L'élue de Safaia T1: 1ère année à l'académie des Gardiens de louglaciale1

Paul s'installa sur une chaise et fixa les deux premières années pendant qu'ils s'installaient. Il ne voulait en aucun cas que ces débutants agaçants rejoignent le JPG. Ce groupe, c'était une des choses à laquelle il tenait le plus et savoir ce groupe « en danger » le rendait malade.

Mais une petite partie de lui se disait que s'ils étaient vraiment bons, cela pouvait apporter des choses incroyables à leur musique. George était confiant pour le talent des premières années. John, lui, était sans doute le plus neutre, celui qui donnerait la voix déterminante.

Paul se passa la main sur le visage. Il avait mal dormi. Depuis la réflexion de George sur ses parents, il se ressassait ce qu'il avait vécu avec eux et ses souvenirs le hantaient.

George remarqua quelque chose et lui demanda.

- Hé ça va ? Tu es tout pâle et tu as de ces cernes... Tu fais des cauchemars ?

- Rien de grave, ne t'en fait pas pour ça, menti le garçon aux cheveux noir.

Il n'avait aucune envie de parler de ça. A vrai dire, ses parents, c'était la seule chose qu'il n'avait jamais révélé à qui que ce soit.

John retira enfin son casque et demanda si les jeunes étaient prêts. Ceux-ci vérifièrent encore leur matériel pendant quelques secondes puis acquiescèrent.

- Bon, je vais vous expliquer en quoi consiste l'audition. D'abord question. Vous avez déjà composé ?

- Oui moi, un peu, dit timidement Eloïse.

« Super ça promet »pensa Paul mais il se reprit.

Il avait promis à George d'être objectif pendant cette audition et même si cela lui était difficile, il prit un air un minimum intéressé.

- Super, continua John. Alors c'est simple. Vous allez interpréter une de vos chansons. Je jugerai la performance aux instruments, Paul celle au chant et George, lui jugera les chansons en question. Vous avez compris ?

- Oui général, cria Mark en lui faisant un clin d'œil.

John sourit et prononça deux mots.

- Let's go.

Mark sortit un Djembé et se mit à le marteler en rythme. Eloïse n'avait pas sa guitare en main. Elle n'avait pas intégré sa guitare dans cette chanson. Le martèlement fut d'abord discret, puis il s'accentua. Elle commença à bouger en rythme, micro en main. Quand le martèlement devint intense, elle releva la tête, un air sauvage sur le visage. Elle eut comme des spasmes, un éclair de peur dans ces yeux, puis un soulagement la fit sourire. Et elle chanta.

Crois en ceux qui comptent le plus pour toi
Deux mondes, une seule famille
Laisse ton cœur et le destin
Guider toute cette vie

Paul fut instantanément projeté dans le chant de la fille. Il avait envie de se lever et de chanter avec elle. Il dû se faire violence pour ne pas bouger de sa chaise et écouta le reste.

Un paradis vierge des hommes
Dans un monde fait d'amour
Leur vie est simple ils vivent en paix
Marche sur les chemins de sable fin
Deux mondes une seule famille
Laisse ton cœur et le destin
Guider toute cette vie.
Cachés au coeur de la forêt,
Où seul l´amour peut entrer,
Leur vie est simple,
Ils vivent en paix.

Lève la tête,
Porte ton fardeau,
Puise ta force en ceux qui t´aiment.
Construis des murs
Solides et hauts.
Une nouvelle vie t´attend
Où le danger vient rôder...
Les mots ne sèchent pas les pleurs,
Les mots ne réparent pas les coeurs,
Le rêve s´endort
Mais pas l´espoir.

Là-bas, entends la voix qui t´appelle,
Deux mondes, une seule famille.
Laisse ton coeur
Et le destin guider toute cette vie!

Le garçon accompagnait le chant de la fille en poussant de petits cris qui donnaient une dimension tribale à la chanson. Elle racontait l'existence de deux peuples séparés. L'un qui essayait de survivre, l'autre qui vivait dans la forêt, un peuple de Pokémon. L'un des couples avait perdu une chose à laquelle ils tenaient plus que tout au monde. L'autre peuple fut quant à lui massacré par un danger sauf un enfant. La femelle du peuple a entendu l'appel de l'enfant et est venu à son secours.

