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L'effet Charmillon de Axis



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» Auteur : Axis - Voir le profil
» Créé le 15/11/2014 à 03:39
» Dernière mise à jour le 15/11/2014 à 11:20

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Déni
Le dur contact du sol contre ma joue.
Cela faisait des années que je n'avais plus ressenti cette sensation. Cette sensation d'infériorité. Cette sensation de défaite.

J'entends les hurlements de la foule. Ils veulent que je me relève. La majorité d'entre eux sont venus dans ce stade juste pour me voir combattre. Pour me voir gagner. Je ne peux pas les décevoir.
Mes doigts se resserrent dans le sable et je me redresse, mettant un genou au sol. Du revers de ma main, j'essuie les grains restés collés sur mon visage, probablement à cause de la pluie.
Reprenant mon souffle, je lance un regard assassin à mon adversaire. Un Laggron. Je ne vais quand même pas perdre contre un Laggron ! Je suis un Jungko !
Je me relève enfin. A travers les cris du public, on ressent de l'excitation dans la voix du commentateur :

- Mesa s'est relevée ! Et elle n'a pas l'air décidée à laisser la victoire à son adversaire ! Je vous rappelle que c'est elle qui a gagné le Tournoi des Légendes lors des trois précédentes éditions ! Mais Tsunami le Laggron est décidément la surprise de cette année ! Sorti de nulle part, inconnu de tous, il a éliminé tous ses précédents adversaires avec une facilité déconcertante, et on dirait bien que Mesa « La Légende Bleue » est en train d'en faire les frais ! Quelle demi-finale de folie mes amis ! Jamais le stade d' Éternara n'avait été soumis à un tel suspens !

Je me retourne vers Alice, ma dresseuse, et je vois la détermination dans son regard. Elle connaît aussi bien que moi les règles de ce tournoi. Un seul Pokémon par dresseur pour toute la compétition. Quand le Pokémon tombe KO lors d'un match, son dresseur est immédiatement éliminé. Mais Alice a une entière confiance en moi.

- O.K, Mesa ! Utilise la technique qu'on a travaillée ensemble !


Alors que je m'élance vers mon adversaire, je ressens encore la douleur liée au coup que je viens d'encaisser. Mais ce n'est pas grave. Je sais que je vais gagner.
J'arrive au contact du Laggron par la droite, feignant un coup de ce coté, mais au dernier moment, j'exécute un pas sur la gauche pour le trancher avec ma feuille.
Il se baisse, esquivant ma frappe. Je suis alors soulevée par un puissant coup de poing gelé qui me touche au ventre.
Impossible. Comment un Laggron peut-il être aussi rapide ?
Projetée au loin, je percute le sol avec une grande violence. J'ai la tête qui tourne, et vaguement, j'entends mon public qui m'encourage avec son chant :

- Mesa ! Mesa ! Mesa, on te suppooooorte ! Mesa ! Mesa ! Tu es la plus fooooorte !

Mais cette fois, je n'arrive plus à me relever. J'ai beaucoup trop mal. Tout est trouble autour de moi, et j'entends une voix lointaine. C'est le commentateur, mais la douleur m'empêche de comprendre ce qu'il dit. Je respire difficilement, et alors que je touche mon ventre, je sens des résidus de gel.
Je reste là, recroquevillée dans le sable, sous la pluie battante quelques instants, puis je sens qu'on me soulève, et qu'on me transporte. J'essaie de comprendre ce qui se passe, mais il ne me reste plus assez d'énergie pour rester consciente...



Lorsque je rouvre les yeux, je suis allongée dans un lit d'hôpital. Je sens des bandages sur mon ventre et ma jambe droite.
Alice est assise sur une chaise à coté de moi, et me caresse la joue en souriant.

- Ah, ça y est, tu reviens parmi nous !

Son sourire est éclatant, des larmes de joie coulent par dessus ses taches de rousseur. Elle est contente de savoir que je vais bien.
A mon tour, je lui souris, puis je me rends compte de ce qui vient de se passer : J'ai perdu.
Mon sourire s'efface.

- Tu t'es bien battue, commence-t-elle en essayant de me consoler. Tu n'as pas à t'en vouloir, ce Laggron était vraiment très fort. Et puis il pleuvait, ça a dû amplifier la puissance de la première attaque qui t'a touchée. En plus aujourd'hui c'est le terrain « Sable » qui est tombé. Les Laggron sont plus à l'aise dans le sable, tout le monde le sait. Les circonstances étaient contre toi !

