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Blue Rhapsody - 1. Awakening de BlueBreon



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» Auteur : BlueBreon - Voir le profil
» Créé le 25/12/2014 à 18:57
» Dernière mise à jour le 25/12/2014 à 18:58

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CS01 . THE EVE

Noël. C'est une de mes périodes préférées dans l'année.

Dans toutes les villes et villages de Wénora, les rues se parent de couleurs chatoyantes ; tout le monde se souhaite de bonnes fêtes de fin d'année ; les enfant jouent et courent dans tous les sens, profitant au maximum des vacances ; les adultes eux discutent du temps, espérant que les routes ne seront pas encombrées par des chutes de neige – ce qu'attendent, au contraire, les plus jeunes. Personnellement, je ne pense pas qu'il neigera cette année. La neige est plutôt rare dans la région, et encore plus dans les environs de Bourg-Jais et Safremer, dont les côtes sont balayées par des vents marins trop doux pour permettre aux flocons de naître.
Enfin, même si la neige ne tombe pas cette année non plus, ce Noël sera sans doute très animé.

Mais Noël est aussi devenu, bien malgré moi, une période que je déteste. Elle me rappelle toujours les mêmes souvenirs. Des souvenirs qui me rendent mélancoliques et me mettent le moral à zéro. Je n'y peux rien, lorsque je regarde les décorations qui colorent la façade des maisons, je ne peux pas m'empêcher de penser à
elle.

Et, en même temps que son visage et sa voix me reviennent, j'entends clairement cette chanson qu'elle chantait de temps en temps. Une chanson traditionnelle de sa région natale, dont je me souviens encore des paroles ...


Si un jour enfin
nous prenions le temps
De voir autrement
la beauté des gens.

D'apprécier la chance
de pouvoir les côtoyer,
Et de vivre ces années
par miracle à leurs côtés.





— J'y vais, Mamie !
— Ah, Luna, attends une minute, s'il-te-plaît.

Luna s'arrêta sur-le-champ, la main déjà sur la vieille poignée de la porte d'entrée.
Chaudement habillée avec son épais manteau et son écharpe à motifs, elle était impatiente de sortir s'amuser, mais la parole de sa grand-mère était pour elle comme un ordre absolu.

— Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-elle d'une voix enjouée en passant la tête devant la porte ouverte du salon.

Sa grand-mère, une dame assez âgée mais encore vive d'esprit et extrêmement maligne, était assise dans un fauteuil aussi vieux qu'elle, une couverture posée sur les jambes pour se tenir chaud – il fallait dire que même si l'appartement était bien isolé, il suffisait d'ouvrir brièvement une fenêtre en hiver pour qu'il y fasse un froid de Canarticho pendant une bonne heure.
Elle posa sa tasse de thé sur la table basse et lui tendit une lettre.

— Tu vas chez Véga, n'est-ce pas ? Est-ce que tu veux bien déposer cette lettre au passage ?
— Bien sûr, Mamie ! répondit Luna avec le sourire.

La jeune fille bondit dans la pièce et prit la lettre, dont elle zieuta l'adresse par curiosité. Elle ne pouvait rien refuser quand il s'agissait d'aider sa grand-mère chérie – d'autant plus que cela lui donnait une bonne raison de parcourir les rues de Safrania.
Cependant, le nom écrit sur le papier l'intrigua un peu.

— C'est pour Papa et Maman ?
— Oui, c'est une carte de vœux, lui répondit sa grand-mère. Ils sont sans doute déjà partis, alors ils ne la recevront qu'en rentrant ... Je m'y prends toujours au dernier moment, ajouta-t-elle dans un petit rire.
— J'ai hâte qu'ils soient là.

Suivant les cours à l'École des Dresseurs de Safrania, Luna vivait toute l'année avec sa grand-mère. Le reste de sa famille vivait dans une région plutôt éloignée, et elle ne les voyait guère que lors des vacances d'été et des fêtes de fin d'année. Ses parents devaient passer dîner chez elles pour le réveillon de Noël, le soir-même.

— Est-ce que Sebii viendra cette année ?
— Ah ... Je suis désolée, ma petite Luna. Tes parents m'ont dit qu'ils viendraient seuls. Je crois que ton frère a prévu de rester chez une connaissance pour les fêtes.
— Oh ...

Toutes deux gardèrent le silence un moment. Puis Luna afficha un grand sourire.

