Katyusha de Lady_Waka

Nonna fut la première à se réveiller le lendemain. Elle ouvrit la trappe pour voir à l'extérieur, ce qui lui permit de voir un changement sur ses mains : Elles n'avaient plus que trois doigts, entièrement blancs, sans ongles. S'il était plus difficile de prendre un objet avec ça, elle s'y habituerait rapidement. Non, il y avait autre chose. Elle avait froid, terriblement froid. Si certes c'était peut-être dû à la fraicheur à l'extérieur du tank, le soleil commençant tout juste à se lever à l'extérieur, il y avait autre chose. De plus, elle ressentait aussi une profonde tristesse sans aucune raison apparente.

Anastasia se leva peu après, sortit sur la tourelle pour prendre l'air, tout en se plaignait d'avoir horriblement mal au dos. Les vêtements de son dos semblaient beaucoup plus serrés, et ce qui ressemblait à un bout de carapace sortait du bas de sa veste militaire. Anastasia fut d'accord pour que Nonna jette un coup d'œil à son dos, ce qui confirma ce qu'elle pensait : Une carapace se formait sur le dos d'Anastasia. Elle était grise et pleine de bosses, et semblait très massive est dure à porter. Anastasia en fut étonnée, mais le gêne provoqué par cette carapace suffit pour la faire pester sur ce deuxième jour peu prometteur.

Une vingtaine de minutes plus tard, ce fut au tour d'Anna de sortir de son sommeil. Les changements avaient suivis une progression « logique » : La fourrure avait largement poussé, enveloppant l'ensemble de son cou. Une seconde fois, elle semblait plutôt « satisfaite », les changements ne semblant pas prendre une tournure monstrueuse.

Finalement, Nonna dut réveiller Katyusha une heure plus tard, afin de pouvoir reprendre la route sans trop attendre. Ce ne fut pas pour lui plaire, et pour couronner le tout, le seul changement la concernant était peu flatteur : Elle avait largement grossi, c'était la seule mutation visible sur elle. C'est ainsi que, avec l'humour la plus mauvaise qui soit, elle demande à Anna de démarrer le char. Le véhicule se remit à suivre le sable pendant quelques minutes, roulant à proximité de l'eau pour le plus grand bonheur D'Anastasia qui avait sorti sa tête de la tourelle pour observer l'étendue d'eau, qui brillait ardument à cause des reflets du soleil. Nonna, elle, surveillait attentivement les dunes : Elles étaient une position idéale pour une embuscade. Mais au bout d'une petite heure de route, le char dû s'arrêter : La plage de sable disparaissait, laissant à la place une mer de galet dans laquelle aucun véhicule ne pourrait progresser : Il serait aussitôt stoppé par le terrain instable. L'IS-2 fut donc obligé de s'enfoncer vers l'intérieur des terres, au grand dam de Nonna, qui pensait que c'était bien plus risqué à cause des risques d'une attaque non décelée. Les dunes laissaient rapidement place à un champ, dont la largeur n'excédait pas le kilomètre, avant qu'une forêt dense ne prenne sa place. Le char lourd y entra, n'ayant aucun problème à arracher les arbres avec sa grande puissance. Mais tout cela n'était pas pour plaire à Nonna : Il était presque impossible de trouver un char bien camouflé se cachant en forêt. Anna aussi n'appréciait pas beaucoup cet endroit, elle aussi, les arbres ralentissant tout de même le char, en plus de faire vibrer sans siège à chaque choc. Anastasia aurait largement préféré rester auprès de la mer pour continuer à l'observer plutôt que s'engouffrer dans une forêt ennuyante, comme elle en avait déjà vue des dizaines sur sa terre natale. Katyusha, toujours énervée par le ridicule de la mutation qu'elle avait subie, était elle aussi excédée : Le char était lent, et il n'y avait presque aucun moyen de savoir ce qu'il y avait autour.

Après de longues heures à rouler dans la forêt, l'IS-2 en trouva enfin le terme : Une longue pente d'au moins vingt mètre de haut pour cent long menait à une large plaine, quelques bosquets d'arbres étant présent ici et là. Mais ce n'était pas l'arrêt brutal de la forêt ou le nouveau terrain qui provoquait l'étonnement et la terreur, mais bel et bien ce qui était dans la pleine.

