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Trois chaînes pour deux vélos. de TheMizuHanta



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» Auteur : TheMizuHanta - Voir le profil
» Créé le 04/11/2014 à 19:16
» Dernière mise à jour le 10/06/2015 à 00:14

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Chapitre 4 : Le jour de l'épreuve.
- C'est fini, c'est l'heure d'y aller...

Rodolphe était encore et toujours dans sa fabrique. Il était assit sur sa chaise à roulettes dans un coin de la pièce. Il n'arrêtait pas de tourner autour de lui même, d'un air pensif. De toutes façons, c'était la seule chose qui lui restait à faire. Il n'avait plus qu'à trouver quelque chose à faire pour faire passer le temps. Il avait déjà rangé et réarrangé une bonne dizaine de fois son atelier, il était maintenant plus propre que jamais, à croire que les deux fadas de leurs Pokémon n'avaient jamais mis les pieds ici. Il ne lui restait plus qu'à se donner lui même le tournis, c'était la seule chose qu'il avait trouvé à faire pour ne pas devenir fou.
C'était fait, il avait fini. Ses vélos étaient prêts, un pour Hughe ainsi qu'un autre pour Junie. Il avait respecté les délais, il avait terminé son travail à temps. Ses deux créations reposaient dans le coin de la pièce opposé à lui, et il les fixait quand il s'arrêtait de faire quelques tours. Il avait beau les regarder, il se disait sans arrêt que ce n'était pas assez bien. Il avait beau chercher pendant des journées entières, il n'arrivait pas à trouver ce quelque chose qui pouvait faire la différence. Ce détail si important, il ne l'avait probablement pas, et pourtant il en avait cruellement besoin.
La date butoir était atteinte, cela faisait une semaine que l'année scolaire était finie. Une semaine qu'ils avaient reçu leurs diplômes de fin d'apprentissage. Le binoclard s'en était sortit avec une mention très bien malgré ses absences répétitives. Junie avait reçu une mention bien de justesse, tandis que le troisième obtint un "assez bien" avec de bonnes appréciations. Ils avaient au moins tous réussis leur année, voir même toute leur scolarité, et c'était aux yeux des adultes la chose la plus importante qu'il devait leur arriver. Mais ils ne savaient pas que pour le trio, c'était maintenant que tout allait commencer. C'était au tour du mécanicien en herbe de passer le dernier test. Sa promesse ainsi que sa détermination allaient être mises à l'épreuve, et il était l'heure de partir.
Il se leva donc lentement de sa chaise, sans faire le moindre bruit. Il avança sur la pointe des pieds vers l'autre bout de la pièce. Il faisait glisser sa main sur les plans de travail qui l'ont vu grandir durant plus de douze ans. Le contact de sa main avec le bois rayé de toutes ses expériences lui faisait ressentir une certaine nostalgie. Comme disent les vieux croûtons dans le parc à jouer aux échecs : "C'était le bon vieux temps". C'est vrai qu'avant, ils étaient juste de bons amis, ils n'avaient pas ces problèmes de promesse, ou ils n'avaient pas vraiment compris les enjeux qu'une chaîne pouvait donner, le jour où ils se l'étaient partagée. C'était à partir de cet achat que les deux autres venaient régulièrement dans la cabane privée en béton du garçon en rouge. La dresseuse ainsi que le coordinateur finirent dans la blacklist de l'artisan dès qu'ils avaient reçu leurs premiers Pokémon, ceux que vous connaissez déjà. Ils s'étaient mis ensemble pour mettre une pagaille sans nom. Le Tadmorv jonglait avec les pièces qu'il trouvait, complètement rouillées, et le Chamallot s'était fait un feu pour se réchauffer dans toute la pièce. Le jeune Rodolphe s'était fait enguirlander toute la nuit à la place des deux autres chérubins. Mais c'est vrai qu'à ce moment là, sans même comprendre la raison, ils s'étaient mis tous les trois à rire. Allez savoir pourquoi.
