Échec et Mat ! de Lucario0822

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• Lucario2208 •


Je courais aussi vite que mon nouveau corps me le permettait, étant moi-même impressionné par ma rapidité. Les fougères aux feuilles vert émeraude pareilles à des lames m'éraflaient le visage, mais je n'y prêtais pas attention : je me dirigeais vers ce hurlement strident qui avait brusquement déchiré le silence ambiant de la forêt. Même si son souvenir me glaçait le sang, il me rassurait en quelque sorte, car il m'éloignait indirectement du danger qui planait sur moi et qui pouvait me retomber dessus à chaque instant.

Lorsqu'enfin, ce qui semblait être la source du cri fut en vue, j'aperçus une jeune fille à terre, recroquevillée contre un tronc d'arbre moussu, l'œil jetant des éclairs, mais luisant d'épouvante. Lorsqu'une large feuille de chêne s'écarta, je pus distinguer ce qui lui causait autant de terreur : une créature étrange, semblable à un ours — j'avais beau fouiller dans ma mémoire, son nom exact ne me revint pas —, était dressé sur ses pattes arrières, sa patte puissante tendue en l'air, prêt à asséner un coup qui pourrait être fatal à sa victime.

Sans réfléchir, une fois que je fus suffisamment près de la scène, je pris appui sur une pierre cendrée qui sortait de terre, comme égarée au milieu de la verdure, et m'élançai dans l'air. Mais n'arrivant pas à doser ma puissance nouvelle, mes jambes me propulsèrent haut, très haut, trop haut, anéantissant mon espoir de porter un quelconque coup à l'adversaire. Machinalement, et causant ma surprise, une sphère d'énergie se forma entre mes deux mains, gagnant en taille et en puissance à chaque instant.

Lorsqu'elle percuta violemment le flanc de la créature, qui recula avec un grognement de douleur sous l'impact. Résigné il se contenta de lancer un regard luisant de haine à la jeune fille, avant de disparaître dans les fourrés. Je me réceptionnai maladroitement sur le sol mousseux une fois qu'un silence de plomb fut entièrement retombé sur la forêt.

"-Fiouh, merci..." soupira l'inconnue de soulagement en se relevant doucement. Involontairement, je ne répondis pas. J'étais anisent pas la contemplation de son âme. Elle présentait exactement les mêmes caractéristiques que la mienne ! Deux auras étaient superposées, mais une seule était vraiment visible.

"-... Tout va bien ?" demanda-t-elle curieusement en remarquant mon regard pensif. Sans doute se serait-elle attendue à un simple signe de tête en guise de réponse, mais lorsque je marmonnai un "Ça va.", toujours perdu dans mes pensées, elle devint blême, et eut un mouvement de recul.

"-T... Tu parles ?!" bégaya-t-elle en ouvrant de grands yeux ronds abasourdis.

"-Eh bien... Oui.." Cela ne paraissait pas étrange en soi, mais elle semblait vraiment étonnée. Un étonnement plein de curiosité. Puis je me dis que cette jeune fille pourrait sûrement m'aider à retrouver mon chemin, qui n'avait pas vraiment de destination précise. "Et... où allais-tu, comme ça ?" repris-je, toujours perdu dans mes pensées, essayant de comprendre pourquoi l'âme de l'inconnue en comportait deux, tout comme la mienne. M'attendant à une réponse simple, je fus étonné quand son visage s'assombrit soudainement.

"-... Je sais pas..." On aurait dit qu'une colère mêlée de tristesse montait peu à peu en elle. "M...Mais j'ai pas besoin de ton aide !" Je fus moi-même étonné, car c'était moi qui voulais lui demander de l'aide. Mais tout à coup, l'idée d'une ruse fusa dans ma tête.

"-Très bien..." fis-je en haussant es épaules, et en faisant mine de m'en aller, avec un sourire malicieux qu'elle ne voyait pas.

"-A..Attends, reviens !" gémit-elle. Je me retournai vers elle, mon air malin ne m'ayant toujours pas quitté. "Je ne sais pas où je vais. Je me suis réveillée dans ce château, là bas (Elle montra le bâtiment), et je me souvenais de rien !" A ce moment, mon sourire disparut. Je portais maintenant sur elle un regard intéressé. "Je ne me suis souvenue que de mon nom - Melusine -, et ensuite j'ai voulu m'enfuir mais je suis tombée de la fenêtre, et puis après j'ai rencontré ce... truc, là..." continua-t-elle en pointant la créature semblable à un ours, toujours à terre. Un ombra passa sur son visage. "Je sais pas où je vais, je sais pas d'où je viens, et puis j'ai cumulé les échecs..."

Échecs. Ce mot résonna jusqu'au fond de moi, et raviva brutalement mes souvenirs les plus récents, comme si une flamme qui était restée éteinte depuis mon réveil s'était soudainement rallumée, attisée par le courant d'air qu'était ce mot. Le même sentiment sembla se déclencher en face de moi, et le regard de Melu s'illumina soudain.

"-Melu ?!"

