Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Une radio, un pendentif et une tablette de chocolat. de TheMizuHanta



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : TheMizuHanta - Voir le profil
» Créé le 30/04/2014 à 01:00
» Dernière mise à jour le 17/10/2014 à 20:20

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre 13: Espoir, promesse, désespoir.
Parc d'Unionpolis : 20h52

- C'est ainsi que je perdis connaissance. C'est ainsi que se termina le jour de mon anniversaire, le jour de mes six ans...

Je regardais mon maître, ébahie. Il était adossé contre le mur, les bras autour des jambes, recroquevillé légèrement sur lui même. Il avait son regard vide fixé vers le sol, il ne regardait même pas l'horizon, pas même une seule fois pendant qu'il racontait son histoire. Jamais je n'aurais pu imaginer qu'il aurait pu subir une telle chose lors de son enfance. Il a été lors de ses six ans un choix.
Son père a dû faire un choix entre lui ou mon maître, il y a plus de dix ans. Cet homme avait dû choisir qui entre les deux devait mourir, et ce dernier avait pensé à un moment à tuer son propre fils. Malgré tout ceci, son père se suicida, afin de protéger une dernière fois son enfant. Il avait dû se tuer d'une balle de revolver dans la tête, tel était le jeu imposé par cet homme venu de nul part. Cet homme nommé Baptiste qui avait été prétendu tué par le père de Rode, mais il était revenu pour se venger. Il avait utilisé mon maître pour imposer un choix à John. Il utilisa ensuite un couteau pour infliger une marque à Rode, pour une raison que personne ne peut savoir. Il réussit à sortir de cette pièce et fut retrouvé dans la rue, les gens appelèrent les secours. Depuis ce jour, Rode ne fit plus confiance à personne, surtout à la justice. Il pensait que cette dernière était impuissante, elle ne servait à rien. Il s'était dit que désormais, lui seul pouvait arrêter cet homme qui est responsable de la vie qu'il mène maintenant.
Mon maître prit une profonde inspiration puis se tourna. Il me tourna le dos, je ne savais pas ce qu'il avait en tête. Il retira sa veste, elle s'étala contre l'herbe sur laquelle nous étions assis pendant plus d'une heure. Je commençais à comprendre ce qu'il voulu faire, il enleva aussi le t-shirt qu'il portait sur ses épaules. Il m'annonça :

- Ceci est la marque qu'il m'a laissé. Ce huit horizontal représente la boucle, l'infini. Cet homme a décidé d'en faire sa marque, ce qui le différenciait des autres. Depuis plus de dix ans, il ne s'est pas arrêté à moi et mon père, il voyage dans toute la région, en quête de nouvelles victimes. Sa méthode est toujours la même, deux personnes, l'une d'entre elle doit choisir lequel des deux doit survivre. Il laisse sa marque aux deux personnes et s'en va comme si de rien n'était. La différence avec moi, c'est que la personne qui survit ne tient pas plus de deux semaines. Elle finit toujours par se suicider, prise par les remords à cause de la mort de celui qui était avec eux, et à cause de la marque. Je suis le seul à pouvoir l'arrêter, tout simplement car je suis le seul qui a survécu à son épreuve, il n'a pas d'effet contre moi.

Je regardais la marque qu'il avait sur le dos. C'était effectivement un énorme huit à l'horizontal, une énorme cicatrice qui devait faire extrêmement mal. Mon maître gardait ses mains sur ses épaules, il se repliait de plus en plus sur lui, je sentais venant de lui une horrible sensation de douleur, de souffrance. Il commençait à trembler, ses mains se serraient de plus en plus sur lui. Il continua, avec de la peine qui imprégnait sa voix :

- Avant que tu ne dises quoi que ce soit, sache que personne n'a jamais vu cette marque. Tu es la seule à qui j'ai montré ceci, même Jeanne ne l'a jamais vu...

Rode était il sérieux ? Etais je la seule personne qui ait vu cette cicatrice, cette blessure ? Cette dernière avait l'air de faire tellement souffrir mon maître, autant physiquement que moralement. Je l'entendais, il commençait à renifler bruyamment. Je le voyais, il commençait à trembler et ses épaules sautaient au fil de ses respirations irrégulières. Il était en train de pleurer, devoir se remémorer tout ceci qu'il avait caché à tout le monde, même à sa mère. Je sentais, même si je n'étais pas dans son corps, que sa blessure le faisait souffrir. Je ne sais pourquoi, mais je sentais sa même souffrance, mon dos commençait à me brûler. Mes yeux commençaient eux aussi à faire couler des larmes, j'arrivais à peine à respirer. Il fallait que je fasse quelque chose, mon maître se sentait seul, exclu, torturé, je devais l'aider.
C'est sans réfléchir que j'avançais vers lui, toujours des larmes aux yeux. Je colla mon torse contre sa blessure, il commençait à avoir froid. Je sentais son cœur à travers son dos, je sentais aussi sa respiration. J'enlaçait son corps avec mes bras, afin de le protéger au mieux de la souffrance, afin qu'il ne se sente plus seul. Il prit mes deux mains avec les siennes. Je le sentais, ses larmes s'écrasaient sur mes mains. Je sentais en lui une chaleur se répandre, sa respiration s'adoucit, son cœur ralentit et il reniflait de moins en moins. Il me dit alors, avec la voix la plus douce que je n'ai jamais entendue de ma vie :

- Merci Anna...

