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Une radio, un pendentif et une tablette de chocolat. de TheMizuHanta



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» Auteur : TheMizuHanta - Voir le profil
» Créé le 04/10/2014 à 17:20
» Dernière mise à jour le 17/10/2014 à 20:53

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Chapitre 19: La première marche.
Ma chambre : 16h13

- En route pour le chapitre suivant...

J'étais encore et toujours dans ma chambre, mais aujourd'hui, ce n'était plus pour me lamenter sur mon niveau pitoyable. J'avais beaucoup réfléchi depuis mon entrevue avec Nikolaï. J'avais raison depuis le début, c'était à cause de ma confiance débordante et mon manque de connaissances que j'avais mené mon Pokémon à sa perte. Mais toutes ces jérémiades avaient enfin prit fin, j'avais enfin ouvert les yeux, il fallait que je change.
J'avais abandonné ma place à son chevet pour retourner sur mon bureau. En rentrant il y a plus d'une semaine, j'ai fait un saut à la bibliothèque de la ville. J'ai passé plus d'une heure dans tous les rayons possibles, pour prendre des dizaines de livres dans trois domaines spécifiques. Les premiers étaient des bestiaires, sur toutes les espèces Pokémon du monde connus à ce jour. Ils étaient remplis d'informations en tout genres pour chaque type de Pokémon, que ce soit l'habitat, les habitudes, les statistiques ainsi que les constitutions anatomiques de chacun. La seconde partie était basée sur la stratégie de combat. Que ce soit à l'aide d'équations mathématiques, actions réalisées par les meilleurs dresseurs qui sont entrés dans la légende ou encore la liste complète des capacités disponibles pour chaque adversaire possible. Le dernier ouvrage que je tenais entre les mains, celui qui me restait à terminer, était sur une créature en particulier. Une encyclopédie entière consacré à l'espèce surnommée Aura, les Lucario. Je devais tout savoir sur les capacités d'Anna, ses limites, et ce dont elle pouvait être capable. Je devais tout connaître pour éviter le genre d'incident qui était arrivé il y a plus de deux semaines. Pour qu'elle puisse être en sécurité sous ma tutelle, pour qu'elle ne souffre plus.
Il y avait aussi à côté de la pile de livres des médicaments, tous composés d'ibuprofène ou de paracétamol pour les maux de tête. Ces ouvrages étaient extrêmement complexes et je ne m'accordais que quelques légères pauses dans la journée. Je prenais donc un comprimé à chaque fois qu'une migraine faisait surface, entre deux chapitres. Les seuls "récréations" que je m'accordais revenaient soit à dormir une heure, pour emmagasiner efficacement mes connaissances fraîchement acquises, soit pour rester un peu aux côtés de mon Pokémon. Je prenais régulièrement son rythme cardiaque et respiratoire pour les comparer aux relevés d'il y a deux heures. Je n'ai jamais vu un rythme aussi constant, elle n'a pas bougé d'un iota sur tous les domaines. Le plus grand changement est de l'ordre du 0,2, ce qui n'est pratiquement rien. Je profitais de ces données pour poser quelques questions à Nikolaï, pour avoir une idée du développement de l'état d'Anna. Il m'avait dit qu'avec des chiffres pareils, elle n'était pas dans un état de coma, mais plutôt dans un sommeil profond. Elle ne faisait que dormir paisiblement, sans faire le moindre rêve. Je n'aurais qu'à attendre patiemment son retour, comme elle l'avait fait pour moi, car elle est mon Pokémon, et je suis son dresseur.

Ma chambre : 16h42

- Rody?
- Oui m'man?
- C'est pas aujourd'hui le jour de ta remise de diplôme?
- Si... Il est quelle heure?
- Dix sept heures moins le quart.
- Ok... Je me prépare.
- Vaut mieux... T'aurais pas pu dormir un peu avant non?

