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Emanation de Kitsuninu



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» Auteur : Kitsuninu - Voir le profil
» Créé le 14/06/2014 à 22:18
» Dernière mise à jour le 21/06/2014 à 22:07

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Chapitre 4 : Tout s'accélère
Loreleï se baladait nonchalamment dans les couloirs depuis une bonne dizaine de minutes. Pas pressée de revoir ses « camarades » pour la pause déjeuner, elle prenait tout son temps pour flâner dans les couloirs, tout en sifflotant distraitement une petite comptine d'enfant.
Elle eut un petit sourire triste. Cette mélodie, c'était sa maman qui la lui avait apprise... elle en était certaine. Bien qu'elle n'ait aucun souvenir de son enfance avant ses 5 ans, âge limite pour accueillir les orphelins à Kellington, elle avait en son for intérieur la certitude que cette chansonnette lui venait de sa mère.
La jeune fille baissa les yeux. Sa mère... Elle aurait donné si cher pour la revoir, ainsi que son père.

Portant son visage en direction d'une fenêtre, elle laissa son regard divaguer au loin, se perdre dans les lignes infinies de l'horizon. Involontairement, une multitude de souvenirs lui traversèrent l'esprit, certains bons, d'autres plus tristes. Elle se remémorait les instants passés dans le parc du « château », à observer de loin les Pokémon s'ébattre dans la serre géante... Elle se rappelait aussi des longues heures qu'elle passait à épier en cachette les autres enfants, qui s'amusaient bien, eux aussi... Et malgré le souvenir toujours douloureux des brimades qu'elle subissait étant petite, Loreleï était heureuse. Elle aimait l'orphelinat dans lequel elle avait passé tout le début de sa vie, elle aimait le parc et les Pokémon du jardinier qui y résidaient, elle aimait, malgré tout, voir ces enfants qu'elle effrayait s'amuser et s'épanouir...

L'adolescente se prit à sourire. Non pas d'un sourire triste, cette fois, mais d'un véritable sourire, rayonnant. On aurait presque pu voir le sombre couloir s'illuminer sous tant de bonne humeur.
Loreleï jeta un dernier coup d'œil au parc de l'orphelinat – qu'elle prenait pour un château étant petite, bien que l'établissement soit en réalité un manoir – et repartir en fredonnant sa comptine avec encore plus d'entrain que précédemment.

« Papa, Maman... Où que vous soyez, quoi que vous fassiez... Sachez que je vous aimerai toujours. Et que je suis parfois très heureuse ici, malgré tout. »

Soudain, alors que la jeune fille s'apprêtait à tourner dans le couloir qui menait à la cantine du manoir, une bourrasque de vent lumineuse lui passa sous le nez. Sonnée, et ne comprenant rien à ce qui venait de se passer, Loreleï leva la tête vers la lueur qui s'était tapie dans l'ombre.
L'adolescente plissa les yeux. Cette lumière... elle était vraiment étrange. En forme d'œuf, garnie d'une multitude de couleurs qui s'entrecroisaient sans cesse et un peu floue, on avait l'impression qu'elle entourait quelque chose... qui était sa source.

Soudain, deux petits yeux bleus glacier apparurent au centre de cet œuf lumineux. Loreleï faillit pousser un cri de surprise en les voyant surgir si brusquement. La chose qui projetait la lueur poussa un petit jappement bref, et sauta sur la tête de l'adolescente avec un petit ricanement, puis s'enfuit dans le couloir.

La jeune fille n'essaya même pas de la poursuivre. Médusée, elle se contenta d'observer le coin de couloir où avait disparu la chose, les bras ballants. Elle était encore sous le choc lorsque qu'un éclat de rire la sortit de sa torpeur.
Redescendant brusquement sur terre, Loreleï jeta un coup d'œil intrigué en direction du bruit. Ah, oui... c'était vrai. Il était déjà midi et demi passé, elle devait aller manger...
Délaissant avec regret l'endroit où elle avait rencontré la créature, l'adolescente fit quelque pas vers la porte fermée du réfectoire, laissa s'échapper un petit soupir fatigué, et poussa la porte de la cantine.
Elle n'en crut pas ses yeux lorsqu'ils se posèrent sur la scène qui les attendait.

