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» Auteur : Clafoutis - Voir le profil
» Créé le 13/10/2013 à 08:13
» Dernière mise à jour le 13/10/2013 à 08:15

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... ceux qui s'interrogent. [17]
Le souffle matinal traversa une certaine clairière, chatouillant le nez des enfants qui y avaient passé la nuit. Célio se leva en premier. Malgré la nuit entière qu'il venait de passer, il se sentait extrêmement fatigué. Et son épuisement se fit sentir d'autant plus lorsqu'il aperçut Shiro, toujours en train de veiller au sommeil de Lynn. Normalement, le soir, il y a un roulement de garde. Sauf que depuis deux jours déjà, Shiro restait éveillée toute la nuit, à protéger sa camarade blonde. Bien sûr, cela n'empêchait pas Célio, Fa et Yuki de s'alterner afin de surveiller la clairière. En effet, vu l'état de Shiro, il était préférable de l'écarter momentanément du groupe. Elle était passée en quelque sorte dans une classe "Inapte pour raisons personnelles". Depuis que Lynn était arrivée, plus rien n'allait. Tout c'était déroulé si vite. Alors que juste avant... ils étaient tous si proche. Pendant ce jour où Bolognaise et ces fameuses Spaghemiel on fait leur apparition, dès que la Sortie Forestière avait commencé, leur première nuit dans la forêt, le combat contre Poggy... Durant ces moments, Célio avait l'impression que des liens forts se tissaient entre eux, des liens inaltérables et infaillibles. Et finalement, un simple imprévu était tombé du ciel et tous ces liens s'étaient fragilisés. L'amitié était réellement une chose mystérieuse, non, les rapports humains en général étaient mystérieux. Lorsque tout allait bien, on avait l'impression que l'on pouvait soulever des montagnes, ensemble, et supporter n'importe quel épreuve, et pourtant, lorsqu'un évènement inattendu arrive, tout s'écroulait. Que cela voulait-il dire ? Que l'homme était-il incapable de faire face à l'adversité ? Célio ne pouvait pas le croire. Il ne voulait pas le croire. Avant, il aurait pu tomber dans la facilité, or, maintenant, il voulait avancer le plus loin possible. Vers son étoile. Célio commençait peu à peu à discerner ce que Yuki voulait dire par cette expression. Trouver et aller vers son étoile, trouver sa voie. Certainement l'un des chemins les plus ardus.
Shiro ne remarqua même pas que le garçonnet était réveillée, et de même, la demoiselle n'aperçue pas Fa qui commençait à sortir de sa torpeur.

« Célio... grogna cette dernière encore à moitié endormie, bon...bonjour...
–Bonjour, Fa.
–...
–...
–...
–Ah... soupira le garçon manqué, ça ne va pas mieux, hein ?
–Non... »

Le duo fixa une fois de plus leur amie, assise aux cotés de Lynn.

« On doit faire quelque chose ! reprit Fa. Après tout, hier, on a rien fait du tout !
–Oui, c'est vrai... j'ai pensé que l'on pourrait peut-être commencer à chercher le groupe de Lynn avant tout...
–Effectivement, j'y ai pensé aussi. Déjà, il faudra convaincre Shiro de quitter cet endroit. L'atmosphère y est beaucoup trop lourde pour moi... »

Célio acquiesça silencieusement et se dirigea vers à la bordure de la clairière. Yuki montait la garde. A vrai dire, il était plus en train de ruminer qu'autre chose.

« Hum ? siffla le loup solitaire déjà à fleur de peau. Déjà réveillé ?
–Oui...
–...
–...
–Pfiou... souffla bruyamment Yuki. C'est trop... pesant... pour moi... »

Aussi accablé que ses camarades, le loup solitaire rejoignit le centre de la clairière en compagnie de son ami. Le petit groupe se rapprocha le plus possible de Shiro, qui refusait toujours de bouger, de manière à ce que l'"Inapte" pût suivre la discussion.

