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L'Eclaireur [OS] de Milolaidus



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» Auteur : Milolaidus - Voir le profil
» Créé le 27/01/2014 à 18:38
» Dernière mise à jour le 31/01/2014 à 21:01

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L'Eclaireur
Lentement, la poussière et la fumée se dissipèrent. Petit à petit, un jeune corps, allongé, se dessina. Plusieurs secondes se passèrent. Mais il ne bougeait toujours pas.

L'Eclaireur rappela son Pokémon. Lentement, il s'approcha. Il ne pouvait y croire. C'était impossible ! Cet instant représentait l'aboutissement de tous ses projets, de toute sa vie. C'était ce qu'il désirait le plus au monde. Et pourtant, ses tentatives avaient échouées tant de fois, qu'il ne pouvait plus y croire. Il ne pourrait plus supporter une autre désillusion, voir une nouvelle fois ses rêves s'envoler au loin.

La plus grande de toutes les épreuves se déroulait maintenant, alors que son ennemi était déjà au sol.

Lentement, l'Eclaireur s'approcha. Chaque seconde tendait à confirmer l'impossible. Et pourtant, plus il s'approchait, plus il se sentait soudain prit d'une étrange mélancolie. Et plus il s'approchait, plus les traits de l'ultime obstacle au sens de sa vie se faisaient précis.

La poussière était maintenant totalement retombée. Son ennemi était au sol, juste à ses pieds. Un gamin de treize ans. Pas le moindre mouvement n'animait sa poitrine. Pas le plus petit soubresaut ne faisait trembler ses paupières fermées. Il avait l'air de s'être endormi, là, tout simplement. Parfaitement tranquille et serein.

L'Eclaireur s'agenouilla, et chercha soigneusement le pouls de jeune garçon qui avait hanté sa vie. Il attendit plus d'une minute. Et, alors, il eu le sentiment étrange d'avoir subi une perte.

Il regarda encore une fois le visage de ce jeune garçon qui, cette fois, il en était sûr, ne se réveillerait jamais. Il fut alors pris d'une profonde affection pour lui. L'Eclaireur tenta d'analyser ce qu'il ressentait. Etait-il normal qu'il éprouve autant d'empathie pour ce gosse qui avait gâchées plusieurs années de sa vie ? Il se rendait compte maintenant que leur nombreuses confrontations avaient fait naître une certaine admiration en lui pour ce jeune garçon. Un garçon si brillant et prometteur ! Que serait-il devenu, s'il avait continué à grandir ?

Et puis, c'était dans l'ordre des choses. C'était arrivé si souvent. Les gens comme lui se retrouvaient toujours, à un moment ou un autre, confrontés à un jeune surdoué droit et moral, à la vue courte, et venu briser leurs rêves. C'était devenu une routine, une banalité, quelque chose de normal. Et cela mettait un peu de piment dans la vie de l'Eclaireur. La réussite n'est-elle pas moins agréable quand elle est obtenue trop facilement, après tout ?

Ou peut-être bien que c'était la nouveauté, l'inconnu, qui lui faisait peur, en ce moment même. Ce schéma qui se déroulait depuis trois bonnes années, en somme, depuis que les projets de l'Eclaireur avaient commencés à devenir sérieux, avait quelque chose de rassurant. Les défaites et les échecs, à force, n'étaient même plus vraiment désagréables. Et tous ces projets étaient tellement fous, tellement ambitieux, qu'ils lui faisaient même peur à lui-même, par moment, et qu'il se sentait presque soulagé, quand tout échouait.

Mais maintenant, les choses avaient changées. Il était face à l'inconnu. Seul, devant son destin. Sans barrière exaspérante, mais ô combien rassurante. Il ne pouvait plus reculer, et tout reporter à demain, et au surlendemain.

Le Gamin était mort.

— Vous... Vous l'avez vraiment fait !...

— Laisse-moi.

— Mais...

— J'ai besoin d'être seul.

— Je comprends. Je me retire, grand Eclaireur. Plus que jamais, maintenant, nous aurons besoin de votre lumière.

— Une seconde.

— Oui ?

— Ses Pokéballs. Mets-les en lieu sûr.