Elle avait bien raison, car en me regardant dans la glace, j'étais plus pâle qu'un vampire et mes cernes avaient pris une teinte foncée, comme si j'avais deux yeux au beurre noir. Sans compter que j'avais maigri de manière drastique en ne mangeant et buvant que très peu, je n'avais plus que la peau sur les os, prendre un repas était pour moi une perte de temps. Mes cheveux ébouriffés d'un brun clair pointant le manque de soin s'ajoutaient à mon visage de "mec violent venant des rues". Je n'avais pas l'air vraiment accueillant voir sociable. Dire que j'allais à la plus grande cérémonie scolaire, le sommet de l'éducation et de la connaissance sera présent. J'imaginais que tout le monde sera sur son 31, mais je n'avais aucune fringue de ce genre, c'était de l'argent à gâcher pour rien. J'enfilais donc un T-shirt blanc, un sweat bleu marine ainsi qu'un jean, quelque chose de simple. Je fis un tour dans la salle de bain, j'y allait pendant mes "révisions" seulement après les rares repas pour me laver les dents ou pour me raser. Je me passais un peu d'eau sur le visage, afin d'avoir l'air un peu plus frais. C'était la seule chose que je pouvais faire, mais au moins j'avais pris quelques couleurs en me levant un peu, ça faisait circuler le flux sanguin. Je retournais dans ma chambre pour aller prendre mon sac, que j'avais préparé depuis longtemps. Il y avait quelques feuilles et des stylos au cas où je devrais prendre des notes.
Avant de quitter cette pièce, je m'arrêtais à côté de mon lit. Je pris la chaise de mon bureau pour me mettre à son chevet. Je la regardais dormir tranquillement encore un peu. Son état était avant pour moi la raison pour que j'abandonne tout, mais aujourd'hui, c'est devenu une promesse. Je lui ai promit que je deviendrais meilleur quand elle se réveillera, qu'elle ne soit plus jamais dans le désespoir. Je me levais doucement, pour ne pas faire de bruit, pour ne pas la réveiller. J'allais enfin partir pour l'accomplissement de ma première étape, obtenir ce titre tant convoité. Il ne me fallait qu'une seule des trois récompenses pour continuer, mais je ne sais pas encore comment m'en débarrasser des deux autres, on verra bien une fois là bas.
Avant de partir, une idée avait germé dans mon esprit, je ne savais pas si cela aura un incident, que ce soit positif ou négatif. Je ne sais pas non plus si elle réagira, seul l'avenir nous le dira. Je tirais alors le tiroir de ma commode, qui se trouvait à côté de mon lit. Il y avait dedans la tablette de chocolat d'Anna, celle qu'elle avait eu pour son anniversaire. Je la prenais doucement, puis commençais à retirer délicatement une partie de l'emballage. Je retirais un carré de la tablette, puis remis le chocolat là où il reposait. Je cassais en deux le morceau que j'avais pris, je m'approchais lentement de mon Pokémon. J'ouvris sa gueule doucement, pour déposer sous sa langue une moitié, pour éviter qu'elle ne s'étouffe avec. Peut être qu'elle pouvait ressentir le goût de ce qu'elle adorait depuis toujours dans le monde où elle se trouvait en ce moment. Peut être qu'elle se réveillera, peut être pas, seul l'avenir nous le dira.
Je mis ensuite mon sac sur mon épaule et me dirigeai vers le salon, là où se trouvait ma mère. Elle était encore affalée sur le canapé, en train de lire la même chose. Elle tourna sa tête pour me regarder un moment, elle se mit à sourire timidement. Intrigué, je lui demandais:

- Pourquoi tu tires une tronche pareille?
- J'ai l'impression que tu as sacrément grandi depuis deux semaines...
- J'ai rien fait de spécial.
- Je sais débilos... Mais tu as maintenant l'air d'un homme, alors que tu ressemblais plus à un gosse renfermé avant...
- J'ai pas vu ça dans la glace.
- Tu as vu quoi alors?
- Quelqu'un qui attends une réponse, et qui va en chercher une partie aujourd'hui.
- Te donner un style qui fait craquer les filles ne t'a jamais correspondu.
- Je m'en contrefous de la manière de penser des filles...
- Même celle de ta mère? fit elle en tirant une bouille tristoune caricaturée au maximum.
- Là ça tourne à l'inceste.... Bon j'y vais, allume la télé sur la chaîne numéro 3 dans une demi heure.
- Il va se passer quoi?
- Tu verras ton fils obtenir le plus grand résultat jamais atteint à l'examen commun de la région.
- Bonne chance mon Rody, sois fier.

La chance? Je n'ai jamais usé de ce procédé. Que ce soit pour les examens, les combats ou même les choix dans la vie, j'ai toujours décidé par moi même, et de manière réfléchie. Mais c'était cette manière de penser qui m'avait amené à jouer avec la vie d'Anna. La leçon apprise en retour a été dure, trop dure à supporter tout seul. Mais j'ai eu de l'aide, et c'est cette aide qui m'a permit d'avancer, et c'est ce que j'allais faire aujourd'hui. Avancer pour monter sur la première marche de ma vie, pour que tout puisse enfin commencer, j'étais enfin prêt.

Dôme de concours : 17h03

- Que les lauréats veuillent bien prendre leur place.
- Pas trop tôt! Y'en a qui attendent tout de même!

Les cinquante personnes qui constituaient le futur prometteur à la grandeur de Sinnoh étaient tous présents. Nous étions tous regroupés dans la fosse, tout juste devant la scène, sur laquelle se passent habituellement les concours. C'était la première fois que je pénétrais dans ce lieu, et sûrement la dernière.
Malgré le fait que seule la scène était éclairée, il y avait des dizaines de spots de partout. Je n'osais même pas imaginer les quantités d'énergie régulièrement englouties pour chaque spectacle. Ce que j'arrivais à comprendre par contre, c'était la chaleur que ces trucs dégageaient. Si on ajoute à ceci la température dégagée par une salle remplie, ce serait invivable. Mais nous ne prenions à nous tous qu'un sixième de toutes les places disponibles, c'était donc facile à supporter.
Ce qui l'était moins, c'était ma voisine. Une fille aux longs cheveux blonds brossés maintes et maintes fois. Elle portait une veste d'un violet profond avec une jupe de la même couleur et taillée serré qui arrivait juste au dessus des genoux. Ce costume a dû être fait sur mesure et coûter masse d'argent. Elle ne pouvait pas s'empêcher de gesticuler partout et remonter sans arrêt ses lunettes qui glissaient sur son nez à force de bouger. Elle rouspétait continuellement pour témoigner de sa lassitude à attendre et perdre 10 minutes de son incroyable existence. Elle ne pouvait pas faire comme tout le monde? Du genre compter ses dents, jouer sur son téléphone ou encore...

- On peut savoir ce que vous faites ici?

Me parler à moi... Qu'est ce que j'ai bien pu faire pour en arriver là...?

