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Trois chaînes pour deux vélos. de TheMizuHanta



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» Auteur : TheMizuHanta - Voir le profil
» Créé le 31/10/2014 à 16:09
» Dernière mise à jour le 09/06/2015 à 00:08

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Chapitre 1 : La fougue de la jeunesse.
- Chaud devant ! Poussez voooooouuuuus !

Qui n'a jamais fait plusieurs aller retours sur la route 110 ? A défaut de pourvoir profiter de recherches ardues de Pokémon au bord de l'eau, elle était accompagnée d'une piste cyclable surélevée. Ce sentier aérien est une bouffée d'air pour le transport personnel, la convivialité, la pratique d'activité sportives, de combats en tout genre... Ou de passages de fusées n'ayant pas la notion du risque. Voir de quoi ce genre de comète est précisément composé, on dit qu'il aussi rare que de voir son voeux exaucé par un Jirachi venu du ciel, mais les habitués de ce coin savent parfaitement de qui il s'agissait. Dès que ce signal est donné, les tri athlètes arrêtent leurs combats pour se placer sur le côté et les motards s'écartent du milieu du chemin. Il leur suffit de patienter quelques secondes avant qu'un jeune garçon ne se présente au sommet de ce dénivelé vertigineux. L'intéressé prit une inspiration de quelques centièmes de secondes, mit ses lunettes de nageur devant ses yeux et enfourcha son fidèle destrier. Le tout bien évidement en se lançant dans la route d'un grand saut dans le vide et d'un grand beuglement d'un Vigoroth en plein élan. Il passa de 0 à 60 km/h en moins de 3 secondes, mais ce n'était pas assez, il fallait aller plus vite. Il se mit alors à pédaler de plus en plus fort, pour que le vent le fouette plus violemment le visage, pour que son corps tout entier subisse les vibrations dues au grain de la route. Il commençait à serrer de plus en plus son guidon, ses mains commencèrent à devenir moites, mais ses mitaines en cuir le protégeaient du danger dû à cette transpiration.
Les dresseurs débutants ainsi que ceux en voyage initiatiques ne comprenaient rien à ce qui se passait. Depuis quand des gens dévalent à toute berzingue une pente à plus de 10% de dénivelé ? C'est comme ça que se déroulent les suicides dans ce coin d'Hoenn ? Ces apprentis voyageurs encore au milieu se jetèrent sur le côté pour évité la météorite vêtue de rouge qui leur fonçait dessus. Certains l'insultaient, les autres avaient eu la peur de leur vie et ne pouvaient pas répondre.
La dégringolade dura encore une bonne dizaine de secondes, et elle était accompagnée de multiples cris de bonheur. Enfin pour ceux qui savait de qui il s'agissait, parce que les autres avaient l'impression d'avoir roulé sur le chemin d'un véritable timbré. Un enfant heureux ou un véritable malade ? C'est vrai que cette personne a toujours généré ce genre de questions. Mais les discussions philosophiques seront pour plus tard, car le jeune homme n'avait pas fini sa course. Alors qu'il avait dépassé la moitié de sa piste de course, il ne tentait même pas de freiner. Il passa la dernière vitesse pour pouvoir pédaler encore plus, plus de vitesse, plus de puissance. Il restait encore un virage a faire, le mortel, celui qui a fait trembler plus d'un participant à la grande course de la piste cyclable. Encore une seule déviation et le jeune aura réussit son parcours parfait, avec un temps défiant toute concurrence et sans aucune collision. C'est avec un grand cri d'encouragement qu'il donna le plus gros coup de rein de sa vie :

- Cette fois ça paaaaaaaasse !!!

