Nous sommes des Héros, volume 1 : Les porteurs d'Hooseki de Tatsushi-chan

- Aïe ! Kutai, tu m'as fait mal ! Tes attaques sont trop puissantes !

Je redresse fièrement la tête. Je ne suis pas vraiment désolée pour elle. Après tout, ça veut dire que je gagne encore en puissance. Mais je lui dis quand même, pour qu'elle ne soit pas vexée :

- Excuse-moi, Diamant.

La Diamat rougit un peu. Personne ne l'appelle jamais par un autre nom que celui de son espèce, Diamat. Comme moi, d'ailleurs. Mais notre groupe d'amis en avait décidé autrement. Nous ne voulions pas être comme les autres. Ainsi, moi, j'étais un Diamat nommé Kutai, mon amie de la même espèce Diamant, Drakkarmin était devenu Drake et le jeune Coupenotte lui, Cisaille.

- Tu n'es pas très sincère quand tu présentes tes excuses, se moque-t-elle gentiment.

- Désolé mais…quand il s'agira des Légendaires, je ne m'excuserais pas. Et je mets autant de puissance que je peux.

- Je sais bien…Kitai. Mais…tu as peu de chance de revoir Rayquaza, et encore moins de réussir à le vaincre. Tu t'entraines en vain…

Vous avez bien deviné, je suis le Solochi d'il y a un an.

- Si tu trouves que cet entrainement est vain, pourquoi m'avez-vous appelé Kitai ? m'énervais-je. L'espoir, hein ? (kitai signifie espoir en japonais)

- Parce que…on veut tous y croire, dit Diamant. On espère tous qu'un jour les Légendaires ne seront pas plus forts que nous. Les adultes aussi, même s'ils ont trop peur pour le dire.
Drake, qui était resté silencieusement pendant notre combat, s'avance avec Cisaille.

- Tu sais, Kitai, évoluer en Trioxhydre ne changera pas grand-chose. Je sais que tu t'es tellement entraîné cette dernière année que tu as évolué précocement : il n'y a que trois solochi qui ont évolué sur la douzaine du village et encore, Diamant a évoluée il y a à peine deux semaines. Mais on ne peut rien contre les Légendaires ! Il faut te faire une raison !

- Alors, d'après toi, je devrais abandonner mon frère ?

- Je n'ai pas dit ça ! se défend Drake. Mais il n'aurait pas voulu que tu finisses comme lui car tu as voulu le venger !

- Toi aussi, tu baisses les bras…tu es bien comme tous les autres…

Ils sont tous terrifiés par les Légendaires, tous ! Plus encore depuis que Rayquaza a tué mon frère sans aucune pitié. Et maintenant même un de mes amis me conseille d'abandonner mon envie de vengeance ? Il ne peut pas comprendre. Il n'a pas perdu un membre de sa famille, lui. Et encore, il se serait peut-être écrasé comme tous les autres, même après ça. Je serre les dents. Je me rappelle du serment que nous avons fait sur la tombe de mon frère : anéantir les Légendaires, pour protéger nos familles, mais aussi pour venger tous ceux qui étaient morts par leur faute. Il voudrait rompre son serment ? Comment ose-t-il… ? Je me jette sur lui avec un rugissement terrifiant.

Drake, qui ne s'y attendait pas du tout, tombe à la renverse à cause de mon poids, et nous roulons à terre tous les deux. Avant qu'il puisse réagir, je lance un Dracogriffe sur son visage. Il pousse un terrible hurlement de douleur et essaie de me déchiqueter avec Morsure. Mais à force de me battre contre lui, je connais toutes ses attaques, et tous ses points faibles. Je place une de mes pattes avant sur sa trachée, ce qui empêche l'air de passer. Il se débat comme un beau diable, mais bientôt il commence à manquer d'air. Ses pattes finissent par retomber. Je me détends un peu. Grossière erreur : il en profite pour m'attaquer avec un Dracogriffe à son tour. C'est à ce moment que Diamant intervient.

- Ça suffit ! crie-t-elle en me tirant en arrière de toutes ses forces, ce qui m'envoie rouler plus loin.

Je me relève, à peine essoufflé. Je suis prêt à en découdre avec ce traître. Diamant se place entre nous deux. Derrière, je vois toute la tête de Drake, déchiquetée par mes griffes, qui dégouline de sang. Qu'est-ce que…c'est moi qui ai fait ça ? Avec seulement une attaque normale ? Non… je ne suis quand même pas devenu si fort…

- Tu veux éliminer les Légendaires ? Mais tu ne vaux pas mieux qu'eux ! Regarde ce que tu m'as fait ! Va donc les rejoindre, ils seront ravis d'accueillir un traître et un monstre !