— Enfin, s'il a prévu quelque-chose, on ne peut pas le forcer à venir, pas vrai ?

La jeune fille sortit de la pièce en sautillant.

— Je serai de retour pour le dîner ! lança-t-elle à sa grand-mère en accompagnant ses mots d'un geste de la main.
— ... Amuse-toi bien.

Après un dernier sourire à sa grand-mère, Luna ouvrit la porte d'entrée et se précipita dehors, où la neige tombait à gros flocons.





Construisons tous ensemble
cette époque de nos rêves,
Saisissons notre chance
et pensons à la partager.





— BrrrRRrrrr ...

Wally frissonna si fort que plusieurs passants se retournèrent sur lui en le croisant.
Sous son léger pull-over, le garçon avait si froid que ses dents jouaient des claquettes.

Franchement, comment pouvait-il faire aussi froid ? Hoenn était censé être une des régions les moins affectées par l'hiver – si tant est que l'on eût été en hiver, ce dont il n'était même pas sûr ; bref, il faisait froid, trop froid, et ce n'était pas normal !

— Hm ? ... Ah !

Une zone sûre !
Wally accéléra le pas autant qu'il put et se jeta dans la Boutique Pokémon, manquant de se prendre la porte coulissante qui, par chance, s'ouvrit presque instantanément.

— De la chaleur~ !

Ignorant les regards étonnés du caissier et des clients, le garçon s'enfonça dans le magasin en se frictionnant vigoureusement les bras pour se réchauffer. Il chercha un endroit stratégique d'où il pourrait profiter au maximum de l'air conditionné, mais il se trouva que le meilleur emplacement était en face de l'entrée – un peu trop près de la porte à son goût.
Bah ! Il n'avait qu'à vagabonder parmi les rayons le temps de se réchauffer. Il n'avait vraiment pas envie de retourner se geler les extrémités dehors par ce temps, mais en cette veille de Noël il avait encore à faire avant de revenir au Centre Pokémon de Poivressel.

C'était le premier Noël qu'il allait passer loin de sa famille. Sa mère avait tenté de le retenir, avant son départ, lui demandant s'il ne préférait pas attendre la fin des fêtes de fin d'année. Avec un brin d'hésitation, il avait refusé. Dans la situation actuelle, il ne pouvait pas se permettre de perdre du temps aussi précieux.
Rah ! Il s'était interdit de penser à ça aujourd'hui ! Zou, zou, les mauvaises pensées, zou !

Outre le fait de passer Noël seul cette année, Wally avait rencontré un autre problème : celui des cadeaux. Sa famille lui avait fait parvenir les leurs avec un peu d'avance ; un peu plus tôt dans la journée, il s'était régalé d'une partie des chocolats faits maison qui accompagnaient les paquets cadeaux, qu'il préservait pour le 25 décembre.
Mais lui n'avait aucun cadeau à leur envoyer.

En bon ambidextre, Wally était assez doué de ses mains. Les années précédentes, il s'était débrouillé pour bricoler des petits gadgets utiles pour aider chacun dans ses tâches quotidiennes. Son argent de poche partait principalement dans les pièces de tissus et les composants électroniques, et il n'achetait que rarement des cadeaux « prêts-à-offrir ».

Mais bon, cette année était définitivement spéciale. Entre les concours et ses autres soucis, il n'avait pas eu le temps de construire quoi que ce soit ; et de toute façon, il ne lui restait plus suffisamment de pièces pour faire quoi que ce soit d'intéressant. Il avait donc dû se résigner à acheter des cadeaux pour sa famille.
Il avait trouvé des cadeaux potables pour presque tout le monde. Plus qu'un dernier, et il pourrait faire envoyer le tout chez lui.

— Oh ? ... Oh !

Son attention se porta sur un rayon qu'il venait de dépasser.
Faisant marche arrière tel un automate, il s'approcha pour mieux regarder ce qui avait titillé ses pupilles : une petite boîte en plastique qui contenait une sorte de CD. Un simple regard sur l'objet lui était suffisant pour en connaître la nature, mais il ne put s'empêcher de lire les indications sur la boîte afin de s'en assurer.

