42 - Je ne vois que le soleil qui rougeoie... [1/2]
Préface : Nouvelle notation !
Texte en violet et en italique : utilisation au moment des visions de Max (ça change du basique italique que l'on pouvait confondre avec les flashbacks de la vie antérieur de celui-ci...)07 août 2049
On toqua à la porte de la maison.
-Ah, enfin ! Il était temps qu'elle arrive.
J'ouvris à la volée. Amy se tenait droite comme un i devant l'entrée, et me regardait en plissant les yeux.
-Eh, ho ! Il faut que tu te calmes, t'as à moitié détruit la porte, fit-elle.
-C'est ma maison, je fais ce que je veux avec ma porte d'entrée !
-Alors j'ai la permission de défoncer celle de la salle de bains ?
-... non. On est pas là pour parler de porte.
Elle entra. Elle passa la cuisine, puis étouffa un cri de surprise en voyant tout le bazar que j'avais fait en cherchant ma famille disparue si soudainement.
-Je savais que j'aurais dû laisser ma manie de tout ranger dans le tiroir de ma table de nuit...
-Eh, à tes risques et périls !
Elle tapa contre une casserole que j'avais laissé là.
-Essaye de ne pas abîmer les ustensiles de cuisine ! m'exclamai-je.
-T'avais qu'à te servir de tes mains pour remettre de l'ordre dans tout ça au lieu de te faire un sang d'encre pareil !
-J'espère que t'es pas venu là seulement pour me reprocher des trucs !
-Premièrement, c'est toi qui m'a appelé, deuxièmement, quel tact tu as, ça fait flipper, troisièmement, les reproches, c'est plus toi qui me les fait depuis que j'ai posé un pied dans ta baraque.
Je tentais depuis qu'elle était rentrée chez moi de me calmer un peu en ironisant un maximum, mais ça ne lui plaisait pas, visiblement.
-Bon, d'accord, j'arrête.
-J'aime mieux ça ! Alors, tu disais donc que tes parents et tes frères et sœur avaient disparu sans laisser aucune trace ? Super, comme ça, je ne verrai pas ta monstruosité qui te sert de sœur...
Elle détestait ma sœur depuis que celle-ci avait tué le Dedenne d'Amy il y avait un an. Moi et ma sœur étions chez elle. Je préparais un devoir avec elle à rendre au collège pour le lendemain, et j'avais lâché le fauve dans la maison de mon amie. Elle était sans surveillance, et comme tous les enfants qui ne sont plus dans le collimateur de leurs parents ou d'une tierce personne, elle avait fait une énorme bêtise. Elle s'était amusé violemment avec ce Pokémon, elle lui avait fait subir des tortures ignobles avant qu'elle ne le jette des escaliers de la maison d'Amy. Comme le Dedenne était mal en point avec les expériences mortelles de ma sœur, il n'a malheureusement pas survécu à la chute. Pourtant, un Pokémon comme lui en pleine forme aurait pu se réceptionner sur ses pattes et aurait pu utiliser des attaques pour atténuer les chocs. Quand Amy avait découvert le carnage, elle a collé un poing dans la tête de ma terrible sœur et l'a jeté dehors en versant des larmes de haine. Ce Dedenne était peut-être le Pokémon domestique de sa famille, elle avait un lien très fort avec lui et s'était occupé de ce Pokémon depuis sa plus tendre enfance.
-Grr...
Rien qu'à l'évocation pénible du souvenir, elle serra le poing.
-Je ne veux plus jamais voir sa sale face de rat, murmura-t-elle froidement.
-Reprends-toi...
-Ouais t'as raison... tu disais donc au téléphone que ta famille – du moins celle qui te reste maintenant – est partie on-ne-sait-où ?
-C'est ça. Peut-être que je dramatise les choses pour rien, mais bon... autant être prévoyant si il leur est arrivé quelque chose de fâcheux.
-Tu as vérifié les appels ?
-Non, on va faire ça tout de suite !
Je courus vers le téléphone fixe de la maison, avec Amy derrière moi. J'appuyai sur l'historique des appels de mes parents.