Non ! Je ne suis pas comme eux ! Je vaux beaucoup mieux ! Tout ce que je fais, c'est pour mon frère ! Je m'en vais en courant, non pas coupable –il l'avait mérité !- mais plutôt honteux.

- Kitai, murmure tristement Cisaille –et je peux même voir deux petites larmes aux coins de ses yeux, si semblables à celles qu'eut mon frère un an plus tôt.

Je traverse à une vitesse démentielle une bonne partie de la forêt, et j'arrive bientôt dans une clairière, qui est aussi le cimetière de notre petit village de Yokodachi. Je parcours les allées. Le vent souffle à peine, et le soleil se cache derrière les nuages. Des tombes sont à l'abandon, oubliées par ceux de leur famille, ou même ignorées, comme si les pokémons qui avaient vécu autrefois ne méritaient pas le respect. J'arrive bientôt devant celle de mon frère.

Banale en apparence, elle est l'une des rares encore parsemées de fleurs colorées, déposées tous les jours par un de mes parents, où les deux, selon leur disponibilité. Mais ils trouvent toujours le temps d'aller déposer quelques fleurs. Qui dit qu'un jour ils n'arrêteront pas de venir ici ? Mieux vaut enterrer les douleurs au plus profond…

Je m'accroupis devant la tombe. Je reste combien de temps ainsi ? Je ne sais pas trop. Mais pendant tout ce temps, je réfléchis aux paroles de Drake. Il a raison. Ma force ne sera jamais suffisante. Je dois découvrir le moyen de faire plier les Légendaires. Nous avons tous un point faible : ils en ont forcément un, eux aussi. Et je serai même prêt à parier qu'il doit s'agir du même point faible pour eux tous. Il suffit de trouver. Je me concentre. Et soudain, une discussion avec mes parents me revient, que j'avais eue il y a quelques mois.


*****


J'étais assis à la table de la cuisine, pendant que mon père lisait le journal et que ma mère faisait le petit-déjeuner. Moi, je me dépêchais de terminer un exercice avant d'aller à l'école.

- C'est trop dur ! Je ne comprends rien à cette histoire de 1ère Grande Guerre!

Mon père écarquille les yeux en relevant la tête de son article sur « Pokéathlète : une forme olympique ! »

-Vous en êtes déjà là ? Ah oui, c'est vrai, j'oublie toujours que tu as déjà sept ans ! (les années humaines mesurent le double des années pokémon, ainsi kitai a en réalité quatorze ans en années humaines) J'ai l'impression que c'était hier le jour où tu étais encore un petit Solochi geignard…enfin, de ce côté-là, ça n'a pas changé.

- Papa ! Aide-moi plutôt au lieu de me critiquer.

- Je plaisante. Et désolé, mais tu vas devoir apprendre tout seul.

- Eh oui, ton père à raison, dit soudain ma mère. On ne peut pas toujours avoir une bibliothèque à portée de la patte.

- Qu'est-ce que tu veux dire par là ? je demande, intrigué.

- Je parle de La Bibliothèque des Heures Sombres. Son nom n'est pas très engageant, mais c'est parce qu'elle recense toutes les choses, bonnes ou mauvaises, qui sont arrivées depuis qu'Arceus est né.

- C'est les Légendaires qui l'ont créée ?

- Même pas ! De simples pokémons comme nous l'ont réalisée ! fait fièrement mon père. Nous n'avons pas besoin d'être des Dieux, pour réaliser de belles choses.

- Et on dit même que dans la BHS, ainsi qu'on la surnomme, se cache le secret de la Création du Monde.

- Sérieusement ? Mais tout le monde peut y avoir accès !

- Oh non ! Les Légendaires, plusieurs fois par siècle, essaient de retrouver ce secret, ainsi qu'un autre, on ne sait lequel, qui pourrait leur porter préjudice. Mais c'est en vain ! Personne n'a jamais retrouvé ces deux secrets, qu'il soit simple pokémon ou Légendaire surpuissant.

- je vois…et Arceus ? Il n'a pas essayé de retrouver les secrets ?

- Bien sûr que si ! Mais les sortilèges qu'ont placés les pokémons psy empêchent de retrouver ces deux documents. C'est pour ça qu'ils cherchent tout les siècles. La BHS est magique. Il y a tellement de documents qu'il faudrait plusieurs millions d'années pour tous les lire. Et je suis sûre que c'est deux secrets ne seront révélées qu'à ceux qui le méritent, dit ma mère.

- On les appelle les Sombres Secrets de l'Heure Noire…rajoute mon paternel.

- Deux terribles secrets…pour les mener à leur perte…