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Une radio, un pendentif et une tablette de chocolat. de TheMizuHanta



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» Auteur : TheMizuHanta - Voir le profil
» Créé le 02/02/2014 à 13:28
» Dernière mise à jour le 17/10/2014 à 20:15

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Chapitre 12: [Flashback 1]: (Partie 1/2) Le prix de la vie.
Salle d'entraînement : 15h37

- Rode, viens ici s'il te plaît !

Depuis combien de temps n'ai je pas entendu cette voix ? Depuis déjà plus de onze années. Je m'en souviens encore parfaitement même si je n'avais que six ans. J'étais dans cette salle d'entraînement depuis la matinée, on était dimanche. Je n'étais pas allé à la messe, papa me laissait dans cette salle parce qu'il avait rapidement vu que je m'y ennuyais. Ce qui m'intéressait, c'était les Pokémon qu'il y avait dans cette pièce. Il y en avait six, je les connaissais tous. Un Colossinge ainsi qu'un Coatox frappaient dans des sacs de sable, un Charmina méditait tranquillement. Un Shaofouine combattait dans le vide, il ne restait plus qu'un Simiabraz et un Hariyama qui faisaient des pompes avec des énormes poids sur le dos. Ces deux derniers m'impressionnaient, ils étaient toujours en face à face, toujours en compétition, à celui qui en faisait plus que l'autre. Si il y en avait un qui ajoutait des poids, l'autre continuait l'exercice sur une main. Il arrivait très souvent qu'aucun des deux ne gagnent. Ils ne seront plus capables de bouger du reste de la journée à cause de la fatigue et leur dresseur les grondera, mais ils recommenceront le lendemain. La volonté de gagner, une qualité que j'admire depuis toujours, je ne me lassais jamais de les voir comme ça. Je fus rapidement tiré de mes pensées par la même voix, mais son propriétaire me secoua l'épaule :

- Rode, je t'ai demandé de venir, on a eu une livraison, et je vais pas tout ramener tout seul !

A ces mots prononcés, tout le monde arrêta ses occupations et se dirigea vers l'extérieur. Sur le trottoir était entreposé une trentaine de cartons de plusieurs tailles et plusieurs poids différent. C'était évidemment du matériel d'entraînement, on se le faisait livrer régulièrement. On devait procéder comme ça à cause de Simiabraz et Hariyama, ces deux là usaient les protections et les cibles à une vitesse inimaginable, toujours à cause de leurs compétitions régulières. Je me mis à trembler, il faisait vachement froid, vu que l'on était le 24 décembre, le jour de noël et mon anniversaire. Leur mission était de tout ramener dans la salle, tout le monde se mit au travail. Moi aussi je participais à la tâche, certes je ne ramenais pas grand chose à chaque voyage, mais ça avait l'air de faire plaisir à tout le monde de me voir mettre la main à la pâte. Cette fois ci, j'avais ramené trois petits paquets, il y avait probablement des mitaines à l'intérieur. Ils étaient légers, alors je pouvais porter les trois à la fois. Le tout n'était pas trop lourd, mais la troisième boîte m'empêchait de voir devant moi. Je marchais donc lentement, en espérant qu'aucun obstacle ne soit devant moi, afin de ne pas faire tout tomber.
Une fois que j'avais posé mes trois colis sur une table, je remarquais avec une légère déception que tout le reste était déjà déplacé. Tous les autres cartons étaient déjà dans la salle, le pire était que tout le monde était déjà retourné à son entraînement personnel. Je me disais que c'était normal, ils étaient tous plus forts, plus âgés, plus expérimentés que moi. Mais je me sentais tout de même un peu nul à ce moment là. Leur dresseur arriva dans la salle, un grand sourire aux lèvres. C'était un grand homme, il mesurait deux mètres, avec des épaules larges. Il avait des cheveux bruns légèrement longs, toujours habillés d'un survêtement de sport gris avec un T-shirt blanc en dessous. Il marcha vers moi avec un grand sourire aux lèvres. Une fois arrivé à ma hauteur, il mit sa main sur le haut de mon crâne, le frotta vigoureusement et me lança :

- Hé bien fiston, cette fois t'a amené trois paquet ! T'as battu ton record, bien joué !

