Nous serons les meilleurs dresseurs ... de Naerth

Taï et Johanna continuent leur route vers Azuria. La jeune fille a rejoint le dresseur récemment afin d'apprendre à apprivoiser son Pikachu. Obtenu lors d'un échange, la souris jaune ne considère pas sa maîtresse comme digne de lui. Taï n'a jamais demandé plus d'informations à sa nouvelle amie, comme par exemple : quel était son précédent Pokémon ? ou bien, à qui l'a-t-elle confié ? Il pense que cela serait indiscret et préfère attendre le moment où elle en parlera d'elle-même. Les deux enfants, suivis par Pikachu qui reste à l'air libre, arrivent au centre Pokémon situé au pied du Mont Sélénite. Il est tenu par un couple d'hommes, l'un très jeune et l'autre assez âgé. À première vue, ils se disputent souvent. En tout cas, suffisamment pour qu'un adulte séjournant dans l'établissement, glisse discrètement à Taï :


-Heureusement que je ne reste plus très longtemps ici. Je risque de devenir fou.


En effet, Johanna et Taï sont directement allés déposer leurs Pokémon en entrant. Or, les deux médecins étaient au milieu d'un conflit verbal. Un homme à lunettes passait à ce moment-là pour rejoindre les téléphones et a chuchoté à l'oreille du dresseur sur un ton amusé. Les deux adolescents vont ensuite à la cafétéria, en attendant qu'on se soit occupé de leurs petites bêtes. Ils sont rejoints quelques minutes plus tard par ce monsieur justement. Ses cheveux bruns en bataille et ses yeux gris bougeant nerveusement lui donnent déjà un air de doux dingue. Son visage creusé affiche quelques rides. Il doit avoir dans la quarantaine, ou alors il a subit beaucoup de stress dans sa vie. Il porte une tenue d'explorateur marron claire, mais elle semblait blanche à l'origine. Il ne libère jamais son épaule d'une sacoche en cuir, également marron.


-Bonjour, jeunes gens.

-Bonjour.

-Je me présente, Gustave. Je suis chercheur. Vous êtes dresseurs, non ?

-Seulement Taï, pour le moment, répond Johanna. Moi, je dois encore apprendre certaines choses.

-On ne finit jamais d'apprendre. Il est impossible d'obtenir la connaissance ultime, alors pourquoi se cultive-t-on ? Parce que c'est intéressant. Et comme c'est une quête sans fin, cela rend notre vie constamment intéressante.

-Heu... sûrement...

-Excusez-moi, je me suis emporté. C'est peut-être pour ça que les autres me prennent pour un fou. Je me suis d'ailleurs assis à côté de vous pour vous prévenir. Je suis juste quelqu'un de passionné.

-Je peux le comprendre, rassure Taï. Mon frère aussi paraissait devenir fou quand il parlait des Pokémon.

-C'est justement ce qui me passionne, précise Gustave.

-Que faîtes-vous, ici ? demande Johanna.

-Avez-vous entendu parler du type fée ?

-Un peu. On a rencontré un Rondoudou, il y a quelques jours.

-On a découvert ce type assez récemment. Ce qui est très étonnant, car il possède des caractéristiques très spéciales. Par exemple, il est immunisé face aux attaques de type dragon. Comment personne n'a pu remarquer que Rondoudou, par exemple, était insensible face à un dracosouffle ? Enfin...

-D'accord, mais ça ne répond pas à notre question.

-Oh, pardon. Beaucoup de Mélofée vivent dans la montagne. Ils sont uniquement de type fée. Je suis venu les étudier.


Johanna a un mouvement de recul. Elle lance un regard méfiant à Gustave.


-Qu'est-ce que tu as ? s'inquiète Taï.

-J'ai entendu parler de gens qui... « étudiait » les Pokémon. Mais ils font des expériences bizarres et horribles.

-Ne vous méprenez pas! Je vais tout d'abord tenter d'en repérer un. Ils sont nombreux, mais difficile à voir. Ensuite, je le suivrai discrètement jusqu'à l'endroit où ils vivent. Puis, je les observerai de loin, sans les déranger. Si l'occasion se présente, peut-être que je m'approcherais d'eux et tenterais de vivre avec eux. Mais en aucun cas je prévois d'en arracher un seul de son habitat. Je n'y vois aucun intérêt, personnellement.


