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Crépuscule de Samiki



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Informations

» Auteur : Samiki - Voir le profil
» Créé le 12/08/2014 à 13:39
» Dernière mise à jour le 21/08/2014 à 11:40

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007-Un Corboss passe, tu es mon seul ami
Chap attendit toute la journée le retour de Sam avec espoir, assis dans la petite grotte, en vain. Plusieurs fois, il alla laper l'eau qui ne cessait de suinter des murs de la caverne. Il avait tripoté la plume de Corboss entres ses petites pinces rouges de nombreuses fois, avait jeté plusieurs coups d'œil au-dehors, revenant bredouille à chaque fois. Il joua avec des gravillons et observa même le vol des Rapasdepic ou des Airmure qui passaient au-dessus de lui. Chap avait horreur de voler depuis son baptême de l'air quand il n'était qu'un champi à pois mais ça ne l'empêchait pas d'admirer les oiseaux. Début après-midi, une violente secousse fit trembler le Pokémon, provenant tout droit du haut de la montagne mais le kangourou ne s'en préoccupa guerre plus que cela.
Il attendit encore. Puis, amérement, Chap se résigna : le garçon ne reviendrait pas.

Il se releva alors, le regard triste et mouillé et planta la plume de jais entre son excroissance rouge et son chapeau, en souvenir de Sam... Le soleil entamait lentement sa descente vers l'ouest. Chap entama alors la descente de la montagne, seul cette fois, sans ami, ni soutien. Sam l'avait guéri et s'était conduit avec lui comme personne avant. Il avait toujours été considéré comme un Pokémon quelconque mais rare dans la nature que chaque dresseur se plaisait à capturer, sans remords ni questions vis-à-vis du kangourou. Cette fois-ci, c'avait été différent. Sam était différent, Chap l'était également et pensait avoir trouvé sa place.

Le Pokémon champignon avançait doucement sur le chemin de terre en traînant les pieds. Il arpenta le sentier qu'il avait escaladé tant bien que mal aux côtés du garçon avant d'arriver vers la cavité. Comment avait-il pu le laisser là... ? Et dire que Chap croyait avoir trouvé enfin sa place aux côtés de cet homme qui l'avait trouvé triste et abandonné quelques nuits auparavant. Le Chapignon se sentait trahi et rejeté à nouveau. Il ne regardait pas vraiment où il posait ses pattes, se contentant de suivre le sentier. Il arriva à l'éboulement ou Sam et lui avaient dû procéder à une escalade.
Le Pokémon se sentait d'aplomb à franchir l'obstacle cette fois ! La tristesse et la colère sûrement... Il bondit agilement par-dessus les rochers qui menacèrent plusieurs fois de s'écrouler sur eux-même, emportant le champignon. Mais Chap bondit, autant que lui permettaient ses pattes de kangourou à tête de sombrero champignon. Après de nombreux efforts, Chap parvint au sommet de la colline de caillou. Elle était plutôt haute, l'escalade leur avait demandé moins d'efforts.

Là, seul sur la caillasse, il s'assit et ferma les yeux un instant. Une brise passa, rafraichissante. Un sourire éclaira son visage assombri ; le Chapignon avait toujours adoré la sensation du vent passant sur son visage. C'était un sentiment indescriptible, un de ceux qu'il avait toujours aimé. Il rouvrit les yeux et observa le coucher du soleil, brûlant et ardent.
Chap repensa à son passé. Sa naissance, la rencontre avec l'homme étrange et sa dresseuse puis le rejet, le voyage long et pénible, la paralysie, sa rencontre avec Sam puis le départ de celui-ci. Chap n'avait que quelques mois de vie derrière lui, cinq en fait mais il se sentait déjà l'âme d'un adulte, un Pokémon qui aurait déjà du vécu.
Il aurait tant voulu avoir une vie normale, être le fier Chapignon de la dresseuse qui l'avait vu naître. Mais non, pour elle, les Pokémon étaient des armes, des objets jetables ou utilisables à volonté, bons qu'à se battre ou à faire des petits à la pension, chassés dans le futur à cause de chiffres. Quelques chiffres insignifiants pour des Pokémon mais qui pourtant, peuvent en déterminer le destin.

Non, ce monde n'était pas rose. Les Pokémon n'étaient pas tous heureux de leur sort. Ils n'étaient pas tous heureux d'appartenir à un dresseur sans scrupules, ne pensant qu'à ses propres intérêts. Ils n'étaient pas tous heureux d'être pourchassés dans la nature comme du vulgaire gibier. C'étaient des êtres qui avaient eux aussi des espoirs, des sentiments, de la famille, une vie, des ambitions, un caractère, des problèmes et des joies. Ce n'étaient pas juste des Pokémon. C'étaient des êtres vivants.

