La lueur du chrome et la persévérance - Le Livre de Chrome de Renyu

J'avais tout essayé ! Je pensais vraiment qu'on y arriverait pas ! Quand j'ai vu ses yeux pour la première fois, ouais, au début du match. Tu te souviens toi aussi ? Non, sérieusement, c'était vraiment flippant, terrifiant... Comment on a fait ? On y a cru, tout simplement !

D'un revers de la lance, affirmé et déconcertant, mon oncle me projetait sans scrupule à l'autre bout de ce sol qui commençait à ne plus vraiment ressembler à rien. Je tombait lourdement, rebondissant trois fois sur mon corps, veillant à ne pas me blesser avec mon sabre. En relevant ma tête, tremblant de douleur alors que le combat avait à peine commencé, je regardait le "Quazar Noir", m'imitant d'un œil malsain et possédé.

_T-Tu... Tu crois vraiment que tu va m'arrêter comme ça, hein, insistais-je faiblement en me relevant.

_Tu es comme ton oncle, encore une fois : Persévérant. Je suis tout de même fier de voir à quel point tu es capable de défendre une cause ! Mais c'est si drôle en même temps, s'esclaffait-il en ouvrant ses bras.

J'étais tétanisé à la vue de ces réactions étranges. Je comprenais crescendo qu'il n'était plus lui-même. Yami réussissait brillamment à libérer mon frère et Apike de l'emprise mystérieuse sous laquelle ils étaient. Épuisé de vouloir compter sur ma seule force, je décidais de libérer Méta de sa ball et, à mon tour, je choisissais la carte de la "folie".

_Tu veux vraiment qu'on joue sur ce terrain, Frédéric, appuyais-je en fermant les yeux et souriant d'un air psychédélique. Allez, on va jouer : Méta, lâche tout, tout, riais-je aux éclats en imitant mon oncle du mieux que je le pouvais.

Je pouvais voir Yami m'observer au loin, et son regard reflétait parfaitement l'incompréhension. Mon changement radical de comportement ne pouvait, évidemment, n'éveiller que des questions. Cependant, réactif et vif, Yami, égal à lui-même, refusait de perdre du temps. L'heure était grave, et il fallait agir sans même prendre un instant pour réfléchir.

_Ackem ! Fais attention à toi, tu devrais laisser tes Pokémon s'occuper de lui. Tu vas te blesser !

_Non Kazu, ne t'inquiètes pas, j'ai décidé de régler ça en donnant ma participation personnelle au rétablissement de la paix à Hoenn, rétorquais-je en tentant de placer des estoc de sabre furtif à mon oncle, sans sucrés.

A l'instant précis où Yami décidait de lancer ses projectiles de ninjas, oncle Frédéric serrait le poing dans un but précis : Un bouclier plasmique rouge s'est dressé devant lui. Black Rayquaza semblait souffrir sous le geste forcené de son possesseur. Il levait ensuite les bras avant de les laisser s'abattre lourdement sur ce qu'il restait du sol. La secousse était violente, et même dix séismes réunis exécutés par des Charkos aux maximum de leur potentiel n'auraient pas été si violents.

Atterré, sous l'effet de la secousse, je trébuchais au sol une fois de plus, et voyait mon ennemi s'élever avec Black Rayquaza.

_Qu'est-ce que tu fais ?! Tu ne fuira pas, reviens, hurlais-je, tout en sachant que s'il décidait de fuir, je n'avais pas vraiment de quoi le poursuivre sans danger.

_Fuir ? Ce mot ne fais pas partie de mon vocabulaire.

Alors que les Pokémon de Yami, Apike, Kazu ainsi que les miens donnaient le meilleur d'eux-mêmes pour arrêter la menace, il, l'homme déchu, levait maintenant les mains, et le sommet du pilier céleste, la où nous nous trouvions... Le sommet du pilier céleste se décrochait de sa continuité pour s'envoler vers une destination inconnue. De peur qu'il ne lui arrive malheur sur ce champ de bataille, je courais vers tante Sleigharä et l'amenait en lieu sur, où du moins, en retrait.

Au bout de quelques minutes, les étoiles ne m'avaient jamais parues aussi proches. Au paroxysme d'une aventure et d'un affrontement final démentiel, je rêvais malgré tout de toucher la toile céleste du bout des doigts, pour voir, irrationnellement... l'effet que ça faisait.

Son regard était perdu, mais il était aussi perdant. Je ne comprenais pas ce qu'il voulait faire, et si quelques minutes plus tôt, il déblatérait toutes sortes d'inepties terrifiantes... Il ne laissait aucun mot s'échapper. Rien que des assauts destructeurs !

_Je n'abandonnerais pas. Yami, tu es prêt ?

