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Une radio, un pendentif et une tablette de chocolat. de TheMizuHanta



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» Auteur : TheMizuHanta - Voir le profil
» Créé le 30/11/2014 à 15:05
» Dernière mise à jour le 30/11/2014 à 15:05

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Chapitre 22 : Manipulations et investigations.
Route 207: 13h29

- Ne traîne pas trop, il ne nous reste plus beaucoup de chemin à faire.
"- Oui !"

Il était grand temps de quitter cette route, nos premiers pas étaient enfin terminés. Nous étions toujours sur le même chemin de terre, à contempler les feuilles voler au fil du vent. Le soleil était haut dans le ciel, et la douce chaleur faisait presque oublier le fait que l'on était en plein été. La verdure s'étendait à perte de vue, on commençait à se détacher de notre habitude de voir des immeubles de partout. Ça faisait presque du bien de sentir le souffle de la nature arriver jusqu'à nous. Je sentais qu'Anna appréciait vraiment cette sensation. Elle se permettait quelques fois de cueillir une fleur dès qu'elle la trouvait jolie. C'est vrai qu'elle ne pouvait pas en trouver à Unionpolis, un retour à la nature devait lui faire du bien. Elle prenait un malin plaisir à humer leur parfum, elle profitait de son odorat, ça me rassurait en quelques sortes.
Cela faisait déjà trois jours que nous avions quitté notre ville de départ, on était mercredi. Notre retard était dû au fait que pour échapper aux inspecteurs venus enquêter sur l'incident d'hier, nous nous étions enfoncés dans un milieu rempli d'arbres. On s'y est aventuré tellement loin qu'il nous a fallu le reste de la journée pour en sortir dans le bon sens. Il va vraiment falloir que je travaille mon sens de l'orientation. Ce matin, nous avions organisé deux combats, histoire qu'Anna garde les meilleures conditions possibles et que l'on puisse avoir un revenu régulier. Car un voyage initiatique prend en compte de nombreux paramètres. Il faut avoir la meilleure série de victoires d'affiliées, pour tout simplement éviter la défaite, sinon le moral de mon Pokémon risquait d'être touché. Il faut aussi gagner de l'argent, car les médicaments, la nourriture ou les auberges en cours de route risquent de coûter cher, et le Pokédollard domine dans ce monde. Les deux combats s'étaient terminés comme le premier, en victoire incontestable. Heureusement, nos adversaires n'étaient pas comme ce timbré, ils acceptèrent leur défaite avec un sourire et me félicitaient pour le combat. Au moins, tous les dresseurs ne sont pas comme ce "Devis", prêts à tuer leurs adversaire pour une victoire. Ce combat sans respect des règles m'a apprit à toujours rester sur mes gardes, même en pleine victoire, et j'imagine que mon Pokémon a lui aussi retenu la leçon. Nous étions partis sur un excellent départ, mais il le fallait bien, car notre prochain arrêt sera de taille.

Charbourg: 13h56

- Nous voilà dans la ville minière de Charbourg !
"- C'est un peu terne je trouve…"

Anna avait bien raison, cet endroit était ravagé par la pollution. De la fumée noire s'échappait des milliers de tuyaux qui étaient censés faire sortir le carbone proliférant dans les mines. Malgré sa production constante de matière première en qualité d'énergies fossiles, l'endroit était touché par la crise économique. Et les accidents sous terre se faisaient de plus en plus fréquents. Plus de la moitié de la population avait décidé de déménager dans une autre ville, pour sa santé autant que pour sa sécurité. Du coup, l'endroit était carrément vide, et la seule attraction qui apportait de futurs clients, c'était l'arène Pokémon. Elle était dirigée par Pierrick, responsable de la mine de Charbon et grand chercheur à temps perdus dans les sous sols de Sinnoh. Et ce dernier était connu pour être un adversaire facile à aborder, du fait que son type soit assez faible face à un grand nombre d'espèces. Il était donc souvent forcé d'affronter des débutants, malgré le potentiel qu'il avait en temps normal. Il avait gagné en notoriété lors d'une écrasante victoire avec son Pokémon de prédilection, un gigantesque Charkos d'une puissance incommensurable.
Malheureusement, c'était la seule carte qu'il avait en main, et les dresseurs confirmés proposaient aux débutants de s'attaquer à lui dès le début. Le règlement de la ligue de Sinnoh n'imposait pas un ordre prédéfini de champion à affronter, ils avaient donc le choix pour leur course aux badges. Il fallait donc que chaque dresseur d'arène possède plusieurs équipes, adaptées à tous les niveaux pour prévoir chaque duel. Sa créature antique ne participait donc jamais aux combats. Les seules sources de réconfort qu'il avait sous la main était son autre moyen de revenus, sa mine de charbon. Il pouvait trouver à certains moments, avec de la chance, un gros filon ou des pierres précieuses à vendre à un joaillier. Mais de plus en plus de miniers quittaient le travail, à cause des faibles revenus ou des effondrements qui se passaient aux sous sols. Donc les joies n'étaient souvent que de courte durée.
Je levais la tête, à la recherche d'un panneau d'indication afin de retrouver mon chemin. Apparemment, il n'y avait que des résidents dans cette ville fantôme, car il n'y avait aucun moyen pour un nouveau de connaître l'endroit. J'avais beau fouiner partout, pas moyen d'avoir ne serait ce qu'une flèche, ou le nom d'une rue. Je décidai donc de trouver une personne qui pourrait m'aider. Mon regard tomba sur une femme d'environ trente ans, avec de longs cheveux bruns et une grande corbeille de fruits à la main. Je m'empressais d'aller la saluer, expliqua mon cas puis m'apprêtais à demander des renseignements. Mais elle avait l'air pressée, elle me coupa dans ma requête :

