Legendary Bonds de Clafoutis

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Jeudi 16 janvier
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– BON !


Cette fois-ci, Sofian était résolu. Aujourd'hui, il allait nettoyer sa salle de club. Et il n'allait pas sortir de là avant 18h.
En vérité, ce matin, il apprit plus en détail sur " l'incident " à la cafétéria.
Au début de l'année, Ilyana Manyula, mangeait comme tout le monde à la cafétéria, telle une étudiante lambda. Sauf que déjà, la petite diablesse avait un caractère fort exécrable et massacrait quiconque croisait malencontreusement son regard. Un jour, les autres élèves en avait un peu marre de se faire sauter la cervelle alors qu'ils ne voulaient que simplement manger tranquillement. Par conséquent, ils décidèrent d'aménager une place «  spéciale » pour la demoiselle, au fond de la cafétéria. Place qui deviendra une sorte de «  territoire », où Ilyana fit la promesse de ne plus tabasser aléatoirement les élèves à conditions : de un, qu'ils ne s'approchaient pas de son «  territoire » sans son autorisation et de deux, qu'ils lui achetaient ce qu'elle voulait sur commande. Chose qui avait été accepté.
Et donc, hier, le pauvre Sofian, dans sa grande méconnaissance, avait «  dérober » le trône de la reine de violence, ce qui avait déclenché ses foudres.
Et le pire, c'était que dans sa tentative de défense, Sofian avait détruit le fameux trône, chose qu'Ilyana avait beaucoup de mal à lui pardonner, et la rumeur racontait qu'elle était sacrément en rogne aujourd'hui encore.
Par conséquent, Sofian préférait rester cloîtrer dans sa salle, le monde extérieur étant beaucoup trop dangereux pour lui, pauvre humain de chair et de sang.

– Et puis, il fallait bien que je le fasse à un moment... soupir...

La porte s'ouvrit soudainement. Par reflex, le brun se cacha sous une pile de carton – on savait jamais s'était peut-être la sauvageonne.

– Il n'y a personne ? s'étonna une adolescente aux longs cheveux blanc. Pourtant j'étais sûre que ...GYAAAAAAH !!

Rassuré, Sofian sortit – très brutalement – de sa cachette, à quelques centimètres de son invitée.

– MAIS ÇA VA PAS LA TÊTE ! hurla la demoiselle toujours sous le choc. CRÉTIN !!
– Oh, fit simplement Sofian. Mademoiselle Camélia Rozelia, la présidente du conseil, que me vaut cette désagréable surprise ?
– ... dire que je suis venue spécialement..., grogna Camélia. Bien, je vais être brève, espèce de psychopathe dégénéré, si hier j'ai accepté la création de ton club, c'est uniquement par pitié !
– M'en fiche, mon club il existe, et c'est tout ce qui compte, nah !
– ... tu disais pas ça quand tu venais presque pleurer dans mon bureau après le 50ème refus !
– Je n'ai aucune fierté !
– Et il le revendique en plus ! Bref, ce n'est pas parce que ton club est créé qu'il existe officiellement.
– ... pardon ?

Camélia soupira.

– ... tu n'as même pas lu les règles, hein ? Un club, ce n'est pas juste une seule personne ! Il faut au minimum quatre membres !
– Pourquoi avoir accepté la création du mien alors ?
– ... tu me poses sérieusement la question ?! 72 ! SOIXANTE-DOUZE ! C'est le nombre de fois où le pauvre dégénéré que tu es, est venu littéralement nous supplier d'accorder ta demande, directement dans notre bureau, les larmes aux yeux !!
– Comme quoi, ça paye !
– Gggnnnn.... !! QUOIQU'IL EN SOIT ! Si au bout d'une semaine, UNE seule, tu n'as pas trouvé trois autres débiles pour te rejoindre, je me ferais un plaisir de RAYER DÉFINITIVEMENT ton pauvre petit club de la carte ! Et sans appel ! COMPRIS ?!
– Et mais c'est pas du jeu, j'ai pas d'amis moi ! Je suis désavantagé !
– Fallait réfléchir avant d'être un exclu social, imbécile ! Raaah, je sais même pas pourquoi je gaspille ma salive avec toi...
– Comme si une misérable vendue du monde politique pouvait me comprendre !
– C'est ça, jalouse-moi, moi qui arrive à soulever des foules grâces à mes convictions, ce n'est pas un glandu comme toi qui risques d'y arriver !

Sofian haussa un gros sourcil courroucé.

