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Informations

» Auteur : Xabab - Voir le profil
» Créé le 24/01/2015 à 12:00
» Dernière mise à jour le 12/03/2015 à 19:49

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Chapitre 15 : Une utopie à petite échelle
Comment aborder mon séjour à Rovia sans parler de ce village ? Bien entendu j'ai commencé à écrire sur le sujet, expliquant la vision que j'en avait eu la nuit, la tranquillité des rues ou bien l'aisance qu'avaient les habitants à ne jamais se compliquer la vie.
Mais je pense que ce n'est pas suffisant afin d'exprimer ce que je ressens véritablement pour cet endroit.

Il est clair que depuis le début il représenta mon havre de paix. C'était un lieu éloigné du monde, à moitié entre la réalité et le rêve. Les gens étaient différents de tous ceux que j'avais connu dans la capitale et la vie y prenait un rythme nouveau que je me plaisais à découvrir. Personne ne courait après le temps, après l'argent, la célébrité ou la gloire. Dans ce village il n'y avait que des hommes et des femmes qu'un fil reliait à la terre et rendait égaux.
Bien entendu cette ville n'était exempte de conflits. Les gens ne sont pas toujours en accord, pas même à Rovia. Il arrivait que l'on crie, que l'on se boude et même que l'on se tape dessus à la taverne du Chacripan. Mais cela ne durait jamais bien longtemps. Le calme après la tempête était toujours de mise.

Comme je l'ai dit précédemment il n'y avait pas de télévision à Rovia. J'ai appris plus tard qu'il s'agissait d'un choix des habitants et plus particulièrement du Conseil.
Le Conseil était l'administration du village. Ici personne ne suivait les lois d'Ermo, ni d'Unys dont ils étaient les voisins. Rovia avait sa propre administration, sa propre gestion et ses propres lois. Et ceux qui emménageaient dans le village devait suivre à la lettre les trois lois que l'on pouvait lire sur la porte de la mairie.

1 – Les récoltes iront entièrement au village et seront répartis entre les habitants. Le travail nous récompense tous. On ne laisse tomber celui qui manque de quoi que ce soit. Celui qui ne partage peut quitter la ville.
2 – Le pouvoir du Conseil peut être contesté, ses membres ne sont que de simples habitants et la parole est à tous.
3 – La pollution du monde moderne ne doit entrer dans cette ville. La télévision, la soif d'argent et la haine ne sont tolérés.

Et Rovia tenaient fermement ses trois lois et personne ne ressentait le besoin d'aller à l'encontre. Ainsi l'économie de la ville tournait autour du partage, une idéologie qui était vouée à l'échec à une plus grande échelle mais qui fonctionnait parfaitement ici, perdue entre deux montagnes. Les habitants se débrouillaient pour rester au courant du monde extérieur et la ville comportait tout de même son lot de loisir.
Chaque matin le journal était livré par camionnette d'une ville voisine. Il déposait ses cartons en haut du village, exactement sous le panneau où j'étais arrivé le premier soir avant de repartir. Deux habitants montaient les chercher ensuite et descendait le tout au village pour distribuer, on reversait par la suite un acompte au bureau d'édition.

Car Rovia n'était pas pauvre et largement en mesure de se payer ce genre de luxe. Pendant des siècles les générations d'habitants avaient construits des champs sur les plateaux offerts par la montagne. Ainsi on se livrait à la culture de la pomme de terre, du riz mais aussi de quelques autres fruits et légumes. Des enclos étaient aménagés aux abords du village pour y accueillir poules et cochons, des animaux essentiels à la vie comme me le dira plus tard l'Ancien en me faisant visiter.
Et il arrivait en soit que les récoltes soient abondantes. Le climat de la montagne était doux et la position du village, au fond d'une cuvette, permettait l'irrigation en temps de pluie tout en conservant la chaleur l'été.

Quand les récoltes étaient bonnes, l'Ancien se débrouillait avec le Conseil pour calculer ce qui ne leur serait pas nécessaire et revendre le tout dans les villes voisines. L'argent entrait alors au fond d'un coffre de la mairie et l'on s'en servait par la suite pour tout un tas de choses.
Et l'investissement qui chaque année me tenait le plus à cœur était celui que l'Ancien mettait dans les livres de la bibliothèque, qui n'avait rien à envier à celles de certaines grandes villes. Au cours des années le village était parvenu à engranger une immense collection d'ouvrages que les habitants pouvaient dévorer à leur guise. On trouvait les meilleurs auteurs du moment, des classiques mais aussi des livres de cuisine, d'Histoire, de géographie ou de culture en règle générale.

Durant toutes ces années que je passais à Rovia, la bibliothèque devint sans hésitation pour moi une sorte de repaire. Il m'arrivait d'y aller en début d'après-midi, de poser mes yeux sur la tranche d'un livre dans lequel j'allais ensuite me plonger pour le reste de la journée. Et si le soir je ne l'avais pas terminé, il me suffisait de l'emprunter et de le ramener avec moi. Parfois Mila me demandait de lui en lire un passage avant de dormir et, si elle appréciait, elle l'empruntait le lendemain et nous en parlions pendant des heures une fois sa lecture achevée.
En très peu de temps nous fûmes amis. Même si j'étais tombé amoureux d'elle dès le premier regard, cela ne nous empêcha pas de nous lier d'une amitié puissante que même le temps ne peut éroder.

Parler de Rovia sans parler de Mila serait comme vouloir cuisiner un gâteau au chocolat tout en oubliant les ingrédients principaux.
Elle fut l'une des principales raisons pour lesquelles mon existence à Rovia fait partie de mes plus belles années de vie. Nous devînmes rapidement comme frère et sœur, vivant sous le même toit tout en partageant pourtant un sentiment d'ambiguïté qui devait tenir au fait que ce que je ressentais à son égard était parfois bien plus fort que de l'amitié. Il lui arrivait souvent de me taquiner, mettant en avant son côté trouble-fête qu'elle m'avait exposé dès le premier soir, mais en conservant des moments plus confidentiels durant lesquels nous parlions sérieusement de tout et de rien.
En quelques mois la petite rouquine savait tout de ma vie et je savais tout de la sienne.

Quand l'Ancien nous confiait une tâche dans le village, comme aider à la culture aux champs, nous insistions pour le faire ensemble ; ce qui ne posait pratiquement jamais de problème. Et en peu de temps nous fûmes inséparables.
Néanmoins je pense qu'il est préférable de ne pas tout raconter sur Mila en quelques lignes. Il m'est préférable de m'étaler un peu sur cette histoire car son importance est cruciale. Je ne peux résumer la relation la plus importante de toute ma vie à quelques mots sur une page blanche. Il me faut plus de temps.
Mais le fait est qu'elle fut rapidement l'une des raisons principales de ma vie à Rovia. J'avais d'un côté Mila et sa famille, qui devint la mienne par substitution, et mon apprentissage de mon don aux côtés de l'Ancien. Une initiation qui commença le lendemain de mon arrivée.