Rues d'Unionpolis : 21h23

- Je suis désolé de t'avoir fais écouter tout ceci, alors qu'un anniversaire devrait être joyeux...

Nous nous promenions dans les rues de la ville, en pleine nuit. Les quelques lampadaires nous permettaient de savoir où nous devions poser nos pieds. J'avais ma patte gauche dans sa main droite, comme pour le premier jour, la différence était que maintenant, j'étais assez grande pour être au dessus de son bassin, alors qu'avant j'étais au niveau du milieu de ses cuisses. J'avais beaucoup grandi depuis notre rencontre, depuis le jour où il m'a accepté.
Je lui fis comprendre que je ne lui en voulais pas du tout de m'avoir raconté son histoire, je l'en remerciais même. J'avais l'impression que maintenant que je connais son passé, je suis beaucoup plus proche de lui, cette observation me faisait tellement plaisir. Je sentais sa main se resserrer doucement autour de la mienne. Je sentais une douce chaleur s'échanger entre nous, c'était une chaleur qui apaisait, qui reposait. Mon maître continuait de marcher, ce fut en longeant un long mur de pierre que je comprenais petit à petit ce qu'il voulait faire. Ce mur fait de différentes roches, tantôt gris, tantôt beige, abritait un endroit qui me faisait peur. Je savais déjà qu'il y régnait une ambiance vide, un endroit où les êtres vivant n'ont pas leur place. Rode m'avait apprit qu'il s'agissait d'un cimetière, un endroit où l'on enterre les gens qui se sont bien conduit, où ils pourront se reposer après la vie qu'ils ont mené pour l'éternité. Malgré la description plutôt positive, ce genre d'endroit me faisait peur. Mon maître me rassura et me promit qu'il ne m'arriverait rien, qu'il me protègerait si il arrivait quelque chose. Je me mis alors à le suivre, en restant tout de même le plus près possible de lui.
Ce cimetière de nuit imposait la crainte, mais en même temps attisait une certaine curiosité. Toutes ces plaques de pierre tenues debout, ces sigles sur certaines ou encore diverses fleur ou objets qui ornaient plusieurs endroits étaient intrigantes. Rode ne me laissa pas le temps de tout regarder précisément, il tourna à un moment vers une allée à droite, puis s'arrêta sur une tombe en particulier. Elle était plutôt large, faite entièrement en granite, cette roche noble qui avait l'air indestructible. Elle était toute lisse, je ressentais une expression que j'avais connu une fois. J'avais le même ressenti lorsque j'avais regardé cette horloge, sur le mur de la classe où nous nous sommes rencontrés pour la première fois. Cette plaque funéraire avait l'odeur du travail, de la volonté de son créateur, ceci me faisait doucement sourire, jusqu'à ce que je lise les lettres d'or gravées sur cette dernière. Rode se mit à prendre la parole, toujours avec ce regard vide, mais rivé sur la plaque :

- Tu as devant toi la tombe de mon père, John Ward. Comme il est écrit, il est mort pour sa famille, il a donné sa vie pour que je puisse continuer la mienne. C'est sur cette tombe que je me recueille tous les ans, le jour de mon anniversaire. C'est le jour où je grandis, mais aussi celui ou il m'a tout donné, celui qui me permet de me rappeler que je suis encore en vie pour quelque chose. Cette pièce de dix Pokédollard, c'est celle ci que j'utilise pour arroser les fleurs que je lui porte. Cette pièce est la dernière chose qu'il m'a laissé, c'est un peu mon trésor rien qu'à moi.

Je me retournais vers lui pour voir de quoi il parlait. Il avait sa pièce argentée dans la main droite, il la resserrait de plus en plus. Son regard était rivé sur son poing serré, mais il ne pleurait pas, il souriait doucement. Ce cadeau devait lui donner du courage, le voir sourire me faisait du bien. Il se mit à aller chercher un arrosoir, il utilisa sa précieuse pièce pour prendre ensuite de l'eau. Il revint à mes côtés et donna de l'eau à un pot plein de fleurs qui étaient totalement sèches et pourries. Il faudrait les changer, cela doit faire maintenant cinq mois et demi que Rode n'est pas retourné ici. Mais il a toujours refusé d'y retourner si on n'était pas le 24 décembre, encore une fois, il a fait une exception uniquement pour moi. Je commençais à me demander pourquoi faisait il tout ça, avait il une raison spéciale pour que j'ai le droit à autant de privilèges ? Je me rappelais ensuite qu'il voulait m'apprendre aujourd'hui tout à propos de son passé.
Pour une raison que j'ignore, mon maître se mit à s'asseoir en tailleur, il regardait fixement la tombe de son père. Il se mit à doucement à sourire et dit d'un ton calme :

- Voilà... Je t'en ai parlé depuis la dernière fois, je te présentes Anna. C'est mon Pokémon depuis maintenant un an jour pour jour, tu peux lui dire bonjour si tu veux.