- Quand vous dites "ici", vous parlez dans la ville ou sur cette place assise?
- Très amusant... remarqua-t-elle d'un ton lassé. Je sais pas si vous êtes au courant, mais aujourd'hui la salle est prise pour la remise de diplôme des lauréats exemplaires.
- Et?
- Et donc je me répète... Que faites vous ici?
- Je suis comme vous, je suis venu chopper mon diplôme, et recevoir le prix du meilleur résultat au passage.
- Aha... Très drôle, moi qui vous ai prit pour un technicien de surface. répliqua la jeune femme d'un ton qui dépassait le sarcasme.
- C'est à cause de mes fringues que vous rigolez? Parce que moi, j'ai pas assez d'argent à jeter pour des vêtements que je ne porterais que pendant une soirée.

Je voulais pas me comporter comme ça au départ, mais on dirait que ma patience avait sacrément régressée pendant ces deux semaines. Je me sentais d'une humeur particulièrement irritable, et c'était apparemment pas le moment de me faire chier.

- Si jamais vous ne trouver pas mieux à faire que vous moquer de ce que portent les gens, j'ai des feuilles et des crayons, vous pourrez dessiner pour faire passer le temps.
- Moquez vous si vous voulez, mais je n'ai pas de temps à perdre pour ma carrière. Vous pouvez faire humoriste, vous avez du talent, et pas besoin de ce diplôme de perfection.
- On verra bien qui l'aura.
- Vous verrez. finit la blonde en croisant les bras, avec un visage naturel pour ne pas fausser son fond de teint.

Au moins, plus personne ne viendra me faire chier jusqu'à la fin. Il ne restait plus qu'à attendre, que tout le monde fasse son petit discours, qu'ils fassent le classement du 50e au 4e puis le top 3. J'attendais mon tour en regardant autour de moi, j'avais bien fait de dire à ma mère d'allumer la télé. Il y avait des caméras de partout, que ce soit sur les balcons ou même sur les côtés de la scène, il y avait aussi un gars qui s'occupait de filmer le public. Je tendais tout de même l'oreille à quelques moments pour savoir où en était la cérémonie. Il y a eu un moment ou l'éminent professeur Sorbier, chercheur phare de Sinnoh, est arrivé sur scène. Je n'y ai pas vraiment prêté attention, ce n'était pas ce qui m'intéressait aujourd'hui. Ce qu'il me fallait, c'était la première place de ce foutu classement, pour que je puisse enfin repartir de cet endroit.

Dôme de concours : 17h42

- Nous arrivons maintenant au moment fatidique, celui que vous attendez tous. Nous allons passer aux nominations des trois meilleurs résultats aux examens communs de cette année.

Ça y est, nous y étions enfin. Ça faisait déjà trois quart d'heures que j'attendais ce verdict. Non, ça fait beaucoup plus longtemps, plus longtemps même que le jour où je suis entré au lycée. Cela fait plus de dix ans que j'attends ce titre, dix ans que j'attends le franchissement de cette étape primordiale. Pour que je puisse enfin avancer, que je puisse sortir ce cette prison qu'est Unionpolis. Pendant que je prenais une profonde inspiration pour ne pas repenser à tout ceci, le présentateur fit une annonce:

- Cette année n'est pas comme les autres, nous assisterons à un duel titanesque. Les résultats des trois meilleurs candidats ne sont pas seulement extrêmement élevés, mais ils sont chacun très proches les uns des autres. C'est pour cette raison exceptionnelle que nous allons laisser la parole à une personne elle aussi exceptionnelle... Je vous prie d'accueillir chaleureusement...

Une nouvelle personne? J'avais déjà regardé de nombreuses cérémonies de lauréats, et personne n'est jamais venu. Il n'y avait toujours eu que le présentateur dans son costume en queue de pie et le professeur qui serrait la main et félicitait chaque élève recevant son diplôme. Tout ceci m'intriguait, mais cela ne devait pas être très grave. De toutes façon, cela n'allait pas changer grand chose, ceci n'avait aucune...

- La grande Cynthia Carenwell, maître de la prestigieuse ligue Pokémon de Sinnoh! Vous pouvez applaudir bien fort!

Quoi?! C'est une blague?! Que vient elle foutre ici?! Jamais quelqu'un d'aussi influent n'est venu ici. Et pourquoi elle?! Ce n'était pas des conneries, car elle sortit des coulisses au moment où "monsieur loyal" l'avait annoncée. Elle avait toujours les mêmes vêtements, le même visage, le même sourire. Il fallait que je me calme, mon corps commençait déjà à se raidir et ma respiration se coupait, je sentais même mon coeur battre la chamade. C'était évident, cet évènement était tout sauf dû au hasard. Elle devait savoir que j'allais participer à cette cérémonie. Elle devait savoir énormément de choses sur moi, vu son statut, ça ne devait pas être compliqué. Elle devait aussi savoir ma position sur ce fichu classement, mais je n'en n'avais rien à faire.
Elle se présenta sur le pupitre de discours, aux côtés du scientifique, et récita un bref discours. Je n'ai pas entendu ce qu'elle avait dit, j'étais trop occupé à me calmer. J'étais terrifié, elle me faisait peur, c'était elle qui avait terrassé Anna. C'était à cause d'elle que j'étais sur le point de tout arrêter, de tout abandonner. Tout allait être finit à cause d'elle, et je vais être obligé de me tenir à côté d'elle, devant la région toute entière.
Une personne me fit sortir de ma torpeur, elle me donnait des coups de coude dans les côtes. Quand je tournis la tête pour voir de qui il s'agissait, je compris que c'était la chieuse qui était maintenant debout. Elle me lançait des éclairs avec ses yeux gris, elle avait l'air d'être une vrai boule de nerf. Ce fut à ce moment là que mon ouïe revint à la normale, mais je ne sais pas si c'était une bonne chose:

- Dégagez! On m'a appelé! C'est pas un gamin des rues qui va m'empêcher d'avoir ma première place!