Il entama alors un dérapage d'une dizaine de mètres de long. Ses maigres pneus crissèrent violemment, dans un son si strident que la population alentour aurait prit pour un raz de marée de Nosférapti. L'athlète se pencha au maximum sur le côté, comme les plus grands coureurs de moto de course, sans poser le genoux au sol évidement. Il serra les dents le plus fort possible, ce moment était crucial, il avait fait tout ce parcours pour atteindre ce moment fatidique, celui qui mettait en question tout le travail qu'il avait réalisé à la sueur de son front. Il enchaîna ensuite la combinaison qu'il avait répété durant des années: Frein gauche une fois, deux fois celui de droite puis une longue pressions sur les deux en même temps. Tout allait maintenant se jouer sur le tempo qu'il a utilisé pour son combo magique de freinage-dérapage du tonnerre flamboyant ! Il se voyait enfin au bout de la ligne d'arrivée tant désirée, avec son vélo le plus perfectionné. Pour que son travail ait enfin l'ombre d'un sens dans sa vie, pour sa gloire, pour ses parents, pour ses amis.
Du moins, c'est ce qu'affichait l'imagination débordante de l'ado dans son cerveau illuminé. Car c'est dans les deux secondes suivantes que la dure réalité ramena le rêveur dans le monde des humains, et non des dieux. Après un aussi lourd effort, les petites chambres à air ne pouvaient pas supporter une telle pression. Elles se mirent donc à péter aussi vite qu'un ballon de baudruche piqué par une aiguille. Le contrôle du véhicule devint impossible, la confiance se changea en surprise, puis la maladresse prit le dessus. Il n'avait plus le temps de se remettre à pédaler, le muret qui délimitait le rebord du pont se rapprochait de plus en plus vite, sans que le jeune garçon ne puisse y faire quoi que ce soit. Il le percuta de plein fouet au niveau des mollets, ceux qui regardaient le spectacle avaient la chair de poule dans leurs jambes. Mais ce petit tas de béton armé ne pouvait pas suffire à stopper le jeune plein de fougue que voici. C'est alors que, encore en plein dans son élan, il bascula en plein dans le vide. Heureusement pour lui (ou pas, c'est à vous de voir), il plongea en plein dans la mer. Sa chute dépassait les sept mètres de haut et était composée de multiples saltos avant de plonger dans une position qui faisait clairement penser qu'il s'agissait d'un plat. C'est après quelques longues secondes de silence qu'une petite tête sortit de l'eau. Les non habitués de ce paradis des deux roues pouvaient enfin associer un visage à la comète rouge plus que bruyante.
Il avait un visage entre le long et le rond légèrement bronzé, avec deux grands yeux d'un marron bien foncé. Des cheveux longs et châtains en mèches arboraient son visage angélique, avec un bandeau crème plein de cambouis sur le front. Un petit nez accompagna des lèvres gercées aux habitudes. Le jeune homme regarda rapidement autour de lui, puis leva la tête vers le grand pont sur lequel il était il y a moins de dix secondes. Il chercha du regard un visage qu'il connaissait. Dès qu'il aperçut la tête d'un tri athlète habitué du coin, il lui demanda en hurlant à plein poumons :

- Il est encore sur la piste ? !
- Oui ! Je sais pas si il est en état, mais il est encore là !
- Merci bien !

Sans même attendre que le temps passe, il se dirigea du mieux qu'il pouvait vers le rebord le plus proche. Il remonta avec un peu de peine, et vu à quel point il titubait, il s'était mangé assez sévèrement le muret au bords de la route. On pouvait voir que la couleur rouge de la fusée était due à son survêtement de sport de qualité, avec les manches retroussées au dessus des coudes. Son short de même couleur arrivait au dessus des genoux et il avait un petit tablier noué à la taille avec les mêmes tâches qu'au bandeau. Il se rendit immédiatement vers le poste d'accès sud à la piste cyclable. Il essaya ensuite tant bien que mal de remonter la pente pour atteindre son fidèle destrier tombé au combat. Pendant ce temps, un jeune dresseur qui était de passage demanda au sportif qui avait répondu à l'adolescent qui pouvait bien être ce mec :