Une fois qu'il était devant ses deux inventions, celles qui lui valurent plusieurs nuits blanches, il se mit à les fixer d'un air sévère. Il avait fait deux vélos différents, comme son père le lui avait proposé. Le premier, pour Junie, était léger, fin et aérodynamique, il pouvait faire une pointe de vitesse à 70Km/h en terrain plat, il l'avait baptisé vélo de course. Le second était pour Hughe, il était plus large, avec de grosses suspensions pour s'adapter à tous les types de terrain, c'était le vélo cross. Ils étaient tous les deux équipés d'un système à sept vitesses et trois plateaux, le meilleur de ce qu'il était capable de faire. Mais il se posait tout de même encore plusieurs questions. Ce sera un tout ou rien, seul ses deux amis lui diront si ces bicyclettes seront assez bonnes pour eux ou non. Il était temps de savoir si tout son travail aura porté ses fruits. Il avait coupé tous contacts avec Hughe et Junie depuis cette altercation il y a deux mois. Il leur avait juste adressé une lettre pour établir la date, le lieu ainsi que l'heure de la rencontre tant attendue, accompagné d'un simple "J'y arriverais". Ce n'était que quelques mots sur du papier, mais cette lettre pour lui était une preuve solide de sa motivation. Il savait après avoir envoyé ce courrier qu'il n'avait plus le droit au moindre retour en arrière.
Il finit par poser ses mains sur les guidons, la droite pour celui de Junie et la gauche pour Hughe. Lorsque le contact entre le caoutchouc et ses paumes se firent, un frisson parcourra l'échine toute entière de l'adolescent. Ce toucher était terriblement oppressant, le doute grandissait dans l'esprit du mécanicien. Est ce qu'il avait vraiment fait son maximum ? Est ce qu'il n'était pas capable de faire mieux ? Est ce que ses créations allaient plaire à ses deux amis ? Ses mains se crispèrent, il avait de plus en plus de mal à imaginer l'avenir. Il n'avait aucune idée de la réaction qu'auront les deux futurs détenteurs de ses vélos. Malheureusement pour lui, c'était trop tard pour les doutes, il devait partir maintenant, sinon il allait être en retard au rendez vous. Il prit une profonde inspiration, c'était la seule chose qui pouvait le faire bouger sur le moment. Il commença à les faire rouler sur le béton de sa pièce rien qu'à lui, les engrenages s'emboîtaient sans soucis. Les roues se mirent à tinter d'un rythme soutenu et régulier, avec un doux son qui pouvait passer pour une berceuse. Ce fut quand il entendit ce bruit que Rodolphe finit par comprendre, il avait fait le maximum. Il était arrivé au sommet de son art, il était impossible pour lui d'aller plus loin. Il se dirigea alors vers la porte qui menait à l'intérieur de sa maison. Les pneus émettaient de petits couinements sur le parquet du couloir. Les murs étaient blancs, sans aucune décoration, il n'y avait même pas de porte. Il n'y avait que le jeune garçon qui pouvait poser ses pieds dans cette pièce, car elle ne menait qu'à sa fabrique.
Mais quelqu'un lui barra le chemin, il s'était arrêté au milieu, le bras droit croisé ainsi que le gauche à la verticale, en train de se gratter le menton. C'était son père qui le regardait d'un air pensif, il scrutait le visage de son fils. Ce dernier s'arrêta tout juste devant lui, il le fixait d'un air déterminé, ce n'était pas lui qui allait l'arrêter aujourd'hui. Il lâcha juste, avec une grande ambition dans sa voix :