« CT17 – Abri ».
Une Capsule Technique ; un outil développé pour permettre aux dresseurs de Pokémon d'apprendre à leurs partenaires des capacités sans passer par un entraînement particulier ou par un « Maître des Capacités ».
Quelques années auparavant, les CT étaient produites en masse par les sociétés comme la Sylphe et la Devon, mais elles avaient l'inconvénient de devenir inutilisables après la première utilisation. Depuis quelques temps, les Capsules avaient été améliorées pour pouvoir être réutilisables de nombreuses fois. Mais dans le même temps, leur prix avait fortement augmenté, ce qui en faisaient maintenant des objets très prisés et difficiles à obtenir.
Cette CT semblait bel et bien être une version réutilisable. Quelle coup de bol ! Trouver ce genre d'objet dans un petit magasin comme celui-ci était assez rare. Et visiblement, c'était la seule restante.

Le garçon jeta un œil à l'étiquette. 10 000 P ... Évidemment, le prix était à la hauteur de la rareté. Toutes ses économies allaient y passer s'il achetait ça.
Mais bon ... Après tout, ce n'était pas un caprice personnel – enfin, pas ce genre de caprice personnel. Il avait trouvé le cadeau idéal, celui qu'il cherchait depuis des jours.

... Oh et puis zut. Il trouverait bien un moyen de s'en sortir avec la monnaie restante. Au pire, il sauterait quelques repas le temps de trouver un peu d'argent. Pas question de demander à sa famille de l'aider, ça n'aurait plus d'intérêt qu'il leur achète un cadeau sinon.

Wally prit la boîte dans le rayonnage, la regarda un moment, puis s'y accrocha comme par peur de la perdre.

— J'en connais un qui va être content, dit-il pour lui-même avec un sourire plein de malice.

Sa motivation retrouvée, il se dirigea d'un pas décidé vers la caisse.





Gardons-nous de dérober
ce qu'il faut laisser grandir,
Laissons donc s'épanouir
les fleurs de la bonté.

Offrons tout jusqu'au jour
où chacun pourra s'ouvrir
À un monde où plus personne
ne sera étranger.





— Ooooi ! Arno !

Arno crut entendre la voix de Sebii à travers le filtre musical qui lui emplissait les oreilles. En se retournant, il vit effectivement son ami se ruer vers lui, son vieux sac ballottant sur le dos.
Il enleva ses écouteurs, qui jouaient de la musique pop depuis plusieurs dizaines de minutes, et accueillit le garçon d'un petit geste de la main.

— Je savais que je te trouverais là ! s'exclama Sebii en reprenant son souffle. Tu m'as bien fait courir !
— Ce n'est pas comme si je me cachais ... Tu me cherchais ?
— Ah ... Ouais ! Mes parents s'absentent pour les fêtes de fin d'année, alors je pensais m'incruster chez toi. Ça te dérange pas ?
— ... Répète un peu ?

Ce n'était pas la première fois que Sebii venait passer quelques jours chez lui. Ses parents s'absentaient parfois pour une raison ou pour une autre, et pour ne pas laisser Sebii seul en charge de la maison, ce dernier venait dormir chez Arno le temps qu'ils reviennent.
Mais bien évidemment, il s'y prenait toujours au dernier moment pour en informer les intéressés.

— Tu me dis ça un 24 décembre en fin d'après-midi ? Tu ne sens pas qu'il y a comme un léger souci ?
— Hm ?
— Ma mère est déjà en train de préparer le repas du réveillon.
— Je sais, je suis passé la voir avant de te chercher.
— Là n'est pas la question ! le gronda Arno, agacé à l'idée que sa mère eût à modifier ses plans pour préparer une part pour Sebii. Tu aurais pu en parler plus tôt, non ?
— Désolé, j'avais légèrement oublié cette histoire jusqu'à ce matin, s'excusa l'effronté dans un rire.
— Alors toi ...

Les garçons descendirent de la colline sur laquelle Arno avait passé l'après-midi et se dirigèrent vers la ville en aval.
Il leur restait encore quelques heures à tuer avant de rentrer à la maison pour le dîner, alors ils décidèrent de traîner dans les rues illuminées aux couleurs de Noël.

— Au fait, qu'est-ce qu'il fait, le professeur Bibacier, pour Noël ? demanda Sebii, le regard parcourant la vitrine d'une boulangerie. Son labo est fermé depuis plusieurs jours, non ?
— Je ne crois pas qu'il ait de famille à Bourg-Jais. Il est peut-être parti à Camballon ...
— Camballon ?? Pourquoi aussi loin ?
— Je ... Je sais pas ... Une intuition ...

