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L'insurrection du Temps de Shaner



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Informations

» Auteur : Shaner - Voir le profil
» Créé le 27/04/2014 à 11:58
» Dernière mise à jour le 27/04/2014 à 11:58

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Chapitre 2 : Défaite
Je jetais un regard en arrière, espérant que le Prince ait fini d'enfiler les vieilles loques que je lui avais donné pour donner une image très différente d'un homme de la royauté. Mais il tardait, jetant des regards dégoutés vers les habits. Certes, ils puaient, mais ce n'était pas le moment de faire le difficile.

- Farrell, hâtez-vous !

Il ne sembla pas prêter attention à ce que je lui disais, jusqu'à ce que je le pousse vers l'arrière-boutique. Il commença par protester avant de se taire. Je ne devais pas lui donner une image très rassurante. Il se cacha donc dans la pièce, continuant d'enfiler ce que je lui avais donné.
Revenant dans la pièce principale, je fis signe à Salamèche de se préparer. Il avait déjà compris ce qu'il se tramait, et je n'eus pas le besoin d'expliquer la situation. De toute façon, je n'en aurais jamais eu l'occasion. Alors même que mon compagnon se plaçait dans un coin, cachant sa queue d'où jaillissait cette petite flamme de vie qui l'animait, la porte s'ouvrit. Deux hommes armés, encapuchonnés, entrèrent. Les deux autres attendirent dehors, encadrant la porte pour me barrer la route et m'empêcher de fuir. De ce que j'en voyais d'eux, ils étaient recouverts d'une longue cape, qui les cachait intégralement. Ils avaient déjà l'épée à la main, et m'observaient patiemment. Qu'attendaient-ils ?
L'un d'eux finit par briser le silence, levant la main comme pour m'intimer l'immobilité. Sa voix était étouffée par le bandeau qui lui couvrait une partie du visage, si bien que je ne comprenais qu'à moitié ce qu'il me disait. Devant mon air interrogateur, il répéta, distinctement cette fois, ce qu'il avait dit. Il avait semblé cracher sur le mot prince.

- Rendez-vous, laissez-nous le prince, et vous aurez la vie sauve. Et peut-être aurez-vous une récompense à la clé.

Bien piètre mensonge. Et ils n'avaient apparemment pas découverts mon identité, ou ma nature, car ils me considéraient comme un mercenaire. L'avantage était pour moi, désormais. Je relevais ma fine cape, découvrant ma lame finement ouvragée, mais néanmoins solide. Les quelques fils d'or qui couvraient ma lame ne leur donnait peut-être plus de doutes sur moi, mais ils avaient réagis trop tard. J'entamais une frappe vers l'avant, pourfendant le premier espion, tandis que le deuxième recevait une sphère incandescente en plein visage, provenant de mon partenaire Pokémon.

Mon propre adversaire avait reçu le coup dans le ventre, et s'effondrait sur le sol, agonisant. La douleur le faisait se tordre, tandis que les spasmes allaient decrescendo. Bientôt, il rejoindrait l'autre monde. Son acolyte avait poussé un hurlement lorsqu'il sentit les flammes lui lécher le visage, et il lâcha son arme pour porter ses deux mains à sa face meurtrie et brûlée. Il parvint à trouver la porte, et il sortit en courant et en hurlant. La foule au-dehors paniqua, et les deux autres espions qui surveillaient les alentours jetèrent un regard plus qu'incrédule à l'intérieur.

Ils comprirent immédiatement ce qu'il venait de se passer et pénétrèrent dans la bâtisse arme au poing. Salamèche lança alors Rugissement, visant à intimider et désarçonner l'adversaire. Les deux soldats ennemis s'arrêtèrent, portés par une crainte vive, me laissant le temps de me saisir de l'épée de l'espion désormais mort. Elle ne lui serait plus d'aucune utilité.
Alors que mes opposants reprenaient leurs esprits, j'avais pu consolider mes appuis et me mettre en position de combat. Le premier à attaquer fut le soldat tibaréen de droite. Il effectua une attaque en diagonale, visant simplement à me désarmer. J'esquissais un pas de côté, puis frappait latéralement vers le flanc désormais exposé de mon adversaire. Je le blessais. Mais alors que j'entamais ce mouvement, j'avisais du coin de l'œil l'estoc que cherchait à me porter mon autre ennemi. Son mouvement fut interrompu par Salamèche, qui s'était bravement jeté sur son visage, et le lacérait à coups de griffes en poussant des hurlements aigus.
Sachant mon compagnon bien capable de se débrouiller sans moi l'espace d'un instant, j'achevais le soldat ennemi qui s'était agrippé à ma jambe, dans un geste plus que vain de m''empêcher d'agir. J'abattais mon épée entre ses omoplates, sans plus de pitié que s'il s'agissait d'une bête envoyée à l'abattoir. Revenant au dernier survivant, j'observais que mon acolyte n'avait guère eu besoin de mon aide. Il avait presque arraché la peau du visage du tibaréen, jusqu'à en avoir atteint les os. Les yeux crevés, la peau lacérée, la souffrance avait fait perdre connaissance au jeune garçon, et il mourrait de ses blessures si aucune intervention n'était pratiquée dès l'instant. Leur bandeau enlevé, je pouvais distinguer des traits fins, ceux-là même témoignant de l'adolescence. On avait envoyé des adolescents capturer Farrell. Encore que, s'il avait été seul, ces trois jeunes garçons seraient encore en vie. Mais avec un spadassin entrainé, pas l'ombre d'une chance d'en réchapper. La République de Tibaré envoyait ses soldats à la mort, sans chercher à au moins les soustraire à ce terrible sort. La guerre, certes, mais probablement pas la meilleure solution pour s'assurer de la loyauté des autres. Si tant est que les soldats au-dehors des murs de Fedor le sachent un jour.

