Passé et futur, la lutte des hybrides de Evolinda

Que se passerait-il, à votre avis, si on demandait à un hybride très puissant de se battre alors qu'il fait absolument tout pour fuir la moindre source de problèmes potentiels ? Il va résister, n'est-ce pas ? Maintenant imaginez qu'on ne lui laisse pas le choix parce qu'il est, par exemple, au sommet de la pyramide du tournoi et que ça l'oblige à accepter les défis, sinon c'est considéré comme de la triche. Vous voyez le souci ? Eh bien c'est ce qui arrivait en ce moment à Arthur. Oui, vous avez bien lu. Arthur Lakan, le héros de cette histoire, si tant est qu'on puisse parler de héros quand c'est moi qui écrit. Maintenant, je vais revenir quelques jours en arrière pour vous expliquer pourquoi il ne voulait pas se battre. Prêts pour un petit voyage dans le temps ? Allez, c'est parti !

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Il courait. Encore. Il n'y faisait même plus attention. Il était devenu très endurant, à force de passer ses jours à courir. Il était aussi devenu très doué pour éviter les obstacles qu'offrait la forêt. On aurait dit un Massko tellement il était dans son élément, filant entre les arbres, sautant par-dessus les racines traîtres, évitant agilement les branches basses.

Venons-en maintenant à la raison de sa course. Là encore, c'était très habituel. Oui, vous avez bien deviné, Arthur était poursuivi. Et son poursuivant était presque aussi doué que lui pour courir dans les bois.

Ajoutons à présent l'élément problématique, celui qui empêchait Arthur de ralentir ou de s'arrêter et combattre. Il s'agissait de quelqu'un. Un autre hybride. Une, en fait. Ses yeux oranges trahissant son appartenance au type Feu, elle tenait la main d'Arthur qui l'aidait à avancer. Mais elle n'y arrivait pas aussi bien que lui et le ralentissait.

Et forcément, ils furent rattrapés. Mais pas de la manière habituelle, à savoir fauchés par un tir de fusil meurtrier. Non, ce coup-ci, les deux fuyards furent tout simplement bloqués par un tir paralysant qui toucha...Arthur, évidemment. Il tomba au sol, presque incapable de bouger. Sa camarade voulut le relever.

-Fiche le camp ! C'est terminé pour moi, mais toi tu peux encore courir. Continue jusqu'à la falaise, quelqu'un viendra te chercher.

La jeune femme se transforma en Poussifeu et partit à toute allure, quasi-invisible grâce à sa petite taille. Nous ne nous intéresserons donc plus à elle pour le moment. Quoi ? Son nom ? Si vous voulez, mais vous l'aurez su plus tard. Elle s'appelle Elena Chidib. Et elle vient du passé, au cas où vous voudriez le savoir, mais vous aviez déjà dû le comprendre.

Arthur, pendant ce temps, fut rejoint par le Purificateur qui ne prenait même plus la peine de courir. Il ne parvint pas à se débattre quand l'homme lui attacha les mains dans le dos et le jeta sur son épaule. Par contre, il arrivait très bien à être étonné.

-Je croyais que vous vouliez tuer les hybrides, pas les capturer vivants.
-Tu nous seras plus utile vivant. On a besoin de toi pour une petite expérience.

Arthur déglutit péniblement. Cette dernière phrase ne le rassurait pas du tout. Malheureusement, il était piégé. Il n'avait aucun moyen de s'échapper tant que la paralysie ne se dissiperait pas. Et en plus il était dans une position inconfortable, mais mieux valait ne pas se plaindre.

Le Purificateur porta son prisonnier sur bien trois kilomètres, sans s'arrêter à un seul moment. Mais Arthur n'était pas près de voir la fin de cette torture... Ils arrivèrent à une espèce de blockhaus intégralement blanc. Une fois à l'intérieur, l'homme le laissa tomber par terre comme s'il n'était qu'un sac un peu lourd.