C'était beau, poétique et elle interprétait ce récit de manière à faire plonger le public dans l'histoire. Le spectateur vivait ce qu'elle vivait. Il se senti verser une larme quand elle parla des mots qui ne peuvent soulager la douleur de la perte d'un être que l'on aime. Ce n'était pas une chanson, c'était un hymne à l'aide mutuelle de tout le monde, à la paix et à l'amour.

George et John applaudirent quand la chanson se termina. Paul, lui, baissa la tête. Il avait eu tort. Ces gamins n'étaient pas justes bons, ils étaient excellents, ils étaient comme eux. Il ne pouvait les refuser à présent. Il n'en avait d'ailleurs plus vraiment très envie.

Ses amis votèrent pour qu'ils intègrent le groupe. Quand ce fut le tour de Paul, il leva la tête. Eloïse le fixait avec fierté mais elle le ne méprisait pas pour autant. Il se leva s'approcha de la jeune fille et la regarda dans les yeux pendant un moment. Elle ne détourna pas le regard, elle le soutenait. En fin de compte, il sourit.

« Elle a du cran finalement »

- Je sens que ça va me retomber ce soir au cours du repas mais bon, il faut que je donne mon avis n'est-ce pas ? Dit-il avec un regard malicieux. Mais il ajouta plus sérieusement.
- Tu as bien chanté. C'était vraiment excellent. Je suis pour que tu rentres dans le JPG.

Eloïse n'en crut pas ses oreilles. Paul avait dit oui ?! Eh bin, elle avait vraiment dû être bonne leur prestation.

- Mais, ajouta-t-il. Je n'ai pas écouté ta performance à la guitare alors pour le chant c'est ok et ton pote pour la batterie c'est parfait mais je veux t'entendre à la guitare.

C'était une demande normale et justifiée. Eloïse ne s'en offusqua pas. Elle était intégrée dans le groupe et c'était le principal.

- Hé j'y pense, s'exclama John. Le groupe devrait être renommé non ? On à deux nouveaux membres, on peut plus s'appeler JPG.

- Pourquoi pas le JPGEM ? Proposa George d'un air distrait.

- Ouais super ! T'en pense quoi Paul ?

- Tant que les membres ne change pas, je me branle du nom. Répondit l'intéressé mais ajouta en voyant l'air offusqué de John. Mais c'est une idée sympa, je vote pour.

- Ok désormais, on sera le JPGEM ! Bon alors cette performance à la guitare. Tiens.

La jeune fille prit la feuille et vit une partition.

- C'est une de mes compositions. Je veux que tu l'analyses et que tu nous en fasses une interprétation.

- Sans répétition ? Demanda la jeune fille.

John hocha la tête.

- C'est la première prestation qui témoigne de ton talent. Si sans faire de répétition tu parviens à faire un truc pas trop mal, cela veut dire qu'avec les répétitions et les préparations standard tu as un très bon niveau.

- D'accord...

- T'inquiète pas Elo, tu vas déchirer, lui assura Mark.

Elle sourit et commença à déchiffrer la chanson. Au niveau du chant, elle était assez simple, le rythme était assez lent ce qui était bon pour elle mais les accords, bien que récurrents n'étaient pas faciles. Elle mémorisa du mieux qu'elle put les positions des doigts sur le manche et se tourna vers les garçons. Ils la fixaient et ça la stressa un peu. Mais elle se concentra du mieux qu'elle put sur la feuille de papier et commença à jouer.

I once had a girl, or should I say, she once had me.
She showed me her room, isn't it good, norwegian wood?
She asked me to stay and she told me to sit anywhere,
So I looked around and I noticed there wasn't a chair.
I sat on a rug, biding my time, drinking her wine.
We talked until two and then she said, "It's time for bed".
She told me she worked in the morning and started to laugh.
I told her I didn't and crawled off to sleep in the bath.
And when I awoke I was alone, this bird had flown.
So I lit a fire, isn't it good, norwegian wood.

Le chant passa sans problème mais elle fit quelques fausses notes sur la mélodie à la guitare. Mais quand elle termina, John la félicita.

- T'as un super niveau tu le sais ça ?

- Mais j'ai eu des ratés...

- Et alors ? Même dans un concert on peut faire des conneries mais ça passe bien si elles sont assumées et si elles sont rares. T'en as fait que quelques-unes et je dois dire que si tu n'avais pas fait une tête de Grotadmorv à chaque fois que tu les avais faites, on les aurait pas remarquées tu sais.

