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Une radio, un pendentif et une tablette de chocolat. de TheMizuHanta



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» Auteur : TheMizuHanta - Voir le profil
» Créé le 21/10/2013 à 17:31
» Dernière mise à jour le 17/10/2014 à 20:09

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Chapitre 8: Une pièce de 10 Pokédollard.
Appartement : 13h24

- Il commence à faire vraiment froid hein ?
- Je te le fais pas dire...

Les jours deviennent de plus en plus courts, pour que la nuit ainsi que les cauchemars durent plus longtemps. On voit à travers la fenêtre un soleil pâle à l'horizon, beaucoup trop loin de nous pour diffuser une quelconque chaleur. L'état de ma mère s'est amélioré, « Juste une toux, il suffit d'un peu de repos et elle pourra reprendre ses occupations » d'après le médecin. La vie continue son cours, mes études prendront fin dans un trimestre et demi, les examens finaux auront lieu en mai, le mois où j'ai rencontré Anna. Afin que tous ceux qui finissent leurs études réalisent une « tradition ». Celle de partir pendant une année entière en compagnie de son Pokémon et réaliser un voyage initiatique, seul les dresseurs prodiges peuvent tenter de participer au prestigieux tournoi de la ligue régionale lors de ce voyage de passage à l'âge adulte. Certains ne font ce voyage que pour faire du tourisme, d'autres pour que leurs parents les lâchent, ainsi que le reste veut connaître la gloire. Je ne fais partie d'aucun de ces groupes, je ferais ce voyage initiatique, tout simplement car cela fait partie de mon plan. Du plan que j'ai élaboré il y a onze ans.
Je tourne la tête vers le salon, sur le canapé marron se tiennent d'un côté maman, toujours en train de lire un magazine quelconque avec une tisane à la main, et Anna de l'autre qui grignote un carré de chocolat. Dans le coin le plus éloigné du salon se trouve un sapin, car la nuit de noël approche à grands pas, nous sommes le 24 décembre. C'est le jour où les enfants voient pendant un soir tous les membres de la famille qu'ils ne voient jamais sous d'autres occasions. Pour notre part, on ne fêtait noël qu'avec maman, et papa. Ca y est, il est l'heure, l'heure que je me fixe, chaque année, la même. Toujours le 24 décembre, car ce jour là, c'est celui où je grandis, c'est le jour de mon anniversaire. Je suis né le 24 décembre, je suis plus grand, je suis plus fort, j'ai maintenant 17 ans. Alors que je réfléchissais à quel manteau porter pour sortir, ma mère me tira de mes réflexions :

- Au fait mon Rody, t'as été sage cette année ?

Je tournais la tête vers elle, elle avait un petit sourire du genre moqueur. J'avais rapidement compris de quoi elle voulait parler. On raconte depuis la nuit des temps que pendant la nuit de noël, les Cadoizos posent un cadeau sous le sapin des familles. Ils contiennent des jouets pour les enfants sages et des cadeaux explosifs aux mauvaises personnes. Bien évidemment, j'avais arrêté de croire à ce genre d'histoires depuis longtemps, et même plus tôt que les autres enfants de la ville. Malheureusement, ma mère n'était pas du même avis, elle voulait toujours que je garde en moi la « magie de noël », ce qui commençait un peu à me saouler :

- Maman... J'ai maintenant dix sept ans... Tu pourrais arrêter de me faire chier avec ça nan ?

Certains peuvent penser que je parle mal à ma mère, mais ce n'est qu'une façon de parler. De toutes façon, elle me parle de la même façon et nous savons tous les deux que nous ne nous insultons pas en parlant comme ça, alors ça ne pose pas de problème :

- Tu fermes ta gueule et tu apprécies la magie de noël ! C'est pas parce que monsieur est plus grand que sa pauvre maman malade qu'il peut péter plus haut que son cul...

Je ne pouvais pas m'empêcher de pouffer de rire, et elle non plus, la réplique était bien trouvée. Il n'y avait que Anna qui ne rigolait pas, probablement dépassée et ne comprenant pas trop la situation. Je pris ma veste, il était l'heure pour partir :

- Bon, j'y vais...

Ma mère ne fit qu'approuver en hochant légèrement la tête, elle savait où j'allais. Anna réagit immédiatement en se déplaçant rapidement vers l'entrée. Alors que je pensais partir seul, je me suis dit ensuite que ce n'était pas si grave qu'elle m'accompagne. J'ouvris la porte d'entrée de l'appartement et me mis à descendre lentement les marches qui allaient me mener dans les rues d'Unionpolis.