Je n'ai pas à me chercher d'excuses. Je suis Mesa « La Légende Bleue », un Jungko unique, j'ai gagné ce tournoi trois fois de suite, je suis tout simplement la meilleure combattante de la région. Et aujourd'hui, j'ai été vaincue par un Laggron.
Je me sens salie. Et même si au travers des yeux émeraude de ma dresseuse, je ne perçois pas une once de déception, la frustration m'envahit.
Je détourne le regard de son visage. Au fond de la salle, un écran de télévision est allumé. Le rapport quotidien sur le tournoi, présenté par deux champions d'arène, est en train d'être diffusé :

- ... et c'est donc Titan le Galeking qui remporte cette deuxième demi-finale ! Une victoire bien méritée, et ce sera donc lui qui affrontera Tsunami et son dresseur Chris en finale !
- Exactement Lévy, ce qui nous amène à la grosse news du jour, Tsunami le Laggron a créé la surprise générale en battant la célèbre Mesa alors que le Jungko bleu était donné largement favori par tous les pronostics !
- Tout à fait Tatia, même si le parcours de Tsunami jusque là était impressionnant, personne ne se serait douté qu'il parviendrait à venir à bout de l'invincible Légende Bleue ! Il avait beau être très fort, il restait un Laggron, et il devait battre un Jungko ! Et ce Jungko s'appelait Mesa !Regardez la vitesse avec laquelle il esquive la Lame-Feuille de son adversaire pour la contrer immédiatement avec Poinglace !

Dans un coin de l'écran, une case rediffuse en boucle un ralenti du coup de poing qui m'a sortie du combat.
Alice saisit en vitesse la télécommande et éteint le téléviseur.
L'humiliation est totale. Alors que je fonds en larmes, mon amie me prend dans ses bras et me réconforte :

- Ne les écoute pas, tu es toujours la meilleure. On ne peut pas toujours gagner, et même si cette fois nous avons perdu, je t'aime toujours autant tu sais ? Et puis tout n'est pas terminé, tu as encore un match à jouer, hein ! Dans deux jours, c'est la « petite finale », qui décidera de qui grimpera sur la troisième marche du podium. Et celle-là, crois moi, elle est pour nous ! Mais d'abord, il faut que tu te reposes. L'infirmière m'a autorisée à rester avec toi cette nuit, c'est pas génial ?

Tout en me parlant, elle essuie mes larmes du bout de ses doigts. Alice a un don pour réconforter les cœurs blessés. Même si je suis encore frustrée par ma défaite, je me sens un peu mieux maintenant.

- Merci beaucoup Alice, dis-je d'une voix faible.
- Oh mais tu n'as pas à me remercier, rappelle toi, on reste ensemble pour toujours ! Et même un peu plus, ajoute-t-elle avec un sourire en se levant.

Quand nous, les Pokémon, parlons aux humains, ils ont l'impression que l'on répète notre nom. Mais Alice et moi avons une telle complicité qu'elle comprend toujours ce que j'essaie de lui dire.
Après m'avoir embrassée sur le front, ma dresseuse part trouver l'interrupteur, et éteint la lumière.



Terrain « Prairie ». Celui là ne me pose jamais de problèmes.
Alors que j'avance vers le milieu du stade sous le soleil tapant, tenant Alice par la main, je regarde autour de moi. Le bâtiment est plein à craquer, et le public en folie, comme à chaque fois. Contrairement à mes attentes, il y a toujours autant de personnes habillées en bleu clair, de casquettes « Jungko », et de panneaux « Allez Mesa ! ». Même après m'avoir vu perdre, le public m'aime toujours. Cela me redonne le sourire.

Soudain, j'aperçois une bannière juste à ma gauche. Un dessin grossier d'un Laggron en train de donner un coup de poing à un Jungko bleu. Autour de cette bannière, un groupe assez conséquent de supporters porte des vêtements à l'effigie du Pokémon qui m'a vaincue. Voyant que je regarde dans leur direction, ils entonnent un chant de stade :

- Mesa ! Mesa ! Mesa, prends la pooooorte ! Mesa ! Mesa ! Ta légende est mooooorte !