A partir d'ici, s'en suivit une longue discussion semblable à des retrouvailles, et en relater chaque phrase serait long, et n'aurait aucun intérêt. Attardons nous plutôt sur la fin de la conversation :

"-Mais alors, c'est pour ça que nos auras contiennent une anomalie ! Les âmes de chacun d'entre nous ont atterri dans les corps de certaines personnes de ce mondes !

- Et ça veut aussi dire que les autres sont forcément dans le coin !

-Mais... Et pourquoi je me suis arrivé dans le corps d'un pokémon, et pas toi ?

-... Aucune idée... Peut-être que seules les personnes qui possédaient des pseudos avec un nom de pokémon se sont transformés en ceux-là ! Mais la raison pour laquelle on est ici, alors ?" Voyant que je la regardais avec un air perplexe, elle ajouta "Mais si, le MP !

"-Laisse moi réfléchir... le message que nous avons tous reçus avant d'être catapultés ici parlait de jouer aux échecs, avec des règles spéciales...

-L'amnésie, je parie." me coupa-t-elle.

"-... Sûrement... Donc, nous devons retrouver les autres... Tu as vu quelqu'un dans les environs, à part lui ?" fis-je en montrant de la patte l'Ursaring étendu dans l'herbe -son nom m'était revenu en même temps que mes souvenirs.

"-A part lui et toi, non !" fit-elle en pouffant. "Mais... le village que j'ai aperçu depuis la fenêtre est sûrement peuplé, sinon il ne serait pas là ! Allez, viens !" cria-t-elle en disparaissant aussi sec derrière les buissons. Je hochai imperceptiblement la tête, puis je m'élançai à sa poursuite, laissant la clairière déserte, à l'exception de l'Ursaring, qui ne se réveillerait pas avant un moment.



* * *


• Melusine29 •


Abandonnant derrière nous la forêt profonde, nous nous approchâmes du hameau que j'avais aperçu de ma fenêtre. Des bicoques s'entassaient tant bien que mal le long d'une route sinueuse qui montait vers une montagne abrupte. On pouvait apercevoir en hauteur un grand bâtiment d'où sortaient de nombreux rubans rouges qui ondulaient au gré du vent. Un sentiment à la fois de calme et de sérénité semblait s'en dégager, quand à nous nous avancions à travers le village.

« -Dis... » commençais-je en voulant lui poser une question, mais il fallait le dire avec une petite gêne. Le fait d'avoir Lucario marchant à mes côtés, discuter avec lui directement plutôt qu'à travers un écran d'ordinateur me paraissait bizarre. J'avais encore la sensation que tout cela n'était rien d'autre qu'un rêve et que je me réveillerais bientôt.

« -Hum ? » me fit mon compagnon d'une voix distraite, semblant visiblement être encore perdu dans ses pensées. Peut-être pensait-il la même chose que moi en ce moment même.

« -Tu trouves pas que ce silence est bizarre ? »

« -Oui, je trouve aussi, c'est comme si le village semblait... désert... »

Je m'approchai d'une maison et regardai par la fenêtre.

« -Personne ! »

Je répétai la même action sur plusieurs maisons mais aucune ne semblait habitée. Lucario me laissa faire, et ne put s'empêcher de rigoler. Revenant vers lui, je lui fis face en fronçant les sourcils.

« -Tu peux me dire pourquoi tu rigoles, exactement ?

-...C'est que tu n'avais pas besoin de faire ça !

-Ah bon ?

-Ne me dis pas que tu as oublié mes pouvoirs...

- ...

-Elle a oublié ! »

Le Pokémon se mit à rigoler de plus belle, tandis que, lui tournant le dos, je continuai à avancer en serrant les poings. Sentant à côté de moi qu'il m'avait rattrapé je ne lui adressai pas un regard, il se mit à siffloter joyeusement, ce qui eut le don de m'énerver davantage.

« -..Allez, c'est bon, utilise-le, « ton » pouvoir ! »

Lucario retint un rire, et finit par fermer les yeux pour se concentrer. Restant un long moment immobile, je l'observais en attendant sa réponse. Ma seule distraction était de suivre les mouvements de ses oreilles qui semblaient agir comme des antennes. Cette idée me fit rire intérieurement, mais l'impatience finit par me consumer. M'approchant de lui, je posai ma main sur son épaule, et demandai :

« -Alors ?

-...Je détecte une forte concentration d'âmes, par là-bas. » Disant cela, il montra de sa patte le bâtiment aux tissus rouges qui semblait comme accroché à la falaise. Curieux de savoir ce qui se passait ici, nous reprîmes notre marche. Avançant difficilement sur le chemin semé d'embûches, nous arrivâmes finalement à destination, devant nous se dressait une immense porte. Après observation, aucun moyen ne semblait pouvoir l'ouvrir, seule une petite cloche relié à une corde placé à droite attendait tranquillement que quelqu'un vienne l'utiliser.

