Le choix de sa vie [OS] de Thunderwolf

Ça y est. C'est fini. Les voix s'éloignent. Mon calvaire est fini. Bientôt, je serai en paix. La mort viendra me chercher. Je ne comprends pas pourquoi les autres en ont peur. Moi, c'est de la vie que j'ai peur. Elle m'a fait souffrir. La mort, elle, elle sera douce. Et puis se sera le silence total, infini. Je ne souffrirai plus. Je serai tranquille pour l'éternité.

-Seringue d'adrénaline, on va la perdre !
-Docteur, je ne sens plus son pouls !
-Défibrillateur, vite. On charge à 200. Attention, on dégage !
-Son cœur ne redémarre pas.
-On charge à 300. Attention on dégage !

Ça y est, je la vois. La lumière. Elle est là-bas. Je peux presque la sentir. Les ailes de la paix éternelle vont m'envelopper. Adieu, Maxence. Je m'en vais pour un monde meilleur. Pour un monde où cette fois, tu ne pourras me suivre. Je suis désolée. Mais la mort me parait être la meilleure solution. Je n'en peux plus de cette vie. Je ne t'en veux pas. Ce n'est pas ta faute. Mais il faut que tu trouves ton chemin sans moi désormais.

-Son cœur ne repart toujours pas !
-On recharge à 300. Attention, on dégage !

Aïe ! Mais ça fait mal ! Qu'est-ce qu'ils me font ? Maxence, empêche-les ! La lumière diminue ! Je n'avais plus mal, et maintenant j'ai à nouveau mal. Que se passe-t-il ?

-Docteur, le pouls est reparti. Il est faible, mais il est reparti.
-Placez-la sous assistance respiratoire.
-Elle va s'en tirer docteur ?
-Vous êtes Maxence, la propriétaire de cette mastouffe ?
-Oui, et elle s'appelle Silvia.
-Je ne peux rien vous promettre pour l'instant, mais nous ferons tout notre possible.

Non ! Non ! La lumière a disparue. Où est-elle passée. Suis-je morte ? J'ai froid. Je ne pensais pas que j'aurais froid. Et puis, j'ai toujours mal. Je ne comprends pas. Suis-je morte ? Suis-je vivante ? Maxence... J'ai peur. Où es-tu ? Ah ! Ma cuisse ! Quelle douleur cuisante.

-Au bloc opératoire. Il faut lui retirer cette balle.
-Elle a touché une artère !
-Au bloc ! Vite ! Sinon on va la perdre !

Mon dieu ce que j'ai froid. J'ai de plus en plus froid. Et puis, j'ai de plus en plus mal. Maxence ! Fait arrêter çà. Je veux mourir. La mort, c'est un long fleuve tranquille.

-Vite, il faut arrêter l'hémorragie !

Mais que font-ils ? Aïe ! Arrêtez ! Je veux mourir ! Je veux Maxence ! Je veux que ça s'arrête !

-Ça y est ! J'ai trouvé l'origine de l'hémorragie. Je bouche. Apportez-moi du fil !
-Docteur, elle se vide de son sang !
-Je sais, j'ai vu. Et ce fil, il vient ?
-Le voilà.
-Je recouds l'artère.
-Elle est touchée de spasmes musculaires !
- Maintenez-la !
-Ça y est, j'ai rebouché l'artère. Apportez une poche de sang. Il faut lui faire une perfusion !

Non ! Non ! Arrêtez ! Je n'en peux plus. J'ai gagné mon droit du repos éternel ! Maxence ! Empêche-les ! J'ai peur. Serre-moi dans tes bras. Maxence ! Où es-tu ? Je veux mourir. J'ai trop mal. La mort n'est qu'un autre chemin qu'il nous faut tous prendre ! Alors laissez-moi partir ! Maxence ! Empêche-les ! J'ai si froid...

-Voila, on la perfuse.
-Elle refait un arrêt cardiaque !
-Défibrillateur ! Vite ! Et dîtes à la femme qui attend devant la porte de venir !
-Vous m'avez appelé ?
-Oui ! Parlez à votre mastouffe ! Il faut qu'elle se batte ! Il faut qu'elle nous aide. Vite, chargez à 200 !
-Silvia, tu m'entends ?

Maxence, c'est toi ? J'entends une voix. C'est faible. Est-ce que je deviens folle ?

-Silvia, il faut que tu battes...

Non. C'est bien Maxence. Elle est là. Elle est près de moi. Je suis si heureuse. Tout va s'arrêter. Maxence est là. Elle va m'aider.

-Il faut que tu vives, tu comprends Silvia ?

