Fureur et Flammes de Momomolo

rgus et Kerwan regardaient Délone, sans vraiment comprendre ce qu'elle venait de dire. Ce n'est que lorsque Fiddirk arriva, et se planta à côté d'elle, que les deux amis réagirent. Le Malosse fit immédiatement un pas en avant, s'aplatit, et grogna, se préparant ainsi à un combat qu'il savait perdu d'avance. Le Arbok, se mit entre ses adversaires et Ambre, toujours évanoui.

« Allons, susurra Délone, viens avec moi. Sinon, je risque de faire du mal à tes amis. Malencontreusement, bien sûr. »

Kerwan ne réfléchit qu'un instant. C'était la seule solution envisageable, et il le savait. Il se força à se détendre, puis fit un nouveau pas, en la regardant droit dans les yeux, mais sans réelle agressivité. Kerwan bouillonnait, il ne pouvait rien faire alors que tous ses sens lui ordonnaient de fuir, de se battre, mais pas de se contraindre à cette stupide passivité. Il jeta un coup d'œil en arrière, et vit Argus, qui lui faisait un léger signe, l'air triste et résigné. Un remerciement ? Un adieu ? Peut-être un peu des deux.

« Très bon choix, commenta Délone. Suis-nous. »

Elle s'enfonça sans plus tarder dans la forêt. Kerwan songea un instant à s'enfuir, puis remarqua le regard du Machopeur posé sur lui. Il renonça très vite, et voulut se jeter à la poursuite du Gardevoir. Une voix l'en empêcha.

« Tu vas où ? »

Ambre venait de se réveiller, et le regardait surpris. Kerwan se souvint que la dernière fois que l'ourson lui avait posé cette question était alors qu'il voulait partir pour les protéger. Et c'est ce qu'il faisait, une fois de plus. Mais maintenant, la danger était bien réel, et l'ourson en était la preuve. Kerwan se demanda si il avait vu sa patte manquante, puis songea, avec un pincement au cœur, qu'il ne pourrait plus jamais mettre sa main devant sa bouche, comme il en avait l'habitude. Il n'osa pas se retourner, et regarder l'enfant en face :

« Je pars. Pour vous protéger.
- Non, reste. L'ourson avait des sanglots dans la voix.
- Je dois partir, désolé. Adieu, Ambre. »

Kerwan fit un pas en avant, plus pour se donner du courage qu'autre chose.

« Mais, c'est toi qui devais me protéger ! Toi et Argus !
- Je sais, mais maintenant, tu n'as plus qu'Argus. Ne t'en fais pas, il te protégera bien mieux que je ne l'ai jamais fais.
- Mais vous deux, vous ne pouvez pas perdre ! Vous êtes super forts !
- On peut perdre, et si on se bat, on va perdre. As-tu remarqué que tu as perdu une patte ? Tout ça t'es donc égal ? »

Kerwan commençait à s'impatienter, et avait haussé le ton, mais il regrettait déjà ses paroles. L'ourson le croyait invincible, mais Kerwan était bien moins fort que Délone, et il le savait. Il tenta de s'expliquer :

« Tu ne l'as pas vu,car tu étais...endormi, mais nous ne sommes vivant que parce que l'on a été sauvés par quelqu'un, Délone. Seule, elle a fait ce qu'Argus et moi réunis, nous n'aurions jamais pût faire, et elle veut que je l'accompagne, ou elle vous tuera. Nous n'avons pas le choix, tu comprends ?
- Non, je veux pas que tu partes ! »

Cette fois-ci, l'ourson pleurait vraiment, rendant son départ encore plus difficile. L'ourson dit alors :

« Puisque c'est comme ça, c'est moi qui vais me battre ! »

Sans que personne ne s'y attende, Ambre se jeta sur Fiddirk, qui l'attrapa et le souleva de terre comme si il n'avait rien pesé. Fiddirk, plus amusé qu'autre chose, allait le jeter à terre quand la voix de Délone intervint :

« Que se passe t-il ? Vous deviez me suivre, tous les deux. Si ça continue, je vais vraiment m'énerver, et vous ne voulez pas savoir ce qui se passe dans ces moments-là.
- C'est...commença Fiddirk, c'est ce petit, qui voulait nous attaquer. J'allais lui dire de partir.
- Ah ? Très bien. »

Elle eut un sourire, qui rassura un peu Kerwan.

