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The Rise of Arthur [OS] de Pierredelune



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Informations

» Auteur : Pierredelune - Voir le profil
» Créé le 16/11/2013 à 17:42
» Dernière mise à jour le 21/11/2013 à 13:13

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The Rise of Arthur
"Sera proclamé Roi de toute l'Angleterre celui qui d'une main arrachera cette épée à la pierre."

Arthur s'assit, la tête dans le vague, retournant dans sa tête les paroles du héraut. Il regardait l'épée d'or enfoncée jusqu'à la garde dans un monstrueux bloc de granite, dont on disait qu'elle avait été plantée là par le légendaire Uther Pendragon, ancien Roi d'Angleterre, grand protecteur du royaume breton face aux barbares saxons.

Roi de toute l'Angleterre... La tête d'Arthur en tournait presque. L'Angleterre, l'Angleterre entière... Il n'arrivait même pas à imaginer la taille de ce territoire. Cela devait être des milliers de fois plus grand que le plus grand champ qu'il n'ait jamais vu. Un champ d'une taille suffisante pour que l'idée même d'aller y travailler lui donne des ampoules aux mains. Et il suffisait pour être maître de ce territoire d'ôter cette épée de la gangue pierreuse qui la retenait... Le jeu en valait la chandelle. Largement.
Il n'était d'ailleurs pas le seul à s'être fait cette réflexion, se dit-il en regardant dans la direction de l'épée. Des centaines et des centaines de personnes s'était rassemblées là, faisait la queue pour pouvoir être celui qui régnerait sur le pays. La plupart, à en juger par leurs riches vêtements, était des nobles ou au moins des bourgeois. Certains exhibaient des carrures impressionnantes. L'un d'eux, justement, venait de pousser ceux qui le précédaient et se planta devant l'épée d'or. Il posa deux mains chacune aussi large que des pelles sur la garde de l'épée et se cambra violemment, chacun de ses muscles participant à l'effort de l'homme. Aussitôt, un craquement se fit entendre, résonnant dans la plaine environnante. Les centaines d'hommes attendant leur tour mirent un genou à terre, s'inclinant devant l'Hercule.

L'épée n'avait pas bougée, mais le craquement ne pouvait être que de bonne augure. Arthur se surprit à ressentir une petite pointe de jalousie. Il secoua la tête. Il ne devait pas penser cela, au contraire même. Car après tout, plus tôt le nouveau Roi serait désigné et plus tôt les attaques saxonnes cesseraient. Car depuis la mort du Roi Uther, les seigneurs s'étaient divisés, incapables de faire front commun contre l'ennemi saxon qui en profitait pour ravager le pays en lançant des raids dévastateurs.

L'un d'eux, notamment, avait détruit le comté voisin, révélant la faiblesse des seigneurs incapables de protéger leurs serfs contre les barbares, au contraire de ce que le contrat féodal préconisait. Cela alimentait le mécontentement de la population, et ne rendait l'Angleterre que plus vulnérable.

Arthur reporta son attention sur le colosse. Celui-ci bandait ses muscles au maximum. Il allait arracher l'épée à la pierre. Arthur allait être le témoin de l'avènement du nouveau roi. Celui-ci, d'un coup, tira l'épée. La terre autour du rocher tremblait. Dans un grondement triomphal, l'homme leva l'épée. Arthur manqua éclater de rire. Il n'avait pas arraché que l'épée. Le rocher était parti avec. Il avait arraché le rocher du sol, mais l'épée était restée prise dans le roc!

"Arthur, fainéant! Relève-toi! Reprends IMMEDIATEMENT ton travail!"
Arthur se retourna brusquement. Le Seigneur Antor, son père adoptif, étais là. "Tu dois encore laver la vaisselle et laver le hall. N'as tu pas remarqué que nous attendons du monde, aujourd'hui?" Arthur se retourna, et observa la foule rassemblée autour de l'épée. Il soupira intérieurement.
"Yes Sir. Je m'en occupe tout de suite, Sir."
Il se releva, salua son père adoptif, et se dirigea vers la cuisine.

S'il était formellement le fils adoptif du Seigneur Antor, Arthur était, dans les faits, un serf de la seigneurie, bien que mieux traité que tous les serfs d'Angleterre. Il avait d'ailleurs la chance d'être le seul serf connaissant la situation politique d'Angleterre – une chance ou une malchance, car la situation politique avait le don de déprimer Arthur. Il aimait son pays, et le savoir ravagé par les barbares ne le rendait pas particulièrement heureux.