— Tout de suite !
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L'éclaireur s'agenouilla de nouveau aux côtés de celui qu'il appelait « le Gamin ». Il caressa son front, qui commençait déjà à refroidir. Puis il prit sa main gauche entre ses deux mains.

— Tu t'es admirablement battu, gamin. Mais l'ère de l'immobilisme s'achève. Si tu étais plus vieux, tu aurais peut-être compris que le monde n'est pas tout blanc ou tout noir. Qu'il change grâce aux révolutionnaires qui se donnent les moyens de bouleverser les champs de quilles sagement rangées, et seulement grâce à eux. Que ces personnes ont étés détestées de leur temps, puis adulées par les générations futures. Et que, si le mieux est l'ennemi du bien, il est lui aussi une valeur qui mérite d'être défendue.

L'éclaireur ferma les yeux.

— Si tu avais compris tout cela, peut-être aurais-tu voulu me rejoindre. Changer le monde, avec moi. Cela aurait été merveilleux ! Mais, il n'y a pas de regrets à avoir. Ce ne serait jamais arrivé, de toute façon.

Les yeux toujours fermés, il se remémora son combat, depuis le tout début. Toutes les actions qui avaient menées jusqu'à ce jour clé, jour de la réussite final, mais jour si effrayant en même temps.
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Son histoire commença au moment où il choisit son nom. L'Eclaireur. Avant, il n'en avait pas. Ou, peut-être en avait-il eu un, mais cela n'avait aucune importance. Seul ce nom-ci existait et importait. Il était né à vingt ans, avec un profond malaise ancré dans les entrailles, jour et nuit, et ce sentiment qu'il était et devait devenir le guide, la lumière du monde, celui qui va de l'avant et éclaire le chemin. L'Eclaireur. C'était la naissance et le but de sa vie. Le seul.

Seul, justement. Il était seul, solitaire. Il n'était attaché à personne. Et aucune personne n'avait suffisamment d'intérêt à ses yeux pour qu'il songe à s'y attacher. Il faisait des petits boulots dont il s'acquittait tant bien que mal, et tout le monde gardait une distance respectueuse envers lui, quand il n'était pas carrément fuit. Là, il avait tout le loisir d'observer ces foules de personnes stupides et téléguidées, aux idées toutes faites, et qui passaient leur vie à faire les mêmes choses et à se croire importantes. Le reste du temps, il rêvait de grandes choses et d'utopies, et, parfois, sans qu'il ne sache vraiment pourquoi, il se mettait à écrire des textes sans queue ni tête, seul, chez lui, que personne d'autre que lui ne lirait, et dont personne d'autre n'aurait jamais connaissance. C'est ainsi qu'il survivait, en attendant de vivre.

Et puis un jour, alors qu'il regardait un simple combat de Pokémons entre deux champions de la région, à la télévision, il eu une révélation. Il réalisa qu'en ce bas monde, les combats de Pokémons étaient vraiment la seule chose qui rassemblait tous les humains, unissait les foules, par delà les opinions et les nationalités, et leurs permettait de se créer des héros. Ce devait être le fameux ingrédient qui permettait de garder les sociétés soudées, et les empêchait de s'effondrer sur elles-mêmes. Quoi d'autre, sinon cela ? C'était un bon commencement.

Ainsi, il se priva pendant de longs mois, faisant des économies sur le peu qu'il gagnait, mangeant parfois à peine à sa faim, et, quand il eu rassemblé de quoi survivre quelques temps, il se trouva un Pokémon, le premier qu'il pût se procurer, et parti sur les routes, au hasard, vivant au jour le jour, affrontant des dresseurs un peu partout, capturant des Pokémons sauvages, et plantant sa tente où bon lui semblait. Ainsi, comme bon nombre de personnes avant lui, il était inutile à la société, ou, tout du moins, de façon directe.

Il voyagea un peu partout, sans éprouver plus d'intérêt que cela à son voyage. Cependant, ça le changeait de ses activités passées, et, avec ses quelques économies et l'argent des quelques dresseurs qu'il avait rackettés en parfaite légalité, il parvenait à vivre à peu-près décemment. Le fait de ne s'être attaché à personne était d'ailleurs un avantage, car rien ne le freinait dans son aventure.

