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À la lueur du crépuscule de PeterCynthia



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» Auteur : PeterCynthia - Voir le profil
» Créé le 09/09/2014 à 22:57
» Dernière mise à jour le 10/09/2014 à 22:54

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Hymne à la nature
La chambre était en désordre, pleine de jouets, de vêtements et de livres. Les murs étaient entièrement peints et des toiles jonchaient le sol. Chaque peinture représentait la nature avec un incroyable réalisme, chaque fleur, chaque arbre, chaque Pokémon semblaient vivants. Les rideaux devant les fenêtres masquaient la lumière, plongeant ainsi la salle dans la pénombre. Soudain la porte de la chambre s'ouvrit laissant entrer la lumière, une jeune femme habillée en soubrette et avec un plateau garni d'un délicieux petit déjeuner se faufila jusqu'à une table où elle déposa le repas avant d'ouvrir les rideaux et les fenêtres.
- Mademoiselle, il faut vous réveillez !

- Hum...laisse moi un peu plus de temps Cristina s'il te plaît..., soupira la dormeuse.

- Non, non, non, il est l'heure, je laisse votre petit déjeuner et je repasse dans une demi-heure.

La jeune fille attendit que sa femme de chambre sorte pour quitter son lit et se diriger vers son repas. Il y a avait une délicieuse tasse de thé aux baies Remu et Framby, des tartines beurrées et couvertes d'une fine couche de miel d'Apitrini et un œuf de Roucool à la coque. La jeune fille dévora son petit déjeuner goulument avant de rester sur sa chaise et de rêver.
Cristina entra, tirant ainsi la jeune mademoiselle de ses pensées.
- Mademoiselle Eléonore, votre père vous embrasse. Il vient de partir pour le casino de Voilaroc.

- Vraiment ?! Je suis donc libre toute la journée ?

- Euh...plus ou moins, je vous rappelle que...

- Je n'ai pas le droit de sortit je sais ! Pff, ça fait 18 ans que je suis enfermée, trimballée entre Céladopole, Acajou et la forêt de Vestigion ! En plus de cela mon père n'est jamais là, constamment occupé par son rôle de chef de la Team Rocket. Je me sens si seule Cristina....

- Mademoiselle, je suis là pour vous !

- Merci Cristina, répondit Eléonore avec un sourire plein de tendresse tandis que la femme de chambre lui faisait un câlin.

- Je serais toujours là !

- Merci...mais je donnerai vraiment tout ce que j'ai pour partir d'ici ! Pour sentir l'herbe sous mes pieds, le vent dans mes cheveux et...

- Je sais Mademoiselle, mais je ne peux rien faire pour vous.