-Alors, hum... nous avons, ce matin, un coup de fil de ma mère à mon père pour qu'il aille chercher de la farine et du beurre. Ensuite, hier soir, ma sœur a parlé à son petit copain pendant deux heures, hier à 16h24, à l'heure du goûter, un vendeur de panneaux solaires. Hier à 10h02, ma mère à discuté avec ma grand-mère... non, rien de louche ici.
-Et le courrier, tu l'as fouillé ?
-Non.
Je me ruai à mon porte-manteau pour prendre ma veste et aller chercher le courrier dans la boîte aux lettres dehors. La nuit tombait, et le soleil n'était plus qu'un arc de cercle rouge vif qui disparaissait à l'horizon, là où quelques petits nuages flottaient. Je récupérai trois lettres et quelques publicités sans importante.
Je rentrai en emportant tout ça, remis ma veste sur le porte-manteau, et posai toutes les lettres sur la table du salon.
-Bien, vérifions ça tout de suite, fis-je en me frottant les mains, transies par le fraîcheur du vent hivernal et nocturne Tu le fais ou je le...
-Je le fais, me coupa Amy. Alors, une facture de gaz... ouah, vous avez beaucoup consommé ce mois-ci !
-C'est normal, le froid à commencé à s'installer depuis le mois dernier, alors on a souvent allumé le chauffage...
-Bref. Nous avons là ton bulletin de fin de premier trimestre. Que des bonnes notes !
-Breeeef.
-Oui, bref. Et on a une lettre à monsieur Julien Monnon, écrite par Patrick Beaunivent.
Julien était mon père. Moi, je m'appelais Maximilien Monnon, et ma mère Lucie Monnon – elle a préféré prendre le nom de famille de son mari, sinon, elle s'appelait Lucie Grejean. Par contre, je ne connaissais pas de Patrick Beaunivent.
-Ce nom, là, Patrick Beaunivent, il m'est inconnu...
-Je chercherai sur Internet des informations sur ce personnage. En tout cas, j'aime pas son nom de famille...
-Moi non plus.
Nous décidâmes de continuer toutes les recherches le lendemain.
Je me réveillai. Le rêve que j'avais attendu depuis quelques jours sur ma vie antérieure était enfin venu, et avait de nouveau emporté son lot de questions. «Je connais enfin mon nom dans ma vie d'humain. Maximilien Monnon...», songeai-je. Je trouvais ce nom de famille assez bizarre mais il était tout de même meilleur que Beaunivent et Grejean.
Je remarquai peu après, en jetant un rapide coup d'œil sur le
Multidex posé près de ma couchette, que c'était encore la nuit. Ce qui était très perturbant, dans ce royaume, c'était que le jour était omniprésent – il y avait des grandes fenêtres au plafond, à l'endroit où nous avions dormi, et ce fut ainsi que je pus apercevoir le soleil éternel à travers la vitre - et nous devions nous fier à l'heure du monde d'en bas pour déterminer le moment de la journée. «C'est étrange que la nuit n'existe pas ici. Nous sommes juste à plusieurs dizaines de milliers de mètres d'altitude... la lune devrait apparaître, donc la nuit aussi. A moins que le royaume ne soit entouré que quelque chose qui l'isolerait du reste du ciel... non, c'est impossible, je ne sais pas comment j'ai pu penser une chose aussi irréalisable. Rayquaza n'est pas Dieu, tout de même !» Je vis Carapuce manger quelques restes de baies. Il était assis sur un petit nuage qui flottait et qui bougeait légèrement.
-Tu as faim à cette heure-là ? lui demandai-je.
-J'avais envie de casser la dalle... fit-il.
-Tu m'en passes un morceau ?
-Ouais, si tu veux.
Je pris place sur le nuage. Nos deux poids additionnés stoppèrent le mouvement de ce dernier.
-On en a parcouru, du chemin ! m'écriai-je.
-Hmm. Surtout en aussi peu de temps. Traverser un pays flottant en entier en quelque semaines... je me demande toujours comment on a fait !
