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Legendary Bonds de Clafoutis



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» Auteur : Clafoutis - Voir le profil
» Créé le 10/01/2015 à 15:00
» Dernière mise à jour le 04/03/2015 à 13:23

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Chapitre 1 : Sofian Aaken, l'homme aux masques.
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Mercredi 15 janvier
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– MOUAHAHAHAHAHA !!

Un rire maléfique d'une puissance phénoménale raisonnait à travers tout le lycée de Mérouville. Le genre de rire qui renverrait n'importe quel roi démon dans les jupons de sa mère tellement il était maléfique.

– Enfin... enfin... Mouahahaha !!

Les autres étudiants évitaient soigneusement l'homme qui riait, comme s'il était un élément hautement radioactif et contagieux.

– Enfin... Ils ont ACCEPTÉ !!

L'homme en question arracha un prospectus anciennement accroché au mur et le leva au ciel à l'image d'un certain personnage tout vêtu de vert d'un autre univers.
Le nom de ce jeune homme était Sofian Aaken. Si l'on exceptait son sourire digne d'un Ectoplasma sous LSD, l'adolescent était assez beau. Cheveux brun et plutôt bien coiffé, un visage bien aligné, l'étudiant était plutôt grand sans pour autant être un géant, bref il avait tout pour plaire. Sofian avait d'ailleurs été élu plusieurs fois de suite comme étant le «  beau gosse du lycée dont personne ne veut ».

– Héhé...héhéhéhéh.... mon règne va enfin commencé ! Mouhahaha !

Se calmant – très – légèrement, Sofian plia le prospectus et le rangea dans la poche de son uniforme. Comme tout les lycées de la région, le lycée de Mérouville habillait ses étudiants d'un uniforme caractéristique, histoire qu'on puisse les reconnaître tel des bêtes marquées au fer rouge. Mérouville avait opté pour un brin d'originalité, avec un T-shirt noir surmonté d'une veste rouge foncée et d'un pantalon blanc ou d'une jupe blanche au choix pour les filles.

– M...mon club.... hahahah...

LA raison de la joie disproportionnelle du beau brun. Le conseil des élèves du lycée a enfin consenti à la création du «  Super-Club de recherche Ultra-paranormal. », après 71 refus. La ténacité absurde de Sofian avait fini par avoir raison du conseil des sages.

– Héhéhé...

Le sourire jusqu'aux oreilles, Sofian se dirigeait nonchalamment vers les escaliers. Les autres étudiants l'évitaient toujours aussi soigneusement, forcés par leur instinct de préservation. Une fois arrivée à l'étage, Sofian repéra immédiatement une salle. LA salle. Celle qui recueillera bientôt son havre maléfique. Il essaya de l'ouvrir mais se rendit rapidement à l'évidence : elle était fermée.

– Oh ! C'est vrai, il faut que j'aille chercher la clef...

Sans se démonter, Sofian se dirigea vers la salle du conseil des élèves, lieu saint de l'établissement. Là où se trouvait les élèves choisis par le peuple pour les gouverner. Même s'il s'efforçait de rester calme, Sofian trépignait intérieurement, virtualisant mentalement toutes les possibilités infinies qui s'offriront bientôt à lui.
Il ne fallut qu'une simple minute pour que Sofian arriva à destination, il ouvrit – violemment – la grande porte du lieu saint sans la moindre gêne.

– Bonjour ! tonna t-il avec un grand sourire psychotique.
– GYAAAAH !!

A l'intérieur, une seule scribouillarde fixée à son bureau. La pauvre femme sursauta à la vue de l'intrus.

– S...Sofian Aaken, quelle bonne surprise..., répondit difficilement le secrétaire.
– Je viens récupérer la clef de mon club !
– C... Certes..., on m'avait prévenue, effectivement...

La secrétaire ne semblait vraiment pas à l'aise, comme si elle était une petite Keunotor dans un nid d'Arbok.
Sofian plissa les yeux, la Keunotor ravala sa salive.

– Dîtes-moi...
– ...
– ... vous semblez un peu stressé.
– M... mais non, pas du tout... tenez, voilà votre clef.

La secrétaire lui tendit l'objet avec sa main droite, avec le fort message subliminal " prends-ça et dégage ! " inscrit en gros.