Oui, l'homme de qui je parle est bien mon père. Il s'agit de John Ward, un dresseur d'exception expert en Pokémon de type combat. Je le fixais d'un regard septique, je contemplais tout ce qu'avait ramené ses Pokémon. J'avais l'air carrément ridicule avec mes trois petites boîtes pas lourdes. Même si je ne parlais jamais, il comprenait tout ce que je pensais. Il s'assit donc en tailleur à côté de moi et m'expliqua :

- Tu sais Rode, être fort ne se résume pas au nombre de paquets que tu vas porter, mais à ceux que tu portera demain. Je veux dire que le jeu pour être fort consiste tout simplement à faire plus la prochaine fois. Tu as porté trois cartons, ce qui veut dire qu'aujourd'hui, tu as battu ton ancien record. Tu vois, ça peut être très simple d'être fort hein ?

Il avait toujours les bons mots pour me mettre de bonne humeur, je ne pouvais m'empêcher de sourire, à chaque fois qu'il tente de me remonter le moral. Il se releva ensuite et fouilla dans sa poche, je tournais la tête vers lui, afin de savoir ce qu'il allait faire. Il en sortit une petite pièce, grise et brillante car elle avait l'air flambant neuve. Il y était gravé le numéro « 10 » dessus, il y avait le dessin d'un bâtiment en second plan, je ne savais pas à quoi il correspondait. Il me la tendit, je le questionnais du regard, afin de comprendre pourquoi il voulait me la donner:

- Tout travail mérite salaire, et comme tu as battu ton record, tu as le droit à cette pièce de dix Pokédollard ! C'est pas grand chose, mais on est vraiment juste cette année pour ton cadeau d'anniversaire, j'espère que tu nous pardo... Ah bah on dirait que c'est déjà fait...

Je ne lui avais pas laissé le temps de finir sa phrase, je m'étais jeté dans ses bras. Je ne parlais jamais, mais je le remerciais de cette façon. Il prit ma tête entre ses mains et resta ainsi quelques temps.
Une fois que je m'étais écarté de lui, il me tendit la pièce, elle donnait une certaine sensation, elle avait une certaine chaleur. Une douce sensation d'être en sécurité, d'être protégé, d'être aimé. Une fois que je relevais la tête, je remarquais qu'il était déjà partit. Je regardais l'horloge, il était 15h50, l'heure de son footing quotidien. J'allais donc devoir attendre son retour avant de retourner à la maison. Il me dit peut être que je suis un grand maintenant, mais je n'avais encore que six ans, j'avais toujours besoin de quelqu'un. De toute façon, cela ne me dérangeais pas de l'attendre. Pour m'occuper, je vais donner de l'eau, des baies ainsi que des serviettes pour ses Pokémon qui s'entraînent depuis ce matin. Si il n'est pas là, autant que ce soit moi qui m'en occupe, car moi aussi je serais un dresseur. Moi aussi je serais quelqu'un de fort, et je savais que pour arriver à mon but, je devais commencer par ça.

Salle d'entraînement : 17h12

- Bon, l'entraînement est terminé maintenant, tout le monde se s'arrête !

John était rentré, complètement en nage et essoufflé, tous ses Pokémon exécutèrent sa demande. Ils étaient eux aussi fatigués, sauf Simiabraz et Hariyama qui commencèrent à se bousculer et à faire des combats du regard. Leur dresseur le vit de suite et réagit immédiatement :

- Hé ho, on arrête les chamailleries ! Je croyais que vous étiez plus grand que ça...

Les deux se mirent à bouder, les bras croisés. Il se mit à pouffer de rire en voyant la situation, et les deux concernés le fusillèrent du regard. Il avait vite comprit ce qu'ils voulaient :

- Et bien, on dirait que personne n'a gagné aujourd'hui... Et vous voulez vous départager ?

Les deux hochèrent la tête en même temps, je savais ce que cela voulait dire. A chaque fois qu'il se passe quelque chose comme ça, qu'ils sont encore en forme après leurs « compétitions » journalières. Ils allaient finir par un combat réel entre eux deux. J'ai toujours voulu voir une bataille comme celle là. Un combat entre ces deux titans, entre les deux Pokémon les plus forts de mon père, ceux qu'il ne sort qu'en dernier recours. Mais à chaque fois qu'un événement pareil allait se créer, papa appelait Jeanne pour qu'elle vienne me chercher. Afin que je n'assiste pas au combat, pour me « protéger », et cela m'énervait. Mais aujourd'hui, ça allait changer, il a décidé cette fois de faire abstraction de tout ça. Il me regarda avec un grand sourire aux lèvres et me demanda :

- Dis moi fiston, t'aurais pas envie pour une fois de voir le combat ?

