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» Auteur : Xabab - Voir le profil
» Créé le 24/01/2015 à 19:23
» Dernière mise à jour le 12/03/2015 à 19:49

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Chapitre 16 : Capturer la proie
« Cela fait trois jours qu'on attend. Je sais qu'il est encore entouré et que tous ses gardes se sont mis d'accord pour te flinguer si jamais tu l'approches de trop près. Mais on ne peut pas laisser faire plus longtemps. Dans moins d'une semaine il aura disparu de la surface de la Terre et on ne remettra jamais la main dessus.
– Le président ne le laisserait pas partir, répliquai-je en baissant les yeux, non sûr de ce que je venais de répondre.
– Le président s'en moque. Cullen était utile pendant la guerre et permettait de donner au peuple une image à laquelle se rattacher. Maintenant il ne représente plus rien, il est détrôné et n'a pas la moindre chance de revenir.
– Il ne le laissera pas fuir pour autant. »

Charles a explosé de rire, un rire purement sarcastique qui me hérissa les poils de bras.
« Non en effet il le laissera pas partir, reprit-il à mon attention. Mais il ne va pas pour autant le laisser en vie. Dois-je te rappeler que tu es dans leur fichier depuis Fan ? Ils savent qui est le nouveau Maître de la Ligue Pokemon. Ils savent que c'est toi, le garçon qu'ils pensaient morts depuis presque vingt ans.
– Nous n'avions pas d'autres choix que de leur révéler que j'étais encore en vie, il fallait que nous obtenions ce poste.
– Le poste oui, que tu y sois non. Mais nous avons déjà beaucoup parlé de cela, Jake. Ni toi, ni William n'étaient en mesure de prendre ce poste sans mettre un énorme coup de pied dans la ruche. Ce n'est pas un simple essaim qu'on a fait s'envoler il y a trois jours. »

Et je le savais. Je savais parfaitement que Charles avait raison et que depuis le début son plan était plus sage que le mien. Mais mettre un autre au poste que j'occupais désormais était une bêtise. Personne n'était capable de le tenir aussi bien que moi, personne n'avait les capacités de combattant pokemon que je possédais et surtout...
« Je ne voulais pas que qui ce soit prenne des risques à ma place, Charles, ai-je répliqué le bras tendu pour mettre fin à cette discussion. Et tu sais parfaitement cela. Trop ont déjà payé par ma faute et il est absolument hors de question que cela recommence. Elisa et Mila ne...
– Je te conseille de la fermer à leur sujet, immédiatement. »

Il a pointé son doigt dans ma direction et ses yeux se sont plongés dans les miens. Colère, peine et regrets se lisaient à l'intérieur. Et il devait sans aucun doute trouver les mêmes sentiments au fond des miens. Nous avons préférés ne pas continuer dans cette voie, nos discussions partaient trop souvent en vrille à cause de ce sujet ; il n'était pas utile de semer la discorde au sein de ce groupe.
William, ou Bill comme il préférait qu'on le nomme, a aussi préféré mettre fin à tout cela en se retirant du coin de la pièce où il se tenait depuis le début et en s'interposant entre nous. Entre moi et le géant qu'était mon père de substitution.
« Inutile d'en arriver là. Nous en avons déjà parlés des centaines de fois pour arriver à la même conclusion : rien n'est de la faute de qui que ce soit dans cette pièce. Et Cullen reste aujourd'hui notre priorité. »

Il est ensuite retourné s'adosser contre le mur et Charles a semblé se calmer. Il a tiré sa chaise et s'est assis.
« Parfait, a-t-il ajouté d'un ton ferme. Tu es le chef après tout, fils. »
Ce surnom, comme à chaque fois qu'il me l'adressait avec l'air le plus sincère du monde, eut pour effet de m'apaiser. Je pris place en face de lui et l'écoutai poursuivre.
« Et je respecte tes décisions. Mais comme le souligne William on doit rapidement se charger de Cullen. Il va se faire tuer dans les prochains jours, peut-être dans quelques heures. Il n'est plus Maître.
– Il a raison, intervint Bill. Le président se moque complètement de Cullen. Vingt-deux ans qu'il est à la tête de la Ligue uniquement par ce que des gens ont désiré qu'il s'y trouve. C'est un pantin mais un pantin qui sait des choses.
– Et si on ne le bute pas rapidement, d'autres le feront. Dans les deux cas de figure on sait qu'il est condamné. Autant qu'on s'en charge. »

J'aurais préféré éviter cela. Faire couler le sang une fois de plus n'était pas dans mes priorités. Néanmoins en m'instaurant à la tête de la Ligue j'avais lancé une nouvelle guerre civile et je ne pouvais plus revenir en arrière. Il y aurait de nouveaux des morts, certains parmi mes amis, peut-être que j'y laisserai moi-même la vie. Mais il était trop tard pour reculer et j'avais décidé qu'il en serait ainsi depuis mes seize ans.
« Quand est-ce que ses chefs ont prévu de le transférer ?
– Demain, répondit Bill qui avait tout sous les yeux. Nos hommes rapportent qu'il ira par taxi à Mandragore.
– Il quitte Panthamonia...
– Oui, le transfert est prévu vers vingt heure. Pour le moment il est dans un hôtel à l'ouest de la capitale, dans le quartier de la Banque Nationale d'Ermo. »
Á ce nom de vieux souvenirs ressurgirent dans ma mémoire, des souvenirs que je m'empressai de chasser. Ce n'était pas le moment de renouer avec mon vieux père ; ce ne le serait jamais.