Rues d'Unionpolis : 13h46

Je marche sur les trottoirs de la ville, les mains dans les poches, allant tout simplement dans une direction précise. Je sentis soudain quelque chose me tirer le pantalon, je baissais la tête pour voir Anna, qui était en train de grelotter. C'est vrai que par rapport à moi, elle n'était pas vêtue, elle n'avait que sa très légère fourrure corporelle pour se protéger du froid mordant de l'hiver. J'ouvris légèrement ma veste, la pris et la plaça dans la « poche » que j'avais faite. J'avais un peu l'impression d'être devenu une maman Kangourex de cette façon. Je continuais d'avancer vers un magasin précis, avec mon Riolu dans les bras.
J'arrivais enfin devant la boutique où je devais passer, j'étais devant le seul fleuriste de la ville. Il avait pour nom « Les plantes de Floraville », il n'y avait pas beaucoup de plantes dehors, à cause du froid de la saison. Anna avait l'air d'apprécier l'odeur de dizaines de fleurs entremêlées. Une vieille dame était en train d'arranger la vitrine, elle se retourna et se mit à sourire en me voyant :

- Tiens, mais voilà Rode, on est déjà le 24 décembre ? Toujours des fleurs noires ?

Elle me connaissait, vu que je venais la voir toujours le même jour dans l'année, avec toujours la même commande, pour toujours la même occasion. Pendant que mon Pokémon, déjà sortie de ma pseudo poche ventrale, zigzaguait entre les différents articles colorés de ce magasin pas comme les autres, je m'occupais de l'achat que je devais faire.

- Non madame, cette année, je voudrais des fleurs blanches.

Elle se mit à me fixer d'un air intrigué, elle savait pourquoi je venais chaque année dans son petit établissement, et elle savait aussi à quoi serviraient les fleurs que je lui achetais. Son expérience en couleur, décoration et évènements lui disait que la couleur que je lui demandais n'allait pas du tout avec la situation. Afin de ne pas rester trop longtemps ici, je lui sortis ma phrase passe partout :

- Raisons personnelles...

J'utilisais toujours cette phrase quand je ne voulais pas répondre à une question qui me dérangeait. Elle ne chercha pas longtemps et se mit à son travail.
Le bouquet était plutôt réussit, elle mélangeait plusieurs fleurs de formes différentes, je pouvais reconnaître par exemple des roses, des edelweiss ou encore des narcisses, tandis que d'autres étaient pour moi inconnues. Je payais rapidement la somme demandée et me dirigeais vers la sortie, accompagnée de mon Riolu à mes pieds ainsi que le bouquet dans les mains. La vieille commerçante m'interpella avant de quitter le magasin :

- Au fait, tu souhaiteras joyeux noël à Jeanne, et aussi à ton père...

J'hochais légèrement la tête afin de lui dire que je le ferais, je m'engouffrais une nouvelle fois dans la rue, pour atteindre l'endroit où je voulais vraiment aller.

Rues d'Unionpolis : 14h03

Je n'étais plus qu'à quelques mètres du portail, plus qu'à quelques mètres de l'entrée du cimetière communal d'Unionpolis. Je remarquais qu'Anna avait l'air intriguée et craintive, elle devait sentir qu'est ce qu'il y avait de l'autre coté de ces murs. Je lui demandais avant d'entrer de rester devant la grille qui empêchait n'importe quel Pokémon sauvage d'entrer ici, vu qu'il était situé à l'extérieur de la ville. J'avais besoin d'être seul encore une fois, elle accepta rapidement, je pense qu'elle préfèrerait ne pas rester au milieux des tombes et des morts.
J'ouvris lentement le portail en grillage noir, et me mis à marcher sur l'allée en gravier centrale. De nombreux chemins étaient perpendiculaires à la principale. Les nombreuses tombes et plaques funéraires environnantes faisaient sentir un lourd silence. Même si il y avais des Cornèbres ou autres oiseaux dans les arbres, ils ne disaient rien, comme si une force les empêchait d'émettre un quelconque son. Un léger vent frais dans la nuque faisait frissonner mon corps tout entier, malgré le fait que je sois chaudement vêtu. Je remarquais à ma gauche un regroupement de personnes, toutes vêtues de noir, en train de fixer une tombe, probablement l'enterrement d'un ami ou d'un membre de famille. Je continuais d'avancer, puis me mis à tourner vers la droite, jusqu'à arriver là où je voulais aller.
J'étais devant une tombe grise, elle était faite en granit poli. Elle n'avait pas de fleurs ou de pots dessus car personne ne vient jamais dans l'année voir cette personne. Malgré le fait qu'elle soit là depuis un peu plus de dix ans, elle est toujours impeccable, sans aucune tache ou rayure. Il y avait au centre un socle, où je posais toujours les fleurs au même endroit. Il y avait sur la face avant du socle une plaque où il y était écrit en lettres dorées :