En vérité, Arno avait bien une petite idée de la raison qui aurait pu pousser le professeur Bibacier à aller à Camballon, qui se trouvait au-delà de Marescale, la capitale au centre de Wénora. Mais il ne tenait pas spécialement à en parler à Sebii, en tout cas pas avant d'en avoir parlé avec le professeur.

— En tout cas, fit Sebii en étirant les bras, j'ai hâte que les fêtes soient terminées !
— Pourquoi ça ?

Lui aussi attendait la fin des fêtes, mais sans doute pas pour les mêmes raisons.

— Parce que ça voudra dire que notre aventure à Hoenn pourra enfin commencer ! répondit Sebii en serrant le poing de manière triomphale.
— Ah ... Bien sûr ...

Arno commença à se demander s'il préférait que les fêtes se terminent ou qu'elles se poursuivent quelques semaines de plus. Même si la deuxième option n'était pas possible, évidemment. Mais ce voyage à Hoenn, que Sebii et lui avaient convenu de faire, ne lui faisait pas plus envie que sa mélancolie hivernale. Les fêtes ou Hoenn, c'était la même chose. Tout lui rappelait des souvenirs désagréables.

Sans crier gare, Sebii passa un bras autour de son cou, le faisant sursauter de surprise.

— Qu'est-ce que ... ?!
— T'es déprimant quand tu broies du noir, tu le sais, ça ? soupira Sebii en exagérant le ton.
— ... ... ? ...

Mince ... Sebii semblait avoir remarqué sa mauvaise humeur. Est-ce qu'il était vraiment si transparent ? Ou alors était-ce parce que les garçons se côtoyaient tous les jours depuis plusieurs années ?

— Faut pas t'en faire, tu sais.
— ... Quoi ? ... balbutia Arno, un peu désemparé face au sérieux inhabituel de Sebii.
— Je sais que je t'entraîne un peu dans mes délires en te demandant de partir à Hoenn avec moi. Et que tu préférerais ne pas y aller.
— ...
— Mais t'as pas de soucis à te faire. T'es pas tout seul, après tout ! Je suis là pour gérer tous les pépins ! clama-t-il finalement avec une ardeur qui lui convenait mieux.
— ... ...

Ah ... C'est vrai ... Voilà pourquoi il avait accepté ce voyage, malgré toutes les raisons qui auraient pu le pousser à refuser. Bon sang, il était véritablement incapable de faire les choses par lui-même, pas vrai ? ...

Arno soupira, puis repoussa la bras de son ami avant de rétorquer de manière franche :

— Il faut vraiment vouloir chercher les ennuis pour te laisser en charge de quoi que ce soit.
— Quoi ?! C'est complètement faux ! J'arrive toujours à gérer les problèmes tout seul !
— Va dire ça aux Pikachu du Bois de Jais ...
— Que-- Mais ça compte pas, cette histoire-là !!

Laissant Sebii s'énerver dans son coin, Arno leva les yeux vers le ciel. Le soleil était presque couché, et la lune brillait déjà dans un ciel sans nuages. Une bien jolie soirée de réveillon s'annonçait.

« Vivement la fin des fêtes. » pensa le garçon en souriant aux premières étoiles de la nuit.





Là où nos chemins
se croisaient par pure chance
Peut naître un monde
qui fera toujours sens.

Un monde où la chaleur,
nourrie par la gratitude,
Nous fera tous oublier
les hivers les plus rudes.

Où donner fera battre
Le cœur de l'humanité.

Au fil des vies,
au fond des gens
Dort un futur,
miracle du printemps.

Au fil des vies,
au fond des gens
Dort un futur,
miracle du printemps.





— Hm ?

La jeune fille posa sa main contre le verre glacé de la fenêtre.
Dehors, le vent s'était levé et faisait frémir un océan de majestueux conifères en contrebas. Dans le ciel assombri, quelques étoiles apparaissaient ici et là, jouant à cache-cache derrière un rideau de moutons grisâtres.

Sans s'en rendre compte, elle laissa échapper un petit soupir.

— ... Qu'y a-t-il, Prune ?
— Rien ... Rien du tout, répondit la jeune fille sans parvenir à détourner les yeux du ciel balayé de nuages. Je me demandais juste si l'on allait avoir de la neige pour Noël ...



BR1-CTS01.THE EVE/fin