Chapitre 2 : Just a Bit of Hope
Louka mourrait de froid. Il consulta sa Pokémontre ; quinze heures, et il n'avait toujours pas mangé. Mais le jeune homme n'avait pas faim.
C'était irrationnel, mais il avait peur. Mais pourquoi ? Pourquoi avoir peur du prétendu fantôme d'une femme qui n'était peut-être jamais morte ? Ca ne pouvait pas avoir le moindre lien avec les évènements étrange qui étaient apparus récemment, n'est-ce pas ?
- Bah, peu importe... murmura-t-il pour lui-même. Je suis épuisé.
Il avait pédalé pendant plusieurs heures et, très peu sportif, était essoufflé. Ses jambes le portaient à peine et il manqua de tomber quand il descendit de sa bicyclette. Il s'effondra au pied d'un arbre, son bassin confortablement coincé entre les racines, et ferma un instant les yeux.
Un bruit de pas.
Le son d'un craquement de brindille.
Louka se redressa brusquement, mais lorsqu'il tenta de se relever, il tomba et retourna à sa position initiale, contre l'abre.
- Qui est là ?! hurla-t-il, la voix tremblante.
Soudain, il vit, au dessus de lui...
... Un Chenipotte qui le regardait d'un air incrédule.
« Oh, ce n'est rien... songea le garçon aux cheveux noirs. Je vais en profiter pour entrainer un peu Goinfrex... »
Le coordinateur saisit une Poké Ball à sa ceinture, la lança au sol et, lorsqu'elle frappa la terre humide et glaciale, elle s'ouvrit dans un léger « clic », laissant apparaître le Pokémon rond et, dès sa sortie, frigorifié.
Ce dernier se blottit aussitôt sans les jambes de son maître, qui se lui caressa affectueusement la tête.
- Allons, Goinfrex... Tu sais que j'ai manqué ce concours la dernière fois... Allez, mange un Poffin...
Louka savait pertinemment qu'il était idiot de parler à un Pokémon, mais il ne pouvait s'en empêcher. Après tout, ils avaient des pouvoirs, peut-être une conscience... Et puisque Aurore et Barry avaient réussi et avaient avancé bien plus vite que lui dans leur quête, autrefois, ces créatures avaient longtemps été ses seuls compagnons, la seule chose qui le gardait à a surface, loin des abysses de la tristesse, la seule chose qui avait comblé le vide causé par sa solitude, ses échecs et la difficulté de son voyage. C'était idiot, mais un humain blessé se raccroche à tout ce qu'il possède...
Repensant à ces évènements, le regard perdu et mélancolique, il chantonna doucement, frottant toujours la tête de son Goinfrex, un air devenu célèbre, car on disait que le légendaire Red le récitait durant son voyage :
- Un voyage d'apprentissage... ça demande du courage... et je n'en ai pas, ajouta-t-il.
Il releva la tête et tomba soudain nez à nez avec une jeune femme.
- Oh... oh... murmura-t-il.
La femme – ou jeune fille ? – le fixait calmement, sans bouger, les mains derrière le dos. Elle semblait plutôt normale au premier abord, et même jolie. Mais son uniforme argenté et noir plutôt ridicule, l'insigne sur sa poitrine, ses cheveux rouges qui pointaient vers les cimes... Tiens ? Son visage et ses cheveux lui rappelaient quelqu'un.
Mais surtout, elle correspondait parfaitement à la description du « fantôme »...
- A l'aide ! cria le jeune homme instinctivement, couvrant son visage de ses bras.
- Bonjour, fit simplement la femme.
Louka retira lentement ses bras, regardant le fantôme avec crainte et suspicion. Le garçon se releva.
- B-bonjour, begaya-t-il. Je... j'ai oublié votre nom, désolé...
- Mars. C'est le seul nom dont je me souvienne, fit-elle d'un air soudainement désagréable. Et vous ? ajouta-t-elle, redevenant brusquement calme et apathique.
- Louka... Diamond.
Mars haussa les épaules. Le cœur de Louka battait la chamade, comme atteint d'un coup de foudre... au sens propre du terme. Un éclair aurait pu le frapper soudainement, il aurait tout aussi peur et mal à la poitrine.
- Ne me tuez pas, s'il vous plait, dit-il.
- Te tuer ? Je n'ai pas que ça à faire ! s'écria-t-elle.
- Vous êtes vraiment un revenant ?
Mars pencha la tête.
- Je ne sais pas. Je suis parfaitement palpable. Mais je crois que j'ai vu l'enfer.