– ... vous faisiez quoi quand je suis rentré ?
– ... quoi ? J... je travaillais évidement ! D'ailleurs, je suis sur une affaire plutôt urgente, alors...
– Alors, pourquoi est-ce que vous tenez stylo dans votre main gauche ?
– Q... qu'est-ce qu'il y a d'étrange à tenir un stylo dans une main ?!

Sofian secoua la tête.

– Vous n'êtes pas gauchère, ça se voit à la manière dont vous tenez votre stylo. C'est beaucoup trop maladroit et je doute que vous puissiez écrire la moindre ligne dans cet état. Et même, en assumant que vous ayez une maladresse naturelle, je remarque sur les documents en face de vous que l'écriture est parfaite. Aucune trace disgracieuse malgré votre stylo à plume. Or, tout le monde sait que les gauchers ont un mal fou à utiliser un stylo à plume sans faire de taches d'encre, du fait au positionnement de leur main et au sens d'écriture. Alors si en plus ils tiennent leur stylo aussi maladroitement...
– ... qu'est-ce que vous essayez de dire ?
– Mmmh... en plus, l'encre sur vos papiers est déjà bien sec. Vous n'étiez pas en train d'écrire, mademoiselle la secrétaire. C'est techniquement impossible. Je repose donc la question, vous faisiez quoi quand je suis rentré ?
– ... J...

Soudain, un court et sourd vrombissement se fit entendre, sous une pile de document.

– Un téléphone, sourit le brun. Vous étiez en train de texter au lieu de bosser !

Sofian fit un V de la victoire avec ses doigts, tout fier d'avoir résolu un – inutile – mystère.
La secrétaire serrait les dents, encore plus mal à l'aise qu'au début.

– Ne... ne le dîtes à personne..., geignit la scribe. Si la présidente l'apprend, je risque ma place...
– Humm... je n'en aie aucun intérêt pour l'instant...

En gros, «  Si jamais j'ai un intérêt, j'n'hésiterais pas ». La pauvre adolescente soupira, résignée.

– Prenez votre clef et partez...
– ... au fait, le bracelet que vous portez il n'est pas à vous non ? Non, parce qu'il n'est clairement pas adapté a votre poignée, il est trop lâche et ...
– DÉGAGEZ !!

Un Kungfouine apparut soudainement dans un éclat rouge et latta carrément le fessier de Sofian jusqu'à la sortie.

– Waaaïïïïeuh !! ça fait maleuuh !! .... et laissez-moi prendre ma clef au moins !!

***

Après cette mésaventure, Sofian marcha douloureusement vers sa salle. Voilà LA raison pour laquelle Sofian était boudé du monde et réduit à être un «  beau gosse dont personne ne veut. » L'adolescent était animé d'une étrange et inquiétante passion de TOUT savoir, le moindre détail, la moindre attitude, le moindre tic, pour lui, c'étaient des sources d'informations infinies. Il se faisait un point d'honneur de toujours trouver la vérité, même la plus triviale. Pour Sofian, tout était important, chaque vérité, aussi inutile quelle semble être, était un pont menant vers une autre qui elle-même menait à une autre... jusqu'à atteindre l'ultime connaissance.
Cependant, cette " passion " avait de quoi agacer ses camarades, qui n'aimaient pas vraiment voir leur vie dévoilée aussi simplement. Surtout que certaines vérités feraient mieux de rester cachées. Pour l'heure, Sofian déjà avait brisé – à son insu – 32 couples, 41 amitiés et même 2 mariages juste en ouvrant la bouche. Du coup, pour « une raison quelconque », tout le monde l'évitait.

– Bon...

Sofian était devant la porte. SA porte. Il inspira un grand coup, et regarda longuement la clef d'acier.

– Et c'est ainsi...

L'adolescent inséra religieusement la clef dans la serrure. Il la tourna doucement, entendit un petit clic caractéristique. Sofian sourit légèrement avant de retirer la clef de son socle miniature. Il saisit ensuite fermement la poignée ronde, et la tira lentement vers lui.

– ... que ma grande histoire commence !

***

La salle était , pour ainsi dire, dans un état misérable. Toile d'araignée, divers cartons remplis de documents quelconques dispersés aléatoirement, une table renversée au centre, des chaises cassées... mais cela c'était rien face à la détermination sans faille de Sofian.

