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» Auteur : Xabab - Voir le profil
» Créé le 30/12/2013 à 14:32
» Dernière mise à jour le 30/12/2013 à 15:36

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Chapitre 29 : Dans la gueule de l'effroi
Chapitre 29 : Dans la gueule de l'effroi

Dan avait vu bon nombre d'horreur dans toute sa vie. En effet l'ancien militaire n'avait pas fait la guerre mais avait pénétré en elle au point qu'elle prenne possession de son âme et de sa vie ; c'était d'ailleurs ce qu'il répétait souvent à ses amis au temps où il en avait encore.
Durant sa carrière il avait vu des choses que l'humain normal ne pouvait même pas imaginé. Un homme sautant sur une mine à deux mètres de lui en plein centre-ville, devant les yeux de dizaines d'enfants, ou encore cette femme qu'il avait retrouvé morte, violée durant des heures avant de se faire arracher la tête. De la violence gratuite, rien de plus.

Parfois il avait repensé à tout cela au fond de son lit, les couvertures repliées au-dessus de sa tête en guise de simple protection contre sa peur. Il se demandait comment l'Homme avait pu en arriver là, comment la simple cruauté avait pu déchaîner autant de haine et de souffrance au sein de quelques peuples.
La guerre avait forgé le caractère de celui qui était maintenant un vieillard paranoïaque. Elle avait pris possession de lui, s'était infiltré dans les moindres recoins de son esprit sans lui laisser la moindre chance d'agir. La guerre était devenue son quotidien, que ce soit dans la réalité ou dans ses rêves.

Parfois il hurlait la nuit, se réveillant d'un cauchemar ; toujours le même.
Il se revoyait pendant la guerre de Sinnoh, torturant le jeune homme dans ce vieil hangar. Lui, de dos, mettait des coups de poing dans la mâchoire du garçon, lui demandant toujours plus fort de tout lui révéler. Il voyait son chef de l'époque, le sergent Gordon, qui le toisait d'un air grave pour l'inciter à poursuivre. Et pire que tout cela : il pouvait encore sentir tout le plaisir qu'il avait pris à le frapper jusqu'à ce qu'il en meurt.

Dan n'était plus un homme, c'était ainsi qu'il se qualifiait parfois dans le noir. Il n'était qu'une vieille relique de ce qu'il avait été dans le temps, un corps dépouillé de son âme qui vivait d'une trace de sang dans son sillage.
Parfois il maudissait l'armée de l'avoir renvoyé en même temps que Gordon, voulant sauver l'honneur en les mettant à la retraite. Tout cela parce qu'un journaliste avait filmé la scène du corps qu'ils avaient traîné au dehors, tout cela pour laver des souillures dont les plus hauts des dirigeants étaient aussi coupables…

Oui Dan savait ce qu'était l'horreur, ce que c'était que d'avoir froid simplement parce que l'on regrette un passé abominable qui vous manque. Il connaissait cette sensation de soif à l'idée de se battre de nouveau simplement pour déchaîner une pulsion, pour oublier et penser servir à mieux que ce qu'il était dans le temps.
Mais malgré cela il savait aussi que la haine des hommes avait ses limites. Ce qu'il vit dans le parc en rentrant des bois n'était pas humain, que ce soit de l'extérieur comme de l'intérieur. Un monstre ne pouvait pas déchaîner autant de cruauté.

En revenant de la forêt il était passé par le centre-ville, décidé à se rendre à la tour censée lui livrer toutes les réponses qu'il attendait. C'était là qu'il avait entendu les cris venant du parc, ceux de dizaines d'enfants qui poussaient en cœur leurs voix terrifiées vers le ciel.
Dan avait sursauté puis s'était reprit. Il devait courir prendre les armes dans sa voiture et les aider. Sans savoir pour quelle raison il faisait cela, n'étant plus du genre à éprouver la moindre compassion depuis longtemps, le vieil homme se rua vers son véhicule et s'équipa.