Arrivé dans l'arrière cuisine du château, il balaya la pièce des yeux, tentant d'évaluer le temps qu'il lui faudrait pour finir, mais y renonça rapidement. Il ne tenait pas à déprimer un peu plus.

Sa mère adoptive, la femme du Seigneur Antor, lui avait souvent raconté comment il était devenu le fils adoptif de maître Antor. Les paysans du domaine l'avaient trouvé dans la neige, durant un hiver particulièrement rude. Ils n'avaient pu le garder, car ils manquaient de vivres et ne souhaitaient pas avoir de nouvelles bouches à nourrir. Ils avaient fait valoir le fait que le bébé avait été retrouvé sur les terres seigneuriales et qu'aucun des serfs de la seigneurie n'avait les moyens pour accueillir un nouvel enfant.
Antor et sa femme avait donc été obligés d'accepter l'enfant.

Cependant, Arthur savait que c'était, au moins en partie, faux. Rien n'obligeait les seigneurs à accepter les enfants nés sur leurs terres.


Arthur épongea son front. Il avait fini, enfin. Le hall d'entrée brillait sous les feux des chandeliers qui éclairaient la pièce. Il était tard déjà, le soleil s'était couché depuis un certain temps. Arthur savait qu'il aurait dû aller se coucher; mais il ne pouvait s'empêcher de repenser à la splendeur de l'épée d'or. Il se mit face à l'entrée du hall. Derrière, la lumière du hall, son lit, et le lendemain qui n'annonçait dur; derrière, la forêt, les champs, la nuit. Et l'épée. Il fallait choisir.
Non, il avait déjà choisi. Il s'avança dans la nuit, dans la direction du rocher à l'épée. La direction de ses plus fols espoirs.

La nuit était claire. La Lune, pleine, plongeait la région sous un éclairage blafard, repoussant la nuit sans pour autant en ôter le côté inquiétant. Arthur frissonna. Un fin brouillard s'était levé, humidifiant légèrement ses vêtements, l'empêchant de voir ses pieds, accrochant aux arbres nues en ce début de novembre des lambeaux de brume spectrale. Et, au centre, attirant les regards, l'épée d'or, brillante malgré la nuit. Il s'approcha un peu plus. Tirer l'épée hors de la pierre, c'est tout ce qu'il avait à faire. A la fois épouvantablement facile et étonnamment complexe.
Cette épée... S'il parvenait à la prendre, il serait Roi. Les Seigneurs s'inclineraient devant lui, la lutte entre roitelets bretons cesserait et commencerait – enfin! – la guerre contre les Saxons. Le pays se redresserait, reprendrait sa place en Europe. Peut-être même pourrait-il rehausser le niveau de vie dans les campagnes. Les Bretons devraient pouvoir manger une poule au pot tous les dimanches..!

Inspirant un grand coup, il se rapprocha encore de l'épée. Il était à moins d'un mètre de l'épée dans laquelle reposaient tous ses espoirs, et qui allait probablement être sa plus grande désillusion. Si même un colosse n'avait pu extraire l'épée, quelles chances, lui, avait-il?

Le jeune homme haussa les épaules. S'il ne tentait pas, il le regretterait, s'il le tentait, il devrait affronter la perte de ses illusions. Quoi qu'il arrive, le fin ne serait pas heureuse. Tentant de rester calme, il avança ses mains près de la garde. Il resta dans cette position encore un moment, pesant le pour et le contre.
vgMais la curiosité était la plus forte. N'y tenant plus, il mit ses mains sur la garde de la flamboyante épée d'or, et tira violemment.


Un oeil. Une voix, là, dans sa tête. Lui, par terre. L'épée. Dans sa main. Et l'Oeil. Là, au dessus de lui. Sous la garde de l'épée, sur la lame. Fixe. Sans paupière. D'un violet spectral, effrayant. Et la Voix. Dans sa tête, dans la plaine, dans le monde, partout. Terrifiante. "TU ES..." Gutturale. "CELUI QUE..." Profonde. "J'AI CHOISI!" Pleine de promesse...
De l'épée. De l'Oeil. Elle venait de l'Oeil.

Arthur se releva, abasourdi. Il contempla l'Epée qu'il tenait en main. Dans le rocher, un trou. L'Epée était sortie de son fourreau de pierre. Et cette Epée... Elle était d'Or, à la large lame. Mais il n'y avait pas que l'Epée. Un bouclier rond était posé à côté d'elle. De vieux signes celtes étaient gravés dessus.
Si, il n'y avait que l'Epée. Et sur l'Epée, l'Oeil.