Et de tous les hommes que Chap avait rencontrés, seul Sam semblait avoir compris ça.

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Tobias regarda Kitrik, perché sur son épaule. Il soupira en regardant son capstick : la région d'Esios était très agitée ces derniers temps, plus précisément aux alentours de cette montagne. Les infos délivrées par son appareil montraient toutes les missions qui venaient de lui être confiées. Il y avait là-dedans sauvetages de Pokémon en danger, déblayages de routes dues à des chutes de pierres, captures de Pokémon rendus agressifs par les évènements. Enfin, enquêter sur le Mont Mokoli, d'où semblait provenir toutes les sources de l'agitation. Bien sûr, il n'était pas le seul ranger à avoir été sollicité pour ces missions tant les effets néfastes dus au petit séisme étaient nombreux.
Tobias décida de se rendre à cet endroit même dès maintenant. Si toutes ces emmerdes provenaient de cet endroit autant y aller de suite. Le ranger regarda la petite araignée perchée sur son épaule qui lui servait de compagnie :
-Il semblerait qu'on ait encore besoin de nous, Kitrik.
Celui-ci hocha doucement la tête.

Tout avait commencé hier après-midi, vers 14h38 à en croire les médias ; une puissante onde de choc tout droit venu du presque sommet du Mont Mokoli avait crée un séisme suffisamment puissant pour ébranler les maisons et immeubles de la ville la plus proche, Rumiok. Fort heureusement, le tremblement n'avait causé que peu de dégâts matériels et au niveau humain, aucune mort ou blessure n'était à déplorer. Après des recherches approfondies, il s'était avéré que le séisme était léger, d'une magnitude d'environ 4,2 sur l'échelle de Richter. Quelques secousses à noter ainsi que des chutes d'objets, ni plus ni moins. Les journalistes avaient eu l'occasion d'interroger les quelques touristes, dresseurs et montagnards présents sur le lieu au moment du choc. La plupart étaient tout tremblants tandis que les plus courageux ou fous se plaisaient à raconter leur aventure. Certains pensaient qu'ils s'agissaient simplement d'un phénomène naturel, plutôt étonnant pour une région qui ne connaissait pratiquement jamais ce genre de catastrophe ; d'autres, en revanche, supposaient qu'ils s'agissaient la de la force d'un légendaire. Si certains rejetaient cette proposition d'office en ricanant, des gens comme Tobias croyaient en ses divinités pour avoir eu la chance d'en voir certains... L'hypothèse était donc parfaitement plausible pour l'homme qui regarda à nouveau en direction de la montagne.

Après un long soupir, les deux compagnons se mirent donc en route vers la petite montagne. Passée la ville de Rumiok où l'agitation prônait à l'heure actuelle, il suffisait de rejoindre le lac de Puoku pour arriver près de Mokoli quelques minutes après. L'homme d'une vingtaine d'années rangea son capstick et rajusta sa veste ce qui fit basculer la petite araignée vers l'avant.
-Tiiiiiik ! s'écria le Statitik en tentant de se rattraper.
Il se rattrapa de justesse en plantant ses petites griffes dans le tissu.
-Oups... s'excusa Tobias. J'oublie toujours à quel point t'es petit...
-Titik ! ronchonna le Pokémon.
-Oh non ! grommela en retour son compagnon. Tu n'vas pas bouder enfin !
-Tik ! lança pour toute réponse le Pokémon crampon.
Tobias leva les yeux au ciel et continua à avancer sur son chemin, écoutant les petits cris du Pokémon le plus petit connu à ce jour.

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Cela faisait maintenant une journée entière que le garçon dormait, la même grimace de douleur figée sur son visage. Le Flagadoss commençait à s'inquiéter pour cette étrange personne. Il l'avait rattrapé en milieu d'après-midi puis le garçon avait dormi toute la nuit et voila que maintenant il était presque midi largement passée, une journée après l'incident !
Le Pokémon symbiose avait bien sûr été pêché de temps à autre, remontant du poisson frais qu'il dégusta en étudiant l'étrange individu. Après avoir tenté de lui faire manger un bout, de l'asperger d'eau et même d'user de ses pouvoirs psychiques, il sembla évident au Flagadoss qu'il valait mieux attendre que l'humain se réveille et se nourrisse de lui-même. Il passa donc le reste du temps –lorsqu'il ne dormait pas- à détailler cette étrange personne. Des cheveux bruns-noir en bataille, un visage plutôt carré, il portait à son cou un collier décoré d'une larme blanche. L'homme était plutôt musclé ce qui pouvait s'expliquer par ses nombreuses « randonnées » ; il portait une veste en cuir, un jean et des pokéballs à sa ceinture qui semblèrent étrangement vide aux yeux du Flagadoss qui s'en étonna. N'était-il donc pas un dresseur ?
« Quel étrange personnage... »

