Nous serons les meilleurs dresseurs ... de Naerth

Depuis qu'il a quitté son village natal, Taï n'a pas beaucoup avancé. Mis à part son arrêt de plusieurs jours pour calmer une guerre entre des Pokémon oiseaux, le jeune homme s'offre souvent des pauses afin de vérifier l'état de santé de son Piafabec et lui administrer le maximum de soins dont il est capable. Malgré tout, il n'est plus très loin du centre Pokémon le plus proche. Là-bas, le volatile devrait retrouver toute son énergie. Il sera peut-être même plus en forme que lors de leur rencontre. Piafabec est déjà plus souriant. Alors qu'avec son dresseur et Elekid, le premier Pokémon de Taï, il finit son repas au milieu d'une plaine, un autre garçon s'approche d'eux en marchant tranquillement. Il doit avoir une dizaine d'années. Il est habillé tout en vert : son pantalon, son pull, ses chaussures et même son petit sac, sont de la même couleur. Par contre, ses cheveux, mi-longs et en épi, sont blonds et ses yeux, marrons. De taille moyenne, il ne semble ni maigre ni musclé.


-Heu, bonjour, lance-t-il. Tu es dresseur ?

-Oui, répond Taï. Je viens tout juste de commencer. Pourquoi ?

-Moi aussi, je débute. J'ai gagné mon tout premier badge avant-hier ! Le champion était gentil , je n'ai pas eu trop de mal.

-Tu es plus avancé que moi. Je n'ai aucun badge.

-Oh... du coup... je voulais te défier dans un combat, mais ce serait injuste.

-Pourquoi ? s'étonne Taï.

-Bah, j'ai un meilleur niveau. L'écart de force est inégal.

-Avec juste un badge, tu penses que ça fait une aussi grosse différence ? Je n'y crois pas vraiment. De toute façon, mon Piafabec n'est pas en état.

-Oh, mais ce serait juste avec un Pokémon chacun. Si vraiment mon badge ne te fais pas peur, alors je maintiens mon défi.


Dans un soupir, Taï regarde Elekid. Celui-ci est prêt. Bien que ce soit leur premier combat contre un autre dresseur, il sent qu'ensemble, ils peuvent prouver que le nombre de badges ne fait pas tout. Finalement, le jeune garçon accepte. Il fait revenir Piafabec dans sa pokéball et demande à son Pokémon électrique de se mettre en place. L'autre enfant sourit et lance une boule rouge et blanche dans les airs. Un Bulbizarre en sort. Taï sort aussitôt son Pokédex.

« Bulbizarre. Type plante/poison. Forme de base. Pokémon graine. Il porte une graine sur son dos qui grandit en même temps que lui. Elle emmagasine l'énergie provenant des rayons du soleil. »

D'après ses souvenirs, le type plante résiste aux attaques électriques. Il démarre donc avec un handicap. Taï a intérêt à rester sur ses gardes. Il range son appareil puis ordonne à Elekid d'utiliser éclair. Comme prévu, Bulbizarre ne sent pas grand chose. Il se met à courir et se sert de charge. Son adversaire tient le coup sans difficulté. Il réplique avec casse brique. Tout son avant-bras brille puis frappe le Pokémon plante. Elekid y a mis toute sa force, pourtant Bulbizarre ne semble pas être énormément blessé.


-Tu devrais faire attention avec les types, conseille l'inconnu à Taï. Sinon, tu ne vas pas tenir longtemps dans une arène.

-Qu'est-ce que... ah oui ! Il est aussi de type poison.


Taï l'avait oublié un instant, mais les capacités de type combat auront également peu d'effet. Décidément, il n'a pas de chance avec son premier adversaire. Tant pis. Le jeune garçon tente un poing éclair. Cette fois-ci, Bulbizarre fait l'effort d'esquiver. Il répond avec rugissement, ce qui baisse la puissance physique d'Elekid. Il enchaîne en lançant une vampigraine. Elle atterrit sur l'une des cornes du Pokémon foudre. Soudain, des petites racines en sortent et s'agrippent à une partie du corps de sa cible.