Il participa à des tournois, tenta de se faire un nom. Bientôt il y arriva. Devenir un grand dresseur était son but du moment. Il était donc impliqué corps et âme à ce projet, et cela paya. Gagner quelques tournois lui permis de se faire une petite notoriété. On commençait à parler de lui, petit à petit, dans les journaux locaux, puis à plus grande échelle. De bons dresseurs naissaient tous les jours, mais, pourtant, cela continuait à intéresser les gens. Puis il commença à remporter des tournois plus prestigieux, à gagner des badges. Et, au final, il ramassa tous ceux de sa région en moins de quatre mois, ce qui ne s'était jamais vu. On commença à le porter aux nues, à remplir des livres de stratégie ou d'analyse sur ses techniques de combat, et pronostiquer le moment où il deviendrait le nouveau maître de la ligue Pokémon. Il passa à la télévision, prononça quelques banalités lors de quelques interviews. Il était devenu riche, et un assez vaste réseau de personnes qui ne l'intéressaient pas s'était mis à graviter autour de lui, comme des papillons de nuit devant la lumière. Mais ce n'était pas cette lumière là qu'il voulait montrer à la face du monde.

Il ne tenta jamais la ligue Pokémon, et refusa les propositions au poste de champion, quand l'un de ceux de la région pris sa retraite. Ce n'était pas son but. Déjà, un autre type faisait parler de lui, et était bien parti pour écumer les badges encore plus rapidement que lui. Il rassembla une petite troupe de ses plus fervents admirateurs, tant qu'il en avait encore, les flatta, les fit rêver, leur ouvrit de nouveaux horizons, et, bientôt, l'éclaireur avait sous la coupe une cinquantaine de personnes qui partageaient ses positions et auraient fait n'importe quoi pour lui. Il parvint à augmenter ce nombre, petit à petit, par divers moyens, dont certains conseillés par ses propres « papillons ». Quand le réseau commença à devenir suffisamment important, il l'implanta dans un bâtiment, et il donna un nom « officiel » à son petit groupe : « les Eclairés ».

Certains commencèrent à parler d'une nouvelle secte. Ce revirement surprenant, de celui qu'on prenait encore il y a peu de temps pour le futur maître de la ligue Pokémon, fit beaucoup jaser, et, aux Eclairés, on ne tarda pas à donner le petit surnom d' « Illuminés ». Pour endiguer la polémique, l'Eclaireur tenta le tout pour le tout : il l'amplifia. Il s'enferma, seul, plusieurs heures, chaque jour, dans une pièce du bâtiment des Eclairés, qui était devenu son nouveau foyer. Là, il écrivit plus ou moins les mêmes délires qu'à l'époque où il vivait encore dans un petit studio insalubre. Sauf que cette fois, c'était dans le but d'être lu. Ainsi, en moins d'un mois, il avait un livre de plus de trois cents pages. En le relisant, il ne comprenait pas lui-même tout ce qui y était écrit. Son livre était exactement tel qu'il le voulait !

C'est ainsi que « Eclairons le chemin » parût. Et l'effet fut exactement celui que l'Eclaireur avait prévu. Le simple pouvoir de blocs de mots sur un paquet de feuilles en papier créa une véritable explosion dans la région. La polémique enfla. Certains voulurent censurer le livre. D'autres s'y opposaient farouchement. Ces conflits créèrent de grands débats, qui entretinrent le phénomène et la polémique. En attendant, son livre devint un best-seller. Il n'y avait probablement pas un dixième des personnes l'ayant acheté qui l'avaient lu. Nombreux étaient ceux qui en parlaient en ayant à peine regardés la quatrième de couverture. Le phénomène marcha si bien qu'en réponse aux gens scandalisés, des défenseurs de ce livre et de ses idées se dressèrent. Cela passait pour un mouvement nouveau, tendance. Cela bouleversait l'ordre établi, et c'est ce qui plaisait beaucoup, particulièrement chez les jeunes. Le vrai message, en fin de compte, n'avais que peu d'importance. Et, de toute façon, le message général n'était absolument pas clair, pas même dans la tête de l'Eclaireur.

