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» Auteur : Red-Moon - Voir le profil
» Créé le 13/07/2014 à 15:17
» Dernière mise à jour le 11/08/2014 à 22:23

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Chapitre 3 : Vols à l'arraché
L'agent spécial Beladonis était resté toute la matinée les yeux fixés sur son ordinateur. Il aurait dû partir à la recherche de ce malfaiteur évadé, au lieu de quoi le dossier d'enquête trainait sur son bureau. Le temps n'est qu'une vaine spirale qui nous aspire vers le néant, se dit-il en jouant avec un stylo. Tant d'efforts pour en arriver là, dans un petit commissariat de Volucité. Lui qui avait arrêté la Team Galaxy à Sinnoh, lui qui avait procédé aux arrestations des plus éminents membres de la Team Plasma, le voilà, deux ans plus tard, à assurer le service après vente. Il se sentit comme un pion que la police secrète internationale déplaçait sur l'échiquier planétaire, en d'autres termes, Beladonis se sentait las. Il aurait voulu partir en vacances, loin, sur les plages d'Irisia par exemple, et tout oublier. Oublier jusqu'à ce nom, dont ses collègues l'avaient affublé dés le début de sa carrière, « Beladonis », « Be-la-do-nis », à quoi cela rimait ? Il n'avait jamais pris conscience qu'on le nommait ainsi par jalousie pour sa beauté, car c'est un fait, Beladonis était beau. Dans son costume marron, il avait une classe innée. Des cheveux châtains lui tombaient en fines mèches sur le côté du visage et lorsqu'ils étaient ébouriffés, les filles tombaient à ses pieds comme des Yanma. Pourtant, il ne voyait rien de tout cela. Lui, aurait préféré être roux. Il ne se l'expliquait pas, c'était ainsi. Dans sa jeunesse, il s'était teint les cheveux, mais la couleur orangée qu'il appréciait s'effaçait trop vite, il avait fini par abandonner. Puis son travail, pour lequel il se donnait corps et âme. Il aimait ce travail jusqu'à en sacrifier sa vie sociale et à en passer des nuits blanches.

L'interphone l'éjecta de son rêve avec la délicatesse d'un Brouhabam. Il avait passé trop de temps dans ses pensées, comme d'habitude. Avouons le, Beladonis entretenait un rapport tout particulier au temps. Pour lui, une seconde était égale à une heure, une journée à une semaine et, si sa carrière avait été couronnée de succès, ce n'était certainement pas grâce à ce que ses collègues appelaient ironiquement « son organisation infaillible et légendaire ». Beladonis, contrairement à ce qu'il montrait, n'avait aucun sens de l'organisation, comptant sur son intuition pour traquer les criminels. Il n'en était pas peu fier, car ce flair devint vite son atout majeur. Il pouvait percevoir les sentiments de n'importe quel suspects rien qu'en croisant son regard. L'agent spécial s'ébroua et appuya sur le bouton de l'interphone.

- Toujours aussi rapide, à ce que je vois, fit une voix mielleuse.
- Oh Lianne, vous savez, tout ce travail, répondit-il, son stylo en l'air.
- Ne vous moquez pas de moi, je sais pertinemment que vous rêvassiez. Vous me laissez entrer ?

Ah, Lianne… La raison pour laquelle il avait supporté ce commissariat miteux pendant deux ans. Lianne, sa jeunesse, sa fougue, son regard enjoué, ses cheveux blonds et son corps de mannequin. Au départ, l'idée d'avoir un coéquipier ne l'enchantait gère, il travaillait seul, mais lorsqu'il avait vu Lianne pour la première fois, il s'était promis de faire un effort. Lorsqu'ils partaient en mission, il répugnait à l'exposer au danger, mais elle faisait toujours preuve de ressources extraordinaires. Au fil du temps, ils étaient passés de collègues à amis.

- Encore dans vos pensées, fit-elle d'un ton langoureux.
- Oui… Oui ! Excusez-moi Lianne, je vous écoute.
- Des riverains ont porté plainte, dit-elle en posant une pile de dossiers sur le bureau.
- Non, non, non ! J'ai déjà des tas d'enquêtes en cours !
- Vous n'en avez qu'une seule, celle de ce prisonnier évadé. Jetez au moins un coup d'œil, ces dossiers ne vous prendront que deux minutes.

Quand on sait que deux minutes, pour Beladonis, pouvaient devenir deux heures, alors de simples dépositions pourraient se transformer en une enquête complexe. Il saisit les dossiers et commença à les lire. Il se leva néanmoins, interrogateur. On lui faisait une farce, oui, il avait certainement affaire à une blague. Il chercha une esquisse de sourire sur le visage de Lianne, sans en déceler.