« Je suis d'accord avec vous ! confirma Yuki d'un mouvement de tête. On est resté bien assez longtemps dans cette clairière. C'était déjà notre troisième nuit, donc il doit être dimanche. Il nous reste alors juste quatre jour, en comptant celui-ci, avant Jeudi prochain, qui sonnera la fin de notre aventure. Et on a que deux totems en poche, on est déjà en retard... l'avantage, c'est que nos Pokédoll se sont reposer un jour entier, hier. On a donc un petit plus niveau gemme. »

Célio et Fa écoutèrent silencieusement leur ami résumer la situation, puis, le garçon manqué prit la parole.

« Donc, on reprend l'aventure ! Enfin un peu d'action !
–Attendez ! s'écria soudainement Shiro. Mais... et Lynn ? On ne va pas la laisser là...
–Tu sais, rétorqua ironiquement Yuki, Lynn en a peut-être pas l'air, mais elle a des jambes. Elle peut nous suivre, et au pire, on peut la porter.
–Elle... elle a besoin de se reposer... après tout ce qu'il lui est arrivé...
–Shiro, je ne pense pas que rester sans bouger pendant des jours soit une bonne chose... surtout dans une forêt. Et puis, finalement, Lynn n'a rien de grave.
–Mais... !
–Shiro...

Une petite voix, encore faible, intervint.

–Je te suis reconnaissante mais... vous ne devriez pas vous retenir pour moi...
–Lynn...
–Tout est de ma faute, après tout. Et je vais beaucoup mieux. Ce n'était qu'un choc émotionnel, je n'étais pas blessée.
–Pourtant, tu étais inconsciente... et...
–Shiro, je ne supporterai pas que mes erreurs vous affectent autant. Cette sortie, vous l'attendiez, n'est-ce pas ? Vous vouliez vraiment la vivre sans retenue, n'est-ce pas ? Alors ne vous privez pas. Regarde ! Je peux me lever et marcher sans problème.
–... »

Shiro essaya de parler, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Finalement, elle se résigna en baissant la tête. Le reste du groupe éprouva à ce moment précis un petit sentiment de victoire, mélangé à de l'amertume.

« Lynn, déclara Yuki. Nous n'allons tout de même pas t'abandonner. Certes, nous sommes ici pour avoir le plus de points possible, cependant, notre priorité à changée. Maintenant, nous donnerons toutes nos forces pour, et avant tout, retrouver ton groupe. Ils doivent s'inquiéter eux aussi.
–Mer...merci, hésita l'intéressée. Encore une fois, je suis désolée...
–Bah, soupira le loup solitaire. Cette aventure ne doit pas être qu'une simple collecte de points, il ne faut pas oublier l'entraide. Tout en restant raisonnable bien sûr.

Cette dernière phrase était assurément adressée à Shiro.

–Commençons par rejoindre le sentier, reprit-il. Ici, on ne risque pas de trouver grand-chose et même de se perdre. »

Célio et Fa acquiescèrent encore une fois, de même pour Lynn. En revanche, Shiro persistait encore. Au fond d'elle, la demoiselle savait qu'elle devait accepter les choses, sans discuter. Elle serrait les poings, de plus un plus fort. Une forte émotion remontait en elle. De la rage. La rage de devoir accepter le destin, quoiqu'elle pût y penser. Elle grinçait des dents, sa colère bouillonnante ne demandait qu'à ressortir le plus vite et le plus simplement possible. Elle ne pouvait pas l'accepter, pas encore. Les trois autres "Rewriters", accompagnés de Lynn, avait déjà commencé à rebrousser chemin. Seul Shiro restait inerte. Elle se laissait imprégnée de sa fureur ardente. La petite boîte dans son cœur commença à se fissurer. Plus les jours passaient, et plus l'échéance approchait. Plus les jours passaient, et plus son cœur se fragilisait. Le fait d'avoir retrouver Lynn dans cet état... aurait dû être l'ultime palliatif. Une occasion de dernière minute, juste avant que tout ne s'efface. Et pourtant... Shiro avait loupé cette occasion. Tout allait bientôt se terminer, sans qu'elle ne pût se racheter. Shiro ne pouvait pas l'accepter, elle ne devait pas l'accepter.