-On a Vagultabre.
-Oui je sais, mais même avec lui, c'est aussi étonnant.
-Cela fait plusieurs fois déjà que l'on a eu cette conversation sur lui.
-Alors trouvons un autre sujet !
Nous avions une heure de discutions devant nous, avant le vrai lever du soleil. Et avant le donjon suivant.
-Ahem, tiens ! Parle-moi des écoles dans le monde des Pokémon qui parlent, fis-je.
-Oh, nous n'y allons pas longtemps... juste le strict nécessaire pour vivre en citoyenneté.
Un peu comme j'ai eu le temps de m'apercevoir dans le monde des humains, et comme j'avais pu remarquer quand nous résolvions les énigmes.
-D'après ce que j'ai vu dans mes souvenirs, c'est un chouïa pareil, sauf que nous avons des métiers, et plus tu étudies à l'école, plus tu peux te faire embaucher dans un poste plus respectable, et tu gagnes beaucoup plus d'argent pour vivre.
-C'est trop compliqué, votre système de travail. Nous, on s'en fiche un peu, du poste, tant que nous occupons une fonction dans la société. Et nous vivons bien !
-Dans tous les cas vous réussissez mieux que les humains.
-Personnellement j'ai arrêté l'école il y a deux ans pour me consacrer pleinement à mon entraînement afin de devenir ce que je suis maintenant. Je n'en suis pas déçu !
-J'imagine.
-Mais quelle mauviette je faisais ! J'arrivais même pas à passer les trois donjons de recrutement sans une aide... Et là, je me retrouve avec mon meilleur ami à parcourir un pays céleste entier pour récupérer deux orbes entre les mains d'un Pokémon Légendaire et pour éviter que deux autres légendes ne se bastonnent et n'engendrent la fin de notre monde !
C'était improbable, en effet.
-Et le pire dans tout ce capharnaüm, c'est qu'on a survécu ! On a survécu, quoi !
Carapuce était en train de s'enflammer, comme toute les fois où il ressasse nos aventures.
-C'est super tout ça, mais je trouve que le plus important pour l'instant, c'est que l'on parvienne à soutirer les orbes à l'autre serpent de malheur sans trop combattre physiquement, suggérai-je.
-Ouais c'est vrai.
-Le seul bémol, c'est que marchander avec Rayquaza, c'est comme jouer de la guitare avec des chaussettes, c'est impossible...
Et c'était la seule image qui me venait à l'esprit.
Soudain, un tremblement de terre secoua violemment le palais.
-Aah, mais qu'est-ce qui se passe ? cria Carapuce.
Vagultabre fut réveillé par le vacarme impromptu.
-Mais que... ?
-Je ne sais pas ce qu'il se passe, mais ça tremble... dis-je, paniqué.
Je levai la tête vers la tour la plus haute du palais et vit le cou de Rayquaza transpercer sans ménagement le toit de ladite tour. Des grosses pierres tombèrent sans faire beaucoup de bruits sur le sol nuageux du royaume. Tout le corps entier du serpent vert sortit de la tour, et résultat, il n'y avait plus du tout de toit.
-Mais qu'est-ce qu'il fait, enfin ?
Tout à coup, l'Ultralaser le plus puissant que je n'avais jamais vu sortit du sol à quelques mètres de l'endroit où volait Rayquaza. Il réussit à éviter le rayon, avec brio. Le point où était passée l'attaque surpuissante laissa un trou béant comme stigmate. Je pouvais le voir cette fois-ci car à la gauche de ma couchette, il y avait une fente assez longue qui traversait le mur.
-La vache, ça décoiffe ! s'exclama Carapuce.
-Mon Dieu... souffla Vagultabre, décontenancé.
J'en menais pas large non plus.
-Qui vient de lancer cette attaque monstrueuse ?
La réponse à cette question ne fut donnée quelques secondes après. Dans le trou gigantesque, on pouvait apercevoir toute une terre qui venait du monde d'en dessous. Les habitants étaient des puces microscopique vues de notre hauteur... enfin, en admettant qu'il y avait des Pokémon en dessous, car tout était en flammes. Et dans le brasier, on pouvait distinguer une silhouette énorme et rouge. Je ne mis pas longtemps à comprendre ce qu'il se passait.