Elle était vraiment en rogne, et je pensais que ce n'était pas le bon moment pour rester planté là à ne rien faire. Je me levais donc immédiatement, elle me lâcha un "Tsss" bien horripilant et se dirigea en marchant d'un pas très conventionnel vers la scène où elle a toujours voulu être. Je n'allais pas me rasseoir, non seulement parce que je savais que l'on allait m'appeler, mais si je me rasseyais, je ne serais plus capable de me remettre debout.
Cynthia cita le nom d'un autre élève, à l'aspect un peu rond. Aux côtés de la fille de riche, il avait l'air morne et médiocre, c'était assez étrange. Mais je n'avais pas le temps de regarder ce duo plus longtemps. Une voix faussement angélique me tira immédiatement de mes pensées:

- Et le troisième finaliste de cette année... L'élève venant d'Unionpolis, Ward Rode! Vous pouvez l'applaudir chaleureusement.

Je n'avais plus le choix, tous les regards étaient tournés vers moi. Beaucoup de monde me scrutait avec un regard surpris, voir méprisant. Ils devaient tous être comme elle, ils me prenaient pour quelqu'un qui ne méritait aucune confiance. Je m'avançais sur le long couloir qui amenait sur les planches. Sur ma route, peu de personnes applaudissaient, ils me regardaient avec dédain. J'en entendais même qui chuchotaient avec leurs voisins à propos de moi:

- *Mais qu'est ce qu'il fout ici avec des vêtements pareils?!*
- *Tu crois que c'est un gars des rues?*
- *J'en connais qui ont dû payer les correcteurs pour avoir une place ici...*
- *Pfff... Son père est pas capable de gagner assez pour lui acheter quelque chose de potable? Vu la tête de son fils, ça doit être un alcoolique...*

Je serrais la mâchoire, de plus en plus de gens ne parlaient plus de moi, mais de mes parents, et surtout de mon père. Mon poing se serrait de plus en plus, j'avais envie de frapper des gens jusqu'à ce que leur "sang bleu" pisse du nez. Mais les priorités ne s'arrêtaient pas à ces enfants sur leurs piédestaux. J'étais devant les quelques marches qui m'élèveront sur cette scène tant appréhendée. Je voyais la grande Cynthia, en train de me fixer avec un regard mielleux. Elle ne disait rien, elle souriait juste du coin de la bouche, comme lors de ce jour horrible. Elle m'attendait calmement, elle savait que je n'étais pas capable que j'arrive à sa hauteur. Elle savait que je ne pouvais pas supporter sa présence.
Mais je ne pouvais pas lui donner raison, pas après ce qu'elle avait fait. C'est alors en la défiant du regard que je montais lourdement les cinq marches qui menaient aux planches. Plus je montais, et plus j'avais l'impression d'être à l'intérieur d'une cage avec elle. Elle dégageait une aura mystérieuse, qui malgré son aspect fragile, débordait d'une force incroyable. Elle était terrifiante, malgré son visage aussi accueillant que celui d'une mère. Lorsque j'avais grimpé la dernière marche, je n'entendais plus aucun bruit, le silence de mort était revenu. Il fallait que je tienne bon, que je reste fort devant elle. Je pris une profonde inspiration et me plaça à côté d'elle, sans même la regarder. Elle me chuchota:

- Tu es finalement venu... Mais tu es tout seul?

Elle était tout juste à côté de moi, elle continuait de me provoquer. Elle l'avait parfaitement bien fait il y a maintenant deux semaines. Mais cela ne pouvait plus marcher, il fallait que je lui montre que je n'étais pas ce qu'elle voulait que je sois.

- Si vous parlez d'Anna, elle se repose. Après un entraînement, je n'allais pas l'amener ici, il y a trop de monde.
- Comme si j'allais croire un mensonge aussi gros... soupira t elle d'un ton las sans quitter le public des yeux et arrêter de sourire, je sais qu'elle est toujours dans un état d'inconscience.
- Est ce que vous pouvez me dire alors comment vous savez tout ça? Et tout le reste?
- Un bon magicien ne dévoile jamais le truc de ses tours.
- Et nous allons enfin remettre à notre invitée de prestige les résultats finaux!

Le présentateur avec ses dents sur-blanchies donna à Cynthia une enveloppe blanche fermée d'un cachet de cire rouge. Elle le remercia chaleureusement et se replaça où elle se trouvait quand elle fit son apparition. Elle se racla délicatement et discrètement la gorge avant d'ouvrir lentement la lettre et de s'approcher doucement du micro. Elle prit une profonde inspiration qui s'entendait via les basses et annonça au public:

- Nous voici enfin au sommet de ce duel de titans. Le pourcentage de réussite, calculé en fusionnant la moyenne des trois années d'études et celle de l'examen de fin d'année, est d'un niveau dimensionnel. Le résultat dépasse les 96% de réussite pour les trois lauréats ici présents. Mais lequel repartira avec le grand prix d'excellence? Nous le sauront dans quelques instants...