Il s'adressait à moi, je le regardais avec un peu d'incompréhension, pourquoi me mettrais je à parler à un bloc de pierre ? Après avoir rapidement réfléchit, je me disais que c'était normal, il s'agissait de son père qu'il a perdu après maintenant plus de dix ans. Je me mis alors à le saluer comme Rode me l'avait appris. Les paumes sur les cuisses, le dos droit, puis je me penche sans relever la tête. Je restais ainsi pendant un petit moment, je ne savais pas quoi faire, Rode se mit à doucement rire. Je me mis à le regarder, un peu déconcertée. Il ne m'a jamais apprit à communiquer avec un mort, c'était pas très gentil de sa part. Il se mit à sourire et me dit, tout en me regardant avec ses yeux verts et rassurants :

- Ne t'inquiètes pas, je ne me moque pas de toi. Je trouvais juste que ça me faisais tout drôle de te voir comme ça. Le premier jour, je t'avais dit que je t'avais sentit, et tu t'étais mis à te renifler, comme si tu dégageais une certaine odeur. Ce me fait penser que maintenant, malgré le temps qu'on a passé ensemble, que tu ai grandi. Tu es toujours restée la même...

Il m'avait dit ces derniers mots dans la même douceur dans laquelle il m'avait remercié il y a une demi heure. Lorsqu'il avait prononcé ces mots, mes peurs provoquées par cet endroit lugubre s'étaient réellement envolées. Je ne sentais que sa présence, un lieu rassurant où il n'existe que lui.
Il se mit ensuite à parler tout seul, ou plutôt il discutait avec son défunt père. Il se mit à raconter les combats que j'avais fais, les longues périodes d'entraînement ou alors notre journée d'anniversaire. Il se mettait à rire à de nombreux moments, sans raisons apparentes. Il avait toujours quelque chose à dire, à décrire, il racontait tellement bien les histoires que même si j'y avais participé, je sentais quelque chose de nouveau.

Cimetière d'Unionpolis : 21h42

- Je suis désolé papa, mais on va devoir partir, je pense que Jeanne sera vraiment en pétard si elle savait qu'on traîne la nuit au cimetière.

Mon maître se leva, et moi aussi, il était temps de rentrer à la maison, Jeanne nous attendait sûrement. Quand j'y pense, nous n'avons pas dîné, si sa mère nous a attendu pour manger, on risque de passer un sale quart d'heure. Nous sommes donc partit, après avoir dit au revoir à John, pour rentrer à la maison. Rode me proposa de me poser sur ses épaules, je ne refusais pas. J'aimais bien être ainsi, j'avais vu énormément d'enfants être dans cette position, avec leur parents. Quand j'étais sur les épaules de Rode, comme il est avec Jeanne la seule personne que je connais, j'ai l'impression d'être sa fille. Je me collais de plus en plus fort contre la tête de mon maître, j'aimais cette sensation, sentir ses cheveux contre mon visage, monter et descendre tel un manège au rythme de ses pas. J'avais l'impression de ne faire qu'un avec lui, de partager tout ce qu'il pense à l'instant.

Rues d'Unionpolis : 21h58

Une fois arrivé au milieu des rues complètement désertes de la ville, je fis signe à mon dresseur que je voulais redescendre. Il me demanda, un peu surpris :

- Qu'est ce qu'il y a ? Tu n'aimes pas être comme ça ?

