Au-delà des apparences. de Nilah

Au sud-est d'Hoenn, les décennies défilaient et se ressemblaient pour Regirock. La solitude était son quotidien. Il habitait au sud d'une petite île dénuée de toute civilisation où seuls des pokémon vivaient. Tapit au fond de sa grotte, il essayait de se remettre de ses derniers combats menés contre des hommes venus dans le but de le capturer. L'entrée de la grotte faisait face à la mer et à sa plage de sable fin. C'était la seule chose qu'il voyait du fond de son antre. Il sortait rarement se promener car il avait bien trop peur de ce que les humains étaient capables de lui faire s'il y en avait.

Durant une nuit particulièrement étoilée, la pleine lune éclaira la plage pour permettre à Regirock de sortir. Il aimait s'asseoir au bord de l'eau et la sentir se briser contre lui. Il n'avait pas d'amis, les autres avaient bien trop peur de lui. Il n'était pourtant pas bien grand, de la taille d'un homme moyen, mais le golem était tout de même rejeté, et cela depuis des milliers d'années. Son corps massif impressionnait aussi bien les êtres humains que les pokémon, la peur étant ce qui l'avait isolé du monde. Le fameux légendaire profita de ce moment de plénitude que lui offrait cette nuit tombée. Il pouvait rester sur la plage durant des heures pour savourer ces instants où il se sentait libre et cette nuit-là, il y resta jusqu'à l'aube, malgré ses blessures encore toutes fraîches. Il admira l'aube se lever au loin dans l'horizon quand soudain, un bruit étrange le mit sur ses gardes. Il s'approcha d'un amas d'algues qui s'était formé au bord de la plage plus au loin et, caché derrière un petit massif rocheux, un genre de petits toussotements étouffés se dégageait. Avec précaution, Regirock dégagea les algues en les frôlant de ses deux bras et y découvrit une petite fille allongée sur le côté. Le golem ne savait plus quoi faire. Fallait-il la laisser là ou la sauver ? Il s'assit près d'elle en attendant qu'une idée lui vienne. Regirock la retourna lentement pour la mettre sur le dos afin d'éviter qu'elle n'ait le visage dans ce mélange d'eau et de sable. Il fallait se dépêcher, le jour arrivait à grand pas, la panique commença à envahir ce pokémon pourtant d'aspect trapu et confiant. Il ne pouvait se résoudre de l'abandonner là à son sort, alors doucement, il la fit rouler sur l'amas d'algues en faisant bien attention qu'elle termine sur le dos, et de ses deux grandes massues qui lui servaient de bras, il essaya d'agripper le bout de ce brancard improvisé en refermant ses bras comme une pince, mais ils étaient bien trop gros pour la fine couche d'algues qu'il y avait. Regirock n'abandonna pas pour autant, il réessaya encore et encore, la fillette quant à elle, était toujours inconsciente. Il fallait faire au plus vite, le soleil était presque bien haut dans le ciel.

Pendant ce temps, caché derrière un rocher plus en amont de la plage, un Ecrapince regardait avec stupéfaction le spectacle qui s'offrait à lui. Il avait plutôt l'habitude de fuir les lieux lorsque Regirock était de sortie, mais cette fois-ci, c'était différent. Il le voyait bien, celui dont tout le monde avait peur, essayait d'aider une petite humaine. Ecrapince regarda tout autour de lui, mais il n'y avait pas une âme qui vive à part la sienne. Il n'y avait là que des pokémon apeurés et cachés dans la forêt, Regirock, cette petite fille inconsciente et lui. Ecrapince décida finalement de prendre son courage entre ses deux pinces et se dirigea vers le légendaire et la fillette. Il était là, assit à côté de ce malheureux lit d'algue ne sachant plus comment faire pour le tirer. Le pokémon crabe fit le tour du golem pour se retrouver face à lui et il remarqua que même assit, Regirock était toujours plus gigantesque que lui. Après s'être longtemps dévisagés, une discussion s'entama entre les deux pokémon pour enfin se mettre d'accord ; Ecrapince allait les aider. De ces deux pinces, il attrapa le bout des algues et tira de toutes ses forces pendant que Regirock lui montrait le chemin. La grotte était idéalement située, à l'entrée de la plage face à la mer, à la sortie de la forêt. Sa grotte n'était autre qu'un trou qu'il avait fait dans ce qu'il pensait être une falaise. Vu de la mer, la falaise n'était pas si grande que cela, elle ressemblait plus à une colline où les limites entre forêt et plage s'entremêlaient plus loin. Pour Regirock, c'était suffisant. Il avait un endroit où dormir et se protéger ; plus grand que lui en hauteur et en largeur avec vu sur la plage et la mer, c'était un endroit parfait pour lui.
