Prologue
A Kynto, dans le petit village de Bourg-Joli, vivaient Nina et Léo. Frères et sœurs, les deux jeunes habitaient avec leurs parents. Nina avait seize ans. Ses cheveux roux étaient toujours lâchés, et tombaient en cascade sur ses épaules. Léo était plus grand et fort que la plupart des garçons de dix-sept ans. Il avait des yeux gris-vert, tout comme sa sœur, et des cheveux bruns, coupés court.
Dans leurs petits jardins, il y avait un grand prunier. Les deux adolescents se trouvaient assis en-dessous, le dos appuyé contre le tronc. Une boule jaune occupait l'espace entre eux. Elle s'agita. Des oreilles apparurent, puis une queue. Puis trois, quatre, sept. Goupix secoua la tête. Il avait un pelage très particulier. Jaune, et non orange comme celui de la plupart de ses semblables. Le bout de ses pattes et l'intérieur de ses oreilles étaient verts. Ses queues étaient oranges. Goupix était un Pokémon dit « chromatique ». Le tout dernier de son espèce.
Les parents de Nina et Léo souhaitaient envoyer leurs enfants découvrir la région. En effet, ces derniers n'avaient jamais quitté Bourg-Joli. Ils voulaient leurs offrir un voyage inoubliables. Ils achetèrent une Poké Ball, afin que le frère et la sœur puissent emporter leur Pokémon avec eux. Goupix leur appartenait. Il n'était pas à Nina. Il n'était pas à Léo. Il était à eux deux. Il les protégerait. Le père des deux jeunes avait retrouvé une carte datant du temps où il était dresseur, qu'il confia à son fils, ainsi qu'une bourse remplie d'or.
Ainsi, un soir, Nina, Léo et Goupix se retrouvèrent à marcher sur le sentier sinueux qui conduisait hors de Bourg-Joli. Nina portait un sac à dos, rempli de vivres et d'eau. Léo en transportait un autre, dans lequel étaient pliés une tente et des couvertures.
Le chemin de graviers les conduisit à l'entrée d'une forêt. Des chants de Pokémons oiseaux retentissaient de tous les côtés. Nina n'avait jamais vu tant d'arbres à la fois. Cela lui donnait le vertige, la tête lui tourna. Léo n'eut pas le temps de la rattraper, elle termina le derrière sur le sol. La jeune fille éclata d'un rire cristallin, qui traversa la paroi de la poké ball de Goupix. Le petit Pokémon jaillit, il adorait le rire de Nina.
Une fois relevée, Nina attrapa la main de son frère et l'entraina dans la forêt, Goupix sur les talons.
Le petit groupe découvrait un monde de merveille. Ils respiraient l'air doux et humide, foulaient le sol mousseux, observaient les arbres immenses, les fleurs minuscules, les yeux brillants des Pokémons sauvages dissimulés dans les bosquets alentours, sentaient l'odeur des feuilles mortes qui crissaient sous leurs pieds, et écoutaient le silence assourdissant du vent dans les cimes des arbres. La forêt rendait Nina heureuse. Elle gambadait avec joie, en sautillant légèrement. Léo aimait voir sa sœur ainsi. Il la trouvait belle lorsqu'elle était heureuse. Le rire doux de sa sœur, en cet instant, pénétrait son cœur et provoquait comme une douleur, étrange, terrifiante. Un sentiment inconnu submergeait Léo. Un pressentiment.
Bientôt, les deux jeunes débouchèrent sur une clairière, traversée par un petit ruisseau. La nuit commençait déjà à tomber. Léo monta la tente. Déjà épuisés par leur courte marche, le frère et la sœur s'endormirent l'un contre l'autre, serrés sous les couvertures. Goupix avait réintégré sa poké ball, que Léo avait placé sous les couvertures, entre les jambes de Nina et les siennes.