– Pfeuh ! Tes convictions mais bien sûr, tout le monde sait pourquoi tu as été élue !
– ... hein ?

Sofian désigna son interlocutrice d'une main blasée. Camélia Rozelia, une jeune étudiante, en première année de lycée, et déjà au sommet. Son élection fut fulgurante, avec 80% des voix contre l'ex-président. Son discours sur la discipline et l'ordre sans faille avait fait mouche, là où l'ancien président semblait se reposer sur ses acquis.
Cependant, certaines rumeurs circulaient. Des mauvaises langues assuraient que l'adolescente aux longs cheveux blanc avait avant tout recueillit les voix – masculines – à l'aide des ces ... deux gros atouts féminins.

– Hé !! protesta la principale intéressée en s'avançant.

Par reflex instinctif, Sofian recula.

– Non mais je ne te permets pas ! Tu sais comment j'ai trimé pour arriver ici ? Le nombre de gros-bonnet de l'administration que j'ai due convaincre pour ne serais-ce que pour pouvoir me présenter ?! Nuit et jour, j'ai dû réfléchir aux moindres de mes mots, aux moindres de mes actes, faire bonne figure ! Tout ça pour remplacer l'incapable qui occupait mon siège, un autre crétin qui laissait le désordre s'emparer du lycée ! Tu comprends ce que je veux dire ? Je me suis fait CHIER à gravir rapidement les échelons avec MA force pour rétablir L'ORDRE et en récompense, je me fais INSULTER ?!

Le pauvre Sofian était à présent acculé au mur, incapable de prononcer mot, devant une Camélia en furie.

– Alors, tu l'ouvres moins là, hein ? Froussard ! jura la présidente.

Cependant, le visage du brun prit une intéressante tournure blanche, puis violette, puis verte... avant de s'évanouir lourdement au sol.

– Waaah ! s'étonna Camélia. Qu'est-ce qu'il me fait encore ?!

***

– ......hé !

Sofian commença à immerger, complètement dans les nuages. Penchée sur lui, Camélia tentait tant bien que mal de le faire regagner ses esprits.

– Réveille-toi bon sang !
– ...mmmh...
– Rho et puis mince !

Une énorme claque sortit brutalement le brun du pays de Morphée.

– OUACH !! Qu'est-ce qu'il se passe, une attaque extra-terrestre ?!
– Mais non crétin, tu t'es évanouie comme un idiot tout à l'heure !!
– ... Présidente ? ... qu'est-ce qu...

Étonné, Sofian remarqua Camélia. Et il s'en souvint. Du pourquoi il faisait toujours attention de rester loin d'elle.

– Beuuh..., geignit le brun. E...éloigne-toi !!
– Qu..., géniale, je suis restée dix minutes m'inquiéter comme une conne et toi, tu m'envoies chier !
– S... s'il te plaît, dé...dégage...

Offusquée, Camélia campa sur ces positions, avec la ferme intention de ne pas bouger. Au grand dam du jeune adolescent, dont le visage reprit une teinte verdâtre. Cette fois si, Sofian repoussa de toutes ses forces la demoiselle avant de se relever et de reprendre bruyamment son souffle.

– Arf... arf... il... il s'en est fallut de peu... j...j'aurais pu mourir !
– Mais qu'est-ce qui ne va pas chez toi !? s'interloqua Camélia, toujours aussi courroucée.

Sans se démonter, Sofian pointa la demoiselle d'un doigt vengeur.

– C..cette... monstrueuse, atroce, horrible, maléfique, dégoûtante, infâme, hideuse.... poitrine !!
– ... hein ?
– Comment... comment Arceus, si t-en est qu'il existe, a t-il pu permettre la création d'une horreur pareil ?!
– J... je ne suis pas sure de comprendre, mais je crois que tu m'insultes...
– Tout ça à cause de ma tante... grrr... c'est bien la preuve que mes parents ne m'aiment pas...
– Arrête de délirer, j'arrive plus du tout à te suivre !
– TAIS-TOI ! Tu ne peux pas savoir ce que j'ai vécu !! Durant mes huit premières années, mes enfoirés de parents me faisaient – trop souvent – garder par ma tante... une.. une vielle grosse folle complètement déglinguée !! Je... je m'en souviens encore... à la moindre occasion, elle me prenait dans ces bras et... et elle m'écrasait littéralement contre son buste de l'enfer !! Je ... je ne pouvais plus respirer, je pensais que j'allais mourir à chaque fois... rien qu d'y repenser je... je... beuuuh....

