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Une radio, un pendentif et une tablette de chocolat. de TheMizuHanta



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» Auteur : TheMizuHanta - Voir le profil
» Créé le 06/06/2014 à 19:52
» Dernière mise à jour le 17/10/2014 à 20:45

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Chapitre 16: Une créature mystérieuse et un choix imposé.
Lycée d'Unionpolis : 8h17

- Non... Pas par là.

J'étais enfin en face de la chose qui me parlait, je pouvais enfin voir qui s'adressait à moi. Il s'agissait d'une petite créature, qui ne dépassait pas les soixante centimètres de haut. Il avait comme couleurs dominantes le bleu marin et le noir. Il se tenait fièrement du haut de ses minces pattes postérieures, qui étaient de couleur noire. Il avait la tête légèrement baissée, et gardait ses yeux fermés. Quand je le regarde, il me fait énormément penser à moi avant que je n'évolue, quand je n'étais qu'une Riolu. Il avait tout qui me ressemblait, même un ruban autour du cou, mais il était légèrement différent. Son ruban était noué de la même façon que moi lors de mon anniversaire, mais il était de couleur rouge. Il se tenait tout juste à côté de la porte que je n'allais pas prendre. Comment était il arrivé ici ? A t il un rapport avec le fait que tout ce soit arrêté dans cette pièce à part moi ? Comme le surveillant ne pouvait rien me faire dans cette situation, je pris le risque d'essayer d'obtenir des informations :

- Qui... Vous êtes ?
- Je ne suis personne en particulier, juste toi.

Juste... Moi ? Qu'est ce que c'était que cette réponse ? Il avait l'air calme, et surtout sérieux, même si il avait les yeux fermés, je sentais une certaine conviction dans sa voix. Dans ce cas, même si je sentais tout ceci trop étrange, j'acceptais sa réponse. Il fallait avancer :

- Alors... Quoi faites vous... Là ?
- Je suis là pour t'aider.
- Comment... M'aider ?
- Tu t'es trompée de chemin.

J'ai pris la mauvaise porte ? J'allais aller droit dans un piège ? Je n'y croyais pas cette fois ci. J'étais sûre que celui là allait m'emmener au mauvais chemin alors que j'avais pris le bon. Comme si j'allais faire confiance en quelqu'un que je ne connais même pas, qui sort de nulle part et qui me dit que j'ai tord. Ce qui me perturbait par contre, c'est que je ne ressentais pas son aura. Il ne dégageait rien du tout de lui, pas une émotion, pas un sentiment, je n'entends de ses pensées qu'un vide complet. Je le voyais en face de moi, mais il n'existait pas en même temps, est ce que c'est un effet de mon imagination ? Comment expliquer alors l'arrêt du temps ? Tout à coup, sans comprendre pourquoi, il s'était mit à sourire. Toutes ces histoires me laissaient perplexe, je ne comprenais rien.

- C'est normal que tu ne comprennes rien, tout ceci est au dessus de toi.
- Tout... Dessus moi ? Vous entends que je pense ?
- Oui, en même temps, ce n'est pas compliqué pour moi, vu que je suis toi.

Je suis toi, je suis toi... Il ne sait dire que ça, ça m'énerve. Je sais pas qui il est et il se permet de dire qu'il est moi. Mais pourtant, je n'arrive pas à le sentir alors que lui capte parfaitement mes pensées. Il est vraiment incompréhensible, mais en même temps il me donne de plus en plus envie de lui faire confiance. Et si il avait raison ? Que j'avais fais le mauvais choix ? Je ne pouvais pas savoir lequel de nous deux avait raison, tout simplement parce que je ne me souviens pas de la directive de Rode. Si seulement je pouvais me rappeler de ce qu'il m'avait dit, je ne serais pas dans un tel problème.