- Pour le centre Pokémon, c'est au bout de cette rue en tournant ensuite à droite.
- Excusez moi madame, mais je ne veux pas aller au centre.
- A la mine ? Il paraît que c'est un bon endroit pour s'entraîner, ou encore l'arène, c'est à deux pas…
- Je voudrais aller à l'hôpital psychiatrique de Charbourg.
- Quoi ?

Elle s'était arrêtée quand je lui avais annoncé ma demande. De toute façon, c'était compréhensible, je devais être le premier étranger à lui demander une telle direction. Elle laissa passer un rictus méfiant et fit deux pas en arrière, je devais vraiment lui faire peur. Il fallait que je la rassure, pour que je puisse avoir mon information à tout prix :

- Je travaille pour une revue sur la science psychologique, et notre maison d'édition a besoin de chiffres pour réaliser ses statistiques.
- Vous êtes… Plutôt jeune pour vous intéresser à un tel domaine.
- Disons que c'est juste histoire d'avoir de l'expérience professionnelle. Faut bien construire son avenir quand on est jeune, n'est ce pas ?

Son visage se détendit quand j'avais commencé à parler d'avenir, elle devait sûrement être mère de famille. Elle hésita quelques instants puis soupira un bon coup. Elle me fixa quelques instants d'un air intrigué puis pointa du doigt la direction que je devais prendre. Elle me passa ensuite quelques informations pour me repérer et se retourna pour reprendre son chemin. Je me dirigeais donc, accompagné d'Anna, vers l'étape suivante de nos premières investigations.

Hôpital psychiatrique de Charbourg : 14h16

- Bonjour madame.
- Est ce pour un rendez vous ? Les visites pour les patients sont interdits.

Il ne nous avait fallu qu'une dizaine de minutes pour arriver à ce bâtiment tant attendu. Nous avions déjà réalisé la partie la plus simple de l'étape, mais les choses allaient se corser maintenant. J'avais à faire avec l'hôtesse d'accueil de cet hôpital remplit d'atteints au niveau mental. Ses cheveux blonds étaient devenus ternes à cause du temps et de l'air remplit de charbon de la ville. Ses yeux étaient soulignés par des larges cernes de fatigue probablement dues à de longues et répétées nuits blanches. Elle me fixait de ses yeux verts et ramollis, déjà épuisée de ma présence. Il ne fallait sûrement pas tourner autour du pot avec elle, et puis de toute façon, moi non plus je ne voulais pas traîner :

- Ce n'est ni pour une visite, ni pour un rendez vous.
- Ce n'est pas ici que vous aurez de la nourriture gratuite, allez à l'église pour ça.
- Je ne veux pas de la nourriture, mais plutôt des informations. Je suis ici pour le magazine… "Psycho Thérapie", et j'ai besoin de la liste des anciens patients de cet établissement, pour des statistiques.
- Vous êtes un peu jeune pour faire une telle demande… lança la femme d'un ton bien méfiant.

J'étais déjà dans une impasse, j'avais sortit un nom de magazine scientifique au hasard, peut-être qu'il n'existait même pas. Je n'avais pas le temps ni la possibilité de me rattraper ou encore de tourner les talons pour ressortir. Si je partais maintenant, j'aurais perdu toute crédibilité, et j'ai vraiment besoin de ce que détenait ce bâtiment. Je jetais un coup d'oeil instinctif sur tout ce qui trônait sur son bureau. Du gloss pour les lèvres, un clavier d'ordinateur, un téléphone fixe d'un plastique noir ainsi qu'un magazine. Sur ce dernier était écrit en lettres capitales "Thérapeutique, une façon de vivre", probablement le nom de la revue. La couverture était complétée par le portrait d'un homme âgé, avec pour légende "Abraham Genuvo, le pilier de la nouvelle thérapie ?". S'il avait son visage sur une couverture, c'est qu'il devait être reconnu dans le milieu, et surtout influant.
Je n'avais pas le temps d'être perdu dans mes pensées, il fallait vite trouver une solution. L'hôtesse d'accueil commençait déjà à perdre patience, sa main droite se dirigeait vers le téléphone fixe. Si je continuais comme ça, elle allait appeler la sécurité et je me ferais virer de l'établissement. Elle me lança alors en dernier avertissement :

- Si c'est une blague, vous pouvez partir maintenant, on n'a pas de temps à perdre avec les comiques.
- Ah bon ? Vous n'avez pas reçu son appel ?
- Pardon ?
- Excusez moi, mais je pense qu'un contact avec le grand Abraham Genuvo devrait être retenu, surtout pour une telle demande.
- De quoi ?!