-Oh non, le duel entre Groudon et Kyogre a commencé ! fis-je, horrifié.
Un frisson me glaça. Groudon avait brûlé un pays entier dans son état de rage contre son rival de toujours : Kyogre. Ce dernier balança une vague titanesque sur le pays ENTIER, et éteignit le feu.
-C'est quoi ce zouk ?!
-T'es sûr de ce que tu dis ? C'est bien Groudon en bas ? me demanda Carapuce, en sueur.
Malheureusement, avec le bruit que faisaient les deux rivaux éternels, je n'entendis pas un mot de ce qu'il avait dit. Il y avait autre chose de franchement déroutant : le fait que nous puissions entendre le bazar que causaient Groudon et Kyogre alors que nous étions dans les cieux. Le vent ne soufflait plus, étrangement. Une tension presque palpable s'installa alors qu'il y avait deux minutes, tout était absolument calme.
-Incroyable... murmura Vagultabre.
-JE DISAIS : T'ES SUR DE CE QUE TU AS DIT ?! hurla Carapuce pour que je l'entende.
-A propos de quoi ? fis-je.
-HEIN ?
-A PROPOS DE QUOI ?!
-A PROPOS DE LA SILHOUETTE EN BAS !
-OUAIS JE PENSE QUE C'EST LUI ! J'EN SUIS MEME SUR !
Vagultabre n'eut pas le besoin de se boucher les oreilles à cause de nos cris, car son ouïe était moins bonne que moi et Carapuce. Il se contentait d'ailleurs de chuchoter sans arrêt :
-Incroyable...
Rayquaza riposta avec Draco Meteor. Sans blague.
-C'est pas vrai, CACHEZ-VOUS !!! hurlai-je.
La pluie de météores s'abattit partout autour de nous, mais les plus gros cailloux célestes partirent vers le trou. Je ne parvins pas à voir si Groudon était touché. Se planquer était la meilleure chose à faire plutôt que de regarder ce qu'il se passait en bas. Le bruit que faisait cette autre attaque était assourdissant. Je me réfugiai dans un coin de la salle où nous avions dormi, tandis que Carapuce se plaquait contre un mur, et que Vagultabre aussi. A nous trois, nous formions un triangle. Je décidai très vite de faire autre chose.
-Nous cacher tous ici n'est pas une bonne idée finalement. Il vaut mieux courir dans le donjon de toutes nos forces pour rejoindre une autre tour plus solide que celle-ci.
-D'accord.
Le triangle des bannis fut rompu, et nous nous ruâmes vers la porte du donjon. Ce fut Carapuce, mon acolyte de toujours, qui l'ouvrit. Aussitôt devant nous se dressa un vaisseau en forme de serpent.
-On va monter dedans ? demanda Carapuce.
-A part si tu vois une autre solution, non... fis-je.
Effectivement, au-delà du bateau volant, un vide total s'ouvrait à nous. Le seul moyen de passer à travers le fossé noir était de prendre ce véhicule bizarre. Cela signifiait sans doute que les Pokémon sauvages de ce donjon étaient de type Vol, étant donné le nombre d'indice donnés rien qu'à l'entrée.
Rayquaza devait avoir un ego surdimensionné pour avoir flanqué des têtes de serpent à son image partout dans son palais. Même dans mon chez moi d'humain, il n'y avait pas ma tête affichée partout dans la maison, avec celles de mes plausibles parents. Justes quelques cadres de famille, tout ce qu'il y a de plus normal.
Un nouveau séisme secoua violemment le palais.
-Urgh !...
Il était plus fort que tout à l'heure. que je dus m'accrocher à un mur pour ne pas tomber. Par contre, Carapuce tomba sur son dos et cria de douleur. Je me demandais encore ce qu'il se passait. Il n'y avait aucune fenêtre pour me dire ce qu'il se passait dehors. Même si je me doutais évidemment que les trois Légendaires qui combattaient était en train de mettre du grabuge dans le monde.
