O-S: Les huit badges de Johto de Tarsaladdict

Il fait nuit. Ce soir c'est la pleine lune et je survole la ville sur le dos de Roucarnage. J'aime les Pokémon Vol plus que tout. Ils sont beaux, majestueux... Ils dominent toute la Terre depuis le ciel, mais ils restent humbles et côtoient les simples Terriens que nous sommes. Et ils nous permettent de grimper sur leur dos, d'apprécier le don du vol avec eux. Les Pokémon Vol sont mes idoles, mes héros. Je suis leur plus grand fan, je les envie, je les jalouse. Tu es mon meilleur ami, Roucarnage, d'ailleurs. Mon équipier, mon partenaire. On se connaît depuis longtemps. Je me souviens du jour où je t'ai recueilli blessé, comment je t'ai soigné, comment tu t'es envolé... et comment tu es venu te poser sur mon épaule le plus naturellement du monde. Tu ne m'as plus jamais quitté. Je consacre ma vie aux Pokémon Vol. Je n'ai jamais eu d'autres aspiration. Sauf peut-être à devenir plus intime avec cette fille. Cette dresseuse qui m'a défié un peu après Gold. Lui aussi j'ai été plus intime avec lui. Nous sommes amis tout les trois. Je les aime bien. Et toi je t'adore. Toi, tu peux voler. Alors vole, vole mon ami.

Il fait nuit. Ce soir c'est la pleine lune et je patiente devant un oeuf. Ca y est. Il bouge... Il se fissure... Il éclot ! Bonjour, petit Chenipotte. Je veux dire petite. Oui, tu es mignonne. Adorable. Oui, je tremble, mais ce n'est pas parce que j'ai froid. Je suis excité. Je guettais ta naissance. Je suis rarement aussi excité. Il n'y a que de vivre avec des Pokémon Insecte qui me plaît. Et m'occuper de l'arène. D'ailleurs, petite Chenipotte, j'ai été aussi très excité par ce combat contre ce jeune homme, Gold. Il se battait vraiment bien. Bon, d'accord, il avait un Héricendre, un Pokémon Feu... Brr... Mais il était sympa, quand même. Je te le présenterais un jour. Peut-être même que je lui demanderais de t'élever. Comme ça tu reviendras me raconter ce que ça fait. Quand dis-tu ? Ah non, c'est vrai, il a ce maudit Typhlosion ! Grr...

Il fait nuit. Ce soir c'est la pleine lune et je suis allongée dans l'herbe. Le vent vient caresser mon visage et son mouvement s'imprègne à la pelouse naturelle ce qui chatouille mes pieds. Je pouffe, ne pouvant résister au besoin de me recroqueviller pour me soustraire à cette douce torture. Ca fait du bien de s'allonger dans l'herbe, hors de la ville. La pollution l'animation, l'agitation, l'arène... Ce n'est pas de tout repos. J'envie les dresseurs que j'affronte. J'envie Célestia, ma meilleure amie. Elle, elle est libre d'arpenter les routes, les lacs, les forêts et les grottes de la région. Moi, je ne me suis jamais éloignée de Doublonville. Car j'ai été sélectionnée pour être la Championne. Celle qui doit montrer l'exemple constamment. J'ai trop peur de m'offrir des vacances. J'ai trop peur de manquer un seul challenger. J'ai trop peur de faire honte à la ville et ma famille. J'ai fait le serment que plus jamais je n'essayerais de m'absenter pour visiter Ecorcia. La dernière fois, la Team Rocket a envahi la ville. Alors je resterais dans ma prison de béton pour le bonheur des habitants de Doublonville. Je n'irais même plus au Pokéathlon.

Il fait nuit. Ce soir c'est la pleine lune et le ciel est envahi par les ténèbres. Spectrum et moi adorons ça, le noir, la nuit, les ténèbres. Car nous n'en avons pas peur. Car c'est calme et reposant. Et surtout car la nuit, nous n'avons pas à surveiller Eusine... Enfin, depuis que Gold lui a mis une raclée, il s'est calmé. Et surtout, il s'est trouvé un travail. Soit béni, Gold. Soit béni. J'aime la nuit car je peux m'occuper de mes Pokémon sans être dérangé. Les autres préfèrent dormir... Mais la nuit, il se passe tellement de choses intéressantes. Je ne me couche qu'après minuit. D'ici là, je m'entraîne contre les soeurs Kimono, je flirte avec ma petite copine, je grimpe sur la charpente de la Tour Cendrée au mépris de ma sécurité.... Mais ce soir, je préfère admirer le ciel nocturne avec Spectrum. C'est reposant et on passe un bon moment.