– ................... je dois trouver des membres.

La porte se referma.

***

La cloche signalant la reprise des cours de l'après midi. En bon élève, Sofian se dirigea comme tout ses petits camarades dans sa salle de classe, et comme tout bon élève, Sofian n'écoutait absolument pas le professeur.

« Hum..., évidemment, je ne peux pas créer un club seul. J'ai besoin de larb... euh de membres. Rien que pour le garder en activité, si je reste seul, la présidente me tombera dessus... bref. Se pose donc la question suivant : QUI recruter ? Et surtout, Où trouver des gens à recruter ? ... mes amis ? Je n'en ai pas. Des connaissances ? Tout le monde m'évite pour je ne sais quelles raisons... Mmmh... ce n'est pas évident... Je pourrais peut-être utiliser un secret embarrassant pour recruter quelqu'un de force ? ... mmmh... pas bête... je n'aime pas trop l'idée d'user de mes compétences pour ça, mais après tout... »

En plein cours, le professeur se rendit compte de l'attention débordante que le jeune Sofian lui accordait. Il en fut légèrement agacé.

– Personne ne peut répondre ? Monsieur Aaken, alias je regarde par la fenêtre en plein cours, peut-être ?
– Un rayonnement électromagnétique intense.
– ... hein ?
– Ces Pokémon doivent être en contacte avec un rayonnement électromagnétique spécifique afin d'évoluer.
– ... oui, c'est ça...
– De rien.

Le professeur cligna des yeux et abandonna, Sofian repartit dans ses réflexions.

« C'était évident, il y a écrit en gros «  Cas d'évolutions particulières » sur le tableau. » et mes deux voisins de droites venait de faire des recherches expresses sur Tarinor et Magneton... n'importe quel idiot qui a un minimum de sens de l'observation aurait pu répondre.
Bref, revenons à ce qui est véritablement important : mon club. Il me FAUT des membres. Et si possible des membres fiables, passionnés et suffisamment stupide pour m'obéir sans discuter. Où trouver la perle rare ? Humm, humm... »

***

À la fin des deux heures de cours, Sofian avait toujours la cervelle en ébullition. Pas facile de pas avoir d'amis. Heureusement, le brun avait maintenant tout le temps nécessaire : il était 14h30, soit la fin des cours et le début de la «  période des clubs ».
Malheureusement, Sofian se rendit rapidement compte d'une vérité évidente : il aurait énormément de mal à recruter. En effet, il était en plein milieu d'année, c'est-à-dire que tous les étudiants avaient déjà choisis un club, et que les rares exceptions sont ceux qui ne voulaient de base n'en rejoindre aucun.

– ... ça va être difficile...


Toujours en mode Alakazam, Sofian se dirigea vers la cafétéria, lieu qu'il évitait en général, il fallait dire que c'était la première fois qu'il restait pendant la «  période des clubs », et son propre club étant inhabitable pour raison technique, la cafétéria était son seul refuge.
Après avoir acheté quelques snacks, Sofian repéra une table bien au fond, étrangement éloigné du reste de la plèbe, et ne présentant qu'un seul siège.

«  On dirait un trône spécialement conçu pour ma grandeur ! »

Sans hésiter, Sofian s'y dirigea. Bizarrement, tout le monde le regardait du coin de l'œil.

«  ... j'ai quelque chose sur le visage ... ? »

Se disant qu'au fond, il n'en avait rien à faire, le beau brun s'y installa.
La peur. Une sensation bien particulière. Ce froid qui nous parcourt l'échine, qui nous supplie de réagir tout en nous immobilisant.
Le rouge. La couleur qui coule dans nos veines, symbolisant la vie, et sa fragilité.

Sofian ne s'étendait certainement pas à voir son rouge giclé ainsi devant ses yeux. Surtout en si grande quantité.

– GYAAAAAAAAÏÏÏÏÏÏE !! Qu'est-ce qu...

Un fin et mortel éclat de glace venait d'érafler sa joue, avant de finir sa course dans le mur derrière lui. Jamais il n'avait vu autant de son sang, le pauvre homme faillit s'évanouir. L'atroce douleur lancinante lui en empêcha néanmoins.
Il ne lui en fallut néanmoins pas longtemps avant de repérer le responsable du crime sur Haute-Autorité de l'État.
Un Dimoret à l'air mauvais le fixait tout en grognant bien méchamment.
Étrangement, les autres étudiants et le personnel de cafétéria semblait n'en avoir cure.

