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Une radio, un pendentif et une tablette de chocolat. de TheMizuHanta



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» Auteur : TheMizuHanta - Voir le profil
» Créé le 09/05/2014 à 22:20
» Dernière mise à jour le 17/10/2014 à 20:37

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Chapitre 14: Douleur au réveil, mais toujours en plein rêve.
Lieu inconnu : ??h ??

Je suis dans un endroit sombre, je n'ai aucune idée de ce qui m'entoure. Il n'y a aucun bruit, aucune chaleur, pas même une quelconque sensation. Je ne peux pas bouger, je suis bloqué dans une position allongée et la moindre tentative de me relever me fais infliger une intense douleur dans le corps entier. Chaque inspiration et expiration m'écrasent les côtes, je suis à la limite de suffoquer. Je commence à perdre rapidement mon calme, ce genre d'endroit m'inspire la crainte. Est ce que je suis en prison ? M'a-t-on emmené dans un endroit loin de chez moi ? Suis je loin de Jeanne et d'Anna ? Je commençais à me rappeler des dernières choses qui m'étaient arrivées.
Je me souviens que l'on était le jour de l'anniversaire d'Anna. Je lui avais offert une tablette de chocolat, de la même marque que le premier jour, rien que pour elle. J'en avais profité pour lui raconter mon passé, mon cauchemar, mes blessures. Après avoir apprit tout ça, elle m'avais accepté tel que j'étais, je me sentais libéré de mes chaînes qui m'entravaient depuis plus de dix ans. Nous étions allés ensemble devant la tombe de mon père, il fallait qu'elle le rencontre au moins une fois. Nous avions ensuite décidé de rentrer à la maison, il était à ce moment là très tard, Jeanne n'aurait pas apprécié le fait qu'elle soit seule ainsi.
Malheureusement, quelqu'un en avait décidé autrement, il s'agissait de Jack, ce mec qui prenait du plaisir à répandre le mal et la douleur aux gens. Il voulait faire combattre Anna, je l'en avais empêché il y a un an car elle ne savait pas comment se battre, je voulais la protéger. Encore une fois, j'avais refusé le combat, je savais que ma Riolu était capable de combattre ce jour là, mais il s'agissait de son anniversaire, je ne voulais pas qu'elle se blesse. Prit d'un accès de rage, il avait donc décidé de combattre contre moi à la place de mon Pokémon, il se jeta sur moi, avec une barre de fer à la main. Mon Pokémon s'interposa entre lui et moi pendant l'instant de la charge, je n'étais pas concentré sur lui, je ne faisais attention à rien. Il avait dit des choses blessantes à propos d'Anna, et je n'avais pas réagit à temps. Quand je vis qu'elle voulait prendre le coup à ma place, je la poussais alors violement sur le côté, je ne voulais pas qu'elle se blesse par ma faute. La douleur à l'impact contre mon épaule était intense, je crois qu'il m'avait cassé un os par sa force. J'engageais alors contre Jack on combat rapidement déséquilibré à cause de l'arme qu'il avait à la main. Je me souvenais aussi qu'Anna se fit avoir, elle se fit attaquer par derrière par Killer, l'Embrylex qui agissait sous les ordre de mon adversaire. Elle se faisait écraser au sol par le Pokémon Peaupierre, je sentais qu'elle avait mal, elle souffrait à cause du Pokémon de Jack. Je me dirigeais vers elle afin de la sauver, de la délivrer de l'entrave qu'elle subissait à cause de moi, mais je pris un coup de je ne sais où. La mémoire de ce qu'il se passa ensuite m'échappa totalement, je perdis connaissance probablement. Ou alors il s'agissait d'autre chose, pourquoi je ne me souviens pas de ce qu'il se passa ensuite. Et si je n'étais pas inconscient ? Si je ne me souviens plus de ce qu'il m'arriva ensuite, si j'étais alors à la merci de Jack. Alors dans ce cas, cet endroit noir où rien n'existe, s'agit il du néant ? Cela veut dire que je suis mort ? Je vais être jugé par Arceus, le créateur de tout. Je suis tout seul ? Où sont Jeanne et Anna ? Ma Riolu est encore en train de souffrir, toujours sous l'emprise de l'Embrylex. Les mêmes images continuent de défiler dans mon esprit, Anna avait mal, il fallait l'aider à tout prix. Mon cœur battait de plus en plus fort, ma respiration devenait incontrôlable, je devais passer au dessus de la douleur. J'utilisais toutes mes forces pour ouvrir les yeux, pour me relever, pour sauver Anna.