- J'ai fini mon travail.
- J'ai vu ça, plutôt bien joué. encouragea Romuald d'un joli sourire
- J'ai encore quelque chose à faire. Si tu veux les détails à propos de mes vélos, mon carnet est sur le bureau, tu pourra en faire ce qu'il te plaira.
- Je n'en ai pas besoin, tes créations n'appartiennent qu'à toi.
- À bientôt.

Il ne prit pas plus de temps pour discuter de choses et d'autres, la seule importance à ses yeux, c'était de ne surtout pas arriver en retard. Il passa à côté de son père, sans même tourner la tête. Il regardait toujours devant lui, il se devait d'être déterminé, il n'avait pas le choix. Il ouvrit avec un peu de mal la porte d'entrée, et se retrouva rapidement dans les rues de Lavandia, là où il a toujours grandi. Ces rues couvertes d'un béton à l'aspect neuf, accompagnées d'un trottoir réservé aux cyclistes. Il prit ce chemin pour se diriger vers le lieu où il devait retrouver Junie et Hughe, avant qu'ils ne partent une dernière fois.


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Il était presque arrivé au point de rendez vous. Il se trouvait au pied de cette colline, celle où il avait failli briser sa chaîne il y a deux mois. Il ne pouvait pas savoir si ses compagnons se trouvaient au sommet, la lumière du soleil lui arrivait en plein dans les yeux. La seule chose qu'il avait à faire, c'était d'avancer, de grimper cette montée au plus vite, pour savoir si ils étaient arrivés avant lui. Il prit une courte inspiration et se mit à pousser les deux vélos en même temps.
Pendant cette ascension, ses créations devinrent de plus en plus lourdes. Il se rappelait de ce qui occupait son esprit durant sa dernière nuit blanche. Il avait oublié ce détail, ce quelque chose qui lui manquait pour que son travail soit fini. Il ne l'avait toujours pas retrouvé, et il avait beau se creuser la tête, la réponse ne se révélait toujours pas. Il avançait toujours aussi lentement vers son point de rencontre, et sa peur commençait à grandir. Est ce que ce quelque chose était ce qui allait tout faire foirer ? Il n'avait pas prit seulement deux mois pour construire ces bicyclettes, cela lui avait prit douze ans pour parvenir à concevoir ces vélos. A ce moment là, il avait trop peur d'avancer, ses jambes marchaient sans qu'il ne le veuille. Attendez un peu ! Laissez lui un peu de temps ! Il a trop de doute pour les retrouver maintenant ! Mais ça ne servait à rien, il continuait de mettre un pied devant l'autre, il avançait de lui même vers l'échafaud, contre sa volonté. Il commençait à être terrifié, il ne voulait pas qu'il se passe la même chose qu'il y a deux semaines. Son bras droit était en train de brûler au niveau de l'épaule, il sentait sa chaîne se serrer de plus en plus. Il ne voulait pas la perdre, elle était si chère à ses yeux. Sa respiration perdait en régularité, son coeur battait la chamade. Il avait des bouffées de chaleur, ses boyaux se tordaient dans son ventre, des énormes gouttes de sueur coulaient le long de son corps. Jamais il n'avait eu aussi peur, mais cela pouvait se comprendre. Dans quelques secondes, sa vie changera du tout au tout, que ce soit de manière positive ou négative. Mais le jeune mécanicien ne voyait plus que le mauvais côté, car c'était ce quelque chose qui lui bandait les yeux, il ne pouvait plus voir en face de lui. Ce fut alors son ouïe qui le guida, car un son reconnaissable sortit de nul part :

- Salut Rodolphe.

C'était une voix féminine qui avait prononcé ces mots, c'était clair et net, il s'agissait de Junie. Le concerné porta le regard en avant, elle n'était pas seule. Il y avait son ami Hughe à ses côtés, ils étaient tous les deux dotés d'un grand sac à dos, qui devait être remplit de matériel de survie. Ils avaient tout ce qui leur fallait pour se lancer dans leur voyage initiatique. L'adolescent essayait tant bien que mal de faire face à cette déferlante de doute et d'hésitation. Il ne se sentait pas bien du tout, et son bras droit continuait de le faire souffrir. Il serrait sa mâchoire à la briser en mille morceaux, cette tension était pour lui insoutenable. Les deux fixaient l'artisan, avec un regard qui faisait reconnaître une attente, et n'importe qui pouvait comprendre ce qu'ils voulaient.
Rodolphe fit un premier pas en avant, son contact entre le pied et le sol lui donna une décharge électrique dans tout le corps. Mais il ne pouvait pas s'arrêter, il continua donc son mouvement. Lors du second pas, il commençait enfin à prendre une bouffée d'air. Depuis combien de temps n'avait il pas respiré ? Il avait l'impression que cela faisait plusieurs jours qu'il était en manque d'oxygène. Lors du troisième pas, il s'arrêta, il était à une vingtaine de centimètres de ses camarades, qui continuaient de le fixer calmement. Il poussa une dernière fois les vélos sur lesquels il avait mit tout ce qu'il avait. Les dés étaient maintenant jetés, ils avaient en main ce qu'ils attendaient depuis plus d'une dizaine d'années.
Le jeune garçon vêtu de rouge fit cinq pas en arrière, son inconscient lui criait de reculer, sans aucune raison. Il serrait son épaule droite avec la main gauche, là où se trouvait la chaîne. Elle lui faisait tellement mal, pour une raison inconnue. Mais au moins, elle restait là où elle devait toujours être. Il ne voulait pas briser ses liens avec Hughe et Junie, ce serait synonyme de mort pour l'adolescent. Les seule chose qui lui donnaient la force d'avancer étaient ce mec toujours absent pour des maladies imaginaires et cette tordue aux pulsions sadiques à la moindre remarque. Ils avaient l'air parfaitement énervants, voir insupportables, mais ils étaient à ses yeux les personnes qui comptaient le plus pour lui.
Il baissa la tête, fermait les yeux le plus fort possible et se mordit la lèvre inférieure à se déchirer la peau. Il attendait tel un accusé à la barre que le juge finisse enfin par donner un coup avec son marteau et donne le verdict. Coupable ou non coupable, quel verdict est ce que ses amis allaient prononcer ? Il n'en pouvait plus d'attendre, ces douze années étaient trop longues, il ne pouvait plus tenir ces deux mois d'intense torture. Des larmes coulèrent le long des joues du garçon, il était sur le point d'exploser. Il ne pouvait plus tenir debout, et si ça continuait, il finirait pas tomber dans un état de...