-Avec ça, c'est la victoire assurée ! annonce le petit homme vert avec orgueil. La graine va drainer l'énergie de ton Pokémon pour restaurer celle du mien.


Finalement, peut-être qu'un badge peut faire la différence, surtout face à un novice complet des combats sérieux. Ce n'est pas comme si Taï n'avait aucune expérience. Il a déjà entraîné quelques Pokémon à la pension de ses parents, mais jamais dans l'optique de gagner absolument. Il fallait juste faire progresser ces créatures. Il comprend qu'il ne pourra pas tenir sur le long terme. Il n'a pas le choix. Il ordonne donc à Elekid d'utiliser météores. Actuellement, c'est son attaque la plus puissante. Heureusement, elle a la particularité de toujours atteindre sa cible. Il voulait la garder en réserve, comme une botte secrète, mais tant pis. Pour la première fois depuis le début du match, Bulbizarre reçoit des dégâts conséquents. Il est toutefois encore debout. Son dresseur lui demande de se servir de fouet lianes. Des appendices verts apparaissent son le bulbe du Pokémon et frappe Elekid dans un claquement sec. La batterie à pattes tombent sur le sol. Elle parvient à se relever, mais commence à se sentir faible. La vampigraine continue son œuvre. N'ayant pas vraiment le choix, Elekid continue avec météores. C'est Bulbizarre qui trébuche ce coup-là. Il ne reste pas longtemps par terre, mais quand son maître lui ordonne d'utiliser charge, il ne bouge pas. Des petites étincelles recouvrent son corps.


-Oh, ça a marché ! s'écrie Taï.

-De quoi tu parles ?

-Du talent de mon Elekid., statik. Si tu le touche directement avec une attaque, tu peux être paralysé.

-J'étais pas au courant de ça. Mais c'est normal, c'est la première fois que je vois un Elekid.


Il se met à rire avant de reporter son attention sur le match. Malgré sa légère vanité de tout à l'heure, il a plutôt l'air sympathique. Mais ce que Taï a surtout remarqué, c'est que le combat n'était plus à l'avantage de l'autre garçon. Avec la paralysie de Bulbizarre, Elekid l'a rattrapé. Il lance à nouveau une attaque météores. Le Pokémon plante subit un roulé-boulé avant de se relever. Il essaye d'utiliser fouet lianes. Il parvient à éteindre ses extrémités vertes, mais la paralysie fait effet et il se voit contraint de les stopper avant d'avoir pu atteindre sa cible. Elekid en profite. Il fonce vers lui et se sert de poing éclair. Ce n'est peut-être pas le meilleur choix, mais Taï ne veut pas sans cesse enchaîner la même attaque. De toute façon, Elekid a placé un coup critique, qui met définitivement à terre Bulbizarre.


-J'ai perdu ? s'étonne le jeune homme. Après une si longue route, je perds contre un dresseur moins entraîné que moi. Je ne suis pas aussi fort que je ne le croyais. Désolé de m'être vanté.

-C'est pas grave. J'ai beaucoup étudié avant de partir et j'ai eu de la chance. Tu viens d'où ?

-De Jadielle.

-Ce n'est pas si loin...

-Si j'ai bien compris, c'est plus loin que là où tu vis.

-Oui...

-Enfin bref. Je m'appelle Midori. Et toi ?


Taï se présente à son tour. Comme son nouvel ami ignore où se trouve le prochain centre Pokémon, il lui propose d'y aller à deux. Midori accepte. Ils se mettent donc en route. Une route courte, mais qui semble très longue pour Taï. L'autre dresseur n'arrête pas de parler. Il est surpris d'avoir un an de moins que le jeune homme, car ils font à peu près la même taille. Il informe également qu'il a eu Bulbizarre chez le professeur Chen. Taï en profite pour parler un peu de son frère, mais il se fait rapidement couper la parole. Midori révèle être enfant unique. Il n'a eu aucune éducation concernant les Pokémon. À partir de ce moment, Taï ne l'écoute plus. Il se demande si Akaï choisira Bulbizarre aussi. Dans le guide de Kanto que lui a donné le vieux chercheur, il est écrit qu'il offre également un Salamèche ou un Carapuce si l'on ne veut pas du Pokémon plante. Finalement, une heure plus tard, les deux dresseurs arrivent au centre Pokémon. Une jeune femme les accueille. Midori lui donne les pokéballs contenant ses compagnons de route, puis Taï explique à l'infirmière ce qui est arrivé à son Piafabec. Il porte ensuite Elekid sur le comptoir pour qu'il profite également des soins. Un Leveinard vient chercher tous les Pokémon avec un chariot.

