Le Conte de Noël
Note de l'auteur : J'ai écrit cette fanfic pour un concours sur un forum, et j'ai décidé de l'intégrer aux contes de Manternel. J'espère qu'elle vous plaira :)
Un soir particulier du mois de Décembre, il faisait froid, mais les humains et les Pokémons étaient en fête, c'était le soir de Noël. Alors que tous s'affairaient à accrocher les fameuses chaussettes rouges sur la cheminée et à accrocher des feuilles de houx dessus, moi, brave Farfuret que j'étais, je me promenais dans une ruelle de la ville. Il neigeait beaucoup, mais il n'y avait pas un souffle de vent, pas même une brise légère. On n'entendais rien, à part le crissement si singulier de la neige à chacun de mes pas. Tout le monde était chez soi, à fêter Noël avec ses amis. Ma particularité ? Je n'avais pas d'amis. Mais Noël ne me rendait pas triste pour autant. J'avais beau ne pas avoir de cadeaux comme tous ceux que j'observais, Noël me rendait heureux. J'étais heureux de voir les autres heureux. Cela peut paraître étrange, certes. Cependant, ma bonne humeur naturelle allait vite disparaître.
Un bruit sourd me tira de mes rêveries, une sorte de craquement, comme si un morceau de glace se séparait soudain d'une banquise quelconque. Et c'était ce qui se passait ! J'étais précisément sur le morceau qui se décrochait ! Comment cela pouvait-il être possible ? Je marchais dans une rue à l'instant même, et voilà que je me retrouvais sur une immense plaque de glace ? J'étais pris au dépourvu. La neige fondait même sous mes pieds ! Puis je remarquai quelque chose : l'environnement dans lequel je me promenais restait le même alentour ! Seule la plaque sur laquelle je me tenais debout en cette soirée d'hiver fondait ! Je n'avais pas de réponses à ce phénomène, et on ne me laissa pas le temps de réfléchir. La plaque plongea soudain dans le vide, avec moi bien sûr.
Je ne voyais plus rien, sauf l'excédent de lumière qui provenait de l'endroit d'où j'avais plongé. J'entendais des Pokémons Spectre s'avancer vers moi et me souffler leur râle fantomatique. Je tombais peu à peu dans le néant, quand la plaque se stoppa soudain et la rue que j'avais quitté contre mon gré quelques secondes auparavant se reforma, mais quelque chose était différent. La ville semblait abandonnée. Les fenêtres étaient cassées, les maisons carbonisées. Seule source de lumière, un sapin de Noël qui brûlait dans une des maison. Que s'était-il passé ? Pourquoi la ville était-elle détruite ? J'avançais doucement, observant les ruines une par une, pour essayer de comprendre quel événement avait pu produire une telle destruction. Arrivé devant la place de la ville, je tombai sur un énorme cratère dans le sol. Une bombe avait explosé ici, et pas à n'importe quel endroit : Le sapin de Noël de la ville n'était plus qu'un amas inutile de branchages calcinés, et les décorations étaient toutes aussi sales et brûlées les unes que les autres, éparpillées, parfois en morceau un peu partout autour du lieu d'impact. Tout ce qui était positionné là avant la bombe fumait encore, éparpillé sur le sol. Je relevai la tête, doucement, et regardai autour de moi. Plus aucun bâtiment n'était entièrement debout, il n'y avait rien qui n'avait pas subi la rage de ces objets de mort que sont les obus. Qui avait bien pu faire ça, et pourquoi à un moment pareil ? Qui pouvait être aussi cruel au point de raser une ville le soir de Noël, le plus important de l'année ?
J'avançais encore, découvrant toutes sortes d'objets allant des jouets pour enfants, au mobilier de maison. Des poupées calcinées reposaient sur le sol roussi par les flammes de l'incendie qui avait détruit une maison ainsi qu'un circuit de voiture démonté. Plus loin, je vis avec horreur quelque chose qui me fit détourner la tête à la seconde même : Les deux corps des deux enfants, projetés par le souffle de l'explosion hors de leur maison. A côté d'eux reposaient deux Ponchiot, qui avaient probablement subi le même sort. Ne pouvant pas m'en approcher, je fis demi-tour, et commença à courir, de toutes mes forces. Je trébuchai sur des jouets de nouveaux-nés, je courais sur des peluches brûlées de petits garçons, me disant que le corps des propriétaires ne devait pas être loin.
Soudain, je tombai sur un corps. Un Farfuret, qui avait également été projeté par les souffles brûlant des explosions. C'est là que je compris. Ce corps, c'était le mien ! Je me mis à paniquer, tout mes membres frêles tremblaient comme jamais. Mes jambes se mirent à fonctionner, et j'avançais doucement, m'approchant de mon corps, étendu à terre, roussi d'un côté par les flammes. Une pulsion de mon bras tremblant, et je touchai ma tête. Erreur ou pas, ce geste me projeta au loin, et, avant de perdre conscience sur le sol brûlé, je vis l'horloge de l'église. Il était minuit et cinq minutes.
Je me réveillai presque aussitôt, mais j'étais de retour dans la réalité. Ma tête étais posée sur la neige froide, et non plus sur le sol roussi. J'ouvrai les yeux, et vis un humain. Il était penché sur moi, et me sourit. Je me sentais aussitôt soulevé de terre, il me portait ! Pour m'emmener où ?
Nous passâmes devant l'église : Il était vingt trois heures et quarante minutes. Nous entrâmes ensuite chez lui, et il me posa dans son fauteuil, en face de son sapin. Il me tendit un paquet, que je m'empressai d'ouvrir, et découvrant un pot rempli de baies en tous genres, je me mis à pleurer, faute de pouvoir communiquer par la parole avec l'être généreux qui m'avait offert ce présent et le remercier de cet instant d'infinité qu'il me faisait vivre.
Il était minuit, les douze coups de l'église sonnait, et je dansais avec mon nouvel ami. Un sifflement strident survint quelques minutes après et ce fut le noir complet. Pendant toutes ces années j'avais survécu, mais les moments préférés de ma vie furent ces vingt cinq petites minutes passées avec mon ami, bien qu'elles furent détruites par les débuts d'une guerre dont je ne verrais jamais ni le commencement, ni le dénouement. De toute façon, il valait peut être mieux que je ne le sache jamais. Ce Noël avait été mon premier et dernier véritable Noël de toute ma vie, mais ce tout petit instant valait bien le prix de toute une vie, et même la guerre ne saurait enlever de mon esprit la joie que j'avais ressentie, grâce à la magie de Noël...