Carapuce se releva difficilement à cause du tremblement de terre. De plus, son dos le faisait souffrir. Il était bêtement mal tombé. Des pierres chutaient du haut du plafond. Quelques-unes étaient grosses comme un poing, mais la plupart étaient énormes. Quand il se retourna, il vit qu'un morceau de plafond allait écraser Max, et que ce dernier ne faisait rien pour l'éviter. Il ne bougeait même pas, et ne semblait pas s'en rendre compte.
-MAX !
Son cri n'eut aucun effet. Max ne réagit pas du tout. Ses yeux étaient vides.
-Hé ho, Max !!
La grosse pierre n'était plus qu'à quelques mètres de son crâne. Carapuce hurla de toutes ses forces, mais rien n'y fit, malheureusement. Il ne pouvait rien faire pour la détruire, car elle était trop près, et, lui, n'était pas assez fort.
-NOOOOON !!!
La pierre tomba dans un grand bruit sourd. Une couche de poussière grise fut soulevée. Les hurlements déchirants de Carapuce furent couverts entièrement par le fracas de la pierre. Carapuce tourna la tête vers la gauche, puis la droite, et constata que Vagultabre avait disparu à son tour. «C'est pas possible !», se dit-il, hébété. Le nuage de fumée se dissipa. La silhouette saine et sauve de Max apparut devant ses yeux qui commençaient à être vitreux. Il remarqua que la pierre avait dévié de sa trajectoire initiale, et que Vagultabre se tenait légèrement décalé par rapport au point de l'impact. Carapuce soupira de soulagement. Ils avaient eu chaud, une énième fois.
-J'aurais pas dû douter de notre bonne étoile, et de Vagultabre... chuchota-t-il.
Carapuce dévisagea Max. Quand il vit que le meneur de l'équipe avait la main posé sur le mur, et qu'il ne clignait plus du tout des yeux, il comprit de suite.
-Il a une vision !
Des flammes brûlaient un bois. Des torrents d'eau glacée inondaient les maisons. Tout n'était plus que chaos et désordre, dans un semblant d'apocalypse. Et la scène s'étirait en longueur. Juste deux imposantes silhouettes se distinguaient dans ce mélange explosif de feu et d'eau.
Les couleurs nitides du donjon réapparurent. J'avais eu une nouvelle vision. Elle ne présageait rien de bon. J'avais de suite deviné que ces deux silhouettes étaient Groudon et Kyogre. J'étais sûr depuis le début de cette aventure incroyable que ces deux Légendaires allaient provoquer la fin du monde. C'était évident.
-Max ? Tu reviens à toi ?
Je vis Carapuce, agité, à côté de moi.
-Oui... répondis-je en soupirant. J'ai vu des choses horribles.
-On n'a pas le temps de tergiverser sur tes visions, nous devons partir, suggéra Vagultabre. Je t'ai sauvé la vie en déviant un morceau de plafond qui allait t'écraser.
-Merci Vagultabre...
-Et moi j'ai crié comme un damné pour te secouer un peu... fit Carapuce.
J'entendis Carapuce chuchoter tout bas : «Bref, j'ai servi à rieeeen...»
-Je t'ai entendu. De toute façon tu ne pouvais rien faire du tout, à part me faire réagir. Bon , prenons le vaisseau-serpent.
Nous montâmes un par un dans l'engin. Quand nous fûmes tous les trois dans le vaisseau, celui-ci s'ébranla et décolla du sol. Puis, doucement, il avança dans le vide. Toujours en ligne droite, parallèle au sol. Nous étions dans l'E.1 du donjon.
Waterflame – Glorious Morning 2Des murs peu opaques commencèrent à apparaître devant nos yeux ébahis. Nous étions en train de voler lentement dans les airs au-dessus du vide, et nous suivions un tracé programmé entre des murs en nuage qui flottaient. Autant dire que ce lieu était le plus étrange que nous avions eu l'opportunité de voir. Je me demandais comment des Pokémon sauvages pouvaient vivre ici alors qu'il n'y avait plus de sol.