Oh non, bien au contraire, j'adore quand je suis sur ses épaules. Mais ce que j'aime aussi, c'est marcher à ses côtés, ma patte gauche dans sa main droite. Comme le premier jour où nous étions allé dehors ensemble. Il m'avait montré le grand arbre de la sentence du haut d'une colline, en pleine nuit pendant que des Muciol et Lumivol faisaient leur parade nuptiale autour de ce grand conifère. Il ne me posa pas plus de questions, il me reposa immédiatement et prit ma main pour pouvoir continuer notre route. Je marchais une nouvelle fois à ses côtés, comme avant, comme toujours. C'était à ce moment là que je me rappelais de la vie que j'avais mené avant ma rencontre avec mon dresseur. Les souvenirs revenaient peu à peu, les souvenirs de la vie sauvage s'affichaient dans mon esprit. Le fait d'être une proie constante, le manque de nourriture et d'eau, la solitude, la douleur, la souffrance. J'avais décidé d'abandonner tout ça pour vivre aujourd'hui pour Rode, car il est mon dresseur et je suis un Pokémon. C'est à ce moment là qu'un sentiment germait dans ma tête, celui de l'espoir. J'avais l'espoir de continuer cette vie avec mon dresseur, que je sois toujours là pour lui et qu'il soit toujours là pour moi. Je sais que malheureusement, son passé empêche mon espoir de connaître la réalité. C'est à ce moment là que je me fis une promesse. Je me fis la promesse d'accompagner mon maître, de le protéger coûte que coûte, qu'il ne lui arrive jamais rien. Je serais toujours là pour qu'il puisse arrêter le monstre qui a changé sa vie, je ferais tout mon possible pour qu'il y arrive. Tant que ce monstre ne sera pas hors d'état de nuire, mon espoir n'existera pas, ma promesse restera enterrée. Je ferais en sorte qu'il aille toujours bien, pour que mon espoir devienne réalité, car il est mon dresseur, et je suis son Pokémon. Nous continuons à marcher le long des rues sombres de la ville, le chemin était tout de même éclairé par les nombreux lampadaires.
Je détectais une étrange sensation, quelque chose que je n'avais pas vécu depuis un moment. Une boule commençait à grossir dans mon ventre, mon cœur commençait à s'accélérer. Plus on avançait, plus cette impression se précisait, j'arrivais à comprendre de mieux en mieux ce que je ressentais. J'avais l'impression d'être prise pour cible, d'être prise en chasse. Je regardais mon maître, craintive, pour lui demander si il partageait cette sensation. Il n'arrêtait pas de tourner la tête de partout, lui aussi il commençait à redouter quelque chose. Je me mis alors à doucement tirer sur sa veste, afin de lui demander pourquoi nous ressentions cette peur, ce danger. Il me regarda, puis me dit, avec un sourire qui cachait mal son doute :

- Ne t'inquiètes pas, ça doit juste être un Pokémon sauvage qui se met à fouiller les poubelles...

Malgré le fait qu'il essayait de me rassurer, il se mit à accélérer le pas. Pourquoi avoir peur si il ne s'agit que d'un Zigzaton ou d'un Keunotor ? Malgré mes questions, je le suivais à la même vitesse que lui. Il essayait de me réconforter en me souriant de nombreuses fois, mais ça ne marchait pas. Je sentais en lui de plus en plus de crainte, lui aussi il avait peur, en tout cas, moi, j'étais terrifiée. Les diverses souvenirs de ma vie avant Rode commençaient à refaire surface. Les images de chasse me faisaient horriblement peur, et elles défilaient dans ma tête, contre ma volonté. Je sentis à ce moment là la main de mon maître se serrer de plus en plus sur la mienne. Il continuait de me dire, mais cette fois en regardant autour de lui et avec un air sérieux :

- Tu n'as pas à t'inquiéter, il n'y a pas de problèmes...

Il se mit alors à courir, ça y est, mes doutes deviennent carrément de la crainte. Je commençais à reconnaître la source de mes angoisses. Plusieurs personnes étaient derrière nous, elles nous suivaient. Malgré le fait qu'elles soient à environ cinquante mètres de nous, ils commençaient à aller de plus en plus vite. Je commençais à avoir carrément peur, allaient ils nous attaquer ? Si ils sont là pour ça, alors je me prépare mentalement au combat. Je venais de promettre que mon dresseur n'aura jamais la moindre blessure. Il faudra que je le protège, au prix de ma vie si il le faut, pour qu'il puisse arrêter l'homme qui a transformé sa vie en cauchemar. C'est à ce moment là que Rode me coupa dans mes réflexions :

- Si jamais on n'arriverait plus à s'échapper, j'attends quelque chose de toi...

Oui, j'avais compris, je me battrais afin que mon dresseur soit protégé. C'est de toutes façons mon rôle de le protéger, après tout ce qu'il a fait pour moi. Il m'a enseigné, entraîné, protégé, placé toute sa confiance en moi. Mais la fin de sa phrase me perturba au plus haut point :

- Je voudrais que tu t'en ailles. Il faudra que tu te sauves, que tu arrives à amener des gens qui puissent m'aider. Je ferais diversion pendant que tu iras chercher les secours.

Que ? Quoi ? Il voulait que je m'en aille ? Que je le laisse seul, contre une bande entière de gens qui voulaient probablement nous frapper sans raisons. Je ne pouvais pas le laisser tout seul contre autant de gens dont on ne connait pas les capacités. Lui même me disait toujours qu'il faut d'abords apprendre à connaître son ennemi avant de frapper. Il allait lui même contre ses propres principes. Je me mis à le regarder durement, je ne voulais pas fuir, je devais le protéger. Il me regarda, s'arrêta et me dit sur un ton presque neutre, mais teint par la colère :

- C'est un ordre.

