l'écrasa contre le sol, avec une violence inouïe. Il accompagna ses gestes d'un rugissement assourdissant. Je sentais les murs trembler autour de moi et le public éprouvait de la terreur, de l'épouvante. Je ne pouvais pas entendre son cri, mais mon corps tout entier commençait à trembler. La puissance de sa voix seule me rendait presque liquide. J'avais du mal à rester debout, et la secousse qu'avait provoqué son coup de pied n'arrangeait pas les choses. Ce dernier s'était enfoncé dans la pierre qui était maintenant brisée de partout. Les fissures parcouraient le terrain tout entier, il avait vraiment une force titanesque. Après que la foule se soit calmée, il releva doucement la tête. Il avait perdu son air inexpressif, il s'était changé en une expression de domination. Ses yeux rouges avaient gagné en éclat, ils brillaient d'une lueur sauvage. J'avais bien l'air ridicule à côté de lui, je luttais pour rester sur mes deux jambes qui menaçaient de lâcher à tout moment. Mon cœur n'arrêtait pas de battre de plus en plus fort, il était sur le point de bondir hors de ma poitrine. Il me fixait avec ses yeux qui désiraient voir avidement du sang. Une fois qu'il m'eut scrutée de haut en bas, il me redemanda, avec une pointe de provocation dans la voix :

- Et maintenant... Est-ce que tu as peur ?

Je n'arrivais plus à articuler un mot, même en essayant de communiquer par la pensée. Non seulement mon corps était paralysé par la force de sa présence, mais mon esprit était maintenant embrumé. Je ne savais plus où donner de la tête, je ne savais pas quoi faire. Rester sur mes positions ? Bouger ? Attaquer ? Me défendre ? Je ne pouvais pas me déplacer et je ne devais pas rester là au risque de me faire attaquer. J'étais complètement coincée. Il fallait que je me calme avant tout. Il fallait d'abord que je régule mon pouls et ma respiration. Il fallait que je redevienne maître de mon corps, je ne devais pas céder à la panique. Étrangement, il ne fallut qu'une demi seconde pour que je ressente les effets secondaires d'une poussée d'adrénaline due à la peur. Au moins, je savais que je me calmais, le problème, c'est que ces effets secondaires sont des engourdissements des jambes. Il faudra un moment avant que je ne puisse mouvoir à ma guise. En tout cas, la vague de terreur était passée, je n'avais plus peur, du moins pour le moment. Je tournais mes yeux vers mon dresseur, il me fixait d'un air interrogatif. Je le sentais d'ici, il se demandait si j'allais bien. Il ne lui fallut qu'un instant pour qu'il puisse avoir sa réponse. Il laissa échapper un petit sourire et se remit à examiner mon adversaire. Je me mis moi aussi à le fixer, je savais que toute trace de crainte s'était effacée de mon visage. Je ne baissais plus les yeux, je ne tremblais plus, je n'avais plus peur de lui. C'est alors, après avoir pris une profonde inspiration que je lui annonçais, avec de la détermination dans mon cœur :

''- Non, je n'ai toujours pas peur de vous.''
- Tiens... Ça faisait tellement longtemps que l'on ne m'a pas répondu ainsi... Soit... Alors que le meilleur gagne, et que le plus faible s'écrase contre le sol.

Il se lança immédiatement vers moi, sans prendre la moindre seconde pour gagner un peu d'élan ou quoi que ce soit. Je m'étais trompée dans mes premières estimations, il était doté d'une bonne mobilité, il n'avait pas de problèmes à partir rapidement. Ses pas étaient légers, ils ne s'enfonçaient pas dans la pierre déjà fissurée par sa démonstration. Il se rapprochait de plus en plus de moi, il fallait que je réagisse. Je fis alors un grand bond sur le côté, en espérant qu'il ne puisse pas me suivre immédiatement. J'avais raison sur ce point là, il lui fallut un petit intervalle de temps avant de s'arrêter et de se tourner vers moi. Je pouvais jouer avec lui sur les déplacements, j'étais au moins avantagée sur ce terrain. Rode m'avait toujours appris que face à un adversaire plus grand que soi, la meilleure position de sécurité se trouvait proche de lui. Reculer ne lui donnait que de la facilité à placer ses attaques, se coller à lui l'empêchait de se battre correctement. Mon maître savait comme moi que ce colosse n'utiliserait que des capacités physiques, je devais donc me placer près de lui pour qu'il n'ait aucun espace de manœuvre. Il fallait donc attendre qu'il vienne vers moi et me déplacer au dernier moment sur les côtés pour que je ne cours aucun risque.
Cette opération marchait bien, cela faisait déjà trois offensives du Charkos qui se soldaient par un échec. Il ne faisait que brasser de l'air, et si je continuais comme ça, il s'épuiserait inutilement. Je peux donc poursuivre cette étape d'observation. Il fallait que mon dresseur récupère le plus d'information possible, afin d'établir la meilleure des stratégies. Le Pokémon de prédilection du champion s'élança une nouvelle fois vers moi, je savais ce que je devais faire. Je fis un rapide bond à droite, avec une aisance agréable. Je trouvais ça presque trop simple, s'il suffisait de faire trois pas de côté pour vaincre un colosse, la montée vers les sommets sera bien facile. Il y avait forcément quelque chose qui clochait, et j'allais le découvrir immédiatement.
Kohle était à ma hauteur, il n'était pas encore en train de ralentir pour ne pas sortir du terrain. Alors que j'étais en train d'observer ses mouvements en pleine course, je sentais la voix du champion, il était en train de donner un ordre :

- Maintenant ! Coup d'Boule !

Dès que le mastodonte de pierre avait entendu la directive de son dresseur, il exécuta une manœuvre inattendue. Son pied s'enfonça dans le terrain jusqu'à la cheville, ce qui fragilisa encore une fois le sol. Et sans que je ne puisse faire quoi que ce soit, il repartit immédiatement dans ma direction, avec son grand crâne cobalt pointé vers moi. Il m'avait pris de court, je ne pouvais rien faire sur l'instant. Tout ce que mon instinct m'a ordonné de faire, c'est de présenter un quelconque moyen de protection face à cette brute. Je savais pertinemment que je ne ferais pas le poids face à lui, mais limiter les dégâts le plus possible était toujours bienvenu. Il ne me restait plus qu'une seule chose à faire, attendre l'impact, en espérant que je ne prenne rien de mal.
Lorsque son crâne percuta mon corps, je comprenais enfin pourquoi est-ce qu'il était considéré comme la créature la plus puissante de Charbourg. Le choc était surpuissant, je fus projetée en arrière par une force incommensurable. Je retombais violemment sur le dos, j'en eu le souffle coupé, j'étais vraiment mal. Non seulement sa force n'était plus à prouver, mais il pouvait parfaitement me prendre par surprise. Je l'ai sous-estimé, j'ai fait preuve d'une belle stupidité. Mais je n'avais pas le temps d'observer les erreurs que j'avais commises. Mon opposant revenait à la charge, sauf que son crâne brillait d'une lumière presque aveuglante. Je sentais que cette lumière serait plus que dangereuse que le premier coup que j'ai reçu, il fallait que j'évite cette attaque. Alors que j'étais encore en état de choc, je parvins à me jeter sur le côté. Je sentis le souffle que générait son mouvement, je n'ai pas été loin d'avoir été réduite en charpie. Je me relevai du mieux que je pouvais, pour que je puisse faire face à Kohle. Ce dernier revenait à la charge, avec des simples attaques Coup d'Boule, il devait sûrement préparer son autre capacité à l'avance, il ne pouvait pas le faire indéfiniment. Mon dresseur confirma mes soupçons en me donnant quelques informations :

- Bien joué, t'a échappé de justesse à une attaque Psykoud'Boul ! Elle a une probabilité de causer une paralysie temporaire si tu te la prends de plein fouet. Fais bien attention, il doit prendre deux secondes pour la charger.