- Tu ne sais pas qui c'est ? Il est connu pourtant !
- J'en ai jamais entendu parler, je viens de Cimetronelle moi...
- Ah ? On ne répand pas son nom à travers la région apparemment, c'est dommage... soupira le coureur d'un air pensif.
- Et sinon... Je peux avoir ma réponse ? s'impatienta légèrement le voyageur.
- Ah oui ! J'avais oublié... C'est Rodolphe Newman !
- Qui ? Son nom me dit quelque chose...
- Il vit à Lavandia, et il apprend à fabriquer des vélos, son père est un maître du genre !
- Vous ne parlez pas de Romuald Newman ? Il parait que ses produits se vendent comme des petits pains.
- Lui même ! Et il veut à tout prix le surpasser, c'est comme ça qu'il teste ses prototypes.
- En fonçant dans un muret ?! s'étonna le garçon.
- C'est vrai que pour l'instant, on compte ses parcours parfaits sur les doigts d'une main ! répondit le cycliste avec un ton amusé. Mais il a l'habitude des chutes dans l'eau, il fait cette course depuis qu'il a sept ans.

Il tombe d'un pont de trois étages depuis qu'il est tout petit ? C'est clair et net, ce gamin est un véritable timbré. Et pourtant, quand on le regarde après avoir fait un rapide constat, il a un sourire jusqu'aux oreilles. Est ce que c'est un signe de légèreté d'esprit ? Mais quand on y pense, les gens sont heureux dans la mesure où ils décident de l'être. Ce fut sur cette défaite que le jeune garçon décida de rentrer chez lui, avec un vélo déraillé et une roue tordue, mais avec un sourire satisfait.


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- Rodooooooooolphe !

Le jeune homme vêtu de rouge n'avait même pas le temps de faire trois pas dans sa ville natale qu'une voix hystérique se mit à hurler son nom. Un rapide analyse du timbre de la voix permit d'associer à ce cri, qu'il a bien pu entendre des millions de fois, un visage. Il n'avait même pas besoin de se retourner pour comprendre qu'il s'agissait de Junie Woods, une amie d'enfance. Mais en l'ignorant ainsi, il savait à l'avance quel genre de punition il allait subir. Avant qu'il n'ait pu serrer les dents, sa copine cala sa tête sous le bras et frotta vigoureusement ses phalanges sur le haut du crâne du jeune blessé. Pendant que ce dernier poussait quelques gémissements de douleur, celle qui était la cause de ces brimades lui cria aux oreilles :

- Ça va pas d'ignorer une jeune et jolie fille et de continuer son chemin en l'abandonnant aussi lâchement ? !
- Hey Junie lâche moi !
- Le mot magique ? demanda la jeune femme en arrêtant deux secondes d'écraser la boîte crânienne de sa victime.
- Hummm... hésita t-il après une courte inspiration. Tu sens la transpiration, c'est pas très agréable de rester là dessous.
- Goujat ! répliqua la vigoureuse adolescente en reprenant de plus belle les brimades.