- Mais c'est génial !
- Que... Quoi ?

Rodolphe ne comprenait pas ce qu'il se passait, il avait entendu quelqu'un exprimer une joie sans limites. C'était une voix masculine, et à part son père ainsi que ses voisins, il ne connaissait pas grand monde. Ce timbre correspondait en plus à celui d'Hughe, mais pourquoi est ce qu'il pouvait dire une chose pareille ? Il releva la tête, ouvrait les yeux et ouvrit légèrement la bouche. Son copain avait un visage émerveillé, avec des étoiles pleins les mirettes. Il avait presque l'air de baver sur ce qu'il avait entre les mains. Comment est ce qu'il pouvait tirer une tronche pareille ? Il détourna le regard vers la jeune femme aux tendances tortionnaires, elle avait elle aussi la même réaction, sauf qu'on aurait dit que son volume était tourné au minimum. Le jeune garçon ne comprenait pas du tout ce qui lui arrivait, des tonnes de questions occupaient son esprit. Il y en avait tellement qu'il ne savait plus à quoi penser, toutes ses capacités mentales étaient submergées par un torrent d'émotions, de problèmes, de questions. Il fallut attendre une bonne dizaine de secondes pour qu'il puisse se mettre à bredouiller quelque chose d'audible :

-Que... De quoi...? Génial de comment ?
- T'as pas comprit mec ? ! s'exclama Junie, ton vélo est juste magnifique !
- Léger, maniable, large... Tout ce qu'il fallait ! enchaîna le surdoué.
- Mais... Il manque... Trop de trucs...
- Il peut manquer quoi... ? se demanda la jeune femme, oh je sais ! Des réacteurs pour aller plus vite !
- Pas possible banane... répliqua le binoclard en remontant son outil oculaire, sinon ça devient trop lourd, et ton vélo ne servirait à rien.
- Ah c'est vrai... Mais il peut manquer quoi alors ?
- Qu'est ce que tu veux que je te dises... Encore une lubie perfectionniste de Rodolphe ?

Cette dernière réplique était accompagnée d'un jeté de regard digne des plus grands comédiens de théâtre. Il avait l'air d'avoir balancé une bien belle moquerie sur son compagnon, mais ce dernier n'avait pas l'air de comprendre quoi que ce soit. Il se tenait toujours le bras, et abordait le visage d'un mec qui venait de comprendre la réponse à la grande question sur la vie, l'univers et le reste (c'est 42 pour ceux qui restent dans leur grotte). Il n'arrivait toujours pas à comprendre la réaction de ses deux amis, c'était la dernière issue qu'il a pu prévoir, il n'avait même pas imaginé que la réponse puisse être positive. Avant qu'il ne puisse sortir quoi que ce soit de sa bouche, Junie lui posa une question, l'air un poil inquiète :

- Pourquoi tu pleures ? Y'a un problème ?
- Mais... Ils... Vous plaisent... ?
- Et comment ?! T'as dépassé toutes nos attentes ! répondit Hughe avec un énorme sourire.
- Mais...