Les deux pokémon s'enfoncèrent jusqu'au fond de la grotte. Ecrapince remarqua très vite qu'il faisait bien trop sombre et froid pour que la petite humaine y survive. Il fallait faire autrement mais le golem refusait de sortir. Dépité, Regirock s'assit contre un mur pendant que le petit crabe se retourna les méninges. Celui-ci n'avait pas d'autre choix que d'aller chercher de l'aide auprès des autres pokémon. Ecrapince souleva la fillette tandis que Regirock tendit son bras et prit l'enfant avec lui afin d'éviter de la laisser sur les algues trempées. Ecrapince se précipita vers la forêt en lançant un cri d'alerte pour y trouver de l'aide.
Une fois à l'entrée du bois, il fut surprit de voir le rassemblement de pokémon après son appel. Il était rempli d'espoir et expliqua rapidement la situation de la petite fille, de la grotte trop noire et froide… Les pokémon se sentirent tous concernés mais ils avaient bien trop peur de Regirock. Ils avaient tous vu ce qu'il était capable lorsqu'il se battait face aux humains. La colère ainsi que la force qu'il déployait durant ses combats étaient dans toutes les mémoires, pourtant le petit crabe n'abandonna pas, il continua ses explications, il voulait leur faire comprendre que l'image du Golem n'était pas ce qu'elle était. Mais malheureusement, aucun pokémon ne l'écoutait et ils se retournèrent vers la forêt, désolés de ne pouvoir l'aider. Ils se disaient qu'après tout, si les hommes l'avaient isolé, c'était qu'il devait y avoir une raison, on n'éloigne pas un pokémon pour rien… Le petit crabe était prêt à baisser les pinces lorsqu'un Salamèche se montra. Il reprit confiance car il savait qu'avec un pokémon feu avec lui, la petite fille serait sauvée. Ecrapince continua d'argumenter pour ne pas laisser s'échapper le seul espoir qu'il avait. Salamèche était apeuré, il connaissait les histoires et les préjugés que les autres pokémon avaient, pourtant, en voyant l'Ecrapince, qui ne devait pas être plus grand que lui, se démener pour le golem, il se décida de l'aider. Il savait qu'il pouvait lui être utile. Ecrapince le remercia brièvement car le temps manquait. Les deux compères ramassèrent brindilles, bouts de bois, feuilles, branches, tout ce qui pourrait servir à construire un lit et allumer un feu car ils le savaient, la flamme au bout de la queue de Salamèche ne suffirait pas.
Ayant ramassés ce qu'ils ont pu, ils se dirigèrent vers la grotte. Sur le chemin, Ecrapince expliqua à Salamèche qu'il ne fallait pas être impressionné par Regirock, de tous les pokémon, celui-ci devait être le plus apeuré car le golem était seul contrairement aux autres et ne pouvait compté que sur lui-même. Les deux compères arrivèrent enfin, Salamèche n'hésita pas à suivre Ecrapince qui s'engouffra de plus en plus dans l'obscurité. Il le suivit tant bien que mal jusqu'à s'arrêter à la hauteur du petit crabe. La flamme de sa queue n'était pas assez forte pour éclairer toute la grotte, mais lorsque qu'il leva la tête, il réussit à distinguer une silhouette, certes rocailleuse, mais qui se démarquait des parois. Il le vit là, assit contre un mur, celui qui était tant craint aussi bien par les hommes que par les pokémon. Il était sagement assis attendant que son nouvel ami revienne l'aider avec la fillette allongée sur son bras. A la vue de ce tableau, il était impossible d'avoir peur du golem. Salamèche reprit ses esprits afin de s'atteler au feu de camp pendant qu'Ecrapince assemblait brindilles, mousses et feuilles en espérant qu'il sera assez confortable pour la petite.