« Hum ? remarqua Célio. Shi...ro ? Tu ne viens pas ?
–...nn...n...
–Shiro ! la pressa Fa. Vite, je n'ai pas envie de moisir ici plus longtemps !
–... non... non...
–Hein ?

Des larmes éclaboussaient le sol. Elles se fissuraient, se brisaient, et se déchiraient.

–Shiro ! s'écria Fa en haussant le ton. Qu'est-ce qu'il t'arrive encore ?!
–Non ! Je...je ne veux pas... je ne peux pas...
–Qu...
–Je ne peux pas venir avec vous ! C'est ... c'est trop dur pour moi...
–Qu'est-ce que tu racontes ?!

Yuki cria de toutes ses forces.

–Bon sang, Shiro ! Mais qu'est-ce qu'il ne va pas avec toi ?!
–Je ne peux pas... c'est impossible... je n'ai plus suffisamment de force...
–Hein ? Si tu as faim il suffisait de le dire...
–Non... je ne parle pas de ce genre de force. Je... je n'en peux plus, Yuki. Plus les minutes, non, les secondes passent et...
–Shiro ! Je t'en supplie, parle notre langue ! Je ne comprends absolument rien à ce que tu racontes !
–Il... n'y a rien à comprendre, c'est tout... je n'ai pas besoin que des gens me comprennent, après tout, la fin est tellement proche...
–Qu'est-ce que...
–J'aurais au moins été contente de pouvoir faire cette sortie, et même de vous rencontrer.
–Tu...tu parles comme si tu allais bientôt mourir...
–Haha... c'est l'impression que je donne ? Non... je ne vais pas mourir... ... ..., mais mon monde, si.
–...ce...
–Je pensais avoir suffisamment de force pour au moins attendre le moment fatidique mais... il semblerait que ce ne soit pas le cas.
–Shiro... murmura Célio.
–Il ne reste que quelques jours, une fois ce délai dépassé, je disparaîtrais. Ne vous inquiétez pas, je ne vous embêterez plus... vous pourriez reprendre votre vie normal, comme si je n'avais jamais existé.
–Ce n'est simplement pas bon... pas bon du tout !!
–Yuki, on ne se connaît depuis à peine plus d'une semaine. Pense juste que ce n'était qu'un rêve, voir un cauchemar. Je m'en irai de moi-même et je quitterai l'Institut. Je n'aurais qu'à payer des cours plus tard, si j'en ai envie... Mais je n'empiéterai plus sur vos vies.
–Ce n'est pas bon du tout ! Tu te rends compte de ce que tu dis ? Par Arceus, qu'est-ce qu'il t'arrive ?! Ce n'est plus à cause de Lynn, n'est ce pas ? Parce que si c'est encore le cas... c'est complètement stupide !
–Non... cette fois-ci Lynn n'a rien à faire là-dedans...
–DANS CE CAS ! Pourquoi ? Pourquoi est-ce que tu tiens tant à effacer ton existence ? Qu'est-ce qui peut bien te forcer à prendre une telle décision ?!
–Yuki, on ne se connaît que depuis à peine une semaine, tu l'as déjà oublié ? Je ne peux pas, comme ça, tout t'expliquer... tu ne me comprendrais pas de toute façon...
–Non... tu te trompes ! Je ne te demande pas de me raconter comment tu te sens ou ton passé ! Toi aussi tu as la mémoire courte, on dirait ! Ne t'ai-je pas déjà dit que je me fichais royalement de ces choses là?! Je te demande juste... juste pourquoi... pourquoi tu veux disparaître ?! Pourquoi est-ce que tu estimes que ta vie est une nuisance pour nous ?! Je m'en fiche de ce que tu ressens, je te demande juste égoïstement de penser à comment est-ce que nous, nous nous sentons ! Tu crois vraiment que Célio et Fa réussiront simplement à accepter ce que tu avances ?! Tu crois vraiment que, moi, je l'accepterai ?!