Je me retournais vivement, rengainant ma lame fine, lâchant celle du bretteur ennemi. Elle toucha le sol dans un cliquetis métallique caractéristique. Le Prince avait fini par s'habiller totalement, avec les quelques vêtements confiés. Il ressemblait nettement moins au Farrell, fils du Roi, et j'osais espérer que cet artifice fonctionnerait. Nous n'avions de toute façon plus le temps pour cela.
Farrell jeta un bref regard sur mon épée, sur celles des espions, et sur les cadavres. Il se retourna vivement, s'écrasant à quatre pattes sur le sol avant de recracher le contenu de ce qu'il avait mangé plus tôt. La pièce commençait à prendre l'odeur du sang de mes trois soldats tibaréens, et l'air commençait à être vicié par l'hémoglobine. Rien de plus normal, le Prince n'avait déjà pas l'estomac bien accroché…
Victime de spasmes réguliers, le Prince semblait vraiment mal en point. Mal lui en prit quand il essaya de se relever. Chancelant, il manqua de tomber et de s'assommer contre le mur. Mon réflexe pour l'aider à maintenir son équilibre lui valut de ne pas rechuter. Il tituba jusqu'à une chaise, trainant là sans être rongée par les mites, et s'y assit. Il se tourna vers moi, plus fatigué qu'effrayé.

- C'est votre lot quotidien, Erkhan ? Les blessés, les hurlements, les… Les morts ?

J'acquiesçais. Tout bégaiement semblait avoir disparu de sa voix. L'attitude d'enfant gâté également. Il avait pris conscience d'une chose. Et il ne tarderait pas à prendre conscience de beaucoup d'autres.

- Qui l'eût cru, hein, qu'un homme aussi haut que vous, encapuchonné et à moitié masqué puisse paraître un homme de la famille Trek. Aussi féroce que loyale au Royaume d'Emal. Mon père avait de la chance de vous avoir.
- Et ça n'a pas suffi. Venez, Farrell, il est temps de fuir.

Il poussa un soupir. Apparemment, la fuite ne lui convenait pas. Mais au diable l'honneur quand la survie était préférable à la mort. S'il devait être déshonoré pour reprendre la lutte, c'était le prix à payer. J'avais déjà fait mon choix, et en tant que percepteur du jeune homme, je n'avais d'autres choix que de l'enjoindre à me suivre.

- Je n'ai nulle envie de fuir, Erkhan ! Ma place est ici !
- Votre place est-elle vraiment avec les prisonniers de guerre, et les morts sur la place publique ? Allons, ne soyez pas idiot. Si vous restez, seule la mort vous accueillera. Rien d'autre. J'ai assisté à la chute de Jiyaul. L'Empire Duchkante n'a pas survécu. Leur empereur est mort, sur son trône, de la main même du régent de la République. J'y étais, et j'y ai échappé de peu. Votre place est parmi les résistants. Nous reprendrons le trône, et vous vengerez votre père !

Il hésita, un court instant. Mais, dans ses yeux, je lisais cette détermination qui avait lui dans les yeux même du Roi.

- Dépêchons. Si nous tardons, nous ne tiendrons pas longtemps en ces murs.

J'acquiesçais une nouvelle fois, sortant de la bâtisse. Mon Salamèche sur mes talons. Farrell me surprit en ramassant l'une des lames souillées de sang, sur le sol. Aucune trace de faiblesse n'avait survécu. Il était là, et avait pris le dessus sur son corps. La dure réalité s'imposait, et il avait face aux affronts de la vie avec le même courage que son père le Roi. La maison des Seck ne cessait de donner naissance à des enfants courageux, qui l'étaient plus devenant adulte.
Malgré tout, avec la survie du Prince, et avec la mort des seuls espions croisés en ville, je n'avais qu'une impression. Fedor était perdue. Au loin, j'entendais la Grand-Porte éclater, les hurlements des soldats de Tibaré face aux cris et injonctions des soldats émaliens. Rejoindre le point de ralliement imposé par le vieux serait aisé, si les soldats se contentaient de pousser par les grandes rues. Si l'idée les prenait de déboucher sur les quelques ruelles présentes, le surnombre aurait raison de notre petit groupe, aussi courageux soit-il. J'apercevais la tour, au loin. Et le seul obstacle, c'était la grande rue centrale, où nous serions à découvert.