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Emanation de Kitsuninu



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Informations

» Auteur : Kitsuninu - Voir le profil
» Créé le 31/05/2014 à 16:37
» Dernière mise à jour le 09/06/2014 à 20:31

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Chapitre 1 : Au coin du couloir
Un cri strident vrilla les tympans de l'adolescente. Mais celle-ci ne réagit pas immédiatement, trop occupée à tenter de juguler la douleur qui, d'abord naissant au niveau de ses côtes, avait fini par irradier tout son buste. Cela lui tira un gémissement pénible, et elle s'empressa de compresser la partie la plus douloureuse. La vue brouillée par les larmes, Loreleï leva néanmoins les yeux vers ce qu'elle avait percuté.
Ce qu'elle vit ne fit qu'accentuer son mal-être.

Devant elle se tenait un petit garçon, probablement en sixième, qui la fixait comme s'il avait vu un revenant. On sentait la peur suinter à travers toutes les pores de sa peau, le pauvre enfant tremblait de tout son corps et restait comme paralysé. À ses pieds, l'adolescente découvrit avec effarement les débris d'une statuette en pierre.
Elle commençait à comprendre.

« Tu... C... C'EST LE MOOONSTRE ! »

Le garçonnet, n'y tenant plus, déguerpit comme un lièvre et disparut au tournant du couloir.
Essoufflée et amoindrie par sa blessure aux côtes, Loreleï se laissa tomber par terre, dos au mur. Elle essaya de reprendre lentement son souffle. Grimaça.
Respirer lui était devenu un véritable supplice.
Mais quelque chose gênait toujours la jeune fille, quelque chose qu'elle ne comprenait pas. Pourquoi le garçon avait-il fui à son approche ? Elle l'avait entendu la traiter de monstre – y ayant été habituée plus jeune, elle ne s'en était pas offusquée -, mais maintenant qu'elle avait ses lunettes, il n'y avait plus de raisons de...

Le cœur de la jeune fille rata un battement. Ses lunettes ! Ses lunettes n'étaient plus sur son nez !
Complètement affolée, Loreleï se mit à chercher frénétiquement ses précieux verres fumés. C'était une véritable catastrophe. Si elle ne les retrouvait pas... Qui sait ce qui pourrait arriver ?

Soudain, un bruit de pas retentit dans le corridor. L'adolescente stoppa net ses recherches et tendit l'oreille. Ses yeux s'écarquillèrent en reconnaissant la nature des pas. Un professeur arrivait dans sa direction !
Vite, Loreleï se mit à chercher, à chercher partout ; mais même lorsqu'elle crut avoir passé tout le bout de couloir au peigne fin, ses lunettes restaient invisibles. La peur commençait vraiment à lui monter à la gorge.
Soudain, en regardant vers le lieu de l'incident, la jeune fille eut une illumination. La statuette ! Ses lunettes se cachaient peut-être parmi les débris !
Et elle se mit à pousser tous les éclats de pierre, les soustrayant par la même occasion à la vue du professeur qui ne tarderait pas à arriver. Selon ce qu'elle percevait de la démarche de l'adulte, il n'allait pas tarder à tourner dans sa direction...

« Mademoiselle Kermennec ? » interrogea une voix, surprise.

Loreleï sursauta violemment et se redressa d'un bond. Elle se retourna aussi sec vers l'adulte qui l'avait interpellée de la sorte, faisant en sorte de cacher les débris au mieux avec ses pieds. Elle se composa une mine souriante et légèrement surprise – elle n'eut pas trop de mal de ce côté, ayant failli frôler la crise cardiaque à l'entente de son nom – et répondit au professeur :

- Bonjour monsieur. Excusez-moi, je me suis égarée... Je n'ai pas l'habitude de venir dans cette aile du complexe.
- Il n'y a pas de mal, je m'y perds moi-même encore un peu. À vrai dire, je n'ai jamais réussi qu'à trouver le chemin de ma salle de cours en Combat de Pokémon !

Le professeur adressa à la jeune fille un sourire franc et rassurant. Loreleï lui répondit de même. Ce prof avait le chic pour mettre les gens à l'aise.

Se sentant assez disposée, l'adolescente engagea une conversation avec le jeune professeur. Elle apprit ainsi qu'il s'agissait de M. Abalan, un stagiaire d'une vingtaine d'années qui allait remplacer le professeur de Combat de Pokémon pour le premier trimestre, ce dernier ayant eu un accident durant un match aérien. D'ailleurs, il allait justement enseigner dans la classe de Loreleï, et avait pris par erreur un détour qui lui avait fait perdre pas mal de temps – bien qu'il ait un peu appris à se repérer dans l'orphelinat pendant les grandes vacances. La jeune fille s'apprêtait à lui demander à quel point ils étaient en retard lorsque soudain, un craquement sonore retentit derrière elle.
Loreleï jura intérieurement. Et flûte, les lunettes !

Intrigué, M. Abalan voulut voir ce qui s'était brisé ainsi, mais Loreleï le stoppa net :

« Ne vous en faites pas, professeur, c'est sûrement le bois qui travaille. L'établissement n'est plus tout jeune, vous savez. »

Le jeune homme acquiesça en souriant.

- Dites, mademoiselle, auriez-vous par hasard une montre à me prêter ? La mienne s'est arrêtée il y a peu et j'ai oublié d'en changer les piles.
- Non, désolée, monsieur. Mais je puis vous dire avec certitude que le cours a déjà commencé depuis peu, et que nous devrions nous dépêcher de crainte d'être trop en retard.
- Vous avez raison. Suivez-moi, je crois savoir où se trouve approximativement la salle 28.


Et Loreleï et le professeur se dirigèrent à travers les sombres couloirs de l'orphelinat, vers la si recherchée salle 28.


*
* *


Loreleï n'en croyait pas ses oreilles. Elle avait réussi à trouver son professeur de Combat et, par la même occasion, elle allait enfin entrer dans la fameuse salle de cours ! C'était inespéré. La Providence avait fait du bon travail, pour une fois.

La jeune fille se surprit à penser à M. Abalan. Elle tenta d'arrêter, mais rien à faire, le jeune homme ne voulait pas partir de ses pensées. C'était vrai qu'il était plutôt beau garçon...
Loreleï se secoua une bonne fois pour toutes. Les humains étaient tous des idiots égoïstes et vaniteux. Celui-là était juste un peu moins hypocrite que les autres.

Confortée par cette certitude, Loreleï posa un regard de défi sur le professeur. Celui-ci, sentant qu'on l'observait, se retourna et sourit à l'adolescente. La jeune fille se sentit rosir et détourna les yeux.
Et la marche continua.