La scène dura encore quelques secondes, les deux se mirent à rire aux éclats sans raison apparente. Les habitants de la ville de Lavandia avaient l'habitude de cette scène. Junie finit par lâcher sa victime, qui se frottait vigoureusement la tête de douleur. Il pouvait enfin regarder en face son amie sans risquer une attaque venant de nulle part.
Elle était toujours vêtue de noir, alors qu'elle n'avait aucune appartenance à un clan gothique ou tout autre truc du genre, c'était juste sa couleur préférée. Son T-shirt unicolore, sa veste ouverte ainsi que son short sous sa jupe un peu courte étaient noires. Elle avait tout de même un serre tête de couleur argentée pour que ses long cheveux bruns ne pendent pas devant son visage aux abords angéliques, mais il faut la connaître pour ne pas tomber dans un tel panneau. Elle avait un visage plutôt doux, avec des beaux yeux bleus ciel et un grand sourire rayonnant. Elle souriait presque tout le temps, sauf quand ses amis la traitaient de garçon manqué ou qu'on lui servait des brocolis. C'est vrai que ses tendances à torturer ses copains ne lui donnaient pas une féminité implacable, et elle adorait par dessus tout aller sur les routes, n'ayant pas peur de se salir même quand il pleut. Cette passion de l'extérieur venait de sa volonté à devenir dresseur Pokémon. Elle partait dès qu'elle avait du temps libre à la recherche de dresseurs pour un combat ou partait farfouiller dans les hautes herbes. Et apparemment, elle sortait tout juste d'une session d'entraînement musclée. De toutes façons, elle avait besoin de ces qualités pour former une bonne équipe, elle voulait parcourir la région entière pour montrer à tout le monde sa valeur, c'était son rêve. Rodolphe la connaissait depuis qu'ils avaient cinq ans, et elle le martyrisait déjà. Leur amitié était vraiment solide, mais il manquait encore une personne à l'appel :

- Il vient pas aujourd'hui ? demanda la brune, après avoir regardé partout autour d'elle.
- Je crois qu'il est malade aujourd'hui, il m'avait dit qu'il était au seuil de la mort. répondit le fada de la bicyclette.
- Z'êtes tous les même les mecs... soupira Junie, dès que vous avez un peu mal à la tête la terre arrête de tourner.
- Bienvenue dans le monde viril et fabuleux des hommes... plaisanta le jeune garçon.
- Bon... J'imagine à la tronche de ton vélo que tu t'es mangé le muret encore une fois.
- Bravo Sherlock.
- Faudrait que tu fasses une pause à chaque fois que tu te foires nan ?
- Et puis quoi encore ? J'ai rien d'autre à faire de toutes façons !
- T'es un vrai drogué...

Elle accompagna ses paroles avec une petite tape préventive derrière la tête. Son interlocuteur était un habitué de toutes ces "brimades". C'était un peu la marque d'affection de son amie, alors il s'en contentait sans problèmes. Ils se mirent ensuite en route vers la maison du jeune garçon vêtu de rouge, il fallait réparer ce vélo bousillé et aussi son mollet qui pissait légèrement le sang. Mais ce dernier n'était qu'un détail, c'était la bicyclette avant tout. Junie en profita pour sortir l'un de ses Pokémon, un Tadmorv, son préféré. Personne ne comprenait comment une jeune fille pouvait aimer un gros tas de mucus très loin d'un stade de propreté acceptable. Mais Rodolphe n'en fit pas la remarque, il avait essayé de la raisonner depuis longtemps, sans aucun succès. Il prit quand même la précaution de la prévenir :

- Quand on entrera dans mon atelier, il retourne dans sa Pokéball hein ?
- Rooooh.... Oui oui, je vais pas oublier de le reprendre, pas comme la dernière fois...


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- Aaaaah mais casses toi sale bête !
- Lui crie pas dessus, tu lui fait peur !
- Mais fais quelque chose toi !

Bien évidement, son amie n'avait pas écouté les recommandations du fabriquant de vélos en herbe. Elle avait laissé son Pokémon Dégueu rentrer dans la grotte interdite à n'importe qui de Rodolphe. Ce dernier avait horreur de ces créatures, ça mange n'importe comment, ça salit de partout, ça range jamais et ça défonce "sans faire exprès" le matériel. Ce gros tas violet se trouvait une passion pour la mécanique, et adorait toucher les engrenages, sauf que sa peau pleine de toxines faisait immédiatement rouiller le métal. Pourquoi est ce que cette fille ne pouvait pas avoir une passion pour les Pokémon de type acier ou encore normal ? Ou même mieux, pourquoi est ce qu'elle ne l'écoutait jamais quand il lui donnait des recommandations ? !
Les deux se mirent donc à courir partout dans la fabrique du jeune garçon. Elle n'était pas très grande, mais l'espace était sacrément réduit quand on y ajoute des paillasses de travail de partout, de nombreux tiroirs pleins à craquer d'outils et de matériel. Il y avait aussi des dizaines de crochets fixés aux murs pour que l'on puisse y attacher roues, cadres ou vélos complètement assemblés. Ce fut après une longue poursuite dans tout l'atelier que la jeune dresseuse réussit à rappeler son Tadmorv dans sa capsule. Après une longue session de pause, à reprendre son souffle après tout ce bordel, l'apprenti artisan ne se gêna pas pour avoir son mot à dire :