C'est ainsi qu'en l'espace de quelques jours, des milliers de personnes se rendirent au bâtiment des Eclairés, et voulurent en faire partie. Le groupe s'agrandi. L'Eclaireur créa de nouveaux bâtiments. Il fit des conférences, et donna son avis sur un peu tout et n'importe quoi. Il créa des postes, une hiérarchie au sein de son groupe. Tandis qu'il était toujours autant contesté de l'extérieur, traité de fou et de gourou, tout marchait incroyablement bien. Il eu bientôt droit à ses premières lettres anonymes, emplies de menaces de mort. Cela gonfla encore un peu son statut de visionnaire et de révolutionnaire. Puis, petit à petit, il se montra de moins en moins, et se fit lentement oublier. Il fit une sélection parmi ses Eclairés, il ne conserva que ceux qui lui paraissaient les plus fiables et les plus utiles. Il eu ainsi un millier d'hommes près à tout quitter pour le suivre, partageant tous ses rêves, toutes ses idées, près à faire tout ce que l'Eclaireur aurait l'idée de leur demander, et bien plus encore. Et, bientôt, on arrêta de parler d'eux.

Deux ans plus tard, les Eclairés refaisaient la une des journaux, mais, cette fois, en tant que vaste organisation criminelle à part entière. Ils devinrent le principal fléau de la région. L'Eclairé monta au rang d'ennemi public numéro un, et l'on promettait un million de Pokédollards de récompense à toute personne en mesure de donner la moindre information pouvant mener à sa capture. Mais nul ne savait où il se cachait. Il était intouchable.

Puis, un gosse incroyablement doué pour les combats de Pokémon apparu, et, là ou la police était impuissante, il mit à lui seul tous les plans des Eclairés en échec.

Ce même gosse était maintenant allongé au sol, et l'Eclaireur lui tenait la main.
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Quand le Pokémon créateur du monde s'effondra à ses pieds, c'est à peine si l'Eclaireur ressenti de la joie, ou un simple sentiment de réussite. Il venait d'aller au delà de tout ce qui avait été réalisé depuis le début des temps, et, pourtant, tout ceci ne découlait que d'une suite d'évènements logiques et hautement prévisibles. Sa véritable réussite n'était pas la capture d'Arceus. Non, sa véritable réussite était sa victoire sur le Gamin. À partir de là, cette petite formalité, prévue depuis plus d'un an et hautement planifiée, avait été réglée en deux jours, sans le plus petit accro.

L'Eclaireur s'approcha de sa proie, et, par provocation, tapota la tête du Pokémon à l'origine du monde. Celui-ci gronda sourdement, mais, sans ses gemmes, et sous l'influence des légendaires à l'origine des dimensions, préalablement maîtrisés, eux aussi, un peu plus tôt, il ne pouvait rien faire. Ce Pokémon à la puissance infinie, ironiquement, était maintenant à terre, complètement impuissant.

Tout son pouvoir venait de ses gemmes. C'était évident. Ou plutôt, tout ce qui lui restait encore de pouvoir était stocké dans ses gemmes. Sans elles, il n'était plus qu'une coquille inerte, possédant tout juste assez d'énergie pour rester consciente et pensante. L'Eclaireur, faisant rouler les pierres à la valeur inestimable dans ses mains, comme de simples jouets, se mit à faire les cent pas autour du Créateur.

— Et bien, et bien. La situation est vraiment ironique, n'est-ce pas ? Toi, le Tout-Puissant, le créateur de toute chose, te voilà réduit à rien. Inutile d'essayer de me tromper par ton silence. Je sais que tu comprends chaque mot que je prononce, et que tu es parfaitement en mesure d'y répondre. Et je sais beaucoup d'autres choses aussi. Par exemple, ton apparence actuelle, et les représentations que l'on voit de toi dans les vieux livres de mythologie, sont très éloignées de ta véritable apparence, sous ta pleine puissance, au Commencement des Temps. Quel était cette apparence ? Aucun humain ne le saura jamais. Peut-être ne possédais-tu même pas d'apparence consistante, visible. Que s'est-il passé entre les deux ? C'est bien simple : tu as transféré la quasi-totalité de ton énergie et de ton essence à ton monde et à tes créations. Les Pokémons légendaires, chargés de maintenir l'équilibre du monde que tu avais créé, font d'ailleurs parti des plus gourmands en énergie. Ainsi, la forme sous laquelle tu t'es parfois manifesté, sur terre, n'est qu'une ombre, et même l'ombre d'une ombre, vidée de la quasi-totalité de son énergie, incarnée dans sa création, sous forme physique, dans une dimension artificielle. C'est amusant que tu ais pu accepter de t'affaiblir autant pour mener ta création à bout. Et malgré tout, tu profites encore par moment des quelques forces qu'il te reste pour aller impressionner quelques humains. Petite canaille !