- Un Poichigeon… Fit-il en riant. Je travaille sur une enquête de la plus haute importance : le prisonnier Johann, matricule A101, s'est évadé hier, et on fait passer la priorité à un Poichigeon qui sème la zizanie ? C'est une blague ! On ne peut pas emprisonner un pokémon sauvage parce qu'il dérange la population !
- Apparemment il en fait voir de toutes les couleurs à ses victimes. Et si ce pokémon appartenait à quelqu'un ? Nous devrions tout de même aller voir, vous ne croyez pas ?
- D'accord, d'accord, si ça vous fait plaisir, nous appellerons une brigade pour dégager ce pokémon et l'affaire sera close. Allons-y, lança-t-il en prenant son imperméable.

***

En descendant du side-car de police, Beladonis ne voulut pas en croire ses yeux. Le parc et les rues alentours étaient déserts. Sur la pelouse endommagée, ça et là, s'entassaient des hot-dogs encore chauds, des paquets de frites, des beignets, des ballons crevés, des tas de papiers et même des Pokeballs brisées. Le fouillis dans lequel progressaient, tant bien que mal, les policiers, devenait insoutenable. Soudain, une petite fille, jusque là cachée dans un bosquet, s'avança timidement, les yeux emplis de larmes :

- Il a pris mon Couaneton, faites quelque chose, je vous en prie.
- C'est ce Poichigeon, n'est ce pas ? Questionna l'agent spécial, posant un genou à terre pour se mettre au niveau de la fillette. Dis moi petite, que s'est-il passé ici ?

Et la petite de s'en aller en pleurant de plus belle. Les agents avaient perdu leur seul témoin, il ne leur restait qu'à analyser la scène du crime. Beladonis et Lianne se mirent d'accords pour affirmer qu'un Poichigeon sauvage n'aurait pu agir de manière si méticuleuse. Le pokémon appartenait certainement à quelqu'un, et avait été dressé pour le vol et le saccage. Convoquer une équipe scientifique n'aurait aucun effet. Les empruntes seraient trop nombreuses dans ce lieu fréquenté, et leurs collègues ne se déplaceraient pas pour une telle affaire. Décidément, on avait bien rit de Beladonis en l'envoyant là ! Il mobiliserait une brigade de nettoyage et irait oublier l'affront avec Lianne, dans un bon restaurent.

***

De retour au commissariat, l'après-midi même, Beladonis trouva une nouvelle déposition sur son bureau. Après l'avoir lue brièvement, il la chiffonna et la lança vers la poubelle. Le Poichigeon maudit avait encore frappé. Cette fois, il avait volé un Darumarond. Lianne lui avait fait part de sa théorie pendant leur repas de midi. Si le voleur, disait-elle, ne s'attaque qu'aux lieux fréquentés, alors on peut imaginer qu'il se cache dans la foule pendant que son Poichigeon commet les larcins, puis qu'il profite de la panique générale pour disparaître. C'était tout à fait probable, mais du haut de sa jeunesse, Lianne ne se doutait pas que ce type de délits demeurait fréquent, et qu'on ne retrouvait jamais les coupables. Comment pourrait-on faire d'ailleurs, dans une grande ville comme Volucité ? Le commissariat ne faisait qu'enregistrer les plaintes, les agents cherchaient pour donner bonne conscience à tout le monde, mais on classait l'affaire au bout de quelques mois. Beladonis préféra oublier le voleur, et repris ses recherches sur Johann, le membre de la Team Plasma évadé.

Le rapport présenta immédiatement à l'agent spécial un individu antipathique. Comment pouvait-on haïr les pokémon à ce point ? Tapages, pillages, tortures, Johann semblait avoir tout fait. Faire pleurer les enfants, serait-ce son style ? Beladonis secoua vigoureusement la tête. Il ne devait pas repartir dans ses pensées. Pourtant, il ne pouvait se défaire de l'image d'un Johann souriant sombrement et se régalant du spectacle de son Poichigeon, volant la pokéball d'une menue fillette. Qu'était-il arrivé, dans la vie de ce voleur, pour le conduire à de tels délits ? Un événement de son enfance ? Un traumatisme infantile provoqué par un pokémon ? Non, Beladonis devait se ressaisir ! Inconsciemment, il avait déjà associé le voleur de pokémon à Johann. Ces deux affaires n'avaient rien à voir entre elles, il devait garder la tête froide et se remettre au travail.

En fin d'après-midi – il avait encore divergé vers ses pensées –, il lut que le prisonnier avait profité d'une séance avec son psychiatre, le docteur Hanz Engman, pour s'évader. Comment n'y avait-il pas pensé plus tôt ? Il aurait dû interroger le personnel de la prison depuis longtemps ! Il enfila son imperméable et alla chercher Lianne. S'ils voulaient obtenir des informations avant la fermeture du pénitencier aux visites, il fallait faire vite.

- Mais, dit Lianne, je suis sur le point de trouver le point commun entre tous ces vols !
- Oubliez les vols, cria-t-il, il y a beaucoup plus important !

Dans le petit commissariat, la porte claqua brusquement, sous les yeux des agents interrogateurs.