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» Auteur : Red-Moon - Voir le profil
» Créé le 12/07/2014 à 23:21
» Dernière mise à jour le 13/07/2014 à 15:16

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Chapitre 2 : la brutte et le bon
La première pensée du prisonnier fut d'aller en ville pour reprendre sa carrière de malfrat là où il l'avait laissée, il y a deux ans. La prison l'avait isolé de tout contact avec les pokémon, mais sa haine envers eux n'avait pas faibli. Au sein de la Team Plasma, il avait fait preuve d'un zèle extraordinaire, menant chaque mission avec une efficacité déroutante. Il s'était bâti une telle réputation qu'un jour, il avait rencontré le Seigneur N en personne. Ce gamin croyait naïvement que lui, Johann, se battait à leur côté pour la liberté des ces petits monstres, mais il ignorait que son serviteur, si dévoué, se livrait en réalité à des pillages et des tortures « dans les règles de l'art », comme on dit.
Johann ignorait que la Team Plasma telle qu'il l'avait connue n'existait plus, et cela lui importait peu. Il aurait pu rechercher des camarades, qui avaient la même haine que lui, mais il préféra démarrer une nouvelle vie, en solitaire. Il repensa à N. Il aurait voulu revoir ce môme et sa candeur indécente. Ce garçon insignifiant, à qui ont avait fait croire qu'il était venu au monde pour devenir roi, puis quoi encore ? Il ne réalisait même pas que tout son entourage le manipulait sans scrupules, à commencer par ce Ghétis, son mentor, son bras droit, son père de substitution. Bien que Johann n'aima pas Ghétis, il apprécia son sens calculateur, les rouages de son cerveau machiavélique. Pour l'heure, il n'avait plus besoin de la Team Plasma. Certes, il faudrait se refaire un nom, mais il n'aurait qu'à détrousser quelques dresseurs et mettre KO une flopée de pokémon, un jeu d'enfant ! Sa transformation corporelle ne serait pas un obstacle, au contraire. « Plus petit, plus rapide » deviendrait sa devise.

Un son effrayant ramena Johann à la réalité. Ça y est, se dit-il, ils m'ont retrouvé. L'évasion n'aura pas duré longtemps, la police va me passer les menottes d'une minute à l'autre. Il regarda de tout côté, mais il n'y avait rien d'autre que la rue, sombre et peu fréquentée. Le bruit se manifesta de nouveau, et il prit conscience que si les heures dans le laboratoire avaient effacé la fatigue, la faim, elle n'avait pas disparu. Il fallait manger, vite, ou il allait défaillir. Il chipa deux jambons, quelques baies et une bouteille d'eau fraîche dans l'arrière cuisine d'un restaurent. Son don pour le vol n'avait pas disparu, il était même renforcé par son agilité nouvelle.

À peine eut-il commencé à manger, que deux énormes Mangriff le surprirent. Que lui voulaient-ils, ces parasites ? Son repas ? Hors de question ! Un larcin est un larcin, Johann ne permettrait certainement pas à quiconque de lui dérober son butin, surtout pas à des pokémon. Lorsque les Mangriff bondirent, Johann, à sa grande stupéfaction, cracha un jet d'eau, qui envoya ses assaillants voltiger. Le temps de reprendre ses esprits, les ennemis l'attaquaient déjà à coups de Taillade et de Combo-griffes. Il avait commis l'erreur d'être déstabilisé. Un malfrat de son calibre ne devait jamais être déstabilisé, que lui arrivait-il ? Les ennemis gagnaient du terrain, il se sentait de plus en plus faible. Il ne voulait pour rien au monde abandonner sa nourriture à deux Mangriff de bas étage. D'un autre côté, s'il poursuivait la lutte, il risquerait de mourir. Or, mourir dans ces conditions, juste après une belle évasion, serait la chose la plus stupide qu'il n'ait jamais faite. La mort dans l'âme, il préféra la honte. Il voulu se retirer du combat, mais au lieu d'une sortie digne, il s'affala sous les coups. Il avait mis trop de temps à réfléchir. Décidément, que lui arrivait-il ? L'agilité de son nouveau corps lui donnait confiance en lui, mais la lenteur de son esprit l'affolait. Soudain, une ombre passa devant ses yeux. Il lui sembla reconnaître une Vive-attaque. Qu'un troisième parasite s'invite à la fête, il ne pouvait le tolérer, plutôt mourir que de voir cette déchéance. Cette fois, son cerveau répondit vite à ses désirs, et il s'évanouit.