"Ici repose John Ward, mort pour sa famille"

Vous vous demandez probablement qui est cette personne, pourquoi je suis devant cette tombe et pas une autre. C'est tout simplement car je porte le nom de Ward, je suis son fils, et il est mort pour moi. Je pose délicatement le bouquet sur le socle, puis me dirigea vers l'un des coins de cet endroit silencieux. Il y avait une barre de métal fixée au sol et parallèle à ce dernier, plusieurs chaînes sont fixées à cette barre. Au bout de chacune de ces attaches étaient accrochées des arrosoirs, on ne peut les retirer car un monnayer est placé sur chacun de ces outils normalement utilisés pour le jardinage. Ce sont les mêmes que sur les caddies de super marché, où il faut mettre dans une fente une pièce de 10 Pokédollar afin de pouvoir utiliser l'objet que l'on voulait prendre afin de faire ses courses. Ces monnayeurs étaient là afin d'éviter que les quelques Pokémon sauvages qui s'aventuraient ici ne volent ces précieux outils dans cette terre consacrée. J'avais déjà la pièce entre mon index et mon pouce, cette pièce m'était précieuse. Cette pièce en argent de 10 Pokédollar était, avec la photo, la seule chose que je tenais de lui.
Cette petite pièce n'était plus vraiment aussi brillante que le jour où je l'avais reçue, elle était même devenue un peu terne, mais pas rouillée, car j'en prends grand soin. Je l'utilise depuis plus de dix ans, pour une seule utilisation. Insérer cette pièce dans la fente d'un de ces monnayeurs, prendre le sceau et le remplir d'eau. Je me dirige ensuite vers la pierre tombale de mon défunt paternel afin de remplir le socle d'eau, pour que les fleurs ne meurent pas trop vite, même si le froid de la saison les gèleront vite.
Je restais devant cette tombe un instant immobile, puis je m'assis lentement en tailleur, comme je faisais chaque années, le même jour à la même heure, pour pouvoir parler avec lui.

Cimetière d'Unionpolis : 15h42

- Bon, je dois te laisser, Anna dois avoir vraiment froid, porte toi bien jusqu'à la prochaine fois hein ?

Si vous vous demandez à qui je parlais, alors qu'il n'y a personne autour de moi. Je parlais à mon père, oui, à lui qui est mort. Celui qui est devant moi, vous vous dites que je suis probablement fou. Cela fait longtemps que je ne fais plus attention à ce que disent les gens de moi. Pour être franc, je n'écoute plus les gens car ils ne sont que des imbéciles, qui ne réfléchissent pas à ce qu'ils font ou disent. Ils ne réfléchissent jamais aux conséquences que leurs actions peuvent engendrer. Le monde a toujours été remplit de sombres crétins, et le sera toujours, je ne fais donc plus attention et je continue d'avancer sur le chemin que le destin me dresse, en espérant qu'il ait écouté la plus profonde de mes prières.
Il était grand temps de rentrer, j'étais resté ici depuis un peu plus d'une heure et demie, je me suis dis qu'Anna devait être frigorifiée, à cause de la température ambiante qui était vraiment basse. Je me dirigeais donc vers le grand grillage noir où j'avais laissé mon Pokémon.
Au moment où je passais le portail, je remarquais que mon Riolu n'était plus là où je l'avais laissé. Je regardais autour de moi histoire de peut être l'apercevoir, je la vis arriver en courant sur la gauche, elle respirait fort et suait. J'avais rapidement compris pourquoi elle était comme ça.

- Je suis désolé Anna... J'avais oublié que tu étais là maintenant... Tu veux retourner dans ma veste ?