Il fallait que je reprenne la phase d'observation, je devais éviter ses offensives à répétition. Mais maintenant, je devais ne pas trop m'approcher de lui, il fallait conserver une plus grande distance de sécurité pour éviter les contre-attaques inopinées. Afin d'éviter toute surprise, mon dresseur me donna un conseil à propos de ces changements de direction improvisés : il fallait observer ses pieds. Il changeait son point de gravité, l'endroit où tout son poids était concentré, pour prendre une autre destination. Quand il allait m'attaquer, il prenait un plus grand appui sur le pied qui était de mon côté. Je savais maintenant comment et quand éviter toutes ses offensives, il était temps de passer à l'attaque.
Je continuais mes grands déplacements d'une manière naturelle, ça me permettait de me calmer un peu. Je commençais à ne plus faire attention au public qui m'observait. Une fois que je sentais le bon moment arriver, je m'approchais rapidement de mon adversaire. Il tenta une attaque Coup d'Boule, mais je réussis à bouger assez rapidement pour me sortir de sa portée. Je me plaçais ensuite derrière lui, il ne pouvait rien faire sur l'instant. Je serrais alors mon poing et pris une rapide inspiration, mon attaque allait être légère, mais rapide. Il fallait que je me fasse une idée sur les capacités défensives de mon opposant. Je visais sa cheville gauche, avec un peu de chance, je pouvais lui faire perdre l'équilibre et profiter de l'occasion. Une fois que je me sentais prête, je lançais ma première capacité, Mach Punch, celle que j'ai apprise lors de mon premier combat, face à un Rattata.
L'impact n'avait pas l'air très lourd, mais c'était normal pour un coup qui était surtout connu pour sa rapidité. Mais je savais que cette attaque avait une certaine efficacité contre le type roche, qui est celui du Pokémon du champion. J'attendais une seconde, deux, trois... Rien. Cela n'a pas fait effet ? Je levais la tête pour comprendre. Mon adversaire me fixait, avec un air presque indifférent. Mon attaque ne lui a rien fait. Soit je n'ai pas frappé assez fort, soit il a une très grande résistance aux attaques physiques. Dans les deux cas, mon attaque était bien trop faible pour lui. Qu'est-ce qu'il fallait faire alors ? Je tournais la tête vers Rode, il avait l'air étonné, interloqué. Tout à coup, ses yeux s'écarquillèrent, il m'hurla des avertissements :

- Anna ! Fais gaffe ! Une Draco Queue !

Je regardais à nouveau mon adversaire, il me balança une attaque latérale. Je n'avais pas le temps d'observer quoi que ce soit, je me la suis prise de plein fouet avant de comprendre ce qui m'arrivait. L'attaque fut portée au niveau des côtes, et je n'eus pas le temps de me protéger. Je fus projetée encore plus violemment que la première fois, et je fis de nombreuses roulades au sol avant que mon corps s'arrête. J'avais maintenant mes poumons qui étaient comprimés sous le choc de son offensive. J'essayais de me relever rapidement, même si c'était vraiment difficile. Je n'avais de toutes façons pas le choix, il était encore une fois lancé vers moi, avec une nouvelle attaque Psykoud'Boul chargée. Cette fois, je ne pouvais plus me jeter à droite ou à gauche, mes conditions actuelles m'en empêchaient. Où est ce que je pouvais bien aller ? Je ne pouvais pas aller sur les côtés, je ne devais pas reculer car ça lui donnerait plus de manœuvre pour placer ses coups. La seule option qui me restait était de me jeter droit devant lui, en espérant ne pas me faire marteler par ses pieds. Cette idée était bien trop dangereuse, mais je n'avais plus trop le choix à présent. Je pris alors une profonde inspiration, et avant qu'il ne baisse son crâne cobalt vers moi, je me jetais en avant toutes mes forces. Je ne voulais même pas fermer les yeux, il fallait que je voie par moi-même si mon plan avait fonctionné. Après m'être rapidement relevée, je constatais avec une pointe de victoire que j'avais bien fait. Il était encore en train de courir vers l'avant. Il lui fallut un certain temps pour s'arrêter, se retourner et me faire face.
A ce moment-là, le temps avait l'air de s'arrêter autour de nous. Kohle me fixa avec des yeux légèrement fatigués. Est-ce qu'il avait atteint sa limite ? Est-ce que j'ai réussis à le pousser à l'épuisement ? Non, ce serait bien trop facile, il n'a attaqué qu'une dizaine de fois, il ne pouvait pas se fatiguer aussi vite. Il secoua sa tête de droite à gauche, je sentais qu'il était en train de pester, je voyais sa mâchoire se serrer de rage. Une fois qu'il avait abandonné sa saute d'humeur, il s'adressa à moi avec une remarque :

- Plutôt bien joué pour ton esquive, tu as du cran...
''- Merci bien, si je peux au moins vous dépasser sur l'agilité, on peut avoir un combat un peu équitable.''
- C'est vrai... Tu bouges beaucoup... Beaucoup trop... Je n'aime pas trop que ça va trop vite, on va baisser un peu le rythme...

Il écrasa une nouvelle fois le terrain de son pied droit, qui s'enfonça une nouvelle fois et fissura encore plus le sol. S'en suivit alors un violent tremblement de terre. J'avais beaucoup de mal à garder mon équilibre, mes poumons brûlaient encore du choc que j'avais subis. Rode m'informa qu'il s'agissait d'une attaque Piétisol, qui avait pour effet de rendre plus difficile les mouvements de la cible pendant un laps de temps. Pendant ce temps, le Charkos avait de nouveau préparé son Psykoud'Boul, et il était maintenant lancé. Cette fois ci, je ne savais pas quelle décision prendre, je ne pouvais pas bouger pour l'instant, je n'avais pas assez d'équilibre pour prendre un bon appui. Mon dresseur prit un temps de réflexion, puis envisagea une solution qui lui semblait être la meilleure. Il m'annonça alors :

- Anna, il est temps de tester ta nouvelle compétence ! Détection !

Détection ? C'est vrai que ce serait la solution qui me sortirait bien de ma situation. Le problème, c'est que l'on s'est beaucoup entraînés pour essayer cette nouvelle capacité, et elle s'est soldée par une réussite que deux fois sur dix tentatives. Ce n'était pas le moment de faire des expériences, surtout quand je me doute qu'elle ne marchera pas. Mais malheureusement, je n'avais plus trop le temps de faire des débats, il n'était plus qu'à quelques mètres de moi. Il fallait donc que j'emploie cette méthode de dernier recours. Je fermais les yeux, fis appel à mon esprit, puis ouvris mes paupières. Je vis le temps s'arrêter pendant un instant, il n'y avait qu'une représentation fantomatique de mon adversaire qui avançait encore. Elle était composée de flammes bleues, et se pencha légèrement sur le côté droit pour me donner un coup latéral, qui serait bien plus dangereux que de face. Je savais maintenant ce qu'il allait faire, il ne me restait plus qu'à esquiver vers la gauche pour que je puisse m'en sortir saine et sauve. Une fois que l'image de mon opposant s'effaça, le temps reprit son cours normal. Je pus effectuer à nouveau mon esquive sans trop de problèmes. Maintenant qu'il avait raté son offensive frontale, il lui faudrait du temps pour s'arrêter. Je devais encore une fois passer à l'attaque. Je me lançais à ses côtés, je chargeais une capacité bien plus puissante, qui lui ferait plus d'effet. Une fois que je me trouvais à sa hauteur, je tendai mon bras vers sa tête, ce sera ma cible pour mon attaque Forte Paume, la première que j'ai apprise de mon dresseur.
Ce ne fut qu'au moment que j'avais placé mon attaque que je me rendis compte de de mon erreur. Il avait relevé la tête. Je pensais qu'il l'aurait gardée près du sol, et j'allais donc frapper dans le vide. Je ne pouvais plus garder mon énergie, j'étais forcée de lancer ma Forte Paume, et elle n'allait être qu'un coup d'épée dans l'eau. C'est alors avec rage que j'usais de ma capacité, qui n'allait rien faire. Je sentais alors une grande force sortir de ma main, sans aucune raison apparente. Je tournais la tête vers mon bras tendu, la marque laissée par mon attaque montrait qu'elle a fini par toucher la tête de Kohle. Comment est-ce possible ? Mon attaque qui n'avait qu'une portée réduite pouvait toucher sa cible à plus d'un mètre cinquante de distance ? C'était incompréhensible, et fascinant à la fois. Est-ce que j'ai gagné en niveau, en puissance ? Malgré tout ceci, mon adversaire tourna la tête vers moi. Même si ma Forte Paume l'avait touché, ce n'était pas encore assez pour que je puisse le battre.
Il répliqua à mon attaque avec une Draco Queue, j'eus cette fois ci le temps de me protéger, ce qui réduisit considérablement les dégâts par rapport à la première prise de plein fouet. J'eus quand même le droit à la puissance de dégagement dû à cette capacité, ce qui permit de me rapprocher un peu de mon dresseur. Il avait baissé son regard, qui allait rapidement de droite à gauche. Ses lèvres remuaient au rythme de ses estimations qui fusaient de partout. Il avait fini sa phase d'observation, il était en train de mettre au point une stratégie pour remporter ce combat. Au bout d'un moment, il s'arrêta de gesticuler intérieurement, je n'arrivais pas à lire son visage à cause de ses longues mèches brunes, mais je pouvais voir un sourire de satisfaction se dessiner. Il m'annonça alors, avec un ton plutôt joyeux :