_J'ai toujours été prêt.

_Alors on fonce.

La phase était longue. Avec Yami, nous nous efforcions d'user de coups et d'assauts précis, et même s'ils étaient faibles pour Frédéric, l'accumulation de ces derniers commençaient à devenir conséquents. J'y croyais... On y croyait, à cette victoire, à l'instant hypothétique. Enveloppé de boucliers énormes, de flammes brûlantes et ne cessants de répéter ses compétences destructrices, Frédéric nous rapprochait de plus en plus du firmament. Métastay usait de son Vol Magnétik pour lui asséner des coups malgré sa lévitation constante. Silversky, Thora, le corboss de Yami, son Dracaufeu et tout les Pokémon de type Vol présents dans nos équipes apportait tout ce qu'il pouvait. Katastrophian n'hésitait pas à placer un violent coup critique lorsqu'une brèche restait ouverte, tandis qu'Alakazam, Jungko et Armaldo combinaient leurs capacités pour réaliser des attaques hors du commun.

Je me démenais, apprenant un peu sauvagement, le maniement de mon sabre. Plusieurs balafres au visage. Quelques bleus. Des coupures, les vêtements en lambeaux... Les bras et les jambes en guimauves que j'ai toujours eues étaient soumis à rude épreuves. En me lamentant silencieusement de la douleur qui me tiraillait, je voyait au loin tante Sleighara et Trevor, quelque peu remis de leurs blessures, dans un éveil partiel. Encore trop faibles, mais conscient du dénouement final, avant de retomber dans un sommeil profond, ils libéraient tout leurs Pokémon pour nous aider.

_Onigear, Scessor, Rookas, Teïpholéros... Zerok... Donnez tout ce que vous avez. Et si vous ne le faites pas pour Ackem, ni pour les autres, ni même pour le monde... Alors faites le au moins pour moi...

_Gallia, Sendor... Allez vous battre aux côtés de ceux qui défendent la bonne partie de cette histoire...

Gallia et Sendor, le Gallame et la Gardevoir de ma tante, ainsi que les Pokémon de Trevor, se sont joints à nous rapidement.

Avec autant d'ennemis devant eux, notre détermination comprise, Black Rayquaza et Frédéric avaient beau être ce qu'ils étaients... Ils ne pourraient bientôt plus rien contre nous. Leurs mouvements devenaient prévisibles et lents. Il ne me restait plus qu'à fait une chose.

_Oeil de vérité... Dis-moi... Où je dois frapper ?

En me concentrant, comme toujours, je scrutais les points faibles de mes ennemis, et en repérant le coeur, je n'hésitait pas une seconde. Me faufilant parmi tout mes amis au combat, j'escaladais le dos des Pokémon Vol, placés comme des marches d'escaliers, me menant droit à Frédéric. La dernière marche étant Méta en plein Vol Magnétik, j'appuyais mon pied sur sa tête et plaçait violemment la paume de ma main droite en plein centre du cœur de mon oncle.

Le temps semblait s'être arrêté, et le choc entre son coeur et ma main aurait créée une onde de choc. Ses yeux écarquillés respiraient le changement et l'évolution. Communicatif. J'étais scotché, bouche bée, je le voyais sortir progressivement de cet état maléfique et redevenir un humain digne de ce nom. Rayquaza reprenait ses couleurs vertes d'origines tout en tombant dans un sommeil profond.

Frédéric perdait connaissance, et avant qu'il ne tombe, je le rattrapais et le portais sur mon dos, difficilement, en regagnant le sol.

_Vous croyez que tout est réglé maintenant, demandais-je à mes amis avec des yeux épuisés.

_Si la lévitation de la plate-forme était bien due à l'union entre Frédéric et Rayquaza, nous allons bientôt entrer en chute libre, répondait Kazu, inquiet.

_Vite, il faut aller chercher mon frère et ma mère, hurlait Tybéïn en se dirigeant vers eux.

_Il faut laisser les Pokémon Vol dehors, et récupérer tout les autres. Faites bien attention à Trevor, il a l'air sérieusement blessé, ajoute Apike en l'observant.

En effet, la plate-forme détachée du pilier céleste, qui, à l'origine, nous attirait inéxorablement au coeur de la galaxie, avançait de de moins en moins vite. Bientôt, l'attraction terrestre allait se manifester. Avec le même entrain, la même frénésie qu'au combat, nous nous préparions à voler d'ici quelques secondes. Hoenn était sauvée, et si les étoiles étaient des mots, elles ne seraient pas assez nombreuses pour exprimer tout ce que j'ai ressenti depuis le début, toutes ces questions qui s'entrechoquaient, naissaient et mourraient dans mon esprit, et tout les désirs que j'avais.