C'était ainsi tous les matins, Eléonore rêvait de dehors tandis que Cristina faisait semblant de ne rien entendre. Cependant, depuis que Giovanni, le père d'Eléonore, avait acheté ce manoir dans la forêt de Vestigion, la jeune fille pouvait rester dans le jardin une heure par jour. Enfin le mot jardin était assez abusif. C'était plutôt une grande étendue de gravier entourée de quelques plates bandes en friche. Le petit oasis de verdure comme l'appelait son père se trouvait devant la maison tandis que la chambre de la captive donnait sur l'immensité sylvestre. Le jardinet suffisait tout de même à la jeune fille qui pouvait au moins écouter la voix de la forêt. La maison était cachée au fond des bois, loin de tout. Giovanni semblait vouloir à tout prix protéger sa fille de quelque chose, mais de quoi ?
Eléonore avait perdu sa mère à cinq ans, celle-ci était malade et avait succombé. Elle avait surtout hérité du caractère de sa mère avec en prime la naïveté et surtout une profonde mélancolie, la fille de Giovanni était toujours sombre, pensant à son passé, à ses rêves brisés et à sa cage dorée dans laquelle son père l'avait enfermé. Tout n'était qu'illusion et elle le savait, tout n'était que mensonge, son père lui masquait toujours la vérité, lui cachant tout et il faisait taire ses doutes avec des présents tous plus précieux les uns que les autres. Mais la jeune fille s'en moquait, tout ces biens matériels la répugnaient, l'écœuraient. Elle ne rêvait que de liberté, ce monde qu'elle admirait par la fenêtre de sa chambre luxueuse la faisait rêver. C'était une chose inatteignable mais c'était son seul espoir, la seule lumière qui brillait dans sa souffrance et sa solitude.
Un des autres traits caractéristiques de la jeune fille était son amour profond pour la nature. Cette chose, qui semblait pour elle inaccessible, la fascinait. Elle l'admirait tous les jours au moment de sa sortie dans le jardin où elle s'affalait dans un fauteuil pour admirer et écouter.. A quoi pouvait-elle ressembler ? Quelle sensation extraordinaire ressentait-on lorsqu'on était plongé dans les seins de la mère de toute la vie ?
Sa mère lui racontait toujours la légende des Célestes, peuple mythique qui aurait était les premiers êtres crées par les Légendaires et qui auraient vécu en harmonie avec eux et surtout en harmonie avec la nature jusqu'à ce qu'un certain Missigno vienne détruire l'équilibre du monde et qu'Arceus le Créateur soit obligé de sceller le pays d'Andor, terre des dieux et des Célestes, à cause des ravages causés par la cupidité et la soif de pouvoir. Selon la légende, les Célestes furent exilés dans le monde actuel et furent de moins en moins en symbiose avec la nature. Seules quelques tribus auraient gardé leur ascendance Céleste. Eléonore adorait cette légende et lorsque sa mère chantait, la jeune fille s'imaginait la vie des Célestes, leur magie et leurs liens avec la nature. Ce mythe était l'une des rares choses qui lui restait de sa mère. C'était comme une échappatoire, un rêve, une utopie qui se caractérisait par les vieux contes qui lui racontait celle qui lui avait donné la vie. Les Célestes...comment avaient ils pu en arriver là ? Dans son temps libre Eléonore avait étudié la question, elle avait fait de nombreuses recherches dans les archives titanesques que son père entreposait dans les caves du manoir. L'histoire la passionnait et surtout les récits ancestraux, l'antiquité, la genèse de l'humanité. Ces textes que tout le monde considérait comme de vieilles légendes poussiéreuses et qui pourtant ne l'était pas. Les Colonnes Lances, les ruines de Célestia, les sanctuaires lacustres...comment rester insensible à ses preuves d'un autre temps ?
En plus d'avoir perdu sa mère, Eléonore avait aussi perdu son frère : Silver. Enfin perdre était un grand mot, Giovanni avait dit que Silver avait mis leur famille en danger et qu'il ne méritait pas de revenir. La jeune fille avait très rapidement compris que son frère avait du s'opposer aux entreprises et au business de son père et que donc, cela l'avait mis en colère. Décidément, l'argent et le pouvoir pouvait briser de nombreuses familles. A chaque fois que la jeune fille pensait à cela, elle soupirait, fatiguée par toutes ces querelles puériles et inutiles. Son père l'horrifiait, elle le haïssait. Dans toute cette histoire c'était elle la victime ! Elle était enfermée chez elle car Giovanni voulait protéger ses prétendus pouvoirs, quel délire. La seule chose qu'elle savait faire c'était chanter et dessiner. Eléonore aimait penser à son ancienne vie, sa vie avec son frère et sa mère. Ils étaient heureux à l'époque.
Du temps où sa mère était encore vivante et son frère toujours dans le circuit, ils vivaient à Céladopole et la jeune fille pouvait sortir mais les immeubles et le sol goudronné n'étaient pas très attirant surtout lorsqu'on est entouré d'une demi-douzaine de gardes du corps. Ainsi, Eléonore n'était jamais réellement sortir pour découvrir la vie. Mais aujourd'hui, tout était différent. Son père était absent et la garde s'était relâchée. Eléonore avait donc décidé de s'enfuir.
