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» Auteur : Xabab - Voir le profil
» Créé le 13/01/2014 à 14:38
» Dernière mise à jour le 13/01/2014 à 14:38

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Chapitre 35 : Une solution
Tony suffoque au fond de ses draps. La nuit vient de tomber sur les hauteurs de la ville, jetant un voile pudique sur les événements tragiques qui s'y sont déroulés. Les gens se couchent sans attendre, ne voulant pas rester débout à cette heure. Certains enfants sont morts pourtant leurs parents ne semblent pas perturber, ou du moins ils ne le montrent pas. Ces derniers se contentent de rejoindre leurs chambres et de gagner le sommeil avant que les ombres ne viennent le perturber.
Alors que la ville s'endort soudainement, seul un enfant semble encore sous le choc de tout ce qui s'est produit.

Le garçon se cache sous sa couette, formant avec ses mains un petit trou permettant de faire entrer de l'air frais dans cette protection de linge. Mais cela ne suffit pas ; il suffoque.
Dans sa tête des images terribles le hantent. Le visage souriant d'une petite fille qui court devant lui, un sourire qu'il aimerait revoir une dernière fois avant qu'elle ne recule vers le bord de ce tunnel et que… Il se mord la lèvre pour ne pas hurler. Le reptile la happe d'un seul coup et lui ôte la vie. Tony a peur, il refuse de revoir ses images.

Mais il espère encore et serre contre lui ce poignard confié par son père.
En le voyant sortir de cette bouche d'égout, Peter Hude n'avait pas dit un mot. Il s'était contenté de le prendre dans ses bras avant de le tirer loin des regards indiscrets. Son fils avait cru voir quelques larmes au fond du regard de son père mais il ne s'en était pas occupé, seule l'image de Camille emportée par le monstre traversait son esprit.

En revenant à l'hôtel il lui avait demandé d'aller se coucher directement, lui promettant de revenir plus tard dans la nuit dès qu'il aurait réglé quelques problèmes. Avant de sortir il avait confié à son fils le poignard qui lui permettrait de mettre fin à l'emprise de sa mère, lui faisant promettre d'en finir avec tout cela.
Le petit garçon avait hoché la tête, l'air triste et sans même écouter ce que son père avait à lui dire. Puis ce dernier était sorti et il s'était retrouvé seul au fond de ses draps, attendant qu'elle vienne.

Un souffle traversa la chambre et il tressaillit.
« Maman ? »
Pas de réponse.

Ce n'était sans doute qu'une illusion provoqué par l'attente. Cela faisait deux heures qu'il était dans cette position à espérer qu'elle vienne. Et si elle ne passait pas ce soir ?
Impossible, se dit-il en réponse à sa question. Elle ne l'avait jamais oublié pour lui souhaiter bonne nuit et cela ne pouvait pas commencer maintenant. Sauf qu'il avait le poignard, pensa-t-il en retour, et qu'elle pouvait se douter de son utilité. Il espéra de tout son cœur qu'il n'en fut rien et continua à attendre.

Elle allait venir, c'était certain.
Alors qu'il tentait de s'en convaincre un second courant d'air frais sembla traverser la pièce, chose qui arrivait à chaque fois qu'elle venait le voir. Il attendit un autre signe de sa présence, ne voulant pas la faire fuir à cause de sa précipitation. La surprise était la clé de sa victoire.
Cela ne se fit pas attendre.

« Chéri ? »
Sa voix venait de résonner à ses oreilles, mielleuse comme à chaque fois, les mots qui sortaient de ses lèvres semblant devenir des enchantements pour quiconque les entendait. Elle était près de lui, du côté de la fenêtre visiblement. Elle attendait qu'il se montre mais Tony ne pouvait pas tant qu'elle ne se rapprochait pas. Il ne répondit pas un mot et l'attendit.