- Anna, il est maintenant temps de passer aux choses sérieuses.
''- Alors ? Je dois faire comment ? Il est bon sur ses appuis et sa taille m'empêche de lui porter de bons coups !''
- Il est assez mobile certes, mais ses déplacements avant/arrière laissent à désirer, c'est là-dessus qu'il faut commencer. Refais tes esquives comme avant, je te dirais quoi faire une fois que tu seras bien placée derrière lui.

Il était sûr de lui, il savait ce que je devais faire. C'était largement suffisant pour moi, j'avais confiance en lui. Je me replaçais devant mon adversaire, qui se remit à la charge. Je continuais à tourner autour de lui, à attendre le meilleur moment pour passer à l'offensive. Une fois qu'il avait balancé un Coup d'Boule dans le vide d'une manière un peu trop brusque, il perdit momentanément l'équilibre, c'était maintenant ou jamais. Pendant que je me plaçais derrière lui, mon dresseur me donna les directives à suivre :

- Tu vas commencer avec un Mach Punch dans la cheville. Il se retournera et te donnera un nouveau Coup d'Boule. Tu utiliseras détection pour l'éviter et te replacer derrière lui pour asséner un Poing Eclair au même endroit !

Ni une ni deux, je me mis au travail rapidement. Je chargeais rapidement mon poing pour qu'il soit rapide et léger. Une fois que mon attaque avait atteint sa cheville gauche, je remarquais qu'elle n'avait encore une fois aucun effet sur Kohle, qui se retourna encore une fois vers moi. Je lançais alors une nouvelle Détection pour deviner ses mouvements. A ma grande surprise, Rode avait raison. Alors que je pensais qu'il allait encore riposter avec un Draco Queue de sa position, il se retourna pour m'asséner un Coud d'Boule vertical. Il allait mettre tout son poids, je savais parfaitement qu'il serait impossible que je puisse encaisser cette attaque. Je devais donc me déplacer rapidement pour me retrouver encore une fois derrière son dos. Une fois ma manœuvre faite, je préparais une nouvelle attaque. Une fois que je sentis mon poing crépiter, je savais que mon Poing Eclair était prêt à l'utilisation. Je me mis alors à imiter légèrement mon adversaire. Je pris un grand avantage de mes appuis, fit pivoter tout mon corps, de mes chevilles à mon poing, pour que mon coup soit le plus lourd possible, pour qu'il fasse le plus de dommages possible. Cette fois, quand mon poing créa un contact avec ses écailles de pierre, je sentis son corps trembler. Cette fois, mon attaque avait fait de l'effet. Il essaya de faire un pas de côté, mais sa cheville gauche resta au sol, il était paralysé par mon attaque. Il manqua de tomber, mais l'étreinte de sa paralysie se desserra légèrement. Il était touché, c'était ce qui comptait le plus. Maintenant que ses appuis sont fragilisés, il ne peut plus mouvoir à sa guise et ses attaques physiques seront bien plus faibles. Je pouvais maintenant l'affronter de face.
Une fois devant lui, il me jeta des éclairs depuis ses pupilles rubis, il avait l'air de me maudire à tout jamais. Mais je n'ai pas besoin de ses messes basses, je pouvais maintenant attaquer. J'attendis les ordres de mon dresseur, qui me demanda un Mach Punch au niveau de l'estomac. Je fis donc un rapide crochet du droit. A voir son rictus de douleur, je compris avec satisfaction que mon attaque n'était pas totalement inutile, il fallait juste savoir le placer au bon endroit. Je continuais ensuite avec une Forte Paume au niveau de la seconde jambe, la seule qui le tenait encore debout. Après cette capacité renforcée je ne sais comment, le colosse de pierre s'effondra.
Je me replaçais devant lui, il avait l'air maintenant bien moins agressif une fois au sol. Il continua de me regarder avec des yeux furieux. Je ne pouvais m'empêcher d'avoir un sourire au coin des lèvres, je lui dis alors, avec un ton victorieux :

''- Non, décidément, vous ne me faites pas peur.''
- Et bien... Maintenant, tu te mets à fanfaronner parce que je me retrouve par terre ? Tu ne trouves pas cela un peu prématuré ?
''- C'est fini, il ne me suffit de placer le coup de grâce et nous repartirons avec une victoire.
- Un coup de grâce... ? Héhéhé... ricana le géant qui rampait, vas-y... Porte ton coup de grâce... Tu le regretteras amèrement.
''- Très bien... C'était un honneur de me battre face à vous, que le destin vous soit favorable.''

Sa dernière remarque me semblait étrange. Il ne semblait pas bluffer, il avait l'air vraiment sérieux dans ses menaces. De toute façon, il ne pourra plus rien faire une fois inconscient, je ne devais plus avoir aucune pitié envers lui. Il tenta une dernière contre attaque. En utilisant ses bras, il se rapprocha dangereusement de moi, la gueule grande ouverte. Il essayait de me blesser gravement pour gagner ce duel, il était dans ses derniers retranchements. Une simple Détection me permettait de voir que j'étais sans dangers, un simple pas de côté me mettait hors de portée de ses canines acérées. Je préparais en parallèle ma dernière attaque, celle qui allait finir ce combat. Elle avait atteint un nouveau niveau de puissance, c'était le bon moment d'en profiter. Une fois que je pouvais poser ma patte sur sa tempe, je déversais l'énergie que j'avais accumulée pour utiliser une dernière Forte Paume.
Ça y est, il était définitivement au sol, son visage n'était plus relevé et il ne bougeait plus. Le combat était enfin terminé, je pouvais enfin respirer. Après m'être calmée, je ressentis tout à coup la douleur des coups que je venais de prendre, mes poumons me faisaient souffrir et mes avant-bras me brûlaient. J'avais complètement oublié mes blessures sur le coup, et les effets n'étaient pas très agréables. Mais il suffisait que je tourne la tête vers mon dresseur pour oublier tout ça. Il me regardait avec soulagement et joie, le plus dur était maintenant fait. Nous avions fait un pas en avant, pour retrouver cet assassin, celui qui a fait tant de mal à mon maître. Aujourd'hui est un grand jour, et marque le début de notre popularité, qui faisait partie de la première étape.

- Un... Coup de grâce... ? C'est léger... C'est faible... Trop faible.