Elle passa sa matinée avec Cristina qui lui donnait des cours d'art. L'art était l'une des seules façons que la jeune fille avait pour s'exprimer. Elle exposait des tableaux montrant les merveilles de la nature, caractérisant ainsi son désir de liberté, dans sa chambre mais la grande majorité des œuvres étaient cachées dans un local à l'abri des yeux de son père. Elle ne voulait pas que celui-ci voit ce pensait réellement sa pupille comme il disait. Les tableaux étaient tous plus sombres les uns que les autres. Ils représentaient le dirigeant de la Team Rocket comme la captive l'imaginait, ou encore toute la mélancolie qu'elle pouvait ressentir ? C'était souvent un mélange de couleurs sombres, de bleus et de gris, de noirs et de mauves. Elle pouvait incarner sa souffrance.
A midi, la femme de chambre partit rejoindre les autres domestiques pour certaines tâches ménagères importantes mais surtout pour le déjeuner. Eléonore avait donc une heure de répit avant qu'elle ne revienne avec son repas.
La jeune fille fonça sous son lit où elle avait caché une corde faite avec toutes les serviettes que Cristina apportait avec ses plateaux-repas. La corde devait faire au moins quatre mètres de long. Elle l'attacha à une chaise qu'elle colla à la fenêtre puis lança sa ribambelle de tissus dans le vide. Elle allait sauter lorsqu'elle se souvint de quelque chose. La jeune fille courut vers son bureau, ouvrit un tiroir et en sortit une sphère rouge et blanche. Une Pokéball ! Elle contenait un Tylton que son père lui avait donné. Eléonore s'approcha finalement de la fenêtre et regarda le monde qui s'ouvrait devant elle, elle libéra son Pokémon qui s'envola dans les cieux.
- Voici le moment !? Je n'ai plus qu'à suivre mon destin ou devrais-je....non ! J'y vais.
Sur ces mots, Eléonore se saisit de la corde et s'élança dans le vide, la chute sembla durer des heures, elle sautait vers la liberté et vers la nature. Elle sortait enfin, elle était enfin libre. Le soleil lui souriait et le vent la guidait vers le monde. Ses pieds touchèrent le sol. Il n'y avait aucun garde à l'horizon. La jeune fille regarda une dernière fois derrière elle puis courut vers la forêt.
La course dura dix petites minutes, Eléonore avait l'impression que la nature lui montrait le chemin qu'elle suivait en courant. Elle arriva dans une clairière et sa course fut stoppée par un ruisseau qui coulait tranquillement. Elle avait les pieds dans l'eau. Ses petites bottines noires brillaient dans la rivière. Elle resta quelques instants immobiles avant de se baisser pour toucher l'herbe de ses mains. Le vent souffla tout autour d'elle comme s'il l'accueillait.
- Je la sens enfin ! Je sens enfin l'herbe et la terre comme dans mes rêves ! Je suis enfin libre ! Jamais plus je ne reviendrai ici, jamais plus je ne mettrais les pieds dans cette prison. La vie me sourit !
Soudain elle regarda dans l'eau et découvrit son reflet. Elle l'avait bien sûr déjà vu dans des miroirs mais jamais dans une eau pure. Elle était émerveillée. L'eau montrait une jeune fille heureuse et resplendissante. Ses longs cheveux aux couleurs du plus sombre des Corboss voletaient dans les airs sous l'effet du vent et ses yeux verts prenaient une couleur turquoise. Sa robe olive était trempée mais la jeune fille n'en avait que faire car sa taille, plutôt moyenne, empêchait l'eau de la mouiller complètement.
La jeune fille sortit du ruisseau et regarda tout autour d'elle, personne. L'un des rares héritages de sa mère était sa voix, une voix qui, selon Giovanni pouvait résonner avec le passé et surtout avec la nature. Eléonore n'avait jamais cru à ces histoires un peu mielleuses mais, maintenant qu'elle était seule au fond des bois, elle était tentée de le faire. Elle hésitait tout de même. Chanter seule au fond des bois ! Et puis quoi encore ? De mystérieux pouvoirs ? Décidément Giovanni ne savait plus quoi inventer comme mensonge. Mais bon, en même temps, pourquoi ne pas tenter ? Il n'y avait personne dans les alentours et cette clairière était le cadre idéal pour entraîner sa voix que Cristina avait mis tant de temps à faire chanter. Eléonore inspira un grand coup puis se mit à fredonner un air, une ode à la nature. Et c'est là que le miracle se produisit. Au fur et à mesure que sa voix gagnait en puissance, le vent souffla de plus en plus fort, l'enveloppant de toute sa fraîcheur. Les arbres semblaient s'animer sous l'effet de la brise et un son un peu sourd, comme si une vieille femme récitait une incantation faisant ainsi écho au chant d'Eléonore. Des feuilles tourbillonnaient autour d'elle. Son Tylton se posa sur sa tête et se recroquevilla pour ne former plus qu'une masse cotonneuse. Il adorait faire cela.
Eléonore s'arrêta de chanter, le charme se rompit. Après avoir admiré quelques temps la nature qui l'entourait, la fugueuse quitta la clairière pour continuer sa route. Elle s'enfonça peu à peu dans les profondeurs de la forêt de Vestigion. Elle était tellement heureuse de braver l'interdit, de faire un véritable bras d'honneur à son père qui n'avait provoqué que des souffrances. Elle comptait ne plus jamais le revoir, la jeune fille préférait mener une vie d'ermite plutôt que de retourner dans sa cage et de vivre à l'écart du monde.
Au bout d'un quart d'heure de marche, Eléonore arriva sur un petit sentier qui zigzaguait entre les arbres. Elle décida de le prendre. Soudain, elle trébucha sur quelque chose et tomba.
- Ouch ! Qu'est ce que c'est ?