La jeune fille est rassurée, bien qu'elle soit consciente que cet homme puisse mentir. Par contre, Taï est contrarié :


-Mais c'est qui ces gens qui torturent les Pokémon ?

-En fait, j'en sais rien. J'en ai juste entendu parler. Des rumeurs, si tu veux.


En fait, elle n'a aucune information fiable. Toutefois, le dresseur préfère ouvrir l'œil. Par le passé, il existait des organisations criminelles qui se servaient des Pokémon. Bien qu'ils aient permis de confirmer l'existence de Pokémon légendaires, leurs actions demeurent impardonnables.


-Si vous voulez, reprend Gustave, vous pouvez m'accompagner. Je ne possède aucun Pokémon et donc, si l'une de ces créatures sauvages m'attaquent, je n'ai aucun moyen de me défendre. J'ai bien quelques objets pour détourner leur attention, mais c'est tout.

-Moi, je veux bien, déclare Taï.

-Si tu y vas, je viens aussi, répond Johanna.


Ils se mettent donc d'accord pour partir le lendemain matin, au lever du soleil. D'après le chercheur, la nuit qui suit sera celle de le pleine lune. Or, les Mélofée sortent toujours pour danser lors de ces moments-là. Cela devrait donc faciliter une rencontre avec l'un d'entre eux. Ainsi, ils quittent le centre Pokémon après avoir dormi et pénètrent l'une des grottes menant à l'intérieur du Mont Sélénite. Comme ces Pokémon sont timides, ils s'éloignent immédiatement du chemin balisée. Emprunté par de nombreux humains, il semble logique que les Mélofée ne s'y approcheront pas. Johanna décide alors de faire rentrer Pikachu dans sa pokéball. Évidemment, il refuse. Taï parvient à le convaincre en lui indiquant qu'il pourrait facilement se perdre et que c'est pour cette raison qu'Elekid y est resté. La souris électrique accepte alors, bien que ce soit la parfaite occasion pour s'échapper et abandonner sa dresseuse. Ensuite, les deux enfants allument leurs lampes de poche pendant que Gustave place des piles dans une loupiote située sur un casque qu'il enfile. Le trio s'enfonce enfin dans les tunnels sombres. Malheureusement, après des heures et des heures de marche, ils ne trouvent rien. Ils ne tombent sur aucun Mélofée, ni aucune autre créature. Ce lieu est pourtant censé regorger de Pokémon sauvages en tout genre. C'est comme s'ils avaient tous fui cet endroit. Le groupe atteint une sortie débouchant sur un plateau herbeux. La nuit va bientôt tomber. On commence déjà à distinguer la lune, bien ronde.


-Je ne comprends pas. Cet espace est idéal pour leur rituel, mais pas un seul d'entre eux n'est présent.

-Il y a sûrement une discothèque pas loin, plaisante Johanna.

-Ce n'est pas drôle, jeune fille. Il se passe quelque chose d'anormal. Je... là !


Il pointe du doigt le milieu de la plaine. Une ombre bouge. Les trois explorateurs s'approchent lentement. Un Pokémon rose est allongé, inconscient. Taï sort son Pokédex.

« Mélofée. Type fée. Forme évoluée de Mélo. Pokémon fée. Un Pokémon très rare, pourtant également très recherché pour son aspect mignon et joyeux. Il sort souvent en groupe les nuits de pleine lune pour danser et jouer. »


-C'est bien ça...

-Regardez, alerte le dresseur. Il est blessé.


En effet, une de ses petites ailes est abîmée et on peut voir quelques bleus.


-Que lui est-il arrivé ? Un prédateur ?

-Je ne pense pas, dit Gustave. Ils n'en ont pas et savent fuir de toute façon. Il s'est fait piéger, mais par qui et pourquoi ?


Mélofée ouvre doucement les yeux. Il voit les humains et se relève rapidement. Il se met à courir le plus vite possible, visiblement affolé. Ce n'est pas de la simple timidité. Il est visiblement effrayé par les humains. C'est alors qu'une silhouette sort d'une autre grotte. Mélofée s'immobilise. Il est complètement terrorisé. L'ombre est un homme au crâne rasé, portant une tenue noire et ample, ornée d'un S gris, ainsi que des lunettes de soleil.