Sous le coup de l'émotion, Sofian manqua une nouvelle fois de vomir, traumatisé à vie. Camélia cligna plusieurs fois des yeux, pas sure de savoir si elle devait en pleurer ou en rire.

«  Minceuuh ! geignit Sofian. Pourquoi j'ai dis ça moi ?! Cette mégère, elle a profité de mon profond état de détresse pour me soutirer des informations sur ma faiblesse !! »

Finalement, une ampoule lumineuse apparut sur la tête de la demoiselle.

– Oooooooh... je vois, sourit cette dernière. Alors comme ça, toi, le célèbre Sofian Aaken, a un point faible aussi stupide... je me demande comment le reste du lycée réagira quand il l'apprendra...
– ... !!
– Tu sais le nombre de personnes qui t'en veuillent ici, à force de fourrer ton nez dans ce qui ne te regarde pas ?
– Gnnn...
– Mmmmmh.... que faiiiiire... tu sais, je peux être très maladroite des fois, imagine qu'un jour, je me trompe dans une annonce public et que je dévoile ton petit secret...
– M...monstre !! Tu ne peux pas faire ça ! C'est inhumain !!
– Je me le demaaaande... la vie est pleine de mystère, qui sait ce qui pourrait arriver...
– Raaah ! N...non ! Il... il ne faut pas que ça se sache, mon intégrité sociale ne s'en relèverait jamais !!

Camélia passa audacieusement son bras sous sa poitrine, révélant ainsi son potentiel destructeur. Sofian eut un haut le cœur nauséeux.

– P..pitié ! geignit t-il en détournant le regard. A...arrête ça !
– Hahahahaha ! Voilà ce que j'aime ! Hahahaha !

Toute fière d'avoir l'ascendant sur son interlocuteur Camélia éclata d'un rire maléfique.

– La peste... !, grogna Sofian.
– Oh ? Tu m'insultes ? Tu crois vraiment être en mesure de m'offenser ?
– Ggggnnnn !!

La demoiselle fit demi-tour en riant, prête à sortir.

– Ah et n'oublie pas, une semaine, enfin six jours, étant donné que le délai a commencé le jour de la création du club, soit hier. Bonne chance, tu en auras besoin !

Camélia se dirigea vers la sortie devant un Sofian sonné. Non, c'était impossible, lui qui avait passé réussi à ne laisser transparaître AUCUNE faiblesse en 17 ans de vie, venait de faillir à son devoir. C'était LUI qui connaissait les secrets des autres, pas l'inverse. Quelque chose ne tournait pas rond. Forcément.

– Attends !!

Dans un ultime effort de se libérer de ce mauvais rêve, Sofian Aaken retint rapidement le bras de Camélia. Sauf que le geste était trop brusque, prit dans son élan, la demoiselle fit un pas de travers, trébucha sur l'un des nombreux objets non-identifiés qui jonchaient le sol et s'y écrasa. Sofian lâcha sa cible juste à temps pour ne pas tomber avec elle.

– ... oups, fit simplement le jeune homme.

La scène resta ainsi deux bonnes minutes. Camélia face contre sol, et Sofian en mode Psystigri.

– ... euuh... elle ne se relève pas ?

Le jeune homme commença un peu à s'inquiéter. Mais loin de lui l'idée de s'approcher trop près de ce corps féminin beaucoup trop repoussant à son goût.

– ......... elle n'a plus l'air de respirer......... ne me dites pas qu'elle est morte !

Nouveau blanc de deux minutes.

– Mince !! Et si elle l'était vraiment ?! ........... je dois m'en débarrasser !!! Un... un sac poubelle, un carton n'importe quoi... vite... ensuite il faudra que je l'abandonne à un endroit sauvage, genre le Bois Clémenti ! Oui ce n'est pas loin en plus ! ... non, je ne pourrais jamais transporter le corps jusque-là sans me faire prendre ! .... Oh je sais ! L'incinérateur du lycée ! Aaargh, non, il restera les os... et en plus il faut une clef pour l'ouvrir ! Raaaah que faire, que faire ?! .... la découper en petits morceaux et la donner au Ponchien peut-être ... ?

Sofian, complètement paniqué, était déjà en quête d'une grosse scie. Avec tout ce qui traînait au sol, il se disait qu'il devait bien avoir un truc du genre dans le coin. Au final, il trouva une sorte de fine plaque de métal assez tranchante.