***

À son réveil, la rue avait retrouvé son calme. Il était allongé sur le sol, tout son corps lui donnait une sensation de picotements.

- Il faut te soigner, lui dit une voix sur sa droite. Viens avec moi, je vais t'amener au centre pokémon le plus proche, ils s'occuperont bien de toi là-bas.

Un centre pokémon ? Quelle insulte, il n'avait nullement besoin d'un centre pokémon ! Pourquoi pas un chenil pour Ponchiot pendant qu'on y était ? D'ailleurs, centre pokémon ou même hôpital pour humains, il ne pouvait se rendre nulle part sans dévoiler son identité, un évadé de prison qu'on ne manquerait pas de remettre sous les verrous. Il secoua vigoureusement la tête, tandis que son interlocuteur s'employait à le convaincre. Tout ce qu'il lui fallait, c'était un hôtel bon marché où passer la nuit. Il n'avait pas d'argent, mais il pourrait bien en voler un peu sur la route. Lorsqu'il tourna la tête pour dévisager son « sauveur », il réalisa, effaré, qu'il s'agissait d'un pokémon au pelage blanc et à la tête bleu marine, munie d'une mèche tranchante.

- Un... Bégaya-t-il, un pokémon qui parle ? Tu es un Absol qui parle, je ne rêve pas !
- Et alors ? Demanda Absol, intrigué. Jusqu'à preuve du contraire, c'est normal de parler.
- Pour les humains oui, évidemment, mais pas pour les pokémon !
- Bien sûr que si ! Les pokémon communiquent entre eux, comment veux-tu qu'on fasse autrement ?
- J'en sais rien moi, des cris ? « Pika pika, Pikachu », des choses comme ça.
- Tu parles le Pikachu ? Incroyable !
- Non, je ne parle pas le Pikachu, d'ailleurs j'ai déjà perdu assez de temps ici...
- Attends, l'interrompit Absol. Viens au moins dans un centre pokémon !
- Je n'ai absolument rien à faire dans un centre pokémon, je suis tout ce qu'il y a de plus humain, et je déteste les bestioles de ton espèce.

Johann était sur le point de partir, mais l'expression de perplexité sur le visage d'Absol le prit tant au dépourvu, qu'il l'interrogea.

- Ça alors, dit Absol, tu es un humain ? – Il était tout excité à présent. – Tu es vraiment un humain ? Un vrai de vrai ?
- Oui, répondit Johann exaspéré. Absol le retint encore.
- C'est que...
- Quoi, encore ?

Le regard menaçant de Johann effrayait Absol, mais il se résolut à poursuivre :

- C'est que... Tu ressembles beaucoup à un Gobou.

Johann s'était attendu à tout, sauf à une pareille injure. Le traiter de pokémon, et affirmer qu'il ressemblait à un Gobou, cette petite laideur bleue au ventre rond comme un ballon qu'on aimerait crever, cette tête qu'on voudrait faire éclater dans ses mains – Johann aurait voulu faire éclater la tête de tous les pokémon – et ces joues oranges, une horreur de la nature comme il n'en avait jamais vu. Pourtant, quelque chose s'insinua en lui. Non, il ne devait pas douter. Il était humain, et dés demain, il irait détrousser les dresseurs de Volucité. Mais le doute était là. Tout d'abord, quand il s'était réveillé au laboratoire, il avait découvert un corps plus petit, muni de quatre pattes à la place des jambes et des bras. Il avait mis son état sur le compte de l'adrénaline, et de la nausée qu'il l'avait envahie lorsqu'il baignait dans ce liquide. Ensuite, lors de l'évasion. Son corps se déplaçait bien mieux dans les conduits de ventilation. De plus, il était passé inaperçu des gardes dans les hautes herbes, alors qu'ils auraient dû repérer une forme humaine, un dos dépasser. Ce jet d'eau enfin, craché lors de l'attaque des Mangriff. Les preuves étaient accablantes, Johann voulut en avoir le cœur net. Il ne s'était pas regardé dans une glace depuis son évasion. Il s'approcha avec appréhension d'une vitre et contempla lentement ce qui bouleverserait sa vie. Ses beaux cheveux blonds, en torsades harmonieuses sur les côtés, avaient laissé la place à un crane d'œuf bleu surmonté d'une crête. Il palpa ses joues orangées, tout en lançant un regard médusé destiné à faire taire la mine pétillante d'Absol. Impossible, se répétait-il, impossible impossible impossible impossible ! Johann était effondré, il ne put rester là plus longtemps.

Absol vit s'enfuir celui qui, le pensait-il, aurait pu devenir un ami cher.