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Emanation de Kitsuninu



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Informations

» Auteur : Kitsuninu - Voir le profil
» Créé le 08/06/2014 à 17:29
» Dernière mise à jour le 09/06/2014 à 20:35

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Chapitre 3 : Quand souvenir rime avec espérance
« Eh, regardez, voilà l'alien ! »

Plusieurs rires fusèrent à cette remarque, tandis que je tentais de me faire toute petite et de passer discrètement mon chemin.

- Alors, le Monstre, on a peur de quelques pauvres petits humains ? Tu as peur qu'on te mange ? poursuivit le garçon qui avait lancé la pique avec un sourire sarcastique.
- ...
- Laisse, Drog', elle ne répondra pas.

La fille qui venait de parler plissa les yeux en me voyant. Je le remerciai, tremblotante, et poursuivis ma route sans demander mon reste. Du moins, c'est ce que tous crurent.
Sans me faire voir, je me cachai derrière un pan de mur et me mis à observer le petit groupe d'humains avec attention, attendant de voir ce qu'il allait se produire. Je n'attendis pas très longtemps.

- Enfin, Aziliz, grommela le garçon à la langue bien pendue, tu sais très bien que je déteste qu'on m'appelle comme ça ! On dirait que je porte un prénom de stupéfiant.

La dénommée Aziliz rit doucement.

- Comme tu voudras... Drogonig.
- Hm.

Le jeune garçon se retourna et commença à jouer avec une poignée de cailloux. Visiblement, il n'aimait pas qu'on lui donne de diminutifs, même en "ig".
Je continuai à observer le groupe d'enfants qui me faisait face, lesquels enfants ne me prêtaient aucune attention.
Tant mieux.
Le rassemblement d'orphelins... Non, comment appelaient-ils ça, déjà ? Ah oui, une "bande de copains". Eh bien, cette "bande de copains", comme ils se nommaient eux-mêmes, m'intriguait au plus au point.
Et me terrifiait.

Comment un groupe de personnes pouvait-il m'inspirer des sentiments aussi contradictoires ? Cela, je ne le savais. Mais j'avais le douloureux souvenir de ce que ces enfants me faisaient subir, jour après jour... à cause de mes yeux.

Je laissai s'échapper une larme. Je ne comprenais pas. Pourquoi ? Pourquoi tant de haine à cause de simples yeux ?
J'avais de plus en plus de mal à contenir mes pleurs. Mais pourquoi tout ça... à cause d'une différence ?

Haine.
Colère.
Violence.
Désespoir.

Tous ces sentiments rythmaient mon quotidien.

Pas d'amis.
Seulement des ennemis.

Alors que je m'apprêtais à éclater en sanglots, éreintée par cette injustice que je subissais depuis toujours, un nouveau sentiment étreignit mon cœur. Mes traits se durcirent. Mes lèvres se pincèrent.
Bien que quelques larmes coulaient encore sur mes joues, ce n'était plus du désespoir que je ressentais... mais quelque chose de dur. De froid. Un sentiment à mi-chemin entre la haine et la volonté.

À partir de cet instant, ma vie pris un autre tournant. Je n'allais plus me laisser marcher sur les pieds et rester seule à souffrir. Avec une grimace haineuse, je sortis de mon coin d'ombre et m'avançai vers mes bourreaux de toujours.
Désormais, c'allait être à leur tour de pleurer.


*
* *

« Qu'est-ce qui s'est passé ?
- Elle a été attaquée !
- Loreleï ? Le monstre ?
- On a vu la puissance de l'attaque d'ici !
- Pas possible...
- Eh, elle se réveille !

À cette exclamation, tous se turent et tournèrent leur attention vers le sujet de leur discussion. Loreleï émergeait lentement.
Clignant des yeux pendant quelques instants pour s'habituer à la luminosité de l'endroit, elle finit par s'accouder difficilement au sol et souffla dans un râle :

- Où... où suis-je ?

Comme personne ne lui répondait, tous trop répugnés et apeurés par la jeune fille, elle décida de faire elle-même état des lieux et engloba la pièce du regard.
Elle n'était plus dans le vivarium. On – sûrement les professeurs, garants de la sécurité des orphelins – l'avait transportée d'urgence ici, mais elle ne devait pas être très gravement blessée. D'ailleurs, elle ne sentait rien.
Allongée sur un parquet luisant de cire fraîchement appliquée, l'adolescente se tenait dans la salle 28, là où tout avait commencé. Tout, dans cette pièce, respirait la simplicité et la banalité. Cependant, un détail clochait.

- Où est le professeur Abalan ? demanda Loreleï d'un ton nonchalant.
La foule d'élèves la regardèrent avec des yeux ronds. Visiblement, aucun d'entre eux n'avait jamais entendu parler d'un Monsieur Abalan. Très curieux...
Soudain, un garçon au teint blême et aux cheveux noirs de jais s'avança au-devant du groupe et confirma les doutes de Loreleï :
- Je regrette, mademoiselle, mais aucun professeur Abalan n'a jamais exercé ici. Navré pour vous.
- Ah, bon... Ce n'est rien, je comprends. Merci.

La foule d'élèves avait grogné en entendant le garçon l'appeler « mademoiselle ». Loreleï soupira imperceptiblement. Ils ne changeraient donc jamais...
Tout-à-coup, la sonnerie signalant la pause de midi retentit dans les couloirs. Les orphelins se ruèrent dans une cohue indescriptible vers la porte de la salle et disparurent en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire. Seul le garçon aux cheveux de jais prit son temps pour ramasser ses affaires et s'en aller. Une fois devant l'encadrement de la porte, il se retourna une dernière fois vers Loreleï et lui lança un regard compréhensif.

« Ne t'en fais pas. Un jour, tu sortiras. »

L'adolescente le dévisagea d'un air interloqué. Qui... était-ce lui qui lui avait parlé en silence ? Par télépathie ?
Le jeune garçon ne lui laissa pas le temps de l'interpeller et disparut dans le vestibule.
Loreleï continua à fixer la porte d'un air pensif. Elle avait la certitude que cet orphelin allait avoir son importance... plus tard.

Haussant les épaules, elle décida de ramasser les quelques affaires qu'elle avait pu laisser dans la salle, couvra une dernière fois la pièce du regard, et s'enfonça dans les ténébreux couloirs de l'orphelinat Kellington.

*
* *

Le Grand Commandeur se détourna du Miroir. Ce qu'il avait vu lui suffisait pour l'instant. Ses oreilles de Méga frémirent d'excitation alors qu'il pensait à l'espérance qui venait de renaître en lui. Et bientôt, en tout son peuple.
La fin de la guerre était proche. Si la mission de Z était couronnée de succès... C'était le destin de la meute toute entière qui serait scellé. Et celui des ennemis du clan également... heureusement.
L'hybride Lucario jeta un dernier regard au Miroir du Monde, ses « yeux sur l'extérieur », en quelque sorte. Et il sourit.
L'espoir venait de renaître.

Elle s'était éveillée.