Maintenant il se trouvait dans le parc, au sommet d'une colline vide. Sous ses yeux Dan pouvait apercevoir plusieurs enfants courant vers lui, tentant de fuir le monstre qui les poursuivait ; un énorme reptile à la gueule béante.
Il resta tétanisé durant un instant, se demandant pourquoi il était le seul à se trouver ici. Aucun représentant des forces de l'ordre ne venait au secours des enfants. Mais, au-delà de cela, pas un adulte ne se trouvait dans les environs afin de les secourir ou simplement d'hurler en les voyant mourir.
Il était seul.

Dan vit la bête s'emparer de deux enfants, l'un par la gueule et l'autre à l'aide de sa queue parsemée d'écailles verdâtres. Il dévora le premier sans la moindre hésitation puis s'attaqua au second, tapissant l'herbe de sang. Dans son dos deux autres enfants prenaient la fuite, une fille et un garçon comme pu le voir l'ancien militaire.
Face à cette scène il n'hésita plus une seconde et empoigna son arme.

Portant le fusil à son épaule il tira mais sans le moindre succès. La balle ricocha contre la peau du monstre et ne fit qu'attirer l'attention de ce dernier sur lui.
« Un sur deux, pesta tout bas le vieil homme qui avait au moins détourné son attention. »

Mais il comprit rapidement son erreur lorsque ses balles n'atteignirent jamais sa cible, n'ayant pas assez de puissance pour perforer une peau beaucoup trop dure. Le monstre était puissant et il ne pouvait rien contre lui. Pire que cela : il s'avançait dans sa direction à une vitesse folle et il ne pourrait jamais lui échapper.
En moins de quelques secondes la créature se retrouva à quelques mètres de lui. De là elle se propulsa sur ses pattes arrière et fit un bond dans sa direction.

Dan ne put éviter l'assaut du monstre et il le reçut de plein fouet, propulsé sur le sol sous autant de forces. En un quart de seconde le reptile le maintenait dans l'herbe tâché du sang qui coulait d'entre ses dents en de minces filets. Il plaqua ses pattes arrière sur ses jambes pour l'empêcher de bouger et avança sa gueule grande ouverte vers sa figure. Il allait le tuer.

Sans savoir sous quel effet de folie il s'exécuta de la sorte, Dan ramassa son arme et la pointa vers la gueule de l'animal dans laquelle il vida le chargeur, convaincu de lui éclater la cervelle sans la moindre difficulté. La bête ne réagit pas et se contenta d'interrompre son geste pour rire, un son macabre qui tétanisa le vieil homme, impuissant.
N'importe qui serait mort après une telle rafale, le monstre ne l'avait même pas sentit.

« Tu crois que tu peux aussi facilement te débarrasser de moi ? ajouta-t-il d'un air amusé. Je ris de tant de naïveté. »
Et il approcha de nouveau sa gueule dans sa direction, prêt à se débarrasser de lui.

Dans un élan de folie Dan lâcha son arme et plaqua une main sur chaque côté de la mâchoire, les repoussant loin de lui. Malgré cela il comprit qu'il ne pourrait tenir bien longtemps et que la créature ne tarderait pas à avoir raison de lui. Tout autour les enfants fuyaient, regagnant le sommet de la colline et quittant le parc.
Dan sentit ses bras le lâcher mais il était heureux ; il avait sauvé la vie de dizaines d'enfants en laissant la sienne. Enfin un acte héroïque dans une vie de haine.
Mais cela ne devait pas s'arrêter là.

« Que fais-tu imbécile ? tonna une voix dans son dos. Elle s'est enfuit sous ton nez, dans les égouts. Suis-là ou je jure de te laisser enfermé dans ton trou pour l'éternité ! »
Le reptile laissa retomber son effort et leva la tête. La pression se relâcha autour des jambes de Dan qui ne parvenait à détourner le regard des yeux brillant de celui qui avait failli devenir son assassin. Il le regarda une dernière fois, semblant lui annoncer que ce n'était pas fini entre eux, puis se détourna. Le monstre dévalait maintenant la pente et gagnait l'ombre du pont.

Dan se retourna, essoufflé. Un homme qu'il n'avait jamais vu auparavant le fixait, les mains dans les poches.
« Vous revenez de loin, lui lança ce dernier. »