Lieu inconnu : ??h ??

Je suis maintenant en position assise, en appuis sur mes mains, elles me font horriblement mal. Ma vue était totalement brouillée, les couleurs se mélangeaient, mes oreilles faisaient un sifflement strident. Je n'arrive pas à comprendre où est ce que je me trouve, je me perds de partout, je n'arrive pas à me mettre debout. Quelque chose de bleu se mit à surgir à ma droite, une tâche venue de nul part qui se rapprochait dangereusement de moi, je pouvais sentir son souffle sur mon visage. La chose me faisait extrêmement peur, j'essayais de m'éloigner d'elle, mais la douleur revint et me coupa les bras où j'étais appuyé, je m'écroulais alors sur le sol. La tâche se pencha rapidement sur moi, j'avais peur qu'elle m'attaque. J'essayais alors de l'éloigner avec mes bras endoloris, ma peur me criait de réagir, de l'empêcher de s'approcher de moi. Sauf que la chose m'attrapa les poignets, elle les serrait extrêmement fort, la douleur était insoutenable, je criais de douleur. J'avais de plus en plus peur, j'essayais de me dégager de la prise de la chose, et pourtant je sentais une drôle de sensation.
Une voix essayait de me parler, mais je n'arrivais pas à l'entendre, ou je ne l'écoutais pas, il fallait que je sorte de cet endroit. Il fallait à tout prix que je me détache de l'entrave que m'imposait la tâche. Je continuais de secouer mes bras malgré la douleur intense, mais je n'arrivais pas à me dégager. Bizarrement, moins je tentais de sortir de cette prison, plus la voix devenait audible. Petit à petit, ma vue commençait à se préciser, les couleurs s'unifiaient et les choses devenaient perceptibles. Je commençais à déterminer une voix féminine, les paroles venaient de mes poignets et résonnaient dans ma tête. Je commençais enfin à les comprendre, elles se répétaient, toujours et encore :

- Calme toi Rode, calme toi je t'en supplie.

Appartement : 17h47

Ça y est, je suis maintenant calme, ma vue ainsi que mon ouïe sont revenues à la normales. Je sens que ma respiration ainsi que mon rythme cardiaque ralentissent, la pression sur mes poignets se desserrent et se posent doucement à mes côtés. Je commence à sentir une douce couverture sur mon corps, le sol est doux et moelleux, je suis donc dans un lit. Je commence à scruter les alentours afin d'avoir une idée de ce qui m'entoure. Apres avoir observé le plafond et le mur collé au lit à ma droite, qui en passant a une fenêtre, j'ai l'impression que je suis dans ma chambre. Je remarque aussi au toucher que mon corps entier est recouvert de bandages et de plâtres, j'ai l'impression d'être une momie. Je penchais alors ma tête vers la droite, je voulais savoir à quoi correspondait la tâche bleue qui m'avait attaquée.
J'avais du mal à la cerner, elle avait une forme humanoïde et devait mesurer dans les 1m80, elle était debout, à côté de moi. Différentes couleurs arboraient son corps, des mollets noirs, cuisses bleues un peu plus développées, un corps jaune avec des bras noirs sur les côtés ainsi qu'un visage bleu avec différentes bandes noires. Il s'agissait sûrement d'un Pokémon, mais je n'avais aucune idée de qui il s'agissait ? La créature était en train de me fixer, avec des yeux tantôt apeurés, attendris ou attentifs. Ses grandes oreilles étaient dressées vers moi, prêtes à capter le moindre son venant de ma personne. Le Pokémon avait l'air extrêmement intéressé à moi, mais je n'arrivais pas à comprendre à quelle espèce il appartient, et cela m'énervait. Je me concentrais le plus possible, il fallait que je détermine son espèce, ce dernier avait du mal à soutenir mon regard. Prit d'un semblant de timidité, il baissa et tourna la tête sur le côté, et un nouveau détail me rafraîchit la mémoire.
Le Pokémon portait autour du cou un ruban de couleur azur. Il y était attaché à l'aide d'un beau nœud, mais l'une de ses extrémités était à moitié arrachée. Ce ruban m'amenait un grand nombre de souvenirs, tout me revenait à l'esprit. La rencontre, les entraînements, les combats, les leçons, l'anniversaire. Je me risquais alors, afin d'essayer de reconnaître celle qui est à mes côtés :

- Anna ?