– Ça va devoir faire l'affaire...
– ......je...... je...
– Je... je crois qu'il y en a des Ponchien sauvages qui traînent dans les ruelles ! Oui, ça pourrait le faire !
– JE NE SUIS PAS MORTE !!!!

Camélia explosa littéralement en se relevant, et saisit avec férocité le col du jeune homme qui lâcha son arme de fortune.

– Oh ! s'exclama Sofian. Génial, je n'aurais pas à cacher ton cadavre dans ce cas, haha !
– ... S.. Sofian Aaken...
– ... oui, c'est bien moi !
– Petit enfoiré, quand je pense qu'il n'y a même pas dix minutes je veillais sur toi !!
– ... avant de me faire un odieux chantage ne l'oublie pas !!
– Gggnn.. les types comme toi, on devrait les enterrer tellement profondément, jusqu'à ce que la pression terrestre n'écrase leur petite cervelle... !
– Qu... que de violence... on dirait Ilyana...
– QUOI ?!

Folle de rage, Camélia secoua Sofian comme un pruneau.

– Je rêve ou tu viens de me comparer à cette fouteuse de merde?!
– ... tu rêves !
– Graaaah !!

Le « secouage » de demoiselle redoubla de puissance.

– Maiiiiis euuuuh, geignit Sofian, je pensais que s'était la bonne réponse !!
– Il n'y avait PAS de bonne réponse !!
– M... mais pourquoi tu me poses la question alors ?!
– Arrête de jouer l'idioooooot !!
– GaaaaAaaAAaahh !!

Mais malgré le séisme force 12 qu'il subissait actuellement, l'œil avisé de Sofian ne perdu pas de ses super-pouvoirs et repéra quelque chose de plus ou moins ... choquant. La poitrine de la demoiselle descendant. Mais genre vraiment.

– EuuUuUuUuUUuuh..., s'étonna Sofian entre deux secousses.
– Quoi encore ?!
– J... je ne sais pas comment le dire... je ne suis pas expert en la matière alors euh... mais... s'est équipés en siège éjectable ces machins là ?
– ... hein ?

Sofian pointa du doigt deux curieuses boules, sous la chemise de son agresseuse, qui semblaient pressées d'obéir à la loi de la gravité.

– AAAAAAAAAH !! hurla Camélia en lâchant – enfin – le brun.

Mais la demoiselle réagit trop tard, et en à peine 4,5 microsecondes, deux étranges – et grosses – formes translucide semi-ovale tombèrent au sol.

– Nan, s'étonna Sofian. Des ... prothèses ?

L'adolescent repassa en mode Psystigri et observa longuement les formes au sol, puis le buste – maintenant totalement plat – de Camélia, les formes, le buste...
La pauvre demoiselle fumait de honte.

– .... t'es un trav' ? lâcha finalement Sofian.
– JE SUIS UNE FILLE !! hurla l'intéressée du tac au tac. ÇA SE VOIT PAS ?!
– ... bah honnêtement là tout de suite, nan, pas trop, et crois-moi, j'ai l'œil...
– RAAAAAAH !!! C'est pas possible !!! Pourquoi ?!! Et pourquoi MAINTENANT ?!! ... !! Oh ! Quand je suis tombée ! Le choc a du les détacher ! ET ARRÊTE DE REGARDER, PERVERS !!
– Dur de passer à côté maintenant...

Sofian ramassa l'une des formes au sol.

– EEEEEH !! s'offusqua Camélia. TOUCHE PAS !!!
– .................................

Il l'a laissa retombée au sol.

– EEEEEEH !! Fait gaffe, ça coûte super cher ces trucs là !!!
– Waouh...
– Gniiii... c'... c'est un cauchemar...
– C'est.... c'est incroyable ! La... la révélation du millénaire...
– ...
– ... Camélia Rozelia est un homme !!
– NOOOOOOOOOON !! Ce n'est pas ce qui tu étais censé dire !!
– ... je ne vois pas d'autres explications !
– RAAAAAH !! C'EST POURTANT PAS CLAIR LA ?! JE SUIS UNE PUTAIN DE PLANCHE A PAIN QU A BESOIN DE PUTAIN DE PROTHÈSES POUR AVOIR UN SEMBLANT DE PUTAIN DE FIERTÉ FÉMININE !!!
– ...
– OUIIII, voilà, c'est ÇA la vérité, je ne suis qu'une tricheuse, je mérite l'échafaud, oui, je SAIS !!! Bouhahahahououuuu...
– Donc, si je résume...
– Sniiiif...
– Camélia Rozelia, présidente du conseil des élèves du lycée de Mérouville, en parallèle élue plusieurs fois – par des personnes sans aucun goût – plus belle fille du lycée notamment grâce à ces deux – atroces – obus nucléaire est en vérité une menteuse ?
– ...
– Quand les autres vont savoir ça !
– NOAAAN !! Jamais jamais jamais jamais jamais jamais jamais, JAMAIIIIIS !!!
– Mais... mais c'est trop gros – sans aucun jeu de mot – !
– Et... et toi alors !! tenta Camélia. Tu veux que je te rappelle ta stupide phobie des poitrines féminines ?!