« D'après toi on a combien de temps ?
– Peu. Il sera entouré de gardes, son transfert se fera sous haute surveillance et les types qui le couvrent sont aussi payés pour le descendre avant qu'on mette la main dessus. Au moindre petit problème ils se débarrassent de lui.
– Je ne comprends pas la raison pour laquelle ils ne l'ont pas déjà fait... »
C'était cette raison qui m'empêchait entre autre de lancer l'offensive contre Cullen, une raison qui avait son poids dans la balance. Depuis trois jours j'attendais de voir apparaitre au bulletin d'informations l'annonce d'un tragique accident de voiture ayant coûté la vie à celui qui était auparavant Maître de la Ligue et venait de perdre son trône. Trois larmes de journaliste, une réflexion sur l'ironie du sort, un chocolat chaud, un comprimé dans le cul et au lit.
Mais cela n'avait pas été le cas. Cullen était vivant.

« Et si c'était un piège ? »
Je venais enfin de laisser échapper mon avis sur la question, la crainte qui me taraudait depuis quelques jours : si tout cela était prévu. « Ils s'attendent à ce que je viennent ou que des hommes se pointent. Ils n'attendent que de m'incriminer, de reprendre mon poste de Maître et de réussir à me tuer.
– C'est exactement la raison pour laquelle tu ne feras pas partie de l'opération, lança Charles en souriant, ce qui eut pour effet de me mettre en colère. Ni toi, ni William.
– C'est une blague ?
– Absolument pas. Olivia et moi nous chargeons de cette opération. On a réuni les hommes et on a sécurisé le terrain. Tout est prêt pour demain soir et tout se passera sans que l'un de vous ne soit mêlé. »

J'ai ouvert la bouche en signe de contestation et Bill a voulu aussi apporter son avis, qu'il a tout simplement refusé d'entendre en levant le bras.
« Tu as dit toi-même qu'ils n'attendaient que cela. Ils cherchent à te montrer au grand jour sous l'aspect d'un monstre, ou d'un terroriste, au choix, qui a profité du pouvoir pour commettre des assassinats. Tu seras accusé d'avoir voulu tuer le président, d'être un espion et les admirateurs de théories du complot s'en donneront à cœur joie pendant un mois. Les autres t'oublieront et tu seras mort sans que personne ne le sache. Et des centaines de personnes se retrouveront sans leader alors même qu'on venait de lancer les opérations.
– Et à propos de moi ? lança Bill.
– Toi tu es mort je te rappelle. On a déjà annoncé à H que Jake avait réussi à s'enfuir, on ne va pas non plus leur faire le cadeau de leur annoncer qu'un autre Œil est en liberté, un autre supposé être parmi les cendre de la Zone C. »

Il n'a rien ajouté ; il n'y avait rien à ajouter. Charles s'est contenté de nous fixer tour à tour et, voyant que l'on n'avait rien de plus à dire, s'est levé et dirigé vers la sortie.
« Réponds aux interviews, met la Ligue en ordre, fais rentrer des membres de notre organisation à l'intérieur mais ne te préoccupe plus de Cullen jusqu'à demain soir. C'est mon travail jusqu'à ce qu'on le tienne. Ensuite on l'interrogera, tous les trois. »
Il a refermé la porte et je me suis retrouvé seul avec Bill. Nous nous sommes fixés pendant une dizaine de secondes avant de hausser les épaules, le cœur battant à tout rompre à l'idée que ce dont nous avions rêvés durant notre adolescence se mettait enfin en route.
« C'était plus simple à l'époque, commenta mon ami. Tout paraissait facile et à portée de main, comme si on pouvait changer le monde en claquant des doigts. »
J'ai approuvé d'un signe de tête. Jamais je n'aurais pensé en découvrant mon pouvoir qu'il me mènerait là où je me trouve aujourd'hui.

Pendant un instant j'ai fermé les yeux et j'ai pensé très fort à elle. Mais en les ouvrants je n'ai rien vu de plus que la petite salle dans laquelle nous avions tenu notre réunion. Elle n'était pas là, sous quelque forme que ce soit. Pourtant après le match il me semblait l'avoir aperçu en me retournant, avoir vu l'ombre de son sourire. J'avais même désiré lui serrer la main, pensant que je ne toucherai que de l'air.
J'ai secoué la tête. Impossible. Il est certaine personne que je ne trouverai dans aucun des deux mondes.