Il fait nuit. Ce soir c'est la pleine lune et je la contemple avec ma femme. J'ai terminé l'entraînement plus tôt et nous avons passé une belle nuit bien romantique, comme au bon vieux temps. J'aime la vie que je mène. Nous n'avons peut-être pas beaucoup accès à la technologie ici, nous vivons peut-être principalement à l'ancienne, mais ça nous suffit. Moi, tant que j'aurais la radio, tout ira. A Irisia, les habitants sont tranquilles et ne font pas de grabuge. Ils sont travailleurs et solidaires. Et un peu trouillards. Il n'y en a quasiment jamais qui acceptent de faire un match Pokémon amical avec moi. Heureusement, il y a l'arène. Je n'oublierais jamais les meilleurs combats. Et puis, il y a eu des adversaires vraiment sympas. Ma préférée a du être Célestia. Elle a une bonne bouille et de l'entrain. Je lui ai donné des cours de karaté et elle s'est avérée une bonne élève. On se voit de temps en temps pour un match revanche. J'en fait aussi contre son ami d'ailleurs.

Il fait nuit. Ce soir c'est la pleine lune et je l'admire en compagnie de Pharamp. Je m'identifie parfois à la lune. Silencieuse, distante, on dit qu'elle est belle... Mais elle fuit le soleil, comme je rejette les hommes. Les étoiles se pressent autour d'elle et sont autant de courtisans qu'elle rejette, comme moi je rejette les miens. Je n'ai pas de petit ami, ni d'amis tout court. Mes seuls relations et ma seule famille sont mes Pokémon. Et toi, Pharamp. Quand j'y repense, ce jour où tu es tombé malade, ce dresseur s'est présenté à moi. Je lui ai demandé d'aller chercher le remède à Irisia. Il l'a fait. Il t'a sauvé. Je crois bien qu'il n'était pas insensible à ma soi-disante beauté. Et lui, il ne me laissait pas indifférent. Peut-être que j'aurais dû l'inviter à dîner pour le remercier. Même le féliciter de m'avoir battue du premier coup à l'arène. Que dis-tu, Pharamp ? Mais oui, j'ai son numéro... Un numéro réservé pour les revanches... Mais et si j'invitais ton sauveur ? Je ne veux plus être seule. Je veux dire humainement. Je veux un petit ami. Je veux un mari. Je veux une famille humaine, je veux des enfants. Je le veux lui.

Il fait nuit. Ce soir c'est la pleine lune et je me promène. Ah, ma petite Acajou. Tu m'as vu naître, tu m'as vu grandir, vieillir... Tu as fait de moi ton champion d'arène, même ! Mais, ce vieux grigou n'en a plus pour très longtemps, hein ? Je dois te faire un peu pitié avec ma canne. Bah, j'en ai plus pour trop longtemps. C'est triste, mais pas tant que ça, c'est la vie. J'ai déjà trouvé un remplaçant. C'est la plus fidèle de mes disciples. Elle insiste toujours pour m'aider car elle voit bien que je me déplace de moins en moins facilement. Elle m'est dévouée. Comme une petite-fille aimante qui aide son pauvre vieux grand-père à marcher. Il faut dire qu'elle était encore enfant quand ses parents sont morts. C'est moi qui l'aie recueillie, tu te souviens ? Je l'ai confiée à un jeune couple et je lui ai rendu visite souvent. Tellement qu'elle a insisté pour rejoindre les dresseurs de mon arène très tôt. Dés que je lui ai offert son Blizzi, son premier Pokémon. Je ne sais pas pourquoi je me suis lié comme ça avec elle. Mais c'est elle qui me manquera le plus avec ma femme. Et puis Gold. Et Célestia. Et cet âne de Silver. Mes trois challengers préférés. Tu sais quoi, Acajou ? Je vais les appeler et les prendre tout les trois en même temps ! Rien qu'une fois, une dernière fois, je veux faire un match contre eux. Je demanderais peut-être à ma disciple et ma femme d'être mes partenaires. Je veux qu'on fasse ça ensemble, tout les six, avant de partir. Tu crois que ça sera possible ?