- Enfin si, on les aurait remarquées mais c'était joli quand même et ça passait plutôt bien.

« Merci Paul. C'est réconfortant. »

Mais dans l'ensemble elle avait réussi. Eloïse était plus que fière. Elle faisait partie d'un groupe ! Ils passèrent le reste de l'après-midi à faire connaissance. John était originaire de Kanto mais avait déménagé à Unys quand il avait cinq ans ou il avait rencontré George, puis Paul. Ils avaient ensuite rejoints les gardiens l'année dernière. Son partenaire était une Cryonille répondant au nom de Julian. John n'aimait pas spécialement se battre mais si lui ou l'un de ses amis étaient en danger, il était en général celui qui cognait le plus fort. Sa vocation au sein des gardiens était de devenir un protecteur en se servant majoritairement de la glace, un élément généralement utilisé de manière offensive. Ses parents étaient morts quand il était jeune et c'est sa tante qui prenait soin de lui. Mais malgré toute sa bonne volonté, elle ne pouvait pas remplacer des parents même s'il aimait beaucoup sa « Tatie Cookie ».

George était originaire cette fois de Hoenn mais par sa mère seulement. Il était né à Unys. Sa famille, très pauvre, arrivait à peine à joindre les deux bouts. George était le dernier d'une fratrie composée de deux filles et trois garçons. Il avait très vite compris que ces parents ne savaient quoi faire de lui. Ses sœurs s'étaient mariées et ses frères avaient trouvés du travail très vite. Mais George ne voulait pas d'un travail lambda tout en étant conscient de la difficulté de sa famille. Alors il a envoyé une demande aux gardiens et il fut accepté. Ses parents avaient eu peur pour lui mais se sont vite rendus à l'évidence. Les gardiens étaient le meilleur choix pour lui. Il était donc parti pour l'académie avec ses amis.

Paul révéla qu'il était d'Unys et ce fut tout. De toute évidence, il ne voulait pas parler de son passé.

Mark était de Safaïa. Il vivait dans une famille normale et avait eu une vie normale jusqu'à ce qu'il soit accepté chez les gardiens. Comme il avait été le seul enfant des trois souhaité par sa mère, celle-ci l'avait toujours surprotégé comme une maman Cadoizo. Elle avait d'ailleurs failli l'empêcher d'aller à l'académie.

Quant à Eloïse, de par son père, elle avait du sang de Johto mais elle ne s'attarda pas sur lui. Sa mère lui avait révélé qu'à part elle et son nom de famille, elle ne souhaitait plus rien obtenir de lui. Mais elle ne le leur dit pas. Elle toujours vécut avec sa mère au plus loin qu'elle se souvienne et elle n'avait aucune envie de connaître son père, vu le traumatisme qu'il avait provoqué à sa femme. Mais elle devait reconnaître que son nom de famille claquait.

« Eloïse Distorsion ».

Mais ils se séparèrent une fois l'heure du repas ayant sonné. Eloïse retrouva Dak avec plaisir qui la félicita pour la réussite de son audition. Pour la première fois depuis qu'elle était arrivée à l'académie, elle se sentait à sa place, elle se sentait intégrée, acceptée et ça la rendait heureuse.


Encore une traduction pour la composition de John. La chanson s'appelle Norvegian Wood. Je vous conseille d'aller les écouter. Pour moi, c'est ce qui me permet d'oublier les bouses du Top 50 actuel. Il faut redécouvrir nos classiques.

J'ai eu une fille, ou devrai-je dire elle m'a bien eu.
Elle m'a montré sa chambre, n'est-ce pas beau le bois norvégien ?
Elle m'a demandé de rester et m'a dit de m'assoir où je voulais,
J'ai regardé autour de moi et remarqué qu'il n'y avait pas de chaise.
Je me suis assis sur le tapis, j'ai passé le temps à boire son vin
On a parlé jusqu'à deux heure et elle m'a dit "il est temps d'aller au lit"
Elle m'a dit qu'elle travaillait tôt et s'est mise à rire
Je lui ai dit que moi pas et suis parti dormir dans la baignoire.
Et quand je me suis réveillé j'étais seul, l'oiseau s'était envolé.
Alors j'ai mis le feu, n'est-ce pas beau le bois norvégien ?