-Et maintenant ? C'est quoi la suite du programme ? Vous me torturez pour savoir à quel point je résiste à la douleur ? Désolé si je vous déçois, mais je risque de ne pas tenir très longtemps, surtout après ce trajet pénible.
-Tu la fermes et tu attends.

Et, comme pour s'assurer du silence d'Arthur, il le bâillonna. Puis il partit dans une autre partie du bâtiment. L'adolescent resta seul quelques minutes, se demandant comment il allait bien pouvoir se tirer de ce mauvais pas.

"Eh, Zeb ! On se transforme ?
-Impossible. La paralysie empêche la transformation. Tu es humain jusqu'à ce que tu puisses à nouveau bouger.
-Hé merde...
-Désolé, mon grand, mais là je crois que c'est la fin. Je ne sais pas ce qu'ils vont nous faire, mais on risque de ne pas s'en sortir indemnes. Si ça se trouve, ils vont me détruire pour te faire redevenir humain.
-Parle pas de malheur, s'il te plaît."

La conversation s'arrêta là puisque le Purificateur revint, accompagné d'un collègue. Le prisonnier leur jeta un regard totalement vide, un regard de cadavre. Ils n'y prêtèrent aucune attention. L'un d'eux, celui qu'il n'avait pas encore vu, tenait à la main un objet rond, blanc en bas et rouge en haut, avec un éclair jaune et deux cercles de la même couleur. Au centre se trouvait un petit bouton blanc.

"Non, pas ça !" hurla presque le symbiote, soudain paniqué. "Il faut que tu t'échappes, vite !
-Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?
-Ce truc est une Speed Ball, ça permet de capturer les Originels !"

Arthur ne comprenait pas comment un tel objet, si petit, pouvait capturer un Originel.

"Mais... Les dresseurs ont leurs Originels en eux, comment ce machin pourrait...
-C'est de la vieille technologie, avant ton époque d'origine. Les dresseurs dématérialisaient leurs Originels et les faisaient entrer là-dedans. Tu ne dois surtout pas te laisser faire, tu es à moitié humain les conséquences pourraient être terribles !"

Cette courte explication convainquit Arthur de faire une tentative d'évasion. Il essaya de se débattre malgré la paralysie toujours active. Les deux autres le regardèrent. Puis celui qui l'avait capturé le détacha et recula. Arthur, le souffle court, les yeux écarquillés de frayeur, avait cessé de résister. S'il n'y arrivait pas, ça ne servait à rien de continuer et de s'épuiser. Il ferma les yeux quand le Purificateur lança la Speed Ball. Celle-ci remua faiblement, trois fois, puis se figea et s'assombrit. Arthur était prisonnier.

La sensation de la dématérialisation était certes désagréable, mais ce n'était rien comparé à la suite. Pour vous donner un petit aperçu, imaginez qu'on vous transforme la tête en citron puis qu'on la passe violemment au pressoir pour en enlever tout le jus (le cerveau, quoi). Ensuite, multipliez la douleur par dix...et vous serez à la moitié de ce qu'Arthur ressentait dans cette Speed Ball.

Il y resta enfermé pendant ce qui lui parut une éternité et n'était en réalité que quelques secondes. Trente-six secondes, pour être précis, mais là n'est pas la question. Quand le Purificateur le fit enfin sortir, on peut dire sans trop se tromper que l'adolescent était devenu fou. Ses yeux tournaient dans tous les sens, sa respiration était saccadée, son cœur battait la chamade. Et son esprit était en miettes. Il avait les mains crispées comme s'il essayait d'agripper le sol de toutes ses forces.

-Lève-toi.

Il entendit l'ordre. Il ne voulait pas obéir. Mais son corps ne lui obéissait pas à lui. Il se leva, malgré les efforts qu'il faisait pour rester par terre. Il leva la tête et regarda celui qui était maintenant son dresseur.

-Très bien. Maintenant, dis-moi quelles attaques tu maîtrises sous ta forme originelle.
-Je... Vive-Attaque, Tonnerre...Nitrocharge, Electacle et Poursuite.