- Tu as juste besoin de savoir ce qu'avait dit ton dresseur pour me croire ?
- Qu'est ce... Vous racontez... Quoi ?
- "Une fois que t'auras passé le couloir du troisième étage, tu arriveras dans une nouvelle salle. Il y aura à gauche des escaliers pour descendre ainsi que deux portes, une devant et l'autre à droite. Il faudra que tu prennes celle de droite, ne te trompes surtout pas. Si tu ouvres celle de devant, tu arriveras dans la salle des professeurs, et tu te feras griller, tu seras alors dans une merde pas possible... "

Qui était ce Pokémon ? Il venait de me parler en utilisant exactement la même voix et les mêmes expressions que celles de mon maître. Pourtant, il n'était pas ici, et c'étaient les lèvres de la créature en face de moi qui remuaient au rythme des paroles. J'avais maintenant peur de cette personne. Après ce tour plus qu'étrange, la mémoire concernant les directives de Rode revenaient comme par magie. Je revoyais encore son visage mêlé de douleur, je le portais en marche rapide pour l'amener en salle d'examen pendant qu'il m'expliquait le chemin à prendre. Comment cette chose devant moi pouvait me faire retrouver la mémoire ? Comment a-t-il prit la même voix que celle de mon dresseur ? Même si j'avais peur de lui, il ne me restait plus qu'à lui faire confiance. Maintenant que je me souviens de la véritable bonne porte, il ne pouvait qu'avoir raison.
Je lâchais la poignée qui me mènerait dans un gouffre qui allait m'éloigner à jamais de mon maître. Je me mettais doucement à avancer vers ce Riolu plus qu'étrange, sa tête, son visage ne bougeait pas d'un poil. Il gardait toujours ses yeux fermés, il avait toujours ce ruban rouge. Pourquoi me ressemblait il et s'opposait il à moi en même temps ? Il n'inspirait pas la confiance, mais je savais qu'il avait parfaitement raison. En relevant doucement la tête sans ouvrir ses yeux, il me tendit lentement sa main droite. M'invitait il à la prendre ? C'est ce que j'en déduisais. Avant de la prendre dans ma patte, je me permettais de lui poser une dernière question :

- Pourquoi... M'aider ? Qui tu es ?
- Je ne suis personne... Et si je veux t'aider, c'est juste que si cette histoire finissait comme ça, ce ne serait pas marrant.

Au moment où il avait dit ses derniers mots, il avait brusquement ouvert les yeux. Son regard était rentré au fond de mon esprit, ses iris de couleur or me perturbaient. La lumière qui en dégageait m'éblouissait sur le coup, il me fallait une ou deux secondes pour retrouver une vue normale. Au moment où je retrouvais mes capacités oculaires, le Riolu qui m'avait aidé s'était évaporé. Je remarquais en même temps que la pression que je ressentais dans mon corps entier s'était envolée. Les couleurs ainsi que les bruits alentours s'étaient amenés à la normale. Mais attendez... Si tout est revenu de manière correcte, cela veut dire que le temps ainsi que l'espace a reprit son cours normal ? Un bruit fracassant répondit à ma place, le surveillant venait d'ouvrir comme un Rhinocorne la porte qui menait à la pièce où je me trouvais. Il avança sur plusieurs grands pas, il était prit dans son propre élan.
Il fallait que je me reconcentre sur mon objectif, je pouvais profiter de cet instant de maladresse de sa part pour avancer rapidement. Ma main était déjà sur la poignée de la porte que je devais ouvrir sans le savoir. Je l'ouvris rapidement et la refermais en claquant, histoire de gagner le plus de temps possible. J'étais enfin dans le couloir où devait se trouver le laboratoire du professeur Nikolaï. A chaque fois que je faisais un pas, je regardais le nom de la salle, elles avaient toutes une plaque dorée qui indiquait l'utilité de l'endroit où menait la porte. Je priais à chaque fois de tomber sur une plaque qui donnait le nom de celui que je cherchais. Je m'approchais de plus en plus du fond du couloir, et aucune salle de donnait ce que je voulais. Elles avaient presque toutes seulement un numéro, je me souvenais que Rode m'avait dit qu'il n'y en aurait pas. J'entendais la porte derrière moi qui s'était ouverte aussi violement que je l'avais fermée. Le surveillant était toujours là, il ne voulait pas abandonner, il continuait de m'appeler, il était sûr de m'avoir maintenant :

- Tu peux plus t'enfuir ! T'as plus nul part où aller ! Viens ici !