De nuit, la forêt semblait morte. Elle ne résonnait plus de chants de Pokémons oiseaux. Les fleurs printanières étaient refermées, endormies. Le vent ne soufflait plus, plongeant les feuilles dans la paralysie. Seule une parcelle de la forêt paraissait en vie. De la tente de Nina et Léo, s'élevaient trois respirations, qui perçaient le silence de la forêt, comme un marteau-piqueur, de nuit, dans une ruelle endormie.
Nina fut réveillée par un rayon de soleil perçant la toile beige de la tente. Elle déplaça délicatement le bras de son frère, posé sur ses épaules, afin de se lever en silence. Elle prit des vêtements de rechange et sortit. L'air frais du matin lui piqua les joues. La jeune fille marcha jusqu'au ruisseau, et se passa de l'eau sur le visage. S'abritant derrière un buisson, elle se changea. Elle passa un short brun confortable et un T-shirt vert.
Ensuite, elle s'éloigna un peu, et cueillit quelques baies Oran pour Goupix. Elle dénicha des mures pour Léo, et une dizaine de framboises, qu'elle posa sur une grande feuille plate.
Quand elle revint vers la tente, elle trouva son frère éveillé et habillé. Elle posa les fruits devant lui, et s'assit sur le sol. Goupix s'installa sur ses genoux, et ils dégustèrent ensemble leur petit-déjeuner.
- Il est l'heure de repartir. annonça Léo, quand ils eurent mangé tous les fruits.
Le garçon replia et rangea la tente. Nina plia les couvertures, et accrocha à sa ceinture la poké ball de Goupix. Ce dernier fit un bond, et atterrit sur l'épaule gauche de Léo.
Ils reprirent leur voyage, en discutant joyeusement.
- Ou va-t-on ? interrogea Nina.
- La carte indique que la prochaine ville s'appelle « Eleville ». répondit son frère.
- Y'a quoi là-bas ?
- La centrale électrique, l'autoroute qui va jusqu'au village de Zipetion, et un magasin de bicyclettes.
Nina s'imaginait Eleville. Elle espérait avoir assez d'argent pour s'acheter une bicyclette. Les deux jeunes n'avait jamais vu une grande ville, ni une autoroute, ni même une voiture. Il ne connaissait que Bourg-Joli.
Tout en marchant, Léo caressait Goupix entre les oreilles, en veillant à ne pas le faire tomber. Le petit Pokémon, accroché à son épaule, ronronnait doucement, prêt à s'assoupir. Quand il ferma les yeux et que sa respiration se fit calme, Léo ouvrit sa poké ball, et dans un nuage de fumée rouge, Goupix y disparut. Le sentier forestier changeait à mesure que Nina et Léo avançaient. Les arbres se raréfiaient, le sol se faisait de plus en plus dur, et les chants des Pokémons oiseaux semblaient plus lointains.
L'atmosphère était étrange. Le soleil, caché derrière des nuages noirs, diffusait une lumière grisâtre, inquiétante même. Soudain anxieuse, Nina s'empara de la main de son frère, et la serra si fort que ses jointures en devinrent blanches. Alors que le frère et la sœur marchaient main dans la main, Goupix jaillit.
- Déjà réveillé ? s'étonna Léo.
Goupix secoua les oreilles, sa façon à lui de dire « oui ». Il escalada les jambes, puis le torse de son jeune maître, jusqu'à finir sur sa tête.
- Hé ! T'as des pattes, c'est pour t'en servir ! protesta le garçon.
Mais Goupix était immobile, son corps était tendu sur la tête de Léo. Il écoutait attentivement. Soudain, il tourna la tête vers la droite, et se mit à grogner. Ses maîtres regardèrent dans la direction qui attrait le regarde de Goupix. Ils ne virent qu'une ombre s'éloigner dans la forêt.
- Boss ! C'est numéro 2.
- Mouais... quoi ?
- Je suis dans la forêt, près d'Eleville. Il y a ici quelque chose qui pourrait vous intéresser.
- Marchandise ?
- Affirmatif, boss.
- Quel genre ?
- Je ne sais pas. C'est un Pokémon, un Goupix. Mais... ses poils sont jaunes.
- Débrouille-toi avec les autres et ramenez le moi.
- Bip... bip... bip.