Il voulait se mordre la langue jusqu'à la couper, pour ne plus pouvoir répondre aux questions. Mais il n'y arrivait pas. Par contre, il arrivait très bien à pleurer. Le Purificateur lui imposait sa volonté et triomphait de le voir entièrement soumis malgré tous ses efforts de volonté.

-Parfait, parfait... Tu nous as causé bien du souci, petit. Tout le monde te connaît comme étant l'hybride le plus coriace. Rapide, fort, et surtout increvable. Tu résistes à tout, même à la mort. Nous avons donc décidé de te...rallier à notre cause, de gré ou de force. De préférence de force.

Arthur ferma les yeux. Il chercha Zeblitz dans son esprit, mais il ne le trouva pas. Qu'avait-il bien pu arriver au symbiote ?

-Maintenant, voilà ce que tu vas faire : tu vas retourner là où sont les autres hybrides, et à chaque fois que tu te battras, tu tueras ton adversaire. Compris ?

L'adolescent releva brusquement la tête. Il n'avait quand même pas osé lui demander ça !? Malgré lui, la réponse qui franchit ses lèvres fut positive. Le Purificateur ouvrit la porte et lui dit de partir immédiatement. Ce qu'il fit.

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Bon. Maintenant, vous l'avez compris, Arthur est vraiment le gars le plus malchanceux de l'univers. Il n'est plus utile de le préciser, c'est un fait indéniable. Si vous connaissez un type qui a encore moins de chance, prévenez-moi, que j'aille consoler mon pauvre hybride la prochaine fois qu'il entrera dans sa ball.

En attendant, il venait juste d'arriver au château. Ses yeux rougis et son visage creusé de deux sillons trahissaient le fait qu'il avait beaucoup pleuré. L'homme qui était à la porte, un hybride Drakkarmin, l'attrapa par une épaule pour l'arrêter.

-Eh, ça ne va pas ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
-Pose pas de questions, murmura Arthur.

Il se dégagea mollement et entra. Il traversa les couloirs sans se préoccuper des gens qui se retournaient sur son passage ou l'interpellaient. Il alla directement s'enfermer dans sa chambre et s'écroula sur son lit, pleurant à nouveau. Il voulait mourir. Mais il savait qu'il ne le laisserait pas faire. Il avait tout contrôle sur Arthur.

L'adolescent pleurait encore quand on frappa à la porte. Il ne bougea pas. On frappa encore. Il resta sur son lit. La porte s'effondra. Derrière, une Jungko redevenait humaine. Elle entra dans la chambre et s'assit à côté d'Arthur, mettant une main dans ses cheveux.

-Si tu ne veux pas en parler, libre à toi de ne rien dire. Mais accepte au moins que les gens s'inquiètent pour toi.

Il ne répondit pas. Les sanglots empêchaient les mots de franchir ses lèvres. La tête enfouie dans son oreiller, il pleurait toutes les larmes de son corps. Mélanie le força à se redresser et le prit dans ses bras. Ils restèrent ainsi un certain temps. Quand Arthur se calma enfin, la jeune femme ne le lâcha pas.

-Si je peux faire quoi que ce soit pour t'aider, dis-le-moi.

Il secoua la tête.

-Tu ne peux rien faire. Personne ne peut m'aider. Sauf si tu trouves un moyen de m'endormir éternellement.
-Ça je n'en suis pas capable. Mais je ne crois pas que ce soit vraiment ça qu'il te faut.

Arthur se dégagea brutalement et se leva.

-Ce qu'il me faut ? Tu veux vraiment savoir ?

Il écarta les bras.

-Tue-moi. Allez, vas-y ! Si tu veux vraiment m'aider, alors tue-moi tout de suite ! C'est la seule chose qui est à ta portée, alors fais-le !

Il tremblait. Ses yeux étaient remplis des larmes du désespoir. [NDA : C'te tournure de phrase !] Mélanie se leva et le prit à nouveau dans ses bras.

-C'est hors de question. Personne ne te tuera, Arthur. On va essayer de t'aider, mais pas comme ça. Il y a forcément une autre solution, et on la trouvera, c'est promis.