Les tâches faites, Regirock tendit la petite fille que Salamèche et Ecrapince soulevèrent lentement et doucement pour la déposer sur son matelas improvisé près de l'âtre. Les trois pokémon attendirent ensemble le moment de son réveil. Salamèche, qui était le seul des trois à avoir des doigts au bout de ses mains, toucha de temps à autre le front de la petite, rassuré de voir qu'elle était hors de danger. Le rocher vivant n'avait pas l'habitude de recevoir du monde et trois d'un seul coup était beaucoup pour lui, cependant, il était étrangement serein. Il remercia les deux petits pokémon de leur précieuse aide car sans eux, il n'aurait sans doute rien pu faire pour la fillette. Les deux compères étaient fiers d'eux lorsque soudain, le ventre d'Ecrapince se mit à grogner. Avec tout ce qui se passait, ils avaient oublié de manger et voilà qu'un autre problème se posa ; que mange une petite fille ? Il fallait de la nourriture car lorsqu'elle se réveillerait, elle aurait sûrement faim… Ils réfléchissaient tous les trois et se mirent d'accord ; il fallait cueillir les fruits qui se trouvaient dans la forêt. Ecrapince se proposa de rester et de veiller sur la petite pendant que Salamèche chercherait de quoi se nourrir. Regirock quant à lui, avait honte d'avoir aussi peur de l'extérieur et se sentant inutile depuis le début, il se proposa alors d'accompagner Salamèche à la cueillette, avec son mètre soixante-dix, ça sera plus simple pour lui d'atteindre les fruits contrairement au petit pokémon feu.


Pendant ce temps sur l'île des hommes, la foule s'agita à Merouville. Depuis plus d'une semaine, un homme venu de la région de Johto dont la richesse surpassait celui du président de la Devon SARL, s'était s'installer en ville. Il n'avait qu'une chose à l'esprit en venant à Hoenn; détenir les 3 golems afin d'accéder à l'ultime Régigigas. Pour sa première sortie en ville, il décida de frapper fort afin de marquer les esprits des habitants. Avec ses sbires près de lui, il monta sur le bord d'une fontaine qui trônait au milieu du centre-ville accompagné de son Démolosse afin de passer une annonce des plus alléchantes :
- Chers habitants de Mérouville ! Je suis Mr. K. Cria-t-il, et je viens de la région de Johto ! J'ai traversé vents et marrées pour arriver jusqu'ici avec un seul but, et vous, habitants de Merouville, vous allez m'aider. Je promets à celui qui... m'aidera dit-il d'un ton sarcastique, de le rendre riche ! À tous ceux qui sont intéressés, je vous invite à vous joindre à moi ce soir à dix-neuf heures dans mon manoir, en haut de la colline.
L'annonce terminée, il s'en alla en tournant les talons sans un mot de plus.
Même si Merouville était l'une des plus grandes villes d'Hoenn, ses habitants restaient de pauvres mineurs ou agriculteurs. Cette idée de fortune trotta dans tous les esprits avides de richesses et de pouvoirs. Mr. K le savait, c'est en utilisant la convoitise des gens qu'il obtiendrait ce qu'il voudrait et, de bouches à oreilles, son annonce ferait l'effet d'une poudre à canon et rassemblerait une petite armée.
Luc, un petit garçon de douze ans et son Joliflor revinrent en ville après sa récolte du matin aux champs. Il rejoignit la foule et questionna une passante sur cet engouement commun.
- Ha Luc ! Mon petit, cet homme très riche qui a emménagé dans le manoir il y a une semaine, tu vois de qui je parle ? Eh bien il vient de faire un discours. Il recherche du monde, pourquoi je ne sais pas, mais il a promis à celui qui l'aidera à atteindre son but de le rendre aussi riche que lui !
- Pas un indice ? Dit-il surpris.
- Non ! Absolument rien, seulement qu'il donnerait plus d'informations ce soir chez lui à dix-neuf heure pour les intéressés dit-elle en s'en allant, rêvant à toutes les robes qu'elle pourrait s'acheter si elle touchait le pactole.
- Qu'en dis-tu Joliflor, on pourrait y aller, s'exclama-t-il, on a rien à perdre et puis si ce qui se dit est vrai, on aurait de quoi soigner maman !
Joliflor acquiesça, contente de voir que son jeune dresseur reprit espoir.