Tandis que l'Eclairé continuait à tourner autour du Créateur, jouant toujours de la situation, deux curieuses voix, féminines et masculines, mais parlant exactement en même temps, se firent entendre. Pourtant, le Pokémon ne remuait pas d'un millimètre, et ils étaient seuls.

* Et bien, bravo, petit humain. Je suppose que si tu as découvert tout cela, tu ne seras pas surpris d'apprendre que je ne suis plus en mesure de savoir comment tu as accédé à ces informations. Ainsi, il ne me reste plus qu'à te poser poliment la question suivante : « Dis-moi, je te prie. Comment as-tu appris tout cela ? *

— De la télépathie ? Bien sûr ! Tu te décides donc enfin à me « parler » ? En fait, la réponse à ta question est assez simple, mon chère Créateur. Il m'a suffit de potasser quelques bouquins anciens, trouver quelques informations oubliés, chercher là où les autres n'avaient pas cherchés, et, à partir de là, avec une certaine dose d'intuition et de déduction, beaucoup de conclusions sont venues d'elles-mêmes. Mais pratiquement aucune n'étaient rigoureusement certaine avant que tu ne me les confirmes à l'instant même. Enfin, malgré tout, j'étais assez sûr de moi.

* Bien, très bien. Tu as réussi à mettre le créateur du monde à tes pieds. Je te l'accorde, c'est un joli exploit. Mais maintenant, que compte-tu faire ? Devenir le maître du monde, de l'univers, peut-être ? Te servir de moi pour accomplir tous tes caprices égoïstes ? Ou, plus simplement, prendre une petite photo souvenir avec moi, et la montrer à tout le monde ? Je ne suis pas un vulgaire outil, petit humain. Tout cela ne te servira à rien. En vérité, la seule chose que tu risques de faire, c'est chambouler complètement ton monde. Les Pokémons légendaires que j'ai créés ont pour tâche de veiller sur son ordre. Mais, sans sa seule et unique pierre de voûte, l'édifice est condamné à s'effondrer sur lui-même. Personne d'autre que moi ne pourra empêcher cela. Ensuite quand tout se sera effondré, et que je serais de nouveau libéré de tes petits enfantillages, tout remette en place ne devrait pas poser de trop gros problèmes. Le nouveau monde ne sera peut-être plus exactement celui-là, par contre. Ton projet, quel qu'il soit, est condamné à l'échec. *

En entendant tout cela, l'Eclaireur laissa échapper un petit ricanement.

— Tu es amusant. Si tu avais encore assez de puissance pour lire dans mes pensées, tu verrais que je ne suis pas dupe. Mais bon, ainsi, je les moyens de te surprendre. C'est bien plus amusant. Tu résonnes comme si tu étais le plus puissant des Pokémons. Que rien ne te surpassait. Que tu étais le commencement et la fin de tout. Seulement, c'est un mensonge !

* Encore tes déductions ? Tu penses vraiment qu'il existe quelque chose, une entité, plus puissante que moi ? Qui me surpasse ? Et bien, si c'est le cas, tu me l'apprends à l'instant. Mais, je doute fort que ce soit vrai. Si une telle entité existe, elle ne s'est jamais manifestée, de quelque manière que ce soit, directement ou indirectement. Mais, vu sous cet angle, pourquoi pas ? Peut-être dois-je mon aussi me poser la question : est-ce que je possède un Dieu ? *

— Je ne pensais pas à cela. Non, effectivement, il n'y a, selon toute vraisemblance, rien de plus puissant que toi, mon cher Créateur. Par contre, il existe une entité, un Pokémon plus précisément, qui t'es égal. Et je sais que tu le sais.