–Je ne demande l'avis de personne... tout comme toi, moi aussi je fais une demande égoïste : oubliez moi. Si vous voulez, je ferais de mon mieux pour être comme vous avez l'habitude de me voir jusqu'à la fin de la semaine, pour au moins vous laisser un bon souvenir. C'est la moindre des choses que je puisse faire...
–Hein ? C'est quoi cette proposition absurde ? Tu crois vraiment que cela nous convient ?!
–Je suis désolée... je ne peux rien faire de plus...
–Raaaah ! Mais qu'est-ce qu'il se passe ?! Et pourquoi est-ce que tu devrais partir d'abord ? Ton permis de séjour est périmé ?!
–C'est juste comme ça, parfois, des choses imprévues arrivent, et il faut les accepter...
–Mais tu n'expliques rien ! Tu débarques comme ça, et tu rentres en dépression et tu nous lâche un "Je m'en vais" et tu espères encore que tout se passera comme tu le souhaites ?!
–Il n'y à rien expliquer... encore une fois, je suis désolée de vous avoir imposé mon existence pendant ces quelques jours. Je n'aurais jamais dû venir ici en premier lieu...
–Garde ta logique incompréhensible pour les tests de l'Institut ! Et puis même, admettons que tu as quelques chose à t'excuser... dans ce cas... je refuse de te pardonner ! C'est bien trop facile de sortir un "pardon" et de s'enfuir ! Même si je ne sais pas de quoi tu parles, si tu t'en veux réellement, quelque soit la raison... prends tes responsabilités ! Comme tu le dis, tu t'es "imposée" à nous, enfin, quelque soit le terme, tu es rentrée dans nos vie. N'espère pas pouvoir en sortir sans plus d'explication ! Et ne me ressort pas qu'il n'y a pas d'explication à donner ! Contrairement à ce que tu peux penser, tu n'es pas qu'un simple coup de vent !
–Yuki... laisse-moi... faire ce dont j'ai besoin de faire... Une fois que tout sera terminé, je disparaîtrais, j'en ai besoin... je n'ai plus envie de m'imposer à qui que se soit.
–Et bien je le refuse ! Tout simplement ! Pas tant que je n'en saurais pas plus ! "Une fois que tout sera terminé" ? Qu'est-ce que ça veut dire, bon sang ?! Qu'est-ce qu'il se passe, ici ?! Tu parles de quoi ? De la Sortie Forestière ? Où d'autres choses ?! Tu aimes vraiment garder les autres dans le floue n'est-ce pas ?!
–Ce n'est pas que ça me plaît particulièrement mais... je n'ai pas d'autre choix. J'ai essayé de faire la forte... bien trop longtemps. Yuki, tu me traitée de tout les noms, lâche, idiote, crétine... tu en as le droit à présent. Après tout, je le mérite... Ah, j'aurais essayé, essayé de vivre comme n'importe qui. Je... n'aurai aucun regret. Oh, et ma proposition tient toujours, je peux encore me vêtir du masque de la Shiro "habituelle" pendant le reste de la sortie, si vous le voulez...
–Ne te fiches pas de moi, espère de crétine lâchement idiote ! Tu te plais dans ton rôle de martyr incomprise ? C'est ça ? "Essayer" de vivre ? Parce que tu crois encore que le plus important est d'essayer ? Il n'y a que les lâches comme toi qui le pense encore ! "J'ai tenté et ça n'a pas marché, tant pis, au moins j'aurais essayé" mon œil, oui ! Quel est l'intérêt de faire quelque chose si ce n'est pas pour en retirer des leçons ? Pour en retirer un résultat ?! Essayer juste pour essayer n'a pas de sens, Shiro ! Laisse-moi te le demander, Shiro, pendant que tu étais avec nous, qu'as-tu appris ?! Etait-ce juste des jours fades et inutiles à tes yeux ?! Que des essais sans réel utilités ?!