C'est ce que mon esprit a réussit à trouver au bout de deux secondes d'intense réflexions ? Prétexter ma venue avec un mensonge ? Vu la tête complètement médusée de mon interlocutrice, ça avait l'air de vraiment marcher. Maintenant que j'avais trouvé une bonne excuse, je pouvais la transformer en un point de pression, c'est là dessus que tout va se jouer. Je sortis mon téléphone portable, en prenant un air surprit à mon tour.

- C'est étrange, il m'avait pourtant confirmé que vous étiez préparés à ma visite. C'est vrai qu'il n'a pas dit à quoi je ressemblais, mais réagir à ce point, je trouve que c'est un peu excessif.
- Je ne… Me souviens pas que quelqu'un de cette stature s'intéresse à notre si petit établissement… commença à balbutier l'hôtesse, si sûre d'elle il y a quelques instants.
- Et bien si vous voulez, je peux l'appeler pour qu'il vous le reconfirme.
- Vous avez son numéro ? !
- Bien évidement, je suis son second en quelque sorte, mais ne vous attendez pas à de la tendresse de sa part.
- Comment ça… ?
- Monsieur Genuvo est très occupé en ce moment, et même si je suis son acolyte, il est plutôt de mauvaise humeur quand on le dérange dans son travail. Si en plus il s'agit de répéter ce qu'il avait déjà dit… Je ne donne pas cher de votre endroit.
- Euh… Attendez !

Touché. J'avais déjà mon téléphone à clapet d'ouvert. Je prit un certain temps avant de lever la tête vers elle. Elle avait perdu toute notion du calme, on dirait bien que mon petit tour avait marché. Son visage commençait déjà à suer des perles froides et je voyais les battements de son coeur à travers sa jugulaire. Elle était sous une énorme pression, elle pouvait craquer à n'importe quel instant. Il fallait donc terminer :

- Si vous avez quelque chose à dire, c'est maintenant.
- Euh… Je ne sais plus… Si l'administration… M'a prévenue d'une telle visite…
- Mais il faut son accord pour que je puisse passer n'est ce pas? Je vais me faire enguirlander encore une fois… Mais je ne donne pas grand chose de votre peau quand je vais devoir vous donner le téléphone.
- Et si… Vous n'aviez pas à l'appeler ?

Coulé. Elle avait fini par baisser les yeux, simulant un triste sourire avec toute la peur qui la dévorait de l'intérieur. C'était une véritable confession, elle était prête à faire ce que j'allais lui demander. Maintenant qu'elle était enfin devenue un peu plus docile, on allait pouvoir arrêter les mensonges et les manipulations. Je refermais alors mon téléphone, avec un son de clapet qui devait résonner dans tout l'hôpital, avant de le remettre dans ma poche. Après avoir prit une profonde inspiration qui sentait le soulagement à plein nez, je lançais à mon interlocutrice d'un ton plus enjoué et rassurant :

- Vraiment ? Vous savez, ça m'arrange carrément ! Vu qu'il est toujours à me dire que je ne me fais jamais respecter, mais c'est pas facile vu mon âge…
- Ah bon…?
- On a beau travailler dur… Mais seul l'âge importe apparemment… Vous m'avez donné une belle leçon en tout cas, merci d'avance !
- Je… Suis heureuse d'aider l'apprenti d'un si grand homme…
- Donc ! Si c'était possible d'avoir accès aux archives ? Je ne dérange pas trop ?
- Oh non ! Ne vous en faites pas ! Vous ne gênez personne… Si vous voulez bien me suivre. Par contre, il va falloir rappeler votre Pokémon dans sa capsule, simple précaution d'hygiène.

Mince, j'avais carrément oublié Anna après tout ce remue ménage. Et je crois que je ne lui ai pas adressé un regard depuis que l'on était arrivé à Charbourg. Je venais de comprendre ma gaffe après le regard colérique qu'elle m'adressait. Mais c'était la première fois qu'elle se comportait ainsi, elle ne s'était jamais emportée de cette façon, même quand je la laissais seule pour aller réviser tout l'après midi. Elle finit par détourner la tête, était ce un geste exprimant une honte ? Un dégoût ? Pourquoi ce comportement ?
Je me retournais vers la l'hôtesse, en me courbant légèrement, et en lui annonçant :

- Je suis désolé, mais elle ne peut pas rentrer dans sa Pokéball, elle est mon assistante et j'en ai besoin pour le travail qui nous attend.
- Je vois… On fera une exception pour cette fois.

Elle se dirigea vers un long couloir, dans lequel il n'y avait ni personne ni quoi que ce soit. Je me mis à la suivre, accompagné d'Anna, qui ne voulait même plus m'adresser un regard. Nous étions en direction de la salle d'archives tant désirée pour obtenir nos premières pistes.

Archives de l'hôpital psychiatrique : 14h25

- Avez vous besoin de quoi que ce soit ?
- Non, ce sera tout, merci beaucoup pour votre aide !
- Tout le plaisir est pour moi, bonnes recherches.