J'hochais immédiatement de la tête, je savais qu'une telle occasion n'allait probablement pas se reproduire. Les quatre autres Pokémon firent de la place, afin que les deux combattants aient le maximum d'espace possible pour ne pas être gênés. Les deux concernés continuèrent de se fixer du regard. Ils attisaient leur rivalité afin de ne retenir aucun coup. Une fois que tout était prêt, John frappa des mains une première fois. Il était assit en tailleur, j'étais entre ses jambes, afin « d'éviter les probables risques ». Lors de ce premier signal, les deux adversaires fermèrent leurs yeux. Ils calmèrent leur respiration, se concentraient. Ils allaient tout oublier pendant un certain temps, ils se préparaient pour leur combat. Aucun des deux ne voulaient perdre face à l'autre, sous aucun prétexte. A ce moment là, je sentais une atmosphère pesante qui régnait dans toute la salle. Même les autres membres de l'équipe de mon père retenaient leur souffle, ils savaient que ce n'était pas un match pour du beurre, que chaque coup porté aurait une puissance phénoménale. Il allait se passer beaucoup de choses durant ce face à face. Au bout de deux minutes, John frappa des mains une deuxième fois, à ce moment là, les deux ouvrèrent les yeux, un niveau de bestialité accru se lisait dans leur regard.
Ils se jetèrent tous les deux dans le centre du terrain, poing en avant. Ils s'échangèrent un grand nombre de coups de poings et de coups de pieds à une vitesse fulgurante. Même si Hariyama était moins rapide, Simiabraz savait qu'un seul de ses coups pouvait renverser la situation. Ce dernier joua donc la carte de l'agilité et de la vitesse, il évitait aisément chacune des attaques de son rival et enchaînait avec un contre. Mais le Pokémon Cogneur connaissait ses faiblesses, il enchaîna une vingtaine de coups de poings que son adversaire ne pouvait éviter. Ses attaques étaient teintées d'une couleur violette, papa m'expliqua rapidement qu'il s'agissait d'une attaque Direct Toxic. Le Pokémon Flamme recula rapidement en se tenant l'épaule et en serrant les dents. Cette attaque avait l'air de faire effet, une vilaine trace violette se voyait là où il a été touché. Cette capacité venait de l'empoisonner, ce combat partait très mal pour lui. Mais il en avait l'habitude, ce n'était pas cette seule attaque qui allait le faire perdre contre lui. Il se lança à nouveau face à son adversaire, une certaine lueur bleue dans les yeux :

- Tiens ? Ça fait longtemps qu'il n'a pas sortit Détection...

Il resta immobile face à son adversaire, avec un grand sourire. Ce dernier détestait cette expression, il balança un puissant coup de poing pour écraser ce visage moqueur, c'était une erreur. Car en un rapide mouvement, le Pokémon Flamme avait attrapé son poing et utilisa la force de ce coup pour le balancer au sol. Il a donc préparé tout ce manège avec cette capacité Détection afin de le mettre en position de faiblesse. Il fit un bond pour être au dessus de lui et cracha une déflagration à pleine puissance sur son adversaire à terre. La température ambiante avait subitement augmenté, j'avais même du mal à la supporter. Le Pokémon Cogneur se releva difficilement, je remarquais qu'il était brûlé. Ils étaient tous les deux atteints d'un mauvais statut, ils avaient aussi l'air d'être épuisé. Même si il ne s'était pas passé grand chose, l'intensité était monstrueuse. Ils avaient du mal à tenir debout, mais leur regard était toujours teinté de cette rage de vaincre à tout prix. Leur dresseur se mit à réfléchir un instant, puis leur lança :

- J'allais vous demander d'arrêter, mais on dirait qu'il nous faut un vainqueur. Je vous laisse une dernière attaque, si vous êtes tous les deux debout après ça, ce sera un match nul.

Simiabraz et Hariyama regardèrent leur dresseur, puis acceptèrent la condition. Ils se mirent tous les deux dans une drôle de position. Le Pokémon Flamme de profil, enflamment son corps tout entier et le Pokémon Cogneur les jambes écartées et les poings au bassin. Ils restèrent un long moment ainsi, ils accumulaient la force qui leur restait. Le dernier coup allait être décisif, impossible de savoir à ce niveau qui allait gagner. Mon père se mit à rire doucement, il se mit à écrire je ne sais quoi sur un petit bout de papier, il me dit ensuite :

- Tiens, garde bien ça. Je viens d'écrire le nom du vainqueur de ce combat...