* Je suis encore capable de reconnaître du bluff. Tu ne sais rien du tout ! Tout cela n'est fondé sur rien ! *

— Oh, mais si, je sais. Et je sais que tu sais. Et même si, par contre, tu ne sembles pas savoir que je sais que tu sais, ton opinion risque de bientôt changer. Tu n'es que l'avant-dernière étape, mon cher Créateur. Pour établir un contrôle parfait sur ce monde, j'ai n'ai pas besoin que de toi. J'ai aussi besoin de ton frérot ; même si tu dois plus le voir comme un rival, je suppose. Et le plus amusant, dans tout cela, c'est que c'est toi qui va l'inviter.

Le Pokémon Créateur, en entendant cela, s'agita. Mais il ne pouvait pratiquement pas remuer, et cela se traduisit simplement par quelques spasmes pathétiques. Il ne pouvait rien faire d'autre que communiquer par la pensée. Il était impuissant.

* Ne fait pas cela, humain ! Tu n'as aucune idée de ce dans quoi tu t'engages ! Tu ne peux pas jouer ainsi avec les fondements du monde ! C'est de la folie pure ! *

— Et bien. Je savais que tu avais tes petits secrets ! Tu t'es bien gardé de mentionner que tu n'étais la créature la plus puissante, afin de faire retomber l'admiration sur toi seul, n'est-ce pas ? Le pouvoir t'es-il monté à la tête ?

* Il ne s'agit pas de ça ! Nous ne sommes pas faits pour nous rencontrer ! Me vaincre, c'est une chose. Mais si tu t'attaques à ce Pokémon, tu ne peux même pas imaginer les conséquences que cela aura ! *

— Pire que l'effondrement du monde ? Que crains-tu donc, ô tout puissant ?

Le Pokémon cessa de s'agiter, il resta silencieux quelques secondes, puis, enfin, parla une dernière fois :

* S'il te reste un simple grain de bon sens, humain, n'essaye pas de mener ton projet à son terme. Je ne pourrais rien te dire de plus. Tout repose entre tes mains. *

— Arrêter si près du but ? Si près du but de ma vie ? Ce serait cela, la vraie folie !

L'éclaireur posa les joyaux légendaires du Créateur au sol, et se concentra. Ces joyaux étaient la clé. Grâce à eux, il pouvait entrer en contact avec cette coquille vide, qui était allongée à côté de lui. Les joyaux étaient tout. Avec eux, il contrôlait le Créateur. Avec eux, il était le Créateur !

Le majestueux Pokémon se leva lentement. Pourtant, il ne fit aucun geste agressif, et resta là, sagement, à attendre.

— Appelle-le !

Les joyaux se mirent à luire. Un immense portail de lumière apparu dans les airs. Le sol se mit à trembler. Une puissante lumière jaillit. Les contours flous d'une grande créature blanche se dessinèrent un instant. Puis tout s'effaça, et l'Eclaireur perdit connaissance.
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Quand il se réveilla, tout n'était qu'obscurité. Il sentait, sous ses pieds, un sol uniforme, totalement plat, mais, mis à part ça, il semblait qu'il n'y avait strictement rien, dans l'endroit ou il avait atterri. Les choses ne se passaient pas du tout comme il les avait prévues. C'est exactement au moment où il se faisait cette réflexion qu'Il apparu.

* Et bien, c'est ton jour de chance aujourd'hui ! Tu rencontres deux Créateurs dans la même journée, petit veinard ! *

— Créateurs ? Mais, tu n'es pas un Créateur...

* Et que crois-tu que je sois, au juste ? *
— Tu es...

L'Eclaireur détailla ce Pokémon inconnu, étranger à cet univers, que personne n'avait jamais vu et que seule une très vieille légende du fond des âges évoquait vaguement. Il était blanc, très grand, quadrupède et possédait une sorte de roue en or au niveau de la taille. Cette roue était incrustée de quatre pierres précieuses vertes. Celles du Créateur étaient rouges. De par un certain nombre de traits physiques, ils se ressemblaient tout deux beaucoup. Pourtant, ils étaient tout de même clairement différents.

— Où... Où suis-je ?

Il entendit un rire mental résonner à ses oreilles.

* Mais tu es chez-toi, voyons ! *

— Chez moi ? Mais c'est n'importe quoi ! Les choses n'étaient pas censées se passer comme ça, les livres, les légendes, les textes oubliés... Tout était prévu, j'aurais dû pouvoir te contrôler, comme j'ai contrôlé tous les autres légendaires, même le Créateur ! À quel moment les choses ont-elles déviées de leur route ?