– Un ... Dimoret sauvage ?!

Pour seule réponse, le furet des glaces invoqua d'autres éclats, qu'il projeta brutalement sur sa victime.

– Waaaaah !!

Sofian se baissa de justesse et se cacha sous la table, évitant là... une mort certaine. Les éclats explosèrent contre le mur dans un fracas étourdissant.

– ... M... mais c'est qu'il veut me tuer !! Gggnnn.... très bien, tu l'auras voulu, Curry à toi !

Un Arkéapti apparu vaillamment devant le gros chat violet. Le petit oiseau regarda son ennemi, un gros gros félin pas très sympathique, il se regarda lui, frêle oisillon tout droit sortit de l'œuf, il se retourna vers son maître et plissa les yeux, genre «  ça y est, tu veux te débarrasser de moi ?! ».

– Ne me regarde paaaaas ! tonna désespérément Sofian. Attaque-le plutôt, Cru-Aile !!

L'Arkéapti couru littéralement vers son adversaire, les ailes entourée d'une aura lumineuse.

– Gnnn... faut vraiment que je t'apprenne à voler un de ces jours..., geignit le brun.

Le Dimoret ricana à l'approche maladroite de l'oisillon, il esquiva sans mal l'attaque et lui assena un puissant Poing-Glace dans le dos.

– Curry !! Grraaah ! C'est la guerre, Picore !!

Retour de l'oiseau des roches, avec cette fois-ci le bec en avant, rebelote, le Dimoret passa derrière sa cible, et lui saisit la queue. Le gros chat s'amusa à faire tournoyer sa proie avant de la projeter vers son maître qui la reçut en pleine poire.

– Gyaaaah !!

Sans attendre, Dimoret ré-invoqua une multitude d'Éclats Glaces qui fusèrent vers le pauvre Sofian.

– Non, non, non, non !!

Désespéré, l'adolescent n'en perdit pas ses réflexes primaires et renversa de justesse sa table devant lui, tel un bouclier de fortune.

– Pffiouuu... Gniiiik !!

Un éclat venait de transpercer la table et manqua de quelques millimètres le réfugié, lui arrachant par la même occasion quelques poils.

– C... c'est quoi ce monstre ?! Curry aide-moi au lieu de te cacher derrière moi !!

Pas fou, l'oiseau s'était recroquevillé sur lui-même, avec la ferme attention de ne pas bouger.

– Raaah ! Et puis mince, retourne au turbin !!

Tel le Dimoret avant lui, Sofian saisit son Pokémon par la queue et le renvoya au combat, derrière le furet.

– Huhuhu..., je ne voulais pas en arriver là, mais tu ne me laisses pas le choix ! Curry, FRACASS'TÊTE !!

L'oisillon sembla s'entoura d'une puissante aura de rage et sembla tout revigoré, il se propulsa tête la première vers Dimoret. Celui sembla surprit au premier abord, avant d'esquiver l'assaut avec grande prouesse... en faisant un pas sur le côté. Ne pouvant s'arrêter en cours de route, l'Arkéapti forcené continua sa course en ligne droite... vers Sofian.

– ........ KYAAAAAH !!

L'attaque pulvérisa littéralement la table protectrice et Sofian réquisitionna brutalement son Pokémon à l'aide de son maigre estomac. Heureusement, le " bouclier " avait quelque peu affaiblit l'attaque.

– Gouuugh !! Aarff... aarff... ce... ce n'est pas encore fini...

Ce n'était pourtant pas l'avis du Dimoret, dont les griffes avaient triplé de tailles, mué par de l'énergie ténébreuse.

– ... gloup.

Sofian fit ce qui n'importe quel humain ferait. Il se leva et ... courut. Vite, très vite, tout en traînant son Arkéapti par la queue.
Dimoret le poursuivit, prêt à porter le coup fatal.

– MAIS POURQUOI TU ME SUIS !!?
– Shiki, arrête.

Soudain, le furet démoniaque stoppa son attaque, ses griffes ténébreuses se rétractèrent jusqu'à reprendre leur taille normale.