Alors comme ça, ses créations étaient ce qu'il leur fallait ? il n'arrivait toujours pas à y croire. Et pourtant, ces sourires sur leurs visages, ces étincelles dans leurs yeux, c'était des preuves qui démontraient clairement leur joie. Tout à coups, la chaîne qui était attachée à son bras lui faisait de moins en moins mal. Il lâchait petit à petit son épaule, un petit sourire timide s'échappait du coin de la bouche. Et pourtant, les larmes continuaient de couler, mais ce n'était plus de la peur ou du doute, c'était de la joie qui enflammait son coeur. Il se mit alors à annoncer, avec un ton enjoué, mais enroué par un tel ascenseur émotionnel:

- Y'a intérêt à ce qu'ils vous plaisent... J'y ai mis toutes mes économies d'à partir de six mois et j'ai avancé mon argent de poche jusqu'à deux ans. Je vous racontes pas à quel point de suis dans la merde.
- Depuis six mois ? demanda le binoclard.
- Ça veut dire... Que tu travailles dur depuis si longtemps... ? questionna Junie, un peu mal à l'aise.
- Fallait bien, sinon j'aurais jamais eu assez de thune pour me chopper les meilleurs pièces.
- Mais le problème...
- C'est qu'on s'est disputé... Il y a deux mois. On a été vachement dur avec toi. murmura le jeune coordinateur.
- Je vous en veux pas.
- Quoi ? demandèrent les deux à l'unisson.
- J'étais au bord du gouffre à ce moment là, je pataugeais dans une mouise pas possible. Vous m'en avez sortit certes à coup de grosses claques, mais vous m'aviez rappelé à quel point cette promesse était importante à mes yeux...

Il accompagna ses derniers mots en détachant sa chaîne si précieuse à ses yeux de son bras. Il l'empoigna en serrant du plus fort possible, cette pièce en argent était si légère à présent. Il sentait que ce bijou n'allait pas être abîmé de sitôt, car il avait maintenant confiance en lui. Toute la pression qu'il avait sur les épaules avait disparu, tous les problèmes qui perturbaient son coeur étaient devenus inexistants. Il sentait la douce chaleur du soleil frapper son visage, avec une bonne odeur de mission accomplie. Il avait l'impression d'être un tout autre homme, et se laissa embarquer dans une joie incommensurable. Il se mit légèrement de profil, balança son bras droit en avant, accompagna son geste d'un grand sourire et d'un clin d'oeil. Il tendit le poing vers ses deux amis et leva son pouce en l'air. C'est dans cette pose de Nice Guy qu'il lança avec la plus grande fierté :

- C'est grâce à vous que tout ce travail ai porté ses fruits, et je vous en serais éternellement reconnaissants !
- ... Je trouve ça ridicule. observa la jeune dresseuse.
- Voir limite offensant. corrigea le surdoué en remontant ses lunettes d'un air intelligent.
- Bande salauds... C'est pas gentil... gémissait le jeune Newman. Ah mais attends... Vengeance !
- Comment ça vengeance? demanda la tortionnaire.
- Et maintenant, c'est qui qui va devoir tenir ses promesses ? demanda le mécanicien avec l'air le plus angélique au monde.
- Tiens... ? J'avais presque oublié... Oh... Ah merde... Aaaaah...