* Tu es l'Eclaireur, n'est-ce pas ? *

— Oui. Enfin... C'est le nom que je me suis donné. Mais qu'est-ce que cela a à voir avec tout ceci ?

* Laisse-moi éclairer ta lanterne, Eclaireur. Est-ce un hasard, si tu t'es donné ce nom ? C'est difficile à dire. En tout cas, tu le portes particulièrement bien, car tu es effectivement ce que l'on pourrait appeler un Eclaireur. Dans le meilleur des cas, vous êtes cinq. Mais, lors de votre vie terrestre, vous n'avez pas conscience de ce que vous êtes réellement. La plupart du temps, vous vivez votre vie, puis mourrez sans avoir vraiment accompli le but de votre existence. Quelques années plus tard, vous réapparaissez sous la forme d'un autre humain, avec un autre corps. Assez souvent, tout de même, vous accomplissez de grandes choses, et vous vous faites connaitre par vos contemporains, au moins pour un temps. Mais, malgré tout, ce n'est pas là le but de votre existence. Toi, par contre, oui, toi, tu es le premier qui ait enfin, sous cette incarnation, accompli ton véritable but. Tu m'as fait venir. Tu t'ES fait venir.*

— Que... Que voulez vous dire ?

* Enfin, n'est-ce pas clair ? Ne le ressens-tu pas, au fond de toi ? Tu es moi, et je suis toi. Et tu es aussi les quatre autres personnes qui vivaient sur ce monde maintenant disparu, et qui appartenait à l'Ennemi. Tu étais un Eclaireur, une part de moi-même envoyée dans un monde qui n'est pas le mien, afin de le détruire de l'intérieur, et de ramener mon ère. L'ère d'Arceus ! *

Quatre autres silhouettes apparurent alors. Il y avait là un vieil homme, que l'Eclaireur reconnu. C'était un ancien terroriste, qui croupissait encore en prison. Il reconnu aussi un célèbre milliardaire, un dirigeant d'une multinationale, qu'il avait déjà vu plusieurs fois à la télévision. Le troisième Eclaireur était une femme d'une vingtaine d'années qu'il n'avait jamais vue. Enfin, le quatrième était... un nourrisson.

Arceus avait suivi son regard.

* Celui-ci n'a pas eu le temps de faire ses preuves. Du moins, pas sous cette incarnation. Maintenant, ils ne servent plus à rien sous cette forme. *

Les quatre silhouettes eurent à peine le temps de comprendre où elles se trouvaient qu'elles s'évaporèrent dans les airs, sous forme de bulles d'énergies qu'Arceus absorba.

* Alors, doutes-tu encore de tout ce que je te dis, maintenant ? *

— Ce... Ce n'est pas ce que je voulais...

* Bien sûr que si, puisque je le voulais, moi. Pourquoi m'aurais-tu fais venir, sinon ? *

Alors, l'Eclaireur senti qu'il s'éteignait, lui aussi, pour rejoindre quelque chose de beaucoup plus grand que lui.
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Depuis sa planque, dans un endroit connu seulement de ses plus fidèles associés, la plus grande chef de bande criminelle organisée tenait dans ses bras son fils nouveau né. En le regardant pour la première fois, et en voyant son visage d'ange, elle comprit que tous ces efforts n'avaient pas étés vains. Malgré le masque de fermeté inébranlable qu'elle s'était construit durant toutes ces années, elle se rendit compte qu'à l'instant même, elle ressentait des sentiments particulièrement humains.

Celle qui ne se faisait appeler que « Mme Boss », embrassa pour la première fois son fils.

— Bonjour, Giovanni. Tu es la nouvelle lumière de ma vie, maintenant.
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L'homme caressa une nouvelle fois le ventre de sa femme, qui s'arrondissait de jours en jours. Bientôt, un nouveau petit être serait là, et leur bonheur attendrait son paroxysme. Ils se regardèrent dans les yeux, se sourirent, puis s'embrassèrent affectueusement.

— Chéri, ça y est, j'ai décidé. Je sais comment nous appellerons notre fils !

— Génial ! Et comment vas-tu l'appeler ?

— Red. Rouge comme le feu. Avec un tel nom, il traversera la vie comme une boule de feu. Rien ne pourra l'arrêter.