Tendant l'oreille, je n'entendais toujours aucun bruit, Lucario, à côté, semblait également écouter, et, me regardant, il fit oui de la tête, répondant à ma question silencieuse. Plutôt que de rester indéfiniment plantée là, je me dirigeai vers la cloche et, prenant la corde, je la secouai vivement. Contrairement à ce que je pensais, la cloche produit un son assourdissant qui fit vibrer ma cage thoracique.

« -Argh, mes oreilles ! » fit le Pokémon, quelque peu en colère, tout en massant ses oreilles endolories

« -Désolée... » réussis-je à articuler tandis que je m'éloignais de lui par précaution. Une nouvelle sonnerie se produit et Lucario me lança un regard.

« -Ah non, ce coup-ci, c'est pas moi ! Regarde ! » Je levai mes mains pour prouver mon innocence. Il s'apprêtait à parler, quand il fut interrompu par un bruit derrière nous, et, en se retournant, on vit la porte monumentale s'ouvrir petit à petit et dévoiler une cour intérieure. Un groupe de personnes en sortit, et, passant à côté de nous, nous jetèrent des regards à la fois curieux et méfiants. Vu la façon dont ils étaient habillés, on devinait aisément que c'étaient les villageois du hameau désert.

A la porte se tenait un homme chauve, qui nous regarda pendants quelques instants avant de nous faire signe de la main.

« -Entrez, vous êtes les bienvenus ! »

Je jetai un regard indécis et perplexe à Lucario, puis, presque à contrecœur, nous entrâmes à la suite de l'inconnu, qui referma les portes derrière nous. Il s'approcha de nous tout en nous détaillant de la tête au pied, puis se tourna vers le Pokémon.

« -Cela fait bien longtemps que nous n'avons pas vu quelqu'un de ton espèce.... bien, bien... vue votre mine fatiguée vous avez dû marcher depuis un moment, vous pouvez vous reposer ici si vous le souhaitez. J'espère que vous vous satisferez de notre repas, qui est pour le moins frugal.... » Tout en disant cela, il s'inclina et nous entraîna à sa suite.

« -Que faites-vous, dans ce lieu reculé ? » demanda Lucario, tandis que j'observais d'autres hommes se promener dans le jardin intérieur et cueillir ce qui me semblait des baies.

« -Vous vous trouvez dans un monastère, lieu de calme et de prières, tous les hommes que vous voyez ici sont des moines habitués à la méditation. » Il finit par s'arrêter et se retourna dans notre direction.

« -Jeune fille, je suis sûr qu'une petite promenade avant de manger vous ferait du bien, rassurez-vous, le repas sera bientôt prêt. Quand à vous, jeune Lucario, j'aimerais m'entretenir avec vous quelques instants, si cela ne vous dérange pas. »

« -Pas de souci, je te rejoins après Luca ! » fis-je d'une voie enjouée. En fait, j'étais surtout curieuse d'aller voir ses baies et d'en prendre quelques unes pour les goûter. M'éloignant d'eux, je partis en quête de nourriture, je finis par un buisson où - miracle - se trouvait un panier avec des baies. M'approchant comme si de rien n'était, je me cachai dans le buisson et m'apprêtai à prendre une baie, quand je surpris une présence à côté de moi. Tournant lentement la tête, je me mis en position pour fuir tout en agrippant le panier, l'inconnu me regarda et tira également dessus.

« -Pas touche, il est à moi ! »

« -Y'a pas ton nom écrit dessus, à ce que je sache ! »

« -A toi non plus !! » répondit l'inconnu en tirant plus fort, ce que je fis également. J'essayais de voir son visage mais le buisson n'offrait pas beaucoup de lumière. Malheureusement pour moi le corps, que je possédais actuellement n'était pas aussi fort que je l'aurais voulu. L'inconnu finit par tirer un grand coup qui me fit lâcher le panier convoité et surtout m 'envoya valser à l'extérieur du buisson.

« -Tu vas voir, mon gars..... » dis-je, énervée d'être tout le temps en train de tomber. Je m'avançai lentement vers l'arbuste le plus discrètement possible. Voyant le panier à travers le feuillage je tendis les bras, et vive comme l'air, je partis avec le panier sous le bras. Un bruit de pas se fit entendre, et je me fis stopper dans ma course par l'inconnu qui m'agrippait dans le dos.

« - Tu vas me rendre ça, toi ! »

« - De quoi parlez-vous, monsieur ? » fis-je d'un air angélique en me tournant face à lui tout en mettant le panier derrière mon dos. J'aperçus du coin de l'œil le moine qui s'approchait en compagnie de Lucario. Tout le monde prit la parole en même temps :

« -... Laël ! Que fais-tu là ? »

« -Melu ! Celui qui est à côté de toi..... »

« -Mais bon sang, arrêtez de m'appeler Laël ! »

« -Il a piqué des baies, Monsieur ! »

La confusion la plus totale s'installa, mais un tintement de cloche nous arrêta tous. Même le prêtre ne semblait pas savoir d'où venait le son. Une voix se fit entendre accompagné de la clochette.

« -Pour un monastère, je le trouve bien bruyant.... »