Le petit garçon courut jusqu'à chez lui et fit une entrée triomphale en criant:
- ON EST RENTRÉ !
Il accourut jusque dans la chambre de ses parents afin d'aller la voir. La porte de la chambre était toujours ouverte car elle détestait se sentir enfermée mais cette fois, Luc n'entra pas. Il la voyait là, allongée dans son lit, dormant comme elle ne l'avait jamais fait depuis qu'elle était tombée malade. Sa mère contracta une maladie grave après avoir donné naissance à Luc, depuis, son état ne s'était jamais amélioré. Derrière lui, son père ne disait mot. Il agrippa seulement l'épaule de son fils comme pour lui donner du courage et de l'espoir. Quelques instants plus tard, installés dans le salon, ils se mirent à discuter de Mr. K.
- Ce soir j'irai à son manoir papa dis-t-il d'un ton grave. Tu ne peux plus marcher sans ta béquille et maman est malade. S'il peut nous rendre riche, on soignerait ta jambe et maman.
- Fiston, tu n'as que douze ans, je t'en demande déjà assez comme ça avec les champs. Tu n'iras nulle part.
- J'irai ! S'exclama-t-il, ce qui surprit son père. J'irai ! Je ne veux pas être orphelin ! Alors j'irai voir Mr. K, je l'aiderai et il me récompensera !
Sur ces paroles pleines de fougue et de naïveté, Luc fusa en direction de sa chambre. Il n'avait jamais parlé de ses peurs et ses angoisses, seule Joliflor savait ce qu'il ressentait. Celle-ci le rejoignit pour le consoler et à eux deux, ils se motivèrent mutuellement pour la suite des événements.

Lorsque Regirock et Salamèche revinrent de la cueillette, à l'entrée de la grotte, un rire cristallin résonna. La petite fille, qui n'était plus si petite que cela une fois les yeux bien ouverts, était pleine de vie. Ecrapince faisait de son mieux pour la distraire en attendant le déjeuner. Regirock fit marche arrière et donna les fruits cueilli au petit pokémon feu en faisant signe d'y aller sans lui. Le golem ne voulait surtout pas apeuré la jeune humaine et décida donc de rester assis à l'entrée. Salamèche rentra triomphant de la cueillette et se mit à gesticuler avec Ecrapince pour lui raconter au mieux ce qui s'était passé. Un jeu de devinette commença alors. Il était compliqué pour la jeune fille de comprendre et se mit à rire de plus belle mais lorsqu'elle comprit qu'un troisième pokémon était son sauveur et que ce n'était autre que le puissant Regirock. Elle s'empressa alors de sortir pour le rejoindre.
Regirock se disait qu'ils avaient l'air de s'amuser à l'intérieur quand soudain, il vit la petite assise à côté de lui. Il perdit confiance en lui jusqu'au moment où elle se mît à lui parler.
- Bonjour... Je m'appelle Lily, j'ai onze ans... Ecrapince a fait beaucoup de gestes avec ses pinces, il a essayé de me dire quelque chose mais je n'ai pas vraiment compris hihi dit-elle un peu gênée... La seule chose que j'ai comprise, c'est que tu es celui qui m'a sauvé... Merci Regirock. Est-ce que... par hasard… Tu aurais trouvé quelqu'un ou quelque chose d'autre ? Regirock hocha de la tête pour dire non. Je vois, je suis donc toute seule...
Un sourire triste et amer s'empara de la jeune Lily qui essaya tant bien que mal de retenir ses larmes mais rien n'y fit, la seule idée d'être seule sur cette île la terrifia et eut raison d'elle. Lily sanglota jusqu'à ce que ses petits sanglots deviennent des larmes. Regirock se senti pour la première fois bien impuissant. Désarmé par la tristesse de la jeune fille, il retourna à l'intérieur de la grotte, alla au fond et frappa contre une des parois. Il la cherchait, cette pierre précieuse qu'il avait déjà vue incrustée dans l'un de ses murs. Il continua à frapper encore et encore jusqu'au point où les deux petits pokémon se demandèrent s'il ne voulait pas détruire la grotte. Lily vit le sol trembler et courut à l'intérieur pour stopper le grand golem.
- Regirock ! Regirock arrête ! Ça va finir par s'effondrer, ne fait pas ça !