Que dis-tu Maxence ? Pourquoi est-ce que je t'entends pleurer ? Je sens que tu es là, que tu me parles. Je sens que tu es triste. Mais je ne comprends pas, je n'entends pas ce que tu me dis. Mais comment peux-tu me guider alors ? Que suis-je censée faire si je ne comprends pas ce que tu me dis ?

-Il faut vivre Silvia...
-Attention, on dégage !
-Son pouls ne repart pas !
-Tu dois vivre pour moi.

Que dois-je faire ? Je sens mon corps qui se réchauffe. J'ai moins mal. Est-ce la mort ? Est-ce la vie ? Est-ce le néant, ou est-ce Maxence ? Je ne sais pas quoi faire. Je ne sens plus mes pattes, ni mon cœur, ni ma tête... Maxence... Je voudrais tellement que nous ne soyons pas sortis travailler aujourd'hui. Nous serions restées sur le canapé, nous aurions joués dans le jardin, nous aurions fait peur aux poichigeons... Pourquoi sommes nous partis ? Pourquoi nous a-t-on envoyé en intervention là-bas ? Les hommes ne peuvent-ils vivre en paix les uns les autres ? Ils l'auraient tuée. Ils auraient tués Maxence. Je ne regrette pas mon geste. Mais maintenant, c'est à toi de me venir en aide Maxence. Je suis perdue. Je suis nue dans les ténèbres. Il n'y a qu'un voile entre moi et la lumière. Elle est revenue ! Elle vient me chercher. Non ! Je ne veux plus mourir. Je veux retourner au près de ma maîtresse.

-Chargez à 300 ! Vite ! On est en train de la perdre !
-Je t'en supplie Silvia... J'ai besoin de toi... Qu'est-ce que je deviendrais sans toi ?
-Attention, on dégage !
-Son pouls ne repart toujours pas !
-On recommence ! Attention !...
-SILVIA !!!

Maxence ? Je t'entends. Tu m'appelles. Mais la lumière aussi m'appelle. Elle est trop forte. Je n'y arrive pas. Je ne veux plus mourir. Je veux vivre. Vivre au près de Maxence, ma maîtresse, mon amie, mon âme sœur. Je ne veux plus mourir. La mort c'est le vide, le néant. Je ne veux pas être entourée de ténèbres pour l'éternité. Pas encore. Je veux retourner au près de Maxence.

-On dégage !
-Son cœur ne repart pas.
-C'est fini. Elle est morte. Je suis désolé madame.
-SILVIA, JE T'EN SUPPLIE ! REVIENS !
-C'est fini madame...
-NON CE N'EST PAS FINI ! SILVIA !

Maxence m'appelle ! Elle est désespérée. Je dois aller la réconforter. Je ne veux plus mourir. Je veux vivre, et je vivrais ! Va-t-en, lumière. Tu ne me prendras pas. Pas aujourd'hui, ni demain, ni aucun autre jour. Ce n'est pas à toi de décider si je dois mourir. C'est à moi de le faire. Part ! Vat-en ! Quand le moment sera venue, je serais heureuse que tu viennes me chercher, mais mon heure n'est pas arrivée ! Aujourd'hui, tu ne me prendras pas ! Allez va-t-en ! VA-T-EN !

-Madame, elle est morte...
-NON ! NON ! NON ! Elle ne peut pas mourir ! Elle ne PEUT pas mourir !

Non je ne peux pas mourir. Et je ne mourrais pas Maxence. La vie envahit mon corps, je le sens. Je ressens mes pattes, mon corps et ma tête... Lumière, disparaît ! Je te l'ordonne ! Je vais vivre ! Je ressens mon cœur battre! Maxence, j'arrive !

-Doc... Docteur, regardez !
Bip...Bip...Bip...
-Son cœur est reparti !
-Comment ?
-Son cœur vient de repartir, elle est vivante !
-SILVIA ! Je le savais, je savais que tu m'entendrais !

Mais bien sûr que je t'ai entendue. Je suis revenue. Pour toi. Pour nous. Nous avons encore tant de chose à vivre ensemble. Je n'ai pas le temps de mourir. Houlà, que je suis fatiguée. Je me sens faible. Mais je suis en vie. Elle ne m'a pas prise. J'ai été plus forte qu'Elle. Mais... Ton visage est couvert de larmes. Tu n'as quand même pas cru que j'allais t'abandonner ? Allons, sèche-les. Je suis là maintenant. Je vais bien. Je suis juste un peu fatiguée... Il faut juste que je dorme un petit peu...

-Elle s'est endormie.
-C'est normal, elle doit-être exténuée. Elle revient de loin. Laissons là se reposer. Venez madame.
-A tout à l'heure Silvia.

Bip... Bip... Bip...