Non, il ne fallait pas que je laisse tomber, je ne pouvais pas abandonner Rode. Il avait besoin de moi, pour qu'il puisse accomplir sa mission, son but. Je me concentrais encore plus sur ma recherche, je n'étais plus si loin de mon objectif. Il ne me restait plus que trois écriteaux à lire, plus que trois portes possibles. J'entendais l'autre courir derrière moi comme un dératé, il ne pouvait pas me rattraper à la vitesse, il fallait que j'aille encore plus vite que ça. La première plaque affichait « Bibliothèque », ce n'était pas ce que je voulais. La deuxième affichait « Centre de rech... », j'étais allée trop vite, je n'avais pas eu le temps de lire. Mais après y avoir pensé à deux fois, quelque chose me frappait. Il était probable que ce soit écrit « Centre de recherches ». Il s'agirait donc d'une salle où l'on mène des recherches expérimentales, seul un scientifique pourrait l'utiliser. Un scientifique... Chercheur... Professeur. Je m'étais arrêtée sur le coup, je venais de dépasser la salle où je devais me rendre. Je me retournais pour vérifier, j'étais à deux enjambées de la porte, le surveillant était encore au bout du couloir qui devait bien faire dix mètres. J'avais encore une chance, encore la possibilité de réussir. Je me plaçais devant la porte tant convoitée, je posais la main sur la poignée ronde de couleur argentée. Je tremblais, j'avais peur que la porte soit fermée à clé où qu'il n'y ait pas le professeur. Mais malheureusement, il était maintenant trop tard pour que je puisse reculer. Je n'avais plus que cette possibilité dans mes mains, plus que cette poignée pour me sauver. Je la tournais difficilement, le mécanisme à l'intérieur devait être peu entretenu. J'ouvris la porte en grand, en priant au plus profond de mon âme pour que celui que je cherche soit ici.

Centre de recherches du lycée d'Unionpolis : 8h19

- Qu'est ce que...

Ça y est, je pouvais enfin voir à quoi ressemblait la pièce tant convoitée. Il y avait des fenêtres sur tout le long du mur devant moi. Sur les côtés étaient fixés plusieurs grands tableaux blancs, avec des centaines de dessins ou écritures incompréhensibles. Il y avait aussi dans cette grande salle plusieurs tables. Ils y étaient différents outils en verre, avec des liquides transparents ou colorés. Certains bouillaient, d'autres coulaient, j'étais bien dans un laboratoire de recherches. Il y avait au milieu de ce monde un homme.
Il portait une longue blouse d'un blanc immaculé. Sur le coup, il s'était retourné pour voir d'où venait le bruit que j'avais provoqué. Il avait une cigarette fumante dans la bouche, qui était légèrement entrouverte. Je voyais à travers des lunettes rectangulaires des yeux à la couleur du ciel sans les nuages. Son visage légèrement long faisait ressortir ses cernes et sa mâchoire non rasée depuis quelques jours. Il avait toujours ces cheveux courts et blonds qui ne risquaient pas de tomber devant ses yeux. Ces derniers me fixaient longuement, de la surprise se mélangeait à de la crainte, son aura confirmait mes soupçons. Il fit quelques pas en arrière dès que j'avançais un peu vers lui, il me lançait :

- Bordel... Z'êtes qui pour vous ramener comme ça ?!