« Leveinard. Type normal. Forme évoluée de Ptiravi. Pokémon œuf. Un Pokémon rare et très difficile à capturer. On dit qu'il porte chance et apporte la joie à ceux qui réussissent. Il est également très serviable. »


-Vous avez de la chance alors, remarque Midori.

-Pas vraiment. Il y a au moins un Leveinard dans tous les centre Pokémon de Kanto. Ils sont élevés et formés dans un lieu spécial afin d'aider. Ils possèdent tous quelques attaques pour soigner les autres Pokémon. Mais vous pouvez aussi croiser d'autres Pokémon dans les salles de soins ou les couloirs, parfois.


Le jeune homme comprend mieux. Il rejoint Taï, assit sur un tabouret devant une série de téléphones munis d'écrans. Ils permettent de contacter qui on veut et de voir son interlocuteur. Il communique justement avec son père, qui est fier d'apprendre que son fils a pris soin d'un Pokémon sauvage en détresse. Après quelques minutes de conversation, ils raccrochent tous les deux. Ensuite, Taï va attendre qu'on lui rende ses Pokémon avec Midori en s'asseyant sur l'un des canapés du hall. Ils n'ont pas à rester longtemps car on les appelle quelques minutes plus tard.


-Votre Elekid va très bien, déclare l'infirmière. Pour Piafabec, il devra se reposer jusqu'à demain. Vous pourrez le récupérer à ce moment-là. Vous vous en êtes très bien occupé, il sera capable de combattre à vos côtés. Je vous conseille de prendre une chambre dans notre établissement, au moins pour cette nuit.

-Merci beaucoup. Je veux bien une chambre.


Après une courte discussion, il en prend une pour deux personnes. Midori restera également dormir au centre Pokémon. Ils prennent les clés et vont y déposer leurs sacs sur les lits. Ils ressortent aussitôt car en arrivant, ils ont aperçu des terrains derrière le bâtiment. En effet, des aménagements ont été installés pour permettre aux dresseurs de s'entraîner ou de livrer des matches amicaux. Ils remarquent qu'un seul d'entre eux est occupé. Au vu des larmes qui coulent le long des joues d'une fille le quittant, avec un Pokémon dans les bras, le spectacle ne doit pas être si amical.


-Qu'est-ce qui se passe ? demande Taï à l'une des personnes dans le public.

-C'est ce gamin. Il défie un maximum de personnes, débutant comme professionnel. En général, il n'y a que des dresseurs débutants ici. Il les a tous ratatiné.


Un jeune garçon, qui aurait 12 ans d'après les murmures, se tient à l'une des extrémités du terrain. Il est grand, mais maigre. Ses cheveux, coiffés vers l'arrière, et ses yeux, à moitié clos, sont d'un noir tellement intense qu'ils semblent absorber la lumière. Il porte un long manteau noir, sous lequel on devine un maillot noir, ainsi qu'un pantalon en cuir noir, dont le bas recouvre légèrement de grosses chaussures noires également.


-Combien il a de badges ? s'informe Midori.

-Deux, d'après ce qu'il dit. Mais il ne les a pas montré.


Le garçon devient pensif. Il a récemment appris à ne pas accorder trop d'importance au nombre de badges. Toutefois, il sait que la chance peut tourner d'une manière inattendue.


-Alors ? rugit le jeune en noir. Qui sera le suivant ? Je vais lui montrer à quel point ses Pokémon ne valent rien.