Tout à coup, le regard fatigué du Pokémon à ma droite s'illumina immédiatement après que j'ai prononcé son nom. Elle se leva brusquement de la chaise sur laquelle elle était et me regardait avec un sourire radieux et rassuré. Elle me prit doucement la main droite, en faisant attention à ne pas me faire mal. Je sentais à ce moment là une douce chaleur se répandre dans mon corps, une sensation douce et rassurante. Le fait que j'arrive à la reconnaître avait l'air de la rassurer énormément. Une petite perle de larme restait même sur le coin de son œil, elle l'effaça rapidement d'un doux sourire, comme pour dire que tout va bien. Elle se mit à regarder ensuite mon corps tout entier, un visage tout de même attristé s'affichait. Elle avait l'air tout de même d'avoir énormément de peine quand à mon état. Il fallait tout de même que je la rassure, je lui murmurais en souriant :

- Ne t'inquiètes pas Anna, je vais plutôt bien. On dirait quand même que j'ai eu pas mal de difficultés à te reconnaître, il faut dire que t'as pas mal changé...

Elle acquiesça avec un doux hochement de tête. Elle avait maintenant retrouvé un joli sourire, lui dire que j'allais bien lui avait sûrement fait remonter le moral. Je remarquais que malgré son sourire et son apparente joie, ses yeux étaient abîmés par des énormes cernes. Son visage était épuisé à la première vue, on dirait qu'elle n'a pas dormi depuis un très long moment. Est elle restée à mon chevet pendant toute la période où j'étais inconscient ? Dans ce cas, depuis combien de temps est elle à mes côtés sans jamais avoir fermé les yeux ? Combien de jours ai je dormi pour qu'elle soit dans un tel état ? Toutes ces questions allaient sans doutes rester sans réponse à jamais.
Pendant que je cherchais un moyen à déterminer le temps de ma convalescence, Anna se leva doucement de sa chaise. Elle se dirigea en essayant de faire le moins de bruit possible vers la porte menant au couloir. Surpris par sa réaction, je voulais savoir ce qu'elle allait faire :

- Anna ?
- Oui ?

...

Quoi ? J'ai pas rêvé ? Je regarde autour de moi, me mis à scruter tout ce qui m'entourait. Non, personne n'était dans cette pièce, personne d'autre qu'Anna et moi ne se trouve dans ma chambre. J'avais entendu la douce voix d'une jeune femme d'environ vingt ans, claire et pure. Une question résonnait dans ma tête en boucle. Est ce que c'était mon Pokémon qui venait de parler ? Je n'arrivais pas à y croire, cette histoire me semblait impossible. Malgré le fait que mon esprit était fixé sur le fait qu'elle parle le langage humain soit inconcevable, je tentais de confirmer mes soupçons :

- Anna... C'est toi qui viens de parler ?
- Je...Oui...

Elle s'était retournée vers moi, avec un visage entre la surprise et la tristesse. Elle montrait son visage pour me prouver que la voix que j'entendais venait vraiment d'elle. Ses yeux étaient rivés vers le sol, elle n'arrivait pas à soutenir mon regard incrédule. Tout ceci me dépassait, mon Pokémon est en train de parler ? Personne n'a jamais entendu ou aperçu une créature pareille parler la langue humaine ! Ce n'est pas sensé exister ! Le fait qu'elle ne rentre pas dans une Pokéball, ou se soigne par elle même est déjà franchement suspect, mais là, c'était le summum.
Peu à peu, contre ma volonté, cette idée que je me faisais d'Anna depuis un certain temps se confirmait. Je me souviens du jour où, après un entraînement, je m'étais réfugié seul sous l'arbre de la sentence. Toutes ces histoires me turlupinaient déjà, et je n'ai pas réussi à tirer une conclusion du cas de mon Pokémon ce jour là. Au fil des jours et des semaines, mon esprit agissait en quelques sortes contre ma volonté et continuait de creuser pour trouver une solution. Je m'étais même réveillé en pleine nuit au moment où j'avais trouvé la réponse la plus probable. Je n'arrivais toujours pas à y croire, mais à en réfléchir, tout commençait à concorder. Rentrer dans une Pokéball lui est impossible, elle arrive à parler comme un être humain, elle arrive à utiliser des objets conçus par les humains. Alors que je la niais tous les jours, cette théorie se confirmait par elle même. Et si Anna, celle que je considère comme un Pokémon depuis tant de temps... Etait en réalité...