– Tu as du cran. Je ne pensais pas qu'un sale rat de ton espèce viendrait souiller mon territoire.

Sofian plissa les yeux, quelqu'un lui parlait, c'était certain... mais d'où ?

– Du cran et de la chance, rares sont ceux qui peuvent se vanter d'avoir survécu à une attaque de Shiki.

À droite ? À gauche ? En haut ? Par un micro peut-être ?

– Tss, non seulement tu as souillés mon territoire, mais en plus tu l'as détruit... je me demande si je dois te laisser la vie sauve... fufufu...
– Ex...excusez-moi...
– Que veux-tu, imbécile ?
– ... euh... vous êtes où ?
– ...
– C'est bien beau de se la jouer mystérieux, mais j'aimerais au moins savoir qui me parle...
– ...
– Ha, on choisit le silence, hein ? Dans ce cas, rien ne me reti...

Un autre violent coup dans l'estomac, un. Sofian s'écroula au sol.

– ... meurt, imbécile.

Et ce fut à ce moment que Sofian la vu. Ilyana Manyula, la fameuse délinquante de rang SS du lycée. Connue pour sa violence sans précédent et ... sa – très – petite taille.
La vision du beau brun se brouilla.

***

– Ouch...


Sofian Aaken se réveilla, dans un endroit qui lui était totalement inconnu.

– O...où.. où suis-j... ouch !!

De vives douleurs assaillirent le jeune homme. Il remarqua avec étonnement que des bandages recouvraient l'ensemble de son torse, le haut de son crâne, et même ses joues.

– Qu...

Un flash. L'image d'un démon miniature aux yeux sanguinaires lui griffant le corps jusqu'à plus soif. Un mal au crâne terrible lui fondit soudain dessus.

– Graaah... ma... ma tête...
– Olalalaaa, on s'est réveillé à ce que je vois ?

Une voix ... indéterminée mais néanmoins assez effrayante se fit entendre. D'un rapide coup d'œil, Sofian remarqua qu'il était dans une infirmerie, sûrement celle de son lycée. Il n'était jamais aller dans un tel lieu, comme il le disait souvent «  Un génie comme moi ne tombe jamais malade. ».

Un autre flash. Toujours ce même démon qui s'amusait cette fois-ci à broyer le crâne du jeune homme de sa main meurtrière, le sourire sardonique. Sofian se saisit la tête, toujours en proie à de multiples douleurs.

– Mon chou, tu nous as fait peur, tu saiiiiis ? J'ai cru que tu ne te réveillerais jamaiiiiis...

Sofian ne savait pas exactement pourquoi, mais cette voix lui donnait TRÈS froid dans le dos.
Par soucie de conscience, le jeune brun décida de se concentrer sur l'individu devant lui. Sofian cligna des yeux 82 fois et se les frotta 53 fois tant il avait du mal le croire. Enfin non, pas autant de fois, mais c'était tout comme.

– Oya ? On reste sans voix devant ma beauté, mon chou ?

Devant lui, se trouvait un grand homme – ? – chauve, légèrement enveloppé, habillé en infirmière, qui semblait se plaire à tortiller son corps sans la moindre raison apparente.

– .......
– Ouhouhouhouu ! Arrête de me fixer comme ça mon chou, je vais rougir , ouhouhou !!
– .............

Décidant qu'il était résolument en plein cauchemar, Sofian entreprit de se rendormir.

– Tututut, pas de rechute mon chou, on se réveille !

L'homme – ? – lui asséna de petites tapettes sur la joue, ce qui força Sofian à affronter la réalité.

– Qui... qui êtes vous ? lança finalement le brun.
– Ouuuuh ! On me demande mon nom, déjà, tu es un petit fonceur toi, mon chou, hihihi !

Sofian serra les dents, comme s'il venait de vendre son âme au diable. L'homme – ? – prit une pose plus au moins sensuelle.

– Je me nomme George Rougela, mon chou, la plus belle infirmière du monde, mais tu peux simplement m'appeler George, c'est plus intime...
– .... infirmière ? s'étonna Sofian en s'efforçant de faire abstraction du reste. Mais vous êtes...
– ÔÔÔôôôôh ! Malheureux !

Le brun se crispa, pas très certain de la marche à suivre. Même son super pouvoir d'analyse ne lui était d'aucune aide dans cette situation. " L'infirmière " prit une pose dramatique.