Pendant l'espace d'un instant, Shiro écarquilla les yeux. Des yeux sombres et sans vie. Sans qu'elle ne puisse se l'empêcher, elle repensa à cette semaine. La rencontre avec Fa, le premier jour à l'Institut, de son intervention... très... spécial lors du "combat" entre Karl et Yuki, et quelques heures après, du fameux incident dans les toilettes, où la féminité de Fa fût prouvée par des moyens... peu conventionnel, mais cependant très efficaces. Et puis, la création des groupes. Shiro s'était étonnée à quel point elle pouvait aussi facilement lier le contact avec Yuki et Célio, sans même leur avoir véritablement parlé avant. Directement après, le premier cours du surprenant professeur Ivy, qui était sans doute à ce moment l'homme le plus stressé du monde. Ensuite, le soir au dortoir des filles, où Fa fit un sacré grabuge à cause de son apparence. C'était... vraiment amusant, malgré tout. Un jour après, la remise des Pokédoll, où elle avait pu faire connaissance avec sa petite Chlorobule. Ah, elle en oubliait presque Irisée. Leur directrice aussi bornée qu'indisciplinée. Et que dire de Kazé ? L'"En-Saigneur" au cœur aussi doux qu'il ne se prétendait dur. Encore un individu étrange... Ah, d'ailleurs, en parlant de ce genre d'individu... il y avait Bolognaise. Ce fier cuisinier avec un sens très aigu de l'honneur.
Une larme finit par apparaître au coin des yeux de la petite fille. Au fond, Shiro n'était qu'une enfant, tout ce qu'elle renfermait en elle la dépasser complètement et simplement. Comment diable pouvait-elle nier tout ce qu'elle avait vécu ?! Ces moment passés avec le reste du groupe, ses camarades, ses amis. Ces moments étaient vraiment précieux pour elle. Elle était heureuse, son passé n'avait aucune importance. Oui... ces jours à l'Institut... était une véritable bouffée d'air frais. Des jours d'insouciances ponctués d'un peu de tragédie. Cependant, n'était-ce pas cela qui rendait ses jours aussi fort ? La vie n'était pas un long fleuve tranquille, et heureusement. L'alternance de l'insouciance et du drame, voilà le secret du lien qui l'unissait avec ses amis. La force de leurs liens.
Le flot de pensée de la fillette ne s'arrêta pas. Une image de Célio souriant naïvement lui vint immédiatement, le jeune garçon naïf qui ne prenait que rarement la parole, et uniquement pour faire de petites remarques. Il cachait en réalité un sombre passé qu'il avait réussit à dépasser miraculeusement à l'aide de Yuki. Ensuite, l'image du garçonnet fut remplacée par celle de Fa. Un véritable garçon manqué, qui agissait souvent plus sur le coup d'impulsion qu'autre chose, mais qui cachait une facette qui pouvait être étonnamment réfléchit. Même si en générale, cet... individu entre le genre masculin et féminin était une source d'ennuie assez amusante. Et puis, finalement, le regard perçant de Yuki vint occuper toutes ses pensées. Yuki, le loup solitaire. Que dire de lui ? Parmi le tout le groupe, c'était sûrement celui qui était le plus terre-à-terre. Le seul qui s'était fixé un but, et qui comptait bien le suivre, jusqu'au bout. En ne laissant personne faire obstacle. Et même si quelqu'un irait quand même lui barrer la route, il n'irait pas le contourner. Ni même s'en débarrasser. Non, il irait convaincre cette personne de le laisser passer. Par sa propre force, avec ses puissants idéaux. Il n'avait pas pour but de tenter de convaincre cette dite-personne. Il partait toujours dans l'optique qu'il allait réussir. C'était sans doute cela, au fond, son secret. S'il ne connaissait pas l'échec, s'était parce qu'il l'ignorait. Pour Yuki, l'échec était une sorte de réussite, qui lui permettait d'aller encore plus en avant. Désormais, c'était ainsi que Shiro voyait ce fameux loup solitaire.
Célio, Fa et ... Yuki. C'était ses précieux amis. Shiro ne pouvait plus imaginer une journée où elle ne les verrait plus, s'amusant innocemment, comme devait le faire tout les enfants. Qu'importe le court délai où ils s'étaient rencontrés, Shiro ne pouvait tout simplement pas les renier. Ils faisaient parties de son quotidien, de sa vie. Oui, de précieux amis, des alliés envers lesquelles Shiro éprouvait une grande reconnaissance. La reconnaissance de l'avoir acceptée, elle, sans même chercher à tout savoir sur elle. Pour eux, Shiro était une amie. C'était un titre qu'elle avait acquis sans devoir se justifier, sans devoir le supplier. Ce titre, ce titre d'amie, Shiro l'avait obtenue aussi naturellement que le fait de respirer. Même maintenant alors qu'elle tentait par tous les moyens de couper les ponts, ses amis ne lui demandaient pas de s'expliquer sur les raisons de ses actes, en tant que simple individu, mais en tant qu'amie. Shiro se sentait de plus en plus mal, d'avoir forcé la main à des personnes aussi généreuses...