- T'es chiante ! Je t'avais dit des dizaines de centaines de milliers de fois ! Pas de ton machin visqueux dans ma fabrique !
- Mais tu sais... tenta de se rattraper la jeune fille, un peu déboussolée. Tu vois, quand un Pokémon est mignon, je peux pas dire non...
- Alors de un, il n'est pas mignon... Et de deux, c'est toujours la même chose ! A croire que tu le fais exprès !
- Faute d'inattention probablement... s'excusa elle du mieux qu'elle pouvait, en faisant une bouille toute triste en en jouant avec ses index d'un air innocent.

Le jeune garçon plein de cambouis ne perdit pas plus de temps à engueuler son amie pour la même chose depuis des années. Il soupira un bon coup et se dirigea rapidement vers les pièces touchées par ce saccageur ambulant. il y avait plusieurs systèmes de réducteurs, des disques à dent ou encore des boîtiers de vitesse qu'il avait recouvert de gelée dégoûtante. Heureusement pour aujourd'hui, il n'avait pas trouvé une pièce particulièrement jolie, parce que sinon il savait qu'il aurait eu à la chercher au fond de sa gorge. Il jeta le tout dans un évier qu'il avait installé au coin de la pièce. Normalement, tout bon mécanicien n'aurait pas fait la faute d'amener une source d'humidité dans son lieu de travail, mais le cas Junie était une véritable exception. Il se mit alors à arroser abondamment les morceaux qui risquaient une rouille mortelle et les essuya rigoureusement avec un chiffon imbibé de produit contre cette crasse qui détruit n'importe quel engrenage. Pendant que le garçon tout énervé s'attelait à la tâche, son amie s'approcha de lui, prit une chaise trouvée au milieu de ce foutoir et débuta une conversation :

- Alors ? Il s'est passé quoi cette fois ci sur la piste ?
- Les chambres à air ont pété. répondit il sans même tourner le regard vers son interlocutrice.
- Tu allais à quelle vitesse pour en arriver là ?
- Si j'ai bien calculé... Je devais être aux alentours des 85Km/h.
- Et... Tu trouves ça normal ?
- Que j'ai calculé ma vitesse ? demanda Rodolphe d'un ton extrêmement naïf.
- Mec... On ne va pas à plus de quarante à l'heure avec un vélo !
- Faut bien que je teste la résistance du matos. répliqua calmement le garçon.
- T'es un cas quand même...
- Dixit celle qui frape tout le monde et qui n'écoute jamais ce qu'on lui dit...

Les deux adolescents se mirent à rire comme deux gros Wailord, ils étaient habitués à se chercher des noises dès qu'ils en avaient l'occasion. Cet échange verbal peu agressif n'avait jamais fini en une bagarre ou autre type de dispute, pas comme chez les autres gens "normaux". Une fois que les deux s'étaient calmés et que Newman avait finit de lustrer ses belles pièces, la jeune femme lui signala un détail qui dérangeait un peu :

- Faudrait vraiment que tu t'occupes de ta jambe... Elle commence à être bleue.
- Quand j'aurais fini de redresser les roues.
- Nan mais là ça devient urgent, tu saignes plus mais t'as pas de croûte, ça s'appelle une hémorragie.
- Je me suis pris un nombre incalculable de fois ce putain de muret, je sais quand est ce qu'il faut que je m'occupe de mon mollet.
- Mais si ça empire ?
- Ça n'arrivera pas. Je vous ai fait une promesse, c'est pas un bleu qui va m'arrêter !