– Si tu savais comme je souffre ! Je sais que je suis hideuse, que mon apparence n'inspire que le mépris, je le vois dans tes yeux ! Seulement... SEULEMENT... !, mon cœur de simple et innocente femme fragile est là, et il souffre ! Il veut s'exprimer, il déborde et est sur le point d'exploser !

Sofian hésitait entre être affligé et être compatissant. Finalement il choisit d'imiter les Psystigri et fit les gros yeux ronds, sans bouger.

– Mais heureusement, reprit George entre deux sanglots. De temps en temps, je reçois la visite de charmants jeunes hommes qui m'aide à ... exprimer mon amour...

Nouveau flash. Sofian se vu lui-même dans ce même lit. Puis, l'ambiance devient sombre, et un être difforme s'approcha.... et curieusement, l'image se pixelisa et d'étranges bruissements résonnèrent.

– ... qu'est-ce..., geignit le brun en tentant de décrypter sa vision.

Le regard de l'adolescent croisa celui de " l'infirmière ", qui rougissait. De nouveaux souvenirs réapparu soudain. De nouveaux souvenirs de ... nouvelles sensations. Sofian sauta du lit.

– AAAAAAAAAHH !! Q-Q-Q-Q-Qu'est-ce que vous m'avez fait ?! P-Pendant que j'étais inconscient !!
– Hihihi !
– Non, pas de " hihihi " !!
– C'est rare que je prenne autant de plaisir à " soigner " un patient...
– .... Giiiik !
– Mais rassure-toi mon chou, je n'ai pas croqué la cerise, je la réserve pour plus tard...
– GYAAAH !!
– Oh, attends mon chou ! ... aaah, il déjà partit, ah la fougue de la jeunesse, c'est tellement grisant......... hihihi !

***

– Beuuuh....

Sofian se lava le visage. Il avait trouvé refuge dans les toilettes du lycée. Non, il se devait de penser à autre chose, tout ce qui s'était passé à l'infirmerie ne s'était en réalité pas réalisé. Voilà, c'était un rêve, un horrible rêve atroce.
Sofian hocha la tête, convaincu.
Cependant, un autre problème hantait maintenant le beau brun : Ilyana Manyula. Tout était de sa faute, elle est la cause de son cauchemar.

Ilyana Manyula, c'était un gros morceau. La délinquante de rang SS, son seul nom fait trembler des montagnes. Véritable électron libre, Ilyana en imposait. Sur son chemin, le vent lui-même n'osait souffler, de peur de s'en prendre plein la gueule. C'était ça, Ilyana, une fille capable de buter même les forces invisibles. Autant dire que les professeurs n'ont absolument aucune autorité sur elle, et même les surveillants n'osaient plus ne serait-ce que de lever le regard sur la demoiselle depuis qu'elle les avait déjà tous rétamés, puis balancés un à un dans l'incinérateur du lycée – qui pourtant ne faisait qu' 1,50 mètres de haut pour 50 centimètres de diamètre – avant de menacer d'activer les flammes de l'enfer. Quant au proviseur, pauvre vieil homme, il faisait tout pour ignorer l'élève problématique, histoire de ne pas trop altérer son espérance de vie.
Dans les faits, une seule entité s'opposait encore et toujours à la petite diablesse, la célèbre présidente du conseil des élèves, une étudiante qui avait su convaincre la majorité de l'élever au poste le plus convoité. La fameuse Camélia Rozelia. Mais même la " puissance " de la grande Camélia ne pouvait arrêter Ilyana, à vrai dire, la présidente n'aboyait plus qu'elle ne mordait.

– Pffiouu...

Après avoir soupiré de tout son saoul, Sofian jeta un rapide coup d'œil à l'une des nombreuses horloge murale : 17h30. Il avait vraiment dormi longtemps. Et le lycée fermait ces portes à 18h.
Re-soupir. Après-midi très infructueuse. Et surtout très traumatisante.

– Alors que c'était censé être MA journée !! Graaaah !! Maudit sois-tu, Illyana Manyula !!!

Sofian leva un point vengeur, jurant de faire payer à la diablesse le juste prix de ses actes.

