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Informations

» Auteur : Xabab - Voir le profil
» Créé le 17/12/2013 à 11:25
» Dernière mise à jour le 17/12/2013 à 11:25

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Chapitre 23 : Un être cher
Maëva avait fait tous les bars de la ville durant la matinée. Sans comprendre pour quelles raisons cette dernière avait honte de ce qu'elle avait fait la nuit et voulait s'excuser auprès de son mari auquel elle avait juré fidélité. Celui-ci ne manquerait pas de la frapper et de la tirer par les cheveux une fois dans l'appartement mais ce n'était pas important. Elle sentait simplement qu'elle se devait de le faire et ne pouvait abandonner ses recherches.

Heureusement pour elle celles-ci ne donnèrent rien. Aucun des barmans qu'elle croisa n'avait vu son mari cette nuit et elle se demandait bien où ce dernier avait pu trainer si ce n'était dans l'un de ces endroits. Randy n'était pas du genre à fréquenter d'autres établissements. Pourtant elle n'avait pas trouvé trace de lui.
Où son mari pouvait-il être maintenant ?

Cette question provoqua en elle un profond malaise et en entraîna une série d'autres qui ne firent que renforcer ce dernier.
Et s'il savait tout ? S'il était en ce moment dans la chambre de l'hôtel en train de l'attendre le plus calmement du monde avant de lui mettre une raclée ? Mike pouvait-il être en danger en ce moment ?

Elle secoua la tête pour ne pas penser à cela ; c'était totalement absurde et Randy n'aurait pas pu rester calme devant une telle situation. S'il en avait entendu parler alors il aurait déjà tué Mike sans le moindre scrupule.
Maëva essaya de ne pas y penser et s'enfonça dans l'une des ruelles sombres de la ville dans l'espoir de trouver un bar dans lequel elle verrait son mari allongé sur le bar, décuvant de tout ce qu'il avait ingurgité durant la nuit.

C'était dans ce genre de ruelle que Randy aimait venir boire. L'homme qu'elle avait épousé des années auparavant n'appréciait pas les grands établissements à l'accent trop porté sur la propreté ainsi que la sobriété de ses clients. Il aimait pouvoir boire avec le patron et dormir dans le bar s'il en avait la possibilité. Tout cela n'était d'ailleurs que l'une des raisons qui avaient lentement poussées leur couple faire une falaise de laquelle il était tombé.

Traversant la rue Maëva repensa à la nuit qu'elle venait de passer ainsi qu'à ce qu'elle avait vécu dans le temps, pendant sa nuit de noce par exemple.
Á l'époque Randy n'était pas celui qu'il était devenu. Elle l'avait connu doux, gentil et même romantique sur les bords… Ce portrait ne correspondait plus à celui qu'elle supportait alors au quotidien.

Bizarrement cette pensée ne lui fit aucun mal. Elle se souvenait encore quand elle espérait une semaine avant que les vacances aideraient à rétablir leur couple et s'étonna de ne plus y penser avec autant d'espoir. En vérité la jeune femme se moquait totalement du résultat des vacances, sachant pertinemment que Randy ne changerait plus en bien et qu'il resterait pour toujours le déchet qu'il était devenu.
Dans sa tête l'image de l'écrivain revenait inlassablement et si ces vacances devaient rétablir son couple alors c'était en lui ouvrant les yeux sur sa propre personne.

Ce qu'elle ressentait pour Mike était fort, presque aussi fort que ce qu'elle avait ressenti pour son mari lorsque ce dernier l'avait invité à faire une partie de bowling un soir après une séance de cinéma. Elle se souvenait de son sourire, de sa main tendrement posée sur la sienne et du bras qui avait enserré son épaule en sortant. Tout cela était si loin…

Maintenant Mike prenait la place de Randy dans ses souvenirs. Elle ne voyait plus le sourire de la même personne, ne sentait pas la même main sur la sienne et ce n'était plus le bras de son mari qui la tenait par l'épaule.
Il l'avait frappé, plusieurs fois, parfois tous les jours… Tout avait commencé le soir où il avait perdu son travail et était devenu fou de rage. Maëva se souvenait parfaitement de cette soirée et du coup qu'elle avait reçu dans le ventre.

Elle avança dans la ruelle et distingua l'enseigne d'un bar. Sans le savoir la jeune femme se dirigeait vers l'établissement qu'avait fréquenté son mari durant la nuit avant de se mettre en route pour la tour.
Avançant dans cette direction le souvenir de son premier coup revenait dans sa mémoire. Elle revoyait Randy à genoux devant elle, pleurant toutes les larmes de son corps et la suppliant de lui pardonner son geste, promettant qu'il ne referait pas deux fois la même erreur. Maëva avait tendu une main vers lui, l'avait relevé, convaincu de sa bonne fois.

Deux semaines après elle s'ouvrait l'arcade contre la table basse du salon. Bien entendu son mari avait dit au médecin qu'elle n'avait fait que tomber dans les escaliers et qu'elle ferait plus attention la prochaine fois. Ce soir-là ce dernier avait simplement oublié d'être humain envers sa femme.
Et Maëva avait encore pardonné, pensant que l'homme qu'elle aimait était toujours présent en lui et qu'il allait revenir. Ainsi après chaque coup elle faisait de même et espérait. Randy le fit plus souvent et cela devint une habitude.

Mike était-il différent ? Elle avait lu ses livres, elle savait ce qu'il pensait à propos de certaines choses et pensait le connaître avant même de le rencontrer. Mais s'il était pareil, si les hommes étaient tous les mêmes ? Ne faisait-elle pas la pire erreur de sa vie ?
Mais en arrivant devant la porte du bar dans lequel son mari avait passé une partie de la nuit, Maëva revint sur ses pas.

Personne n'était à la hauteur de Randy dans le genre et surtout pas Mike. Elle l'aimait, voilà la seule pensée qui revenait dans son esprit depuis le matin. Ce n'était plus Randy qui occupait ses pensées et elle n'avait plus espoir de le voir changer grâce à ces vacances. Ce n'était pas lui qu'elles venaient de changer et ce ne serait jamais lui.
En revanche elle était différente. Maëva voyait que ce n'était plus lui qu'elle attendait et elle ne l'attendrait plus jamais.

Elle repartit l'hôtel, désireuse de retrouver celui qu'elle aimait désormais, tant pis si Randy ne le voulait pas.
Alors qu'elle avançait dans la ruelle, tournant le dos au bar et à son mari, un œil plein de haine la fixait du haut de la tour qui surplombait la ville.