"JE SUIS AEGISLASH, JE SUIS L'EPEE DES ROIS, ET JE T'AI CHOISI!"


Arthur, un sourire ironique aux lèvres, regardait tout le monde s'affairer. S'affairer pour lui. Aujourd'hui était le jour. Tout devait être parfait pour le nouveau Roi... pour lui! Cette cathédrale, aujourd'hui, lui était entièrement dévolue. Cadeau d'un peuple pour son Roi.
Aujourd'hui était le jour. Le jour d'un couronnement. Son couronnement. Et il aurait lieu ici, à Westminster Abbey.


"Fils et filles d'Angleterre!"
L'archevêque de Canterbury, dans ses habits d'apparat, présidait la cérémonie.
"Nous sommes ici pour célébrer l'intronisation d'un souverain. De notre souverain."
De lui. Il parlait de lui.
"Le Roi Uther, notre Roi..."
Arthur jeta un oeil à l'Epée qu'il tenait. Elle lui paraissait étrangement légère aujourd'hui.
"Le Roi est mort."
"LE ROI EST MORT!"
Arthur tenta de cacher un air surpris. Pourquoi l'assemblée reprenait-elle les paroles de l'archevêque?
"Vive le Roi!"
"VIVE LE ROI!"
Arthur regardait d'un air gourmand la couronne que l'archevêque amenait. En or, bordée d'argent.
"Puisse ce jour durer toujours!"
"PUISSE CE JOUR DURER TOUJOURS!"
L'archevêque posa doucement la couronne sur la tête d'Arthur, qui cacha un sourire, tentant de rester stoïque.
"Longue vie au Roi!"
"LONGUE VIE AU ROI!"


"Cela faisait parti de mes buts, quand je t'ai arrachée de la pierre, Aegislash! Il faut que j'aide les serfs. Ils sont exploités!"
"C'EST LA LOI DU MONDE, ARTHUR. LES SERVITEURS SONT EXPLOITES PAR LES PUISSANTS. TU NE CHANGERAS PAS CA".
"Je peux au moins essayer."
"NON. SAUF SI TU COMPTES DECLENCHER UNE REVOLTE DU PALAIS."


"Vous DEVEZ obéir!"
"Mon Roi... Les chevaliers qui me sont inféodés sont exténués... Ou morts. Je ne peux envoyer personne de plus se battre!"
"Alors, envoyez les paysans! La sauvegarde du pays est en jeu!"
"Seigneur, nous ne vous remercierons jamais assez d'avoir repoussé les Saxons jusqu'au continent... Mais les Ecossais ne sont pas dangereux et nous ne pouvons décimer les campagnes, au risque d'une famine!"
"Notre pays, pour être tout à fait sûr doit inclure toute la Britannie. Les Gallois n'ont pas résistés. Au tour des Ecossais de se prosterner devant ma... notre puissance maintenant!"
"Très bien, Seigneur".


Le Roi Arthur, un air cynique sur le visage, observait la mise à mort de l'ex-roi d'Ecosse. Même l'Ecosse, un royaume qui avait été puissant, n'avait pu résister aux pouvoirs d'Aegislash – ses pouvoirs. L'Epée des Rois – son épée – était capable de manipuler les foules. Les paysans anglais s'étaient jetés sans aucune peur – ni aucune arme – sur des guerriers expérimentés et armés jusqu'aux dents, mais le nombre avait fait pencher la balance. La Grande-Bretagne était désormais totalement sous son contrôle.

"NOUS POURRIONS ALLER ENCORE PLUS LOIN. JE POURRAIS FAIRE DE TOI UN EMPEREUR"
Empereur...


Un vent froid souffle, emporte les feuilles, chasse les passants, déjà rare dans ce cimetière royal, où s'alignent des caveaux plus grands et austères les uns que les autres. Au centre, un monument grandiose, l'ultime demeure du Roi Arthur, le Grand Roi, le Conquérant. A l'intérieur, un gisant d'une grande beauté représente le Roi. Il tient Aegislash dans sa main, et semble dormir, paisible, calme, magnanime. Autour du tombeau, de multiples gravures content l'histoire du Roi Arthur, le Roi Saint, Maître de Camelot. L'histoire de la Table Ronde, de la quête du Graal, que Galaad le Pieux couronnera de succès.

Le vent emporte une feuille d'arbre. Elle volette lentement, et se pose sur la tête du gisant. Dessus, de simples mots, tracés à l'encre noire, un message laissé aux hasards des vents; qui l'apportèrent là.
"L'histoire est écrite par les vainqueurs"