L'hôtesse ferma doucement la porte qui nous menait à l'extérieur d'une pièce qui sentait le renfermé à plein nez. Il n'y avait qu'un petit carreau inamovible tout en haut d'un mur pour laisser passer une minuscule raie de lumière. Il y avait au plafond une petite ampoule qui se balançait de droite à gauche, se contentant de produire une lumière extrêmement faible et en clignotant, comme si ce n'était pas assez désagréable. Cette faible source de lumière présentait une rangée d'étagères toutes pleines à craquer de dossiers et de chemises remplies de papiers en tous genres. La seule qualité que l'on pouvait observer, c'est que c'était bien rangé, vu qu'apparemment, toute la poussière indiquait que personne ne venait jamais ici.
Je faisais un petit tour des lieux, histoire d'avoir une première idée des recherches à faire. Chaque meuble de rangement représentait une année, et les dossiers représentant chaque patient étaient classés par ordre alphabétique. Il y avait en premier lieu un livre qui faisait office de registre, et faisait la liste mois par mois de chaque résident dans cet établissement. Il fallait donc commencer par là pour pouvoir trouver la personne que je cherchais. Je pris une inspiration pour me motiver et me mis à réfléchir un instant.
Il y a plus de dix ans, lors ce que j'ai rencontré pour la première fois ce pourris, nous étions en 1996, et il avait un visage ainsi qu'un carrure approchant la trentaine. D'après les informations de Cynthia lors du premier jour de notre voyage, il a été envoyé dans cet endroit à ses huit ans. il fallait donc commencer dans les classeurs qui englobent la période entre 1970 et 1980,en espérant que mes souvenirs étaient bons. Je pris donc le registre de toutes les années qui étaient concernées et en donna une moitié à Anna, je lui donnais les quelques critères à prendre en compte :

- Dès que tu vois une personne qui a pour prénom "Baptiste", tu me fais signe, c'est lui qu'on cherche.
- …
- D'accord ?

Qu'est ce qu'elle avait à me regarder comme ça ? On aurait dit que je venais de lui arracher le coeur, pourquoi est ce qu'elle n'avait pas perdu sa mine renfrognée qu'elle avait depuis notre confrontation avec l'hôtesse d'accueil ? Elle finit par m'arracher les dossier que je voulais lui donner sans dire quoi que ce soit et se posa dans le coin le plus loin de moi. Je devais avoir fait quelque chose de vraiment mal pour qu'elle soit aussi distante avec moi. Je me sentais délaissé, comme si elle m'avait abandonné.
Peut être que c'était pour autre chose, ou qu'elle était de mauvaise humeur juste pour le moment. J'espérais que c'était cette raison qui était la bonne, je ne voulais pas ressentir une aura remplie de dégoût venant d'Anna, j'avais mal pour elle.

Archives de l'hôpital psychiatrique : 15h57

- Mais où est ce qu'il est ? ! Bordel !

Est ce que c'était une blague ? Je n'avais pas trouvé son nom, il n'était dans aucun registre. En pensant que j'avais mal évalué son âge, j'avais regardé dans toutes les autres périodes en espérant trouver ce pourri. C'est impossible que la personne que je cherche ne s'appelle pas Baptiste, mon père ne pouvait pas se tromper à un moment pareil. J'ai aussi regardé dans tous les classeurs de chaque patients, il n'y en avait aucun qui a porté ce nom, comme dans les registres. Je laissais à Anna la recherche dans les listes pendant que je scrutait les observations de chaque cas à la loupe. Mais au bout de trois années et cinquante dossiers parlant à chaque fois de trucs inintéressant, ça commençait à faire beaucoup. Je commençais à m'énerver petit à petit, il fallait que j'arrête un petit moment, sinon j'allais péter un plomb. Je me dirigeais vers la fenêtre, pour pouvoir regarder avec pitié le carré de nuage gris que pouvait offrir ce ridicule carré de vitre complètement salit par la vapeur de charbon. Je me demandais comment est ce que je pouvais trouver une trace de ce mec. Le fait qu'il se soit évaporé des archives n'est pas dû au hasard, quelqu'un l'a effacé de cet endroit. Cela veut il donc dire que cette piste s'annonce stérile ? Qu'il sera impossible de le trouver de cette manière ? Il faut que je trouve un autre terrain sur lequel je peux le chasser. C'est là qu'il va falloir faire marcher mes méninges, car on n'allait pas pouvoir rester ici autant que l'on…

"- Rode ?"

Sans même réfléchir une seconde, je tournais la tête vers le son que je venais de percevoir. J'avais vu juste, c'était bien Anna qui m'a parlé. Elle avait quitté son coin de solitude, en laissant là bas les dizaines de papiers qu'elle devait lire. Elle me fixait toujours avec un regard plein de colère, mais qu'est ce qu'elle pouvait bien avoir? Je ne lui ai rien fait, son comportement est injustifié.

"- Injustifié ? me demanda t-elle en citant mes pensées, tu ne te souviens même pas de ce que tu as fait il y a une heure et demi ?"
- Il y a une heure et demi… murmurais je en regardant ma montre, on venait d'arriver dans cet hôpital psychiatrique. Est ce que j'ai bon ?
"- Oui, c'est vrai."
- Est ce que je t'ai causé des problèmes à ce moment là ?
- Oui.