- Tyyyyyyylton ! Tyyyyyylton !

- Oh ! C'est un Coconfort, et il y en a partout, ils sont totalement inertes c'est assez drôle à voir tu trouves pas Tylt' ?
L'oiseau cotonneux se mit à piailler bruyamment et à voleter frénétiquement. Tous les Pokémons Cocons se mirent à briller d'un éclat étrange.
- Hun ? Qu'est ce qu'il se passe ?
La jeune fille n'eut pas le temps de finir ses mots que déjà des Dardargnan se dressaient à la place des immobiles Coconfort. Eléonore était sur leur territoire et ils n'allaient pas la pardonner de cette intrusion. En un clin d'œil la jeune fille partit en hurlant, poursuivie par un essaim de Pokémon Guêpoison en colère. Eléonore courait aussi vite qu'elle pouvait mais les Dardargnan n'allaient pas tarder à la rattraper. En plus de cela, elle ne voyait pas le bout du chemin. Le bourdonnement des Pokémon insectes se faisaient de plus en plus fort, ils étaient de plus en proches ! Le terrain devenait de plus en plus raide et la jeune fille glissa dévalant ainsi toute la pente sur les fesses, à toute vitesse et en hurlant. Sa descente infernale fut amortit par un dresseur qui traversait la forêt. Après un violent choc, la jeune fille reprit ses esprits.
- Mais vous êtes malades ! hurla le dresseur.

- Excusez-moi mais....AAH AIDEZ MOI ! implora la fuyarde en voyant l'essaim de Dardargnan qui arrivait.

- Comment ça ? Arg mais qu'est ce que ça ?! Grodoudou go !

- Beurk ! C'est quoi cette guimauve toute rose ?


- Vous ! Dégagez ! Grodoudou utilise Lance-Flamme !

Une immense gerbe de flamme sortit de la bouche du Grodoudou, brulant ainsi tout sur son passage et faisant fuir les Dardargnan par la même occasion.
- Oh ! C'est moche mais c'est efficace. Merci beaucoup de m'avoir sauvé la vie !

- Mouais...je peux savoir ce que fait une jeune fille seule et qui à l'air un peu...niaise dans la forêt ? Où allez-vous ?

- Bon vos phrases médisantes vous les gardez pour vous d'accord ! On ne se connaît même pas et vous osez me juger ? Non mais je rêve ! Et je peux savoir où va un garçon complètement blasé et qui ne sait même pas s'habiller ?

- Ca va, je m'excuse pour ce que j'ai dit !

- Moi aussi, je me suis emportée, répondit la jeune fille. Donc où allez-vous ?

- A Floraville !

- Génial ! Moi aussi, on peut faire la route ensemble ?

- Vous vous êtes très bizarre...et il en est hors de question !!

- Oh...qu'est ce que je vais faire...je suis seule, perdue et sans personne pour m'aider. Je n'ai pas de Pokémon et suis sans défense...Comment vais-je pouvoir aller à Floraville ? expliqua Eléonore avec un ton faussement innocent.

- Pff ! Ok venez avec moi.

- Super ! Vous n'allez pas le regretter. Je m'appelle Eléonore et on peut se tutoyer tu sais ? Et toi, tu t'appelles comment ?

- Shun !