Mais le golem rocheux s'entêta jusqu'à ce qu'une partie de la paroi cède sous ses coups. Les deux petits pokémon prirent Lily des deux mains et la tirèrent à l'extérieur. Un épais nuage de poussière sorti de la grotte.
- Regirock ! s'écria Lily.

Celui-ci sorti du nuage poussiéreux en faisant rouler entre ses deux massues un gros rocher tout rond. Il le plaça face à Lily et s'assit. La jeune fille le regarda avec étonnement en se demandant ce qu'il faisait : - c'est… pour moi ? Questionna-t-elle le golem. Regirock acquiesça vivement en étant fier de lui.
- Je ne comprends pas trop Regirock, mais merci…
Regirock balança ses deux massues telles deux métronomes pour lui dire non. Il attrapa le rocher entre ses deux mains et d'une pression, le brisa en deux. Soudain, sous les yeux ébahit de la petite, Regirock y extirpa un petit saphir d'un bleu profond. Le golem passa tout son après-midi à façonner délicatement la pierre précieuse afin de lui donner une forme d'étoile aux bouts arrondis. Il demanda pour cela l'aide de Salamèche et lance-flamme pour la forme et jet d'eau d'Ecrapince pour terminer. La pierre brute sortit du gros rocher se transforma en une petite étoile scintillante. Lorsqu'il termina son œuvre, le soleil commençait lentement à se coucher, il se tourna vers Lily qui le regardait avec admiration, et le lui offrit. Les yeux brillants, elle s'empressa de se jeter sur le golem pour le prendre dans ses bras même si elle n'y arrivait pas totalement.
- Merci Regirock ! Merci à vous ! Je comprends maintenant, tu ne voulais plus que je pleure alors tu as cherché cette pierre pour me l'offrir et tu as cassé ta maison pour ça… Merci beaucoup Regirock.
La jeune fille garda l'étoile en le serrant près de son cœur pour lui montrer que cela signifiait beaucoup pour elle. Une fois la bonne humeur retrouvée, ils s'attelèrent aux ménages avant que la nuit ne soit totalement là. Ecrapince et Salamèche, aidés de Lily, dégagèrent l'entrée de la grotte pendant que le légendaire se lança dans la reconstruction de l'intérieur. Il profita ainsi de cette occasion pour soigner ses blessures des derniers combats.
La nuit arriva plus vite que prévu sur la petite île et nos quatre amis partirent à la recherche de quelques baies pour se nourrir et du bois pour faire un feu. La nuit était encore plus belle que la précédente, ils décidèrent donc de dormir à la belle étoile. Le camp monté, le feu allumé, ils mangèrent dans le calme sous le regard des milliers d'étoiles qui les surplombaient. Lily était mélancolique, elle souriait car elle ne voulait pas inquiéter ses nouveaux amis, mais elle repensa à ses parents. Salamèche avait vu sa tristesse et se rapprocha d'elle pour la consoler d'un geste affectif. N'arrivant plus à garder ça pour elle, Lily se mit à raconter ce qui lui était arrivé.
- Avant d'atterrir sur cette plage, j'étais à bord d'un bateau avec mes parents et mon petit-frère. On était en mer depuis trois jours pour une petite croisière. Il faisait toujours beau, mais le quatrième jour, le temps changea très vite. Le ciel s'était assombrit quand j'avais supplié à papa de dire au capitaine d'amarrer au port le plus proche, mais c'était trop tard, dit-elle tristement. La minute d'après, de grosses vagues entraînèrent notre bateau avec elles. Je me souviens qu'on s'accrochait comme on pouvait aux tables, aux portes… On s'était tous réfugier dans la salle de contrôle mais le capitaine ne contrôlait plus rien, mon petit-frère pleurait, je l'avais dans mes bras et j'essayais de rester forte pour ne pas plus l'inquiéter, maman et papa nous avaient mis des gilets de sauvetages avant que le bateau se fasse engloutir par une vague. Maman et papa nous disaient qu'on se reverrait, qu'il ne fallait pas avoir peur et qu'ils nous aimaient… Tout se passa très vite, les vitres qui nous protégeaient se brisèrent, on était entraîné dans la grande bleue, j'essayais de retenir mon petit-frère par le gilet mais… Un long silence pesa, Lily sanglota de plus belle avant de terminer son histoire…
- Je le tenais mais il n'était pas bien attaché et d'un coup, je ne l'ai plus vu, je n'avais que son gilet dans ma main, dit-elle en pleurant, je n'ai pas réussi à le protéger.