–Alors ?! Qu'est-ce que tu as à répondre ?!

La voix de Yuki la tira de ses pensées. Shiro prit quelques instants pour réaliser que tout ce qui venait de se déverser dans sa tête n'avait duré qu'une poignée de seconde en réalité.

–C'est donc cela ?! Tu ne voyais vraiment cette semaine comme une petite expérience, un essai, sans suite ?! Juste un passe-temps sans signification ?!

Shiro voulait protester. "Bien sur que non !" cette phrase lui brûlait aux lèvres. Les jours qu'ils ont passé ensemble... durant ce laps de temps... Shiro se sentait vivante. Elle avait enfin trouvé un lieu où son passé n'avait aucune conséquence sur sa vie présente. Un lieu paisible où le futur radieux n'était pas qu'une douce illusion. Et pourtant, qu'essayait-elle de faire à présent ? De détruire cette utopie, tout simplement. Pourquoi ? Désormais, Shiro se le demandait elle-même. Parce que l'échéance approchait ? Sûrement, mais, peut-être pas que pour cela. Et si finalement, elle avait peur de vivre normalement ? Si elle avait peur de retrouver une existence normale ? De nombreuses questions se bousculaient dans sa tête en ce moment même. Des questions qu'elle ne s'était jamais posée avant. Qui était-elle ? N'étais pas évident ? Shiro Weiss. Une fille hautaine, malicieuse et gloutonne. Une étudiante à l'Institut de Johto. Pour quoi faire? Afin de réaliser son rêve. Un rêve brisé. Alors... pourquoi abandonner si vite ? C'était vrai sa mère lui avait dit qu'après que tout serait fini, elle ne serait plus obliger de rester à l'Institut. Cependant, ce n'était pas impératif. Si elle le souhaitait, Shiro pouvait rester. Rester... avec ses amis, ses chers amis.

–Humpf ! Je vois, tu gardes le silence... Si tu ne veux plus discuter, alors je n'ai plus rien à faire là, moi non plus. Célio, Fa, Lynn. On y va.
–Mais...
–Yuki !
–Elle ne veut pas venir, regardez là, en train de fixer le sol. Si elle aura envie de nous rejoindre, elle saura nous retrouver.