Mince... Mon maître n'avait pas du tout prévu ça. C'est vrai que comme je ne suis pas sortie depuis notre anniversaire, personne ne pouvait savoir que la petite Anna avait évolué. Si seulement je portais mon ruban bleu, il pourrait en déduire que j'étais le Pokémon de Rode, mais aujourd'hui n'était pas mon anniversaire. Mon dresseur n'avait contacté personne à l'extérieur, le professeur n'avait aucune idée de ce qui nous était arrivé à nous deux. Je ne sais pas comment le faire comprendre qu'il ne s'agit que de moi, de quelqu'un en qui il peut avoir confiance. Je pourrais prendre un feutre et écrire mon nom ou celui de Rode sur un des tableaux. Cette idée fût vite abandonnée, tout simplement parce que je n'avais pas le temps. Le surveillant qui me poursuit depuis peu va arriver d'une seconde à l'autre. A chaque fois qu'une idée florissait dans mon esprit, la contrainte du temps la brisait en milles morceaux. Dans tous les cas, le vigile arrivera dans la salle sans que je n'ais pu faire quoi que ce soit. Il ne reste plus aucune solution... Du moins en respectant les règles de mon dresseur. Il ne me restait plus qu'une seule chose à faire. Le seul moyen de lui faire comprendre ce que je pensais, c'était la parole.
Si j'expliquais au professeur tout ce que je devais donner comme informations, j'y arriverais à temps. Le souci, c'est que je ne sais pas comment il réagira. Il peut très bien me trouver monstrueuse et demander au surveillant qui arrivera de m'attraper. Tout allait maintenant dépendre de la réaction de mon interlocuteur. Encore une fois, ma vie allait reposer sur une chance sur deux. Cette fois, le temps ne s'arrêterait pas, la chose n'allait pas m'aider. Il fallait cette fois ci que je prenne mon destin à deux mains. Excuse moi Rode, je vais te trahir une seconde fois, j'espère que tu auras la force de me pardonner à nouveau. Je veux que tu sache que tout ceci est fait pour ton bien.

- Pour la dernière fois, vous voulez quoi ? Je vais appeler...
- Vous moi écouter !
- Hein ?! Tu... Viens de...
- Moi Anna, Pokémon Rode.
- Rode ? Mais il vient faire quoi dans tout ça ?
- Vous m'aider, je vous supplie !
- C'est quoi... Ce... BORDEL ?!
- Te voilà ! Fini tes escapades !

J'entendis derrière moi la porte se déverrouiller, le surveillant était arrivé. Je l'entendais souffler comme un buffle, cette petite course poursuite l'avait épuisé. Je ne pouvais plus rien faire maintenant, j'étais vraiment coincée. Il ne me reste plus aucun chemin à prendre, je suis arrivée là où je devais aller. Je regardais le professeur. Il avait la tête baissée contre le sol, il était dos au soleil, je ne voyais pas son visage. J'avais maintenant vraiment peur. Maintenant, il sait que je peux parler, si il le dit au surveillant, il risque de m'arriver beaucoup plus que de simples ennuis. Ma vie ne se jouait plus à une chance sur deux, elle était maintenant dans les mains du professeur. Je priais du fond de mon cœur pour qu'il m'aide. Je ne pouvais pas lui parler par la pensée via l'aura, je ne le connais pas assez.
J'entendais l'homme qui me veut du mal s'approcher de moi. Je ne pouvais pas l'éviter, le contrer ou réagir, je ne pouvais plus rien faire, à part espérer. Il fallait à tout prix qu'il réagisse, ici et maintenant, sinon il sera trop tard. Mon poursuivant m'attrapa violement le bras, il serrait extrêmement fort, il me faisait mal. Il ricana doucement, un sourire qui met mal à l'aise se dessinait sur son visage. Il me disait doucement :

- Alors, on ne peux plus courir ? On va voir ce qu'on fera de toi...
- On peut savoir ce que vous faites ?
- Hein ?

