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Informations

» Auteur : Xabab - Voir le profil
» Créé le 09/02/2015 à 16:40
» Dernière mise à jour le 12/03/2015 à 19:50

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Chapitre 18 : Promesse d'une morte
Prends-moi la main, Jake. Prends-là et ne pars plus jamais. Ne m'abandonne plus ici, dans ce monde où il fait froid, où chaque jour est un souffle glacé sur ma peau qui se brise. Jake... Je t'en supplie, reste.

Je tendais la main mais ne touchait que du vide. Il n'y avait aucune consistance dans ce monde, aucune vie et aucun espoir. Tout était noir, blanc, rouge, vert, bleu... De toutes les couleurs du monde et pourtant plus terne que la nuit. Un songe impénétrable sur lequel des géants avaient tendu un voile que personne ne pouvait déchirer. J'avais beau tirer dessus, suer corps et âme ; le drap restait tendu et le monde fermé.
Ma voix s'élevait à l'intérieur de mon corps et, en extérieur, j'ouvrais les lèvres pour hurler mon désespoir, pour simplement lui répondre. Mais le son comme la lumière n'est rien dans cet endroit. Il est froid, morne et vide.

Tu es resté longtemps sans me rendre visite, trop longtemps. Je t'ai attendu, des années.
Douleur fulgurante ; l'image d'une lame qu'on abat à mes côté. Un cri de douleur, le mien. Je porte les deux mains sur mon crâne, le sers de toutes mes forces pour que ce souvenir me quitte. Mais rien n'y fait.
Je me souviens de ce jour comme s'il s'agissait d'hier, je me souviens de la seringue et du petit sourire de H, de la lame et du coup. Puis d'une libération dont le prix était la souffrance.

« Je ne pouvais pas venir, ai-je tenté de murmurer sans qu'aucun son n'en sorte. Je ne pouvais plus franchir le mur entre les mondes. »
Tu es en train de le faire, m'a répondu la voix. Tu passes.
« Pas totalement, pas comme je le voudrai. Je reste derrière le mur, sans pouvoir le franchir. Je veux passer mais tout me l'interdit pourtant j'essaie chaque nuit. Dès que je ne peux pas dormir et que je pense à toi, j'essaie. Je veux passer et te rejoindre de l'autre côté. »
Jake...

Une larme a coulé sur ma joue. Comme si l'on pouvait pleurer dans ce monde brumeux.
« Ne me demande pas d'abandonner, pas encore une fois. Tu ne peux pas faire ça ! Tu sais que je n'ai jamais baissé les bras depuis qu'ils ont brûlé Rovia et que je ne baisserai pas les bras tant que tu ne seras pas de nouveau de mon côté ! Même quand ils ont coupé le fil, je n'ai pas laissé tomber, je l'ai retissé, à partir de rien. Tu sais ce qu'ils ont fait à mes amis, à ceux qui étaient comme moi, tu étais là ! »
Á chaque seconde, répondit-elle doucement. Je suivais tes pas.
« Alors ne me demande pas de laisser tomber si près du but. Tu sais que je ne le ferai pas, quoi qu'il arrive. »

J'ai tendu la main à travers le rideau de brouillard et j'ai senti ses doigts se saisir des miens, tout doucement. Elle n'a pas serré, se contenta de caresser doucement de son index le dessus de mes phalanges.
« Tu te souviens de cet après-midi, juste après mon arrivée dans le village ? Tu m'as montré tout ce qu'il y avait à voir, tu m'as présenté ce qui serait ma nouvelle école, mon nouveau professeur... »
Monsieur Guillaume. Il t'a accueilli comme un roi, en t'offrant même quelques gâteaux et en te racontant tes blagues ; il aimait en raconter plein.
« Et elles étaient drôles, la plupart du temps. »
Dommage qu'il ne t'ai pas enseigné à être amusant, c'est une qualité qu'il te manque.

Je n'ai pu m'empêcher de rire malgré le contexte. Et elle m'a suivi, fière de ce qu'elle venait de me lancer. Mon manque d'humour était un point qui revenait souvent dans nos conversations nocturnes, toujours source de rire. Elle parvenait à détendre l'atmosphère de cette manière et je n'avais pas à m'en plaindre.
« Nous avons fait une bataille de boules de neige. Tu étais enveloppé dans ton manteau rouge, tes cheveux roux brillant dans la clarté hivernale. Déjà à l'époque je te trouvais plus belle que tout autre chose. »
Et j'ai gagné la bataille. Comme souvent quand on se battait.
« Cela n'arrivait pas si souvent. »
Tu sais que c'est un mensonge, on se prenait souvent la tête. La plupart du temps à cause de moi, j'étais trop turbulente et nous étions trop proches ; les étincelles ne pouvaient que naitre entre nous. Puis on se réconciliait. Je montais dans la chambre et je t'embrassais sur la joue en te demandant pardon. Puis on faisait un tour dans le voisinage à parler de tout et de rien. Du temps qui passe, du village, de l'école, de ton don et de notre amour qui naissait petit à petit. Je crois que je t'ai aimé dès le premier soir. Tu avais l'air si seul, si perdu. Je voulais t'aider à tout prix et te guider, t'emmener ailleurs que le monde dont tu venais de t'extirper, te faire voir autre chose et te regarder sourire.

Le silence s'est installé et j'ai serré sa main plus fort. Une larme a dévalé ma joue, puis une autre et encore une autre, sans que le flot ne puisse s'arrêter.
« Je suis désolé... »

Sa main a serré la mienne, répondant à mon appel.
Tu n'as pas à l'être, rien n'était de ta faute. Tu m'as donné tout ce qu'un homme pouvait me donner alors même que nous n'étions que des enfants. Quand je suis seule, je revis en mémoire cet après-midi, la première de ton arrivée au village. Je me remémore la bataille, nos rires, la rencontre avec Monsieur Guillaume et le repas en famille le soir.
« Mila... »
Sa main m'a lâché et son index est venu se poser sur mes lèvres.
Ne t'en fais pas pour moi. Il y a des choses plus importantes dont tu dois te soucier avant tout le reste.

C'est à ce moment, alors que je tentais de percer le brouillard pour apercevoir ses yeux, que j'ai ressenti une secousse. Un tremblement de terre qui a fait s'effondrer le monde autour de moi. Et, en quelques secondes, je me retrouvais dans mon lit, en sueur, le visage de Bill au-dessus du mien.
« Nous l'avons. Cullen est en bas, avec nous. Il ne manque plus que toi. »