Il faut que je fasse semblant de les ignorer. S'ils s'aperçoivent que leurs moqueries m'atteignent, ils auront gagné. Le cœur serré, je continue de marcher, tenant ma dresseuse encore plus fermement. D'ailleurs, on dirait qu'elle n'a rien remarqué, elle continue de saluer le public. Peut être qu'elle emploie la même stratégie que moi.
Nous arrivons à l'emplacement qui nous est destiné. L' adversaire est déjà en face. C'est Lucie, nous l'avons déjà combattue dans le passé. Une jeune femme blonde, à peine plus âgée qu' Alice, avec beaucoup de maquillage, et des vêtements adaptés à la météo du jour. Elle est en sandales et paréo, porte une fleur blanche dans les cheveux, et tient une ombrelle. Ça contraste beaucoup avec le survêtement à capuche noir et les chaussures de sport de ma dresseuse.

La pokéball que Lucie a dans la main gauche s'ouvre. Durant ces deux derniers jours, je me suis préparée psychologiquement. Je sais que mon adversaire sera un autre Laggron. Que je connais, en plus, c'est Océan, je l'ai déjà battu l'année dernière. Et peut-être même l'année d'avant, je ne me rappelle plus. J'ai gagné tellement de combats depuis... Je sais que j'ai l'avantage, et pourtant, je ressens quand même ce pincement au cœur quand le Pokémon apparaît sur le terrain.
Le commentateur prend la parole :

- Eeeeet, ça y est ! Les deux dresseuses et leurs Pokémon sont face à face ! Lucie et Océan contre Alice et Mesa ! Oooh, ça promet, cher public ! C'est la troisième fois que ces équipes se rencontrent dans le cadre du...

O.K, donc je l'ai bien battu deux fois.

- ... Tournoi des légendes, et pour le moment, Mesa et Alice ont gagné à tous les coups ! Mais je suis certain que leurs adversaires ont la ferme intention de repartir avec la médaille de bronze cette année !

Pendant que la foule se remet à hurler, l'arbitre se dirige vers nous. Je profite de ce court temps mort pour tenter d'analyser le comportement de l'adversaire. En principe, il devrait être inquiet, je l'ai déjà vaincu deux fois de suite. Je lève les yeux vers le Laggron, et constate qu'il me fixe avec un large sourire. Il pense qu'il va gagner.
Intérieurement, je me mets à bouillonner. J'ai l'avantage, de très loin, et pourtant il se moque de moi. Je suis Mesa, « La légende Bleue » ! Ma défaite face à Tsunami m'a-t-elle discréditée à ce point ?
L'arbitre arrive enfin à notre niveau. Il regarde d'abord du coté de nos adversaires, Lucie lui fait un hochement de tête. Puis le regard de l'arbitre se tourne vers ma dresseuse et moi.
Alice pose délicatement la main sur mon épaule me demande :

- Tu es prête, ma belle ?

Je ne lui réponds pas. Mon regard est fixé sur le visage moqueur du Laggron.
Sans le quitter des yeux, je me mets en position de combat : les mains plaquées au sol, une jambe tendue vers l'arrière, comme un humain prêt à démarrer une course.

- Ah, ça, ça veut dire oui ! annonce-t-elle à l'arbitre d'une voix enjouée.

Ce dernier met alors son sifflet dans sa bouche, puis lève le bras.
L'attente qui s'ensuit ne dure qu'un très bref instant, mais me paraît interminable. Mon regard est toujours plongé dans celui de mon adversaire. J'ai envie d'en découdre. D'effacer ce sourire du visage de ce misérable. De montrer à ces supporters railleurs que non, ma légende est loin d'être morte.
L'arbitre abaisse son bras en donnant un coup de sifflet.

Je n'en pouvais plus. Sans attendre les instructions de ma dresseuse, je fonce sur le Laggron.

- Mesa attends !

Je sens comme de la panique dans la voix d'Alice. Pourquoi s'inquiète-t-elle ? Je sais très bien comment battre Océan, je me rappelle de mon dernier combat contre lui, maintenant : il est dangereux à distance, mais particulièrement mauvais en combat rapproché.

- Océan, utilise Tir de Boue pour la ralentir ! crie Lucie.

Tiens, il s'est amélioré depuis la dernière fois. Ses projectiles sont beaucoup plus nombreux, plus rapides, et laissent moins d'espace entre eux.
D'un coup, je me concentre : j'ai l'impression que tout autour de moi se passe au ralenti. J'exécute une roulade, puis saute en tournant sur moi-même telle une torpille, passant entre les boules de boue. J'ai tout esquivé.
Alors que le temps semble reprendre son cours ordinaire, seuls quelques mètres me séparent encore du Laggron. Sa dresseuse lui donne une nouvelle instruction :

- Lance Laser Glace !