Elle sortit avec précaution la feuille pliée en trois qui contenait les résultats finaux. Même si elle jouait très bien son rôle d'invitée d'honneur, elle n'a pas jeté un coup d'oeil sur le papier. Elle connaissait déjà les résultats, ce n'était qu'une formalité. Elle ne fit pas plus attendre le public qui était fébrile, mais pas pour le "duel" qui allait avoir lieu. Le maître de la ligue était pour eux un modèle à suivre aveuglément. Tous ceux dans la salle suivaient ses moindres faits et gestes via la presse, la télévision ou internet, sans penser ne serait ce qu'une seconde qu'elle avait la capacité et les moyens de manipuler ces médias. Elle peut se forger n'importe quelle image d'elle même, sans que personne n'y voit que du feu. Je dois être le seul à ne pas être aveuglé par la poudre qu'elle envoie aux yeux de tout le monde. Peut être parce que je ne regarde que les feuilletons d'information à la télé, ou parce que je l'ai rencontrée sous sa vraie nature. Elle se lança, sans même faire un long monologue sur les valeurs de l'éducation, la morale ou tous les sujets pour tourner autour du pot:

- En troisième place se trouve, avec un pourcentage de 96.83%... Léon Kevehk, de l'établissement patrimonial de Frimapic!
- M... Merci... bredouilla le jeune homme sans ambition dans la voix avant de repartir tout penaud à sa place. Il n'avait pas l'air à l'aise du tout, et cette troisième place n'allait pas l'aider.
- Et maintenant... Nous allons annoncer directement la personne qui se verra décerner le prix tant convoité!
- Désolé pour toi, mais tes jolis rêves s'arrêtent ici... me chuchota la fille qui avait l'air de croire qu'elle était ma rivale.

Je n'allais pas me rabaisser à y prêter attention, je me mis juste à faire un petit sourire narquois juste pour la faire enrager encore un petit peu. Je savais qui allait être le gagnant, pas besoin d'attendre encore plus.

- Avec un résultat récolté durant les trois dernières années ainsi que pendant l'examen final de 100%... Le premier score parfait jamais vu dans toute l'histoire... Je vous prie d'applaudir Rode Ward! Du lycée Polyvalent d'Unionpolis!

Au moment où elle annonça mon nom, la salle entière entra dans un silence de plomb. Personne n'arrivait à croire que c'était moi, ils pensaient tous que j'étais arrivé par hasard ici. Je n'étais pour eux qu'un minable qui avait raté sa vie, car il est venu à une cérémonie en sweat. Que cela doit être dur pour eux, de voir que celui qu'ils méprisaient est en fait au dessus de tous ceux qui se trouvaient dans ce bâtiment. Je ne pouvais pas les laisser ainsi, il fallait remuer le couteau dans la plaie, pour qu'ils comprennent bien l'erreur qu'ils avaient fait de me juger trop vite. Je me présentais donc sur le pupitre, sans me préoccuper des applaudissements faiblards lâchés par certains. Le professeur Sorbier, en retrait depuis un moment, me tendit un diplôme d'excellence, dans un grand cadre gris. Il me serra la main et me gratifia d'un "félicitations jeune homme", avec un grand respect qui émanait de ses yeux. Apparemment, il n'y avait que cette personne qui méritait la confiance dans tout le bâtiment.
Je me retournais ensuite vers le public, qui continuait de me dévisager d'un air ahuri. Je ne savais pas encore ce que je pouvais dire sur le moment, je n'ai jamais eu à faire un discours. Les seuls que j'avais déjà vu étaient ceux d'hommes politiques, je n'avais donc qu'à prendre exemple. Je posais donc mes mains sur les bords de la planche supérieur, mis une bonne partie de mon poids en avant et me lançais:

- En avançant vers cette scène, j'ai entendu beaucoup de monde. Ce cercle fermé de surdoués se demandait qu'est ce qu'un garçon habillé comme je le suis faisait ici? Si j'avais payé des correcteurs pour avoir un tel résultat? Ce sont des questions que tout le monde pouvait se poser. Après tout, vous ne m'avez jamais rencontré, comme tous ceux qui ont étudié dans mon école, comme tous ceux de ma classe. Ils ne m'adressaient jamais la parole, car ils connaissent la vie que j'ai eu. Personne ne m'a jamais adressé la parole, car ils avaient tous de la peine dans leur regard quand j'étais devant eux. J'ai donc vécu seul pendant des années, dix pour être plus précis. Je n'ai jamais eu le droit de sortir, d'aller voir mes amis, je n'en avais pas la possibilité, car la vie ne se comporte pas de la même manière pour tout le monde. Alors j'ai travaillé, dès que j'avais du temps libre, je révisais, dès qu'il se mettait à pleuvoir, j'apprenais mes leçons. Si il y en a encore qui pensent que je ne raconte que des salades, je vais vous dire comment avoir un résultat parfait sans avoir à soudoyer les correcteurs. Il vous suffit de vivre ma vie, et quand vous serez capable d'un tel exploit, vous ne me regarderez plus avec mépris, mais avec respect.

Bureau du responsable : 18h06

- Cela fait longtemps que je n'ai pas vu un enfant parler ainsi, et encore moins devant les caméras régionales voir nationales...
- Si vous voulez des excuses publiques, sauf votre respect, vous n'en aurez pas.