Son sourire s'était effacé de suite, il tourna la tête vers la source de cette voix qui faisait barrage à ses intentions ses actions, je fis de même. Le son venait de l'endroit où se plaçait la seule personne qui restait, le professeur Nikolaï. Il avait croisé les bras, avec sa cigarette au bout rouge entre deux doigts de la main droite. Il remonta légèrement ses lunettes avec la même, avec un visage toujours inexpressif. Pourquoi avait il posé une telle question au surveillant ? Il releva doucement la tête, en fixant de ses yeux bleu ciel son interlocuteur, qui me tenait toujours le bras beaucoup trop fort. Le visage de Nikolaï avait l'air inexpressif, mais hautain en même temps, comme si il méprisait le surveillant. Ce dernier se mit à déglutir bruyamment, avait il peur du professeur ? C'était assez étrange. Mais je préférais ne rien faire, car il continua :

- Je n'aime pas me répéter... Soupira le chercheur, je vous demande ce que vous comptez faire de ce Pokémon.
- Ben... Eeeeuh... Balbutia le surveillant si fier il y a quelques secondes.
- Savez vous au moins pourquoi est elle traitée ainsi ?
- Je l'ai trouvé au milieu d'un couloir, tout juste devant une salle d'examen. Toute forme de triche est réprimandée !
- Qui vous dit que ce Pokémon appartient à un élève...
- Quoi ? Qu'est ce que vous racontez ?!
- Ce Lucario est mon Pokémon, ou ma Pokémon, c'est mieux ainsi.
- Elle n'avait rien à faire dans les couloirs !
- Elle avait un message à faire passer à M.Ulrich, elle devait traverser le lycée entier.
- Alors pourquoi je n'ai jamais entendu parler de lui ?
- Elle... C'est une femelle, un peu de respect tout de même. Elle est nouvelle, c'est un cadeau d'une relation, et je vous prie de ne pas vouloir fouiner dans mes affaires personnelles... Et puis franchement, qui voudrait partager des informations avec un surveillant comme vous Firmin ?
- Mais... Il... Elle s'est tirée en courant comme pour s'enfuir. On peut pas s'échapper comme ça quand on n'a pas quelque chose à cacher !
- Ça, c'est un autre problème... Vous vous rendez compte qu'on entend votre vacarme dans tout l'établissement espèce d'inconscient ?! Vous dérangez l'examen d'étude commune à cause de vos histoires ! Qui ne s'enfuirait pas quand quelqu'un nous court après en hurlant ?
- Mais... Monsieur Nikolaï... Je... C'est...
- Ne dites plus rien Firmin, vous m'ennuyez... Maintenant tirez vous après vous être excusé auprès d'Anna. Et attendez vous à voir votre fiche de paie revue, et sûrement pas à la hausse...
- B... Bien monsieur... Désolé du dérangement.

Après s'être courbé devant moi et avoir marmonné des excuses arrachées de forces, l'homme qui m'avait poursuivit prit la porte. Il s'en alla la tête baissée, déçu d'avoir été traité ainsi. Au moment où la porte se ferma, je pus enfin me calmer. Toute la pression descendit d'un coup, je tremblais comme une feuille face au vent d'automne. La descente d'adrénaline me faisait aussi mal au cœur, j'avais vraiment éprouvé beaucoup de peur. Maintenant, tout allait pour le mieux, j'étais hors de danger, j'étais enfin en sécurité. Du moins, c'est ce que j'espérais. Alors que j'essayais de retrouver une respiration convenable, le professeur qui était à mes côtés ne tourna pas autour du pot :

- Anna... C'est bien toi ? C'est quoi cette histoire ?