Qu'est-ce que je venais d'entendre ? Je sentais une nouvelle pression qui comprimait mes épaules. La seule chose que je savais, c'est que cette désagréable sensation venait de derrière, et il n'y avait qu'une chose qui en était capable. Je me retournais alors, pour contempler quelque chose que je pensais impossible.
Il s'agissait de Kohle, debout. Il s'était relevé, je ne pouvais le voir que de profil, mais il avait les paupières fermées et un long filet de sang s'écoulait de la bouche. Comment était-ce possible pour qu'une créature de sa taille et de son gabarit puisse se relever après de graves blessures à la tête ? J'avais pourtant bien visé la tempe, il devait être privé d'équilibre pendant un moment. Il se mit alors à ouvrir lentement ses yeux. Ils étaient blancs, seul son iris avait gardé la couleur rubis, et elle avait prise la forme de celle d'un reptile, elle était extrêmement fine. Sa respiration était irrégulière, je pouvais observer les pulsations de son cœur en regardant la carotide qui tambourinait son cou. Il se mit tout à coup à tourner la tête vers moi, d'une telle rapidité que je sursautais de surprise. Je pouvais voir que les vaisseaux sanguins de son deuxième œil avaient explosé. C'était un véritable œil de sang, un frisson parcourra mon échine, j'en fus immobilisée sur le coup. Il mit un certain temps à me distinguer, il avait l'air... Sauvage. Il n'était plus du tout celui que j'avais combattu, c'était maintenant devenu un mastodonte qui était devenu incontrôlable.
Il pencha légèrement la tête sur le côté, le sang qui s'écoulait de la bouche s'écrasait maintenant en gouttes sur le sol. Son visage n'avait plus aucune expression, il ne faisait que me regarder. Du moins, c'est ce que j'espérais du plus profond de mon être. Il leva le menton vers le ciel, ouvrit lentement la gueule et poussa un cri. Mais cette fois ci, ce n'était pas un rugissement qui avait pour but de m'effrayer ou faire peur aux alentours. J'étais sûre qu'à ce moment-là, il n'avait même pas idée de ce qui l'entourait. Son hurlement était bien plus puissant que celui en début de combat. Il n'y avait aucun but, aucune empreinte, aucune émotion dans sa voix. Je ne sentais plus rien devant moi, il n'y avait qu'un corps sans état d'esprit, je ne comprenais pas ce qu'il se passait. Il ne s'arrêtait même pas pour respirer, il continuait d'hurler à tue-tête, j'avais du mal à supporter la pression qu'il exerçait. Tout à coup, mon regard porta sur le plafond. Il était en train de se fissurer. C'était une blague ? Malheureusement, quelques secondes ont suffis pour répondre à ma question, qui était « non ». Des blocs de bétons se mirent à pleuvoir sur le terrain, et ils furent difficiles à éviter. J'exécutais une Détection pour essayer d'esquiver plus facilement les projectiles, mais apparemment, mon attaque a échoué. Je n'ai pas vu le ''Fantôme bleu'' de ces morceaux de roche, et ils étaient gros. Une fois que la moitié du toit de l'arène était maintenant par terre, la bête sauvage se mit à fixer le ciel de ses yeux vides d'expression. Il avait l'air de vouloir voir à tout prix le soleil, qui était haut au milieu de ce bleu azur. Seuls quelques nuages s'immisçaient dans ce tableau. Le toit laissa passer un rai de lumière, qui éclaira le corps tout entier de mon adversaire. Il ferma les yeux à cet instant-là, il avait l'air de recevoir la chaleur donnée par l'astre solaire. Une fois que le soleil avait fini de le recouvrir, il rouvrit ses paupières, et tourna lentement la tête vers moi. Il resta immobile pendant une quinzaine de secondes, qui semblaient passer pour des heures, c'était insupportable.
Tout à coup, sans que je ne puisse faire quoi que ce soit, il passa à l'attaque. De moins, c'est ce que j'en ai compris, parce que je n'ai pas eu le temps de voir quoi que ce soit. Il avait réussi à se téléporter, il a été si rapide que mes yeux n'ont pas pu suivre son mouvement. Il était tout juste devant moi, avec la même tête penchée sur le côté et l'air déconcertant. Il ouvrit ensuite lentement la gueule, je pu voir les deux rangées de lames d'ivoires qui lui servaient de dents. Le sang coulait de ses crocs, il afficha une légère expression de joie en me regardant. Il se pencha ensuite vers moi, en ouvrant encore plus la gueule. Il voulait me bouffer, c'était tout ce qui l'importait. Je voulais m'enfuir, me cacher quelque part, mais je ne pouvais plus bouger, mes jambes refusaient de m'obéir. Je levais instinctivement mes bras face à lui, mais je savais que ce serait inutile, il pouvait m'avaler en entier sans aucun problème. Je fermais les yeux, je ne voulais pas voir ça. J'allais mourir, comme ça. Mangée par un Pokémon devenu sauvage je ne sais comment. Je pensais que j'avais réussis la première étape, on avait réussi un véritable exploit. Mais tout ceci allait se finir dans le sang, je ne verrais jamais notre monde naître, avec mon maître à mes côtés. Je ne pourrais pas l'aider à accomplir son objectif, il sera à nouveau seul, par ma faute. Tout ça parce que je n'arrivais plus à bouger, parce que j'avais peur, parce que j'étais faible. J'en avais marre, j'en avais assez d'être faible ! Je veux enfin être forte pour l'accompagner, le protéger, le sauver de l'ombre qui plane toujours au-dessus de lui. Je veux être forte !

- Coucou, me revoilou !

Arène de Charbourg : ??h ??

Qu'est ce que c'était ? Est-ce que j'avais entendu une voix ? Dans un moment comme celui là ? Est-ce que ça veut dire... Que je suis déjà morte ? Étais-je dans la chambre du jugement ? J'avais appris que lorsqu'un être meurt, son âme était envoyée dans une salle où Arceus, grand créateur de tout, jugerait la vie que l'on avait menée, et déciderait si nous allions au paradis, ou dans le monde distorsion à tout jamais. Cela voulait donc dire que j'étais déjà morte, sans avoir pu faire quoi que ce soit, sans même avoir pu lui dire adieu... Et qu'avant tout... Que je... Que j'étais...

- Et bien... Ce que tu peux penser à un tas de trucs quand tu es sur le point de mourir. On dirait une vraie sainte !

Encore la même voix... ? Je crois l'avoir déjà entendue, celle d'une petite fille, taquine et qui résonnait comme si elle se trouvait au milieu d'un grand hangar vide. Je commençais à sentir que j'étais toujours dans la même position, les bras devant le visage et les yeux fermés. Une fois que j'avais baissé les premiers et ouvert les seconds, je pouvais comprendre ce qui m'arrivait.
Tout avait perdu sa couleur ainsi que toute notion de mouvement, que ce soit l'arène, le ciel à travers le toit troué ou même... Le Charkos qui avait sa mâchoire autour de moi, qui ne demandait qu'à se refermer pour arracher mon corps de mes jambes à tout jamais. Il n'y avait qu'une seule chose qui avait encore une teinte différente du blanc, gris ou noir. Elle était composée de jaune majoritairement, avec un petit peu de rouge. Le regarder une seconde de plus me permettait de comprendre de qui il s'agissait. Un Riolu doré, avec un ruban noué comme le mien avec la couleur du sang. Les yeux fermés et un sourire agaçant aux lèvres. Je l'avais déjà rencontré une fois, il m'était apparu pour me sauver alors que j'allais perdre beaucoup à cause d'un mauvais choix. Il était capable d'arrêter le temps et de disparaître comme il apparaissait, d'un coup. Cette fois ci, il se trouvait vraiment très près de moi. Il était accroupit sur la tête de mon adversaire, qui était figé je ne sais comment. Il me fixait (ce qui est étrange avec ses paupières closes) de haut et avait l'air d'y prendre du plaisir. Il ne me laissa pas plus de temps pour penser ou regarder autour de moi, il prit immédiatement la parole, et pour une remarque qui ne me plaisait pas vraiment :

- Tu me donnes une description plutôt sympa... Est-ce que tu me considérerais comme un dieu par tout hasard ?
- Que veux-tu... ? Et comment est-ce que tu peux lire dans mes pensées ?
- Tu le sais bien pourtant... Je suis toi.

Ah oui... J'avais oublié ceci. Je ne savais pas de qui il s'agit, ni son but ou la raison de son existence. A chaque fois que je posais une question qui portait là-dessus, il se contentait de répondre « Je suis toi » sans rien d'autre, ce qui le rendait vraiment insupportable.

- Hey ! Ça c'est pas gentil par contre ! pinailla-t-il tout à coup.
- Ce n'est pas de ma faute si j'ai du mal à t'apprécier, surtout avec cette voix qui a tendance à me vriller les tympans.
- Ah bon... Et comme ça ?