Apparemment, le discours que j'ai tenu n'avait pas plu à la production, elle n'a pas prévu ce coup là et ne pouvait pas censurer ou passer de la publicité pour masquer. J'étais maintenant dans le bureau de celui qui s'occupait de l'infrastructure du dôme de concours. La chose qui faisait la différence, c'est que celui qui s'était assit dans le fauteuil du chef était le professeur. Il avait les coudes sur le bureau, les mains devant la bouche et me scrutait silencieusement. Il ne me regardait pas avec colère, surprise ou mépris, mais avec curiosité. Il avait la réputation de rester d'un calme olympien, quelque soit la situation, même dans les plus extrêmes. Sans me quitter de ses yeux glaciaux, il me demanda calmement:

- J'imagine que tu ne vas pas me dire pourquoi tu as tenu de tels propos...
- Cela rentre dans le domaine du privé professeur, je crains que je ne sois pas d'accord pour aborder un tel sujet.
- Le problème, ce ne sont pas les actions que tu as faites... Mais les répercutions médiatiques. Déjà que voir un gagnant dans une telle tenue n'allait pas être bien vu, mais ta manière de manier les mots ne vont pas aider pour ton image.
- Je n'ai jamais fait attention aux médias, et cela fait longtemps que je ne m'occupe plus du regard des gens.
- Ce n'est pas de ça que je voulais parler mon enfant... Mais de ton Pokédex.
- Ah oui... La récompense de la première place... J'avais oublié ça.
- Je ne peux pas t'engager comme assistant, la presse, la télévision ou la radio n'accepterait pas ce genre de choses. Je suis désolé pour toi, mais je ne peux pas te donner le Pokédex.
- C'est tout?
- Quoi? Demanda le professeur en affichant enfin un visage avec de l'émotion, et c'était de la surprise.
- Si vous avez besoin de quelqu'un d'autre pour refourguer ça... Je connais le profil idéal.
- Mais... Tu ne t'interresse pas à ça? Je croyais que tu étais très proche de ton Pokémon?!
- C'est le cas, mais en étudier d'autre ne m'intéresse pas, j'en connais déjà largement assez sur eux. Assez pour pouvoir être dresseur professionel.
- Mais... Tu n'as pas besoin de ce premiers prix pour être dresseur!
- C'est vrai, mais j'ai juste besoin de la prime de 200 000 Pokédollard, c'est la seule chose que je voulais.
- Tu as fait tout ça... Pour l'argent?
- Non, j'ai fait tout ça car j'ai besoin d'argent, pour pouvoir arriver à mon objectif. Ce prix n'est pas un but pour moi, juste une étape.
- Bon... Lâcha l'éminent scientifique complètement médusé, tu m'as dit que tu avais quelqu'un pour le Pokédex... A qui est ce que tu veux le donner?

Couloir des loges : 18h17

- Ah! Je t'ai enfin trouvé!
- Qu'est ce que tu me veux?! Dégage!

J'ai dû la chercher partout en essayant d'éviter les autres lauréats ainsi que les caméras qui me chassaient comme si j'étais un chromatique. J'étais enfin devant la jeune fille qui est arrivée à la seconde place. Je me souvenais qu'elle a écarquillé les yeux et ouvert la bouche comme un Magicarpe quand Cynthia a annoncé mon nom en tant que vainqueur. Elle qui avait tant d'espoir pour atteindre son objectif. Elle était maintenant effondré sur un siège, les yeux tous rouges, la statue de marbre s'était réduite en poussière. D'un côté, voir son état me plaisait, après tout ce qu'elle m'avait dit. Mais mon comportement n'était pas correct, je n'allais pas me rabaisser au niveau de tous ceux qui étaient dans cette salle. Elle ne tint pas plus longtemps, sa patience à elle n'avait plus l'air très efficace:

- Si c'est pour te moquer de moi... Fais le maintenant. me lança t elle d'un ton déterminé et en me regardant dans le blanc des yeux.
- Et pourquoi ferais je ça? lui demandais je d'un ton surpris frôlant l'amusement voir l'ironie.
- Parce que je n'ai pas arrêter de te rabaisser. Tu avais raison... Je t'ai jugé sur tes vêtements, j'ai été idiote, je m'en excuse... Félicitations pour ton score parfait... bredouilla t elle en baissant la tête vers le sol.
- Dis moi... Tu peux me dire pourquoi tu as fait tout ça?
- Quoi? fit elle en levant brusquement la tête vers moi, comme si j'avais annoncé qu'elle allait mourir.
- Ben... Je voulais juste savoir pourquoi tu voulais absolument avoir ce diplôme d'excellence. Tu comptes faire une carrière scientifique?
- Oh... Pas exactement, rester dans un laboratoire ne m'intéresse pas vraiment... Je voulais aller sur le terrain, avec un Pokédex. Je voulais être la meilleure cette année pour devenir l'assistante du professeur, lui donner les meilleures informations pour ses recherches. J'ai tellement de respect envers lui.
- C'est un motif louable... Tu sais, je ne comptais pas vraiment te rabaisser aujourd'hui...
- Tu comptes faire quoi alors?
- Tu mérites mon respect... Ça te dis de rattraper le temps perdu?
- Qu'est ce que tu veux?!
- Si je te dis où se trouve le prof Sorbier, est ce que tu serais prête à aller lui parler?
- Que... Quoi?!
- Et si tu arrives à être assez convaincante, en disant que c'est moi qui t'ai envoyé par exemple, tu pourrais avoir mon Pokédex...
- C'est une blague? C'est pas drôle...
- A toi de voir, "ta carrière ne peut pas attendre", pas vrai?