Je le regardais étrangement, il venait de prédire le vainqueur du combat ? A mes yeux, tout allait dépendre de qui allait donner en premier le coup. Ça pourrait être le Simiabraz car il est plus rapide, mais il suffirait qu'Hariyama utilise façade par exemple, la puissance et la vitesse de son attaque seront améliorées car il est brûlé. Il était impossible de prédire quoi que ce soit. Je fus rapidement sortit de mes pensées, les deux combattants se lancèrent dans leur dernière attaque. Il s'agissait de la dernière joute, la passe décisive, l'un d'eux devait forcément tomber. Hariyama balança sa main droite à toute vitesse, il avait opté pour un Mitra-poing. Tandis que Simiabraz continua de foncer avec sa robe de flammes rouges, je ne savais pas quelle attaque il allait faire. Au moment où l'impact des deux attaques avait lieu, une explosion prit place dans la pièce. Mon père se mit même en face de moi pour me protéger. Une fois que la fumée créée par le choc fut dissipée, les deux rivaux étaient encore debout, ils étaient dos à dos, ils ne bougeaient plus. Après une dizaine de secondes insoutenables, mon père avança lentement vers eux. Alors que je croyais que ce combat allait finir en match nul, un des deux Pokémon tomba au sol.
Il s'agissait d'Hariyama qui avait succombé à sa brûlure. Son dresseur s'agenouilla rapidement à ses côtés afin de voir si il n'y avait pas une grosse blessure. Il soigna ensuite ses deux Pokémon exténués et félicita son vainqueur, il dit ensuite :

- Rode, pourrais tu regarder quel nom est inscrit sur le papier s'il te plaît ?

J'ouvris lentement le petit pliage. Je n'avais qu'en première année de l'école primaire, mais j'arrivais déjà à lire et écrire le nom de plusieurs Pokémon, dont ceux de John. L'écriture était peu facile à lire, mais j'arrivais à distinguer la première lettre. J'en déduisais donc qu'il avait écrit « Simiabraz » dessus. Une question traversa ma tête, comment a t il su quel allait être le vainqueur ? Il était impossible de savoir qui allait gagner. Encore une fois, mon père me donna la réponse :

- Si Simiabraz a gagné, ce n'est pas dû au hasard, j'ai tout simplement parié sur le fait qu'Hariyama soit brûlé. Le combat aurait été équitable si ce dernier avait utilisé une attaque poison face à la capacité Boutefeu. Retiens bien ceci Rode, les altérations de statut changent complètement le combat, que ce soit sur la courte ou la longue durée. Note bien ça quelque part, parce tu partiras un jour quand tu seras plus grand, tu devras apprendre tout ça. Car tu auras un Pokémon, et tu deviendras son dresseur.

Mon père avait souvent l'habitude de me donner de nombreuses leçons. Il savait que je voulais devenir un dresseur comme lui, un grand dresseur. Mon père était vraiment quelqu'un d'incroyable, il savait comment renverser une situation gênante en un instant pour gagner. Il avait collecté avec facilité tous les badges d'arène de Sinnoh, il avait même réussit à vaincre Kiméra, la championne d'Unionpolis qui utilise des Pokémon spectres avec uniquement des capacités de type combat. Il apparaissait dans tous les magazines, même ceux qui ne parlaient pas de ses matchs. Tout le monde pariait même sur la facilité avec laquelle il allait vaincre la ligue Pokémon. Il surprit le monde entier quand il annonça un jour qu'il arrêtait sa carrière d'un coup. Tout le monde demandait pourquoi, il répondit qu'il avait maintenant une vraie famille, et qu'il était grand temps de s'en occuper. Il prit sa retraite un 24 décembre, le jour de ma naissance.
Il continua de s'occuper tout de même de ses Pokémon, il avait ouvert une salle d'entraînement au centre ville. De nombreux dresseurs venaient pour essayer de le vaincre, comme si il était le véritable champion de la ville.