Il avait prit la voix de Rode, celui qui m'a toujours supporté, aidé, aimé. Tout à coup, je tournais la tête vers lui, il était lui aussi piégé dans l'arrêt temporel de cette étrange créature. Je pouvais voir sur son visage de la terreur, de l'horreur. Il était en train de me voir sur le point d'être mangée par la créature qui avait perdue connaissance. Il s'était jeté à ma poursuite, il avait déjà senti que je courrais un grand danger. Ça me faisait de la peine de le voir ainsi, il ne savait pas que j'étais en sécurité pour le moment, il devait être mort d'inquiétude. Encore une fois, cette vermine ne me laissa pas plus de temps pour penser ce à quoi je voulais penser, et il s'expliqua :

- Justement, tu es bien dans un beau pétrin, et c'est pourquoi je suis venu ici.
- Ah bon ? Je n'avais pas remarqué que j'étais dans une position délicate. répliquai je d'un ton cynique.
- Je vais faire comme si tu n'avais pas vraiment remarqué. Si tu veux comprendre pourquoi est-ce que ce gros tas de cailloux est tout énervé, ce n'est pas pour rien. Il faut d'abords savoir qu'à ton époque, un Charkos est maintenant un Pokémon venu d'un fossile. Il appartenait à un monde où seul le plus fort menait. Soit tu étais une proie et tu devais tout faire pour vivre, soit tu étais un prédateur et tu chassais les proies. Et son espèce était un prédateur. En lui infligeant un choc dans la tête, tu lui as donné une sorte de déclic...
- Quel genre de déclic ?
- Tu as maintenant affaire à une espèce préhistorique, dont seul la survie importe. Tu es devenue la proie, et ses capacités se sont décuplées pour que tu finisses dans sa gueule.
- Donc pour résumer...
- Son seul but est de te bouffer, et il n'a rien à faire de ce qui l'entoure.

C'était donc pour ça que sa vitesse avait augmentée d'un niveau bien au-dessus de tout. J'étais donc condamnée à être une proie, poursuivie à tout jamais par une créature plus rapide, forte et lucide que moi. Donc j'étais officiellement perdue. Mais il y avait une chose que je ne comprenais pas, et seule une personne pouvait répondre à mes questions :

- Donc je suis maintenant prise en chasse par un truc qui me poursuivra jusqu'au bout du monde sans que je ne puisse faire quoi que ce soit ?
- Exactement, c'est un peu bête, mais le destin n'est pas toujours rose pour tout le monde.
- Et tu es venu dans ce seul but ? Me dire pourquoi est-ce que vais mourir ?
- Trépasser avec la tête pleine peut avoir du bon... Mais personnellement, je trouve tout ceci inutile. Donc non, je ne suis pas venu là pour te faire un exposé aussi court.
- Vas-y, je t'écoute. Dis-moi pourquoi est-ce que tu es là.
- En le mettant en rogne ainsi, il a atteint un stade qui peut dépasser n'importe qui de sensé. Si tu étais n'importe quelle autre espèce de Pokémon, je t'aurais laissé en pâture à cette créature qui a terriblement faim.
- Qu'est-ce que tu veux dire par « N'importe quelle autre espèce » ?
- Ton espèce, les Lucario, ont quelque chose que les autres êtres vivants n'ont pas. Rectification, ce sont les seuls capables d'utiliser quelque chose que tout le monde possède.

Je suis... Capable d'utiliser quelque chose que tout le monde possède ? Qu'est-ce que c'était que cette phrase alambiquée, sortie de nulle part ? Ce qu'il me racontait n'avait aucun sens, et ça ne m'aidait toujours pas à comprendre la raison de sa venue.

- Oh ne t'inquiètes pas ma jolie, me coupa-t-il encore une fois d'un ton enjoué, tu auras vite ce que tu voudras...
- Qu'est-ce que tu attends alors ?
- Je te dois encore quelques explications, car sinon, ce serait faire tomber le suspense, et ce ne serait pas drôle.
- Tu es insupportable...
- Tu es franche, c'est bien... Même si c'est quelques fois un peu méchant. Et puis maintenant tu me tutoies, ce qui est le signe que l'on s'entend bien.

C'est vrai ça... Depuis quand est ce que je me comporte ainsi face à lui ? Il est vrai qu'il n'est pas d'une nature très attachante, il a tout de même une puissance bien supérieure à n'importe qui. Il a la puissance d'arrêter le temps, ce qui n'est pas rien.

- Pour être plus précis... Ce n'est pas le temps que j'arrête, je ne fais que te changer de dimension. Tu es dans un monde parallèle à celui que tu vois autour de toi.
- Comment est-ce que tu peux faire quelque chose de ce genre ?
- Quelqu'un de haut placé m'a prêté ses capacités momentanément. Tout ça pour que l'on puisse pimenter le jeu... Mais il est l'heure de te raconter une histoire ! Ton dresseur t'en a sûrement parlé après avoir lu bon nombre de livres à propos de ta race. Tu as quelque chose de plus, tu as ce que vous appelez dans votre monde « l'aura ».

C'est vrai, Rode avait étudié sur le sujet. Il le savait déjà quand je n'étais que Riolu et a approfondit ses connaissances après mon évolution, quand j'étais dans un état entre la vie et la mort. L'aura serait une force que notre espèce possède et que l'on peut utiliser pour se battre. Je trouvais ça un peu étrange, si on était doté d'une telle compétence, ce serait futile de n'en user qu'à des fins de duel. Apparemment, j'avais vu juste, puisque je commençais à voire les canines de mon protagoniste, qui souriait de plus en plus. Il continua son récit :

- Et bien on dirait que tu as bien écouté ton humain... Mais sache qu'une bonne partie de tout ceci est fausse... Les humains n'ont jamais pu comprendre une seule chose, qui est la base de tout votre art, l'essence. L'aura.
- Qu'est-ce que tu veux dire par là ?
- Tu pensais que seul les Lucario possèdent l'Aura, qui sont les seuls propriétaires de cette force. Et bien c'est faux, tout le monde possède une aura, la seule différence est le nom qui lui est donnée. Si tu es un Lucario, tu possèdes l'aura, si tu es un autre être vivant, tu possèdes une âme.
- Une... me ?
- Oui, on peut même dire que votre espèce utilise son âme pour se battre, et c'est là que la seconde erreur intervient. L'aura ne sert pas seulement à se battre, elle est dotée de différents types d'utilisation. Il y a dans l'art de l'aura trois piliers, les deux premiers forment la troisième, qui mène à la maîtrise de l'âme.
- Quels sont ses trois piliers ?
- Tu le sauras... Au prochain épisode.
- ...
- Tu pourrais rire à mes blagues au moins... soupira le Riolu doré, déjà ennuyé par mon manque d'humour, t'es pas drôle. Donc pour revenir à notre sujet... Les deux premiers paliers à la maîtrise de l'aura sont la porte de l'esprit et la porte de la force.
- Comment ça des « portes » ? Ça veut dire quoi ?
- A l'aide d'un entraînement approfondit, ton espèce est capable de franchir un seuil où les autres ne peuvent que rester immobiles. On les appelle « portes » car les franchir sont une étape et un accomplissement en même temps. Une fois que tu as passé un palier, tu es heureux, mais tu sais qu'il te reste du chemin à faire avant de pouvoir voir la fin.
- A quoi correspondent ces portes alors ?
- C'est maintenant que ça devient intéressant, alors écoute moi bien... Une fois la porte de l'esprit ouverte, tu es capable de projeter ta pensée vers les autres, tu peux aussi lire celle des autres.
- Ça fait longtemps que j'ai ouvert cette porte alors... Je peux parler par la pensée avec mon dresseur comme je le souhaite et je peux entendre la voix des gens alors que je suis maintenant sourde.
- Ne me coupe pas, ce serait gentil. Car avec cette capacité, si tu te synchronises avec ton interlocuteur, tu peux changer sa façon de penser, modifier son âme, tu peux appeler ça de la manipulation mentale. Passons maintenant à la porte de la force. Une fois ouverte, tu peux insuffler ton âme dans tes membres et dans tes muscles de manière plus poussée que les autres, tu peux donc par exemple courir plus vite, sauter plus haut où frapper plus fort à l'aide de ton aura. Cela reviendrai à se battre corps et âme, assez amusant non ?
- Bien... Et lorsque l'on a ouvert ces deux portes... Qu'est ce qui se passe ?
- Tu te trouves alors face au troisième et dernier palier de puissance, la porte de l'âme. Et je me passerais de descriptions cette fois ci... Autant que tu puisses avoir la surprise par toi-même.
- Qu'est-ce que tu veux dire par là ?
- Si tu revois un peu ta journée en détails, tu remarqueras que tu auras eu un avant-goût de tes compétences après avoir franchis ces portes.
- De... Comment ?
- Chez vous, on appelle ça la « phase de l'éveil ». Tu y es arrivé en « méditant » avant ton combat, tu te souviens de ta vision ? Elle a marqué l'entrée en éveil. Tu as profité des effets la porte de l'esprit en gagnant la capacité de lire les pensées de personnes que tu ne connaissais pas. Ah oui... Et ta capacité « Détection » n'en est pas vraiment une, c'est un des effets de la porte de l'esprit. Tu as pu visualiser le mouvement que planifiait ton adversaire pour attaquer, ce qui est assez différent d'une véritable compétence de prévention.
- Est-ce que c'est une blague... ?
- Non, sinon j'aurais un drôle de chapeau et je t'aurais envoyé des confettis, ce qui serait assez amusant. Mais passons... Tu as aussi usé la porte de la force en évitant une attaque décisive. Tu te souviens avoir été paralysée par un Piétisol ? Je vais t'informer de quelque chose... Ton type acier te rend vulnérable aux attaques de type sol. Avec une telle capacité, tu n'es même pas sensée pourvoir tenir debout, et encore moins te jeter pour éviter une seconde attaque. Tu as utilisé le pouvoir de la porte pour « injecter » une petite quantité d'aura dans tes jambes, ce qui t'a donné champs libre pour te mouvoir à ta guise.
- C'est... J'ai maîtrisé les portes ? Je peux ouvrir la porte de l'âme ?
- Du calme... Je t'avais dit que tu étais en « Phase d'éveil », je n'ai jamais dit que tu as réussi à les ouvrir. Si tu voulais un exemple, on pourrait dire que tu n'as pu « qu'entrouvrir » ces deux portes. Et pour pouvoir ouvrir les trois, sache qu'un entraînement aux côté d'un pratiquant de l'aura est nécessaire. Et sache que pour maîtriser les deux premières portes, il te faut trois ans d'entraînement intensif.
- Donc... Je n'ai pu qu'avoir une idée de ce dont je suis capable ?
- Exactement, tu as tout compris.