*
**

Le réfectoire était infesté d'œufs lumineux. Il y en avait partout, de toutes les couleurs et de toutes les tailles... Mais le plus grave... c'était que chacun de ces œufs émanait d'une personne.
Une personne.

L'adolescente se sentit défaillir à la vue de toutes ce lumières ovoïdes. Non... c'était impossible...
Pourtant, la vérité était là, hideusement imposée à sa vue.

Loreleï voyait les auras.
Rien que ça.

Soudain, tout s'éclaircit dans sa tête : le Riolu, l'Aurasphère, les auras... Tout cela était lié ! Et peut-être même que...

« Plus que vingt minutes avant le début des cours ! »

La jeune fille interrompit ses réflexions et replongea dans la réalité. Elle avait vingt minutes pour manger et penser à autre chose, puis retourner en cours. L'adolescente souffla bruyamment. Espérons que son caractère studieux et appliqué lui permettrait de moins penser à cet effroyable don qu'elle venait de se découvrir...

Prendre un plateau. Se servir. Une entrée, un plat, un dessert. S'asseoir à table... et manger.

Loreleï s'efforçait de se concentrer sur son assiette et de ne pas lever les yeux vers le reste de la salle. Une boule d'appréhension lui nouait la gorge et rendait sa déglutition difficile. Son don n'était pas apparu par hasard... Il y avait forcément une raison. Un but. Peut-être que quelque chose de radical avait changé, pour que ce pouvoir apparaisse ?
À bien y réfléchir... C'était vrai qu'il y avait quelque chose d'étrange. De très étrange, même.
Les instants passés à traquer le Riolu dans la serre se rappelèrent au souvenir de la jeune fille. À cet instant-là, elle avait eu une sorte d'intuition, qui lui soufflait quoi faire pour ne pas être repérée, etc...

Loreleï fronça les sourcils. Ce n'était pas la première fois qu'elle avait éprouvé ce sentiment... En réalité, à chaque fois qu'elle jouait avec les Pokémon du jardinier employé par l'orphelinat – c'étaient les seuls Pokémon qu'il lui était donné d'approcher -, elle ressentait cet instinct qui la poussait à se comporter différemment que d'ordinaire... Et, un jour que le jardinier l'avait observée en train de s'amuser avec ses Pokémon, il lui avait dit, avec son éternel sourire bienveillant :

« Tu t'entends toujours aussi bien avec Charmillon et Nénupiot, hein ? Ce qui m'amuse, c'est que quand tu joues avec eux, ils ont l'air de te considérer comme un des leurs. D'ailleurs, tes yeux brillent d'un éclat un peu plus rouge que d'habitude, dans ces moments-là... »

À cette époque, Loreleï se contenait d'hausser les épaules, et de prendre congé du jardinier et de ses Pokémon, tous trois ses seuls amis dans l'orphelinat où des élèves ingrats l'importunaient à longueur de journée... Mais aujourd'hui, tout se faisait sens dans l'esprit de la jeune fille. Toutes ses particularités avaient un lien entre elles, mais ce qui l'énervait, c'était qu'elle ne voyait pas ce qui les réunissait... C'était vraiment frustrant.
Soudain, une voix la sortit de sa profonde réflexion :

« Je peux m'asseoir à côté de toi ? »

Loreleï leva brusquement les yeux vers celui qui l'avait interpellée, mais ne put rien répondre tant sa question l'avait troublée. D'habitude, les élèves l'évitaient soigneusement. Aucun d'entre eux ne lui avait jamais demandé la permission de s'asseoir près d'elle...
Celui qui se tenait en face d'elle lui rappelait quelque chose. Cheveux noirs et lustrés, yeux bleu pâle... Mais oui, bien sûr ! C'était le garçon qui lui avait confirmé que M. Abalan n'avait jamais été professeur ici !
À cette pensée, l'adolescente fronça les sourcils. Cette histoire de professeur non-existant était plus qu'intrigante. Il lui faudrait y réfléchir sérieusement, un jour.