Lily redevint un instant une petite fille qui avait besoin de pleurer, Salamèche et Ecrapince étaient aussi triste qu'elle et afin de lui témoigner leur affection, ils posèrent leur tête sur chaque jambe de Lily. Elle pleura encore à n'en plus finir, Regirock quant à lui, s'installa derrière eux pour les prendre dans ses bras. La nuit était magnifique ce soir-là, mais il fallait panser un cœur brisé. Aucun mot ne fut dit après cela, les pokémon le savaient, il leur fallait donner toute la tendresse qu'ils avaient pour réconforter cette petite rescapée.

La nuit était également tombée sur Mérouville et les habitants les plus téméraires se préparèrent à la réunion de Mr. K. Luc, baigné dans la foule d'adulte, passa inaperçu. Lorsqu'ils eurent été assez nombreux, ils se dirigèrent tous ensemble vers le manoir qui était dit hanté. Une fois arrivé face au portail, Mr. K le fit ouvrir. Le temps s'était installé en ces lieux. Le portail grinçait, le jardin était mal entretenu, des arbres sans feuilles restèrent plantés ici et là, pourtant, le manoir ne perdit rien en prestance et en charme, il resta toujours aussi majestueux malgré les décennies passées. Le propriétaire le racheta pour une modique somme car il n'avait que faire de ses histoires de fantômes ou de manoir hanté, pour lui, rien ne comptait plus que la beauté et l'esthétisme. Mr. K ouvrit les portes de l'entrée en criant Théâtralement:
- Bienvenue mes amis ! Bienvenue dans mon humble demeure. Je vous laisse vous installé dans la grande salle, nous allons bientôt commencer.
Le hall d'entrée était impressionnant et donnait sur un escalier en marbre se divisant de chaque côté au bout. Un lustre immense en cristal combla le vide qu'il pouvait y avoir entre le sol et le plafond. La grande salle quant à elle était encore plus grande, on pouvait deviner que c'était ici autrefois que les réceptions étaient données. La lueur des centaines de bougies allumées pour cette occasion rendait l'endroit intime et à la fois inquiétant, les tableaux surplombant la cheminée allumée ne faisaient que renforcer cette sensation. Ce manoir n'avait rien d'amicale et dégageait la même impression que son propriétaire : hostile.
Une fois l'assemblée réunit, Mr. K monta sur la table pour se faire entendre et ainsi voir toute l'assistance.
- Veuillez m'excuser mes amis de cette lumière tamisée, l'électricité n'est pas encore installée. Je suis ravi de voir que ma proposition n'est pas tombée dans l'oreille de sourds, s'exclama-t-il.
- Pourquoi sommes-nous ici !? Cria un homme dans la foule.
- Haaaaaaaaa, en voilà une bonne question, pourquoi ou devrais-je dire ''POUR QUOI'' ? Je n'irai pas par quatre chemins habitants de Mérouville, je vous ai réuni ici pour me livrer le légendaire golem Regirock !
Une vague de « ho » et de « ha » s'éleva dans les airs. Tous étaient intrigués par la requête de ce riche homme.
- Impossible ! Cria l'un.
- Allez le chercher vous-même ! Cria l'autre.
- On parle de Regirock ! Celui que l'on a isolé volontairement ! Ce n'est pas pour rien !
Les remarques fusèrent des quatre coins de la pièce, Mr. K attendit que le calme revienne mais Démolosse n'était pas aussi patient que son maître et lança lance-flamme sans prévenir. Le silence revint d'un seul coup.
- Merci Démolosse, lui dit-il en le caressant. Mes amis, où sont passés ces hommes et ces femmes qui avaient fièrement traversé les portes de cette demeure ? Je comprends que Regirock puisse vous effrayez mais la récompense n'en sera que plus belle ! Pour celui qui me dira où se trouve Regirock, je lui offrirai son poids en or pur et je le triplerai, mais par contre ! Si vous me le capturez, je le décuplerai !
Une nouvelle fois, la foule s'agita. La récompense faisait envie aux plus avides d'entre eux.