Je crois que mes derniers mots avaient fait mouche. Car elle se leva immédiatement, s'inclina pour me présenter ses plus profondes excuses et se frotta les yeux pour essayer de les avoir moins rouge, puis fila plus vite que le vent. Jamais je n'ai vu quelqu'un courir aussi vite avec des talons hauts. En même temps, son plus grand rêve allait se réaliser, elle ne pouvait pas attendre.
C'est à ce moment là qu'une sensation plus qu'étrange me comprima le corps tout entier. Plusieurs émotions me balaya l'esprit en un instant. Il y avait du calme, le l'intrigue, de la surprise. Mais mon coeur fut submergé par une vague déferlante de terreur, de désespoir. Comment pouvais je ressentir tout ça? Même si ça se passait à l'intérieur de mon corps, je sentais que ces émotions ne venaient pas de mon corps, de ma personne. La seule personne qui était capable d'un tel tours, qui était tellement liée à moi, c'était Anna. Elle venait de se réveiller, j'en étais sûr à 100%. J'ai attendu ce jour depuis si longtemps, j'ai tellement de choses à lui dire, à lui montrer, à lui apprendre. Mais je redoutais aussi énormément ce moment, comment allait elle réagir à tous ces changements? Dans quel état allais je la retrouver? J'avais peur pour elle, car je suis un dresseur et elle est mon Pokémon.

Appartement : 18h25

- Et ben mon Rody... Moi qui pensais que t'aimais pas prendre la parole... T'as foutu un sacré bordel tu sais?
- Comment va Anna? Répliquais je immédiatement, sans même avoir relevé ce qu'elle venait de me dire.
- Tu tournes pas autour du pot... Elle vient de se réveiller, et d'après ce que j'ai sentis, elle est vraiment mal...

Je ne lui laissais pas plus de temps pour m'expliquer la situation, je savais tout ça, Anna m'avait déjà fait comprendre tout ceci au dôme de concours. Je me dirigeais immédiatement vers ma chambre. J'étais bloqué devant la porte qui y menait, j'avais peur de l'ouvrir. J'avais peur de ne pas être à la hauteur pour elle, que je n'allais pas être assez fort. Mais je n'avais pas le choix, je devais pousser cette porte maintenant. Mon corps prit enfin la peine de m'obéir en baissant la poignée, elle avait l'air encore plus lourde que le téléphone il y a plusieurs jours de cela. La porte grinça aussi fort que lentement, le bruit était insupportable. C'est après avoir enfin fait quelques pas dans ma chambre que je pus enfin la voir.
Anna était encore dans mon lit, avec la couverture sur les jambes. Elle était en position assise, avec les mains sur les genoux, ses ouates étaient maintenant au sol, et elles étaient légèrement teintées de sang séché. Elle regardait par la fenêtre qui était à côté d'elle, elle attendait quelque chose, sans bouger. Il ne m'a suffit que de quelques pas vers elle pour qu'elle remarque ma présence, elle tourna immédiatement la tête vers moi. J'avais de suite remarqué qu'elle avait regardé la fenêtre avec des yeux livides, et qu'elle me donnait l'impression qu'elle ne me voyait même pas, que j'étais transparent. Après un bref instant, sa vue avait l'air de se préciser, elle m'adressa un sourire timide, elle essayait de cacher la peur qu'elle faisait déborder avec un visage serein. Elle essaya d'articuler quelques mots avec peine, accompagnés d'une voix caverneuse qui n'a pas marché depuis plus d'une semaine et demi:

- Bonjour Rode... Va bien?
- ...
- Tu ressembles fatigué, couru?
- ...
- Pourquoi... Tu parles pas...?

Je savais pertinament que si j'ouvrais la bouche ne serait ce qu'un seul instant, elle comprendrait tout de suite. Je n'osais pas lui adresser la parole, même un seul mot, je ne voulais pas la voir souffrir...

- Souffrir de quoi? demanda mon Pokémon, qui avait perdu son sourire, dis moi de quoi!

Son visage calme et accueillant s'était crispé, elle commençait à abandonner la sérénité. Elle me fixait de ses yeux de velours, ils commençaient à briller. Je ne pouvais toujours pas lui dire, c'était trop dur pour moi. Je serrais les dents et les poings pour ne pas m'effondrer. Mais me tenir debout devant elle ne servait à rien, mais je n'y arrivais pas. Je restais là, planté dans le sol, incapable de faire quoi que ce soit, et être parfaitement inutile. Je ne pouvais pas lui parler, je ne voulais pas.

- Je t'en supplie... Parle moi... Je veux t'entendre...