Sans hésiter, Midori s'avance. Il se présente :


-Je m'appelle Midori. Je viens de Jadielle et j'ai déjà un badge.

-Jadielle ? Ah ! Trop facile.

-Pardon ?

-Les dresseurs qui viennent de la ville sont plus faibles que les autres. Ils ignorent comment survivre dans un monde hostile. J'ai vécu dans la nature, je sais m'adapter aux pires situations.

-J'ai fait parti des scouts.


Son opposant éclate de rire.


-Et tu collectionnes les badges ? Tu ne dépasseras jamais les éliminatoires de la Ligue Pokémon, en supposant que tu réussisses à aller jusque là.

-Bien sûr que j'y arriverai ! J'aurai mes huit badges avant toi, même.

-C'est beau de rêver. Alors, on y va ?

-Attends, c'est quoi ton nom ?

-On s'en fiche...

-Pas moi, affirme Midori.

-S'il le faut. Je m'appelle Drake. C'est bon ?


Midori acquiesce et fait apparaître un Rattata sur le terrain. Amusé, Drake choisit à son tour à un Rattatac.

« Rattata. Type normal. Forme de base. Pokémon souris. Il peut faire son nid n'importe où. Une fois installée, il se multiplie rapidement. Sa morsure est très puissante. Il ronge tout ce qu'il trouve pour tailler ses dents. »

« Rattatac. Type normal. Forme évoluée de Rattata. Pokémon souris. Il est capable de ronger le matériau le plus solide avec ses crocs. Malheureusement, il perd l'équilibre si ses moustaches sont coupés. Il reste toutefois un bon nageur grâce à ses pattes arrières palmées. »


-C'est son évolution, observe Taï. Je me demande si Midori peut vraiment faire quelque chose.


Le petit rat commence avec vive-attaque. Drake ne réagit pas. Rattatac se laisse faire. L'impact est faible, bien que le gros Pokémon ne s'en sorte pas sans égratignure.


-Qu'est-ce que je disais, lâche le dresseur en noir. Aucune force.


Il ordonne ensuite à son Pokémon d'utiliser croc de mort. Rattata subit alors des dégâts importants. Il reste au sol pendant plusieurs secondes. Midori ne bouge pas, persuadé qu'il peut encore se battre. Drake ne dit rien. Cela ne le dérange pas d'admirer ce corps étendu sur le sol. Finalement, le rongeur violet se redresse. Il revient aussitôt dans la bataille avec mimi-queue. Rattatac reste attentif, pendant que son dresseur bâille. Rattata enchaîne avec vive-attaque. Rapidement, son évolution utilise coup bas. Cela lui permet de frapper en premier et d'envoyer valser le pauvre petit jusqu'aux pieds de son maître.


-Tu sais, tu as le droit d'abandonner, signale Drake. Ce n'est pas de la lâcheté quand on n'a rien à y perdre.

-Tais-toi ! Peu importe d'où le vient, c'est l'entraînement et les connaissances qui nous apportent de l'expérience. C'est comme ça qu'on devient fort.

-Youpi. Va-t-en et deviens fort, alors. Pour le moment, tu m'ennuies.


Bien qu'il n'ait aucune chance de l'emporter, Rattata se relève. Comme son dresseur, il n'abandonnera pas sous prétexte qu'il est faible. Il repart à l'assaut en lançant charge. Pendant qu'il court, Rattatac se sert de puissance. Il utilise ensuite l'attaque morsure pour attraper Rattata avant de recevoir des dégâts puis referme violemment sa bouche. Il recrache sa proie juste après, avec un air de dégoût sur le visage. Le combat est terminé.


-Vite fait, bien fait, commente Drake.


Midori va chercher son Pokémon. Il le prend dans ses bras et s'éloigne doucement, en tentant de retenir ses larmes.


-Alors, à qui le tour ?

-Moi.


Taï s'avance, rempli d'assurance, suivi par Elekid. Ils se mettent tous les deux en place et lancent un regard rempli de colère à ce dresseur sans pitié.