-Le voilà ! s'écrit-il. Je l'ai retrouvé. Par contre, il y a des gêneurs.


Il parle dans sa main et regarde le trio. Il range ensuite quelque chose dans sa poche. Un talkie-walkie peut-être. En tout cas, il n'a pas l'air de vouloir simplement observer des Pokémon danser. Il prend une arme dans son dos, une sorte de pistolet avec un canon large. Il vise Mélofée et appuie sur la détente. Un filet apparaît. Le Pokémon fée parvient à rouler sur le côté pour esquiver. L'homme mystérieux grimace, puis vise à nouveaux.


-Non ! hurle Johanna.


Ne pouvant courir assez vite pour le protéger, elle lance une pokéball vide sur Mélofée. Ce dernier y pénètre, sans ressortir.


-Tu... pourquoi ? demande Taï.

-Tu voulais faire quoi ? J'ai pas trouvé d'autre moyen de le protéger.

-On ne sait même pas qui est cette personne, commente Gustave.

-Sûrement ceux qui torturent des Pokémon.


L'homme au S fronce les sourcils. Il reprend son communicateur.


-Chef. On a un gros problème. Je vous mets le visuel.


Il appuie sur le côté de ses lunettes. Une voix, incompréhensible pour Taï et les autres, s'élève de la radio. Johanna en profite pour récupérer sa pokéball. Elle se retrouve donc face à cet inconnu quand il dit :


-Compris. Je les élimine sans faute.

-Éliminer ? s'étonne Gustave. Vous n'allez quand même pas nous faire du mal.

-Si.

-Qui êtes-vous ? demande Taï.

-Je représente la Team Shadow. Nous agissons dans l'ombre et dominerons un jour le monde. Quant à vous, dans quelques minutes, vous ne serez plus personne. Vos amis, vos familles, et même les passants dans les rues, ils vous auront tous oubliés.


Il libère un Pokémon. Taï, armé de son Pokédex, se place devant Johanna.

« Nosférapti. Type poison/vol. Forme de base. Pokémon chovsouris. Il vit dans des cavernes sombres et évite la lumière du soleil. Il ne possède pas d'yeux. Il se dirige donc grâce à des ultrasons. »

Le dresseur fait donc appel à Elekid, qui devrait s'en sortir sans problème. La chauve-souris ne perd pas de temps et fonce vers le Pokémon foudre. Il utilise morsure, mais sans parvenir à effrayer sa cible. Elekid réplique alors avec poing éclair. Bien que secoué, Nosférapti reprend vite ses esprits. Il récupère aussi un peu d'énergie grâce à vampirisme.


-Il est plus fort que je ne le croyais, admet Taï. Harcèle-le avec météores !


D'habitude, il n'aime pas enchaîner un grand nombre de fois la même attaque, mais face à un criminel, il se fiche un peu de la manière de le vaincre. Au moins, Elekid parvient à maintenir Nosférapti à distance. Le sbire semble comprendre qu'il n'y arrivera pas seul. Il sort à nouveau son talkie-walkie.


-Vise son maître ! ordonne Taï.


Elekid lance une attaque éclair sur l'être humain. Cela provoque un court-circuit dans sa radio et ses lunettes. Il se retrouve également assommé et donc totalement incapable d'alerter ses collègues. De plus, le Nosférapti ne bouge plus. Il se contente de virevolter en espérant bientôt recevoir des consignes.


-C'est plutôt extrême, commente Gustave.

-Je sais, mais il s'est juste évanoui. Il se réveillera... à un moment ou à un autre.

-En attendant, on doit retrouver ses compagnons, décide Johanna.

-Pourquoi ?

-Je suis sûre que c'est cette Team Shadow qui a agressé et capturé tous les Mélofée. En plus, on doit se dépêcher, il va bientôt faire complètement nuit et ils ne pourront pas exécuter leur rituel. C'est important non ?


Gustave acquiesce. Empêcher les Mélofée de danser sous la pleine lune serait comme priver un enfant de cadeaux le jour de son anniversaire. Johanna fait sortir celui qu'elle a capturé. Il ne bouge pas, mais a encore peur.