C'est tout ? Encore une fois, tout ce qu'il me disait ne me servait à rien, je ne faisais que perdre mon temps. Dès qu'il allait laisser au temps le droit de laisser libre court, j'allais me faire déchiqueter le corps par les rasoirs d'ivoire qui servaient au Charkos de dents. Il n'y avait donc rien à faire ? Cette vermine ne m'avait fait qu'allonger le temps du supplice. Il m'avait aidé une première fois, mais cette fois ci, il m'a donné de faux espoirs. Tout allait donc se finir maintenant, je resterais faible, trop faible pour pouvoir protéger mon dresseur. La vie pathétique de la pauvre Anna allait se finir comme ça, si proche d'une victoire que je vais retomber de haut, trop haut.

- Oh que non, la partie n'est toujours pas finie... Je suis encore une fois venu là pour t'aider.
- Et comment est-ce que vous allez m'aider ? demandais je, avec les yeux qui se troublaient à cause de mes larmes naissantes, vous allez encore une fois me dire d'aller à droite ou à gauche ? Tout ceci est inutile, je vais mourir, c'est tout ce qui va m'arriver !
- Ooooh non... Si tu meurs, le jeu sera terminé, et moi je déteste aller me coucher quand la partie se termine trop tôt. Cette fois, te donner une direction t'amènerait à rencontrer ces jolies dents bien pointues, alors je vais te donner autre chose.
- Vous m'énervez avec vos devinettes... Dépêchez vous !
- Et si je te donnais de quoi ouvrir les trois portes ?

De quoi ? Est-ce que j'avais bien compris ? Il m'avait dit que pour pouvoir obtenir la force des deux premières portes, il me fallait un entraînement de trois ans. Comment pouvait-il faire ? Une petite idée germa dans ma tête, mais c'était bien trop absurde. J'essayais de demander quand même, après avoir ravalé mes larmes :

- Tu... Tu vas m'enfermer ici pendant trois ans le temps que je maîtrise l'art de l'aura ?
- Ooooh non ! J'aime bien les jeux, mais je ne vais pas attendre cinq ans pour que tu puisses apprendre quoi que ce soit... Ma patience a des limites, et là on va bientôt les dépasser, alors ne me parle pas de rester ici cinq ans.
- Cinq ans... ? Tu avais dit seulement trois au début...
-Trois ans pour la porte de l'esprit et de la force, mais pour la porte de l'âme, il t'en faut deux de plus. Tu as donc cinq années à rattraper, et tu vas les passer en cinq secondes.
- Cinq... Secondes... ? Comment est-ce que tu vas faire ça ?
- Pour la méthode, ne t'inquiètes pas, ce sera rapide. Par contre, avant de faire quoi que ce soit, il va falloir mettre les choses bien au clair... Ton maître t'a appris au fil de divers leçons que chaque chose a un prix, et que pour l'obtenir, il faut donner quelque chose en échange. La dernière fois que je t'ai vu, je ne t'ai donné qu'une indication, ça n'avait pas de prix et c'était gentil. Mais aujourd'hui... Je vais te confier un pouvoir qu'une poignée de Lucario peuvent posséder dans le monde, qui se gagne au fil des prouesses dues aux embûches que crée la vie.
- Je voudrais bien faire un échange... Mais que veux-tu ? Je n'ai rien, et puis comment est-ce que tu veux que je paie cinq ans passés en cinq secondes ?
- Justement ma jolie... Tu vas payer ces cinq secondes... En cinq ans.
- Que... Qu'est-ce que tu veux dire par là ?
- Pour obtenir tes pouvoirs immédiatement, tu vas payer cinq ans de ta vie.
- Ma... Ma propre vie ?
- Oui, je vais réduire de cinq ans ton espérance de vie. Ou pour être précis, tu vas te transformer en ce que tu seras dans cinq ans.
- Je...
- Bien évidement, ton choix va complètement changer ton destin. De toute façon, tu ne peux pas savoir ce qui peut t'arriver à l'avance, donc ce n'est pas une si grosse perte que ça.

Pas une si grosse perte ? J'ai déjà vécu quatre ans de ma vie, et j'atteindrais la neuvième si j'accepte son pacte. Je ne sais pas quelle est l'espérance de vie de mon espèce, mais je doute qu'elle dépasse celle des humains. Le risque était bien trop grand, mais pas autant que celui imposé par la situation dans laquelle je me trouvais. Dès que le temps allait reprendre son cours, j'allais me faire déchiqueter le corps. Mais si je profite de cet instant de répit donné par mon « sauveur », je pouvais faire un bond en arrière pour me sortir de la portée de sa mâchoire.

- Oui, ça pourrait être une bonne idée... observa mon interlocuteur, si ton adversaire était encore sain d'esprit. Dans ta condition actuelle, tu n'auras même pas le temps de cligner des yeux.
- Tu n'as aucune idée de ce qu'il m'arrivera... Tu as dit toi-même que l'on ne peut pas savoir ce qu'il peut nous arriver à l'avance.
- TU ne peux pas connaître ton destin, nuance ! Et puis je ne veux pas influencer ton choix mais si tu refuses mon offre, au moment où tu retourneras dans ton monde, tes chances de survie seront de l'ordre de 0,1%.
- Comment est-ce que tu peux en être aussi sûr ?! commençais je à m'emporter.
- Peut-être parce que je suis capable d'arrêter le temps ? Que je peux rendre tes souvenirs ? Ou même mieux, que je te propose de te donner un moyen de te sortir de là d'une manière impossible dans votre misérable monde !

Je me tus sur le coup. Il avait raison, lors de notre première rencontre, malgré son air insupportable, il m'était venu en aide. Il m'avait empêché de choisir la mauvaise direction quand je fus en grand danger, et aujourd'hui, il avait encore une fois décidé de me tendre la main. Mais encore une fois, un détail me titillait, et il fallait que j'en ai le cœur net.