Je vis alors dans ses yeux qu'il était le plus sérieux au monde, il commençait à froncer les sourcils. Ses poings se serraient, je me mis rapidement à accepter son ordre donné, je ne voulais pas que ses yeux deviennent marron, voir rouge. On se remit à courir ensemble, cette pause de quelques secondes venait de donner un avantage au groupe qui nous suivait. Il fallait aller de plus en plus vite, et pour l'instant, nous tenions la cadence. Bizarrement, le ruban que j'avais autour du cou commençait à me serrer la gorge. Mon maître avait pourtant noué mon cadeau de façon à ce qu'il reste à sur moi sans être trop étroit pour ne pas être gênée. Une fois cette remarque faite, je remarquais quelque chose d'étrange.
Pour une raison inconnue, Rode s'était une nouvelle fois arrêté de courir. Je me stoppa moi aussi et me mis à le regarder pour comprendre la raison de la fin de sa course. Il respirait légèrement plus que d'habitude, mais pas assez pour vouloir s'arrêter, il ne transpirait même pas. Il se mit à serrer les dents, jeta un coup d'œil derrière lui et lâcha un juron. Il regarda une nouvelle fois devant, ses yeux faisaient deviner la colère et la peur. Afin de comprendre pourquoi autant de réaction, je regardais dans la même direction que lui.
On était piégé comme des Rattata, plusieurs hommes s'étaient alignés dans l'ouverture qui menait à un carrefour, notre seule chance de s'enfuir. Il n'était plus possible d'avancer, et les autres qui étaient derrière nous allaient bientôt nous rejoindre. Rode savait donc qu'il n'y avait plus d'échappatoires possible. Les hommes derrière nous étaient maintenant à vingt mètres de notre position, ils s'arrêtèrent de courir, les mains sur les genoux et hors d'haleine. Ils n'étaient pas là pour nous attraper, mais pour nous bloquer ? En tout cas, ils avaient réussi leur coup, je commençais à avoir de plus en plus peur. Tout en fixant ses opposants d'un œil concentré, il me chuchota discrètement :

- N'oublie pas, dès qu'il y a une ouverture, tu te barres...
- Alors mon petit Rody ? On essaie de filer alors qu'on essaye juste de te voir ? C'est pas très gentil de ta part !

Quelqu'un se mit à surgir tranquillement de derrière la longue lignée de personnes étranges. Il était vêtu d'une veste en cuir noire, d'un pantalon large fait de toile kaki. Il portait diverses colliers et bagues brillants à la lumière artificielle de la ville. Il avait un gabarit plutôt imposant dans le sens musclé, avec des cheveux blonds rasés de près. Il nous regardait d'un air amusé avec ses yeux marron foncé et souriait presque d'un air dérangeant. Il marchait lentement en faisant claquer ses Rangers aux semelles cloutées sur la route bitumée. J'avais compris en regardant son visage qu'il s'agissait de Jack, le chef de gang que mon maître m'avait toujours dit d'éviter. La première fois que je l'avais vu, il avait frappé jusqu'au sang un jeune dresseur débutant dans un combat totalement inégal. D'ailleurs, je ne voyais nul part l'Embrylex qui devait être à côté de lui, il avait la joue gauche fissurée, je peux le reconnaître entre mille. Si je me souvenais bien, il avait appelé son Pokémon « Killer », je ne connais pas ce nom, je pourrais demander à mon maître ce qu'il veut dire. Mais là, la situation nous empêchait de penser à autre chose. Il fallait trouver un moyen de pouvoir s'en sortir tous les deux, je regardais autour de moi. Les autres hommes qui constituaient l'équipe de Jack commençaient à nous entourer, nous étions maintenant encerclé, plus possible de s'en aller. Rode commença à craindre l'homme qui avait sûrement planifié tout ça et lui lança :

- Qu'est ce que tu nous veux ?! On ne t'as rien fait, laisse nous partir !
- Ce que je veux ? Rien de spécial. Et si, tu m'as foutu un petit problème. Et non, je ne vais pas te laisser partir, et surtout pas ton petit Riolu...
- Anna ? Qu'est ce que tu lui veux ?!
- Tu lui as donné un petit surnom ? Et c'est une fille ? Trop choupiii... Fit le blond avec un faux air attendri. Mais c'est pas ça qui va changer mon petit programme...
- Qu'est ce que tu veux ?!
- L'année dernière, j'ai trouvé un joli petit Riolu, avec un ruban bleu au cou. Ni une ni deux, je me suis mis à engager un combat contre lui, je voulais entraîner mon Pokémon. Mais voilà qu'un grand garçon aux cheveux bruns apparaît et vient reprendre son Pokémon avant que je n'ai pu faire quoi que ce soit. Tu vois où je veux en venir ?
- Tu veux... Faire un combat ? Fit mon dresseur, les yeux grands ouverts.
- Gagné ! Tu es perspicace ! Il va falloir payer l'affront que tu m'as fait il y a un an déjà...
- Et tu as rassemblé tout ce monde juste pour ça ?
- Pourquoi pas ? Comme ça on a un public, et puis c'est moi qui règne dans cette ville, je fais ce que je veux. Et c'est pas à toi de faire des commentaires ici !
- Et si je refuse ? Que va-t-il m'arriver ?
- Tu ne peux pas, d'après le règlement imposé par la ligue officielle, tout dresseur provoqué en duel par un autre ne peut pas en échapper. Il est forcé de répondre d'une réponse positive, sauf si celui qui impose le combat a plus de badges que l'autre. Hors, nous n'avons aucun badge d'arène chacun, donc tu ne peux qu'accepter mon challenge.
- Tu as bien révisé, mais pas assez. Le règlement stipule aussi que dans une ville, le dresseur provoqué a le droit d'accepter ou de refuser le combat. J'ai le droit de partir sans que tu ne me forces à faire quoi que ce soit !