« Dans ce cas, tue-le. »

L'ordre était tombé sans prévenir, et Fiddirk lâcha :

« Quoi ? Mais...C'est qu'un gamin ! Et il vient de perdre une patte, et... »

Délone claqua de la langue. D'un geste nonchalant, elle balaya le Machopeur, qui portait toujours le Teddiursa. Celui-ci resta pourtant suspendu en l'air, ses jambes et son bras battant l'air. L'instant dura une éternité, durant laquelle, ni Argus ni Kerwan ne put esquisser le moindre geste. Argus plongea son regard dans les yeux désespérés de l'ourson, et il se reconnut dedans. Seul, abandonné, par ceux qu'il croyait être des amis. Non, je ne t'abandonne pas, je... Il ne pouvait pas bouger. C'est exactement ce qu'il se passait, il le laissait tout seul, incapable de réagir, paralysé par la terreur.


« Arrête, je t'en supplie... »


Mais sa voix ne fut qu'un gargouillement inintelligible. Le Teddiursa lui lança un dernier regard, où il y avait tant de peur, tant d'incompréhension, qu'Argus ne put pas le soutenir. Il regarda ailleurs. En un instant, la tête de l'ourson se tordit violemment sur le côté avec dans un craquement écœurant. Ambre tomba par terre et ne remua plus. Personne ne bougeait, il n'y avait plus un bruit. Kerwan s'attendait presque à ce qu'il se relève en souriant, et qu'il se mette à courir de partout, comme d'habitude. À cet instant, Argus poussa un hurlement déchirant, qui traduisait terriblement bien le désespoir que Kerwan ressentait. Des larmes se mirent à couler le long de son museau, sans qu'il cherche à les essuyer. La peine et la rage se disputaient en lui. Au bout d'un long moment, la rage l'emporta, et alors que le serpent se lamentait à côté du corps, Kerwan explosa. Sa haine prit une forme solide, celle de longues flammes rouges tout autour de lui, qui montaient très haut, et qui le camouflait entièrement aux yeux de tout le monde. Il fit alors la promesse solennelle que jamais plus il ne trouverait le repos tant que Délone serait encore en vie. Et pour cela, il avait besoin d'être plus puissant, beaucoup plus puissant. Au milieu une douleur atroce, il sentit ses membres s'allonger, son corps devenir plus musclé, plus rapide, et des cornes pousser sur le sommet de son crâne. Il concentra sa fureur sur un point précis, Délone. Une boule de feu fusa avec une vitesse ahurissante. Délone la repoussa d'un geste fluide de la main, et la balle fut renvoyée sur Kerwan. Il l'esquiva, et dans le même mouvement, fondit sur elle. Avant d'avoir put la toucher, elle l'envoya contre un arbre, mais il parvint à mettre ses pattes contre le tronc, et à absorber une partie du choc, mais un craquement se fit entendre en provenance de sa patte avant-gauche, et une onde de douleur fusa. Il fondit une fois de plus vers le Gardevoir, mais alors que celle-ci allait le projeter une nouvelle fois, il vomit un déluge de flamme sur elle, et Délone reçut le feu de plein fouet. Elle fit disparaître le brasier d'un geste, presque négligent, puis releva un sourcil, surprise d'avoir un adversaire aussi puissant.

« Intéressant, commenta t-elle. Que dirais-tu d'un combat ? Pas maintenant, bien sûr, mais quand tu sera près. J'aimerais bien voir ce que tu vaux vraiment. »

Elle n'attendit pas de réponse, et se téléporta, en emmenant Fiddirk avec elle.



Quelques minutes plus tard, dans une prairie immense, Fiddirk demanda :

« Je...Pourquoi avoir pris un tel risque ? Sans vous offenser, bien sûr, il y a une chance qu'il gagne, et dans ce cas, nous ne pourrons pas le ramener au Maître. »

Délone le regarda comme s'il était la créature la plus idiote sur cette Terre.

« Je ne prend aucun risque. Absolument aucun. »