- Tu m'as dit que tu pouvais voir le destin en avance ? Et tu possèdes en plus des pouvoirs « surnaturels », n'est ce pas ?
- Correct, tu tapes en plein dans le mille.
- Alors dans ce cas, comme tu m'avais dit que ma vie était à tes yeux, est ce que tu as créé cette situation pour m'opposer un choix ?
- Mmmh... C'est vrai que ton raisonnement peut tenir... Mais il y a deux détails qui clochent là dedans. Le premier, c'est qu'il n'y a pas que ton aventure qui nous intéresse, celle de ton humain est lui aussi suivit de très près, et je m'amuse avec d'autres vies de ce monde, il faut bien varier les plaisirs. Et puis comme il s'agit véritablement d'un jeu, si je devais m'impliquer chaque moment dans ton histoire... Ce serait considéré comme étant de la triche.
- Rode... Lui aussi ?
- Oui, mais pour l'instant, il n'y a eu que toi qui ai été en grand dangers pour que j'intervienne, tu es en quelques sortes privilégiée.
- Privilégiée... J'ai plus l'impression que tout ce qui m'arrive ne soit qu'une malédiction.
- Chacun son point de vue Causette.
- Bien... Dans ce cas, mon choix a été fait. J'accepte ton marché.
- Puis-je connaître les raisons de ta réponse ?
- Mon temps dans ce monde n'est pas fini, il me reste encore beaucoup à découvrir, apprendre. Et puis j'ai promis de protéger à n'importe quel prix mon dresseur. Alors si perdre cinq ans me permettra de l'éloigner de tous les dangers, ce n'est pas si cher payé.
- Mmmmh... Tes arguments sont valables, je n'ai rien à dire là-dessus. Mais avant que l'on procède à l'échange, je préfère te prévenir. Une fois que tu auras obtenu la maîtrise de l'aura, le lien que tu aura avec ton dresseur ne sera plus par la simple pensée.
- Que veux-tu dire par là ?
- Vous serez maintenant liés par l'aura, votre âme sera sur la même longueur d'onde. Si tu pensais pouvoir communiquer avec lui comme bon te semblait, tu te trompais, tu n'as pu entendre que ce qui te plaisait. Ce jeune garçon ne le montre pas, mais ses expériences l'ont rendu bien plus sombre que tu ne le pensais. Quand tu auras le pouvoir donné par les trois portes, il faudra que tu fasses extrêmement attention, car non seulement tu ressentiras les vrais émotions et sentiments de ton dresseur, mais il risquera de t'influencer dans l'avenir, sans que tu ne puisses faire quoi que ce soit.
- Que... Rode ?
- On peut dire que la route du destin est longue, mais elle n'est sûrement pas faite d'une seule ligne droite. Il faudra aussi que tu sois extrêmement consciencieuse avec tes ressources, car plus tu en useras et ton corps ainsi que ton esprit en seront grandement altérés. Une âme saine réside dans un esprit sain et dans un corps sain comme on dit. Alors, maintenant que tu connais les réels risques, quelle est ta réponse ?
- Tu fais exactement la même chose qu'avec Kohle avant mon combat face à lui...
- Peut-être bien que oui, peut-être bien que non. répliqua le Riolu doré avec un sourire taquin.
- Dans ce cas, tu connais déjà ma réponse. Tu ne me fais pas peur. Et j'accepte toujours ton offre.
- Bien... Dans ce cas, prends ma main, et tu obtiendras ton pouvoir.

Il tendit son bras droit vers ma direction, la paume tournée vers le haut. Je regardais une dernière fois mon dresseur. Il fallait que je le fasse, le fait que je sois au bord de la mort une nouvelle fois était une preuve que je n'étais pas encore assez forte. Il fallait que je m'améliore pour que je puisse le protéger pour que notre monde puisse un jour exister. Mais les derniers avertissements de mon interlocuteur restaient dans mon esprit. Est-ce qu'il était quelqu'un d'autre ? Comment est-ce qu'il a été doté de ces pupilles étranges, capables de tétaniser quiconque croisait son regard ? Mon nouveau pouvoir me permettrait peut-être de répondre à ces questions. Mais avant de pouvoir y réfléchir, il fallait que je fasse le pas en avant. Je pris une profonde inspiration, puis je tendis ma patte droite pour prendre la sienne, pour que l'échange puisse se faire.
Au moment où le contact se fit, mes poumons se comprimèrent. Tous mes muscles se mirent à se raidir, d'une telle force que je ne pouvais faire quoi que ce soit. La douleur était insupportable, mais je ne pouvais pas crier, car je ne pouvais plus respirer. Ma pensée fut elle aussi brouillée, je sentais des dizaines de milliers de choses envahir mon esprit, sans que je puisse y faire quoi que ce soit. C'était une véritable torture, plus le temps défilait, et plus les douleurs devenaient aiguës, plus je me sentais me rapprocher de la mort.
Tout à coups, la douleur s'en alla, et tous les supplices partirent aussi. J'essayais de reprendre ma respiration, une simple bouffée d'air me donnait l'impression de revenir à la surface après des années passées la tête sous l'eau. Je pensais que j'allais avoir des séquelles concernant l'épreuve que je venais de subir, mais rien du tout. La douleur était bien loin, je me sentais maintenant sereine, libérée, et surtout, je me sentais forte. Je pouvais maintenant reprendre de profondes inspirations, tout me semblais beaucoup plus calme. Je relevais la tête, et le Riolu jaune souriait toujours. Ses premières paroles furent des excuses :

- Désolé ma belle, mais j'ai pas pu condenser tout ça en cinq secondes, t'as dû un peu souffrir pendant une de plus pour être comme tu es, j'ai fait de mon mieux.
- Je vais laisser passer pour cette fois, on dira que je n'ai rien entendu. répliquais je avec un hochement de la tête pour le remercier.
- Alors, comment est-ce que tu te sens ?
- Étrangement... Bien, et j'ai sentis mes membres s'allonger encore.
- Normal, ta croissance a continué pendant cette période. Mais je pense que tu as déjà sentis ce genre de choses.
- Oui... Le jour où j'ai évolué.
- Bien ! Alors maintenant... Est-ce que tu sais ce que tu vas faire ?
- Et bien... Le problème, c'est que je ne sais pas vraiment comment ouvrir une porte.
- C'est vrai que maintenant t'as la théorie, mais la pratique pêche un peu... Tu sais quoi ? Attends deux secondes.

Tendit une nouvelle fois sa patte vers moi, mais cette fois ci, la paume pointait dans ma direction. Je sentais alors une grande force m'envahir, les muscles de tout mon corps se raffermissaient mais gagnaient aussi en souplesse. Je regardais mes bras ainsi que mes jambes, mais il n'y avait pas de différence notoire, à par le fait que j'étais maintenant plus grande. Je finis par noter que j'avais l'impression de gagner en légèreté, et pas qu'un peu. Je commençais à serrer mes poings, et la sensation était plus que différente. Cette sensation me faisait croire que je portais des gants de boxe, qui empêchait de briser une mâchoire quand on portait un coup à la tête, mais qui pouvait faire sonner son adversaire pour le mettre K.O. Je me demandais comment est-ce que ça pouvait être possible. Encore une fois, ce fut mon interlocuteur qui répondit à mes questions :

-Je ne t'ais qu'ouvert la porte de la force, mais je pense que tu pourras largement le surpasser maintenant.
- Je vais devoir trouver moi-même le moyen d'ouvrir ces portes plus tard ?
- Oui, il te faudra apprendre par toi-même dans l'avenir. Mais fais attention, quand tu utilises trop tes capacités d'aura, les effets secondaires seront désagréables, et pas qu'un peu. Tu dois utiliser tes compétences avec parcimonie. Est-ce que je me suis bien fais comprendre ?
- Bien reçu.
- Bien... Dans ce cas, il est maintenant l'heure de m'en aller.
- Attends un instant ! J'ai juste deux questions, tu pourras partir ensuite !
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Quel est ton nom ? Et puis... Pourquoi est-ce que tu apparais sous la forme d'un Riolu jaune ?
- Pour mon nom... Je vais te laisser m'appeler Kuro. Est pour ce qui est de ce que je suis, il te suffira de puiser dans le plus profond de tes rêves. Maintenant que j'ai répondu à tes dernières demandes, il est temps de nous dire au revoir.
- Oui... Et surtout... Merci Kuro.
- Y'a pas de quoi, répliqua-t-il d'un joli sourire, et n'oublie pas, le destin est tout sauf un long fleuve tranquille ! A la revoyure !