Au moment où mon maître avait sortit son contre argument, Jack s'arrêta de marcher. Il continua de fixer Rode, mais avec maintenant des yeux de colère. Ses poings se serraient de plus en plus, il avait l'air de plus en plus énervé. Pendant ce temps, je regardais autour de moi pour voir si il y avait un moyen de s'échapper d'ici. Chaque endroit où je pouvais m'enfuir était prit par un des hommes de main de ce criminel. Je me rapprochais de plus en plus de la jambe de mon maître, je commençais à avoir peur. L'homme qui nous faisait face le remarqua et lança d'un air amusé :

- On dirait que ta belle bestiole commence à flipper, tu devrais d'occuper d'elle.
- Ne parle pas d'elle comme ça ! Et c'est pas tes oignons !
- Monsieur est énervé parce que je parle de son monstre avec des mots pas cool ?
- Anna n'est pas un monstre ! Elle n'en a jamais été un !
- Alors fait la rentrer dans sa Pokéball !

La colère qui peignait le visage de mon maître s'effaça, il avait les yeux écarquillés et la bouche entrouverte. Il resta ainsi un certain moment, j'avais l'impression que cet instant durait des heures. Cette question que j'avais oublié depuis tellement longtemps me revint à l'esprit. Je me souvenais de ce moment où Rode avait essayé de me mettre dans une capsule. Cet objet n'avait aucun effet sur moi, la Pokéball ne marchait pas. C'était à ce moment là ou la question revint. Es ce que tout ceci était arrivé parce que j'étais un monstre ? Je n'étais pas un Pokémon, sinon je serais rentrée dans cet habitat sphérique. Comment pourrais-je protéger mon maître si je ne suis pas un Pokémon, si je ne suis qu'un être vivant sans force. Rode baissa légèrement la tête en fixant le sol, il se répétait à lui même :

- Non... Elle n'est pas un monstre...
- Mais bon... Si tu veux pas faire combattre ta belle bestiole... Ce sera toi !
- Anna !

L'action qui suivit ne dura qu'un bref instant. C'est dans ce genre de moment que l'on a l'impression que tout autour de nous ralentit jusqu'à être immobile. C'est à ce moment là qu'on sait que plus rien de ce que l'on connaît ne sera pareil.
Je regardais fixement le visage de mon maître qui était rivé sur le sol. Il continuait de se parler tout seul, il s'inquiétait pour moi. Lors de cet instant, je sentis quelque chose bouger à ma droite, je tournais alors la tête afin de voir de quoi il s'agissait. Jack était sur le point d'attaquer, il s'était armé d'une barre en fer. C'était le même genre d'arme que le triste jour de notre course pour les médicaments de Jeanne. Il s'était jeté sur nous, dans ses yeux se lisait la soif de violence à l'état pur, la simple volonté de faire mal à l'autre. Je ne m'étais mise à le regarder que trop tard, il allait être sur nous dans moins d'un quart de seconde, c'était trop court pour réagir. Je sentais qu'on était perdu, que nous allons être condamné à être roué de coups sans raisons. Mais je ne pouvais pas abandonner comme ça, il ne devait rien arriver à Rode. Je m'interposais alors donc entre ce fou et mon maître, avec un peu de chance, je me prendrais le coup et arriverais à me relever pour pouvoir combattre. Ainsi, mon dresseur sera sain et sauf et tout ira bien. Du moins, c'était ce que je croyais ce qu'il devait arriver.
Je ne sais comment, mais Rode eut un reflexe hors du commun. Alors que je venais de me mettre en position de défense, préparée à recevoir l'attaque, il m'empêcha d'encaisser. Il me poussa violement vers le côté gauche. Complètement surprise, je tombais à la renverse, sans comprendre ce qu'il venait de m'arriver. J'entendis en même temps un bruit sourd qui ressemblait à un fracas de quelque chose de dur. Ce bruit fut suivit ensuite d'un son de chute ainsi qu'un hurlement de douleur. Je me relevais rapidement afin de voir ce qu'il venait de se passer. Je voyais mon maître, il était au sol et se tenait l'épaule droite, il se roulait par terre de douleur. Jack était surpris d'une telle action, mais il n'y fit plus trop attention. Il se mettait à sourire, voir quelqu'un au sol à cause de lui ne lui procurait que du plaisir. Il se prépara à donner un deuxième coup, il leva son bâton en acier pour achever Rode. J'allais l'en empêcher, mais mon dresseur ne se laissa pas faire. A l'aide d'une rapide balayette, il mit son opposant à terre et put se relever rapidement afin d'être hors de portée de ce monstre. Il continuait de se tenir l'épaule droite, elle avait l'air démise. Pendant que l'homme qui voulait notre mort se relevait péniblement, mon maître me lança :

- T'inquiètes pas Anna, je vais pouvoir m'occuper de lui avec les pieds. Va vite chercher de l'aide, je ne resterais pas ainsi très longtemps...