« Chéri, tu dors ? »
Pas de réponse une fois de plus. Le sang de Tony sembla se geler dans ses veines mais il garda tout son calme. Elle allait s'approcher, tirer les couvertures et il n'aurait plus qu'à placer la lame sous sa gorge. C'était un jeu d'enfant, il allait y arriver.

Il la sentit approcher, la froideur de l'au-delà s'étant emparée entièrement de sa chambre. Quand elle prit de sa main le dessus de la couverture, le garçon frissonna au contact de ses doigts froids et sans vie. Puis le souffle de sa mère traversa ses cheveux tandis qu'elle se penchait pour l'embrasser de ses lèvres pâles.
Ce fut le moment où il décida d'agir.

D'un bond il se dressa sur le lit et se jeta sur sa mère. Le spectre de cette dernière reculant sous l'effet de la surprise ; trop tard. Le garçon avait eu le temps de placer la lame confiée par son père sous la gorge de son ancienne femme. Il la tenait.
« Tony ? »

Elle n'ajouta rien. Il la regarda un instant, s'imprégnant une dernière fois de la beauté de celle qui l'avait mis au monde, de ses cheveux désormais blancs et de son teint pâle qui faisait des jaloux quelques années avant. Ses yeux se plongèrent dans les siens et il lut toute la tendresse qu'elle éprouvait à son égard.
Cela fait il tira la lame d'un coup…

Quand il l'eut lancé à l'autre bout de la pièce il se retourna vers sa mère et lui adressa un regard ferme. Puis il pointa son arme du doigt et lui adressa la parole.
« Je devais te tuer, ordre de mon père. Cette arme permet de détruire les spectres d'après lui et je ne pense pas qu'il m'aurait mentit. Je vais t'avouer une chose : j'avais l'intention de le faire. »
Elle chancela malgré son aspect fantomatique et se tint au mur, une main posé sur un cœur qu'elle n'avait pourtant plus.

Tony la regarda durant quelques minutes subir le choc qu'il venait de lui infliger, sans sourciller et sans éprouver la moindre pitié. La lame dont il s'était servi gisait quelques part dans la salle mais il s'en moquait ; elle avait fait son œuvre et la suite de son plan ne dépendait plus de cet objet.
« Pourquoi tu ne l'as pas fait ? lui demanda sa mère qui semblait détruite par ce geste de la part de son fils alors que ce dernier n'avait rien fait. Pourquoi ? »

Il la fixa encore et répondit.
« Parce que j'ai des questions et que personne d'autre que toi ne peut me livrer les réponses.
– Au sujet de ce que ton père nous a fait en me tuant ?
– Je me moque de cette histoire, se contenta de répondre celui qui parlait désormais comme un adulte. Je n'ai rien à voir là-dedans et je veux que vous régliez cette affaire sans moi
– Alors quoi ? »

Pour la première fois il baissa les yeux avant de les relever vers sa mère. Une larme semblait se créer au bord de ceux-ci.
« Je veux savoir d'où tu viens et comment tu as fait pour t'en échapper. Je veux savoir comment y entrer et comment en sortir, je veux y aller. »
Elle le fixa comme s'il était devenu fou puis secoua la tête, refusant ses demandes avant de lui tourner le dos.
« C'est impossible, ajouta-t-elle. »

Tony fit mine de comprendre avant de se relever et de traverser la salle. Il se dressa face à elle malgré sa petite taille et garda son regard dans le sien.
« Dans ce cas je vais demander à papa de voir avec ses amis ce qu'ils peuvent faire de toi, lui lança-t-il en découpant bien chaque syllabe. Et si tu ne veux pas m'amener là-bas alors je ferais en sorte que tu ne trouves pas le repos, dans aucun monde possible. Je répète une dernière fois : où est l'au-delà.
– Les enfers… »