Des carcasses de chars soviétiques à perte de vue, certaine encore fumantes. La plupart sont des T-34-85, char le plus courant dans l'armée rouge, mais quelques IS-2 plus imposants sont aussi présents. Autour du bosquet, de petits chars d'observation T-70 étaient aussi visibles, dans un état tout aussi déplorable que leurs camarades plus lourds. Il n'y avait presque que des ruines de tanks dans cette grande pleine, certain ayant perdu leur tourelle, qui gisaient sur le sol à proximité. Aucun signe de vie ne venait égayer ce paysage. Personne à l'intérieur du char du Katyusha n'était pas terrifié et bouche bée devant le macabre spectacle. Même Nonna, faisant si rarement passer ses émotions, semblait atteindre d'une terreur sans nom. Au bout de quelques minutes, elle se mit à bredouiller :

« La... la quatrième division... »

Katyusha, bien qu'encore sous le choc, arriva à lui répondre :

« Quelle division ?
-La quatrième division de... de la garde... réputée comme étant les meilleurs pilotes de char de l'armée rou... rouge... ils ont disparu sans laisser de trace... à l'été dernier... Il y a bien là assez de chars en ruines pour une division entière... »

C'est alors qu'Anastasia, toujours sur le qui-vive malgré la découverte choquante, entendit des bruits.

«A... ANNA ! Ce sont des bruits de... de chenilles... quelque chose se dirige vers nous... »

La conductrice redémarra aussitôt le moteur, dévala la pente en fonçant vers le bosquet d'arbre le plus proche. Par chance, le camouflage vert de l'IS-2 lui permettait d'être plutôt discret dans une végétation de la même couleur, même si tout restait relativement.

Moins d'une minute plus tard, cinq chars surgirent de la forêt, s'arrêtant en haut de la pente. Ils étaient très impressionnants : Très massifs, le blindage incliné, un d'une très grande longueur sortant de la tourelle. C'étaient des chars lourds « Tiger II », le seul véhicule pouvant faire jeu égal, voir surpasser l'IS-2. Son blindage frontal peut faire rebondir un puissant obus de 122m soviétique, tandis que son canon long peut percer un IS-2 sous presque tous les angles. Revers de la médaille, ce char est plus lent, souvent sujet à des pannes, et la puissance de son canon est moins importante.

Après avoir surveillé la plain pendant quelques minutes, les puissant véhicules s'enfoncèrent à nouveau dans la profonde forêt, mettant fin aux sueurs froides de Katyusha et son équipage. Après une vingtaine de minutes, le char reprit sa route vers l'intérieur des terres, où semblait s'imposer d'imposantes montagnes. Le « champ » de carcasses calcinées s'arrêta bientôt, et le char roula encore pendant trois longues heures, dans une plaine toujours plus monotone, sans aucun changement majeur. Finalement, le char s'arrête à nouveau au milieu d'un groupe d'arbres, et le repas, toujours aussi frugal, fut constitué d'une partie des maigres rations transportée par l'IS-2. Il n'y eut pas de débat sur la direction à prendre après la fin du repas, la route étant déjà décidée : Droit vers les montagnes.

L'équipage retourna rapidement dormir dans son char, alors que la nuit tombait et que le froid s'installait. Si Anna, Anastasia et Katyusha s'endormirent rapidement, Nonna mit bien plus de temps à le faire. Elle se rendait compte des terribles risques qu'elle et ses amies couraient : Et si un char les trouvait, et détruisant leur char pendant la nuit ? Et s'ils étaient attaqués par des Pokémons ? Ils semblaient être rares dans les environs, seuls quelques Tauros ayant été croisés dans les plaines, on ne sait jamais. Puis ses pensées se détournèrent vers un autre sujet. Elle commençait à mesurer les responsabilités qui pesaient sur ses épaules. Elle était la plus mature de l'équipage, celle qui s'y connaissait le plus en blindés. C'était également la plus réactive, et celle à qui revenait la charge de viser et tirer. Si le char était un jour détruit, et son équipage tué, ne serait-ce pas sa faute ?

Elle lança rapidement un regard vers les trois autres membres de l'équipage, qui dormaient. Si Anna et Anastasia semblaient avoir un sommeil calme, celui de Katyusha était agité. Peut-être faisait-t-elle un cauchemar lié aux événements de la journée ?

Terriblement fatiguée, Nonna tenta ensuite de s'endormir, ce qui fut fait près de trois heures après les autres, alors que la nuit était déjà complètement noire et la température glaciale en dehors du tank.