Junie s'était arrêtée dès qu'il avait fait mention de la promesse. Elle savait de quoi il parlait, c'était ce qui rendait leur amitié solide et vouée à la prospérité. Elle avait dit qu'elle gagnera tous les badges d'arène et qu'elle domptera la prestigieuse ligue d'Hoenn avec son équipe. Son ami absent aujourd'hui avait fait le serment de devenir le meilleur coordinateur de la région en raflant tous les prix et gagnant tous les concours des grandes villes. Mais Rodolphe était différent d'eux, il n'aimait pas les Pokémon, il n'a jamais pu apprécier la compagnie de ces créatures. Tout ce qu'il aimait, c'était ce que sa famille savait faire depuis des générations. La mécanique, les engrenages, les boîtiers de vitesse, les moteurs, il avait grandit dedans depuis qu'il était tout petit, c'était ça, sa passion. Ses amis étaient ce qu'il avait de plus cher avec son propre atelier et ses créations, alors il fit la promesse suivante :

"- Je ne vous suivrais pas lors de votre voyage, j'en suis incapable. Mais je ferais des vélos qui vous permettrons d'accéder là où personne ne pourra aller. Avec ce que je fabriquerais, vous atteindrez vos objectifs, c'est ça ma raison de vivre !"

Quand ils étaient gosses, les deux fadas de Pokémon ne comprenaient pas leur ami. Il fallait juste quelques années pour apprendre à connaître ce garçon un peu étrange, ils se mirent alors à l'encourager à leur tour. C'est sur ce rêve commun qu'une amitié inébranlable s'installa entre les trois comparses. C'est ainsi que sont devenus Junie, Rodolphe ainsi que le troisième absent, Hughe.
C'est après cette épreuve de détermination que la jeune adolescente se leva lentement de son siège. Elle remit la chaise qu'elle avait trouvée à sa place et regarda une dernière fois son camarade. Il était en train de taper sur la roue avec un marteau pour tenter de lui donner une forme plus plate. Elle annonça au mécanicien en herbe qu'il était tard, qu'il fallait qu'elle rentre chez elle. Ce dernier lâcha un simple "à demain" sans même lever les yeux, trop occupé par ses affaires de réparation. Elle sortit de son atelier sans dire un mot, elle n'en avait pas besoin. Elle savait qu'elle laissait derrière elle quelqu'un qui était prêt à tout pour atteindre son objectif. Elle avait confiance en lui, elle savait qu'il en était capable. Elle avançait donc dans les rues de sa ville natale complètement vides, il faisait nuit noire. Elle marchait lentement, pour profiter encore un peu de ce vent frais qui caressait ses cheveux longs. Elle restait pensive, elle réfléchissait à propos de tout et de rien. Elle ne pensait qu'à son ami, qui préférait réparer une roue bousillée plutôt que de soigner ses blessures. Peut être qu'elle se faisait du souci pour rien, elle savait pourtant qu'il avait l'habitude de se prendre ce muret du dernier virage. Elle stoppa alors toute pensée négative à ce sujet. Ce n'était pas grand chose pour lui, s'arrêter sur ce genre de détail ne faisait que le ralentir dans la volonté d'atteindre son objectif. Elle s'arrêta en plein milieu de la route et leva le regard vers le ciel. Elle ne pouvait pas voir les étoiles à cause de la pollution lumineuse, mais c'était bien assez pour elle. Elle serra instinctivement son poignet, elle faisait toujours ça quand ses pensées concernaient l'un de ses deux amis. Elle prit ensuite une profonde inspiration et murmura des encouragements qu'elle n'a jamais pu lui dire en face :

- Courage Rodolphe, on croit tous les deux en toi.