- Tant que vous ne flottez pas et ne faites pas de mauvaises blagues comme un Feuforêve...
Son interlocutrice fit la moue. Mais seules ses lèvres, sa voix laissaient transparaitre une quelconque émotion. Ses yeux conservaient une expression indéchiffrable et passablement vide d'âme.
- Dans ce cas... V-vous êtes en lien avec les évènements bizarres qui ont eu lieu ces derniers temps ? Les Pokémon deviennent fous, les humains étranges... vous allez ramener votre organisation, secte, ou je ne sais trop quoi ?
Il n'aurait jamais cru que, tremblant comme un enfant, il pourrait aligner plus de deux phrases à une telle vitesse... Il aurait dû se taire...
- Je ne suis pas une légende urbaine... J'existe...
- Hein ?
Ce n'était pas la réponse attendue. Qu'est-ce que... Aurore avait dit qu'elle avait mauvais caractère. Mais ça semblait différent... et il savait que son amie ne s'était pas trompée ; elle choisissait toujours les mots justes...
Soudain, la jeune femme saisit le cou de Louka et, sans le serrer, le plaqua violemment contre l'arbre.
- Ce n'était pas une secte. C'était un espoir... juste un espoir... brisé... Je ne sais pas pourquoi tout sombre dans la folie. Je n'en ai aucune idée !
Etait-ce de la folie ? De la folie pure que possédaient tous les membres de l'organisation Galaxie ? Non, il y avait autre chose. Quelque chose qu'il ressentait, mais qu'il ne connaissait pas.
C'était un espoir... « Les humains se raccrochent vraiment à n'importe quoi, pas vrai ? » songea le jeune homme. Mais... que tout sombre dans la folie ? Il ne comprenait pas... c'était une exagération. Il n'y avait que quelques évènements bizarres... à moins que...
*
Louka mourrait de froid sous son manteau. Il ouvrit lentement les paupières, dévoilant un regard noir, épuisé et perdu. Il se frotta les yeux de ses mains dures et glacées.
Il faisait noir dans le sous-bois. Le garçon frêle était toujours assis contre le tronc de l'arbre, son Goinfrex serré contre son torse.
L'esprit du jeune homme était flou et embué. La sensation de vide dans son corps contrastait avec une violente migraine.
Cela avait donc été... Un rêve ? Un cauchemar ? Oui, forcément... Toutes les interrogations auxquelles il avait fait face étaient donc un fruit de son inconscient... et cette scène irréaliste également...
« C'est pour ça qu'elle m'était familière, songea-t-il.
- Louka. Il commence à pleuvoir. On a eu de la chance de tomber sur toi.
Cette voix froide et forte... Louka esquissa un faible sourire. Il la connaissait par cœur. Et pour être honnête, il était heureux qu'ils soient tombés sur lui.
Aurore lui tendit la main. La saisissant, son ami se releva, en profitant pour ramener Goinfrex dans sa Poké Ball. Barry se tenait aux côtés de la jeune femme.
- Nous n'avons rien trouvé, dit ce dernier. C'est nul !
- Moi non plus... avoua Louka. Ca doit vraiment être une rumeur, après tout.
« Enfin, si, j'en ai rêvé. Mais ils se moqueraient de moi et ça n'a aucune importance. »
Aurore et Barry expliquèrent qu'ils avaient logé à Vestigion la nuit précédente, et qu'ils y retourneraient, puisque c'était la ville la plus proche. Aurore réserva deux chambres en chemin.
- Eh ! Pourquoi je dois partager ma chambre avec Louka ?! avait crié Barry une fois à l'hôtel.
- J'ai réservé deux chambres par souci d'économie, répondit simplement Aurore. Et la convention veut que les jeunes hommes ne dorment pas avec des dames.
- Toi, une dame ?! On aura tout vu ! Et ne fais pas comme si tu faisais attention à ton argent ou aux conventions, tout ce que tu veux c'est nous embêter pendant qu'on te fiche la paix !
- Exactement.
Louka observait la dispute en souriant. Finalement, cette petite légende urbaine les avait rassemblés... Une petite aventure parmi tant d'autres. Une sympathique aventure... qui signerait leur retour dans le monde du dressage, qui sait ? Les concours pourraient attendre, et cela lui serait bénéfique le temps des vacances, avant de reprendre les études...
Il se demandait bien ce qu'il aurait pour Noël ! Père Cadoizo lui apporterait bien un joli Cadeau, mmh ?
Cela dit... l'attaque Cadeau peut se montrer destructrice pour les enfants qui cachent ce qu'ils voient... même dans leurs rêves.