Concours d'ambitions de Zer0mega

Sur le coup des onze heures l'équipage du navire regroupa tous les passagers sur le pont. Il faisait parfaitement jour à présent et l'étreignante aura nocturne dégagée par le Mont Mémoria s'était dissipée pour ne laisser rien de plus que la simple image d'un gros massif montagneux. Durant la nuit, le ciel s'était découvert comme par enchantement et l'océan avais retrouvé un visage apaisé. Ce n'était pas le cas de la plupart des voyageurs. Le manque de communication sur l'incident de la veille avait nourrit un certain mécontentement qui se traduisait par une agitation croissante de la foule. Installés un peu à l'écart, les deux compères et leurs Pokémons écoutèrent d'une oreille distraite les rumeurs qui diffusaient dans l'assemblée. Rubin et Électron faisaient grise mine et les cernes sous leurs yeux trahissaient la nuit difficile qu'ils avaient passée. Positron, lui, ne semblait nullement souffrir du manque de sommeil. Le capitaine, un homme d'age mûr prit un air embarrassée et la parole. Selon ses dires, la tempête avait causé un dysfonctionnement des appareils de navigation et de communication. Ces derniers ayant été réparés, les services maritimes de Nénucrique ont désormais pu être contactés. Il ajouta :
« Un autre paquebot à bord duquel vous pourrez terminer votre voyage arrivera d'ici une semaine. Nos réserves en eau et en vivres sont largement suffisantes pour tenir jusque là. Tous les frais seront bien entendu à la charge de la compagnie. »
Rubin encaissa le choc. Le sol s'effondra sous ses pieds. Il fut pris d'une profonde langueur et ses jambes, déjà fébriles, se dérobèrent totalement. Une... une semaine ? Ils n'arriveraient jamais à temps ! Après tous ces efforts, tant d'années d'entraînement, échouer si près du but... sans même avoir pu se battre ? Saphira le retint dans sa chute. Il s'assit, silencieux, la figure livide, admirant le vide. Puis, son regard se posa sur le ses deux petits Pokémons. Jirachi seul sait combien de fois leurs adorables figures réconfortantes avaient su lui redonner du cœur à l'ouvrage. Il baissa la tête, fit un profond soupir ; retrouvant un petit sourire, il s'excusa doucement.
« Aller ! Nous avons franchit des épreuves bien pires que celle-là ! Nous devons être à Nénucrique dans cinq jours et nous y seront ! »
Se redressant, il reprit :
« Saphira, Nénucrique est bien à quelques jours de marche, n'est ce pas ?
- Oui, c'est exact, mais... - elle marqua une pause - mais il faut déjà atteindre la côte plus au Nord. À dos de Pokémon ce serait chose aisée, malheureusement aucun des nôtres ne maîtrise ''Surf''...
- Si ce n'est que ça... »
Ils se retournèrent. L'original qu'ils avaient aperçus la veille au restaurent s'était immiscé dans leur conversation. Sous leurs regards interrogateurs, il perdit un peu de son assurance.
« Hem... Naraval... de Myokara. Moi aussi je dois me rendre à Nénucrique dans les plus brefs délais. J'ai cru comprendre que vous cherchez un moyen de franchir la mer... je... je peux sûrement vous aider, je suis... expert en Pokémons de l'eau. »
Rubin écarquilla les yeux, tant ravi qu'abasourdi par ce nouveau rebondissement.

Naraval jeta une Pokéball à la mer. Il en sortit une créature à la grâce sans égale. Le corps beige, allongé sur plusieurs mètres et sans membre. La queue recouverte de plusieurs grandes écailles qui renvoyaient un splendide reflet irisé. L'autre extrémité, la tête, portant deux longues membranes ondulant telle une charmante chevelure pourpre. Sa simple vision avait quelque chose d'apaisant tant la bête dégageait en sérénité. Saphira s'exclama :
« Naraval, tu prétends être un piètre dresseur et pourtant tu as un Milobellus ? C'est un Pokémon rarissime dont la grâce n'a d'égal que la puissance !
Il eu un sourire gêné avant de répondre
- Oui, c'est vrai... mais son niveau n'est pas très élevé... »
Là n'était pas la question de la jeune femme. Un Pokémon de la trempe d'un Milobellus possède une conscience très développée... et bien souvent un fort caractère. Il est pratiquement impossible pour un dresseur de se faire obéir sans disposer d'un certain charisme. Elle même avait parfois du mal avec Agemorez alors qu'il s'agissait de son tout premier Pokémon... Elle n'insista pas.