- Qu'en dites-vous mes amis ? Ai-je votre soutien ? proposa Mr. K en se frottant les mains.
Mais personne n'osa répondre, il fallait y réfléchir à deux fois avant d'accepter car les risques étaient trop grands. Les rumeurs disaient que tous ceux qui s'étaient lancés dans la quête du légendaire n'était jamais revenu intact.
- MOI JE LE FERAI !
Tout le monde se retourna pour voir d'où provenait cette folle déclaration. Ils virent un petit bout d'homme debout au fond de la salle sur une banquette en velours. Luc cria à nouveau :
- MOI JE LE FERAI !
- Comment t'appelles-tu mon garçon ? Demanda le riche homme étonné.
- Luc, monsieur. Je n'ai pas besoin d'être riche, je veux seulement soigner ma mère et la jambe de mon père, alors si vous m'aidez, je vous trouverai Regirock !
L'annonce du petit en fit rire plus d'un. Pour eux, il était impensable qu'un petit bout d'homme tel que lui retrouve quoique soit, surtout pas un légendaire.
- Ne rigolez pas ! Je le trouverai ! S'époumona Luc, il cria si fort que sa détermination stoppa les railleries des plus grands et en fit pâlir d'autres.
- Soit mon garçon. Je t'aiderai, annonça Mr. K. A partir de demain, je prendrai en charge tes parents, en signe de bonne volonté, en échange, venant de toi, me dire où se trouve Regirock suffira, mais si tu viens me dire qu'il est impossible de le localiser, je cesserai les soins de tes parents et, Mr. K fit mine de réfléchir avant de continuer, tu seras avec ton Joliflor à moi, et vous travaillerez pour moi.
- Luc, lui chuchota un homme près de lui n'accepte pas, c'est beaucoup trop dangereux…
- Marché conclu ? Proposa Mr. K en lui tendant la main.
Le petit garçon prit un instant pour regarder Joliflor, elle était inquiète et effrayée mais Luc était son dresseur, elle était prête à le suivre n'importe où.
- Marché conclu monsieur, accepta Luc résigné.
L'assistance regarda les deux parties se serrer la main en signe de pacte scellé. Petit à petit, on pouvait entendre des cris venant de la grande salle venant de ceux qui acceptaient de partir à la chasse pour finalement voir que tous était resté.
A la vue de sa petite armée, Mr. K était fier de lui. Il avait rassemblé le nombre nécessaire à sa quête et sentit que sa '' victoire'' était proche. Il tapa alors dans ses deux mains comme signe d'alerte, l'orchestre symphonique arriva juste au bon moment pour ouvrir le début des festivités. Les hommes de mains se transformèrent en serveurs, les plateaux en argent virevoltèrent dans la grande salle, c'était un ballet de mets raffinés. Le riche homme le savait, il fallait leur donner goût à se train de vie pour qu'ils aillent jusqu'au bout.
Luc ne resta pas, après sa poignée de main avec celui qu'il considérait désormais comme le diable, il prit Joliflor dans ses bras, et sorti aussi vite qu'il put du manoir. Le petit garçon s'empressa de rentrer chez lui, là-bas, en bas de la colline. Une fois arrivé, le petit homme alla embrasser sa mère et dire bonne nuit à son père. Luc vit la mine déconfite de ce dernier qui l'attendait dans la salle à manger.
- Qu'est-ce qu'il voulait, Mr. K ? Demanda son père inquiet.
- Il a proposé, à ceux qui le voulaient, de se lancer à la recherche de Regirock.
- Et tu n'as pas accepté ? N'est-ce pas… lui dit son père sur un ton presque suppliant.
- Si… je l'ai fait… J'ai accepté. Et dès demain, Mr. K viendra avec ses hommes pour t'emmener maman et toi, vous serez enfin soignés.
- Qu'as-tu fais Luc…
- Je sauve notre famille !
Sur ses derniers mots, Luc fila dans sa chambre avec la sensation d'avoir vendu son âme au diable. La peur mais aussi l'échec le faisait maintenant douter. Joliflor détestait voir son dresseur dans tous ses états. Elle le rejoignit dans son lit et lui caressa la tête jusqu'à ce qu'il se calme. Luc retrouva auprès de Joliflor le courage nécessaire pour continuer à y croire et avant de s'endormir tous les deux, ils se promirent de réussir coûte que coûte.