Sofian esquissa un mouvement de recul avant de reprendre du poil de la bête.

– ... réfléchis un instant ! Qui a le plus à perdre ? Moi, pauvre type solitaire et sans ami...
– Au moins tu le reconnais...
– ............ hem, ou toi, célèbre présidente du conseil des élèves, admirée de tous – sauf de moi – ?
– ... ggnnnn....
– Très bien, je te laisse divulguer aux quatre vents mon petit secret embarrassant, mais dans ce cas, le tiens verra le tour de la ville !!
– Tu n'oserais pas !!
– Oh que si !
– Gniiiiiii !!!
– Haha !

Sofian fixait sardoniquement la demoiselle, des éclairs furieux semblaient fuser entre les deux adolescents. Finalement, Camélia baissa dramatiquement les épaules.

– ... j...j... j'ai perdu...

***
apocalypse
– QU'EST-CE QUE JE FICHE ICI !

À la suite de sa précédente défaite, Camélia Rozelia se trouvait maintenant en pleine séance de rangement de la salle du club de Sofian.

– Le ménage, répondit simplement Sofian. Tu ne t'en étais pas rendue compte ?
– MERCI ! Je sais très bien ce que je fais !
– Pourquoi tu poses la question alors ?
– Gniiiiii !!! Tu sais très bien ce que je veux dire !! Pourquoi JE dois faire le ménage pour TOI ?!
– De même, tu sais très bien pourquoi, répliqua Sofian en pointant du doigt les deux énormes prothèses trônant sur un carton. Et encore tu as de la chance que je t'aide, tu vois, je sais être magnanime !
– Un cauchemar, je suis dans un cauchemar...

Mine de rien, le rangement de la salle avançait plutôt vite, malgré la masse de travail et la mauvaise humeur évidente d'une certaine participante. Il fallait dire que le caractère perfectionniste de la présidente l'empêchait d'effectuer une tâche à moitié, quand bien même elle n'en avait strictement aucune envie.

– Pffiou, et c'est quoi tous ces cartons ?! continua de se plaindre la demoiselle. Y en a des tonnes !
– C'est à moi de dire ça ! grommela Sofian. Je te rappelle que c'est vous qui m'aviez donné cette salle ! Je ne m'attendais certes pas à un palace, mais au moins à un espace au minimum praticable !
– Nan mais oh ! Comme si on allait te donner une vraie salle de club, on voulait juste que t'arrêtes de nous faire chier, c'est tout !
– Comment ? C'est comme ça que le conseil des élèves traite ses sujets ?
– Quoi, t'es pas content ? grogna méchamment Camélia.
– Pas vraiment non, mais j'imagine que je n'aurais pas mieux...
– Ouais.
– ... tu es vraiment violente en fait ! Je me souviens de tes discours avant l'élection , tu étais beaucoup plus gentille !
– Ça t'poses un problème ?
– ........... pas vraiment, ça me rappelle juste vaguement IlyanOUCH !!
– Insinue encore UNE fois que je ressemble à cette garce, et je te garantis que ce n'est plus dans ta tête qu'il va finir, mon balai !
– ...... ok.

Nouvelle demi-heure de rangement dans un calme plus ou moins relatif. La tension était néanmoins franchement abaissée par rapport au début.