-C'est trop bizarre ! s'exclama Carapuce. C'est un donjon unique au monde !
J'acquiesçai.
-Nous sommes peut-être bannis, mais nous sommes aussi, dans le même temps, des privilégiés. Je rectifie : nous sommes des explorateurs chanceux et privilégiés, dis-je.
-Peu de Pokémon dans ce monde ont la chance, comme tu dis, de fouler de la racine* un donjon pareil, ajouta Vagultabre.
Nous prîmes un virage. J'avais peur que le vaisseau-serpent ne se renverse. Si nous tombions de la machine au mécanisme inconnu, nous étions finis. A moins qu'il n'y aie quelque chose en dessous. Ce qui m'étonnerait fort.
Un Pokémon sauvage vint à notre rencontre. Un Etourvol. Je comprenais à présent comment des Pokémon vivaient ici. Il étaient tous de type Vol, et étaient des créatures volantes. Il fallait protéger Vagultabre des offensives de l'ennemi, car il était faible contre les attaques de type Vol.
-Vagultabre, il serait judicieux que tu restes sur le côté. On va le battre à deux, moi et Carapuce, ordonnai-je.
-D'accord.
Il se retira.
-Bon. En avant !
Je m'entourai de flammes. Je fonçai vers l'oiseau avec ma Roue de Feu enclenchée. L'adversaire esquiva l'attaque et contre-attaqua directement avec Aeropique. Comme je ne pouvais pas l'éviter, je dus encaisser le choc. Je parvins à contenir la puissance démesurée de l'attaque Aeropique. «C'est impossible qu'un Pokémon aussi chétif d'habitude puisse lancer une attaque d'une telle force... ça se voit, qu'on est bien dans le royaume de Rayquaza. Que des Pokémon excessivement forts vivent en ce lieu», songeai-je en préparant Façade cette fois-ci. J'accumulai de l'énergie en me reposant et en laissant Carapuce balancer beaucoup d'attaques à la suite.
-Vas-y, c'est bien ! criai-je.
Quand je vis une ouverture dans le combat entre ces deux-là, je fonçai la tête la première vers l'ennemi. Et je le ratai encore.
-Punaise !
Mon attaque était toujours en marche. Carapuce le vit, et sans hésiter, il se plaça devant moi et utilisa Repli. Ce qui fit que je repartis vers l'autre sens avec plus de puissance et d'élan. Carapuce avait fait comme le Combo #05 : Seconde Chance, mais en se servant de mon corps au lieu de la Balle Atome de Vagultabre pour me renvoyer dans la bonne trajectoire.
-Merci Carapuce !
Le nouveau combo toucha sévèrement l'oiseau qui cette fois-ci ne put esquiver une telle offensive. Je ressemblais à une balle illuminé de jaune qu'on aurait lancé de toutes ses forces grâce à une raquette. Une balle de tennis quoi.
Etourvol fut K.O.
-Ouais ! Une nouvelle victoire, et un nouveau combo ! exulta Carapuce.
-Tiens, s'il te plaît, Carapuce, tu peux me prêter le
Multidex, je voudrais comprendre comment votre machine fonctionne, pour pouvoir enregistrer votre combo inédit, demanda poliment Vagultabre.
-Ouais, pas de problème ! Il suffit d'appuyer sur ce bouton, ce dossier, puis sur ça, ça, et voilà, tu n'as plus qu'à écrire avec le clavier virtuel dans le champ d'écriture !
Ce fut donc Vagultabre qui écrivit les résultats du combo.
Combo #08 : Seconde Chance 2
Attaques utilisées : Repli - Façade
Description du combo : Une seconde chance de toucher la cible est donné au lanceur de la Façade grâce au ricochet contre le Pokémon usant de Repli.
Puissance combinée : 70 + 20 %
Puissance totale : 84-Maintenant c'est noté !
-Super !
Le vaisseau-serpent ne s'était pas arrêté une seule fois durant le duel. Nous avions gagné alors que nous n'étions même pas sur la terre ferme. Ce qui était pour moi assez bizarre.