Yuki tourna les talons. Il commença à l'éloigner. Shiro voulait tendre la main, lui dire de rester, mais elle ne pouvait plus faire le moindre effort. Elle essaya de forcer les dents, d'émettre un son qui prouverait qu'elle souhaitait rester avec eux, sans résultat. Pourquoi est-ce qu'elle était aussi faible ? Pourquoi est-ce qu'elle ne parvenait pas à appeler ceux qui lui étaient chers, ses amis ? Shiro bouillonna de rage encore une fois. Une rage contre elle-même. Elle se maudissait d'être aussi pitoyable. Célio lui jeta un dernier regard attristé avant de suivre Yuki, Fa et Lynn firent de même quelques secondes après.
Elle devait être heureuse, après tout, n'étais-ce pas pour cela qu'elle avait commencé la dispute ? Pour qu'ils purent l'abandonner ? Evidement, Shiro n'avait aucune raison de se réjouir. La distance qui la séparait de ses amis s'allongea de plus en plus, et elle ne pouvait rien y faire. Un flot de larmes impuissantes se déversaient au sol. La preuve de sa défaite. Non, elle ne le voulait pas. Elle ne le voulait vraiment pas. Elle ne voulait pas perdre. Trouver la force, là, dans son cœur, afin de vaincre. De se vaincre. Elle était la seule à se faire obstacle, sur sa propre route. Si ses amis commençaient à disparaître, c'étaient uniquement de sa faute, ni plus ni moins. La petite fille solitaire serra ses poings, de toutes ses forces, encore et encore plus fort. C'était tout ce qu'elle avait. Toute la rage, cette fureur qu'elle avait accumulée contre elle-même. Elle avait mal, mais elle ne s'arrêta pas. Toujours, toujours plus fort. Dans ses mains se trouvait désormais toute sa volonté, une volonté claire et concise. Elle ne voulait pas être seule, elle ne voulait pas qu'on l'abandonne. Malgré tout ce qu'elle avait dit plus tôt, même si elle le pensait réellement, au fond d'elle, Shiro ne voulait le pas.
La fillette réussit à faire un petit pas en avant, ce simple geste, complètement anodin, semblait lui prendre toute ses forces. Cependant, Shiro n'abandonna pas, elle devait continuer, et si elle ne le pouvait pas, elle se devait de trouver autre chose. Un autre moyen de se dépasser. Qu'importe si elle sombrait, qu'importe si malgré tous ses efforts, elle ne reculait plus qu'elle n'avançait. Elle ne devait jamais abandonner, toujours croire en sa force, en son cœur. Clarifier sa voie, illuminer son chemin... c'était ce que Shiro recherchait en se moment même. Amplifiée par sa volonté, sa gorge commença à s'éclaircir. Désormais, elle réussissait à émettre des sons étouffés. Cela lui faisait extrêmement mal. Shiro se concentra, sa rage, sa peine, en en plus toutes les émotions qu'elles avaient ressenties depuis le premier jour à l'Institut... tous ses sentiments, parfois contradictoires, parfois complémentaires, l'aidait à se dépasser. Elle avait compris, maintenant. Toutes ses émotions, elle ne devait pas rechercher à les rejeter, elle se devait de toutes les accepter. Car c'était ce qui la définissait. C'était la véritable "Shiro". Ce flot de sentiment... n'était-ce pas simplement, son cœur ?

–YUKIIII ! ATTENDS !!

Un cri soudain, inespéré. Une tempête de vie. Tel la foudre, il s'abattit puissamment avant de s'éteindre aussi rapidement qu'il n'était apparu. Shiro gémissait, sa respiration était saccadé, ses larmes se mélangeait à son visage. Elle secouait sa tête avec vigueur, faisait ainsi voltiger des centaines d'éclats larmoyants dans les airs.

–Ne... ne partez pas ! Ne me laissez pas seule !

Célio, Fa se retournèrent, les yeux pleins d'espoir. Yuki quant à lui, s'arrêta de marcher. Cependant, le loup solitaire restait dos à la demoiselle.

–Je... je suis désolée ! Je n'aurais pas dû dire tout ce que j'ai dis tout à l'heure ! J'ai... j'ai juste craqué... MAIS ! Je ne veux pas... je ne veux pas être seule ! Alors... je t'en pris... YUKI ! Ne me laisse pas toute seule, reviens me crier dessus comme tu l'a toujours fait... je... n'ai pas envie que tout ces moments que l'on a passé ensemble disparaissent... comme s'ils étaient sans importance !

Yuki resta silencieux, toujours immobile.