Il s'était encore plus approché de mon visage, il me dévisageait avec un une tête déconcertée. Il aspira une grande quantité de fumée et la souffla à côté de moi. Je sentais tout de même l'horrible odeur de tabac fumé, elle me dégoutait. Je toussais même sur le coup, alors que le nuage gris ne m'avait pas atteint. Le professeur fit demi tour, sortit de nul part deux tabourets et remplit un bécher avec de l'eau, qu'il me tendit gentiment. Je le remerciais en hochant timidement de la tête. Boire un peu d'eau fraîche après un tel événement était agréable. Pendant que je me désaltérais, le chercheur m'examinait sous toutes mes coutures. Je le fascinais énormément, je n'arrivais pas à comprendre pourquoi, et ça me mettait un peu mal à l'aise. Une fois que j'avais vidé le verre improvisé, il me le prit, le posa sur la table à côté de lui et continua :

- Maintenant que tout est tranquille, tu peux me raconter ce que tu fous ici ? Pourquoi n'es tu pas avec ton dresseur ? Et aussi... Pourquoi tu parles ?
- ...
- Je t'ai entendu Anna, ça sert à rien de faire les muettes...
- Je... J'évolué... Un mois maintenant. Je parler depuis moi... Evolution.
- J'ai remarqué ça, maintenant tu es devenue Lucario, félicitations.
- Rode passer examen... Même si moi veux pas...
- Pourquoi tu es contre son passage ? Il y est obligé de toutes façon, même si il veut faire son voyage initiatique.
- Depuis un mois, il battu, presque mort... Moi évolue, pour protéger Rode. A cause Jack... Il le taper... Fort... Rode avait mal. Je devais protéger Rode...

Raconter tout ceci était trop dur pour moi, je n'arrivais pas à faire face à ces souvenirs. J'étais faible à ce moment là, mon maître aurait pu mourir, il a reçu ces blessures à cause de moi. Mes spasmes respiratoires revenaient de plus belle, des larmes coulaient contre ma volonté. Je n'arrivais même pas à retenir mes propres émotions, je suis faible. Une main essuya ma joue, j'ouvris les yeux, surprise. C'était le professeur, il avait un visage interrogatif, mais il avait l'air d'essayer de me consoler. Il me demanda, avec un drôle d'air :

- Je sais pas pourquoi tu pleures, mais si c'est à cause de Rode, tu peux te calmer. Si il passe l'examen en ce moment, c'est qu'il va plutôt bien. Tu n'as pas à t'en faire, il est assez résistant comme gosse, un peu borné sur les bords certes, mais il est motivé.
- Mais... Il blessé partout.
- Tu n'as pas à culpabiliser, il sait ce qu'il fait. De toutes façon, je lui ai déjà dit, il aura forcément son examen. Depuis le début de l'année, il a toujours des notes optimales. Il n'a pas fait une faute à aucun de ses contrôles, je n'ai jamais vu ça.
- Il... Tout parfait ?
- Oui, je ne pensais pas que l'on pouvait obtenir un tel score... En tout cas, c'est pas fait par hasard, il a quelque chose derrière la tête... J'aimerais tellement savoir pourquoi...
- Moi aussi.
- Dis Anna... Je sais que dit comme ça, ça fait pas très appréciable... Mais je peux te demander un truc ?
- Heu... Oui ?
- Je peux te mesurer, récolter des données et te faire passer des tests ?
- Pourquoi ? Je... Rode...
- T'inquiètes, je te passerais un papier qui dira de te laisser tranquille. Et ton dresseur est en contrôle jusqu'à midi. Je peux faire des études sur toi ? T'es la première de ton espèce sous mes yeux. S'il te plaîîîît...

