Épilogue : Rayon de soleil sur l'Océan
« Vaimiti !!
- Tiiiiiim !! »
À peine débarquée au port d'Atalanopolis, la jeune fille se précipita dans les bras de son camarade. Cela avait été long, mais ils avaient enfin réussi à la faire venir sur l'île volcanique passer quelques jours. Il avait d'abord fallu reloger la famille de la fillette, et celle de Tim, puis remettre en place les transports par bateau... Tout un programme. Mais finalement, elle était là, avec son ami. Leur étreinte dura plus longtemps que prévu, après tant de temps passé loin l'un de l'autre, tellement de péripéties, et la crainte de ne pas se revoir. Cette démonstration d'affection n'était pas désagréable et disait beaucoup plus que des mots. Vaimiti en savoura la moindre seconde.
Quand les deux enfants se séparèrent, il était difficile de dire lequel des deux avait le sourire le plus radieux. Timéo passa sa main dans les cheveux de la fillette et lui gratta la tête avec complicité.
« Bah dis, ma grande, ça a été dur de te faire venir, hein ! Comme si tout s'était acharné contre nous ! D'ailleurs il parait que tu as des tas de trucs à me raconter, non ? »
Vaimiti se dégagea de la prise et tira la langue au garçon, tentant de remettre de l'ordre dans sa coiffure. Ça oui, elle avait des choses à dire ! Mais avant ça, elle attrapa le bras droit de son camarade et l'entraîna en ville.
« Fais-moi d'abord visiter avant de poser des questions, malpoli ! »
Beau joueur, l'Atalano conduisit la fillette comme une jeune dame noble dans les rues de sa cité.
Construite à même les parois du volcan, les maisons d'ici semblaient avoir mieux résisté à la tempête que les baraques en bois de Pacifiville ; mais autour du grand lac central, on pouvait voir les dégâts qu'avaient causés les titans. Arbres déracinés, pelouses noyées, berges en piteux état, et partout, des chantiers de réparations diverses et variées. L'arène n'avait repris du service que le jour-même, pour un match très important, d'après Timéo. Il demanda d'ailleurs à Vaimiti de l'accompagner à la sortie du challenger, une jeune fille d'à peine quelques années de plus que les deux enfants. Ils n'étaient d'ailleurs pas les seuls à l'attendre. À sa sortie, ils étaient nombreux à l'applaudir. La fillette suivit le mouvement sans comprendre.
« Vous venez toujours féliciter les dresseurs qui remportent le badge ?
- Non ! C'est la fille du Professeur Seko. C'est grâce à elle que nous sommes saufs, tu sais. Elle est allée chercher Rayquaza avec l'aide de Marc – c'est lui qui sort, juste derrière elle – et nous a tous sauvés !
- Oh. Je vois. »
Elle n'avait jamais pensé avoir été celle qui avait permis l'intervention du dieu serpent, mais elle regrettait un peu, quelque part, que personne ne puisse savoir le rôle (certes mineur) qu'elle avait joué dans l'histoire. En souriant malgré tout, elle songea que Timéo n'allait jamais croire ce passage de son récit... Bah, tant pis.
Une heure plus tard, devant une bonne tasse de chocolat chaud, Vaimiti commença à raconter. Elle expliqua la tempête, les réfugiés au Centre Pokémon, l'arrivée de Békipan. Celui-ci écoutait d'ailleurs les humains discuter, posé sur le toit de la maison de Timéo. Elle parla de son départ sur le dos de l'oiseau, droit vers on ne sait où pour essayer de trouver une solution. Comment elle était arrivée au Pilier Céleste, comment elle était montée au sommet et y avait trouvé quatre personnes qui maintenaient Rayquaza en sommeil, dont Eimeo. Comment elle les avait convaincus de l'aider à sauver le village, et comment ils l'avaient suivie avec leurs deux bateaux jusqu'à Pacifiville.
« Quand on est arrivés, le Centre Pokémon était à moitié inondé, c'était la panique, mais les gens se sont calmés aussitôt après nous avoir vus approcher. Ma mère a fondu en larmes de joie, elle ne devait pas en croire ses yeux de me voir revenir en vie et avec de l'aide. Eimeo, les trois autres étrangers et moi, on a organisé le transport de tout le monde, même s'il a fallu faire plusieurs voyages. Pour le premier trajet, on ne savait pas trop où conduire les gens. On a d'abord pensé à retourner au Pilier Céleste, où on était sûrs que tout le monde pourrait se réfugier et où la tempête ne nous atteindrait pas, mais à ce moment-là... C'était magique. On est tombés sur l'Île Mirage. Elle existe, Tim ! Et il y avait largement assez de place pour y mettre au moins deux fois toute la population de Pacifiville. C'était un peu plus long que pour aller au Pilier, mais on n'a pas réussi à en retrouver l'entrée, donc ça faisait parfaitement l'affaire, surtout que c'est vers ce moment-là que le vent s'est calmé. Enfin bref, on a réussi à sauver tout le monde à temps. Je crois que les deux teams ont ensuite eu quelques soucis avec la police, mais Eimeo et sa collègue ont eu des circonstances atténuantes, ou un truc de bonne conduite, et ils ont pas trop eu de soucis. Et voilà. »
Timéo l'avait écoutée en silence du début à la fin. Lorsqu'elle acheva son récit, il sirota une gorgée de sa boisson, le temps d'assimiler tout ce qu'elle avait dit. Puis il l'observa avec attention, comme pour tenter de discerner un signe de mensonge sur son visage.
« Tu en as inventé la moitié, non ? Je veux dire, la partie sur Rayquaza est clairement de la science-fiction, et l'île Mirage... Ben, depuis qu'on est nés, on ne la jamais trouvée malgré nos recherches. »
Vaimiti soupira, désabusée. Elle n'avait pas spécialement envie d'essayer de convaincre son ami de sa bonne foi et préférait le laisser penser ce qu'il voulait. Mais le garçon siffla finalement d'admiration et lui caressa la tête.
« Il t'en est arrivé, des choses. Mais apparemment, tu n'as toujours pas compris qu'il ne fallait pas aller se promener en mer pendant une tempête, hein ? »
Vaimiti tira la langue en regardant ailleurs.
« Je ne vois pas du tout de quoi tu parles !
- Ooooh, je suis sûr que si ! D'ailleurs, il faut aussi que tu me racontes ce qui est arrivé lors de la précédente, n'est-ce pas ?
- La précédente quoi ?
- Ben, la précédente tempête...
- Tu veux dire, la petite brise, là ? »
Les deux enfants se mirent à rire. Il fallait dire qu'après avoir vécu une catastrophe d'un tel niveau, il était facile de relativiser les autres perturbations climatiques qu'ils avaient subies et risquaient de subir à l'avenir.
« C'est ça, la petite brise. Alors ?! »
- Eh bien, j'étais partie pour me coucher, mais j'ai entendu du bruit dehors. J'ai donc jeté un coup d'œil... Et j'ai vu Cory en train d'essayer de sauver Piko Junior, et d'être emporté ! Alors du coup, j'ai plongé, et... »
FIN