Dès qu'il avait prononcé ces mots, Hughe se mit à devenir tout vert. Il venait de comprendre le sens de la phrase de son camarade. Il avait imaginé ce qu'avait éprouvé Rodolphe durant ces longs mois, et maintenant c'était au tour des deux futurs voyageurs de devoir respecter leur pacte. Maintenant que le premier avait réussit, la pression était beaucoup plus lourde sur les épaules des deux compères. Il se mit à suer de grosses gouttes d'anxiété, il avait sûrement chopé une nouvelle maladie. Junie se mit (un peu en retard certes) à comprendre ce qu'il se cachait derrière la tête de l'adolescent. Et elle commençait elle aussi à se sentir plutôt mal, mais elle avait une manière un peu différente de faire évacuer son stress.
Elle attrapa en moins de deux secondes la tête du jeune artisan. Ce dernier s'attendait à un massage crânien plutôt vigoureux, mais elle avait tout de même un peu d'imagination. Elle arriva à caler le visage de sa victime sur la roue de son tout nouveau vélo et le fit tourner le plus vite possible. Pendant que le visé essayait de se débattre du mieux qu'il pouvait en gesticulant de partout et hurlant à la mort, le grand surdoué arriva à la rescousse, prêt à aider la veuve et l'orphelin. Sauf que La jeune dresseuse ne le regardait pas, et commençait une petite leçon en haussant le ton trèèèèès légèrement... Voir beaucoup :

- Ça va pas de faire autant souffrir une aussi jolie et jeune fille ? ! Mon petit coeur fragile et féminin ne va pas tenir toute cette pression, sale monstre !
- Aaaaaaah nan lâche moi ça brûle ! Laisse moi tranquiiiillle !
- Un instant ! Junie ! lança le binoclard, plein de confiance.
- Ferme là Hughe, je m'occupe d'un cas particulier !
- Prends mon vélo.
- Quoi ?
- Les roues sont plus larges, et elle sont faites pour ne pas déraper, c'est beaucoup mieux que tes petits boudins tout fins et lisses.

Elle s'arrêta quelques secondes pour voir de quoi parlait son ami surdoué. Elle regarda un instant son visage de citoyen modèle prêt à aider son prochain, puis la bicyclette qui accompagnait les mots du garçon vêtu de bleu. Elle fit un petit calcul durant un très long moment... Qui dura moins de quatre nanosecondes. Elle changea immédiatement de vélo et recommença son action. Cette fois, il avait l'air d'avoir plus mal, c'est toujours bien d'avoir quelqu'un de plutôt intelligent à ses côtés. Au bout d'un certain temps, il fallait arrêter ce genre de bêtise, ça pouvait vite devenir dangereux. La jeune victime se retrouva au sol, heureuse d'être encore en vie, mais avec une horrible trace rouge et brûlante sur la joue. Les deux se mirent à rire comme deux gros Wailord. Il fallu un moment d'adaptation pour que Rodolphe puisse se relever, puis rire à son tour. Une fois que toute la tension et l'action étaient parties loin d'ici, un long silence s'installa. Le jeune artisan ne savait plus trop quoi dire, il était si heureux, mais aussi un peu triste de savoir qu'ils allaient bientôt partir. Mais c'était leurs rêves qui le voulaient ainsi, il ne pouvait plus les empêcher de partir. Il avait accomplit son travail, c'était tout ce qu'il comptait pour lui aujourd'hui.
Étrangement pour les deux qui lui faisaient face, vu les regards qu'ils s'échangeaient, ils avaient encore une idée en tête. Il le voyait à des kilomètres, avec l'air intelligent d'Hughe et la mine amusée de Junie. Il se dirigèrent sur le bords de la colline, on pouvait voir la ville en entier. Il était déjà onze heures du matin, les anciens lycéens étaient encore dans leur lits, en train de profiter de la belle vie. Les adultes, eux, étaient debout, et marchaient tranquillement dans la rue. Le jeune coordinateur sortit son Chamallot, qui avait l'air de savoir lui aussi ce qu'il devait faire. Il leva la tête en l'air, ouvrit la gueule et laissa échapper une colonne de flammes gigantesque. Le pilier s'éleva haut dans le ciel et il faisait deux mètres d'épaisseur. Il ne dura que quelques secondes, mais ça suffisait aux habitants de Lavandia pour que leur attention se tourne vers les deux énergumènes. Ces dernier en profitèrent pour mettre leur étrange plan à exécution, et Hughe commença le premier en hurlant à plein poumons :

-Je m'appelle Hughe O'Connor !
- Et moi Junie Woods !
- Je veux devenir coordinateur !
- Et moi je veux battre la ligue Pokémon !
- On arrivera à réaliser nos rêves, quoi qu'il arrive ! se mirent à beugler les deux à l'unisson.
- Heu... Vous foutez quoi là ? demanda Rodolphe, qui a été un peu laissé en arrière.
- Et lui, c'est Rodolphe Newman, il a travaillé dur pour nous fabriquer les meilleurs vélos au monde ! lança le garçon en bleu en pointant son ami du doigt.
- Préparez votre pognon, parce qu'il deviendra le meilleur fabricant de la région toute entière, et les contrées voisines voudront elles aussi ses bicyclettes !