N'attendant pas sa réponse, le jeune garçon tira une chaise et s'assit à côté de Loreleï. Celle-ci le laissa faire, intriguée. Elle avait l'impression qu'il voulait lui demander quelque chose.

« Est-ce que tu m'entends ? »

L'adolescente ouvrit des yeux ronds comme des soucoupes. Le jeune garçon... lui parlait par télépathie, comme tout-à-l'heure ! Bon, il allait falloir lui répondre sans trop se poser de questions...

- Oui, je t'entends. Comment est-ce que tu fais pour me parler comme ça ?
- C'est de cette façon que les Pokémon communiquent, parfois.


Curieusement, Loreleï perdait son langage soutenu, en télépathie. Ce n'était pas si mauvais en soi.

- Mais bref, il y a plus urgent. Je dois te parler de...
- Attends une minute. D'abord, je veux savoir comment tu t'appelles, ce que tu es. Ensuite, tu me diras ce que tu veux.
- Hmpf... Comme tu voudras. Mais accroche-toi bien, je ne me répéterai pas. Je m'appelle Selaven, et je suis en réalité un Zorua. Je me suis servi de mes illusions pour pénétrer ici incognito. Oh, ne fais pas ton regard suspicieux, j'ai très peu de temps pour tout t'expliquer, alors tu vas devoir te contenter d'écouter ce que j'ai à te dire. Loreleï… Depuis ta naissance, tu disposes d'un don, d'un pouvoir enfoui au fond de ton être, comme la plupart des êtres vivants sur cette terre. Le tien est très rare : tu es capable d'empathie, c'est-à-dire que théoriquement, tu peux comprendre ce que les autres ressentent. Beaucoup d'autres êtres vivants sont capables de cela, mais chez toi, ton pouvoir s'exprime sous une forme un peu particulière, assez difficile à cerner : de ce que j'ai compris pour l'instant, tu vois les auras, n'est-ce pas ? Depuis peu de temps, oui, j'ai vu ça. Le fait que tes yeux changent de couleur en fonction de tes émotions a sûrement un rapport avec ton don, mais bon, on creusera ça plus tard. Tout ce que tu dois savoir pour l'instant – et j'ai les moyens de te le prouver -, c'est que tous tes acquis, tout ce que tu crois savoir sur ton monde depuis ta naissance est faux. Irrémédiablement faux. Je sais, c'est très compliqué et long à expliquer, mais je n'ai pas le temps de faire plus digeste. Le temps presse ! Tu dois me suivre !


Le garçon avait enfin terminé sa tirade. Il fixait désormais Loreleï d'un regard pressant, qui trahissait sa sincérité. La jeune fille, quant à elle, ne savait pas quoi répondre… Tout cela lui avait été débité si vite, elle s'y perdait encore…
Finalement, elle réussit à articuler, d'un ton confus :

- Mais… attends… c'est quoi cette histoire ? Tout ce que je sais ? Ce serait faux ? Et… mon don, qui m'a apporté tant de soucis, alors…

Eh bien…
Je suis désolée, mais je refuse de te suivre. Je… J'ai déjà assez de ma propre existence pour tenter d'arranger quoi que ce soit d'autre. Je vois que tu es sincère, et que tu m'aurais fourni plus d'explications si tu en avais eu le temps, mais… non. Vraiment non.
- Oh, mais j'ai un argument très convaincant... qui va t'amener à réfléchir, d'ailleurs. Loreleï... crois-tu seulement être humaine ?




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NDA : je sais, comme le dit si justement le titre, "tout s'accélère"... pour en devenir finalement un peu indigeste. Je suis désolée, c'était l'effet voulu pour la fin, mais finalement, je ne sais pas si c'était une si bonne idée que ça...
NDA² : tirade de Selaven corrigée. C'est peut-être moins pire.