–S'il te plaît... Yu...Yuki... ne...ne m'ignore pas... je sais que ce que j'ai dis était complètement idiot et irréfléchi... mais... mais... je ne veux pas... que tu en colère contre moi ! Ne me raye pas de ton existence ! Je m'en fiche si ce que je dis est contradictoire, si ce que je dis n'a aucun sens ! Parce que... parce que ! C'est vraiment ce que je ressens ! YUKIII ! Ne... ne me laisse pas seule ! Je t'en pris... je ne suis qu'une idiote... une véritable... idiote... une incapable, une lâche, une imbécile, une débile, une abrutie, une sotte, je suis faible, bornée, incapable, prétentieuse, arrogante et j'en passe des meilleurs ! Mais malgré tout... je reste moi-même ! J'ai beau avoir une montagne de défaut, je n'ai qu'à faire en sorte qu'elle me permette d'avancer ! Je ne me renierai plus maintenant... alors... alors... Yuki... je t'en supplie, reviens...
–C'est un beau portrait de toi-même que tu viens de faire.

Avec un petit sourire ironique, Yuki dirigea son regard perçant vers la petite fille au visage embué de larmes. Il s'avança lentement, chacun de ses pas semblaient résonner à travers tout le Bois aux Chênes. Le cœur de Shiro s'affola. Enfin... enfin ! Ses appels, ses cris désespérés, avaient enfin atteint le loup solitaire. Yuki se posta à quelque pas de son interlocutrice. Shiro le regarda pendant un long moment, depuis quand est-ce qu'il était aussi grand, depuis quand est-ce qu'il dégageait tellement d'assurance ? Shiro savait que son ami avait une attitude très fier, mais cette fois-ci... c'était au-delà de tout ce qu'elle avait pu voir auparavant. On aurait dit une sorte chevalier débordant d'audace et de conviction.

–Alors, on se décide enfin à revenir sur terre ?

La prise de parole soudaine de Yuki la fit sursauter. Elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Lorsqu'elle essayait de formuler une phrase, seuls quelques sons inaudibles et incohérents sortaient de sa bouche. Ce n'était pas comme la dernière fois, sa gorge était totalement claire. C'était juste qu'elle n'arrivait plus parler, comme si elle avait oublié comment faire pour former un mot. Honteuse, elle ne put qu'acquiescer doucement en rougissant.

–Donc, tout ce qui est de "disparaître" et autre, c'est complètement oublié ?
–... ... ou... ...oui...

La demoiselle parvint difficilement à prononcer ce simple mot.

–Dans ce cas, on peut continuer alors. N'est-ce pas ?
–... Non ! Euh... je veux dire ... oui... mais... je ne peux pas... enfin si... parce que... non, non ! Je...

Shiro continua un flot de paroles incompréhensibles pendant de longues secondes. Elle voulait se tuer sur place. Qu'est-ce qu'elle racontait à un moment pareil ?! Elle-même ne le savait pas. En ce moment, Shiro désirait plus que tout avancer. Shiro le savait, par "continuer" Yuki ne voulait pas simplement dire de reprendre la Sortie Forestière. Il lui demander de renouer avec sa voie, qu'elle avait abandonnée. Cette route, cette ligne du destin qui s'élevait fièrement vers les sommets. La ligne rouge qui menait vers son étoile.
Yuki resta un moment perplexe devant cette demoiselle baragouinant des choses aussi absurdes qu'incohérentes. Dans un petit soupir, le loup solitaire pris le délicatement le bras de Shiro avant de le tirer brusquement vers lui, la forçant ainsi à faire quelques pas.

–Tu vois ? Tu peux avancer, finalement. Arrête de dire n'importe quoi, idiote. On ne va pas rester planter là toute la journée. »

Yuki lui tourna le dos une nouvelle fois. Sauf que cette fois-ci, le loup solitaire marchait plus lentement. Il attendait Shiro et s'adaptait à son rythme. La petite fille aux longs cheveux blancs le suivit légèrement, le cœur chargé d'étranges émotions. Elle n'aurait jamais cru que suivre quelqu'un pourrait être aussi troublant. Cependant, Shiro savait que, désormais, elle pouvait avancer sans s'inquiéter. Après tout, quelque soit l'obstacle qu'elle rencontrera, n'y aurait-il toujours pas le large dos protecteur qu'elle voyant actuellement devant elle, pour la rassurer ?