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Voilà. Maintenant vous savez pourquoi Arthur n'avait pas envie de se battre, le jour où on l'a défié pour le tournoi. Mais en fait, je vous ai un peu menti. Il ne s'est pas débattu, il n'a pas résisté. Il s'est contenté de supplier en pleurant. Parce que s'il se battait, il était condamné. S'il faisait mine de donner un coup, il serait forcé de continuer jusqu'à ce que sa victime soit morte.

-Lâchez-moi ! hurlait-il. Laissez-moi tranquille !

Il appelait, aussi. Il appelait Mélanie, la seule personne à être au courant de son problème. Car oui, Arthur lui avait expliqué. Ça l'avait bouleversée. Mais aujourd'hui elle n'était pas là. Arthur s'époumonait à l'appeler, mais elle ne l'entendait pas.

Les autres le traînèrent de force jusqu'au grand hall. Sitôt qu'il fut libre de ses mouvements il fit volte-face pour s'échapper, mais une barrière humaine l'en empêcha. Il se laissa tomber au sol.

-S'il vous plaît, souffla-t-il, laissez-moi partir. Je ne veux pas me battre.

Tony s'approcha et s'accroupit devant lui, le fixant d'un air contrarié.

-Eh, il t'arrive quoi ? demanda-t-il d'une voix qui se voulait douce. D'habitude c'est toi qui recherches les défis, pourquoi pas aujourd'hui ?

L'adolescent détourna le regard, des larmes dans les yeux, la voix rauque d'avoir trop crié.

-Je ne veux pas en parler.
-Mais pourquoi ?
-Je ne veux pas...c'est tout. S'il te plaît, je veux partir !

Enfin, Mélanie se fraya un chemin à travers la foule et vint rejoindre Arthur, l'entourant de ses bras comme pour le protéger du monde extérieur. L'adolescent s'accrocha à elle comme un naufragé à un écueil.

-Ça va aller, Arthur, calme-toi.

Il pleura. Encore. À se demander comment il pouvait avoir encore assez d'eau dans le corps pour pleurer.

-Les laisse pas faire, s'il te plaît...
-Non, je ne vais pas les laisser faire. Mais essaye déjà de te calmer.

Mais quelqu'un ne l'entendait pas de cette façon. Un bas vint prendre celui d'Arthur pour le soulever de force. Un mouvement brusque et le poing du jeune hybride heurta quelque chose. Heurta quelqu'un. Et c'est à ce moment que les choses commencèrent à dégénérer. Son corps échappa à son contrôle.

Arthur se leva, tremblant de tous ses membres. Il regarda ses mains comme s'il s'agissait de deux monstres. Puis il regarda l'homme qu'il avait malencontreusement frappé.

-Pardon...

Il se jeta sur lui et le frappa. Il n'essayait même plus d'empêcher son corps d'agir. Au contraire, il accompagnait tous les mouvements par sa volonté. Quitte à faire des conneries, autant que ça ait l'air crédible. Il le frappa encore et encore, ne tenant compte de rien de tout ce qui se passait autour. Il entendait à peine Mélanie qui criait à tout le monde de ne pas le toucher. Il donnait coup sur coup, sa victime ne comprenant pas pourquoi il l'attaquait.

Arthur, voyant qu'il n'arriverait à rien de cette façon, se transforma. Ou plutôt son corps se transforma, lui-même détestant l'idée de tuer quelqu'un. Et toujours pas trace de Zeblitz dans son esprit. L'hybride enchaîna les attaques visant son adversaire lui aussi transformé, mais en Scarabrute. Les deux Originels se livrèrent un combat sans merci...ou pas. Arthur se sentit tout à coup décoller, le sol n'était plus sous ses pattes. Il s'gita dans tous les sens, en vain, le Psyko de Dylan le tenait.

-Maintenant tu te calmes, Arthur. On va arrêter de se taper dessus comme des bêtes sauvages et discuter entre gens civilisés.

NDA : Trad !
-Lâche-moi ! Je t'en prie, lâche-moi, tu ne peux pas comprendre.