D'un salto, je passe par dessus le rayon de gel. Toujours en l'air, je me mets en boule et percute mon adversaire de plein fouet au visage. Pendant qu'il perd l'équilibre, je me sers du rebond provoqué par le choc précédent pour le frapper encore au ventre avant d'atterrir.
Il tombe en arrière, puis tente de se relever. Il n'a pas vu venir mon attaque suivante. A moitié redressé, il est tranché sur le coté par ma feuille, ce qui le plaque au sol à nouveau.

Je reste debout, les bras croisés, tournant le dos à mon adversaire, sous les applaudissements et cris hystériques du public.
Le commentateur n'en croit pas ses yeux :

- Incroyable ! Vous avez vu ça ? Mesa s'est servie de Détection pour esquiver le Tir de Boue d' Océan, puis a utilisé Acrobatie pour sauter par dessus le Laser Glace de son adversaire et le frapper, pour enfin terminer son enchaînement avec Lame Feuille ! La Légende Bleue est de retour, les amis !

Alice me regarde d'un air surpris avec les mains sur la tête. C'est la première fois que je lui désobéis.
Soudain, son expression change, laissant place à la peur :

- Mesa, attention derrière toi !

Avant que je n'aie le temps de faire quoi que ce soit, je sens une puissante force s'écraser sur mon dos et m'envoyer au sol.
Je reprends peu à peu mes esprits, et constate que je suis recouverte d'une substance violette visqueuse et puante.

- Ooooh, c'était plutôt déloyal, ça ! s'exclame le commentateur. Océan a utilisé l'attaque Détritus alors que son adversaire avait le dos tourné ! Voyons voir ce que dit l'arbitre.

Sifflet à la bouche, ce dernier fait « non » de la tête et écartant les bras des deux cotés du terrain.

- L'arbitre laisse jouer ! reprend le commentateur. Il considère cette attaque comme légitime !

Alors que la foule commence à huer cette décision, Alice court me rejoindre :

- Oh non ! Mesa, tu vas bien ?

Sa voix est inquiète. Elle sait que je supporte très mal les attaques à base de poison.
Sans lui répondre, je m'appuie sur son épaule pour me relever. Une fois debout, je fusille le Laggron du regard. Encore allongé sur le dos, il me sourit. Abritée sous son ombrelle, sa dresseuse n'a pas l'air dérangée par les événements.
Retirant ma main de l'épaule d'Alice, je m'avance vers mes adversaires. Soudain, je titube, puis tombe, me retrouvant à quatre pattes au milieu du terrain. Je me sens nauséeuse. Une quinte de toux me prend.
Je suis empoisonnée.

Voyant mes signes de faiblesse, Océan éclate de rire. Derrière moi, j'entends un groupe de supporters chanter :

- Mesa ! Mesa ! Mesa, prends la pooooorte ! Mesa ! Mesa ! Ta légende est mooooorte !

C'en est assez. Rassemblant toutes mes forces restantes, je me relève, puis reprends calmement ma marche vers mes adversaires. A mesure que je m'approche du Laggron allongé, son rire s'éteint.
Je m'arrête juste devant lui. Mon ombre masque à présent son visage.
Le soleil est à son zénith. Alors que je ferme les yeux, je sens chacun de ses rayons me caresser la nuque. Les six grains dans mon dos s'illuminent. Je rouvre les yeux, et observe à nouveau le Laggron. Il a peur. C'est cette expression que je veux voir.
Je me baisse, posant mes mains au sol, des deux cotés de la tête d'Océan. Puis, je place mon visage juste au dessus du sien et ouvre grand la bouche, laissant apparaître une boule lumineuse en train de grandir.
Je sens sa respiration s'accélérer. Il sait qu'il m'a mise en colère. Il commence à me supplier :

- Non, s'il te plaît ne fais pas ça... Je suis désolé, arrête, tu as gagné !

Loin derrière moi, j'entends la voix de ma dresseuse qui tente de me raisonner :

- Mesa, non !

Pardonne moi Alice, mais je refuse que ce lâche s'en tire comme ça. Il mérite une punition.

D'un seul coup, je relâche toute l'énergie solaire que je viens d'accumuler. C'est la première fois que je charge tellement mon attaque avant de la lancer. Le rayon que je tire est tellement puissant que je suis propulsée en l'air. Il a beau faire jour, le stade entier est illuminé.
J'atterris gracieusement derrière la dresseuse adverse et lève les bras, attendant les applaudissements du public.
Mon sourire s'efface quand je constate qu'il n'y a plus un bruit dans le stade.