- Je... Devrais pas... Moi parler ?

Elle avait du mal à articuler ses phrases et n'arrivait pas à enchaîner correctement ses mots. Sa façon de parler m'amusait un peu, même si j'étais persuadé qu'elle devait faire de son mieux pour être compréhensible. Mais attendez... Qu'est ce qu'elle vient de sortir là ?! Pourquoi j'ai l'impression qu'elle vient de comprendre ce que je viens de penser ? J'ai carrément la sensation qu'elle est capable de ressentir tout ce qui m'est passé par la tête depuis que je suis réveillé. Dès lors que ces pensées traversaient mon esprit, Anna s'était couvert le torse de ses avants bras, elle avait l'air carrément terrorisée à regarder son visage. Je lui demandais, incrédule :

- D'où tu sors tout ça ? De quoi parles tu ?
- J'entends ce... Que toi penses...
- C'est une blague Anna ?! C'est pas drôle !
- Je comprends... Pas... Rien du tout... Je... Monstre ? Je suis monstre !

Lorsqu'elle avait fait cette conclusion, elle enfouit son visage entre les mains. Je l'entendais, je le sentais au plus profond de mon être, elle pleurait à chaudes larmes. Elle était torturée par cette idée, et moi, je lui avais tout simplement crié dessus sur le coup de la colère. C'était même moi qui lui avait enfoncé cette idée dans le crâne, même si ce n'était pas exactement ce que je pensais d'elle. Le monstre dans cette histoire, c'était uniquement moi, et personne d'autre. J'essayais de sortir de mon lit, il fallait que je la console, que je la rassure, qu'elle ne se sente pas fautive. Tout ce qui lui arrivait maintenant n'était sûrement pas de sa faute, elle n'est pas un monstre, mais une victime.
Alors que je tentais de me relever, pour atteindre mon Pokémon, la douleur refit surface et frappa de plus belle. Elle s'attaquait à mes bras endoloris qui tentaient de soulever péniblement mon corps lourd à cause des bandages et des plâtres. Je n'allais pas m'écrouler encore une fois sur mon matelas, mais j'allais tomber sur le sol, au pied de mon lit. Je n'arrivais plus à dire ou crier quoi que ce soit. Je sentais à l'avance mon crâne cogner contre le plancher, et vu mon état, je ne savais pas si j'allais m'en remettre. Ça y est, je suis vraiment en danger, je sens qu'il va m'arriver un grand danger et je suis tout seul pour m'en sortir.
Tout à coup, d'une rapidité fulgurante, une ombre se dessina au dessus de moi. Je sentais une présence qui se dirigeait extrêmement vite vers moi. Deux bras qui alliaient force et douceur me chopèrent en plein vol. Ces mêmes bras me retournèrent, en faisant attention à ne pas me faire mal. Je pouvais voir de près le visage de mon Pokémon, ses joues baignaient dans ses larmes roulantes, elle n'avait pas prit le temps d'essuyer son doux visage. Elle me fixait avec ses grands yeux aussi brillants qu'apeurés, m'avoir vu en danger était loin de la mettre en état calme. Elle me demanda, avec sa voix encore tremblante à cause de la tristesse et la peur :

- Tu bien ? Va bien ?!
- T'en fais pas Anna... Tu m'as sauvé.

Malgré la douleur intense que me provoquaient les évènements, j'essayais de sourire pour qu'elle se sente mieux. Elle avait l'air de continuer de pleurer, non pas seulement à cause des pensées qu'elle avait en ce moment, mais aussi à la vue de toutes les blessures qui parcouraient mon corps. Elle essayait de me rendre mon sourire, mais le désespoir résonnait sans cesse dans son âme. Ses bras recommençaient à trembler, elle avait de plus en plus de mal à respirer calmement. Ses larmes repartaient de plus belle, elle se sentait fautive de tout ce qui m'étais arrivé. Il fallait que je fasse quelque chose. Je ne faisais plus attention à la douleur, tout ceci importait peu maintenant. Je levais péniblement le bras droit malgré mon épaule et mon bras cassé. J'approchais ma main pleine de bandages de sa joue, mes doigts étaient encore à l'air. J'essuyais alors toute l'eau qui coulait sur ses joues ravagées par l'épuisement et la tristesse avec mon pouce. Elle me demanda, avec beaucoup de surprise dans sa voix :

- Tu quoi fais ???
- T'as pas à te sentir fautive... T'es pas un monstre, tu es un Pokémon. Tu as tout fait pour me protéger, si tu avais laissé Jack continuer à me frapper, je serais mort... Tu m'as sauvé la vie, tu l'as encore fait ici et maintenant, tu es mon ange gardien.
- Je... Me...

