Nous sommes des Héros, volume 1 : Les porteurs d'Hooseki de Tatsushi-chan

Je m'appelle Solochi. Je suis…eh bah, un solochi, justement. Nous les pokémons normaux, qui n'avons pas notre pouvoir à nous, spécifique, comme les Légendaires, et qui sommes plusieurs d'une même espèce, nous avons tous le même nom. Des pokémons sans aucun intérêt. Les Légendaires, eux…il y a tellement à dire. Ils ne sont qu'un seul membre de leur espèce, avec son pouvoir à lui. Ainsi, il n'y a qu'un Rayquaza, un Groudon, un Lugia…etc…

C'est pour ça que je n'ai jamais apprécié les Légendaires. S'ils étaient modestes, où qu'ils nous mettaient sur le même plan, où qu'ils nous considéraient comme égaux à eux…mais non. Ils se croient tellement supérieurs, tellement puissants face à nous. Et ils sont bien plus puissants que nous pourtant, c'est un fait. Sinon, nous ne les craindrions pas. Nous ne leur obéirions pas. Mais c'était les Légendaires, les Dieux, même. Il y a peu de temps encore, mon petit frère qui avait dit, à table, devant mes parents et moi :

- Quand je serai grand, je serai un Légendaire, et je pourrai même battre Arceus !

Le rêve de tous les enfants, hein ? Moi, je ne les aimais pas. Et mes parents ne disaient rien. Eux aussi détestaient les Légendaires. Mais ils ne disaient rien. Car qui aurait osé, non, qui aurait pu se rebeller contre les Dieux ? Il aurait immédiatement écrasé, anéanti, son nom oublié…un grain de sable qui jamais n'aurait réussi à enrayer la dictature qu'avaient imposé les Légendaires. Mais moi, je n'étais déjà pas comme les autres, il y a un an. Je voulais me faire entendre, crier à la révolte à qui voulait m'entendre. Je me rappelle avoir dit à mon frère :

- Tu plaisantes, ils n'hésitent même pas à nous tuer si nous représentons une menace future qui ne se réaliseras peut-être jamais. Ils ont causé plus d'une mort inutile. Et les Grandes Guerres ? Il y en a eu deux jusqu'à présent. Provoquées par qui ? Les Légendaires ! Alors franchement, redescend sur Terre, petit frère…

Il s'était mis à pleurer. Mes parents m'avaient envoyé dans ma chambre. Après avoir couché mon frère, ils étaient venus me voir pour me parler. Ce soir-là, ils m'ont sermonné. Mais moi je savais qu'au fond d'eux, ils pensaient pareil. Mentalement, nous étions sur la même longueur d'onde.

Et quelques jours plus tard…

Ma mère m'avait secoué, alors que je dormais encore. Nous étions un dimanche, et l'aube pointait à peine.

- Pourquoi tu me réveilles ? On est dimanche, et on n'a plus le droit de faire la grasse matinée ?

Les yeux de Trioxhydre de ma mère brillaient d'une inquiétude encore jamais vue.

- Je t'ai réveillé car nous avons reçu un message au village nous disant de tous nous rassembler sur la place. Rayquaza vient nous voir !

Je grimace. Je vais voir mon premier Légendaire. Et je vais devoir tenir ma langue, si je ne veux pas finir en bouillie.

Je me lève à la hâte, et toute ma famille rejoint la place. Tous ceux du village sont déjà là, ainsi que ceux des alentours. Ça fait un bon paquet de pokémons, tout ça. En fait, nous ne sommes pas loin de deux cents pokémons. Nous attendons tous, tendus. Les Légendaires ne se déplacent pas juste pour venir nous dire bonjour –nous n'en vallons même pas la peine d'après eux, d'ailleurs- en général, c'est pour quelque chose de très important, de leur point de vue en tout cas.

Soudain un rugissement déchire le ciel, et Rayquaza perce les nuages, brillant de toutes ses écailles vertes. Les enfants, qui n'ont pas encore le même point de vue que nous, les adolescents et les adultes en âge de comprendre, poussent des cris de joie et d'admiration mêlés. Le dragon vert se pose avec fortes rafales de vent, et se redresse de toute sa hauteur.

- Bonjour, Seigneur Dragon des Cieux Infinis ! Nous sommes tellement honorés de votre visite ! Merci de nous accorder un peu d'attention alors que vous êtes si débordés… ! fit le maire trioxhydre du village.

- Oui, bla bla bla, grogne Rayquaza. On s'en fou des formalités, je veux voir tous les Solochi devant moi immédiatement !

Et malheureusement, j'en fais partie, comme mon frère. Ma mère nous pousse doucement sur le devant. En tout, nous sommes une trentaine de solochi, tous alignés devant le terrible dragon.

- Je cherche un solochi spécial. Pour ça, je vais devoir lire dans vos pensées, puisque vous êtes tous les mêmes.

« Eh oui, nous ne sommes pas uniques comme vous, nous …» je pense.

Rayquaza se met à scanner nos pensées. Je dois être le 18ème, mon frère juste après moi. Quand c'est mon tour, je ressens la pression de l'esprit du dragon sur le mien, et je grimace car la douleur monte. Quand c'est au tour de mon frère, il se met à grimacer, et des petites larmes apparaissent sous ses yeux. Soudain Rayquaza se fige, et regarde mon frère.

- Avance, petit.

Il avance d'un air hésitant, et dit d'une petite voix fluette :

- Monseigneur ? Vous…cherchez…

- Quoi ? Un apprenti ? gronde Rayquaza. Certes non ! Tout ce que je veux…

Rayquaza lève sa queue très haut. Je commence à prendre peur.

- C'est éliminer le problème ! dit-il en abattant sa queue sur mon frère.

Je hurle, et je me précipite. Mais quand Rayquaza enlève sa queue, il n'y a plus qu'une bouillie d'organes, de chair et de sang mêlés. Une large flaque rouge tâche le sol. Mes parents me rejoignent. Ma mère hurle, supplie. Je respire. Je dois garder mon calme, où sinon, il va tous nous tuer.

- Pourquoi avez-vous fait cela ? je demande.

Rayquaza baisse les yeux sur moi. Il n'y a plus aucun bruit, même mes parents se sont arrêtés de pleurer pour connaître la raison.

- Tu as de la chance, gamin, je vais te répondre. La Reine Lune Cresselia m'a fait une prédiction il y a quelques jours. Un solochi de ce village risquait de me vaincre quand il serait plus grand. Moi, le Seigneur de Cieux, vaincu par un avorton ? Quel honte ! Cela ne se peut ! J'ai donc décidé d'attaquer le mal à la racine. Vois-tu, gamin ?

- Vous avez décidé de tuer mon frère par…orgueil ?

- Non pas ! Il s'agit là d'une simple précaution. Qui nous dit que ce solochi n'aurait pas attaqué d'autres Légendaires après moi ?

- Vous refusez d'admettre la vérité…c'est l'orgueil…rien d'autre !

- Vois-tu, c'est la douleur de perdre ton frère qui te fait parler, gamin. Mais tu ne veux pas finir comme lui, n'est-il pas ?

Je serre les dents, je ne dis rien.

- Non, Ô Seigneur. Votre présence est d'un grand réconfort pour moi et ma famille, ais-je menti.

- Bien bien, dans ce cas plus rien ne me retient dans ce lieu mina…rmmh…dans ce lieu.
Et sans plus de paroles, il s'est envolé en rugissant.

C'est à partir de ce jour-là que tout a commencé. Ma haine…elle a commencé à me ronger de l'intérieur.