Le chercheur que je connaissais, qui était si sérieux et appliqué, n'était plus du tout le même. Il s'était penché, joint les deux mains, était presque à genoux et affichait une mine tristounette sur son long visage. Il avait l'air d'un enfant qui demandait quelque chose à sa mère. Sa position me faisait un peu rire, j'essayais de rester discrète par politesse, mais il l'avait vu, il se mettait à sourire. Il continua à me demander, toujours avec une voix d'enfant. Je finissais par accepter, je lui devais énormément, j'avais bien le droit de faire ce qu'il me demandait. Il sautilla partout de joie, il était vraiment comme un enfant, malgré son âge, sa profession et son caractère. Il lança quelques programmes de test en sifflotant sur son ordinateur et il sortit un bloque note avec un crayon bien taillé. Il avait l'air d'aimer ça, les recherches. Une fois que tout avait l'air prêt, il me lança, d'un ton enjoué avec un grand sourire :

- Prête Anna ?
- Prête monsieur...
- C'est partit pour le test numéro 1... J'adore mon job.

Lycée d'Unionpolis : 12h32

- Alors ? Tout c'est bien passé ?

J'étais enfin avec mon maître, les épreuves du matin étaient passées. Il allait reprendre à 14h pour finir six heures plus tard, les épreuves étaient vraiment longues. Nous nous étions posés dans un coin de l'établissement, loin de tout le monde pour être tranquille pendant le repas. Rode avait déjà commencé sa part, il avait l'air d'avoir vraiment faim. Je ne mangeais pas tout de suite, tous les évènements de la matinée m'avaient un peu coupé l'appétit. Mon dresseur le remarqua, il me regarda curieusement, puis me demanda entre deux bouchées de riz blanc :

-Qu'est ce qu'il y a ? Tu n'as pas faim ?
" -Non, tout va bien, je suis juste... Pensive. "
-J'ai l'impression que c'est à cause de cette matinée... Tu veux rentrer à la maison ?
" -Non ! Il faudra que je te ramène, je ne veux pas t'abandonner ! "
-Okay calme toi ! Je ne voulais pas t'énerver.
" -Excuse moi Rode... Je n'aurais pas dû te répondre comme ça, je suis tellement désolée... "
-Y'a pas de soucis. T'as l'air quand même émotive on dirait aujourd'hui ! Lança mon maître sur un ton de plaisanterie.
" -Peut être... "
-Si ça vient de ce matin... Tu peux me raconter comment ça s'est passé ?

J'acceptais sa proposition, en parler était sûrement la meilleure solution. Je me mis à raconter mon petit voyage, que j'avais suivie à la lettre ses indications. Une fois arrivée au troisième étage, une course poursuite avec un surveillant débuta. Je sentais beaucoup de surprise et un peu de culpabilité venant du cœur de mon maître. Je racontais ensuite que j'étais arrivée au laboratoire du chercheur et qu'il m'avait protégée de cet homme en qui je n'aurais jamais confiance. J'avais omis les indications à propos de la créature qui m'avait guidé et surtout du fait que j'avais parlé au professeur Nikolaï. Si mon maître savait tout ceci, il risquerait de s'énerver. Après avoir fini mon récit, il se mit à réfléchir quelques secondes. Il se mit ensuite à me fixer avec un regard interrogatif, mais avec les sourcils légèrement froncés. Il avait l'air d'avoir quelque chose à me dire, je sentais que je n'allais pas aimer ça :

"- Qu'est ce qu'il y a Rode ? "
- Il t'a juste aidée comme ça ?
"- Comment ça ? "
- Je veux dire... Il était en train de bosser, il entend une porte qui s'ouvre brusquement. Il se retourne et arrive nez à nez avec un Lucario arrivant de nul part. Il décide de t'aider ?
"- Où est le problème ? "
- Anna... Personne à par moi et Jeanne ne sait que tu as évolué... Si il ne savait rien, il n'allait pas aider un Pokémon qui risquait d'être un fugitif.
"- J'ai... Écrit mon nom sur le tableau, il a vite comprit qu'il s'agissait de moi. "
- Arrête de mentir Anna... Un mec te poursuivait, tu avais tout sauf le temps d'écrire quoi que ce soit. Dis moi la vérité.