Alors que je venais de doucement essuyer ses joues, des larmes recommençaient à couler. Mais cette fois, je ne sentais plus du désespoir ou de la culpabilité, mais je savais au plus profond de moi qu'elle était maintenant apaisée. Je sentais que son sourire était cette fois enfin naturel, elle était heureuse maintenant. Elle rapprocha doucement son corps du mien, en faisant attention à ne pas me blesser avec la pointe qui arborait son torse. Elle me serra doucement contre elle, murmurant sans cesse :

- Merci Rode... Merci.

Appartement : 18h12

- Tu voulais me voir Rody ?

Jeanne venait d'entrer dans ma chambre. J'ai demandé à Anna de me laisser seul avec elle. Elle n'a émit aucune objection, elle s'exécuta sans rien dire. Ma mère me regardait sans bruit, pour une fois, elle avait abandonné son magazine people sur la petite table du salon. Elle avait elle aussi un regard triste en me voyant tel une momie, le même qu'Anna avait de moi. Je la rassurais rapidement en expliquant que mon état s'améliorait. Cette affirmation lui arracha un petit sourire, mais je ne lui avais pas demandé de venir pour donner une idée de comment je vais :

- Maman, j'ai quelques questions à te poser... Cela ne te dérange pas ?
- Tout ce que tu veux Rode... Répondit elle en s'asseyant sur la chaise à mes côtés.
- Depuis combien de temps je suis en train de dormir ?
- Cela fait maintenant deux semaines que tu es inconscient...
- Et... Qu'est ce qu'il s'est passé il y a deux semaines ?
- Je vous attendais pour manger, il était tard et je commençais à en avoir marre que vous n'arriviez pas. Tout à coup, quelqu'un s'est mit à crier devant notre porte, vu l'heure, je me préparais à lui coller un gnon. Quand j'ai ouvert la porte, j'ai vu ton Pokémon, il avait complètement changé, il était très grand. Et tu étais dans ses bras, en sang de partout et les yeux clos. Anna pleurait beaucoup et me hurlait qu'il fallait te soigner, qu'il fallait te sauver sinon tu allais mourir. Alors on est partit en quatrième vitesse à l'hôpital, on est rapidement arrivé aux urgences, ton amie est très rapide. Tu as subis une opération pendant deux jours, tu as été ensuite en convalescence dans cette chambre, ton Pokémon n'avait pas confiance envers le personnel médical. J'ai donc fait une demande pour que tu restes ici, et après avoir bataillé, le médecin a accepté. Ça fait deux semaines que tu es resté ainsi en train de dormir.

D'accords... Cela fait donc deux semaines qu'Anna est restée à mes côtés, sans avoir dormi ne serait ce qu'une seconde. J'avais déjà mal pour elle rien que de penser à tout le stress que je lui avais donné à cause de moi. Je remarquais que pendant que Jeanne m'expliquait tout ce dont elle se souvenait, son visage subissait différents rictus ou têtes d'enterrement. Se rappeler tout ces souvenirs devait lui faire du mal à elle aussi, je n'allais pas lui poser plus de questions à propos de ça. Je me remettais donc à réfléchir au cas de mon Pokémon. Tout ceci me rendait perplexe, Anna avait déjà la capacité de parler pendant que j'étais inconscient. Cela veut dire que sa transformation a un rapport dans tout ça, et si elle avait évolué ? Tout ceci était plus que probable, elle avait dû éprouver une énorme émotion de désespoir quand à la vue de ma mise à tabac. Le fait que cette histoire se passait le même jour que son anniversaire était sûrement un autre facteur qui n'était pas à négliger. Je n'avais pas encore pris le temps d'étudier sa forme évoluée, il faudra faire de nombreuses recherches à la bibliothèque. Il fallait que j'obtienne à nouveau de plus en plus d'informations à propos d'elle, car elle est un Pokémon et je suis son dresseur.

Appartement : 18h47

- Tu dois fatigué... Toi reposer.