Cette fois, elle était vraiment sérieuse, elle ne m'avait même pas répondu par la pensée, elle avait utilisé sa voix pour m'exprimer son mécontentement. Sa réponse me faisait mal, car c'est en entendant sa voix enrouée que je commençais à ressentir le fait qu'elle utilisait de moins en moins ses cordes vocales. Elle ne peut pas s'entendre parler en étant sourde, mais si ça continue ainsi, elle finira par ne plus parler du tout. Donc c'était à ce moment là qu'elle a commencé à éprouver une profonde colère envers moi ? Nous étions arrivés dans cet établissement pour les fous, j'ai demandé directement les dossiers que nous tenons actuellement entre nos mains. Elle allait appeler la sécurité, et le seul moyen que j'ai trouvé pour éviter de finir ainsi, c'était avec un mensonge.

"- Donc tu t'en souviens…"
- Anna, j'en ai marre que tu tournes autour du pot comme ça. Dis moi directement ce qu'il ne va pas, comme ça on pourra avancer et je pourrais…
"- Elle avait peur."
- De quoi ?
"- Elle était terrifiée par ce que tu lui avais dit, elle aimait par dessus tout cet endroit, et tu l'as menacé de le détruire si elle ne faisait pas ce que tu lui demandais."
- Je n'avais pas le choix ! Sinon on allait se faire jeter d'ici !
"- Et tu as fait tout ça avec un mensonge !"

Ses derniers mots étaient teintés d'une grande colère, et c'était sûrement la source de tout son mécontentement. Mais cette fois, je n'était plus vraiment attristé de la situation, je savais maintenant pourquoi elle était dans un tel état. Elle avait sûrement raison, mais il fallait au moins que je m'explique. Je me mis instinctivement à croiser mes bras et lui lançais:

- Est ce que tu avais une autre solution ? Si tu étais à ma place, tu aurais fait quoi ?
"- Je… Je ne sais pas…"
- C'est facile de critiquer, mais j'ai été prit à court, j'ai trouvé le seul moyen qui était disponible.
"- Il y avait forcément un moyen ! Tu n'étais pas obligé de lui faire autant de mal, je ne te reconnaissais même plus !"
- Pardon ?
"- Quand tu l'as menacé, tu avais un grand sourire sur les lèvres… Tu jouais avec elle !"
- Fallait que je sois un minimum crédible…
"- Jusqu'à en éprouver de la joie, de l'amusement ?"

Est ce qu'elle était sérieuse ? Je ne me souvenais pas avoir ressentit une telle émotion quand j'avais menacé cette femme. Je ne la connaissais même pas, je ne pouvais pas éprouver du plaisir à la manipuler ! Mais depuis combien de temps est ce que je parle ainsi ? Avec des pressions et des mensonges ? Je commençais à comprendre petit à petit ce que je venais d'avoir fait. Comment est ce que je n'ai pas réussit à sentir mes propres émotions? Est ce que mes absences qui effraient Anna ont elles un rapport avec ce comportement? Je comprenais de moins en moins tout ce qu'il m'arrivait. Et pendant que j'étais perdu dans mes pensées, mon Pokémon m'en extirpa avec une question qui résonna dans ma tête :

"- Rode… Est ce que tu peux me faire une promesse ?"
- De quoi ?
"- Est ce que tu peux jurer que tu ne fera plus jamais ainsi? Je ne veux pas que tu fasses du mal à des innocents… Peux tu utiliser de bons procédés pour avoir ce que tu veux ?"
- Je ne peux pas te promettre quelque chose comme ça… Je ne veux pas briser une promesse impossible à réaliser.
"- Je vois…"

Elle avait tourné la tête, d'un air attristé. J'avais parfaitement compris qu'elle voulait m'aider, mais je ne pouvais pas accepter un tel pacte. J'avais fini par comprendre qu'en quelque sorte, tout ceci ne dépendait pas de ma volonté. Je ne savais pas pourquoi, mais quelque chose m'empêchait de prendre possession de mon esprit. Je ne savais ni quand ni comment est ce que je pouvais perdre le contrôle de moi même. Elle avait l'air de se sentir vraiment mal, et c'était à cause de moi qu'elle souffrait, encore une fois. Il fallait que je me rattrape, je ne pouvais pas la laisser ainsi. Une idée sortit de mon esprit, et je pense que c'était la meilleure que je pouvais trouver. Je pris alors une inspiration et lui proposa calmement :

- Mais je te promet que je préparerais toujours un plan qui te conviendra avant que l'on fasse quoi que ce soit d'important. Quelque chose que je ne pourrais faire seulement si j'obtiens ton accord, ça te va ?
- … D'accord.

Elle avait prononcé ces derniers mots avec un petit sourire timide. Elle avait l'air quelque peu rassurée, et je sentais un poids dans son coeur s'envoler, et dans le mien aussi. Je m'approchais doucement d'elle, elle gardait son regard rivé vers le sol. Je la pris dans mes bras, sans faire de geste brusque. Sans dire un mot, je lui faisais comprendre par la pensée que je voulais m'excuser de m'être comporté ainsi. Elle se mit à me serrer tout doucement contre elle, elle commençait à renifler bruyamment. Je restais ainsi silencieux, à la laisser évacuer ses larmes, pour qu'elles ne reviennent plus jamais la hanter.