Le Gardien des Abysses (enfin, l'hybride à son image) ne le lâcha pas. Il secoua son immense tête.

-Je ne te lâcherai qu'en échange de ta promesse de ne frapper personne.

Arthur, toujours prisonnier du Psyko mais capable de bouger quand même, se retransforma et jeta un regard amer à son ami.

-Même si j'y mettais toute la volonté du monde je ne pourrais pas tenir cette promesse. Tout compte fait, c'est pas plus mal que tu me gardes comme ça. Tu tiendras combien de temps ?

C'était à moitié de l'inquiétude, à moitié de la provocation. L''adolescent s'était résigné à son sort, même si ça le répugnait. Il était donc partagé entre l'envie que Dylan le laisse en l'air jusqu'à la fin de ses jours et le besoin de finir ce qu'il avait commencé.

Dylan le regarda sans comprendre. Mélanie lui fit signe de se pencher et parla à son oreille. Le légendaire hocha la tête.

-Je tiendrai le temps qu'il faudra, répondit-il à Arthur. Et quand je fatiguerai, je t'accrocherai au lustre ou je demanderai à quelqu'un de prendre le relais. Même si on doit te laisser comme ça pendant des années, il est hors de question que je te repose.

Arthur ricana.

-M'accrocher au lustre et m'y laisser des années ? Ça me va. N'oublie pas de m'apporter à manger de temps en temps, j'ai pas envie de crever de faim à 30m du sol.

Dylan soupira. Les prochaines journées allaient être longues, très longues...

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Par un hasard que l'auteur a la flemme d'expliquer, l'hybride Scarabrute qu'Arthur n'a pas pu achever est mort dans la semaine. Un accident bête et très regrettable. Mais ça a permis à Arthur d'obtenir l'autorisation de redescendre. Sitôt qu'il fut au sol, Mélanie vint se placer à côté de lui et expliqua qu'il ne devait en aucun cas se battre. Arthur fut donc dispensé de tournoi pour une durée indéterminée.
C'est donc une longue période d'ennui(s) qui s'annonçait pour l'adolescent, qui sentait toujours la volonté du Purificateur en arrière-plan de son esprit. Il voulait qu'Arthur se batte. Il pouvait, par le Créateur savait quel moyen, savoir que son prisonnier avait trouvé un moyen détourné de lui désobéir. Et ça le mettait en colère. Pire encore, il réussit à faire parvenir au jeune hybride d'autres instructions :

"Reviens. Tout de suite."

Au moment où il entendit cet ordre dans son esprit où le symbiote était toujours absent, Arthur était en train de parler avec Dylan et Jeena. Il se figea d'un coup.

-Ah merde... Désolé, mais je dois y aller.

Il partit, sans se presser parce qu'il n'avait vraiment pas envie de le revoir. Jeena voulut lui poser des questions, mais son petit ami l'arrêta.

-Essaye de revenir vite.
-Je ferai ce que je pourrai.

Personne n'empêcha Arthur de se diriger vers la sortie, mais l'hybride qui était de garde eut quelques réticences à le laisser passer. Il fut assez rapidement convaincu et Arthur put continuer sa route jusqu'à la falaise. Il s'arrêta au pied de celle-ci et leva les yeux en soupirant.

-Vous auriez au moins pu me donner un moyen de monter ! cria-t-il dans le vide. Je ne sais pas voler ni me téléporter, vous vous rappelez ?

Il entama tout de même l'escalade en râlant. Une fois en haut, il ne perdit pas de temps et repartit tout de suite malgré son épuisement. Il avait mal à la tête. Pourquoi ? Parce que plus il mettait de temps à obéir, plus l'ordre était « présent » et au bout d'un moment ça donnait la migraine. Il se hâta donc de...se perdre dans la forêt puisqu'il ne retrouvait pas le chemin.