Elle m'enlaça la jambe, comme pour dire qu'elle me pardonnait, je la pris ensuite par les côtes afin de la replacer dans ma « poche Kangourex ». Quand elle fut dans ma veste, elle se mit à me fixer bizarrement, intrigué, je lui demandais ce qu'il n'allait pas. Elle frotta sa main droite sur ma joue, puis me montra du bout de son coussinet une goutte d'eau. Je me demandais d'abords si il se mettait à pleuvoir, mais c'est en voyant le ciel bleu que je comprenais que cette larme venait de moi. A vrai dire, ça fait longtemps que je n'ai pas pleuré, je remerciais Anna pour ça et me remis en chemin pour rentrer à la maison. Elle se mit à m'enlacer le torse, l'oreille contre mon cœur, je trouvais ça un peu étrange, mais je la laissais faire, je ne voulais pas la déranger. Je me mis alors à marcher lentement, pour prendre soin d'elle, car elle est un Pokémon et je suis son dresseur.

Appartement : 16h21

- Maman, je suis rentré.

Je refermais doucement la porte derrière moi, Anna était toujours dans mes bras. Je retirais délicatement le vêtement qui la recouvrait, puis m'aperçus de quelque chose. Elle avait toujours la tête contre mon torse, ses bras autour de moi, mais sa respiration était calme et lente, elle avait aussi ses yeux clos. Elle était en train de dormir sur moi, probablement épuisée par le footing qu'elle avait fait lors de ma discussion avec mon père.
Je me dirigeais alors lentement, afin de ne pas la réveiller, vers le salon, où je m'allongeais à moitié sur le canapé, affin qu'elle soit sur moi, histoire de ne pas tomber. Elle se mit à trembler, après m'être légèrement inquiété ne sachant pas pourquoi elle gigotait comme ça, je compris qu'elle avait froid, vu que j'avais retiré mon manteau qui faisait office de couverture. Je plaça alors mes bras sur elle, afin d'essayer de la réchauffer, elle s'arrêta de trembler. Je sentais soudainement une sensation de bien être, probablement dégagé par sa chaleur corporelle, mais pas seulement.
En la serrant un peu plus contre moi, je sentais une douce chaleur se rependre dans mon corps, es ce elle qui me donne ce doux ressentit ? Peut être que l'on a enfin noué cet étroit lien, comme l'expliquait le manuel concernant à son évolution. Je m'attendais à ce moment là qu'elle se mette à évoluer ici et maintenant, chose qui n'arriva pas. Je me disais que ce n'était pas grave. Je compte maintenant rester avec elle, quelques minutes ou quelques heures comme ça, peu importe, tant qu'elle se sent en sécurité dans mes bras, car elle est un Pokémon et je suis son dresseur.

Appartement : 17h07

- Et bien on dirait que t'est fatigué mon Rody...

Maman venait tout juste de sortir de sa chambre, encore avec un magazine à la main. Elle contemplait le salon, avec mon Riolu en train de dormir sur moi, et j'étais aussi en train de somnoler :

- Je peux pas vraiment bouger, comme tu peux le voir...
- Et pourquoi pas ?
- J'ai pas envie de la réveiller...

Après lui avoir répondu ça, elle se mit à sourire, pensant qu'elle se payait ma tête, je lui demandais pourquoi avait elle cette tête, elle me répondit :

- Je me fous pas de toi, c'est juste que tu me fais penser à quelqu'un... Tu me fais penser à John, il était exactement comme toi. Je me souviens le jour où tu avais seulement deux ans et tu t'étais mis sur lui et que tu t'es endormi, il n'a pas voulu bouger de la journée entière, quand je lui ais demandé pourquoi, il m'a répondu exactement la même chose. Il ne voulais pas te réveiller car tu étais son fils, et tu étais pour lui la chose la plus précieuse qu'il avait au monde. On dirait qu'il t'a transmit cette même volonté de protection, je peux pas m'empêcher de repenser à lui en te voyant comme ça. Et... je...

Elle s'était arrêtée de parler, des larmes roulaient sur ses joues, sa respiration s'entrecoupait, elle se dirigea précipitamment vers sa chambre. Je me suis dit qu'il fallait la laisser tranquille, histoire qu'elle affronte ces souvenirs qui refont surface. Je continuais à regarder mon Pokémon dormir paisiblement, qui était en train d'écouter les battements de mon cœur.
Alors comme ça, ce sentiment de bien être, c'est la protection de celui qu'on aime ? Je trouve ça beau, je continuais à garder mes bras serrés contre elle, afin qu'elle reste au chaud. Je commençais à sentir mes paupières lourdes, j'étais épuisé, pour une raison inexplicable. La chaleur de mon Riolu me faisait sentir moi aussi en sécurité, ce qui est étrange, mais je ne me pose plus de questions, je me laisse emporter dans le pays des rêves. Ca fait longtemps que je n'ais ressentis une telle chose, c'est la première fois depuis longtemps que je me sens bien.