Elle avait rectifié les paroles de son fils et ce dernier prit cela comme une victoire. Il se moquait de la force des mots qu'il employait tant qu'il parvenait à ses fins ; il ne pouvait faire autrement et c'était sa seule solution.
« Les enfers ? répéta-t-il. Comment y aller ?
– Tony tu…
– Comment ? »
Elle baissa les yeux, elle venait d'être battue par son propre fils.
« L'entrée est quelque part dans la ville mais un humain ne peut y entrer. Il est déjà trop dur pour quelqu'un comme moi de passer la porte, ce sera impossible pour un enfant.
– Il le faut. »

Elle baissa les yeux et sembla réfléchir un instant avant de reprendre.
« Les enfers bougent beaucoup en ce moment. Le seigneur de cet endroit est faible, chaque jour de plus en plus. C'est ainsi que j'ai pu quitter cet endroit et c'est pour cela que je peux en parler librement aujourd'hui. L'équilibre du monde est en jeu et je ne veux pas que tu deviennes une pièce sur ce plateau.
– L'équilibre du monde ?
– Je ne peux en dire plus. »

Elle était sincère et Tony n'insista pas.
« Que veux-tu faire dans cet endroit ? lui demanda sa mère.
– Cela ne te regarde pas. Qui sont les autres ? Vont-ils entrer aux enfers ? »
Elle hocha la tête.
« Cinq hommes étaient susceptibles de rétablir l'équilibre entre Arceus et le seigneur de ce monde. Il les a conviés ici mais il n'en reste que trois. Il test chacun d'entre eux pour savoir lequel sera l'élu et celui qui sera le Faucheur ?
– Le Faucheur ?
– Tout cela fait partie d'un rituel mais je crains de ne pas pouvoir en dire plus. Tony, promets-moi de réfléchir et de ne pas aller là-bas. Ton père… Il… »

Elle ne termina pas sa phrase et son fils ne l'interrogea pas à ce sujet. Son esprit était préoccupé par d'autres questions qui devaient trouver réponse.
« Qui sont ces hommes ?
– Il n'en reste que trois. L'un n'est pas venu et un second a déjà était testé. Pour le moment le seigneur se débarrasse des gêneurs. Leurs femmes, filles… »
Camille. Tony fit le lien entre son amie et cette histoire.

« Qui ? répéta-t-il en s'attendant à la réponse.
– Un écrivain, un ancien militaire et le père d'une petite fille morte aujourd'hui. »
Le sang du garçon se glaça mais il avait au moins ses réponses. Il savait où chercher pour trouver de l'aide. Le père de Camille allait l'aider à entrer dans le royaume des morts et le Evoli qui l'avait guidé dans les égouts le mènerait à lui. Pour les autres c'était une autre histoire.

Face à lui sa mère le fixait, le suppliant du regard. Elle ne voulait pas qu'il se mette en danger mais cela n'avait aucune importance aux yeux de son fils. Camille comptait plus que tout et c'était son seul moyen pour la retrouver.
« Une dernière question, demanda Tony, pourquoi ces hommes ?
– Au hasard, répondit simplement sa mère. Mais surtout parce que le rituel nécessite que ce soit un certain type de personnes qui l'exécute. Et ces gens ont tous quelque chose en commun.
– Comment cela ?
– Ce sont tous les cinq des assassins. »

Tony sentit la peur l'envahir mais il ne lui laissa pas prendre du terrain. Après tout ce n'était pas important pour la suite de son plan.
Il avait ses réponses et il pouvait désormais mener tranquillement l'enquête. Il ne lui restait plus qu'à remercier sa mère.
« Cache-toi, lui demanda-t-il. Je vais dire à père que tu es morte et que j'ai fait mon travail. Je garderais le secret. En revanche s'il s'avère qu'il apprenne que c'est faux alors je feindrais de t'avoir manqué sans le savoir. Est-ce clair ? »
Elle hocha la tête mais n'ajouta rien, le cœur lourd suite au déroulement de cette soirée. Et, comme son fils n'avait pas l'intention de l'embrasser avant son départ, le spectre se laissa glisser vers la fenêtre avant de disparaître dans la nuit noire.
Venait-elle seulement de le condamner ? La question hantait son esprit.