Le Milobellus était un Pokémon idéal pour surfer : de grande taille et relativement confortable. La mer était calme et la traversée s'était déroulée sans encombres. Ils en avaient profité pour faire plus amples connaissances. Naraval était un jeune dresseur de dix-sept ans. Né au village de Myokara, petite bourgade perdue sur une île au Sud-Ouest de la région, il a passé plusieurs années à Kanto où il avait trouvé un œuf d'Évoli. Il l'avait élevé seul avant de retourner à Hoenn. De toutes évidences ravi d'avoir rencontré des gents qui portaient un intérêt au récit de sa vie, Naraval s'emballa dans son discours et mentionna un mystérieux incident au niveau de la route 111... il s'arrêta net et refusa d'en dire plus. Finalement, ils atteignirent la côte dans l'après-midi et choisirent de faire un détour au Parc Safari qui n'était qu'à une heure de marche pour pouvoir y passer la nuit. La progression du groupe était délicate tant l'atmosphère était chaud et sec. Naraval dût même renvoyer Aquali dans sa Pokéball pour éviter qu'il n'en souffre trop. Seul Agemorez ne bronchait pas : un spectre n'a pas besoin de boire. En temps normal, la région était très humide et recouverte d'une végétation luxuriante. Cependant, ces dernières années, pour des raisons inconnues, les anomalies climatiques s'étaient multipliées dans tout Hoenn donnant lieu à des aberrations de la sorte. Ici, on pouvait constater à quel point les plantes étaient inadaptées à la sécheresse et combien elles pâtissaient du manque d'eau. Ils finirent par atteindre un grand bâtiment aux teintes militaires. Une ranger en uniforme rouge les accueillit. Après un bref résumé des événements, elle leur offrit l'hospitalité et les invita à visiter le parc. Naraval refusa poliment, prétextant un appel urgent qu'il devait passer. On lui indiqua au coin de la pièce un PC permettant la communication avec son et image. Il attendit d'être seul pour l'utiliser.

Un individu à la forte carrure décrocha. Son visage aux traits tirés portait une épaisse barbe et une moustache élégante. Un bandana bleu marqué d'un curieux symbole blanc cachait sa chevelure brune. L'homme semblait furieux et Naraval fit son possible pour le calmer. Respectueusement, il attendit la fin de sa tirade pour prendre la parole. Il sortit alors de sa poche une petite roche translucide d'un rouge profond. D'abord l'étonnement, puis un large sourire. L'homme à l'autre bout du combiné finit par rire aux éclats. Il se mit à donner quelques indications que le dresseur écouta avec attention.

Ils furent dérangés par Rubin qui revenait en courant. Il y avait eu un incendie au parc et ils avaient besoin de toute urgence d'un Pokémon de l'eau. Naraval salua poliment mais promptement son supérieur avant de prendre congé. Dehors, la chaleur était insoutenable. Des flammes dansantes rouges et jaunes dévoraient les herbes hautes et sèches. Des Pokémons sauvages d'espèces diverses tentaient de fuir cette fournaise. La ranger avait fait appel à un Pokémon bipède de taille moyenne possédant de petits membres et une queue épaisse. Sa peau nue était d'un bleu azur. Le Maraiste crachait de l'eau et de la boue pour tenter de contenir le brasier. Naraval décida de prendre les choses en main :
« Ça ne va pas, le feu est étendu sur une trop large zone, une simple attaque eau ne pourra rien n'y faire... C'est la sécheresse qui a causé un tel désastre... Cette même sécheresse qui a failli nous arracher la vie ce jour là... toi aussi tu te souviens parfaitement de cette lente agonie sur ces sinistres sols sableux, n'est-ce pas, Aquali ? »
Le gracieux Pokémon sortit de la Pokéball et pris une pose mystérieuse. Il se concentra et rassembla ses forces afin d'utiliser un certain pouvoir. Après une poignée de secondes, il poussa un petit cri. Dans le ciel, d'épais nuages noirs s'amoncelèrent. Un éclair jaillit, suivi d'une pluie battante qui eu vite raison des flammes. Tous regardèrent Naraval et son Pokémon, incrédules. Il rougit un peu avant de déclarer fièrement :
« ''Danse Pluie'' ! »