***

Sofian se dépêcha de sortir du Lycée, avant la fermeture des portes, toujours aussi ruminant.
Il FALLAIT qu'il trouve le point faible d'Ilyana. Un secret tellement gros, qu'elle serait obligé de lui obéir au doigt et à l'œil pendant des générations ! Avec ces talant, se disait le brun, rien ne serait plus facile.
Sauf que c'était loin d'être facile.

Sofian soupira une énième fois. Et décida de s'aérer l'esprit plutôt que de se l'obscurcir. Sur le chemin du retour, il se consacra donc à sa passion : l'observation. Le jeune homme était un véritable scanner vivant, quand il le voulait, rien ne lui échappait.
Sur une ligne électrique, un Poichigeon se tenait à l'écart du gros du groupe. Pourquoi ? Était-il exclu ? Où s'était t-il exclu de lui-même ? Tant de mystère triviaux mais étonnamment enrichissant. Les raisons qui menaient à l'exclusion étaient souvent les mêmes pour Humain et Pokémon, trop plein de fierté, racisme, gêne... autant de bonnes excuses.
Au sol, un couple d'étudiant quittait le lycée. Il ne va pas durer longtemps. Ce n'est pas la première fois que Sofian le remarquait, et de jour en jour, il constate que l'attitude du garçon est de plus en plus insistante, comme s'il était de plus en plus impatient, alors que l'attitude de la fille était de plus en plus réservée, comme si elle était de plus en plus gênée. Diagnostic du brun : Grosse dispute à venir, 80% de chance de rupture.
Autre détail qui capta le regard de l'adolescent, une fenêtre restée ouverte sur la façade du lycée. Étrange, surtout pendant la fermeture des portes, de plus, la fenêtre se situe vers la partie des salles réservées au club. Il y aurait-il des rebelles ? D'autres " Ilyana " qui s'amusaient à défier les règles ? Info potentiellement utile. Si jamais Sofian réussissait à identifier le contrevenant, il tiendrait là un semblant de pression sur lui. Surtout que le règlement du lycée était plutôt stricte, sauf si l'on s'appelait Ilyana évidemment.

– Oh. Et mince...

Sofian venait de marcher sur un chewing-gum. Comme quoi, ça arrivait même au meilleur.

***


Sofian arriva enfin à son appartement. Premier réflexe : la lumière. Second réflexe : s'affaler dans le canapé. Le brun finissait ainsi toutes ses journées de la semaine. Seul.
Au bout de quelques minutes, l'adolescent se releva et se dirigea vers son frigo. Pas très remplie, mais pas de quoi aller à la Croix Rouge.
" L'argent de poche " que ses parents lui versaient tous les mois , en plus de son petit job, lui assurait de quoi vivre dans des conditions plus qu'agréable pour un étudiant.
Sauf que Sofian ne voulait pas vivre agréablement. Du moins, pas ici.
Sofian avait toujours été en froid avec sa famille. Le " mouton noir " en quelque sort. L'erreur. L'adolescent soupçonnait même de ne pas avoir été désiré. Le rapport familial conflictuel se résumait en un mot : silence. Personne ne parlait, personne ne voulait se risquer à crever l'abcès. Chacun vivait dans son coin. Seul.
Sofian le savait. Il était seul. Il ne devait compter que sûr lui-même. Trouver toutes les vérités au monde, découvrir le pourquoi du comment, le sens de sa vie, seul. Personne ne l'aiderait. Ami ? Il n'en avait pas. Famille ? Il n'en avait plus.
À vrai dire, la " pension " qu'il percevait de ces parents suffisait à peine pour payer le loyer, sans son job, qui constituait 70% de ses revenues, il serait déjà à la rue. Encore une fois, il avait appris à se débrouiller. Seul.
Alors son appartement restera toujours ainsi. Son petit havre de paix solitaire. Simple, sans extravagance. Une bulle imperméable qui le protégeait du reste du monde. Son triste mais pourtant nécessaire bunker personnel.
Dans cet appartement, Sofian était le maître, il était celui qui décidait de « La vérité ». Personne ne viendrait le contredire, puisqu'il était seul. En dehors, le monde n'était que mensonge. Obéissant à des convenances, afin de vivre en paix. Le mensonge d'un rêve commun. Ici, Sofian en était protégé. À l'intérieur de sa coquille de solitude.