Il disparut sans utiliser une grande lumière pour m'aveugler comme lors de notre première rencontre. Il s'effaça graduellement, lentement, comme les traces de craie sur un tableau quand on y passe l'éponge. Une fois qu'il n'était plus ici, je commençais à sentir une certaine chaleur. En regardant autour de moi, j'observais que les couleurs revenaient peu à peu. Je revenais dans le monde dans lequel j'ai toujours appartenu. J'avais la sensation de rentrer à la maison, mais il ne fallait pas que je m'embarque dans de fausses idées. Je me retournais pour affronter de face mon adversaire, sa mâchoire était autour de moi, prête à se refermer. Je remarquais que je n'avais pas fait un pas durant cette longue conversation avec Kuro, je n'avais pas bougé de ma place. Ses incisives me bloquaient le chemin en arrière, la seule route possible était celle du haut. Je n'avais d'autre choix que de sauter pour me sortir de cette situation plus que désavantageuse. Je commençais alors à armer mon saut. Je fléchissais légèrement les genoux, sollicitais mes cuisses ainsi que les mollets. Une fois que je sentais que tous mes sens étaient revenus à la normale, je commençais à voir les choses légèrement bouger. Les crocs de Kohle se refermaient peu à peu, c'était le moment de me lancer. Je mis alors toute ma force dans mon saut, pour que je n'aie aucun risque et que je puisse sortir de sa portée.
C'est après coup que je comprenais que c'était une très mauvaise idée. J'aurais dû penser un peu plus à la puissance que me conférait la porte de la force. Le temps avait repris son cours, et j'étais maintenant au-dessus du toit de l'arène. Je venais de faire un bond de plus d'une quinzaine de mètres, j'étais complètement dépassée par ce que je venais de faire. Je sentais le vent me caresser les joues, passer à travers ma fourrure blonde. Le problème, c'est que la chute risquait d'être dure. Mon adversaire avait violemment refermé sa mâchoire, mais il comprit qu'il n'y avait rien dans sa gueule. Il se mit à regarder autour de lui. Il finit par lever la tête, et me voir retomber vers lui. Il poussa un nouveau hurlement, mais cette fois ci, je n'avais plus peur. J'avais presque oublié la hauteur à laquelle je chutais, une idée germa même dans mon esprit.
Puisque mes compétences physiques étaient maintenant devenues hors normes, je pouvais utiliser la force générée par ma chute pour lui porter un coup plus que puissant. Je me mis en position de roulade, mon plan se mit en action. Avec la résistance de l'air, mon corps se mit à tourner de plus en plus vite. Je n'avais aucune idée d'où se trouvaient le haut et le bas, mais étrangement, je savais parfaitement où était mon adversaire. En fermant les yeux, je pouvais voir un corps fantomatique, tout juste en dessous de moi. Le corps était composé de flammes rouges, et tout était noir autour de nous. Plus je me rapprochais de lui, plus je sentais la chaleur de sa fureur débordante. Une fois que son crâne était à portée, je tendis ma jambe droite. Mon coup de talon percuta de plein fouet son crâne cobalt, qui s'enfonça sur le coup dans le sol. J'atterrissais sans grande difficulté, et à ma grande surprise. Je commençais à sonder tout ce que ce pouvoir me donnait comme puissance. Je fis un rapide bond en arrière, et je m'éloignais d'une dizaine de mètres de mon adversaire. C'était quelque chose de fascinant, et surtout passionnant. J'avais maintenant accès à des forces qui dépassaient l'entendement. Je me sentais euphorique, ce passage dans le ciel était quelque chose d'incroyable.
Mais mes observations n'eurent pas le temps de continuer. Mon adversaire avait l'air sacrément résistant, il s'était immédiatement relevé après l'attaque que je venais de lui porter. Il avait arrêté de me poursuivre, mais il tourna la tête vers le public, et Rode en particulier. Mon dresseur s'était avancé vers moi quand il m'a vu sur le point d'être bouffée par mon adversaire revenu en ère Jurassique. Il était donc devant tout le monde, la première cible de choix. Il était maintenant immobile, les bras le long du corps, et il venait de comprendre la situation dans laquelle il se trouvait. Kohle se jeta donc vers mon maître, en rugissant avec force.
Je me mis à courir vers mon adversaire, avec une vitesse vraiment surprenante. J'étais arrivée à sa hauteur en une moitiée de seconde, ce qui était rapide pour parcourir une dizaine de mètres sans élan. Je savais qu'un lourd coup de pied ne marchait pas, il fallait donc utiliser une capacité. Je puisais mon énergie pour la déplacer dans ma patte droite. Une fois que je me trouvais à sa portée, j'effectuais un très léger saut. J'avais bien calculé mon coup, car j'arrivais au niveau de sa tête. Son œil tourna vers moi, il avait compris que j'allais lui porter un nouveau coup. Il pivota donc la tête vers ma direction, il poussa un hurlement qui fit trembler le sol. Mais je n'en avais que faire, je n'étais pas touchée par son rugissement, et je me devais de protéger mon dresseur. Je posais ma patte droite sur son visage, entre les deux yeux, puis je lançais mon attaque Forte Paume.
Je ne sais pas si c'était un effet de la porte de la force, mais la puissance de ma capacité s'était grandement accrue. Je fus projetée sur le coup, et je sentais le choc de l'attaque me parcourir le bras. J'avais l'impression que mon épaule allait se détacher du reste. Je retombais lourdement sur le dos, mais je n'avais pas sentis grand-chose, je ne subissais que le contre coup de mon attaque. Je sentais le sol trembler légèrement, c'est en relevant la tête que je comprenais. Le Charkos était de nouveau au sol, mais ses bras et ses jambes étaient étendues, il avait la tête en arrière et avait la gueule légèrement ouverte. Il était maintenant hors combat, il était vraiment battu. J'avais remporté la victoire, c'était enfin fini. Je pouvais lâcher un soupir de satisfaction. Je sentais ensuite une multitude de picotements dans les jambes, et une désagréable sensation de brûlure dans tout mon bras droit. Mon souffle fut lui aussi coupé sur le coup, la douleur était rapide mais forte. Je me demandais pourquoi est-ce que je me sentais si blessée. Une seconde de réflexion me faisait comprendre que je venais de subir les effets secondaires de la fermeture de la porte. Je ne pensais pas qu'utiliser cette force ne serait-ce qu'une minute serait aussi punitif. User, ne serait-ce qu'un peu de mon aura, ou de mon âme était vraiment à double tranchant. Je comprenais enfin les avertissements de Kuro, il ne plaisantait pas là-dessus, je devrais faire preuve de beaucoup de précautions. Il faudra que je m'entraîne régulièrement pour améliorer ces nouvelles compétences.
Tout à coup, pendant que j'essayais de me relever, je sentais quelque chose se poser sur mon épaule. Je tournais la tête pour savoir de quoi est ce qu'il s'agissait. C'était Rode, il s'était mis à genoux pour être à ma hauteur. Ses yeux verts étaient troubles, ils étaient trempés de larmes. Je sentais en lui les effets d'une énorme crainte. Il devait avoir tellement peur. Il me demanda immédiatement si j'allais bien, je lui répondais que oui en hochant légèrement de la tête. Il me prit dans ses bras, il me serrait fort, mais ce n'était pas grave, j'étais heureuse. J'avais réussis à le protéger, il était maintenant en sécurité. J'avais maintenant la force de pouvoir écraser quiconque qui se mettait en travers de son chemin. Plus personne ne lui fera de mal, car je l'écraserais si il ose m'affronter.
Je pouvais maintenant goûter à cet instant de calme pur, de sérénité. Je posais ma main sur son dos, fermais doucement les yeux, et lui donnais un peu de ma chaleur. Je sentais en lui du réconfort, et je ne pouvais m'empêcher de sourire. Car je suis un Pokémon, et il est mon dresseur.