Il fait nuit. Ce soir c'est la pleine lune et j'entraîne encore mes Pokémon. Je suis irritée. Irritée car Peter m'a encore battue. Moi, la légendaire dompteuse de Dragons, la féroce Sandra, la Dragonne d'Ivoire d'Ebenelle ! Les personnes qui m'ont battue se comptent sur les doigts de la main. Peter, mon grand-frère. Célestia et Gold, les deux petits génies de Bourg Geon. Silver, le délinquant gracié. Quand je pense que même en unissant mes forces à celle de Peter, Gold et Silver nous ont rétamés... La rage refait surface en moi et je pousse un cri, un cri terrifiant digne de la Colère des Dragons. Comment se fait-il que des morveux battent Peter alors que moi je n'y arrive pas ? Comment cela se fait-il que nos Dragons perdent ? Un jour, je gagnerais un match revanche contre Gold. Contre Silver. Contre Célestia. Un jour, je vaincrais Peter. Je le jure. Je le jure sur mon honneur de huitième champion.

Il fait nuit. Ce soir c'est la pleine lune. Je profite de la fraîcheur nocturne tout en trempant mes pieds dans l'eau du Lac Colère. Je suis venue camper ici, sans informer personne de la destination que j'ai choisie. J'avais bien le droit (et le besoin) de m'isoler de tous pour m'occuper de mes Pokémon, non ? Et puis, j'ai besoin de m'expliquer avec moi même. Je suis tombée amoureuse, je crois. Non, en fait j'en suis sûre. Mais pas de Gold. J'étais sûre que je tomberais amoureuse de Gold ! Mais non ! Je suis tombée amoureuse d'un hors-la-loi. En ai-je le droit ? Une petit voix me dit que oui, une autre que non. La première vient de mon coeur, la seconde de mon cerveau. Silver... Tu as changé. Tu n'es plus le monstre d'égoïsme qui maltraitait ses Pokémon. Tu as été gracié par la justice et le Professeur. Tu ne le voulais pas... Mais toi et moi sommes devenus amis. Notre amitié est moins forte que celle que tu partage avec Gold ou moi avec lui. Mais mon amour pour toi les transcende. Je ne devrais pas aimer un mauvais garçon. Mais zut, je t'aimes quand même. Je sais que tu joues juste les durs. Je sais que tu es quelqu'un de bien. Je sais que je t'aime. Demain, je te trouves, je te traques et je te demande en mariage !

Il fait nuit. Ce soir la lune est pleine et je suis à la maison. Maman dort, moi non. Je parcours l'album qui réunit toutes les photos prises de mon aventure par F. Otto. Il y a moi et mon équipe devant des monuments, moi et Célestia ensembles, une image de moi qui prête main forte à la famille qui gère le Ranch près d'Oliville ou aux grands-parents de Célestia. Il y a même une photo de moi, elle et Silver. Et surtout, des photographies de moi en compagnie du champion de chaque arène que j'ai défiée. Je revis chaque moment avec nostalgie. Je m'attarde sur un cliché en particulier: Jasmine. La championne d'Oliville. Le badge numéro six. Même en photo, elle est magnifique. Je crois bien que j'en suis amoureux. Mais c'est sûrement à sens unique. Elle est réputée inaccessible. Qu'est-ce que j'aurais de plus que les autres pour la séduire ? J'éclate de rire devant l'image qui me montre en train de me lamenter devant un arbuste qui empêche d'accéder à Ecorcia. Je n'ai appris que plus tard dans mon aventure, en jetant de l'eau dessus, qu'il s'agissait d'un Simularbre. Le pire, c'est qu'il n'a pas bougé et que si je ne l'avais pas capturé, il serait encore là-bas ! Je passe quelques heures à revivre mon voyage initiatique et ferme puis range l'album. Je me couche et m'endors. Je ne sais pas encore que je vais rêver de Jasmine, ni que demain, elle m'appellera. Non, pas pour un match. J'ignore qu'elle va m'appeler pour me demander de sortir avec elle !