Soudain, un cri de désespoir déchire le silence :

- Océan ! NOOOOOOON !

La dresseuse, juste à coté de moi, lâche son ombrelle et court rejoindre son Pokémon. Elle glisse sur les genoux et prend le Laggron dans ses bras. J'ai dû y aller un peu fort. Je tente de regarder le visage du Pokémon, mais à présent la tête de la dresseuse m'empêche de voir l'état de mon adversaire.
Lucie, en pleurs, tente de réanimer son ami :

- Allez, réveille-toi... Réveille-toi, allez, s'il te plaît, reste avec moi ! A L'AIDE !

Un groupe médical équipé de matériel de réanimation la rejoint rapidement. Je ne réalise que maintenant la gravité de mon acte. Je l'ai sérieusement blessé.
Pendant que les infirmiers sont attroupés autour du Pokémon allongé, je contourne lentement le groupe et rejoins Alice. Elle est à genoux, les mains plaquées sur la bouche.

- Mesa, pourquoi t'as fait ça ? Me demande-t-elle, tentant visiblement de retenir ses larmes.

Ne sachant pas quoi répondre, je baisse la tête, puis me retourne. L'arbitre est sorti. Tout le stade retient son souffle. De plus en plus d'infirmiers rejoignent la scène avec du matériel médical. Lucie a été légèrement éloignée le temps que l'équipe de soins fasse son travail. Elle pleure sur l'épaule de l'un d'entre eux.

Soudain, alors qu'une énième escouade est en train d'arriver, une infirmière s'occupant du Laggron se lève et fait signe à ses collègues de faire demi-tour. Le groupe arrivant s'arrête, et d'un air grave, l'infirmière baisse les yeux et lui adresse un lent « non » de la tête. Le groupe repart en marchant.

Qu'est-ce que ça veut dire ? Peut être que l'infirmière leur indiquait qu'il y a déjà assez de monde comme ça, et que le Pokémon a besoin d'air.

Toute l'équipe médicale se lève, et deux infirmiers déplient un brancard. Ils déposent délicatement Océan dessus, puis le recouvrent intégralement avec un drap blanc. Ils commencent alors à transporter le Pokémon vers la sortie du stade.
Pourquoi ont-ils également recouvert son visage ? Ça ne risque pas de gêner sa respiration ? En tout cas je me sens mal de l'avoir mis dans cet état, j'irai le visiter dans sa chambre au centre Pokémon.

Lucie est méconnaissable. Ses larmes ont fait couler son maquillage, et elle a les yeux rouges. Quand le brancard passe devant elle, elle le suit du regard, les yeux écarquillés.
Elle glisse alors ses mains dans ses cheveux, faisant tomber sa fleur blanche, et se met à crier :

- NON ! NOOOOON !

Elle tente de rattraper l'équipe qui transporte son Pokémon, mais elle est interceptée par deux infirmiers.

- Non ! Laissez-moi le voir ! LAISSEZ-MOI LE VOIR !

Les infirmiers lui interdisant le passage, elle se retourne, me faisant face. Son regard larmoyant est rempli de haine.
Elle commence alors à courir dans ma direction, mais les deux hommes la rattrapent et l'empoignent fermement par les bras. La dresseuse se débat, obligeant les infirmiers à la traîner de force pour la sortir du stade. Alors qu'elle s'éloigne, elle me crie avec tristesse :

- TU AS TUÉ MON AMI ! TU ME L'AS PRIS !

J'ai l'impression que le monde s'écroule autour de moi.
Les portes du stade se referment derrière Lucie, me laissant seule sur le terrain avec Alice, toujours bloquée dans la même position.
Après un bref silence, des huées et des sifflements commencent à se faire entendre. Des insultes me parviennent. Les quatre écrans géants présentent un gros plan de mon visage paniqué.

Soudain, une vague de soulagement m'envahit. Mais bien sûr. C'est un cauchemar. C'est aussi simple que ça. Tout cela ne peut pas arriver.
Je ferme les yeux aussi fort que je peux, attends un peu, puis les rouvre. Mais je suis toujours là. Je réitère le processus, sans plus de succès.
Mon amie me prend alors par la main :

- Viens, il faut qu'on parte. Vite.

Elle se met à courir, m'obligeant à faire de même. Plus nous nous rapprochons de la sortie, plus les huées s'intensifient.
Juste avant de franchir la porte, je lance un dernier regard par dessus mon épaule, vers ce public qui maintenant me siffle. Qui maintenant me hait. Mais qui, avant, était le mien.