Archives de l'hôpital psychiatrique : 17h24

- Je crois… Que c'est bon.
"- J'ai mal à la tête…"
- Oui, mais on part enfin avec quelque chose !

Cela faisait maintenant plus de trois heures que nous cherchions à tout prix la moindre chose qui pouvait nous être utile. Il ne me restait plus qu'une solution, lire intégralement le dossier de chaque patient pour vérifier si ils avaient eu un contact avec cet homme. Après de longues séances de lectures intensives, Anna et moi avions trouvé trois profils qui correspondaient à nos recherches.
La première personne était dans le temps une petite fille de dix ans, nommée Isabelle Bensmittel. Baptiste avait l'habitude de lui donner ses repas, en échange de services qui étaient inconnus des médecins qui la prenaient en charge. Il avait l'habitude de l'appeler Gluttony, qui signifie "gourmandise" en anglais. Elle était ici car elle souffrait d'une sacrée boulimie, due à un manque d'affection suite à la perte de ses deux parents dans un accident de voiture. Elle avait un visage légèrement rond, avec des cheveux à la teinte rouge qui s'ajoutait à sa couleur brune. Des yeux noisettes se cachaient derrière ses grosses lunettes rondes aux branches très fines.
Le second patient qui était en contact régulier avec lui était un jeune garçon du même âge. Il a vécu depuis sa naissance dans les rues de Voilaroc, une ville réputée pour son haut taux de criminalité. Il appartenait déjà à un gang et possédait aussi une dépendance à l'alcool et la drogue. Il était capable d'imiter n'importe qui ou n'importe quoi, que ce soit une expression ou même une personne. Il utilisait ses capacités pour soutirer de l'argent ou n'importe quoi d'autre à des touristes ou des dresseurs ne connaissant pas les alentours. Il avait des compétences de pickpocket et de camouflage, il fallait quelques fois des heures pour que la sécurité puisse le trouver avec les clés des chambres. Il a ensuite été envoyé à Frimapic, dans un travail qui n'est pas mentionné dans les rapports. Il était aussi maigre notre assassin, mais il portait des cheveux déjà blancs et bouclés, avec des yeux gris aussi froids que l'acier. La dernière information qui me restait de lui était son nom, Niels Laedron.
Le dernier cas qui était intéressant à mes yeux se nommait Hershel Svolac. Il avait déjà de nombreux cas de vols et de violence, et comme il ne pouvait pas être envoyé en prison à cause de son âge, il fut placé dans cet établissement. Il organisait des combats à l'intérieur de l'enceinte avec les patients, et avait un malin plaisir à défier Baptiste. Ils avaient tout de même noué ensemble une certaine complicité. Ce patient souffrait de pulsions violentes et imprévisibles, ainsi que d'une certaine capacité à influencer les gens. Il a ensuite été affecté à une division de l'armée de terre grâce à ses compétences au combat. Mais un beau jour, son lit était vide lorsque le clairon avait sonné, il n'est resté que pendant deux semaines. La seule photo de lui montrait une chevelure platinée rasée de près contrastant avec sa peau foncée, probablement d'un autre pays. Il avait aussi des épaules larges et une carrure athlétique, il devait être très résistant physiquement.
Malgré tout ça, il restait encore une dernière personne qui s'ajoutait dans notre liste. Car tous ces rapports très détaillés étaient rédigés par une seule et même personne. Elle s'appelait Aurélia Blake et faisait partie des piliers de l'établissement, si ce n'est pas au niveau de la renommée du pays tout entier. Elle arrivait toujours à dénouer les cas les plus difficiles, elle savait mater les patients qui faisaient preuve de violence spontanée. J'imagine qu'en plus de ces trois là, elle a sûrement prit le cas de ce tueur en série. Ces trois là n'étaient peut être que des sources d'information pour elle, mais en tout cas, elle est elle aussi sur ma liste. Le problème, c'est qu'elle a prit sa retraite, car en regardant ses dossiers, elle est actuellement agée de 78 ans. Personne ne sait où est ce qu'elle est partie, ou bien ce qu'elle fait, il faudra donc que je la retrouve par moi même.

"- Est ce que… C'est fini ?"
- Oui Anna, on a tout ce qu'il nous faut.
"- J'ai vraiment mal à la tête…"
- Je suis désolé… Je vais te trouver quelque chose pour ça.

C'est vrai qu'elle avait l'air d'être mal en point, et moi aussi je crois. A force de lire pendant des heures avec une lumière extrêmement faible, ça finit par abîmer les yeux. Et puis l'odeur de renfermé n'aidait pas vraiment à notre confort, heureusement que nous n'aurions plus à retourner ici. Une fois que j'avais donné deux pastilles d'ibuprofène à mon Pokémon, je pris une photo de chaque patient que nous auront à retrouver. J'avais déjà noté tout le reste dans mon carnet, je n'avais pas besoin de m'encombrer de plus de papiers. Il était maintenant grand temps de sortir de cet endroit, nous n'avions plus rien à faire ici. Une fois que nous étions dans le couloir, je refermais la porte avec la clé que m'avait emprunté l'employée, puis nous nous mirent en route pour la salle d'entrée.