Jeanne avait cédé sa place de chaise à Anna, qui était revenue avec une pomme et un couteau à la main. Je remarquais aussi qu'à ma table de chevet reposait une assiette avec des quartiers de pomme flétris. Il y en avait trois, elle en avait sûrement prit un morceau pour elle, comme d'habitude. Elle avait sûrement fait ça dans le but de croire à mon réveil, cette observation me touchait énormément. Elle commença avec difficulté à me couper quatre tranches équivalentes dans ce beau fruit rond et rouge.
Je continuais de l'observer, et je n'arrivais pas à détacher mes yeux d'elle, tout dans son évolution avait changé. Son visage arborait maintenant de grandes oreilles prêtes à entendre n'importe quoi, deux paires de bandes charnues avaient poussées à l'arrière de son crâne. Son torse était vêtu d'une belle fourrure blonde immaculée, une pointe d'acier en arborait la poitrine. Ses cuisses étaient recouvertes par une sorte de short en muscles bleus et elle portait un semblant de ceinture noire. Deux pointes d'un gris-blanc brillant ornaient le dos des deux mains d'Anna, ils étaient un peu plus petits que celle sur la poitrine. Quelques courbes discrètes sur son corps donnaient à son air élancé une allure tout de même féminine. Tout chez elle avait évolué, mais une chose attira encore plus mon attention. Quand elle était encore Riolu, ses pupilles étaient d'un rouge vif, qui était comparable à celui du sang sortant encore frais de la plaie. Mais maintenant, ce rouge avait une teinte bordeaux. Ses yeux avaient la couleur du velours, ce tissu noble était maintenant capturé dans ses grandes et belles pupilles. Je n'arrivais pas à me lasser de la regarder ainsi, à contempler ses yeux profonds et attentifs.
Après m'avoir doucement tendu un quartier à mâchonner, elle mit sa patte droite devant la bouche pour cacher subtilement sa fatigue. Elle n'avait pas dormi depuis plus de deux semaines, la vue de son état me faisait mal. Elle me regardait bizarrement, pendant que je la fixais d'un regard triste. Après avoir avalé son quartier rien que pour elle, elle me demanda timidement :

- Quoi... Va pas ?
- Ça fait combien de temps que tu n'as pas dormi Anna ?
- Heu... Pas longtemps... Je vais bien. Toi reposer maintenant. Annonça-t-elle avec un sourire qui faisait encore plus ressortir ses cernes.
- Ça fait maintenant deux semaines que tu n'as pas fermé les yeux... Te voir ainsi me fais mal... Je peux te demander quelque chose ?
- Oui ? Tout que toi veux ! Lança-t-elle en se levant immédiatement de sa chaise, toute ouïe à recevoir ma demande.
- Tu peux... Dormir avec moi ?

Je m'étais un peu plus resserré contre le mur à ma gauche. Je relevais légèrement la couverture pour qu'elle puisse rentrer dans le lit plus facilement. Elle était carrément surprise par ce que je lui demandais. Elle refusa au premier abord, elle disait qu'elle tenait parfaitement bien la veillée. Elle se mit une nouvelle à bailler la gueule grande ouverte et une petite larme sur le coin de l'œil à cause de la fatigue. Son argument ne tenait plus vraiment la route. Je continuais à lui demander, et peu à peu, elle avait du mal à refuser.
Elle finit au bout de quelques minutes par céder, elle glissa doucement ses jambes sous la couette, en faisant attention à ne pas toucher mes blessures. Maintenant qu'elle avait sacrément grandit, on commençait à être serré dans ce lit simple. J'étais donc collé contre son corps, sa belle fourrure blonde était douce et me tenait au chaud. Je détachais doucement le ruban qu'elle avait au cou, c'était sûrement Killer qui l'avait abîmé ainsi. Je la pliais en plusieurs fois en faisant attention à ne pas laisser de marques sur la soie. Je demandais ensuite à mon Pokémon de poser son présent sur la table de chevet. Je posais ensuite mon oreille sur sa poitrine. Je sentais son cœur et sa respiration au creux de son torse. J'enlaçais son ventre avec mes bras en essayant de ne pas me faire mal. Je sentais une douce chaleur réparatrice se répandre à travers mon corps, garder les yeux ouverts était de plus en plus dur. Avant de sombrer dans un long sommeil, je chuchotais au creux de l'oreille de mon Pokémon :

- Bonne nuit Anna.
- Dors bien Rode.