Je n'arrivais pas à comprendre. Pourquoi voulait il que je ne me batte pas ? Pense t il que je suis trop faible ? Que je n'arriverais pas à gagner si je faisais face au Pokémon de Jack ? Pourquoi est ce qu'il ne me fait pas confiance ? Je peux me battre plutôt que d'essayer de m'enfuir, je peux protéger Rode contre cet homme qui nous veut du mal. Je me préparais à lui lancer mon attaque Forte Paume afin de le mettre hors d'état de nuire. Je commençais à concentrer mes forces dans la main droite. Une fois que je sentais ma capacité prête à être utilisée, je commençais à courir vers ma cible qui se remettait de son coup encaissé. Je sentais que tout allait devenir normal une fois que mon attaque aura fait mouche. J'allais faire un bond pour atteindre son visage quand soudain une voix se fit entendre derrière moi :

- Tu ne vas pas plus loin...

Cette voix avait l'air plutôt grave, et vu l'accent, je devinais qu'il ne s'agissait pas d'un humain. Cette voix devint un corps, il m'attrapa le poignet droit et me crocheta les jambes. Il me fit tomber au sol et sauta sur mon dos en plein vol, la chute était dure, j'en avais le souffle coupé. Le corps de celui qui était sur moi était sacrément lourd. Celui qui m'avait fait ça me prit la main gauche et la mit derrière mon dos, comme pour la première. Il m'imposa une douloureuse clé de bras, je sentais qu'il appuyait progressivement et de plus en plus fort. Il s'appuyait sur le haut du dos, cela rendait ma respiration difficile. Celui qui commençait à me faire mal approcha sa tête de mon oreille. J'entendais son souffle froid qui me faisait frissonner de terreur. Il me demanda avec une voix grave et peu rassurante :

- On dirait que tu as peur, mais il ne faut pas...
- Anna ! Est ce que ça v...

Rode n'aura jamais le temps de finir sa phrase. Quand il me vit en mauvaise position, il se dirigea vers moi en courant. Il ne fit pas attention à Jack, et ce dernier le frappa d'un violent coup sans le dos. Mon maître tomba lourdement au sol, il ne fit aucun bruit. A ce moment là, ma peur devint de la terreur.
Je ne savais pas si mon dresseur était encore conscient, et même pire, si il était encore vivant. Je n'avais pas réfléchis, je n'ais pas pensé à la possibilité que Jack avait déjà sortit son Embrylex. J'avais complètement échoué, mon dresseur était gravement blessé et je ne suis pas dans les capacités de le protéger. Malgré mes tentatives, je n'arrive pas à me défaire de l'étau de mon adversaire, et il continue toujours de serrer sa prise, il continue toujours à me faire mal. Je sentais en lui de l'excitation, il ressentait du plaisir à me faire du mal. Mais tout ceci n'était pas assez pour lui, il rapprocha encore sa bouche de mon oreille et me chuchota :

- Ne t'occupes pas de toi... Regarde ton dresseur...

Je levais la tête, je voyais l'enfer devant moi. Je regardais avec impuissance mon maître se faire frapper violement par Jack, toujours avec son arme. Rode essayait plusieurs fois d'esquiver, de se déplacer vers moi pour me sauver, mais son opposant l'en empêchait toujours. Malgré le fait que mon dresseur se fasse frapper sans relâche, il essayait toujours de me sauver. Mais moi, je suis trop faible pour pouvoir le protéger, je suis trop faible pour tenir ma promesse. Des larmes commençaient à rouler sur mes joues, ceci avait l'air de faire plaisir à celui qui m'entravait. Il continuait à appuyer sur mes côtes, il resserrait sa clé de bras, il me faisait souffrir encore plus. Il me chuchota :

- Alors, ça fait quoi d'être complètement impuissante ? Espèce de ratée...

Ratée, ce mot me répugnait. Et pourtant, je ne sais pas quel autre nom je pourrais porter à ce moment là. Je ne peux pas tenir une promesse en moins d'une dizaine de minutes. Je ne peux même pas protéger mon dresseur contre le premier adversaire qui nous fait face. Je ne peux même pas rentrer dans une Pokéball. Je ne suis pas un Pokémon, je ne suis pas un monstre, je suis une ratée. Pourtant, je continuais de pleurer, à cause de moi, Rode continuait à souffrir, mais il continuait à essayer de me sauver. Alors qu'il doit être blessé, les os brisés et sur le point de risquer une hémorragie. Je sentis alors à ce moment là une étrange sensation, j'avais l'impression que mon corps entier était maintenant vide. Je vis mon dresseur, je vis son visage. Une coulée rouge s'étendait sur le long de son côté gauche, mais il me fixait de ses yeux verts apaisants. J'éprouvais cette sensation quand soudainement, sans savoir pourquoi, il m'adressa un doux sourire. A ce moment là, je ne savais plus ce qu'il m'arrivait, le poids qui était sur mon dos s'était envolé, mais je continuais toujours de suffoquer. Personne ne me retenait les bras, mais ils me faisaient mal. Je pensais à mon maître, il fait tout pour me sauver, pour me protéger, il m'a toujours accepté. Je me souviens du premier jour où, en tendant ses deux bras, me lança « Allez, viens voir ta nouvelle famille ».
Killer avait m'air d'en avoir assez, il annonça, d'un ton tout de même enjoué :