Ses derniers mots sortirent de sa bouche comme des gémissements. Des larmes commençaient à rouler sur ses joues. Elle avait comprit, elle savait parfaitement qu'elle n'entendra plus jamais ma voix, ni celle de qui que ce soit d'autre. Elle entend mes pensées depuis que je suis dans cette pièce, elle sait maintenant pourquoi je ne veux rien lui dire. Je suis désolé Anna... Je m'en veux tellement, j'ai été inutile, je t'ai infligé tellement de douleurs, à cause de moi. Je ne pouvais m'empêcher de pleurer à mon tour, je n'arrivais pas à supporter tout ceci. Elle s'effondra à son tour, elle me tourna le dos et se recroquevilla pour sangloter. Sa tristesse, son désespoir émanait de son corps de manière déferlante, mon corps était comprimé par ce flot d'émotions, je n'arrivais même pas à respirer. Je m'approchais doucement d'elle, sans faire de gestes brusques. Je me posais lentement sur ma chaise de bureau, à son chevet. Tout ce que j'arrivais à faire, c'était l'enlacer avec mes bras autour de la taille, sans qu'elle n'ai à bouger. J'étais juste inutile, je ne savais pas quoi faire à un moment pareil, j'aurais tellement voulu pouvoir l'aider. Mais la seule chose que j'ai trouvé à faire, c'est d'attendre que la tempête se calme.

Ma chambre : 18h38

- Je suis... Désolée...
- Hein?

Cela faisait un moment qu'Anna ne faisait plus de bruit, elle avait arrêter de pleurer pour respirer. Sentir son inspiration et son expiration étaient agréables. Elle m'avait présenté ses excuse, mais pour quelle raison? Tout ce qui lui est arrivé était de ma faute, c'est indéniable. C'était mon Pokémon lui même qui avait essayé de me raisonner, il n'était en aucun cas fautif. Mais je sentais qu'elle était déterminée, alors je la laissais continuer ce qu'elle avait à dire.

- Si tout ceci est arrivé... C'est de ma faute.

De sa faute? Mais c'est n'importe quoi! Comment est ce qu'elle peut dire une chose pareille? Je ne savais plus quoi penser, après tout ce qu'il m'étais arrivé, je ne savais pas quoi faire. Je lui murmurais instinctivement au creux de l'oreille. Je savais pertinemment qu'elle n'entendra plus jamais le son de ma voix, mais je ne pouvais la laisser penser ce genre de chose, je ne pourrais pas le supporter:

- Mais qu'est ce que tu racontes?! C'est faux, c'est moi qui t'ai forcé à combattre... Tu as essayé de m'en empêcher, mais je ne t'avais pas écouté, tout ce que tu as est arrivé à cause de moi...
- Tu m'avais promis que je gagnerais, je n'avais pas le droit de te désobéir. Et pourtant je n'ai pas réussis à avoir la victoire que tu voulais temps.
- Je m'en fiche Anna... C'est pas ça qui est important. murmurais je encore avec une voix entrecoupée de sautes de respiration.
- En plus de ça... Je t'ai procuré la plus grande peur, le plus grand désespoir. C'est à cause de moi que tu as voulu me relâcher.
- Comment... Tu sais ça?
- Je te sentais, je t'entendais à côté de moi. Tu es resté à mes côtés... Alors que je ne le méritais pas...
- Je te le répète, ce n'est pas de ta faute. Arrête de trouver des excuse, c'est à moi d'en trouver. lui répliquais je en me levant de ma chaise.
- Tu fais quoi? me demanda t elle en se retournant vers moi.

Je savais ce qu'il me restait à faire. Je tendis la main vers la petite table qui se trouvait à côté de mon lit et tirais le tiroir. La tablette était toujours là, et la moitié de morceau était encore dessus. Heureusement, elle n'avait pas fondue, tant mieux. Je me dépêchais donc de le prendre, sous le regard interrogatif de mon Lucario. Je lui tendis alors doucement le morceau en lui disant tendrement:

- Je n'ai encore rien pour exprimer mes excuse... Mais j'ai quelque chose pour ton retour. J'ai mis dans ta bouche un morceau de chocolat avant de partir, et c'est probablement ça qui t'as réveillé... Alors bon retour parmi nous Anna.
- Rode...

J'avais l'impression qu'elle allait encore pleurer, mais cette fois de bonheur. Malheureusement, elle avait les yeux complètement secs. Elle m'exprima sa gratitude en m'enlaçant dans ses bras, aussi fort que possible en faisant attention à ce qu'elle ne se fasse pas mal. Je sentais encore une fois cette chaleur se répandre dans mon corps, son réconfort, sa joie. Je la pris à mon tour dans ses bras, sans savoir combien de temps nous resterons ainsi.
A un moment, elle me demanda, d'un air de s'être rappelé quelque chose d'important:

- On est quel jour aujourd'hui?
- Le 6 juillet pourquoi?
- Tu as eu ton diplôme?
- Oui... J'ai eu ce qu'il me fallait. Grâce à toi le jour de l'examen. Je te remercie.
- Félicitations...

Après m'avoir dit ça, je sentis son corps plus lourd. Je levais la tête pour voir pourquoi, ses yeux clos et son regard inexpressif me faisaient comprendre qu'elle s'était rendormie. Elle devait être épuisée, je l'avais tenu éveillée jusqu'au bout de ses forces. Je la plaçais alors correctement dans mon lit, en remontant la couverture sous son menton, comme au premier jour. Je me remis sur ma chaise, pour la regarder encore une fois dormir paisiblement. Je me sentais tellement bien, car je savais que ces jours ne risquaient pas de s'envoler. Je pourrais toujours la regarder se reposer, loin de tous les problèmes qu'elle peut subir. Ceci me faisait tellement de bien de la voir ainsi, car je suis un dresseur, et elle est mon Pokémon.