Mais qu'est ce qu'ils foutaient ? Il étaient en train de se donner du courage ? Mais pourquoi est ce qu'ils l'avaient amené sur la scène ? C'était un peu étrange, mais ça sonnait presque comme une publicité à ses oreilles. Ils étaient sérieux ? Il avait tellement travaillé, il était maintenant sans le sous, avec des dettes dépassant les plus gros crashs boursiers. Ils allaient maintenant lui filer des clients ? Mais ça marchait pas comme ça! Il se permit d'avancer quelques peu son point de vue, parce que c'était un peu fort le café là :

- Heu... On peu savoir le pourquoi du comment ?
- T'as pas besoin d'argent ? demanda le binoclard.
- Si... Mais c'est pas en me disant qu'il m'en faudra pour bosser que j'en aurais plus...
- Avec la pub qu'on t'as fait, remarqua la dresseuse vêtue de noir, ton père va te laisser un peu plus de matos. Va y avoir plein de gens qui vondront de tes vélos !
- C'est pas deux gus qui se mettent à gueuler le matin qui vont faire tourner un marché... Je croyais que t'étais intelligent Hughe...
- Dans ce cas, on va continuer à te faire de la pub ! répliqua le concerné.
- De quoi ?
- On va tenir nos promesses, on va arriver au sommet de nos domaines, on sera vachement connus. Tu sais pas à quel point ça peut faire du chiffre, de la pub faite par deux stars...

Ils étaient vraiment sérieux, et aussi un peu timbrés. Mais ils étaient prêt à tout pour aider son pauvre copain en difficulté financière. C'était tout ce qui comptait à ses yeux, et il ne pouvait toujours pas s'empêcher de pleurer. Ses deux amis observèrent ce détail, mais Rodolphe répliqua que ce n'était qu'un grain de poussière qui s'était mit dans son oeil pendant la montée. La vieille technique du truc dans l'oeil, c'est vraiment faible comme tactique, et Junie ne s'empêcha pas de faire la remarque. Ils se mirent ensuite à rire tous les trois, ensemble, c'était tellement agréable.
Il arriva un moment où il fallait partir, l'heure des adieux était arrivé. Les deux futurs voyageurs avaient tous les deux détachés leurs chaînes, ils l'avaient tous dans la main droite. Ils serrèrent leurs poings, et n'arrivaient plus à articuler un mot, c'était trop dur pour eux. Les deux amis se mirent eux aussi à avoir de la poussière dans les yeux, ça commençait à devenir sacrément énervant. Ils se mirent tous les trois à sourire, et se touchèrent ensemble leurs poing droit respectif, pour que leurs chaînes en argent puissent se lier une dernière fois. Une fois ce dernier contact fait, il était enfin temps de partir. Ils enfourchèrent pour la première fois leurs vélos tout neufs, ils étaient si confortables. Il regardèrent une dernière fois leur amis, qui leur faisait un grand sourire. Ce dernier leur annonça :

- J'ai fait de mon mieux pour que vous puissiez atteindre vos rêves, c'est à vous de les réaliser maintenant.
- Comme si t'avais finit ton boulot. répliqua Junie.
- Dès qu'une personne s'intéressera à mon vélo, je lui dirais qu'il vient de toi. Attends toi à une centaine de clients demain.
- On y arrivera, on te le promet ! lancèrent les deux voyageurs en même temps.