- On dirait que ton petit dresseur de pacotille va finir par crever maintenant, et tout juste après, ça sera à ton tour. Regarde encore un peu si tu veux.
- Laissez... Le... Dis je avec peine.
- T'as dit quoi la ratée ?
- LAISSEZ LE TRANQUIIILE !!!

Je laissais déverser tout ma colère et ma rage dans ce cri. Lorsque j'avais hurlé ces mots, le vide dans mon corps devint des flammes. Le feu me brûlait le corps de manière intense.
Sans savoir pourquoi, ma vue devint entièrement blanche, de la lumière venue de nul part m'aveuglait. Mes muscles se mirent à se contracter sans que je ne le veuille, la douleur était intense. Je sentais mes bras, mes jambes, mon corps s'étirer. Ma tête s'alourdissait, ma gorge brûlait. Ma douleur était telle que je ne pouvais rien dire, je subissais cette torture sans savoir pourquoi ni quand cela se terminera.
La souffrance s'arrêta au bout de quelques secondes. Après que cette vague de mal me submergea, je sentis une autre sensation. La douleur était bien loin, je me sentais sereine, je me sentais libérée, et surtout, je me sentais forte. Sans comprendre comment, le monde autour de moi était différent, j'arrivais à voir tout le monde autour de moi, même ceux derrière. Ils avaient tous une forme vaporeuse et étaient de couleur bleu ciel. La chose qui était sur moi était par contre d'une couleur qui était plus dans le rouge, comme celui qui était devant moi. Il y avait quelqu'un au sol, son corps commençait petit à petit à se dissiper, à disparaître. Mon maître allait disparaître ? Il fallait que j'intervienne. Je me retournais immédiatement pour me relever, ma vue commença à devenir normale. Je pouvais enfin voir Killer de face, je pouvais voir son visage avec une fissure sur sa joue gauche. Il avait un visage ahuri, les yeux gros comme des pommes et la bouche grande ouverte. Il se mit à crier quelque chose, mais je n'arrivais pas encore à entendre. Puis ensuite, sans savoir pourquoi, il se jeta sur moi pour m'attaquer, il fallait que je contre. Je chargeais ma force dans ma main, je remarquais que c'était maintenant beaucoup plus rapide. Je tendis ma patte droite devant moi, je sentis la puissance de mon attaque Forte Paume, elle avait carrément décuplée. Je mis avec mon attaque l'Embrylex K.O en un instant, il fut envoyé en l'air et atterrit au sol, plusieurs mètres plus loin. Je remarquais à ce moment que sur le dos de ma main était plantée une pointe d'acier. Mais je ne fis pas attention à ce genre de détail, une seule chose passait en boucle dans mon esprit. Il fallait que je sauve mon maître, il fallait que je le protège pour qu'il ne lui arrive rien. Je regroupais alors mes forces dans mes bras, elle était énorme. Je frappais sans aucune retenue Jack, il ne méritait pas que je le laisse ainsi frapper Rode. Je hurlais sans cesse :

- LAISSE LE TRANQUILLE ! TU N'AS PAS LE DROIT DE LUI FAIRE DU MAL !

Une fois que je repris mes esprits, je voyais le corps de celui qui nous avait fait tant de mal au sol. Il tremblait, il n'était pas encore mort. Je remarquais aussi avec surprise que j'avais l'impression de souffrir de vertige, j'avais l'impression d'être très haut, très grande. Je me retournais et voyais mon maître, recroquevillé sur lui même, sous une mare de son propre sang. Je me mis à genoux pour l'écouter, il respirait faiblement, son cœur battait de moins en moins, il fallait le sauver. Je le pris dans mes bras et me relevais ma nouvelle force me permettait de le soulever sans problèmes. Je risquais plusieurs fois de perdre l'équilibre, j'avais l'impression de me tenir sur des échasses. Mais je ne pouvais pas m'arrêter comme ça. Il fallait que je le sauve, que je le protège de la mort. J'ai promit qu'il ne lui arrivera rien tant qu'il n'aura pas réalisé ses objectifs. Je remarquais que tous ceux qui nous avaient coincé dans ce traquenard s'étaient enfuis. J'en voyais encore qui couraient en hurlant de terreur. Je n'y fis plus attention, il fallait maintenant corriger mes erreurs, l'amener quelque part pour le soigner. Il faut absolument qu'il soit sain et sauf, car il est mon dresseur, et malgré tout ce qu'il vient de nous arriver, je suis son Pokémon.