Le voyage débuta donc entre ces deux personnes complètement différentes. Shun était un garçon sombre et solitaire. A dix ans, son père était mort en mer alors qu'il avait quitté sa mère pour une autre. Le jeune homme en avait toujours voulu à son père qui avait abandonné les siens, mais encore plus à la mer et donc à la nature qui lui avait enlevé son géniteur. A partir de ce moment là, Shun se referma sur lui-même comme un Coquiperl, en plus de cela, les enfants de son âge se moquaient de lui parce qu'il avait une cicatrice sur la joue gauche à cause d'un Scalproie qui l'avait attaqué étant petit. Mais sinon, du haut de ses 20 ans, Shun était un beau jeune homme, certes ténébreux, mais qui plaisaient à un bon nombre de femmes. Ses yeux gris clairs et tachés de bleus faisaient tout son charme et sa grande taille lui donnait un certain côté protecteur. Et en effet, Shun aimait aider les autres et les protéger, et comme il n'avait pas beaucoup de contact avec les humains, il se rattrapait avec les Pokémons. C'était en sois une véritable contradiction mais c'était dans sa nature profonde. Sous la carapace se trouvait un garçon altruiste et compatissant. Sa solitude et sa froideur faisait de lui un repoussoir mais il s'en moquait. Son cœur, sous cette glace était noble. Il le savait mais éviter de le révéler par peur de souffrir, il ne voulait pas montrer sa vrai nature. Seuls ses amis pouvaient découvrir ce trésor qu'il cachait au fond de lui-même. L'ennui c'est qu'il n'avait pas d'amis.
Et c'est ainsi que Shun et Eléonore firent route ensemble vers Floraville. Pendant qu'Eléonore racontait sa vie sans s'arrêter Shun faisait semblant d'écouter et inspectait la forêt pour voir si les Dardargnan ne revenaient pas. Le soleil commençait à disparaître derrière les arbres lorsque les deux voyageurs arrivèrent devant un petit sanctuaire dédié aux esprits de la forêt. La mousse et le lichen recouvraient l'espèce de petite niche où étaient disposées quelques offrandes. Shun s'approcha d'une des deux lanternes en pierre votive qui entouraient l'édifice et l'alluma.
- C'est magnifique ! s'extasia la jeune fille.

- Mouais, ce n'est qu'un sanctuaire dédié à la nature...

- Justement ! La nature est magnifique !

- Pff ! Je vois que tu n'as pas quitté ta chambre depuis un bon moment.

- Ta frustration tu te la gardes !

- Si tu le dis...

- Comment peux-tu être insensible à tout cela ? Ce n'est pas extraordinaire de voyager en tant que dresseur ?

- Tu parles, être dresseur c'est marcher pendant des heures sans t'arrêter, devoir parfois dormir dehors sous la pluie ou la neige, affronter des bêtes féroces et surtout être loin de la civilisation.

- Mais pas du tout ! C'est l'aventure ! Tu vis, tu respires, tu découvres un univers de couleurs, de sensations, tu rencontres des gens et des Pokémon, tu te fais des amis. Le matin tu es réveillé par la douce lumière de l'aurore et par la fraîcheur de la rosée. Le chant des Pokémon et de la nature te guide, le monde s'ouvre à toi !

- Tu rigoles ?! La vie de dresseur n'est que souffrance, la nature n'est là que pour te mettre des bâtons dans les roues, elle n'a rien de magnifique, c'est juste un tapis de matière organique en furie. Tu es complètement innocente et ignorante.

- J'ai vécu toute ma vie enfermée dans une maison donc excuse-moi si je suis innocente et pardonne-moi de trouver la moindre fleur, le moindre arbre beau et emplit de la vie. J'ai vécu trop de souffrances pour ne pas être insensible à la vie et aux choses simples. Lorsque tu ne vis que dans le matériel, la simplicité te fait le plus grand bien. Que tu sois dégouté par la nature je m'en moque, c'est ton problème pas le mien mais laisse moi admirer ce que je trouve magnifique, lâcha Eléonore très froidement. Je ressens tout ce que pense la forêt, je peux comprendre la complainte de la nature et les chants d'espoir des Pokémon.

- Tu pars loin là ! Fais pas genre que tu entends tout cela !

- Si, et je vais te le prouver !