Nous vîmes l'escalier qui allait vers l'E.2.
-Ne me dites pas qu'en plus le vaisseau se dirige tout le temps vers l'escalier ? s'étonna Carapuce.
-Si, visiblement.
Son sourire s'élargit.
-Cool !
Nous descendîmes les marches sans bouger, car nous étions portés par le vaisseau-serpent. Il y avait tout de même une place considérable dans ce dernier. Carapuce voulut poser son Sac sur le vaisseau, mais je l'en empêchai. Il suffisait qu'il y aie un seul Pokémon sauvage assez malin pour qu'il nous le subtilise. Si c'était le cas, bye-bye le
Multidex, les baies concoctées par Vagultabre, et le Sac en lui-même. Ce qui serait handicapant, très handicapant.
Et une nouvelle secousse fit chuter des grosses pierres sur nos têtes.
-Oh non, c'est pas vrai ! pestai-je.
-Cela ne s'arrêtera donc jamais ! s'écria Vagultabre à son tour, agacé aussi.
Nous réussîmes tous à esquiver les pierres, à peu près. Carapuce avait un tas de gravats sur le crâne, et je m'entreprit de les enlever.
-Merci...
-Y a pas de quoi.
Nous continuâmes notre route bercée par les mouvements du vaisseau-serpent. J'eus même le temps de méditer sur la vision de tout à l'heure. Mais ma réflexion fut interrompue brutalement par un autre éboulement, plus violent que celui d'il y avait cinq minutes.
-Non, ça ne s'arrêtera jamais, fis-je pour répondre à la question de Vagultabre.
Je me pris un caillou gros comme une boule de pétanque sur l'arrière de la tête, ce qui me fit voir trouble durant quelques secondes. Une douleur sourde envahit mon cerveau. «Aïe ! Aïe aïe aïe aïe aïe ! Cette pierre était petite, mais elle suffit pour m'assommer un peu...».
-Faites attention, je viens de me prendre un caillou sur la tête, ça fait vachement mal, alors soyez pru...
Ma phrase fut coupée par une explosion dehors, qui provoqua un bruit atroce et qui déboucha mes oreilles. Des débris de murs du palais fusèrent à notre gauche, signe qu'une attaque avait été lancée sur ledit mur. Ce fut Carapuce cette fois-ci qui s'en prit une dans la tête. Vagultabre encaissa la pierre qui heurta son frêle bras. Nous étions tout trois blessés par ces satanés pierres.
Et une nouvelle explosion, qui détruit entièrement le reste du mur à droite.
-Et allez, mais c'est la fête aujourd'hui ?! criai-je, énervé.
Je vis Rayquaza se faire happer dangereusement par un Ultralaser et atterrir dans une tour. Cette dernière disparut complètement derrière le serpent Légendaire, qui venait de la pulvériser sans le faire exprès.
-MES FRERES, ARRETEZ TOUT DE SUITE VOTRE MASSACRE ! hurla-t-il à l'intention de Groudon et Kyogre. CESSEZ IMMEDIATEMENT CES ATTAQUES INCESSANTES SUR MON PALAIS !
-ALORS EMPECHE TOI-MEME KYOGRE DE NOYER MES FLAMMES DESTRUCTRICES DERRIERE DES TORRENTS D'EAU ! répliqua Groudon, frustré.
-TU NE PEUX PAS STOPPER TON COMPORTEMENT PUERIL, MON RIVAL ETERNEL ! gronda Kyogre à l'adresse de Groudon.
Moi, mes tympans souffraient horriblement.
-CESSEZ ! CESSEZ !! tempêta Rayquaza, enragé.
Il envoya un Dracochoc pour calmer les deux autres bêtes.
-C'est le bazar total, murmura Carapuce.
En effet.
Le compte à rebours de la fin du monde fut lancée ce jour-ci.
*Vagultabre n'a pas de pieds ni de pattes, il a des racines, c'est normal que j'ai dû changer l'expression «fouler du pied» pour l'adapter aux dires de notre cher ami l'arbre.