Salle d'entraînement : 17h52

Une fois que les blessures furent pansées, il rappela tous ses compagnons dans leur Pokéball. Il se mit à ranger la salle afin qu'elle soit en état le lendemain, et je l'aidais. Une fois que tout était à sa place, nous mettons notre manteau afin de se protéger du froid mordant de l'hiver. John ferma la porte qui menait à l'accès de la salle à clé et la rangea dans sa poche. Nous nous mettons ensuite à marcher pour rentrer à la maison. Cette journée était remplie en sensations. C'était pour moi la plus belle journée que j'allais passer de toute ma vie. Et pourtant, il suffit qu'une seule chose ne change pour qu'elle ne vire au cauchemar.
Nous avions traversé la moitié de notre chemin, mon père fit un crochet par la boulangerie, il disait qu'il fallait amener du pain pour le dîner de ce soir. Je décidais de rester dehors, afin de pouvoir un peu profiter de la neige qui tombait. Je croyais qu'il n'y avait personne dans cette rue, on entendait le vent souffler. Mais je remarquais à un moment qu'il y avait quelqu'un dans une ruelle sur le trottoir d'en face. C'était une personne vêtue d'un imperméable marron clair, coiffé d'un chapeau vert foncé. Je ne pouvais pas le décrire, il était assis, recroquevillé sur lui même, adossé sur le mur et la tête penchée vers le sol. Je ne pouvais m'en empêcher d'avoir de la peine pour lui, alors que nous allions manger au chaud dans la maison, lui allait passer un Noël dans le froid et la solitude. Mon père ressortit rapidement de la boulangerie, il avait deux baguettes à la main. D'habitude, il n'en prenait qu'une. Il se dirigea vers la personne que j'avais vu, il avait l'air de dormir. Une fois que nous étions devant lui, nous le voyons bouger un peu, il demanda faiblement :

- Qu'êtes vous... Venu faire ici... Je n'ai rien demandé...
- Je veux juste te donner un peu à manger.

Mon père lui tendit la seconde baguette qu'il avait acheté. Il tendit lentement sa main, elle tremblait énormément, probablement à cause du froid. Au moment où il prit son pain, John lui attrapa le poignet et le tira vigoureusement vers lui. Il le mit debout avec une grande force, l'homme fut aussi surprit que moi. Mais mon père expliqua rapidement la raison de ses agissements :

- Maintenant que tu as à manger, je vais t'amener à un endroit où tu n'aura plus froid...
- Pourquoi ça ? Je ne t'ai rien demandé...
- On va dire que c'est comme ça d'accords ? Je n'aime pas voir des gens vivre dans le besoin.
- Tu as... Amené ton enfant ?

Une fois qu'il était debout, je pouvais enfin voir son visage car il le gardait tourné vers le sol. Il me fixa de ses yeux, je le voyais parfaitement, ses yeux bleu ciel me donnaient l'impression de transpercer mon corps. Il se mit à sourire de toutes ses dents. Je compris à ce moment là qu'il n'aurait jamais fallu voir cette personne. Je voulais crier à mon père de faire attention, mais c'était trop tard. L'homme au regard glacial plongea sa main gauche dans la poche avant de lancer :

- C'est tout ce que j'espérais de toi. Maintenant, il va falloir passer un épreuve...

Il sortit de son manteau une seringue, et avant que mon père n'ait le temps de faire quoi que ce soit, l'aiguille était plantée dans son cou. Je vis avec horreur le liquide jaune entrer à l'intérieur de son corps. John tomba au sol instantanément, sans aucun signe de vie. J'étais pour ma part paralysé par la peur, je ne pouvais plus bouger, plus crier. Je ne pouvais plus rien faire, non pas parce que je venais de voir mon père ne plus donner aucun signe de vie, j'étais tout simplement paralysé par son regard. Ses yeux me pétrifiaient, ils continuaient de me fixer, je ne pouvais même plus reculer tellement je tremblais. L'homme qui venait de mettre John à terre sortit un mouchoir de sa poche, il y versa une sorte d'eau étrange, s'approcha de moi et me colla le morceau de tissu sous le nez. Il sentait très fort, tellement fort que je n'arrivais pas du tout à associer cette odeur à quoi que ce soit. Je sentis que je perdais rapidement connaissance, probablement à cause de ce liquide. J'avais à peine le temps d'entendre une dernière phrase de cet homme, qui allait me faire plonger dans le pire des cauchemars :

- Il est temps que tu apprennes la chose la plus importante dans ce monde, le prix de la vie...

Puis ensuite, plus rien, je tombais dans le noir le plus total, je ne sentais plus rien. Même plus de la peur, car je n'avais aucune idée de ce qu'il allait m'arriver.