Hôpital psychiatrique de Charbourg : 17h37

- Alors, avez vous obtenu ce que vous désiriez ?
- Évidement ! Même beaucoup plus que ce que je n'attendais !
- Tant mieux, votre article n'en sera que meilleur.

Nous étions retournés à l'accueil, maintenant que nous avions tout ce qui nous intéressait, il ne nous restait plus qu'à tirer notre révérence. Je remerciais plusieurs fois l'employée puis ajoutais :

-Vous m'avez tiré d'un sacré pétrin, j'allais vraiment pas m'en sortir si je ne ramenais pas ces données.
- Mais voyons, c'était la moindre des choses d'aider le disciple du grand Genuvo.
- D'ailleurs, je voulais m'excuser pour tout ce que je vous avais dit… Je n'ai compris qu'après coup de l'impact de mes mots, je m'en veux énormément…
- Ne vous en faites pas, c'est oublié.
- Je vous remercie profondément. Si vous voulez, je peux parler de vous à mon mentor.
- Vous êtes sérieux ? !
- Bien évidement ! Une personne d'une telle bienveillance a le droit à une renommée. Est ce que vous avez fait des études de psychologie ?
- Et bien… Pas assez pour avoir des patients…
- Vous devriez avoir de l'expérience professionnelle… Je vous conseille de lire deux ou trois livres, vous rattrapez rapidement le retard. Avec un peu de chance et beaucoup de travail, une nouvelle carrière peut s'offrir à vous !
- Vous avez peut être raison…
- Sur ce, je dois vous laisser, on a encore de la route à faire. Merci encore pour votre aide !

Je me mis en route vers la porte en verre qui menait à la sortie. Sentir un peu d'air frais ne me fera que du bien, et j'en avais sacrément besoin. L'hôtesse me fit un discret signe d'au revoir avant que je ne me retourne définitivement vers les rues de Charbourg.
Ce fut après avoir ouvert en grand la porte et en inspirant un grand coup que je fus rapidement ramené à la réalité. J'avais totalement oublié que l'air était rempli jusqu'à saturation de carbone, je ne pouvais m'empêcher de tousser. Ce fut après quelques secondes de respiration un peu plus modérée que je pouvais voir Anna à mes cotés, en train de rigoler discrètement. La revoir joyeuse me faisait plaisir, même s'il fallait se ruiner la santé pour en arriver ainsi. Elle finit par éternuer subitement, je ne pouvais m'empêcher de lui faire la remarque. Nous nous mirent alors à rire ensemble, et sans comprendre pourquoi, je me sentais plus léger, plus libre. Peut être que cela a un rapport avec le fait de voir ma partenaire pleine de vie, après qu'elle ait passé un moment plutôt sombre. C'était un véritable lever de soleil qui mettait fin à une nuit douloureuse.
D'ailleurs, le soleil commençait lentement mais sûrement à se rapprocher de l'horizon. Il va falloir penser à chercher un endroit pour dormir, que ce soit un hôtel ou même un endroit pour planter la tente.
Mais avant, il nous restait encore une toute dernière chose à faire. Je jetais un coup d'oeil à ma montre, il était six heures moins le quart. Il nous restait tout juste assez de temps avant que ça ne ferme. Je demandais à Anna d'aller un peu plus vite, et quand elle m'a demandé pourquoi, je lui ai tout simplement répondu :

- Il faut arriver avant dix huit heures, sinon les bureaux d'inscription vont fermer.
"- Et tu vas t'inscrire à quoi ?"
- On va organiser notre premier combat en arène ! On affrontera demain Pierrick !
"- Ah… J'avais oublié…" lâcha t-elle en regardant loin devant elle d'un regard vide. Un peu d'appréhension se laissait entendre dans sa voix.
- Anna ?
"- Oui ?"
- Je compte sur toi.

Elle tourna la tête directement vers moi dès que j'avais prononcé ces mots. Un peu de surprise se laissait lire sur son visage. Je m'étais arrêté et j'avais mon poing droit tendu vers elle, je n'attendais qu'une chose d'elle. Elle me fixa pendant un long moment, puis prit une longue inspiration en fermant ses yeux. Une fois qu'elle avait les avait rouvert, je sentais de la détermination dans ses prunelles pourpres. Elle posa son poing droit sur le mien, tout doucement mais avec une force que je ne pouvais ignorer. C'est après quelques secondes d'un long silence qu'elle lança, après un sourire encouragé :

"- Je combattrais, et je gagnerais, car je sais que tu crois en moi."