Alors Eléonore se mit à chanter, à chanter ce même hymne qu'elle avait entonné précédemment. Elle comptait ouvrir les yeux de Shun qui semblait être fermé depuis trop longtemps. Elle mit tout son cœur dans cet air. Très rapidement la même voix sourde fit écho à sa chanson. Le vent se mit à souffler, faisant ainsi frémir les arbres, des fleurs et des feuilles tourbillonnaient autour de la jeune fille tandis que celle-ci tentait de convaincre son ami qui regardait la scène complètement éberlué.
Soudain, la seconde lanterne s'alluma d'un seul coup, comme si un des esprits sylvains y avait mis le feu. Une douce lueur turquoise apparut un peu derrière le sanctuaire et un petit être vert et avec des ailes en sortit. C'était Célébi, le gardien de la forêt. Celui-ci voleta vers le petit temple qui lui était dédié et rentra dans une des niches où se trouvaient de la nourriture utilisée comme offrande. Il la dévora avidement. Après s'être fait plaisir, et oui les voyages temporels ça creuse, Célébi s'approcha du groupe de voyageurs. Eléonore continuait de chanter tout en regardant la petite fée jouer avec Shun. En effet, le petit Pokémon s'était emparé de la casquette du dresseur et jouait avec. Au bout de quelques minutes, il la reposa sur la tête du jeune homme, tourna autour de celui-ci en poussant des petits cris puis s'envola. Il agita ses ailes, faisant ainsi tomber un peu de poussière féerique sur Shun. Après cela, il disparut dans une autre époque.
- Hahahaha ! Le gardien de la nature s'est montré devant toi, pour ouvrir tes yeux de petit incrédule, hahaha ! Il s'est complètement foutu de ta gueule ! se moqua Eléonore.

- Bon ça va ! Mais je tiens à complimenter ta voix presque mystique.

La jeune fille se figea. Il lui avait fait un compliment. Le premier depuis plusieurs heures. Il lui avait témoigné de la sympathie. La fuyarde n'en revenait pas et pensait que cela n'allait pas durer, et en effet Shun se tut pendant tout le trajet qui séparait le petit sanctuaire du centre Pokémon le plus proche. Le silence dura donc deux heures et Eléonore en profita pour libérer son Tylton et tenter de se divertir face au mur qu'était devenu son compagnon de route.

*La charmante infirmière Joëlle accueillit les deux voyageurs avec un grand sourire. Shun lui donna son Groudou froidement tandis qu'Eléonore tentait d'entamer la conversation. Très rapidement les deux femmes discutèrent de tout et de rien, le dresseur en profita pour disparaître laissant ainsi les femmes bavarder. La rencontre avec Célébi l'avait complètement chamboulé. Ses convictions avaient été mises à mal, il avait besoin d'être encore plus seul que d'habitude pour réfléchir. Il s'installa sur un banc, se mit les mains dans les poches à cause du froid et enfonça son cou dans sa veste. Cette Eléonore l'exaspérait ! Elle le cassait sans arrêt, le critiquait tout le temps et le pire c'est qu'elle voyait juste. Comment une pauvre fille qui n'avait jamais mis les pieds dehors pouvait avoir autant de volonté et autant de lucidité ? Comment cette cruche pouvait lui faire autant d'effet ? Il ne comprenait pas et cela le mettait en rogne. C'était la première fois qu'il passait autant de temps avec une fille et surtout qu'il passait autant de temps avec la même personne. Le jeune homme avait peur, peur de ce qui allait arriver, peur de cette chose qu'il n'avait jamais connu avant : l'amitié et peut être même de l'amour. Il se faisait insulter sans arrêt par la fugitive et cela lui plaisait. Cela faisait longtemps que personne ne lui avait parlé ainsi, cela faisait depuis des lustres qu'on ne lui avait pas remis les pendules à l'heure comme cela. Etait-ce le début d'une guérison ? Allait-il enfin sortir de son mutisme ? Il ne voulait pas se l'avouer mais il aimait passer du temps avec la jeune fille. Le dresseur resta assez longtemps assis là, écoutant le silence de la nuit, il rentra tardivement dans la chambre où déjà Eléonore dormait d'un sommeil paisible. Sa première nuit en dehors de chez elle !