Le scénario que j'avais imaginé et surtout redouté s'était produit. J'avais peur que Rode trouve par lui même les erreurs que j'avais commise. Depuis le temps où je suis à ses côtés, j'avais remarqué qu'il était doté de capacités de déductions supérieures aux autres. Il était vraiment intelligent et surtout très observateur. Il était capable de raconter l'itinéraire de Jeanne dans la journée rien qu'en la regardant de la tête aux pieds. Encore une fois, il avait trouvé juste, il avait comprit que je lui avais menti. Il me regardait avec un visage beaucoup plus méfiant maintenant. J'avais l'impression qu'il m'en voulait énormément. Je n'avais plus le choix, il fallait que je lui dise ce que j'avais fait, je n'avais plus le choix. Il fallait maintenant que j'affronte son jugement :

"- Je... J'ai... Fait... "
- Tu as fait quoi Anna ?
"- Je... Lui ai dit... Mon nom. "

De toute mon existence, ces mots devaient être les plus durs à prononcer. Encore une fois, la peur s'installa en moi. Quand j'avais expliqué comment j'avais procédé, mon maître était resté immobile. Il me regardait avec des yeux ronds, complètement médusés. Il savait maintenant que j'avais transgressé une de ses règles. C'était de ma faute, je n'aurais pas dû me faire voir, tout était à cause de moi si on en était arrivé là. Tout à cause de ma faiblesse, j'étais faible.

- C'est pas de ta faute Anna.
- Quoi ?
- Chuuut Anna ! T'es pas sensée parler là...
«- Je suis désolée ! Excuse moi je t'en pries ! »
- C'est pas à toi d'être désolée. J'aurais dû mieux te prévenir à propos des pions... Et puis, si tu ne lui avais pas dit qui tu étais, je ne t'aurais sans doute jamais revu... Tu as fait le bon choix. Je suis fier de toi.

J'étais complètement surprise. Il... Était fier de moi ? Il me fait confiance à ce point ? Il me regardait tendrement, avec un petit sourire. Il avait toujours ce visage quand je réussissais quelque chose de dur, où quand on passait un bon moment ensemble. Je croyais ce qu'il me disait, j'étais heureuse avec lui, je n'ai plus peur maintenant. Une nouvelle perle coula du coin de mon œil, mais c'était de la joie, je suis tellement fière d'être son Pokémon. Je ne pouvais m'empêcher de sourire de joie, j'allais tellement mieux après lui avoir dit tout ça. Cela avait l'air de lui faire plaisir lui aussi, il me répondit avec un autre grand sourire. J'essuyais rapidement la petite larme du revers de la main et me mis à manger mon repas de bon cœur, j'avais remarqué que j'avais vraiment faim à ce moment là. Après avoir vidé et rangé les boîtes à repas dans le sac de mon maître, je l'aidais à le relever. Nous devions retourner au laboratoire du professeur Nikolaï, il m'avait demandé que Rode vienne lui parler.
Pendant que nous traversions les longs couloirs de l'établissement scolaire, mon maître avait le regard perdu devant lui. Je le remarquais rapidement, je lui demandais donc, avec un peu de crainte dans le cœur :

"- Il y a quelque chose qui ne va pas Rode ? "
- Je me demande... Est ce qu'il y a quelque chose d'autre que tu me caches ?
"- ... Non Rode, rien du tout... "
-Bien... Excuse moi de te l'avoir demandé, je voulais juste savoir.
"- Ce n'est pas grave, je te comprends parfaitement. "

Je lui avais menti encore une fois. Ces paroles me pesaient sur le cœur, mais il fallait que je garde tout ceci pour moi, il fallait que je les supporte. Il ne devait pas savoir à propos de cette créature qui m'avait aidé. Si jamais un jour il apprenait ceci, il ne me verrait plus jamais de la même façon, et je ne le voulais en aucun cas. Pour que notre monde ensemble puisse voir le jour, il faut que je reste comme je suis. Tout simplement parce que je suis un Pokémon, et il est mon dresseur.