Arène de Charbourg : 17h56

- Bonjour, ce serait pour une inscription.
- Et bien ! Dans le genre à jouer la montre, vous aimez attendre le dernier moment !
- Désolé… On a eu pas mal de choses à faire avant d'arriver ici… C'est encore possible de s'inscrire pour demain ? Je suis dans la catégorie étudiante.
- Pas de problèmes mon grand ! Laisse moi juste quelques secondes pour voir…

Nous étions arrivés dans les derniers délai, il fallait bien évidement que je perde mon chemin dans un moment ou la moindre seconde perdue était préjudiciable. Nous avions à peine pénétré dans le hall d'accueil qu'un petit guichet accompagné d'un panneau "Inscription" se trouvait un homme à notre droite. Il était plutôt maigrichon, avec des cheveux noirs et courts. Il portait une chemise blanche ouverte vers le haut, probablement à cause de la chaleur. Il avait un visage du genre enjoué, qui ne perdait jamais une seconde à ne pas sourire. Il s'était mit de suite dans la recherche d'un créneau disponible, même s'il était prêt à fermer son stand pour la journée. Une fois qu'il avait ouvert le registre dans la bonne page, il lui suffit d'un coup d'oeil pour trouver ce que je cherchais. Et vu sa tête, ça n'allait pas me plaire. Il laissa échapper un lourd soupir et me lâcha :

- Désolé mon gars… T'es arrivé un peu tard, il n'y a plus que les restes…
- Les restes ? De quoi vous parlez ?
- Il n'y a plus que la place du premier combat, en début d'après midi. marmonna l'employé d'un ton maussade.
- A vous entendre, c'est pas bon…
- Évidement… Vu que si vous voulez le vaincre, c'est la pire place possible. Ses Pokémon seront en pleine forme et vous n'aurez pas la possibilité de l'analyser. Vous ne servirez en quelque sortes que d'appât pour les suivants.
- Ah… Je ne savais pas.
- Donc vous voulez passer après demain ? Il y a encore quelques places de disponible. me proposa t-il en montrant les différentes places possibles.
- Allons y pour demain.
- De quoi ?
- J'ai juste besoin de le battre, et si je connais ses Pokémon et qu'il ne connaît pas les miens, ce n'est pas un combat équitable. Et puis… Je sais que j'aurais beau commencer en premier, ce ne sera pas son équipe bridée que j'aurais à affronter.
- De quoi est ce que vous parlez ?
- Vous verrez bien demain…
- Bon… Alors donnez moi juste votre carte dresseur, j'en ai besoin pour l'inscription.
- Merci beaucoup !

C'est après m'avoir regardé pendant un court instant qu'il me tendit sa main droite, la paume vers le plafond. Je lui donnais rapidement ce qu'il me demandait, histoire que l'on ne perde pas plus de temps. Il sortit un stylo de son petit pot et commença à remplir la case du premier créneau de demain. Il jeta de rapides coups d'oeil à ma carte d'identité et il se mit ensuite à remplir un formulaire. Une fois qu'il avait remplit les champs qui lui étaient destinés, il retourna la feuille et me la tendit avec un stylo. Il me demanda une signature ainsi que la composition de mon équipe. Je m'exécutais rapidement, puis lui rendis son papier. Il l'écrasa d'un coup de tampon puis me redonna encore une fois cette feuille en me disant :

- Votre combat contre Pierrick se déroulera sur la scène principale. Il aura lieu à 14h, venez avant pour vous préparer convenablement. Vous avez déjà les règles de combat en tête ?
- Oui, pas besoin de me rappeler.
- Bien… Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter bonne chance… Que le succès accompagne vos pas.
- Merci beaucoup, au revoir.

Il était grand temps de partir. Je mis le papier que l'employé venait de me donner dans mon sac avant de le remettre sur mon dos. Je me dirigeais une nouvelle fois vers l'extérieur, en pensant bien évidement à ne pas inspirer à fond. Je ne savais pas encore où est ce que nous allions dormir. J'avais pas mal d'argent mis de côté, donc aller à l'hôtel serait une bonne idée. Mais je ne peux pas savoir à l'avance s'ils seront au complet. Il y a aussi le centre Pokémon, je sais que je suis prioritaire en tant que dresseur étudiant. Mais le problème, c'est que les lits ne sont très souvent pas bon du tout, et je ne sais pas si Anna aura le droit à un endroit pour dormir. Je n'avais pas non plus envie de dormir dehors, pas dans une ville aussi polluée. Il fallait que je demande à mon Pokémon son avis, en même temps, elle faisait partie des principaux intéressés. Je lui demandais alors tout simplement :

- Anna, est ce que tu as une idée d'où est ce que l'on…

Je n'ai jamais terminé ma phrase, j'étais coupé par une étrange sensation. Ma partenaire regardait droit devant elle, sans faire attention à quoi que ce soit autour d'elle. Elle avait un visage concentré, qui tournait presque à la colère. Je sentais ses poings se serrer dans une force insoutenable. Mais ce qui m'avait stopé, c'était son aura. Elle débordait de détermination, elle était déjà en plein dans le combat qu'elle mènera demain. Elle connaissait déjà les enjeux de ce match, la défaite était pour elle interdite.
J'en avais presque le souffle coupé, et j'avais un peu mal pour elle qui devait subir seule une telle pression. Puis je me mis à comprendre que moi aussi j'allais être mis à l'épreuve. Ce sera moi qui donnerais les directives, ce sera à moi de faire en sorte qu'elle puisse gagner. Nous devrons être trous les deux une seule et même personne. Je vais devoir faire de mon mieux et même plus pour lui offrir la victoire, car elle est un Pokémon et je suis son dresseur.