-Nous savons ce qu'il se passe. À peu près. On veut délivrer tes amis. Conduis-nous à eux, nous allons punir ceux qui vous ont fait du mal.


Mélofée comprend. Il se met à marcher et se dirige vers la grotte d'où était sorti le sous-fifre. Taï laisse Elekid à l'air libre. Ce dernier suit donc les humains qui suivent Mélofée à travers un autre réseau de tunnel. Ils arrivent tous à l'entrée d'une immense cavité. Ils se cachent dans un coin pour observer attentivement ce qu'il s'y passe. Plusieurs cages sont entreposées. De nombreux Pokémon y sont enfermés, surtout des Mélofée. Un important groupe d'hommes et de femmes en noir circulent, pendant que quelques uns s'occupent de pianoter sur des ordinateurs ou de diriger des machines.


-C'est incroyable, dit Gustave. Ils possèdent des moyens formidables. Ce qu'ils font est affreux, mais ils sont bien équipés.

-Comment va-t-on s'en sortir ? s'inquiète Johanna. Ils sont trop nombreux.

-C'est toi qui as voulu qu'on s'en occupe nous-même. Mais j'ai une idée. Mélofée, tu connais l'attaque berceuse ?


Taï n'a pas besoin d'en dire plus. Le Pokémon fée s'éloigne discrètement et endort un maximum de personne avant de se faire repérer. Lorsqu'un des sbires le voit, Elekid sort de la cachette pour détruire les appareils électriques. Cela provoque de gigantesques explosions, créant à leur tour une quantité immense de fumée. On entend tousser de tous les côtés, mais cela se calme peu à peu. Une fois tout le brouillard dissipé, il n'y a plus aucun membre de la Team Shadow. Par contre, Mélofée, Elekid et les Pokémon en cage sont toujours là.


-Ils se sont enfuis ?

-Mais, par où ? Je ne vois aucun passage à part celui à côté de nous.

-Peu importe. On libère les Pokémon et on s'en va, nous aussi.


Ainsi, Gustave, Taï et Johanna cassent les serrures scellant les prisons Les Pokémon, délivrés, partent à toute vitesse, certains en creusant le sol. Une fois toutes les cages ouvertes, Gustave se dépêchent de ressortir. Les deux adolescents le suivent. Ils prennent un chemin différent qu'à l'aller. Apparemment, le scientifique se laisse diriger par les Mélofée sauvages. Ils arrivent tous sur un plateau rocheux. Les Pokémon fée ont déjà commencé leur danse. Ils sautillent en rythme, tout en projetant des éclats lumineux.


-Tu veux les rejoindre ? demande Johanna au sien.


Mélofée acquiesce et se joint aux autres avec le sourire. Leur fête dure toute la nuit. Seul Gustave ne s'endort pas avant la fin. Au réveil de Taï, ils sont encore là. Le dresseur secoue son amie et le chercheur. Deux Mélofée s'approchent. L'un d'eux prend Gustave par la main. Apparemment, ses congénères l'ont accepté parmi eux et le laisseront vivre autant de temps qu'il le voudra dans leur colonie. L'autre Mélofée reste près de Johanna.


-Ah... c'est celui que j'ai capturé. Tu n'es pas obligé de venir avec moi, tu sais. Si tu préfères être avec tes amis, ça ne me dérange.


Mélofée sourit. Il ne veut pas. Il accepte de voyager avec sa nouvelle dresseuse.


-Oh... et bien... D'accord. Ça me changera d'avoir un Pokémon qui m'aime bien.

-Ce n'est pas avec ce genre de réflexion que Pikachu t'appréciera, fait remarquer Taï.


Elle tire la langue avant de demander :


-Tu me peux prêter ton Pokédex ? J'aimerais vérifier de quoi est capable Mélofée.


Taï accepte. Johanna fait revenir son Pokémon dans sa pokéball et pointe l'encyclopédie électronique dessus.

« Sexe : femelle. Talent : Joli sourire. Peut rendre l'adversaire amoureux en cas de contact. Attaques connues : voix enjôleuse, torgnoles, berceuse, rayon lune. »

Satisfaite, elle rend l'appareil à son ami puis se lève. Il est temps de partir maintenant. Azuria n'est plus très loin, tout comme le second badge de Taï.