Il se rendit compte qu'il était perdu au moment où il passa pour la deuxième fois au même endroit, celui où il avait lui-même fait tellement de dégâts avec son attaque Tonnerre qu'il avait fait un trou énorme dans deux arbres. Bien sûr, il n'était pas au courant, mais il n'en était pas moins que l'endroit était très facilement reconnaissable. Arthur s'arrêta, ignorant les coups de marteau qu'il sentait à l'intérieur de son crâne, et regarda autour de lui.

-Super... Je veux bien revenir, enfin non je ne veux pas, mais dans tous les cas vous auriez pu ME DONNER UN PLAN DE CETTE FOUTUE FORÊT !!!

Il avait l'impression que sa tête explosait. Et rien ne l'aidait à se guider, il était désespérément perdu. Jusqu'au moment où il arriva. Il toisa Arthur, qui lui jeta un regard mauvais. Il sortit la Speed Ball de son manteau. L'adolescent eut un réflexe de recul.

-Vous n'êtes pas obligé...

Il n'eut jamais le temps de finir sa phrase. Quand il ressortit de la ball cinquante-cinq secondes plus tard, il n'avait même plus la force, ni physique ni mentale, de faire quoi que ce soit. L'esprit d'Arthur était perdu, il n'en restait plus que de la bouillie psychique. Haletant, il resta à genoux devant son dresseur.

-Je crois que nous nous sommes mal compris, petit. Tu es censé tuer tes semblables. Pas te débrouiller pour désobéir à mes ordres. Je ne voulais pas en arriver à cette extrémité mais tu ne me laisses pas le choix. À partir de maintenant, chaque fois que tu verras un autre hybride que toi tu le tueras. Est-ce clair ?

Arthur releva lentement la tête. Son regard était vide.

-Oui.

De leur cachette, Benjamin et Elena avaient assisté à toute la scène. Ils avaient eu l'excellente idée de suivre Arthur quand il était parti, et la situation leur parut plus que désespérée.

-Il faut prévenir les autres, chuchota Benjamin.
-Vas-y, je m'occupe d'Arthur.

Le garçon repartit en courant à travers la forêt tandis que la jeune femme réfléchissait à un moyen de neutraliser Arthur et le Purificateur. Elle avait une dette envers l'hybride Electrik, elle comptait bien s'en acquitter. Et le libérer de cet homme lui semblait être un excellent moyen de le faire. Mais comment ?

Arthur, qui n'était désormais plus qu'une machine à tuer sans âme (en apparence en tout cas), se remit debout et se retourna. Il avait senti la présence d'Elena. Il marcha dans sa direction. Lentement. Assez lentement pour lui laisser le temps de se transformer en Poussifeu et de contourner le jeune homme. Elle se fraya rapidement un chemin entre les herbes assez hautes de cette partie de la forêt et se plaça juste derrière le Purificateur. Une salve de Flammèches toucha ce dernier à l'arrière du crâne.

Se retournant, il ne vit pas qui l'avait attaqué. Son prisonnier se retourna aussi. Comme il avait entendu l'attaque, il savait où était l'adversaire. Cette fois il se transforma et lui lança un Tonnerre puissant. La Poussifeu esquiva de justesse et s'en tira avec une plume de son crâne roussie. Elle répliqua du mieux qu'elle pouvait, mais elle manquait d'expérience. Son seul avantage était sa petite taille. Et sa capacité à réfléchir, ce qu'Arthur n'avait plus en raison de l'anéantissement de sa personnalité.

Mais lui avait l'avantage du terrain, de l'expérience et de la puissance. Donc logiquement, il aurait dû l'emporter. N'est-ce pas ? EH BAH NON !!! Un Mimique permit à Elena d'asséner une Nitrocharge à Arthur et de le mettre K-O. Le Zeblitz s'effondra et, malgré tout ce que lui hurlait son dresseur, ne se releva pas. L'hybride Feu redevint humaine et plongea son regard dans celui du Purificateur. Il s'enfuit.

-Trop crevée, je m'occuperai de lui une autre fois.

Elle traîna son camarade jusqu'à la falaise, l'assommant au moment où il commençait à se réveiller. Plus il « dormirait » longtemps, mieux ce serait, surtout qu'elle était sa cible maintenant qu'il l'avait vue.