Le Pokémon soupira, il aurait bien voulu faire bronzette sur son rocher habituel mais quelque chose d'étrange, une sorte de sentiment bienveillant, lui ordonnait de rester auprès du dresseur, un peu comme une force invisible. Flagadoss et l'humain étaient, non pas perché sur le promontoire habituel du Pokémon, mais allongés dans l'herbe, près du lac et sur la rive opposée d'où le Pokémon psy et eau avait l'habitude de vivre. La route n'était pas si loin et si l'on jetait un œil en direction du lac, on pouvait voir les deux êtres facilement. Mais ça, le malabar rose ne s'en souciait que peu.
Après tout, il ne savait rien sur ce garçon...

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Morgane avançait de plus en plus péniblement. Elle s'appuya contre un rocher rougeâtre en tentant de reprendre son souffle. Elle était toute transpirante, égratignée, fatiguée. Sa respiration était rauque et elle avait l'impression que le sang lui montait à la tête, celle-ci au point d'exploser. Elle n'arrivait plus à penser à quoi que ce soit, sa seule envie étant de pouvoir sortir de ce cauchemar, de se réveiller dans son lit, dans sa chambre, à quelques mètres de sa famille. Ses mèches de cheveux étaient collées en bataille sur son front ou dans sa nuque, ses vêtements étaient couverts de boue ou de poussière, son visage était sale, ses mains recouvertes de sang et son corps meurtri de toute part. Sans compter son regard flouté dû à la fatigue permanente.
-J'en ai assez...
Absol se retourna, excédé par le comportement de la jeune fille. Il allait bien falloir qu'ils avancent à un moment ou un autre ! Il savait ce qu'elle ressentait, ils étaient liés mais lui aussi souffrait ; il ne s'apitoyait cependant pas sur son sort, lui.
-Il va bien falloir qu'on arrive au port !
-Je sais... C'est juste...
Morgane regarda Absol, qui se donnait depuis le début bien plus de mal qu'elle. Elle, elle ne faisait que le suivre, comme s'il était son guide depuis ce jour où elle l'avait rencontrée. Ce qui était le cas. Absol la protégeait, l'aidait, il était patient, calme et gentil, comme un véritable ami. Seulement, là, à force de courir, marcher, grimper, escalader une montagne et esquiver les populations, le Pokémon à corne était à bout de nerfs. Après plusieurs heures passées sur ce mont rocheux sous un cagnard improbable dans le seul but de trouver un bateau et quitter la région, lui aussi ne ressemblait plus à rien : poils collés sur son corps, pattes en sang qui traînaient et remuaient la poussière, corne basse, visage fatigué, souffle court.
Absol pencha la tête, compréhensif. Morgane détourna le regard et se remit en route délaissant le rocher à contrecœur, qui semblait vouloir l'accueillir tel un doux canapé.

La jeune femme avança dès lors en se tenant la hanche ; un horrible point de côté venait de la prendre et elle grimaçait de douleur en se penchant légèrement vers l'avant, tentant de dissiper le pic de douleur. Elle gémit plusieurs fois, se retenant afin de ne pas tomber par terre.
Cela faisait maintenant deux bonnes heures que les deux comparses escaladaient péniblement la montagne qu'ils avaient atteinte plus tôt dans la journée. Le sentier tracé pour des randonnées de jeunes marmots en classe verte ne cessait de grimper toujours plus haut et, si Absol était fatigué, Morgane, elle, marchait d'une manière de plus en plus mécanique, sur le point de s'évanouir, en venant presque à oublier ce pourquoi elle était là.
« J'en peux plus... Je vais crever... » pensa-t-elle justement.
Elle avait faim et surtout elle avait soif. Terriblement soif. Des grains de poussière venaient se loger régulièrement dans sa gorge et ses poumons ainsi que dans ses yeux, la faisant papillonner de ceux-ci de façon de plus en plus fréquente. Elle aurait tout donné pour qu'une petite pluie, même un petit crachin, se mette à tomber...
Absol se tourna alors vers Morgane, l'air compatissant :
-Tu veux que je te porte ?
-Oh... Absol, non... souffla la jeune fille, consciente du fait que le Pokémon ne pourrait jamais tenir avec elle sur son dos en plus.
Le Pokémon blanc soupira. Décidément, elle ne savait pas ce qu'elle voulait.