– Dis, lâcha Calémia.
– Hum ?
– Pourquoi tu tenais tant à créer ce club ? Je veux dire, un club, c'est avant tout une réunion de personne, qui se rassemble envers une passion commune ! Et toi, tu n'as pas d'amis, personne qui ne partage tes bizarreries... pourquoi vouloir fonder un club ? Si tu tiens tellement à faire tes petites recherches, fais-le dans ton coin, pas besoin de club pour ça !
– ...... c'est une bonne question, étonnante venant de toi.
– ... tu cherches la bagarre !?
– Non, non, ça va, j'ai compris ! ... hem, je dirais juste que... peut-être que j'avais besoin d'un point de repère.
– ... hein ?
– ... je n'aime vraiment pas cette façon automatique que tu as de répondre... bref, tu sais, comme avoir son petit endroit à soit, un QG en quelque sorte. Tous les super héros ont un endroit symbolique ! Et bien moi, j'ai décidé que ce serait un club !
– ... c'est stupide ! Creuse un trou et enterre-toi dedans, et tu l'auras ton petit endroit à toi ! C'était pas la peine de venir nous faire chier 72 fois...
– ... et aussi, j'espérais peut-être, je dis bien peut-être, ne plus être seul. Que d'autres personnes me rejoignent. Qu'on passerait nos journées à discuter, faire des recherches, s'amuser, bref, un comme vrai club.

Camélia cligna plusieurs fois des yeux avant de laisser échapper un petit ricanement.

– Quoi encore ?! s'offusqua Sofian.
– Nan rien,... je me disais que tu étais normal en fait. Tu fais le dur à rester dans ton coin et à te mettre tout le monde à dos, à vouloir te démarquer à tout prix, mais comme tout le monde au fond, tu recherches le contact humain.

Au tour de Sofian de cligner des yeux, réalisant ce qu'il venait de dire.

– N...non ! rougit-il. Ce n'est pas ce que tu crois, je voulais juste créer un club pour avoir des larbins 24 heures sur 24 ! Pourquoi je copinerais envers des individus qui me sont inférieurs ?!
– Mais bien sûr... hihihi !
– Ne te moques pas de moi !!
– Je ne me moques pas, je t'assure, hihi ! ..... alalaa, pour rester sérieuse, je te conseille de changer de comportement, ce n'est pas comme ça que tu trouveras les trois autres membres manquants.
– Deux.
– .... hein ?
– Il faut être quatre au minimum pour créer un club officiel non ?
– Et bien oui, c'est bien ce que je ...
– C'est bien ce que je disais, oui. Il nous manque deux membres.
– ... hein ? ... et attends, NOUS ?!
– Évidement, Camélia Rozelia, j'ai le privilège de t'annoncer l'acceptation de ton inscription ! Clap clap clap !
– Wowowo ! Deux minutes, je n'ai jamais...

Sofian pointa encore une fois du doigt les deux prothèses.

– Je n'ai jamais ... ? interrogea t-il malicieusement.
– ... je n'ai jamais voulu ne pas vouloir m'inscrire dans ton merveilleux club de recherche !
– Voilà qui est mieux.
– Merci, espèce d'enfoiré.
– Je le prends comme un compliment.

Silence, le retour. La salle commençait à ressembler à quelque chose. Le carrelage du sol était enfin visible en son intégralité. Une heure plus tard, le dernier carton fut trié et rangé dans l'armoire.

– Pfffiouuu, souffla Sofian. Enfin terminé !
– J'aurais pas dit mieux, fit de même Camélia. Tu comptes jeter tous les cartons ou les garder ?
– Les garder bien sûr ! En tant que passionné de recherche, je brûle de savoir quels secrets se cachent derrière tous ces documents !
– ... et bien bonne chance ! Tu en as au moins pour cent ans avec tout ça...
– Le temps n'a aucune emprise sur ma flamme de savoir !
– Si tu le dis. Bref, je te laisse, tsss, dire que j'étais censé partir juste dix minutes, elles vont croire que je suis partie me la couler douce...
– Oh ? Du travail du côté du conseil ?
– ... ça t'intéresse ?
– Pas vraiment.
– Bien ce qu je pensais..., bref salut...
– A demain !
– ..........................
– Si tu ne me réponds pas, je confisque tes prothèses !!
– Pervers ! À demain !

Camélia récupéra son dû avant de détaler en courant, repliée sur elle-même, un bras cachant son buste, sous le regard amusé de Sofian.

– Hum, c'était une bonne journée. Certes, j'ai – malencontreusement – dévoilé ma seule faiblesse, mais j'ai eu le plus gros scoop de ma vie..... et la salle de mon Super-Club de recherche Ultra-paranormal est propre, c'est impec' ! Sans compter que j'ai réussi à avoir un membre de choix, à la fois haut placé et incapable de me désobéir... plus qu'une seule ombre au tableau. Ilyana Manyula. Oh que non, tu ne vas pas t'en tirer comme ça, petite...