Il se lancèrent ensuite sur la grande descente de la colline. A entendre leurs cris de joie, ils avaient l'air d'apprécier leurs premiers coups de pédale. C'était en les regardant foncer entre les autres dresseurs qu'il se mit à comprendre quelque chose. Il venait de se rappeler de son problème qui persistait encore et toujours, ce détail qui manquait pour que ses créations soient parfaites. Il avait enfin trouvé une réponse à ce problème existentiel. Le quelque chose qui manquait pour que son vélo puisse être usé de ses pleines capacités, c'était son utilisateur. Si il doutait tant, c'est parce qu'il n'arrivait pas à voir ses amis sur ces véhicules mécaniques. Voilà pourquoi il n'arrivait pas à savoir si il avait vraiment terminé son travail. Il sentait son coeur battre à l'unisson avec celui de ses amis, il fermait doucement les yeux pour sentir le vent lui passer entre les cheveux, c'était si agréable.
Il n'avait maintenant plus rien à faire ici, les deux futures célébrités étaient déjà si loin. Il se dirigeaient vers l'horizon, en direction de Poivressel, pour prendre le ferry probablement. Rodolphe se demandait dans combien de temps ils allaient passer dans les journaux, ou même à la télé, ce serait tellement la classe. Il fit demi tour, toutes ces émotions lui avaient fait rappeler qu'il n'avait pas dormi depuis trois jours, et il arrivait à peine à marcher droit. Il était devenu quelqu'un d'autre, à croire que l'adrénaline permettait d'ignorer tout signe de fatigue. La descente de la colline était si dure, mais la joie du travail accomplit lui faisait oublier la difficulté à se déplacer.


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Il mit plus de 45 minutes pour arriver chez lui, alors qu'il ne lui en a fallu que vingt pour l'aller, il était vraiment mal en point. Quand il ouvrit la porte d'entrée, il se regarda dans le miroir. Il faisait vraiment peur à voir, ses cernes devenaient noires, et les poches étaient gonflées à cause des larmes. Mais il remarqua un dernier détail, il continuait tout de même de sourire, même si il n'y faisait pas attention. Malgré cette tronche déterrée, il était si heureux. Une nouvelle question remplit à nouveau sa tête déjà assez bourrinée pour la journée : Est ce qu'il allait pouvoir dormir ? C'est vrai qu'avec de tels évènements, il n'allait pas pouvoir se reposer, malgré le fait qu'il commençait déjà à voir trouble.
Il était sur le point d'aller dans sa chambre quand un homme lui barra le chemin. Il s'agissait encore et toujours de son père, qui avait une tête légèrement énervée. Il ne lui laissa pas plus d'une seconde et lui demanda immédiatement :

- C'est quoi cette histoire ?
- De quoi l'histoire de qui ? Comment ?
- Deux cakes qui hurlent à la ville entière que mon fils a fait les meilleures bicyclettes du monde, ça ne te dis rien ?
- Ah... Junie et Hughe... Désolé, ils sont allé un peu fort... Ils ne voulaient pas dire que ton travail est mauvais, je te jure!
- Mon boulot n'a aucun rapport. Je sais pas si tu as remarqué, mais maintenant y'a une tonne de gens devant ma boutique. Donc tu as deux choix, sois tu vas t'excuser pour le foutoir que tu as créé, soit tu te met au travail.
- Comment ça ? De quoi ?
- On a actuellement 23 commandes, et d'après ton carnet, je sais même pas si ils veulent un vélo de course ou cross.
- Quooooooiiiiii ? !

Il y avait déjà des gens qui voulaient de ses vélos ? ! Qu'est ce que c'était que ce foutoir ? Il regardait rapidement par la fenêtre, la boutique de son père était devant la maison, et il ne plaisantait pas. Il y avait une trentaine de personnes qui attendaient devant les portes du "Cyclo Newman". Comment est ce qu'ils pouvaient avoir envie d'acheter un vélo aussi vite ? Le numéro de ses deux amis avaient vraiment marché ? Purée... Lui qui voulait aller dormir. Quoique, il savait qu'il n'arriverait pas à fermer les yeux. Il se mit à rire un bon coup, sans que Romuald ne puisse comprendre pourquoi. Le jeune mécanicien se dirigea alors vers la porte d'entrée, il avait du pain sur la planche. Maintenant que ses amis sont partis, il avait du boulot ! C'est toujours avec ce sourire aux lèvres qu'il se dirigea vers la foule calmement, et lorsqu'ils se tournèrent vers lui après l'avoir reconnu, il leur demanda :

- Ici Rodolph Newman à votre service ! Est ce que je peux vous aider ?